La soirée d’hier était floue dans ma tête et, en même temps, c’était méga tangible. J’me rappelle avoir été chez Amon et lui avoir dit tout ce que j’lui reprochai. J’me rappelle avoir complètement craqué. J’me rappelle qu’il voulait que j’aille en désintox’… J’revoyais les flash dans ma tête… J’me rappelle du taxi aussi qui était venu me cherché.

La nuit, après, avoir été difficile. J’avais vomi deux fois, j’arrivais pas à dormir et quand j’réussissais à somnoler, les cauchemars revenaient. Finalement, j’crois que j’étais méga content de retourner à New York ce soir… L’avion été à 17h… Avant ça, j’devais retourner à Downtown rechercher ma Mustang.

C’est ce que j’ai dit à David. Que j’devais aller chercher ma Mustang avant de revenir ici pour essayer de dormir avant notre vol.

Et j’suis allé rechercher ma Mustang… Sauf que quand j’suis arrivé devant, j’remarquai qu’il lui manquait un rétroviseur…

P’taaaaaaaaaaaaaaain !

J’restai quelques minutes à regarder les dégâts. Y’avait plusieurs griffes aussi. J’savais même pas comment j’avais fait ça. J’m’en rappelais plus. De hier, j’me rappelle surtout la colère, la tristesse et le désespoir.

C’est tout.

Fallait que j’la fasse réparer. Si j’la mettais au garage aujourd’hui, j’l’aurais en revenant de New York après la naissance des bébés… Ou plus tard. J’en savais rien en fait. J’vivais dans une suites d’incertitudes.

Ça m’tuait…

Désespéré, j’embarquai dans ma Mustang. L’avait presque plus de carburant mais c’était assez pour aller jusqu’au garage Robson. Le garage du père de Sonny.

J’roulai vite jusque dans l’Eastside où se trouvait le garage. J’y entrai ma voiture la garant méga mal dans le parking où se trouvait des voiture réparées et… Un peu moins réparées… J’m’étais garée au plus près du garage qui était ouvert sur le parking et où s’afféraient des mécaniciens.

J’me trainai hors de ma caisse avant de marcher jusque dans le garage. Un mécanicien s’avança avant de lancer :

-Sonny ! Ton pote Stone est là !

Les gens qui travaillaient ici savaient que j’étais un pote à Sonny. Moi, par contre, j’savais pas qu’il était là aujourd’hui…

Le mécanicien me regarda de haut en bas avant de dire :

-Super tes nouvelles chansons.

J’souris légèrement.

-Merci.

Il s’éloigna alors laissant place à Sonny.

-Salut vieux, j’ai perdu un rétroviseur… Il a disparu pendant la nuit j’sais pas comment. Tu vas bien ?

Ma voix était enrouée. J’me sentais pas vraiment bien. J’avais l’estomac retourné et j’avais mal à la gorge.

@ Billy Lighter

J’avais apporté le dernier single de mon pote Howard au garage pour en faire profiter mes amis mécanos. Et on le faisait jouer à fond et en boucle ! Ses chansons étaient trop bien !

J’avais l’intention de passer chez Howard pour lui dire toutes mes félicitations, mais je savais plus trop s’il était à L.A. ou à New York… Sa femme s’était fait la malle là-bas et avec la naissance imminente de leurs bébés, si je calculais bien, je ne doutais pas qu’il soit resté à l’autre bout du pays

Je n’étais pas de service aux urgences aujourd’hui… Alors j’en avais profité pour venir aider mon père au garage.

J’avais pas de femme, pas d’enfant et je vivais tout seul… Alors le travail, pour moi, c’était la santé !

J’avais suivi les pérégrinations d’Howard dans la presse… Et je savais pas trop de quel côté se plaçait Sørensen… Un coup il faisait passer les messages anti-Jimmy Reed de mon ami, et un autre coup, il descendait la bassiste de The Burning Fire en flèche, ce qui n’aidait pas Howard.

Probablement qu’il se plaçait du côté de l’argent… Après tout, d’après ce que j’en savais, les derniers L.A.People s’étaient vendus comme des petits pains… Surtout celui avec l’interview de cet enfoiré de Ward Fleming, le petit harceleur de notre école primaire.

