Je déposais le cornet du téléphone sur son réceptacle avant de me masser le front d’un mouvement du pouce et de l’index. Les choses se compliquaient et ça n’allait pas prendre beaucoup de temps avant que le tas de merde fumant n’explose et n’éclabousse tout autour de lui.  Glenda, compatissante et me connaissant mieux que personne, versa plus de brandy dans mon verre et me massa ensuite les épaules.

- Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils n’appellent.

Même que cela était surprenant que les parents de Peyton Stone n’aient pas sonné avant aujourd’hui, pour faire valoir leur droit et faire connaitre leur intention. Maintenant, je devais contacter Howard Stone pour lui faire part des intentions de ses beaux-parents dont il ne tarderait pas à avoir des nouvelles de la part de leur avocat.

- Ça sent la merde jusqu’ici, tu sens ?

Je vidais mon verre d’une traite avant de le secouer sous le nez de ma secrétaire, réclamant de ce gente, un nouveau remplissage et, pendant qu’elle faisait ça et qu’elle délaissait mes épaules, je m’allumais un cigare. Un sourire sarcastique se dessina sur mes lèvres alors que je me disais que j’avais prit une putain de bonne décision de bruler la dernière version du testament de la diva, sachant tout de même les risques qui planaient au-dessus de ma tête, si un jour, cela se savait. Les chance cependant que cela se découvre était minime pour ne pas dire nulle. Personne d’autre que Peyton et moi étions au courant de cette dernière version qu’elle avait rédigé sous le coup de l’émotion et dans lequel, elle déshéritait complètement son mari dont elle était certaine de divorcer à ce moment, pour favoriser les parents de ce dernier.

Pourquoi avais-je brûler le testament puisqu’il ne favorisait pas les parents de la chanteuse ? Fort probablement parce que, depuis le temps que je représentais Peyton et parce que je la connaissais autant qu’elle ne se connaissait elle-même, je savais que cette version alimenterait en eau le moulin de ses parents dans une guerre de succession que je pouvais anticiper.

Pour le moment, je devais prévenir Howard Stone, bien que cela n’était pas mon mandat mais comme je devais aussi lui parler des obsèques de sa femme, et de la suite des choses, je me disais que ce ne serait pas mauvais de lui faire un petit topo de ce qui lui pendait au bout du nez, question qu’il soit un peu préparé. J’avais même envie de lui référer mon meilleur collègue pour qu’il puisse se préparer à affronter la tempête.

- Glenda !! Je veux Stone au bout du fil, hier !

Ma secrétaire s’en alla, roulant des hanches jusqu’à son bureau et me prévenu quand sa mission fut accomplie.

- Howard Stone, Aaron Louis, avocat de votre épouse. J’ai beaucoup à vous transmettre mais tout d’abord, Monsieur Stone, veuillez accepter mes plus sincères sympathies. Peyton était une cliente exemplaire, elle me manquera.

Sa mort faisait surtout un trou immense dans mes finances mais je n’étais pas non plus à plaindre. J’avais encore assez de clients pour continue de m’assoir confortablement dans mon fauteuil hors de prix.

@ Billy Lighter

Heureusement qu’Hank et Bailey étaient là…

Ils s’occupaient de beaucoup de trucs. De la préparation des obsèques de Peyton. De s’occuper des bébés. De m’aider à m’lever le matin. De m’aider à traverser les journées et tous ces trucs-là.

On avait ramené les bébés… C’était Faith Bennett qui s’occupait de fournir le lait… Les bébés dormaient dans la chambre d’Hank et Bailey pour l’instant. C’était plus simple… Bailey savait y faire. Elle avait l’habitude. Moi, j’savais que s’ils pleuraient la nuit, j’saurais pas vraiment quoi faire. J’allais paniquer… Alors, pour l’instant on faisait comme ça.

