Jordan travaillait toute la nuit comme ça arrivait parfois. Moi, ça m’arrangeait. Comme ça, j’avais pu passé toute la soirée avec Nell.

J’aimais bien ça… On mangeait des pizzas et on regardait un film. Moi, j’aimais être seul avec Nell. Je me sentais bien et calme avec elle quand on était tous les deux.

On avait vu plein de fois tous les films d’horreur qu’on avait ici. Moi, j’avais dit dix fois à Nell, pendant la soirée, que mon père avait bien plus de films d’horreur que nous. Il avait une grand collection. Il en parlait souvent. Il était fier de sa collection. Moi, je crois que Jordan devrait en acheter plus ainsi, ici, j’aurais une grand collection aussi.

Alors, on avait regardé une film drôle. C’était S.O.S. Fantôme. Et, devant, moi, j’avais rigolé. Moi, je rigolais que devant des films. Je rigolais aussi devant les films d’horreur parce que c’était parfois drôle.

Moi, j’aimerais que, un jour, Sofia vienne regarder un film chez nous. Moi, j’avais dit ça à Nell pendant le film. Moi, j’aimerais que Jordan ou Nell téléphone un jour aux parents de Sofia pour savoir pourquoi elle ne voulait pas venir ici… Moi, ça m’énervait ! Moi, je pense pas que Sofia veut pas… Moi, je crois qu’elle veut venir. Elle dit que je suis son ami et elle ne ment pas. Alors, moi, je crois que c’est la faute de ses parents.

Moi, j’ai tout dit ça à Nell.

Puis, après le film, je suis allé dormir. Enfin… Non… Après le film, j’ai commencé à lire des Comics dans mon lit. C’était les vacances alors, moi, je pense que j’ai le droit de lire jusqu’à-ce quand je veux.

Et j’ai lu…

Encore lu…

Longtemps lu…

Je regardai le réveil… Il était 2h du matin. Moi, j’avais même entendu Nell allé au lit mais c’était il y a un moment. Moi, je crois qu’elle dort maintenant.

C’est là que j’entendis un bruit…

Je plissai des yeux…

Ça venait d’en bas. Mais c’était pas Nell sinon, je l’aurais entendu sortir de sa chambre.

Et il était trop tôt pour que ça soit Jordan.

J’éteignis ma lampe de poche. Puis, je me levai doucement de mon lit. J’étais à pied nu comme ça on m’entendais moins.

J’écoutai… J’entendais plus rien…

Je plissai des yeux… Puis, je me tournai vers mon bureau et je pris, dans mon tiroir à clé, le pistolet que j’avais pris chez mon père en cachette.

Je le pris en main… Je sortis doucement de ma chambre pour descendre. Une fois en bas, j’entendis mieux.

Il y avait quelqu’un dans le salon.

J’avançai jusqu’au salon. Mon cœur battait plus vite mais c’était pas pire que quand j’étais en colère.

Et là, je vis un homme. Il me faisais dos. Il fouillait doucement dans les tiroir.

Je le connaissais pas.

Il volait. Il avait un gros sac.

-Toi, tu peux pas voler !

C’est ce que je dis et le type sursauta et se retourna. Il fut surpris parce que je tenais mon pistolet et je le visais. J’avais déjà enlevé la sécurité comme mon père me l’avait appris.

Il allait ouvrir la bouche… Mais en même temps, je le vis aller de sa main vers sa poche.

Mon père m’avait dit que si quelqu’un bougeait, je devais tirer. Sinon, il risquait de prendre une arme.

Alors, je tirai.

Ça fit un gros « pan ». Plus que sur la plage. Je grimaçai et j’avais même reculé un peu parce que ce flingue était plus gros que celui que j’avais pour m’entrainer à la plage.

Le type cria.

Mais il était pas mort. Il s’écroula assis au sol et se tenait l’épaule. Ça saignait !

-Putain !!!! T’es cinglé ?!! Ne tires plus !!! Je suis même pas armé !!!

Je ne tirai pas. J’étais encore trop interdit face à ce qu’il venait de se passé.

J’avais tiré.

Il était pas mort mais il saignait.

Il gémissait et se tordait de douleur.

J’aimais ça.

J’aimais pas ça…

C’était bizarre…

Mais j’arrivais plus à bouger.

