Les petits concerts que je faisais à L.A. faisaient un carton ! Les clubs devaient carrément refuser du monde par manque de place quand je me produisais.

Aucun doute, ma carrière était bel et bien relancée et les progrès techniques faisaient que ma surdité passait pratiquement inaperçue.

Mais mon dernier concert au Rainbow avait été l’occasion de revoir Carrie Hughes… Enfin… Hunter plutôt, maintenant qu’elle était mariée à Victor, le frère de Vicky…

Et du coup, elle m’avait proposé de devenir égérie de sa marque de parfum. Sauf que je ne pouvais pas m’engager sans demander l’avis de Daniele. Ok, le parfum n’avait rien à voir avec la musique, mais c’était quand même l’Italien qui gérait mon image. En plus, lui saurait si c’était une bonne idée ou non. Parce que la dernière chose que j’avais envie là, c’était de faire un mauvais choix qui ruinerait tous mes efforts.

Alors je me rendis à la villa de Daniele… Avec Billie Blue. Parce que j’avais envie de lui présenter mon bébé, mais aussi qu’elle fasse connaissance avec Tony, mon filleul.

J’avais donc pris son maxi-cosy, son sac bien rempli de tout ce qu’il fallait. Et j’avais embrassé Syd qui allait pouvoir se détendre un peu devant la télé. Syd qui avait fait une super émission dernièrement avec Roadtramp. Eddy Cort m’impressionnait parce qu’il avait réussi à prendre sa vie en main très tôt et à combattre son alcoolisme par amour pour son fils.

J’avais été incapable de faire ça, moi, à l’époque !

Bref, je pris la voiture que Syd et moi, on se partageait… Parce que ce n’était pas parce que je m’appelais Sniper que je roulais sur l’or, même si les rentrées d’argent recommençaient tout doucement à être vraiment conséquentes ! Mais l’air de rien, pendant ma réclusion et contrairement à quand j’étais jeune, j’avais appris à vivre assez modestement.

Ce qui n’était pas le cas de Daniele. Et ça me fit sourire quand j’arrivai en vue de sa magnifique villa, cossue, propre, tous les arbres taillés au millimètre et tout.

-Allez Billie Blue… Tu vas te faire de nouveau amis.

Je détachai son maxi-cosy du siège arrière et marchai dans l’allée de gravier…

Puis je sonnai à la porte et Erik vint m’ouvrir. Le visage du majordome s’illumina directement et il m’invita à entrer, signalant que Daniele était dans le salon.

Quand je pénétrai dans la pièce, Tony courut directement vers moi en poussant des cris de joie. J’eus à peine le temps de déposer Billie Blue à terre pour réceptionner mon filleul dans mes bras.

-Hey ! Comment ça va toi ? Ça boum ?

Puis je souris à Daniele.

-Je vous présente Billie Blue !...

Et je savais pertinemment que les enfants n’étaient pas les bienvenus à la villa.

Mais je m’en foutais.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes ! Les concerts d’Evan avaient fait carton plein au point même où je comptais lui préparer une petite sortie au Hollywood Bowl. Voir même à Las Vegas. Bref, un concert où tous ses fans auront l’occasion d’avoir une place.

Puis, il y avait Livia. Elle aussi gérait parfait ses vacances. Moui – ce n’était pas tellement des vacances, finalement, mais ça m’arrangeait. Son single avec Quinn n’allait pas tarder à sortir et elle en avait déjà fait la promotion à l’émission de Vanya Kournikova.

J’étais – donc – sur un petit nuage et je préparais, désormais, ma première fête sur mon yacht. L.A.People en avait déjà fait la promotion ce qui m’arrangeait. Je savais que je pouvais compter sur eux pour ce genre de chose. Je savais que Jim ainsi que bien d’autres seront ravi d’être présent lors de la grande première. Comme d’habitude – ça sera enfant non admis. Voyez pas « enfant » toute personne ayant moins de 18 ans. Ça sera ouvert à la jet-set et aux jeunes artistes émergeant sélectionné sur le volet qu’ils soient sans ou avec une maison de disques.