J’avais, par contre, déclaré les bébés… Enfin… J’avais demandé à Hank et Bailey d’aller les déclarer. J’voulais que les bébés aient un beau souvenir de leur mère alors j’avais décidé de leur ajouter un second prénom à chacun. Penelope Lola Stone et Phénix Peyton Stone. J’savais pas si Peyton aurait aimé ça… Mais j’avais besoin de la savoir toujours avec nous trois.

Ça m’permettait d’avancer.

A p’tits pas.

Très p’tits pas.

J’avais passé la journée avec les bébés… Mes parents étaient passé les voir aussi. Ma mère aimait passer du temps avec eux. Moi, j’aimais pas spécialement passé du temps avec ma mère mais j’allais pas m’casser de la pièce chaque fois qu’elle y entrait. Après ça, j’étais retourné dans ma suite où j’m’étais écroulé dans mon lit. David devait être dans sa chambre avec Dexter.

C’est là que le téléphone sonna… J’étais couché sur le ventre dans mon lit.

Je grommelai avant de prendre le combiné.

-Ouais ? C’est Howard Stone…

C’était la secrétaire d’Aaron Louis… Elle me passa l’avocat de Peyton. Ouais… J’me doutais qu’il allait pas tardé à se manifester, lui.

Maitre Louis se présenta avant de me présenter ses sympathies. Peyton m’avait toujours dit du bien de son avocat. Elle lui faisait confiance.

J’répondis d’un air triste avec une voix cassée par le chagrin et la bronchite.

-Merci… Elle disait que du bien de vous…

J’me retournai sur le dos pour être un peu mieux mis.

-Pourquoi vous m’sonner ? J’suis en train de préparer les funérailles. Enfin… J’essaye quoi… Z’êtes invité, bien sûr.

J’soupirai.

-Pitié, dites-moi que vous m’sonner pas pour de la paperasse.

J’aimais pas la paperasse.

@ Billy Lighter

La voix éraillée d’Howard Stone se fit entendre au bout du fil. Il était rongé par la tristesse, je n’avais pas besoin de l’avoir en face pour m’en rendre compte seulement, le chagrin des autres me rendait mal à l’aise. Je n’étais pas spécialiste des formulations soyeuses qui permettaient de mettre un baume sur la douleur.

Peyton avait été une cliente en or et elle me manquerait beaucoup, peut-être pas pour les raisons que Stone semblait croire mais il me plaisait de l’entendre dire que la diva avait que de bons mots pour moi. Avec le prix que je lui chargeais, elle avait intérêt à dire du bien de moi ! Avec tous mes autres clients, j’avais été en mesure d’ajuster mes prix à la hausse mais pas avec la célèbre diva qui argumentait telle une lionne et obtenait toujours le dernier mot !

Howard Stone voulait savoir pourquoi je le sonnais, se disant en plein préparatif des funérailles de sa femme avant de dire que j’étais invité. Évidement que je ne raterais pas la mise en terre de ma plus célèbre et lucrative cliente. Je bus une gorgée de brandy, puis inspirais sur mon cigare en prenant le temps de savourer le mélange de fumé et d’alcool avant de laisser aller une brume bleutée.

- Écoutez, je me compromets en vous passant ce coup de fil mais je le fais pour Peyton, parce qu’elle n’aurait pas voulu que les choses se passent ainsi.

Glenda, debout dans l’entrebâillement de la porte, me fis un signe de tête compatissant, comme si j’avais besoin de son accord pour faire ce que j’allais faire. D’une pression de m on talon, je fis pivoter mon fauteuil et me retrouvais face à la fenêtre de mon bureau, dos à ma secrétaire dont le bruit de ses chaussures me fit comprendre qu’elle était retournée derrière son propre bureau.

- Je viens d’avoir un coup de fil de Monsieur et Madame Davis. Ils ont obtenus une injonction de la cours ce matin même. Ils ont demandé à ce qu’une autopsie soit faite sur le corps de votre femme car selon leur allégations, Peyton était dépressive et suicidaire et que la rupture d’anévrisme n’est que de la poudre aux yeux. En gros, ils veulent démontrer que vous êtes responsable de la mort de leur fille.