Du coup, entre ça, Lola qui faisait sa crise et les bébés à venir, j’étais pas sûr que mon pote allait bien.

Ça sublimait sa musique, mais à la limite, je préfèrerais qu’il sorte des trucs moins bons et se porte bien, un peu comme Sniper qui avait fait un album un peu en dessous des autres tout simplement parce qu’il y chantait son bonheur.

Soudain, quelqu’un m’appela en gueulant au-dessus de la musique et je redressai brusquement la tête du moteur que j’étais en train de réparer.

-Aïe !

En me cognant la tête au capot, évidemment… Fais chier d’être aussi grand.

Me frottant la tête en grommelant, je me dirigeai vers l’entrée du garage et vis mon ami qui venait vers moi. Il me salua et en le voyant… en  me rendant compte qu’il était encore plus une épave que sa Mustang toute griffée et avec un rétro en moins, mon premier réflexe fut de le prendre dans mes bras.

Puis, je m’écartai de lui.

-Je vais bien… Mais toi, ça a pas l’air d’aller…

Je fronçai le nez…

-Tu pues l’alcool, Howard…

Le tenant par les épaules, je le regardai de haut en bas…

-Viens boire un café, ça te fera du bien. Et tu vas me raconter ce qui te fout dans cet état, ok ? Faut te reprendre, tu ne peux pas accueillir tes enfants dans cet état…

@ Billy Lighter

Une fois au garage c’est l’son de mon single que j’entendais. Il passait tout le temps sur toutes les radios. J’devais avouer que ça m’faisait plaisir de l’entendre mais ça m’rappelait que j’avais quitté New York y’a un p’tit temps déjà.

J’voyais plus le temps passé… Et en même temps, il passait pas assez vite. Parce que j’attendais toujours la naissance des p’tits… Au point même où j’espérais qu’ils naissent vraiment bientôt… Même si c’était avant la date du terme.

J’me disais qu’une fois qu’ils seraient nés, une partie de mes problèmes s’envoleront. J’me disais même pas que ça risquait d’en amener d’autres.

Un type s’amena, me complimenta pour mon single et appela Sonny qui était ici, apparemment. J’savais qu’il trainait parfois au garage de son père quand il travaillait pas ou qu’il n’était pas sur une course… Tiens… Ça fait méga longtemps que j’suis plus aller voir une course… C’était cool d’aller voir des courses. Y’a des courses à New York ? J’savais pas… Mon esprit n’était pas suffisamment clair et, quand j’regardais en arrière, le jour où j’m’étais crashé à Londres semblait presque être un méga bon souvenir. Le cerveau est méga bizarre parfois.

Bref, Sonny finit par se pointer et j’le saluai. Il me prit alors dans ses bras comme si on s’était plus vu depuis trois siècles. J’le serrai à mon tour parce que ça faisait quand même du bien et quand il s’écarta il me fit la réflexion qu’un tas de gens me faisait.

« Howard t’a l’air d’aller mega mal, t’sais ! »

J’sais… Et Sonny comme tous ses autres gens savaient pertinemment ce qu’il m’était arrivé. C’est même Sonny qui m’avait trainé du commissariat à ma chambre d’hôpital le soir où Ward avait démoli mon oreille, mes côtes et mon esprit.

-Sans blague…

C’est ce que j’soufflai alors qu’il déclara que j’puais l’alcool. J’soupirai n’ayant plus aucun argument à ce niveau tellement j’avais entendu ça aussi. Pas plus tard qu’hier avec Amon…

Il me proposa un café… Il voulait que j’lui raconte « ce qui me fout dans cet état ». Il disait que j’pouvais pas accueillir mes enfants comme ça. Et, n’ayant plus aucune force pour répliquer, j’hochai simplement la tête et le suivi jusqu’à une p’tite pièce avec une table et une machine à café. J’savais que j’allais pas boire une seule goutte de café parce que j’aimais pas spécialement ça et que j’avais l’impression de ne pas pouvoir avalé la moindre chose sauf p’t-être de la vodka…

J’me laissai tomber sur une chaise alors que Sonny nous préparait du café. Y’avait personne à part nous.

-C’est la vie qui m’fout dans cet état vieux…

Quoi d’autre, finalement ?