@ Billy Lighter

Le lit était beaucoup trop grand sans Jordan pour me prendre dans ses bras et y dormir avec moi. J’avais toujours du mal à m’endormir, les nuits où il était au poste. Qui plus est, Grant avait tenté de me convaincre pour un film d’horreur en me parlant de l'immense collection de son père. Je ne comprenais pas ce qu'il y avait de divertissant à regarder des gens se faire massacrer. Je l'avais heureusement convaincu pour S.O.Fantôme mais malgré ça, j'avais tout de même sursauté au passage du Maître des Clés.

Je m’étais tout de même installée au lit avec d’abord, un panier de vêtements fraichement lavés et qui avaient sécher dehors. Ross, le voisin, avait tenté d’engager la conversation pendant que je récupérais les vêtements sur la corde. Il était curieux de savoir si Grant était de retour pour de bon ou que de passage. Je l’avais poliment salué mais j’avais évité de lui répondre.

Au travers de la pile de vêtement, je tirais un des t-shirt de Jordan et j’y cachais mon visage pour en respirer l’odeur. Il sentait bon le savon et l’air frais de dehors et, malgré ça, je pouvais tout de même y déceler l’odeur de mon homme. Je ne pu résister à retirer ma chemise de nuit pour enfiler le vêtement puis je continuais de plier le reste de mon panier et, quand ce fut fait, j’attrapais le livre que j’étais entrain de lire.

Je devais relire plusieurs fois la même phrase, ma concentration n’était pas très forte, ce soir. J’avais tellement de choses en tête dernièrement que je n’arrivais pas à garder le focus. Je pensais à l’article dans le L.A.People dans lequel Ward avait eu des mots pour Sky. Je ne savais pas comment allait cette dernière. Il y avait aussi les nombreux articles dans le L.A.Sun et tous les autres journaux quotidiens.  Il y en avait moins dernièrement mais peu après la dénonciation de Sky, il ne se passait pas une journée où on ne pouvait pas lire au sujet de Ward.

Honnêtement, je ne savais pas quoi en penser. Évidement, je me rendais bien compte qu’il était loin d’être la brebis égarée qu’il m’avait toujours semblé être et que le bon fond que je voyais en lui n’était rien de plus qu’un écran de fumé. J’étais blessée d’en apprendre autant puis je me sentais honteuse d’avoir pu être si naïve.

Tant qu’à ne pas lire, j’avais refermée mon livre et éteint la lumière de la chambre avant de prendre l’oreiller de Jordan entre mes bras et de la ramener tout contre moi. Demain serait une longue et pénible journée ! Quand je me lèverais, Jordan rentrerait mais il aurait vite sommeil. Ce serait donc une journée où nous aurions droit qu’à un baiser rapide entre deux portes.

Un bruit assourdissant me réveilla. Je me retrouvais assise dans le lit, les cheveux enroulés autour de mon visage et le cœur battant. Peut-être qu’une voiture venait den percuter une autre au coin de la rue, non loin de la maison ? J’entendis un cri qui ne venait pas de l’extérieur mais bien de l’intérieur !

- Oh mon Dieu ! Grant ! GRANT !?!

Je bondis hors de mon lit puis hors de la chambre et cherchais frénétiquement les interrupteurs partout sur mon passage jusqu’au salon où je trouvais Grant au salon, debout et tenant une arme devant un homme au sol qui saignait.

- Tu as tiré !?

Je déglutis avec difficulté en réalisant à peine ce que je voyais ! Grant avait un flingue, où l’avait-il trouvé ? Mais là n’était pas le plus troublant dans ce qui se passait. Il avait tiré sur un individus, il aurait pu le tuer ! Dans notre maison ! Et il restait immobile et fixait l’homme d’un regard qui ne manquait pas de me rappeler son père.

- Grant ? Grant… Donne-moi le révol…le fu… donne moi ton arme d’accord ?

Est-ce que je devais appeler l’ambulance puis la police ? Jordan ? Est-ce que je devais dire que c’était moi qui avait tiré en me sentant menacé par cet homme qui était entré dans ma maison pour voler ? On me demanderait où j’ai eu cette arme et c’était bien la question que je me posais.

- Je dois appeler la police, Grant. S’il-te-plait… Donne-moi ton arme…

J’avais peur qu’il tire à nouveau !

@ Billy Lighter

J’avais tiré. L’homme s’était écroulé. Il saignait. Il gémissait. Il m’engueulait. Il disait que j’étais fou. Moi, je n’arrivais plus à bouger. Je le fixai complètement interdit. Comme si j’étais plus là du tout. J’entendais juste des voix dans ma tête…

« Tu as protégé Nell. »

« Tu devrais le faire. »

« Les voleurs, c’est dangereux. »

Oui. Moi, j’avais protégé Nell. Sinon, le voleur nous aurait tous les deux tués. Moi, je voulais pas qu’on tue Nell. Je l’aimais beaucoup.