J’avais hâte !

J’étais en train de passer des coups de fils à gauche et à droite pour l’organisation de cette prochaine fête quand j’entendis la sonnette de la villa retentir. Tony avait réagit ainsi que Daniela qui avait levé les yeux de ses jouets avec lesquelles elle jouait à terre. Sammy – quant à elle – était au bureau.

Erik s’en était allé ouvrir quant à moi, il était – du coup – temps de raccrocher.

-Je te téléphone plus tard. J’ai un visiteur. A toute à l’heure, lançais-je à mon interlocuteur.

J’avais raccroché avant de voir Evan entrer dans le salon. Tony fut – visiblement – très heureux de le voir. Sniper était accompagné de sa fille qu’il avait déposé à terre pour saluer Tony à sa manière.

Moui – je n’avais pas encore vu la gamine de Sniper. Mais c’était un bébé – il n’y avait pas grand intérêt à passer pour venir faire la conversation à un bébé.

-Oui, ça boum boum, lança Tony.

Je m’étais levé alors qu’Evan me présenta Billie Blue.

-Salut Evan, lançais-je avec un petit sourire. Et salut Billie Blue… Il faudra vraiment que tu m’expliques où vous avez été chercher un prénom pareil.

Moui – ça n’avait rien et classique et, surtout, ça sonnait cruellement Américain. Genre, tu ne pourrais même pas exporté ça en Angleterre.

-Tu peux la mettre près de Daniela… Bien qu’elle n’est pas très prêteuse, dis-je en faisant la moue.

Elle détestait quand Tony s’emparait de ses jouets.

-Quoi de neuf ? Je te sers un coca ?, dis-je sachant très bien que Sniper ne buvait pas d’alcool. Erik, tu peux nous servir à boire, lançais-je à mon majordome. Félicitation pour tes concerts. Ils ont eu beaucoup de succès.

Tony avait sauté dans mes bras et m’avait assuré qu’il allait bien. C’était un petit garçon plein de vie et très intelligent pour son âge. Il ressemblait à Daniele comme deux gouttes d’eau. Je l’embrassai sur sa petite joue potelée et il frotta directement avec sa main comme si c’était ultra baveux ! Je rigolai et le reposai à terre.

Daniele s’était levé de son fauteuil pour m’approcher… Derrière lui, Daniela nous regardait avec un regard curieux.

Mon manager me salua, ainsi que ma fille… Je rigolai quand il demanda où on avait trouvé un prénom pareil.

Je haussai les épaules.

-C’est Sydney qui a trouvé… Quand il a été temps de choisir la peinture pour la chambre de la petite. On ne voulait pas la faire prisonnière du rose dès sa naissance sous prétexte que c’était une fille. Donc… voilà. Billie Blue.

Ma fille leva ses grands yeux vers moi et sourit en entendant son prénom. Puis elle regarda Lele d’un air perplexe.

Je pouvais mettre ma fille près de Daniela. Je me penchai donc sur le maxi-cosy et la détachai… Je la pris dans mes bras et m’approchai du tapis de jeu de la petite italienne de sang.

-Hey… Salut Daniela… Tu es toute belle, tu sais.

Je déposai Billie Blue à plat ventre sur le tapis. Elle ne savait pas encore ramper mais elle savait tenir sa petite tête droite et attraper des choses avec ses mains. Or, les jouets l’attirèrent tout de suite plus que Daniela elle-même.

-Voilà Billie Blue, Daniela… Vous allez être amies, hein ?

Daniela regarda l’intruse d’un air perplexe, probablement en se demandant si elle devait donner l’alarme pour le blasphème qu’un autre bébé ait touché ses jouets ou pas.