-Ward… Peyton qui a beaucoup de mal parce que sa grossesse est pas si simple et que j’suis pas si simple… Amon qui m’poignarde dans l’dos… Jimmy Reed qui essaye de m’décrédibiliser alors qu’il devrait être en taule…

J’avais dit à Sonny que Jimmy Reed est chef des Los Diablos ? Ouais… J’pense bien… J’crois… Heu… P’t-être pas en fait.

-Mon voisin River Moriarty, ce sale psychopathe… J’crois que j’ai fait le compte…

C’était déjà pas mal.

-Ah et ma Mustang… L’est cassée…

J’savais même pas comment.

-Voilà mes problèmes. Mais tout le monde pense que mon seul problème c’est la vodka, alors… Qu’ils aillent tous se faire foutre !

Si j’avais tout dit d’un ton un peu faible, cette dernière phrase, j’lui avais donné plus de force. J’voulais réellement que tous mes amis bien-pensant aillent se faire foutre !

@ Billy Lighter

J’emmenai mon ami dans la petite salle de repos sobrement aménagée… Entre les outils éparpillés sur une table en bois, il y avait une machine à café… Puis sur la table tout autant en bordel, avec des pièces de bagnole et tout, je posai deux tasses… Puis, je fis couler le café…

Je savais bien qu’Howard aimait pas spécialement le café, mais c’était tout ce que j’avais à lui offrir. On avait même plus de coca ou des trucs comme ça. Faudrait penser à en racheter, les mécanos méritaient bien ça.

Howard se laissa aller sur une chaise et je mis un peu d’ordre sur la table, au moins pour qu’on puisse se voir l’un l’autre au travers de tout ce bordel.

Puis, il m’expliqua que c’était la vie qui le mettait dans cet état… Je souris vaguement… Un sourire triste…

-Jesse aussi en a souvent après la vie… Faut pas que tu l’oublies lui non plus. C’est cool que Perry te laisse passer du temps avec lui et tout.

Le percolateur faisait un bruit délicieusement agréable et, en fond, venant du garage même, on entendait le bruit des visseuses et autres outils qui faisaient des cliquetis métalliques.

Howard me cita tous ses problèmes… Je savais qu’il disait vrai et pas que c’était la vodka qui parlait. Tout simplement parce que Howard n’avait pas attendu d’avoir des problèmes avant d’être accro à l’alcool… Non… ça, c’était du à la vie de rockstar et à ses excès…

Dans ses problèmes, Ward venait en première position…

-Tu sais… Je crois que tu peux le classer dans tes anciens problèmes, celui-là… Il est en prison. Il en sortira probablement uniquement les pieds devant.

Je soupirai.

-Et je suis triste d’apprendre que ta femme a du mal avec sa grossesse… Mais c’est bientôt fini, non ? Une fois les bébés mis au monde, elle se rendra probablement compte de la chance qu’elle a, et toi aussi.

Je me levai et allai chercher la cafetière maintenant que le café était coulé.

-Pour Amon, ouais, j’ai suivi, c’est vraiment pas cool. Il a donné la parole à quelqu’un qui a plus le droit de l’avoir. Et tout ça pour quoi ? Pour les thunes… C’est rageant.

Je nous versai à chacun une tasse de café.

-Pour Jimmy Reed… Tu verras, un jour, il aura son retour de karma.

Puis il y avait River Moriarty aussi, celui qui avait coupé les câbles de frein de la voiture d’Howard.

-Mouai, là je comprends toujours pas pourquoi t’es pas allé voir les flics. Maintenant, il est trop tard, t’as plus aucune preuve.

Il se plaignait aussi de sa Mustang qui était encore cassée…

-Ça, on va te l’arranger en quelques heures, t’as pas à t’en faire. Je pense que Frank est déjà sur le coup.

En effet, par la fenêtre, je pouvais voir le mécanicien tourner autour du véhicule endommagé.

-Je pense pas que c’est la vodka ton problème, sinon, ça fait longtemps que tu te serais mis dans cet état. Mais disons que ça arrange rien. Mais l’eau et le lait non plus, tu vas me dire.

Je lui souris.

-Qu’est-ce que je peux faire pour toi, Howard ? A part réparer ta voiture ?

