Je n’avais jamais été très friande des potins sur tous et chacun. Il m’arrivait d’en lire mais jamais avec intérêt. Même quand on écrivait sur moi, ça demeurait toujours du grand n’importe quoi que ça ne méritait pas mon attention. Sauf que cette fois, le titre était si maladroitement placé en grosses lettres sur une photo – très belle photo soit dit en passant – de moi que ça méritait que je m’y attarde.

Le marchand de journaux me regarda bizarrement quand je lui donnais mon billet de cinq dollars en prenant le magazine pour lire l’article signé par Amon Sørensen. Je lui donnais même le change, j’étais vraiment dans une bonne journée !

Je me dépêchais de tourner les pages de papier glacé pour me rendre à l’article qui m’intéressais pour vite me rendre compte que c’était une interview accordé à Ward Fleming, mon psychopathe de cousin maintenant locataire de San Quentin. De quoi me faire encore plus rigoler ! Je n’accordais jamais d’interview pourtant, je trouvais toujours le moyen de faire parler de moi sans lever le petit doigt, c’était vraiment du grand art ! Pourtant aujourd’hui, je sentais que je devais répliquer, ne serait-ce que pour féliciter l’auteur de ces lignes pour le beau travail de journalisme !

Salut Amon !

Je sors tout juste d’une rencontre avec mon médecin et avec le moral dans les talons ! Laisse-moi donc te féliciter pour ton article qui m’a beaucoup fait rire.  Franchement si c’était ton but, tu as réussis et tu peux en être fier !

Cela dit, j’ai du mal à savoir ce qui m’a le plus fait rigoler en lisant ton article. J’hésite entre les confessions de mon cousin sur mon ancienne addictions aux drogues et le fait que j’ai pu vouloir coucher avec lui pour payer mes dettes, l’attention que tu lui a accordé du fond de sa cellule ou la mise en page qui est autant réussit que le travail de recherche qui t’a conduit à San Quentin.

Je pourrais nier ses dires et mettre ça sur le fait qu’il a un grain de coincé mais non, je ne nie absolument rien, même que j’assume complètement mon passé et qu’aujourd’hui, il me sert pour avancer dans ce qui me reste à vivre. Je suis atteinte du SIDA, tu pourras l’écrire dans un autre article à deux cennes que tu publieras sans me consulter, évidement, j’en ai rien à foutre.

Je me dis que si une jeune fille qui flirte avec l’idée de consommer peut lire ton article et se dire que ça peut faire descendre bien bas que de commencer à consommer, ça aura eu ça de bien !

Sur ce, je te souhaite que tu bon, tu as fait ton job, qui suis-je pour te le reprocher !

Bisou !

Sav

Je relu ma lettre et fière, je m’appliquais une belle couche de rouge à lèvres cherry red, et je déposais un baiser tout juste à côté de ma signature. Satisfaite, j’allais au coin de la rue glisser ma lettre dans une grosse boîte postale rouge. Le  journaliste de l’année la recevrait à son bureau de L.A.People.

@ Billy Lighter

J’arrivai tranquillement à la rédaction et fus accueilli à bras ouverts par mon patron qui me donna des grandes tapes dans le dos en me couvrant de compliments au sujet de ma dernière édition spéciale. Il disait qu’il avait fallu des couilles pour aller oser interroger Ward Fleming. Mais en fait non, parce que je connaissais Fleming, on avait même échangé des coups plus d’une fois sur un ring.

Mais bref, je pris les compliments et les tapes dans le dos en essayant qu’il ne me fasse pas renverser mon café… Et quand il eut fini, je me dirigeai vers mon bureau.

Et comme toujours, la première chose que je fis fut d’ouvrir mon courrier. Et il y en avait beaucoup. Pour l’instant, c’était des lettres incendiaires de fans de The Burning Fire. Mais bon, j’en avais l’habitude.

Jusqu’à ce que je tombe sur une enveloppe qui me fit sourire. Il n’y avait pas d’adresse au verso, juste « Savannah Prescott ». Je l’ouvris et la lu avec le sourire.

C’était une lettre pleine d’ironie qui ressemblait à une volée de compliments, mais je savais que ce n’en était pas.

Jusqu’à ce que j’arrive à la seule information qui pourrait m’intéresser !

Savannah Prescott avait le SIDA.

-Ah ça… Tu l’auras cherché, ma vieille.

On ne vivait pas une vie de dégénérée, comme dirait Ward, sans en payer le prix à un moment donné.

Je terminai la lettre puis la posai bien à plat devant moi. Elle avait signé et déposé un baiser tout rouge à côté de la signature… Comme c’était mignon !

J’avais toujours le sourire. Ce n’était quand même pas tous les jours qu’on me fournissait du contenu sur un plateau ! Alors j’allais me gêner !

-Et bien au boulot, Amon !

@ Billy Lighter