Daniele, lui, me proposa à boire.

-Oh ouais, je veux bien. J’espère que je te dérange pas. T’étais au téléphone…

J’espérais que c’était un coup de téléphone à une grosse salle ! J’avais envie de faire une grosse salle !

Il me demanda ce qu’il y avait de neuf avant d’envoyer Erik chercher les boissons. Je m’approchai du divan le plus proche des deux petites filles qui s’apprivoisaient l’une l’autre et souris à mon manager.

-Le concert au Rainbow a été un succès ! Putain que j’étais content !

Je puis je pinçai les lèvres.

-J’ai rencontré Carrie Hughes. Tu savais qu’elle était mariée à Victor Hunter ?

Evan était venu présenter sa fille, Billie Blue… Un nom assez original qui me laissait clairement perplexe. Je m’étais demandé où il avait pu trouver un nom pareil et quand il m’expliqua l’origine du prénom, je fus ENCORE plus perplexe.

-Donc, elle est prisonnière du bleu, maintenant, dis-je en levant un sourcil. Ma fois, c’est toujours mieux que Julius Rachel…

Moui – heureusement que tout le monde l’appelait JR… Quant au bleu c’était très loin d’être ma couleur préféré pour des raisons évidentes. A choisir, je préférerais être prisonnier du rose.

J’avais proposé à Evan de mettre sa fille près de Daniela. J’espérais que Daniela n’allait pas se faire trop protectrice envers ses jouets – elle détestait partager. J’avais laisser Evan apprivoiser ma fille. J’avais esquissé un sourire quand il tentait de l’amadouer avec des compliments.

-Elle ne se laissera pas avoir, dis-je avec un petit sourire.

Il déposa Billie Blue à terre à côté de Daniela et cette dernière montra son plus bel air perplexe qui – à chaque fois – me faisait penser à Sammy.

-Mais oui, elle seront amies, ne t’en fais pas, dis-je comme si la chose était déjà acquise.

Pendant ce temps, j’avais proposé à boire à Evan qui avait – visiblement – peur de me déranger.

-Non, dis-je simplement. Ce n’était pas un coup de fils urgent.

Je pouvais bien boire un verre avant de reprendre ce coup de fils où je l’avais laissé. J’avais, ainsi, envoyé Erik nous chercher de quoi boire et je pris place dans le fauteuil non loin d’Evan et des filles alors que Tony était sans doute parti jouer dans le jardin avec son ballon.

Evan affirma que le concert au Rainbow avait été un succès.

-Oui, j’ai eus les échos et ça a été, effectivement, un grand succès. Je vais m’arranger pour que tu fasses l’un ou l’autre date au Hollywood Bowl et à Vegas, dis-je content de comment les choses allaient bien.

Evan fit alors une toute autre figure quand il me parla de Carrie Hughes – la fille de ce bon vieux mou de Don. Qu’est-ce que Carrie vient foutre dans notre conversation ? Evan demanda si je savais qu’elle était mariée à ce sale gosse de Victor Hunter.

-Oh que oui, je le sais, m’exclamais-je. Victor est l’avocat de Jim depuis peu et il ne cesse de se pavaner à la tour BSC… Un vrai petit parasite qui s’approprie les places de parking des autres… Et c’est une vraie pipelette. Impossible de le faire arrêter de causer quand tu ouvres les vannes. Je ne sais pas ce qui a pris à Jim de l’engager…

Victor était – de mon avis – toujours aussi chiant qu’il ne l’était quand il n’était encore qu’un ado en couche culotte.

-Pourquoi tu me parles d’eux ?, demandais-je en sondant le regard de Sniper.

Je rigolai quand Daniele affirma que ma fille était désormais prisonnière du bleu…

-Peut-être ouais… Mais comme tu dis, c’est toujours moi difficile à porter que Julius Rachel. Où est-ce que Jimmy a été chercher ça, sérieux ?