@ Billy Lighter

Sonny nous emmena dans une pièce assez en bordel mais assez cosy aussi. C’était là que les mécanos prenaient leur pause. Là qu’ils venaient se faire un café. C’est ce que fis Sonny. Il sortit deux tasses bien que j’suis pas sûr que j’boirais une seule goutte.

J’m’étais assis. C’est quand j’me relâchai que j’me rendis compte que j’avais littéralement mal partout. P’t-être même plus que ma Mustang qui avait pris cher sans que j’sache réellement comment.

J’déclarai à Sonny que ce qui me rendait comme ça, c’était la vie. Il parla alors de Jesse qui, lui aussi, blâmait souvent la vie. Il disait que j’devais pas l’oublier… J’le savais… Mais ça faisait désormais bien trop de personne à qui j’devais faire attention et ça devenait beaucoup trop pour moi. J’soupirai.

-J’sais… Et j’l’oublie pas. Mais j’veux pas qu’il me voit comme ça…

J’avais refusé qu’il vienne me voir à l’hosto… Le p’tit voulait mais j’avais refusé. Et à ma sortie, j’étais pas allé le voir parce que j’avais dû filé à New York. Et ici, j’avais absolument pas le courage d’aller le voir dans l’état où j’étais. Parce que j’étais pas con, hein ! J’savais que j’avais une sale gueule.

J’citai alors en vrac tous mes problèmes à Sonny. Et j’trouvais qu’il y en avait largement suffisamment. J’crois que j’en aurais qu’un de ceux-là, ça serait déjà assez.

Sonny prit alors mes problèmes un par un… Il disait que le problème « Ward » était derrière moi vu qu’il sortira sans doute pas de prison. Pas vivant, en tout cas. Et j’ricanai d’un ricanement ironique. Ward était en prison mais il venait me hanter jour et nuit. L’était toujours là pour moi. Mais ça, j’crois que seul Livia pouvait le comprendre.

Sonny se disait triste pour Peyton. J’l’étais aussi. J’aurais voulu que les choses se passent autrement. Sonny disait que quand les bébés seront nés, Peyton verra la chance qu’elle a. J’hochai de la tête.

-P’tain, j’espère que t’as raison… Parce que pour l’instant, elle est en dessous de tout.

L’était suicidaire… Une dépression… C’était ça que Lizzie avait dit que Peyton avait. Un truc lié à sa grossesse. Un truc grave dont le remède était le soutien. Sauf que j’savais que j’étais pas le meilleur soutien du monde. J’sais même pas me soutenir moi-même.

-J’prie parfois pour que les gosses naissent plus tôt.

C’était mal… Mais ça me soulagerait.

J’regardai Sonny s’affairé autour du café en continuant à trouver des « solutions » à mes problèmes. Il en voulait à Amon, lui aussi. Il trouvait ça rageant. J’haussai des épaules.

-J’lui ai dit mes quatre vérités… Il regrette… Mais il recommencera.

L’était comme ça. J’l’avais compris à la dur. J’pouvais plus lui faire confiance. Il avait brisé quelque chose entre nous en allant voir Fleming au fond de sa cellule.

Quant à Jimmy Reed, Sonny disait qu’il aura son retour de karma. Là encore j’ricanai ironiquement.

-Mais je l’espère bien. J’fais tout pour. S’il ne l’a jamais alors toute l’énergie que j’brûle pour ça aura été brûlé pour rien.

Quoi qu’en pense Livia, pour moi, Reed méritait l’exacte même sort que Ward Fleming. Rien de plus, rien de moins.

Pour River, Sonny se demandait, à l’instar de Kenzie, pourquoi j’avais pas été voir les flics. Combien de fois, j’dois leur répéter la même chose. J’roulai des yeux.

-Parce que j’savais pas que c’était lui à la base. J’avais des dettes envers un tas de gang. Ça pouvait être n’importe lequel. C’est plus tard que j’ai appris que c’était lui. C’était déjà trop tard pour en parler aux flics… Et j’ai pas porté plainte tout de suite à la base parce que j’voulais pas parler de mes dettes aux flics au risque de me retrouver moi aussi en taule.

Pour ma Mustang, Sonny disait qu’elle sera réparée dans quelques heures. J’hochai de la tête.