Le couple affirmait que Stone avait pousser leur fille aux abîmes de la dépression, s’en servant comme d’une vache laitière pour payer ses multiples addictions et que de la pousser à devenir mère n’était que la goutte de trop que la pauvre Peyton n’avait pu encaisser. Ironiquement, ce que les parents de la diva reprochaient à Stone était exactement tout ce que la chanteuse avait elle-même dénoncé du comportement de ses parents à son endroit dans les dernières années de sa vie.

- Vous ne pourrez donc pas disposer du corps de votre femme avant que toute cette histoire ne soit passé devant le tribunal ou que vos beaux-parents ne finissent par lâcher prise devant le ridicule de la situation. Monsieur Stone ? Vous comprenez ce que je vous explique ?

Parce que je doutais que ça faisait beaucoup en peu de temps depuis le décès de la chanteuse et que l’homme réputé pour être fort sur la bouteille, ne devait pas avoir les idées très, très claires depuis qu’il venait d’entrer dans le club des veuf.

- Les parents de Peyton demande aussi la garde exclusive des bébés en arguant que vous êtes inaptes à en prendre soin en mettant d’avant votre penchant sur l’alcool, entre autres choses.

J’avais été aux premières loges de l’émancipation de Peyton Davis face à ses parents et si de là où elle se trouvait désormais, elle voyait ce qu’ils tramaient, elle devait hurler de rage.

- Je dois aussi vous mentionner que j’ai en main le testament de votre femme et, lorsque le moment sera opportun, il faudra procéder à l’ouverture du documente et… Par curiosité, connaissez-vous un certain Delfino Alvarez ?

@ Billy Lighter

A l’autre bout du fils, y’avait Maitre Louis, l’avocat de Peyton… Enfin, l’ancien avocat… J’avais vraiment du mal de me dire que je ne reverrais plus jamais ma femme. Chaque fois que j’y pensais, ça m’foutais la nausée.

Maitre Louis commença par me donner ses sympathies pour la mort de Peyton. Apparemment, ça l’troublait aussi. Moi qui pensait que les avocats avaient pas de cœur, j’me trompais p’t-être… Même si j’étais sûr qu’il me téléphonait pas pour ça uniquement.

Alors, j’lui demandai ce qu’il me voulait en espérant que c’était pas pour de la paperasse. J’l’entendais fumer à l’autre bout du fil et ça m’donnait envie de fumer moi aussi. Mais j’savais que si j’le faisais, j’allais pas dormir de la nuit parce que j’allais toussé sans m’arrêter.

Il disait que ce qu’il allait me dire allait le faire se compromettre mais qu’il voulait le faire pour Peyton. J’fronçai les sourcils.

-Ok… Dites-moi…

Et il se mit à parler des parents de Peyton. De ceux dont Peyton avait coupé les ponts. De ceux qui avaient pas pris une nouvelle d’elle depuis bien longtemps. De ceux qui l’avait exploité depuis qu’elle était tout p’tite. De ceux qui avait diriger sa carrière jusqu’à-ce qu’elle se rebelle et prenne son propre chemin. De ceux qui lui avait donné ce mode de vie méga strict qui laissait aucun droit à l’erreur.

Ils voulaient une autopsie. Ils croyaient pas à la cause de la mort de Peyton. Il me croyait coupable d’un suicide qui n’avait jamais eu lieu.

J’étais bouche bée… J’savais pas quoi dire… J’sentais mon cœur battre plus vite. Ma vie était sans dessus dessous. J’pensais vivre un cauchemar depuis que Peyton était morte et là, le cauchemar devenait un véritable enfer.

Je bafouillai et soufflai :

-Que… Quoi ?

Ils voulaient une autopsie… Ils voulaient découper ma Peyton. Elle méritait pas ça. Elle méritait de reposer en paix. Pas de se voir encore une fois manipulée par ses parents.