A l’invitation de Daniele, je fis faire connaissance à nos deux filles sur le tapis de jeu. Daniela eut l’air plus que perplexe devant le bébé, mais elle ne pleura pas. On aurait dit qu’elle essayait de juger si Billie Blue était hostile ou non.

Dnaiele disait qu’elle ne se laisserait pas avoir… Je regardai Billie Blue, perplexe à mon tour.

-C’est un bébé… Elle va pas arnaquer ta fille.

Cependant, Lele était quand même persuadé qu’elles deviendraient amies, ce qui me fit sourire.

-Un peu comme nous.

Je m’inquiétai alors de savoir, tout en me redressant, si je ne dérangeais pas mon manager qui était au téléphone quand j’étais entré. Mais il s’avéra que non. Ce n’était pas urgent.

Tant mieux, parce que ce que moi, j’avais à lui dire, était plutôt important. Et surtout, si tout se goupillait, ce serait une première pour moi.

On s’installa après que Daniele ait envoyé Erik chercher les boissons. Je pouvais voir mon filleul par la porte-fenêtre qui donnait vers la terrasse. Il essayait de jongler avec son ballon et se débrouillait plutôt bien, allant jusqu’à trois ou quatre jonglages d’affilée.

Je remerciai Daniele pour m’avoir organisé le concert au Rainbow qui avait vraiment été un moment magique. Et mon visage s’illumina quand Daniele parla du Hollywood Bowl et même de Vegas !

Billie Blue, elle, essayait désespérément d’attraper un jouet que Daniela maintenait férocement hors de sa portée avec un petit air sadique.

-Vegas ! Carrément ! Putain Daniele ! Ce serait génial !

Puis je faillis m’étrangler en repensant à un vieux souvenir.

-Faudra juste éviter ce casino… Je sais plus lequel… Quand on a du fuir, tu te rappelles ?

Pas sûr qu’après toutes ces années, on m’en veuille encore là-bas. Peut-être même que ce n’était plus la même famille qui tenait ce casino, mais qui sait ? Y a des mafias là-bas…

Erik arriva avec un coca et un gros flacon de whisky avec un verre pour Daniele. Je le remerciai et en pris une gorgée en même temps que Daniele. Je n’avais jamais été attiré par le whisky, tout alcoolique que j’étais… J’avais toujours carburé à la bière.

Mais là, le coca était très bon, et frais. J’en revins au Rainbow et à ma rencontre avec les Hunter. Daniele était bien au courant pour leur mariage et… n’avait pas que des bons mots pour Victor. Je rigolai à son histoire de places de parking. Et c’était assez vrai que l’avocat était une vraie pipelette.

-Je sais, il a voulu me vendre ses services… Mais c’est moins de lui que je veux te parler que de Carrie.

Je pris une grande inspiration.

-Tu sais qu’elle fait des parfums… Et bien elle me voudrait dans une pub mais… enfin… C’est pas comme si j’étais un acteur, tu vois ?

Où est-ce que Jim avait été trouvé le nom de son héritier ? En voulant faire trop plaisir à tout le monde.

-Le nom de sa chère mère, dis-je avec un petit sourire en coin. Et celui du père de Maritza. Enfin, il s’appelait Julio, je crois, mais ça ne faisait pas très américain, donc… Donc, voilà… Julius Rachel. C’est vraiment horrible.

Julius ne faisait pas spécialement américain non plus – c’était un nom latin donc plus proche de là où moi je vins.

Evan s’était approché de Daniela avec sa fille. Mais Daniela était méfiante et j’avais lancé qu’elle n’allait pas se laisser avoir. Seulement, pour Evan un bébé était incapable de la moindre arnaque.

-Mamma mia, ce sont les plus grands arnaqueurs du monde, dis-je effaré par la naïveté de Sniper. Ils te charment avec leur bouille mignonne mais, au fond, ce sont des démons.