-J’te la laisserais… J’viendrais la reprendre quand j’reviendrais de New York. Mon avion est tantôt.

Sonny, contrairement au reste du monde, disait que mon problème était pas la vodka. Mais que ça arrangeait rien. J’soupirai.

-J’sais… Mais sobre, c’est encore plus difficile à encaisser.

Il se demanda alors ce qu’il pouvait faire pour moi. J’soupirai baissant les yeux quelques secondes avant de relever le regard.

-Fleming est en prison… Mais il m’empêche de dormir. J’cauchemarde tout le temps. J’revois les images de ce qu’il m’a fait. Et j’arrête pas de me dire que des gens ont vécu pire et eux, ils sont pas au quarante-cinquième dessous.

Livia… Elle avait l’air d’aller bien. Elle disait qu’elle y pensait encore mais elle semblait pas au bord de la dépression.

-Alors si tu as une perceuse magique qui enlève tout ça de ma tête, ça serait cool… Ou une pilule magique pour que Peyton sorte de sa dépression et la fasse rentrer à L.A… Ça aussi ça serait cool.

Mais j’savais que c’était pas possible.

-Ce qui me faut c’est… J’en sais méga rien…

Et c’est bien ça le problème.

@ Billy Lighter

Howard ne voulait pas que son fils, Jesse, le voit dans cet état… Je pouvais comprendre ! Même un enfant innocent comme Jesse se rendrait compte que le batteur n’allait pas bien. Et ce n’était pas la peine de l’inquiéter. Jesse devait vivre son enfance loin des problèmes des adultes.

Une fois assis sur sa chaise, mon ami ouvrit les vannes et me parla de tout ce qui n’allait pas. Il avait besoin de parler, ça se voyait. Et surtout, il n’avait pas besoin qu’on remette tout ses problèmes sur l’alcool qu’il ingurgitait…

Pour ce qui était de sa femme, j’espérais que tout s’arrangerait avec la naissance des bébés. J’y connaissais rien aux femmes, et encore moins aux femmes enceinte en pas du tout en Lola enceinte. Elle devait être un vrai dragon. Mais Howard semblait l’aimer à mort… Et je respectais ça… Même si je pensais qu’il méritait une femme bien plus gentille que la diva.

Howard, lui, avait envie que les enfants naissent avant terme.

Je haussai les épaules.

-Ça peut arriver… Et c’est pas fort grave tant que c’est pas vraiment trop tôt… Histoire qu’ils soient en bonne santé quoi.

Un autre problème était Amon Sørensen… Le journaliste people le plus hard de la planète presse. Je savais qu’Howard et lui étaient plus ou moins amis mais apparemment, là, Amon avait dépassé les bornes.

Et il recommencerait, d’après Howard.

-Il est payé pour… Mais bon… Si t’es ami avec quelqu’un, tu fais attention à ce que tu dis quand même. Moi je crois que ce type est capable d’être ami avec personne.

Puis Jimmy Reed… Tout ce qu’il pouvait espérer, c’était un retour de karma… Je soupirai, impuissant comme Howard, tout en lui servant son café…

-Bois, Howard… T’en a besoin. Le café, ça hydrate.

Puis il y avait River Moriarty qui avait essayé de le tuer, Ward qui l’avait torturé et qui hantait ses rêves. Finalement, quand je demandai à mon ami ce qu’il voulait de moi, sa réponse fut de lui trouver une perceuse pour lui enlever tout ça de sa tête… En plus, il devait prendre l’avion dans quelques heures. D’ailleurs, il voulait que sa femme revienne à L.A.

Assis sur ma chaise, je le regardai, complètement impuissant.

-Je suis pas un faiseur de miracle… Mais je suis là pour toi. Tu sais que tu peux venir me parler quand tu veux et que je serai toujours là pour toi.

Je grattai ma tête.

-Ce qu’il faudrait peut-être, c’est prendre une chose après l’autre. Ta priorité, là, tout de suite, c’est quoi ? Prendre l’avion pour aller voir ta femme, non ? Alors tu fais ça, tu en profites pour dormir un peu en espérant que les cauchemars viendront pas.

Je lui souris.

-Puis tu t’occupes de Peyton et des enfants… A la mort, tu opposes la vie. Vous le faites tous les deux. C’est pas rien ! Vous allez être à l’origine de deux nouvelles vies. Et ces petits humains auront besoin de vous au point que vous devrez, pour un moment, oublier tout le reste.

