« Ouais. C’est ce que j’dis. Jimmy Reed est un psychopathe. ». Je m’étais attardé sur cette phrase écrite dans un magazine qui avait retranscrit l’interview que Stone avait donné à Jake Snyder. Apparemment, cette interview avait fait grand bruit. Même les gardiens en parlaient entre eux…

-Tu as le droit à un magazine ? Putain comment t’as fait ?!

Je levai mes yeux de mon magazines pour voir mon compagnon de cellule complètement indigné. Je levai un sourcil faisant la moue n’ayant pas forcément aimé être interrompu dans la lecture de cette interview qui, je le savais, n’avait pas dû plaire à Reed. C’était moi qui avait fait du mal à Stone mais c’est Reed que Stone attaquait. Allez comprendre la logique de ce looser, je ne le comprends pas.

Peut-être qu’il pense que Reed ne lui fera pas de mal… Alors que, voyons les choses en face, Reed avait massacré la Casa Nuova. Ce n’est pas Stone qui allait lui faire peur. Bien que, pour l’instant, ça faisait une sacré épine dans le pieds du petit minet de Malibu.

-Je l’ai volé six cellules plus loin…

Je dis ça avant de reposer mon regard sur les paroles remplies de haine du batteur. Mais Jacky était maintenant horrifié.

-Chez Tom Fleming ?!

Oui. Mon père avait le droit à des magazines. Pourquoi ? Parce qu’il avait un certain pouvoir sur les gardiens ici. Il faisait en sorte de ne pas faire de vague en échange de quelques privilèges. Les magazines en faisaient partie. Le papier et des stylo aussi. J’en avais volé pour écrire une lettre qui me permettra de mettre en place ma carte maitresse. Celle qui me servira à sortir d’ici.

-Oui.

J’avais dit « oui » sans lever mes yeux de ma lecture. Mais Jacky était d’humeur bavarde.

-Mais il va te tuer !

Je venais de terminer l’article et je fermai d’un coup le magazine avant de le glisser sous mon matelas. Je me levai ensuite avant de regarder Jack.

-Il veut déjà me tuer… Ça change quoi ?

Il le voulait. Je le savais. Et je savais qu’il préparait minutieusement mon meurtre. Je savais que je devais rester sur mes gardes…

-Tu peux lire le magazine si tu veux… Remets-le en place après…

Et me faire des alliés… Ce que je faisais en permettant à Jacky de lire le magazine. Il sembla ravi et ne me posa plus de question.

Je quittai alors ma cellule. C’était temps-libre et j’étais en mission. Je m’avançai vers Lautaro. C’était un Los Diablos qui avait été enfermé pour meurtre de trois South Panthers. Il avait pris perpète mais était toujours fidèle à Alonso. Il me connaissait aussi, bien entendu, vu que j’avais moi-même fait partie du gang.

Je lui remis alors le papier.

-N’oublie pas… Tu le passe à ton frère… Il le passe à Alonso. Personne ne lit. Ok ?

Il hocha de la tête. J’avais expliqué à Lautaro que je voulais négocier avec Alonso… Et sa fidélité ne suffisant pas, je lui avais promis que s’il faisait passer mon message, je lui filerais une partie de ma ration au souper. Il avait accepté. Les gens sont heureux avec rien dans cet endroit.

Il prit la lettre…

Plus qu’à attendre une possible réponse du seul adversaire digne de ce nom que j’avais dans ce foutu L.A..

Jimmy Reed.

Salut,

Comme tout le monde, je crois que tu as pu suivre mes récents « ennuis ». Je te sais largement assez intelligent pour savoir que ces « ennuis » ne sont ni favorables pour moi, ni favorables pour toi.

Tu sais, tout comme moi, que quand on affaibli la base, le château entier s’écroule. Et tu sais que la base, c’est nous. Or, maintenant que je suis là où je suis mes seules chances de pouvoir m’en sortir est de négocier en lâchant quelques informations compromettantes. Des informations qui feront tout s’écrouler. Absolument tout.

Parce que j’ai plein d’infos. Et m’est d’avis qu’après la petite sortie de ce looser que tu sauras reconnaitre, il ne vaut mieux pas que je parle. Alors je te laisse le choix : soit je négocie avec eux, soit je négocie avec toi. Tu uses de tes fameux pouvoirs et je ne dirais pas un mot sur toi. Tu refuses et je me mettrais à table pour discuter avec tout ce beau monde qui attend de pécher de gros poissons.