Mais ça n’empêchera pas, je suppose, que les deux filles soient amies. C’était deux monde différents mais Evan et moi étions les preuves que deux mondes différents pouvait très bien s’entendre.

J’avais envoyé Erik chercher les boissons alors qu’on s’installait et que j’affirmais à Evan que j’allais sans doute lui préparer des concerts dans des salles bien plus grande que les clubs de Los Angeles. Il en était ravi.

-Il n’y a rien de mieux que Vegas, confirmais-je.

Mais Evan s’était rappelé une anecdote – ce jour où on avait dû fuir l’un des casino. Moui – je m’en rappelais très bien.

-Moui je m’en rappelle, dis-je pensif avant d’esquisser un sourire. C’était le bon vieux temps, n’est-ce pas ? On a eu chaud ce jour-là. Mais ne t’en fais pas de l’eau a coulé sous les ponts depuis… Tu n’as pas à t’en faire.

Ce genre d’aventure me manquait. J’espérais que le retour de mes fêtes allait être l’occasion d’en vivre d’autres !

Erik nous avait amené les boissons et je m’étais servis un verre alors qu’Evan s’était mis à me parler de Carrie Hughes et son parasite de mari. J’avais expliqué bien connaitre le frère de Vicky… Evan se marrait à mes anecdotes sur le gamin qui avait – visiblement – voulu lui vendre ses services. Normal ! Il faisait ça avec tout le monde ! Il avait pourtant beaucoup de clients d’après ce que j’en savais. Dont Jim !

Seulement, c’était de Carrie qu’Evan voulait me parlé.

-Carrie ? Pourquoi ?, demandais-je surpris.

Evan parla des parfum que faisait Carrie. Moui – je savais que ça faisait plusieurs années qu’elle avait sa propre marque et qu’elle s’exportait à l’international. Mais il semblait que Carrie ait envie de s’offrir Sniper comme égérie.

-Toi ?, dis-je surpris. Poser pour des publicités pour les parfums de Carrie Hughes ? Elle ne te trouve pas trop vieux ?

Evan était plus jeune que moi – mais je trouvais que je faisais plus jeune que lui. J’avais déjà vu des publicités, à la télévision, des parfums de Carrie et elle utilisait souvent des top-modèles peu connu ou relativement connu. Quant à ses publicités sur affiche ou dans les magazines, elle utilisait son mari.

-Je ne pense pas qu’il faut être acteur pour faire des publicité, tu sais, dis-je avec un petit sourire en coin. Tu n’auras sûrement pas grand-chose à dire… Juste à bouger et te montrer en costard…

Les publicités de parfum se ressemblaient toutes…

-Ou à moitié à poil, ça dépend, dis-je pensif. Bref, tu veux mon autorisation, c’est ça ? Et tu penses que je vais accepter ?

J’attendais de voir ce qu’il en pensait. Et ses arguments aussi. Parce que s’il demandait c’est qu’il en avait envie, non ?

Avec un petit sourire en coin, Daniele m’expliqua d’où venait le prénom composé du fils de Jimmy Reed. C’était assez simple comme histoire, en fait. Et c’était quelque chose que les gens faisaient souvent, donner le prénom de leur propre parent… Mais… Julius et Rachel, c’était vraiment moche…

Je levai un sourcil.

-Il a vraiment un problème avec sa mère, hein… ?

Jimmy avait toujours été proche de sa mère au point qu’il vivait encore avec. Bon, ok, elle vivait dans une annexe de sa villa. Mais quand même !

J’avais déposé Billie Blue près de Daniela… Mais Daniele n’était pas d’accord sur le fait que les bébés étaient innocents. Je ricanai.

-Ce sont toujours de viles créatures de l’enfer pour toi, à ce que je vois.

Pourtant, les enfants de Daniele étaient gâtés ! Il suffisait de voir le nombre de jouets qu’il y avait dans le salon ! Et j’étais sûr que mon manager tenait à sa fille comme à la prunelle de ses yeux.