@ Billy Lighter

L’état de Peyton m’inquiétait… J’espérais que la naissance des bébés arrangent son état mais j’avais l’impression que tout ne serait pas facile. J’avais l’impression que tout serait JAMAIS facile. Quand est-ce que ma vie est devenue à ce point compliquée, hein ? J’en savais rien…

J’déclarai tout haut que j’en venais à espérer que les enfants naissent plus tôt et Sonny disait qu’il y avait pas de mal à ça. Que ça arrivait sans que ça mette en danger la vie de l’enfant. J’hochai de la tête.

-Sont censés venir dans un mois… Un mois c’est long.

Trop long.

J’crois pas pouvoir encore attendre aussi longtemps mais c’était pas moi qui décidait mais la vie. Et la vie est une pute avec moi ces temps-ci. J’avais fait quoi pour mériter ça ?

J’déclarai, ensuite, qu’Amon regrettait ce qu’il avait fait mais que ça l’empêchera pas de recommencer encore et encore. Sonny disait qu’Amon était payé pour ça. J’me demandais bien pourquoi il faisait ce boulot… J’suis sûr qu’il pourrait faire autre chose que ce métier de merde qui faisait rien d’autre que détruire la vie des gens. En tout cas, j’comptais plus lui faire confiance. Sonny, lui, disait qu’Amon était pas capable d’être ami avec quiconque.

J’soupirai d’un profond soupire.

-J’croyais que c’était le mien…

Ma voix se brisa un peu… Amon, l’était dans le top de mes amis avec Hank, Bailey, David, Savannah et Sonny. Sans Amon, j’serais peut-être jamais devenu une rockstar. J’fixai Sonny.

-J’lui dois beaucoup à Amon… J’lui dois ma carrière…

Mais là, il essayait de me la mitraillait, ma carrière… Pire, en fait, il mitraillait ma vie. J’comprenais pas… Et ça faisait super mal.

Du reste, j’espérais que Reed allait se reprendre un retour de karma. J’comptais bien tout faire pour ça. Même si j’comptais éviter de torpiller Livia au passage. Sonny, lui, me disait simplement de boire le café parce que ça hydrate. J’fixai le café avant d’hocher de la tête mais j’touchai quand même pas à la tasse.

Bref, ajoutons à tout ça River et Ward, ma vie était vraiment sans dessus dessous. Mais quand Sonny s’proposa pour m’aider d’une façon ou d’une autre j’trouvais rien qu’il pourrait me donner ou faire pour arranger les choses. Il pouvait pas enlever mes cauchemars que j’faisais absolument chaque nuit et il pouvait pas faire en sorte que Peyton aille mieux en un coup de baguette magique.

Il disait qu’il pouvait pas faire de miracle mais que si j’voulais parler, il était là. J’hochai de la tête.

-C’est déjà ça…

Il proposa ensuite que j’vois un problème à la fois. Me concentrer sur Peyton et les bébés en premier. Il disait que j’devais dormir aussi. J’soupirai.

-Aucune chance qu’ils reviennent pas… Puis, y’a ce foutu acouphène aussi. J’ai été voir un spécialiste mais il peut pas faire de miracles…

J’avais un traitement mais le sifflement était toujours là. L’était juste moins fort.

Tout ce que j’avais pour dormir c’est la combinaison anti-douleur/vodka.

-Mais j’ai quelques trucs pour dormir quelques heures tranquillement…

Il disait de m’occuper des enfants et de Peyton. Il disait qu’elle et moi, on était à l’origine d’une nouvelle vie. J’savais… Mais ces paroles me foutais la trouille.

J’fixai Sonny avec un regard plein de détresse.

-Ça m’fout la trouille… Pourquoi j’me suis embarqué là-dedans ?

Parce que j’avais pas réfléchi… Comme d’hab’… J’tremblais un peu… Parce que ce que venait de dire Sonny tout haut, ça rendait mon doute plus concret.