Tout ça me donnait envie de vomir.

Maitre Louis continua… Il parla du corps de Peyton que j’pouvais pas encore enterré. Que tout ça allait passer au tribunal… J’entendais sa voix de loin. J’avais l’impression de m’écrouler complètement.

Du coup, j’pris le temps de répondre quand Maitre Louis me demanda si j’comprenais…

-Heu… Ouais…

Non. Rien n’était compréhensible là-dedans. L’attitude des parents de Peyton me révulsait.

Je secouai ma tête essayant de rassembler mes idées mais je reçu un coup de poignard de plus… Le pire… Quand Maitre Louis déclara que les parents de Peyton demandaient, aussi, la garde exclusives de MES enfants.

Et là, j’eus deux sentiments extrêmement fort : la colère et la tristesse.

Je savais pas quoi répondre. Mon esprit bouillonnait.

Et Maitre Louis continua… Parla du testament… De Delfino Alvarez. Le testament, là, c’était le foutu cadet de mes soucis !

Mon esprit était encore aux parents de Peyton mais ma bouche répondit machinalement à la question de Maitre Louis.

-C’est un ami de Peyton. Il est roadie pour MTI. Il est parrain d’un de nos enfants mais…

J’avais soufflé ça avant de m’emballer.

-Ils ont pas le droit de faire ça ! Ils ont pas le droit de charcuter Peyton pour m’accuser d’un truc que j’ai pas fait ! Ils peuvent pas m’enlever mes enfants ! Il faut pas que ça arrive ! Ils ont aucun droit sur les enfants ! Ils ont exploiter Peyton pendant des années, j’veux pas qu’il fasse la même chose avec mes enfants ! Ils y toucheront pas ! Ils faut vraiment que quelqu’un me sorte de ce foutu cauchemar !

Je m’emballai d’une voix tremblante, éraillée, remplie de colère et de tristesse.

-Ils peuvent pas putain ! Je l’ai pas tuée ! J’ai rien fait ! J’veux juste que tout ça s’arrête !

@ Billy Lighter

Légalement parlant, je n’avais pas autorité de prévenir Howard Stone du coup de pute que les parents de Peyton lui préparaient mais moralement parlant, parce que contre ce que bien des gens pensaient de moi, j’avais une certaine morale, je préférais prévenir l’homme de ce qui lui pendait au bout du nez.

Le couple formé de ma célèbre cliente et du musicien-chanteur avait connu son lot de premières pages et pas toute pour de bonnes raisons. Aussi, quand Peyton avait avorté sa tournée pour se réfugier à New York et qu’elle m’avait contacté pour rédiger les papiers du divorce, j’avais compris qu’elle agissait sous le coup du chagrin mais j’avais tout de même obtempéré et nous avions aussi modifié dans la foulée, son testament. Cependant, beaucoup d’eau avait coulée sous les ponts en très peu de temps et le couple s’était retrouvé. Mon dernier coup de fil à la diva m’avait suffi pour comprendre que nos derniers dossiers n’étaient plus d’actualité.

Une chose que je savais inchangée cependant était le lien brisé entre Peyton et ses parents, un lien qu’elle avait même enterré définitivement. Alors quand l’avocat de ses parents m’a contacté pour me mettre au courant de leurs démarches, je n’avais pas hésité à me mettre les mains dans le sac de merde et ce, par respect pour la chanteuse.

Elle ne méritait pas de mourir si jeune.

Elle ne méritait pas de voir sa mémoire souillée par des gens qui même une fois morte, tentait de l’exploiter pour s’attirer un capital sympathique.

La première petite bombe que je venais de larguer dans le champ de Stone l’avait ébranlé mais ce n’était rien en comparaison avec ce que provoqua la seconde, quand je révélais que le couple Davis avaient, en plus d’obtenir un injonction pour récupérer le corps de leur fille, avaient déposés une requête en instance juridique pour obtenir la garde légale de Penelope et Phénix Stone.