On parla un peu concert une fois qu’on fut installé. Daniele n’avait pas encore abattu toutes ses cartes sur ce thème. Il comptait m’envoyer au Hollywood Bowl ! Mieux ! A Vegas ! D’ici là, Syd et Billie Blue seraient peut-être assez reposées pour m’accompagner. Ce n’était pas si loin de L.A. et il ne s’agissait pas de partir des mois durant comme pour une tournée mondiale.

Je rappelai alors à Daniele une vieille anecdote… J’avais embrassé la mauvaise fille ce soir-là et on avait filé avec la vieille Jeep de Sherman.

-Ouais, c’était vraiment le bon vieux temps…

Je soupirai.

-Les autres me manquent… Mais quand je suis sur scène, je les sens tout près de moi.

Quand les boissons arrivèrent, j’en vins à la raison de ma présence… Bien que j’étais là aussi par simple courtoisie…

Je lui parlai alors de cette fameuse publicité pour les parfums de Carrie Hughes. Et Daniele fut aussi surpris que moi quand elle me l’avait proposé. Je rigolai.

-Ouais, ça m’a surpris aussi. Et je lui ai dit la même chose : que je me pensais bien trop vieux. Mais elle a dit que…

Mon sourire s’agrandit.

-Que j’avais gagné en charme en vieillissant.

J’avais un peu peur du côté « acting » du truc… Mais Daniele me rassura directement en disant qu’il ne fallait pas vraiment jouer… Juste poser… en costume ou à moitié à poil. Je rougis et pinçai les lèvres.

-Ça va plaire à Syd…

J’étais sérieux… Je ne lui avais pas encore parlé de ce projet mais j’étais sûr qu’elle ne serait pas compte, à moitié à poil ou pas. Elle savait que j’étais à elle et à personne d’autre, de toute façon.

-Ouais, j’aimerais bien ton autorisation. C’est toi qui gère mon image et Carrie c’est… Ben… C’est la fille de Don Hughes alors je sais p…

BOUM !

J’avais sursauté et m’étais retourné vers la porte fenêtre où on voyait une belle grosse trace de ballon sur la vitre. Billie Blue, qui avait fait un sacré bond aussi, se mit à pleurer.

J’avais rigolé quand Sniper déclara que Jim avait réellement un problème avec sa mère. Certes – Jim était le Norman Bates de Los Angeles. Il gardait sa mère dans un foutu placard de sa villa. Un placard de luxe mais, n’empêche… Il faut dire que c’est elle qui l’avait chouchouté pendant toute son enfance alors que le vieux Charles préférait son autre bébé : BSC.

A ça, je pouvais totalement m’identifier. La seule différence c’est que, moi, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de connaitre ma mère. Je n’avais que des flashs de souvenir d’elle.

-Il en a un oui, dis-je avec un petit sourire en coin.

Si Evan voyait les bébés comme des petites créatures toute innocentes, moi, je voyais les choses autrement. Ça semblait faire rire Sniper. Il verra quand sa fille le mènera par le bout de son nez parce qu’il se laisse marcher sur la tête !

-Oui ! Toujours, confirmais-je. Et je serais toi, je m’en méfierais.

Nous avions parlé concert et ce que j’envisageais emballait beaucoup Sniper. Il se rappela même d’une anecdote qui semblait tout droit sortie d’une autre vie. Le bon vieux temps – celui où j’étais sur les routes avec The Army.

Sniper évoqua ses amis qui lui manquaient. Chaque fois qu’on parlait d’eux, j’avais un goût amer dans la bouche. Celui de la culpabilité. Une culpabilité qui ne cessera jamais d’exister.

-Ils ne méritaient pas ce qui leur est arrivé, confirmais-je le visage fermé. Mais tu les fais vivre à travers ta musique.