Alors, j’décidai de changer de sujet…

-Tu aurais une voiture de remplacement ? J’veux pas vomir dans le taxi… J’préfère pouvoir m’arrêter quand j’veux…

@ Billy Lighter

Restait un mois avant la naissance des bébés d’Howard. Et il trouvait ça long. Je le regardai avec des yeux emplis de compassion. Même si ça allait pas arranger tous ses problèmes, peut-être que sa femme serait de meilleure humeur. Et si ça allait pas après ? On en était pas encore là, mais si Peyton mettait mon ami dans cet état-là, je pensais qu’il valait mieux pour lui de la quitter.

Parce que leur couple était toxique. Ils étaient pas compatibles. D’ailleurs, je me rappelais d’une époque pas si lointaine où Howard ne pouvait pas voir la diva en peinture. Qu’est-ce qui était arrivé ? Mystère…

Quant à Amon, il croyait que c’était son ami. Il disait qu’après tout, il lui devait sa carrière.

Je fis la moue.

-C’est pas pour ça qu’il a le droit de dire tout et n’importe quoi… Même si… C’est Savannah qui en a pris plein la tronche, pas toi…

J’essayais de le faire relativiser, en fait. Mais je savais que c’était pas évident. Howard était un hyper sensible, un gars qui, quand tu touches à ses proches, ressent les choses au-delà du raisonnable.

Enfin bref, je lui affirmai que quoi qu’il arrive, même si je ne pouvais pas faire de miracle, j’étais là pour l’écouter.

Et c’était ce dont il avait besoin.

Quant à mes conseils, ils valaient ce qu’ils valaient. J’étais ni dans sa tête, ni dans son corps. Mais je lui dis quand même qu’il devait voir un problème à la fois et de commencer par essayer de dormir dans l’avion qui le mènerait à sa femme et ses enfants.

Mais dormir était pas facile pour lui, à cause des cauchemars, et à cause des acouphènes qu’il devait à ce bon vieux Ward… Je serrai les dents, faisant la grimace et serrai le poing.

-Je te jure que si je tenais Ward, je l’écraserais. Pour ce qu’il t’a fait ! Pour ce qu’il a fait à un tas de gens.

Mais Ward était en prison et Howard, sur le point d’être officiellement père. Et ça lui foutait la trouille. Il se demandait pourquoi il s’était embarqué là-dedans…

-J’en sais rien, Howard… Je suppose que ça s’est fait entre toi et Peyton. Enfin, si sa grossesse était bien désirée.

Howard changea de sujet, demandant si j’avais pour lui une voiture de remplacement. Je lui souris et tendis la main pour choper la sienne qui tremblait.

-Du calme… Du calme… J’ai bien une Thunderbird qui traine. Mais tu préfèrerais pas que je vienne avec toi à l’aéroport ? Comme ça j’attendrai l’avion avec toi…

@ Billy Lighter

Sonny disait que c’était pas parce que c’était le boulot d’Amon d’être un fouille merde qu’il devait dire tout et n’importe quoi… Même s’il disait que c’était surtout Savannah qui en avait pris plein la tronche. J’soupirai.

-Ward m’a quand même cité et nous a fait passer, Sav’ et moi, pour des dépravé sans espoir de rédemption pendant qu’il se faisait passé pour le type saint d’esprit. Et Amon a rapporté ça sans putain de nuances… Sav’ mérite pas ça. Elle souffre déjà assez comme ça.

Y’avait rien à faire… Cette interview m’avait touché pour tout un tas de raisons. C’était comme si Amon avait donné une batte de baseball à Ward et lui avait dit qu’il pouvait nous frappé avec, moi et Sav’…

Bref, Sonny pouvait pas faire grand-chose pour moi… Hormis m’entendre chialer comme un môme en m’lamentant sur les conneries qui s’passent dans ma vie.

Il me donna des conseils… Celui de prendre un truc à la fois en commençant par repartir pour New York pour la naissance des bébés et dormir dans l’avion. Sauf que j’doutais pouvoir dormir… Particulièrement dans un avion… Parfois, j’en venais même a me dire que j’aurais dû crever au Japon lors de la dernière tournée de The Burning Fire. Au sommet de ma gloire… Comme ça, j’aurais pas eu à souffrir aujourd’hui.

Mais Amon m’avait sauvé…

J’secouai la tête pour m’enlever cette pensée débile alors que j’déclarai que dormir sera pas simple à cause de tout ce que m’avait fait Ward. Sonny voulait écraser Ward… J’haussai des épaules.