J’avais à l’autre bout du fil, un homme secoué, à terre, au trente-sixième dessous. Il balbutiait des mots alors que je savais qu’il n’était plus très là. Il me renseigna tout de même sur le mystérieux Delfino Alvarez et ce fut ensuite qu’il explosa.

Stone refusait le sort réservé à sa femme, il refusait aussi que le couple Davis mette la main sur ses enfants. Je me trompais peut-être mais j’avais le présentiment que, s’il ne l’avait pas encore ressenti jusqu’à présent, sa flamme paternaliste venait de jaillir.

- je comprends très bien tout cela, Monsieur Stone. C’est la raison pour laquelle j’ai pris le risque de vous contacter. Comprenez-moi bien. J’observais un très grand respect pour votre femme.

À l’autre bout du fil, je pouvais ressentir toute la colère et la tristesse du jeune veuf qui clamait son innocence et qui réclamait la fin de son cauchemar.

- Je ne peux hélas vous représenter, je serais en conflit d’intérêt. Cependant, je peux vous référer un collègue que je tiens en haute estime. Si un jour j’ai besoin d’un avocat, je lui confierais le mandat sans aucune hésitation. Puis-je vous suggérer de le contacter assez rapidement ? Un huissier mandaté par le couple Davis ne devrait pas tarder a vous transmettre tout ce dont je viens de vous informer.

Stone avait intérêt à être bien préparé et bien représenter. L’avocat des parents de Peyton était assez requin en son genre mais des comme lui, Wallace Kirkman et moi en bouffions cinq au déjeuner.

- Si je peux vous donner un seul conseil, évitez toute déclaration à la presse, laisser votre avocat gérer la situation. La cause des Davis ne tiendra pas longtemps la route.

@ Billy Lighter

J’étais choqué, en colère, triste et complètement mort à l’intérieur. Ce coup de poignard que venait de me mettre les parents de Peyton me donnait l’impression d’être un coup de grâce.

Ils voulaient s’emparer du corps de Peyton pour m’accuser moi d’un crime que j’avais même pas commis. Pire, ils voulaient m’enlever tout ce qu’il me restait de ma femme alors qu’ils ne l’avaient jamais aimer. J’pense pas que des parents qui s’amusent à exploiter leur enfant pour devenir riche soient des gens qui pensent à leur enfant avant eux.

Non… Les parents de Peyton avaient pas le droit. Ils pouvaient pas me faire ça. Ils pouvaient pas venir chercher Penelope et Phénix et faire en sorte que j’les vois plus jamais.

J’voulais pas qu’on me les prenne.

J’refusais ça. Ils étaient tout ce qui me faisait encore avancé depuis que j’avais appris que ma femme était morte. En dehors d’eux, y’a plus rien qui avait de sens.

Maitre Louis m’avait perdu un moment. Le moment où j’encaissais tout ce qu’il venait de dire. J’avais même oublié avoir répondu machinalement à l’une de ses questions.

Puis, j’ouvris les vannes. J’protestais face à l’accusation des parents de Peyton. J’criais presque que j’voulais pas qu’ils me prennent mes enfants.

Maitre Louis disait qu’il comprenait tout ça et que c’était pour ça qu’il avait pris le risque de me contacter.

-Alors faut faire quelque chose ! Peyton aurait pas voulu que ça se passe comme ça.

L’aurait jamais voulu que ses parents reviennent dans le paysage. L’aurait jamais voulu qu’ils touchent à nos enfants. J’le savais.

Maitre Louis déclara qu’il pourrait pas me représenter. Alors qui allait le faire ? J’me sentais complètement perdu. Appeler un autre avocat ? Apparemment, Maitre Louis avait un nom. J’secouai la tête complètement paumé dans toutes ces affaires juridiques auxquelles je ne comprenais rien.

-Un autre ? J’aurais voulu vous avoir vous… Mais si vous pouvez pas alors, ouais, j’veux bien votre collègue.