La balle est dans ton camp. Fait le bon choix. Et sache que si tu fais le bon, je pourrais me montrer très magnanime.

W.

@ Billy Lighter

Je regardais par la fenêtre de ma villa, vers le portail de l’entrée… Il y avait une nuée de journalistes qui n’attendaient qu’une chose : que je sorte de mon antre. Merci Howard Stone… Je portai ma cigarette à mes lèvres. J’étais calme… Froidement calme. Et en même temps, mon cerveau cogitait à cent à l’heure.

Parce qu’il allait falloir que je sorte… Et je n’avais pas envie d’éviter les journalistes. Je voulais les confronter, mais pour cela, il me fallait les bons mots.

J.R. jouait avec ses mini voitures de luxe par terre et c’était le seul bruit qu’il y avait dans le salon avec mon souffle quand j’exhalais des nuages de nicotine.

Je devais aller voir Alonso aujourd’hui, pour savoir ce qui se disait dans l’Eastside… Savoir où en était Ward et ce qu’avaient fait les New Soldados depuis son incarcération. Ce qui signifiait que j’allais devoir m’arrêter, en sortant avec la voiture, devant les journalistes.

Je terminai ma cigarette, écrasai le mégot dans un cendrier puis pris mon fils dans mes bras. Juste à ce moment-là, Isabel déboulait dans le salon.

-Ah ! Isabel… Tu tombes bien.

Je lui fourrai J.R. dans les bras.

-Je dois sortir. Peux-tu amener J.R. à sa mère ? Je pense qu’elle est dans la cuisine.

Isabel sourit et hocha la tête.

-Merci Isabel.

J’allais dans le garage et sorti avec la voiture… A peine le portail ouvert, je m’engageai doucement dans l’allée de sortie de la villa, pour ne pas écraser un de ces foutus journaliste. J’ouvris alors la fenêtre de la Cadillac. Et fis un grand et beau sourire au micro qui s’engouffra dans l’habitacle.

-Bonjour…

Le journaliste, comme s’il s’attendait à ce que je le nie, posa rapidement sa question.

-Monsieur Reed ! Que pensez-vous des déclarations d’Howard Stone ?

Je pris un air inquiet.

-Et bien… vous avez entendu son interview comme moi. Il est clair qu’Howard Stone n’est pas au mieux de sa forme et était en état d’ébriété avancé lors de son interview. Je ne lui en veux pas. Il est dans une très mauvaise passe, tant au niveau de sa santé que dans son mariage. Il ne faut pas prendre ses déclarations pour argent comptant.

J’eus un petit rire.

-Si j’étais vraiment un psychopathe, je vous aurais valdingués avec ma voiture.

Le journaliste posa alors une nouvelle question.

-Allez-vous garder Fireworks chez BSC après ces accusations ?

Je hochai la tête.

-Bien sûr. Mais je pense que le plus important pour l’instant est de venir en aide à Howard. J’ai énormément de compassion pour lui et si la boîte doit payer pour qu’il aille en cure, alors ainsi soit-il.

Le journaliste semblait des plus surpris.

-Allez-vous porter plainte pour diffamation ?

Je secouai la tête.

-Non. Comme je vous l’ai dit, mon but est d’aider Howard. Pas de l’enfoncer encore plus. Si vous voulez bien, je dois y aller maintenant.

Je refermai ma fenêtre et démarrai doucement. Une fois sortis de la marée humaine, j’appuyai sur le champignon, direction l’Eastside… Chez Alonso.

Je fus accueilli par ses enfants à qui je distribuai des bonbons que j’avais emportés avec moi pour eux. Puis, une fois installés dans son salon, Alonso me donna une lettre qui n’avait pas été ouverte.

-Ça vient du frère de Lautaro, Nero, patron.

Je fronçai les sourcils.

-Ça vient de Saint Quentin ?

Alonso haussa les épaules… Il n’en savait rien.

J’ouvris la lettre et la lu… « W. »… Ward. Ça venait bien de Saint Quentin et le psychopathe me faisait du chantage. Je relus plusieurs fois la lettre en silence…

Puis je regardai Alonso droit dans les yeux.

-Tu diras à Nero de dire à Lautaro que le château ne s’écroulera pas. Parce que je vais en réparer la base.

Avec ce qu’avec raconter Stone, je n’avais pas vraiment le choix. Je pris mon briquet dans ma poche et approchai la flamme de la lettre de Ward qui pris feu pour ne laisser aucune trace.  

@ Billy Lighter