-L’est en prison… J’imagine qu’il va avoir la monnaie de sa pièce…

C’est tout ce que j’pouvais espérer… J’crevais d’envie que le verdict soit la chaise électrique comme ça, plus de Ward. J’me disais que si ça arrivait, j’dormirais sans doute mieux.

A New York, j’aurais Peyton. J’imagine que ça aidera même si le stress d’avoir des enfants était bien présent. J’en venais même à me demandé comment on en était venu à en avoir… Sonny savait pas… Il disait que ça s’était fait entre moi et Peyton si et seulement si les enfants avaient été désirés. Cette remarque me fit frissonné et n’était pas sans me rappeler ma conversation avec ma mère.

-Oui… Ils l’étaient. On en voulait avec Peyton. Mais j’avais pas imaginé que ça serait aussi compliqué. J’voyais que le bon côté des choses, j’crois… En fait, j’ai pas tellement réfléchi. Et Peyton était sûre d’en vouloir, alors…

Alors, oui, ils sont voulu. On en a eu deux pour le prix d’un mais ça, ça aurait pu arriver même dans d’autres circonstances.

Puis, je changeai de conversation en demandant une voiture de remplacement parce que j’avais pas envie de me trainer dans un taxi alors que j’arrive pas à me débarrasser de ces maux de ventre et de cette nausée. Et je tremblais en disant ça… Sonny pris ma main… Me dit de me calmer et me proposa de me conduire à l’aéroport… Je soufflai pour tenter de me calmer…

-Ouais… J’veux bien… Enfin… Il y aura David aussi. Il vient à New York avec moi. J’serais pas seul mais j’veux bien que tu viennes avec nous… Faudra repasser chez moi… J’ai pas encore fait mes bagages.

Je tentai de calmer les tremblements en continuant de souffler doucement…

-Merci vieux…

J’dis ça avant que les tremblements ne se calment complètement.

-On peut y aller… Tu m’feras un prix sur ma caisse, vieux ?

Qui ne tente rien n’à rien…

@ Billy Lighter

Je fronçai les sourcils quand Howard se plaignit de ce que Ward avait « divulgué » sur Savannah et lui… J’étais un peu sceptique…

-Heu… Howard… Tout le monde savait que t’avais été un junkie criblé de dettes. Et tout le monde sait que tu t’en es sorti depuis… De même que Savannah.

C’était un peu comme ce que lui avait « dévoilé » sur Jimmy Reed. Tout le monde savait déjà que c’était un gros connard misogyne…

-Mais c’est vrai, dans tous les cas, vous ne méritiez pas ça.

Maintenant, Ward était en prison… Pour moi, Howard n’avait plus à s’en inquiéter et Howard finit par dire qu’il allait avoir la monnaie de sa pièce, revenant ainsi un peu plus sur terre, éloignant la peur pathologique qui le tiraillait.

Il devait être là pour ses enfants, désormais, même s’il semblait dépassé alors qu’ils n’étaient pas encore nés. Mais apparemment, ils étaient voulus.

-Bah, c’est déjà une bonne chose s’ils sont désirés. Et si vous avez besoin d’un babysitter, je suis là.

Je fis un grand sourire à mon ami et vidai ma tasse de café qui avait eu le temps de refroidir un peu. Howard n’avait pas touché à la sienne alors que ça lui aurait fait du bien.

Sur ce, je proposai à Howard de l’accompagner à l’aéroport. Et je fus quelque part rassuré qu’il me dise partir avec David. Bon, le claviériste n’était pas toujours en forme non plus, mais au moins, Howard ne serait pas seul à ruminer ses pensées dans l’avion.

-Ok, viens avec moi… On va prendre ma voiture et je vais te ramener chez toi, vous aider à ne rien oublier et puis on ira à l’aéroport.

Howard me remercia et je fus content de voir ses tremblements s’arrêter…

-Mais de rien.

Puis j’éclatai de rire quand il demanda si je lui ferai un prix sur les réparations de sa voiture.

-Je le ferai moi-même pendant que tu seras à New York. Disons que ce sera ton cadeau pour la naissance de tes enfants.

@ Billy Lighter