Peyton aurait jamais eu confiance en quelqu’un d’autre que Maitre Louis… Ça m’rendait encore plus en rage de savoir que, moi, j’pouvais pas l’avoir à mes côtés pour des machins de conflits d’intérêts.

J’étais encore plus mort dans l’âme mais en plus de tout ça, j’avais sérieusement envie de gueuler partout à quel point je détestais les parents de Peyton. Ils pouvaient pas laisser Peyton reposer en paix ?

Non ! Il faut qu’ils fassent les connards jusqu’au bout ! Il faut qu’ils me volent ce qu’ils pensent être à eux.

Maitre Louis me fila alors un conseil. Il voulait que j’dise rien à la presse. Que j’laisse mon avocat faire. En gros, j’devais la fermer.

Alors que tout ce que j’voulais c’était gueuler.

-Ok… J’ferais ça… Promis.

J’soupirai. Les larmes coulaient le long de mes joues mais on entendait que de vagues trémolo dans ma voix. Comme si mon corps en avait marre de pleurer. Comme si j’avais plus assez de larmes. Comme si j’avais passé ce stade.

-Merci d’m’avoir prévenu… J’espère que vous avez raison et que ça tiendra pas… Parce que s’ils gagnent…

J’achevai pas ma phrase… S’ils gagnent, j’aurais plus rien.

Rien du tout.

@ Billy Lighter

Au bout du fil, j’avais un veuf complètement démoli qui encaissait mal les dernières nouvelles. Je n’avais d’autres choix que de le mettre au courant, même si je risquais gros dans cette histoire mais, parce que Peyton Davis Stone avait été ma cliente depuis le tout début de sa longue et prolifique carrière et qu’invraisemblablement, j’avais développé pour elle un sentiment fort de protection, je n’avais pu faire autrement que de parler à son mari, en respect pour elle.

Les parents de la diva venaient de mettre en branle la machine de guerre. Ils étaient déterminés de gagner tout ce qu’ils pouvaient gagner avec le décès prématuré de leur fille et si pour cela, ils devaient démolir Howard Stone et le faire passer pour un piètre époux et un mauvais père, ils n’hésiteraient pas. Ils avaient déjà obtenu un arrêt du tribunal autorisant un autopsie sur le corps de la jeune femme.

Toutes ces démarches visaient à gagner du temps pour faire valoir leur point au couple Davis.

- C’est précisément pour cette raison que j’ai outrepassé mon mandat et que je vous parle, Monsieur Stone. Peyton n’aurait pas souhaité que les choses se passent ainsi et vous devez vous ressaisir pour contre attaquer.

Bien qu’elle soit décédée, j’étais toujours l’avocat de la Diva. Je ne pouvais pas prendre Stone comme client bien que l’envie ne me manquait pas. J’aurais tout fait pour anéantir toutes les tentatives des Davis, pour ruiner chacune de leur allégations, pour faire valoir que pendant toute sa vie, Peyton n’avait été qu’une machine à fric pour eux.

- Wallace Kirkman à toute ma confiance et je l’assisterai dans l’ombre.

Stone ne serait pas laisser à lui-même pendant cette longue bataille juridique.

En attendant, Howard Stone ne devait pas y aller de déclaration fracassante dans la presse. Il devait laisser ses beaux-parents vomir leur bille venimeuse dans les journaux et à la radio, faire profil bas. Ça jouerait en sa faveur. Il devait garder la tête froide, Kirkman et moi réfléchirions pour lui, il n’avait pas besoin de penser.

J’étais convaincu que le couple Davis perdrait rapidement des plumes et qu’il n’aurait pas gain de cause.