L’homme continuai de me traiter et de dire de baisser mon arme. Mais c’est quand Nell arriva et me parla que je revins à moi. Entre temps, mon cœur s’était remis à battre convenablement et plus trop vite.

Nell voulait savoir si j’avais tiré. Je fixai toujours le type.

-Oui.

Nell avait peur. Moi je l’entendais dans sa voix quand elle me demanda de lui donner mon arme. Je la fixai. Je ne voulais pas lui donner. Si le type se relève et nous tue ? Elle va tirer ? Non. Moi, je pense pas. Moi, je sais tiré. On m’a appris. Mais Nell, on lui a pas appris. Elle me l’a dit.

Alors, je dis simplement :

-Moi, je l’ai fais pour te protéger. C’est un voleur méchant.

Elle voulait appeler la police et que je lui donne l’arme. Je la fixai. Je clignai deux fois des yeux.

-La police ?

Oui. C’est un voleur. La police doit venir le chercher pour le mettre en prison. Peut-être que ça sera Jordan. Il va sûrement me félicité parce que j’ai arrêté le voleur.

-La police ?! Il me faut une ambulance ! Je veux pas me vider de mon sang !

C’est ce que disais le type à terre. Moi, je crois pas qu’il allait mourir. Il parle trop pour ça.

Je le fixai.

-Toi, je crois que tu dois te taire… La police va te mettre en prison.

Il gémit avant de lancer :

-Votre fils est complètement cinglé ! Il faut l’interner !

Je fronçai des sourcils et je me retournai vers Nell. Je remis la sécurité de mon pistolet. Puis, je le tendis à Nell.

-Tiens… Mais tu me le rendra, ok ? Moi, je crois pas qu’il va bouger encore… Il l’aurait fait sinon. Moi, je le surveille.

Pendant qu’elle appelait la police.

@ Billy Lighter

J’étais figée sur place en entrant dans le salon devant cette scène plus que surréaliste. Grant tenait droit devant lui un flingue et le pointait sur un homme qui saignait de l’épaule. Il me fallu quelques secondes pour vraiment percuter ce qui s’était passé pendant que je dormais dans ma chambre. Mon cœur battait vite et j’avais soudainement la gorge sèche et les idées troubles.

Mes mains que je levais doucement en direction de Grant, étaient glacées et tremblaient. D’une toute petite voix, je lui demandais s’il avait tiré bien que la scène était évidente. Je voulais l’entendre de sa bouche et il me le confirma. Que lui avait fait Ward pendant le court moment pendant lequel Grant avait vécu avec lui ?

- Je sais… Tu voulais me protéger, je comprends. Mais… Mais… Tu l’as neutralisé maintenant alors… do…donne moi ton arme, d’accord ?

Je ne voulais pas le lui laisser ! J’avais peur que le voleur tente de fuir et que Grant tire à nouveau et que cette fois, il le vise en pleine tête. Je devais appeler des secours. L’ambulance ou la police. Les deux probablement ! Quoi qu’il en soit, je devais appeler des secours et je suggérais la police. Je donnerais n’importe quoi pour que Jordan soit ici à ce moment précis.

Le type au sol se lamenta qu’il lui fallait une ambulance et surprise, je fronçais des sourcils et j’ouvris la bouche pour lui dire qu’il n’avait pas vraiment son mot à dire mais je serrais des dents parc que Grant résuma le fond de ma pensée, plus brusquement que je ne l’aurais fait.

- Vous êtes entré par effraction dans ma maison ! C’est immorale, ça ne se fait pas c’est… vous êtes cinglé !, dis-je en m’emportant.

Même moi j’avais des limites et je venais de les atteindre tant et si bien que je tremblais de rage, de consternation, de peur et de chagrin. Je vivais trop d’émotion en même temps au point que je restais sans bouger alors que Grant me tendait l’arme avec laquelle il avait tiré sur le voleur. Mon regard passa de Grant au voleur puis, l’arme en main, je reculais jusqu’au téléphone accrocher au mur entre la cuisine et le salon et je composais le numéro du commissariat.