J’avais dit ça sans doute plus pour me rassurer moi-même que pour rassurer Evan.

Le whisky et le coca arrivèrent alors qu’Evan m’avait parlé d’un tout autre sujet : Carrie Hughes et Victor Hunter. Seulement, c’était surtout pour me parler de l’héritière de MTI qu’Evan avait engagé la conversation sur le couple. Apparemment, Carrie voulait de Sniper pour sa marque de parfum ce qui me surpris. Pas qu’Evan ferait un mauvais acteur – ce ça, je n’en sais rien – mais il n’était pas le chanteur le plus jeune de Los Angeles.

Sniper pensait lui-même la même chose que moi bien que Carrie lui avait affirmé qu’il embellissait en vieillissant.

-Ah oui ?, dis-je en ricanant. Elle n’a pas dit ça pour te flatter pour que tu acceptes, par hasard ? De ce que je sais des goûts de Carrie, elle préfère les petits jeunes… C’est une cougar.

Du moins, ça semblait être le cas désormais. Car de notre jeune temps, elle préférait les plus vieux.

J’avais expliqué à Evan qu’il ne fallait pas être réellement acteur pour jouer dans une pub. Juste poser… Et l’idée de poser presque à poil ne semblait pas le troubler. Il pensait bien que sa petite amie allait apprécier.

-Pas qu’elle à mon avis, dis-je avec un sourire en coin.

Toutes les groupies de Sniper… Qui ne doivent plus être toutes jeunes, d’ailleurs.

Donc, ma question était de savoir si Evan voulait mon autorisation. Il confirma mais Tony trouva l’instant parfait pour salir la porte fenêtre avec son ballon. Il fit pleurer la gamine de Sniper et me fit rouler des yeux.

-Toninio ! Va jouer plus loin dans le jardin ou je t’enferme dans ta chambre, criais-je assez fort pour que le gamin m’entende à travers la fenêtre et les pleurs.

Il pris alors son ballon et fila au bout du jardin en contournant la piscine dont il n’osait jamais approcher quand il n’était pas accompagné.

Daniela regardait Billie Blue avant de grand yeux avant de caresser sa tête comme pour la rassurer. Je laissais Sniper s’occuper de sa gamine et quand les pleurs se calmèrent, je lançai :

-Que ça soit la fille de Don n’a pas vraiment d’importance. Sa marque n’a rien à voir avec MTI. Pour moi, tu peux y participer. Je gèrerais les détails et, du coup, je prendrais un pourcentage dessus, dis-je comme si j’énonçais des formalité. Bien que j’aimerais comprendre pourquoi elle a jeté son dévolu sur toi et pas sur quelqu’un de plus jeune et d’aussi connu comme Stone… Ou comme Izbel… Tu penses qu’elle est encore amoureuse de toi ?, demandais-je curieux.

Moui – au cas où Evan ne l’aurait pas remarqué à l’époque, Carrie avait un faible pour lui. Faible qu’elle cachait parfois derrière des remarque désobligeantes envers mon poulain.

Entre Jimmy Reed qui avait un problème avec sa mère et Daniele qui, soi-disant, avait un problème avec les enfants, les deux hommes d’affaire se valaient bien ! Mais je n’en voulais pas à mon manager. Il avait toujours été comme ça, c’était son style. Et c’était comme ça que je l’appréciais. Parce que je savais que, dans le fond, il ne pensait pas toujours ce qu’il disait.

On parla des concerts et tout et ça fit remonter les fantômes de mes amis à la surface. Ils me manquaient. Mais comme le disait Daniele, je les faisais vivre à travers ma musique.

-C’est pour ça que je m’y suis remis. Pour les faire vivre… Et…

Je lui fis un grand et beau sourire dans lequel il n’y avait plus une once de mélancolie.

-J’adore ça… Je ne saurais plus me passer de musique.