- Ils ne gagneront pas, j’en fait une affaire personnel, pour Peyton, par respect pour sa mémoire. Un huissier devrait vous signifier dans la journée, l’injonction obtenu par les parents de Peyton. Faites-la parvenir à Wallace pour qu’il s’y penche le plus rapidement possible afin de statuer sur la pertinence de l’autopsie et vous permettre de mettre en terre votre épouse. À cet effet, Monsieur Stone…

Je me raclais la gorge et terminais ce qu’il restait de brandy dans mon verre. J’avais longuement discuté avec Peyton de ses dernières volontés, chose qu’elle semblait aimer prévoir et modifier selon ses états d’âmes. Pour Stone, cela faisait beaucoup d’information à ingérer mais il n’avait pas beaucoup de choix, le temps jouait contre lui et il avait besoin de toutes les munitions pour avancer.

- Peyton avait une idée précise de l’endroit où elle voulait reposer en paix. Elle a exprimé le souhait d’être mise en terre là où son époux et sa famille serait établi, ce qui, en mon sens, est Los Angeles.

@ Billy Lighter

J’tombai de haut avec toutes les démarches entreprises par les parents de Peyton en vue de détruire tout ce qui me restait. Ils voulaient me détruire moi en me rendant responsable de la mort de ma femme et, pire, ils voulait me prendre mes enfants… La seule chose qui me restait de Peyton.

J’en pouvais plus…

J’étais à terre et des gens s’amusaient à carrément m’enterrer alors que j’étais responsable de rien. Peyton était morte dans des circonstances que personnes auraient pu prévoir… Et ses parents, qui se fichaient complètement d’elle, avait décidé de me torturer pour pouvoir se trouver de nouvelles poules aux œufs d’or. Car c’est bien ce que j’pensais qu’ils allaient faire de mes enfants.

J’voulais pas ça pour eux. J’voulais qu’ils puisse vivre comme ils l’entendaient. Sans pression. Sans personne pour leur dire ce qu’ils devraient faire.

Peyton voulait ça aussi.

Et elle n’aurait pas voulu tout ce que ses parents s’apprêtaient à lui faire. Maitre Louis le savait et c’est pour ça qu’il m’avait prévenu.

-Merci… J’crois que j’l’aurais appris autrement, ça aurait fait encore plus mal.

Et j’aurais pas su quoi faire. Mais ici, Maitre Louis m’guidait même s’il pouvait pas m’représenter en justice. J’trouvais ça pas cool mais il en pouvait rien. Il me proposa un de ses collègues qu’il aidera dans l’ombre.

-Ok… J’l’appellerais après…

Fallait que j’retienne son nom et j’tentai de faire un effort en rassemblant ce qu’il me restait de neurones après tout ce qui m’était tombé sur la tête.

Maitre Louis me laissa d’autres p’tit conseils comme celui de pas parler à la presse. Ça allait être compliqué de pas démolir les parents de Peyton par presse interposée mais j’voulais pas risquer quoi que ce soit.

J’avais trop à perdre.

D’après Maitre Louis, ils ne gagneront pas. Et savoir que Maitre Louis prenait ça à cœur me rassurait un p’tit peu.

-Ok…

Il parla du huissier, de Wallace, du corps de Peyton. J’hochai de la tête même s’il pouvait pas le voir.

-Ok… J’ferais tout ça… Merci…

Il ajouta que Peyton savait où elle voulait être enterrée. J’me doutais que c’était New York mais ce que Maitre Louis me fit m’fis lever un sourcil.

-Elle a dit ça ? J’pensais qu’elle aurait voulu New York… Elle adore New York.

Mais elle nous aimait encore plus. Moi et les enfants. Et ça m’fit un pincement au cœur. C’est toujours quand la personne n’est plus là qu’on s’rend compte à quel point elle nous aimait. Peyton m’aimait encore plus que j’pouvais l’imaginer.

Et j’m’en voulais un peu de pas lui avoir montré que, moi aussi, elle était tout pour moi.

-Los Angeles… Moi et les enfants on vivra à Los Angeles. On avait décidé ça avec Peyton avec qu’elle meurt c’est…

Ma voix se brisa.

-En voyant Pen qu’elle a changé d’avis. Elle voulait plus de New York. Elle voulait que nous… On allait aller vivre à L.A..