- J’ai besoin d’aide, un voleur s’est introduit chez moi… Je suis euh… C’est Eleanor, je demeure avec l’inspecteur Jordan Keller. L’intru est blessé, il va avoir besoin d’une ambulance.

Je ne savais si, dans des cas comme celui-là, quand je devais me présenter par rapport à Jordan, si je devais dire que j’étais sa copine, sa fiancée, sa femme. Nous n’étions pas mariés mais ça pouvait abréger les explications. En raccrochant, je secouais la tête en réalisant que le moment était mal choisi pour ce genre de questionnement.

Je portais ma main glacée à mon front puis je soufflais en inspirant profondément à plusieurs reprises. Les flics allaient demander pourquoi Grant avec une arme. Je ne m’y connaissais pas en arme sauf que celle-là ne semblait pas être de petit calibre. Est-ce que Jordan pourrait être sanctionné pour avoir eu ce genre d’arme à la maison ? Est-ce que nous pourrions risquer de perdre la garde de Grant ? Je pourrais dire que c’était moi qui avais tiré, ce serait la parole du voleur contre la mienne… Ça n’expliquerait pas la présence de l’arme chez nous.

- Grant ?

Doucement, je m’approchais de lui et je passais mes bras autour de lui pour le serrer contre moi.

- Tu vas bien ? Tu n’as rien hein ?

J’avais été choquée par ce que j’avais vu au point où j’avais oublié de lui poser la première question qui aurait dû me venir en tête.

@ Billy Lighter

Moi, je vis que Nell tremblait. Sûrement, qu’elle avait peur du voleur. Oui, je crois que c’était ça. Je comprends. Parfois, les gens ont peur. C’est pour ça que j’ai protégé Nell. C’est ce que je dis. Nell le savait. J’étais content qu’elle le sache. Mais elle disait que maintenant l’homme était neutralisé et que je devais rendre l’arme maintenant.

Je l’avais neutralisé comme faisait Batman avec les méchants. J’étais content de ça et j’espérais que Jordan sera content et me fera plus confiance et me laissera sortir dehors plus souvent et seul.

-Oui.

Oui, je voulais la protéger. Mais non, je n’allais pas lui donner mon arme tout de suite. Pas tant que je serais pas sûr que le type va pas se relever pour nous tuer. Je voulais pas mourir et que Nell meurt.

Nell voulait appeler la police. Oui. Je comprenais. Jordan ou des autres policiers allaient venir chercher le voleur pour le mettre en prison. C’est ce que je dis. Que l’homme allait aller en prison. Il le méritait. Voler c’est mal. Je le dis à l’homme qui voulait une ambulance. Non. Prison. Pas hôpital. Lui mérite pas l’hôpital.

Nell disait à l’homme que c’était mal de voler et que c’est lui qui était cinglé. Oui. Lui. Pas moi. Lui. Il grommela et marmonna des choses que je ne compris pas parce qu’il marmonnait trop. Un peu comme quand Conard parlait. Je comprenais pas toujours tout parce qu’il parlait bizarrement.

Nell tremblait toujours. Pas moi. J’allais bien. J’étais content d’avoir eu le voleur. Sinon, on serait peut-être morts. Et comme le type allait pas se relever parce qu’il gémissait comme un petit bébé, je donnai mon pistolet à Nell. Elle me le rendra plus tard. C’est ce que je dis.

Puis, Nell prit l’arme et alla près du téléphone. J’écoutais Nell téléphoner tout en fixant l’homme. Il me fixait aussi.

-Faut te faire soigner.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Non. Moi, je crois que c’est toi qui devrait te soigner. Voler c’est mal.

Il roula des yeux avant de grimacer et de gémir. Puis, Nell revint près de moi. Elle me parla. Je levai les yeux vers elle.

-Oui ?

Elle s’approcha de moi et me serra dans ses bras. J’aimais bien ça. Je la serrai aussi et enfui ma figure dans son cou. Elle sentait bon le parfum. Maman aussi sentait bon le parfum…

Maman me manque…

Elle aurait été fier de moi aujourd’hui. Nell demanda si j’allais bien. Je restai encore un moment comme ça avant de lui faire face.

-Oui. Je vais bien.

Très bien.

-Je n’ai rien. Il a pas eu le temps de me faire mal.

Je pris une de ses mains qui tremblait. Elle était toute froid.

-Moi, je crois que c’est fini. Il fera plus de mal. Il va aller en prison. Toi, tu dois plus avoir peur.

Oui. Plus du tout.

-Jordan sera content.

Très content.

@ Billy Lighter