Repenser à ça était limite insupportable.

-On l’enterrera à L.A.. Un enterrement comme elle l’aurait voulu avec de la musique.

Car c’est ce qui nous avait uni, quelque part. Sans ça, jamais on se serait rencontré.

@ Billy Lighter

Loin d’être sentimentaliste, j’avais tout de même jugé qu’il était préférable pour Howard Stone d’apprendre tout ce qui lui pendait au bout du nez par moi que par un huissier qui ne lui aurait que transmit un document après avoir validé son identité. Par respect pour Peyton qui avait été ma cliente depuis de nombreuses années, je devais au minimum le même respect a son époux.

Il encaissait difficilement toutes les informations que je lui transmettais, son cerveau devait être en bouilli mais le temps jouait contre lui. Je ne pouvais donc pas broder de dentelle et de finesse pendant que Stone regarderait la parade passer. Il allait se retrouver déshérité et sans enfants s’il ne réagissait pas, voilà pourquoi j’intervenais malgré que cela puisse me compromettre. J’aurais aussi bien aimé le représenter mais je ne pouvais pas, pas tant que je représentais encore les intérêt de sa femme. Cependant, je ne laissais pas Stone dépourvu puisque je le référais à un collègue que j’estimais et en qui je placerais toute ma confiance si j’avais besoin d’être représenté.

- Il attend votre appel.

Wallace était bien drillé puis il pourrait compter sur mon aide, dans l’ombre. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour honorer la mémoire de Lola, comme elle méritait de l’être et pour cour circuiter les démarches de ses parents qui n’avaient vu en elle que les dollars qu’elle pouvait engranger dans leur compte de banque.

Je donnais ensuite quelques recommandations à Stone qu’il semblait comprendre avant d’en venir à l’endroit où sa femme avait voulu être enterrée. Ces derniers temps, ma cliente avait été une vraie girouette entre son amour profond pour son époux, son immense chagrin de ne pas se sentir à la hauteur et échouer sa quête du bonheur.

Au moment de prendre époux, elle avait établi des arrangements dignes des plus grandes histoires d’amour, s’imaginant vivre vieille et mourir en même temps que son époux, enlacés dans leur sommeil. Elle rêvait d’un amour éternel et de reposer là où sa famille serait établie.

Son couple ensuite s’était mit à battre de l’aile et Peyton me passait des coups de fils trois fois par jour pendant lesquels elle remettait tout en question. Elle avait souhaiter divorcer et se dissocier de son époux, le déshérité, lui retirer la garde de leurs bébés. Le coupe de fil suivant elle pleurait en m’assurant que Stone était l’amour de sa vie et qu’elle espérait qu’il ne se rendrait compte que leur couple pouvait surmonter une énième querelle.

Je repensais au testament que j’avais brûlé, le dernier qu’elle m’avait fait rédiger et dans lequel elle retirait tout avoir à son époux pour le compte de June et Holden Stone. Glenda avait fait ses recherches, nous avions vite compris que quelque chose clochait dans cet ultime volteface de Peyton. La conversation que j’avais en ce moment avec Howard me confirmait que j’avais eu raison.

J’en vins donc à lui dire que Peyton avait exprimée le souhait d’être mise en terre là où elle et sa famille se serait établie. Sachant que le couple vivait à Los Angeles avant de se retrouver à New York, je donnais l’information à Stone. Avec Kirkman, il pourrait établir une défense en mettant de l’avant les derniers vœux de la défunte et obtenir gain de cause.

- Vous savez maintenant ce que vous devez faire. Peyton mérite cet ultime hommage. Nous nous reparlerons bientôt, Monsieur Stone. D’ici là, prenez soin de vous et de vos enfants.

Ce coup de fil avait été intéressant tout comme la suite promettait de l’être. Avant tout, je devais relancer Kirkman et préparer une défense en béton pour Stone.

@ Billy Lighter