J’avais vu la culpabilité projeter son ombre sur le visage de mon manager. Je savais qu’il s’en voulait pour ce qui était arrivé.

-Tu ne dois pas t’en vouloir, Lele. Pas plus que moi, en tout cas.

Parce qu’on avait eu chacun notre part de responsabilité là-dedans.

Mais ce n’était pas pour parler de bons et de mauvais souvenirs que j’étais là. J’étais là pour le projet de Carrie qui m’étonnait grandement. Du coup, je cherchais non seulement une approbation chez Daniele, mais aussi son avis sur la chose…

N’étais-je pas trop vieux pour poser à poil pour un parfum ?

Daniele me fit rire quand il demanda si Carri n’avait pas dit que j’étais beau pour me flatter.

-Bah… Elle doit le penser quand même un peu. Elle ne voudrait pas de quelqu’un qu’elle trouve laid pour faire sa pub, je suppose.

Et ça, c’était gratifiant. J’avais atteint la quarantaine, je portais quelques marques de mon alcoolisme et malgré ça, les femmes me trouvaient toujours attirant.

-Et j’ai vu qu’elle aimait les petit jeunes ! Victor avait quel âge quand c’était toi et Jimmy qui vouliez mettre le grappin sur Carrie ?

Daniele disait qu’il ne fallait pas forcément être acteur pour être dans une pub. Juste poser.

-Ça devrait être dans mes cordes. J’en ai pas parlé à Syd. Je voudrais lui faire la surprise si je participe.

Et voir la tête qu’elle ferait en voyant ma tronche sur toutes les affiches de L.A. Ça allait être hilarant.

Puis Tony shoota dans son ballon qui alla salir la fenêtre… Billie Blue, surprise, se mit à pleurer et Daniele envoya Tony jouer plus loin. Je me levai pour aller m’agenouiller près des deux petites filles. Daniela caressait doucement la tête de ma fille et je souris... je posai ma main sur le dos de mon bébé.

-Du calme, Billie Blue… Regarde. Daniela est là. Papa est là…

Se sentant entourée et rassurée, elle arrêta de pleurer et regarda Daniela avec de grands yeux. Celle-ci continuait de caresser la tête de Billie Blue.

Toujours à genoux, j’écoutai Daniele qui avait repris. Il était d’accord pour le projet !

-Super ! Et je comptais bien sur toit pour gérer les questions d’argent.

Il se demandait pourquoi Carrie n’avait pas pris Stone ou Izbel pour poser. Je haussai les épaules.

-Je sais pas… Elle… Elle était amoureuse de moi ? Sérieusement ?

Evan affirma qu’il s’était remis à la musique pour faire vivre ses défunts amis. Il déclara ne plus savoir se passer de musique et je rigolai un peu à ça.

-Tant mieux pour moi, dis-je avec un petit sourire.

Sauf que je ne pus m’empêcher de culpabiliser. C’était toujours pareil quand on parlait de The Army. Je m’étais voilé la face pendant des années mais il était clair que j’étais en partie responsable du sort du groupe. Sauf qu’Evan ne pensait pas que s’était ma faute. Ni la sienne. Il n’avait aucune rancune.

-Peut-être bien, dis-je peu convaincu.

Mais Evan n’était pas venu ici pour déterrer nos souvenirs en commun mais pour la marque de parfum de Carrie Hughes. La fille de Don voulait Sniper comme égérie de sa marque alors qu’il était évident qu’Evan avait passer l’âge de jouer les modèles pour les petites minettes… Bien que Carrie avait – apparemment – complimenté le physique d’Evan. Moi, je voyais là où ruse mais Sniper disait qu’elle ne voudrait sûrement pas quelqu’un de laid pour sa pub.

-Moui… Sans doute, dis-je en faisant une moue de réflexion.

Mais ce qui m’étonnait c’était que Carrie était plutôt branché petits jeunes ces derniers temps. Elle était mariée à Victor Hunter qui avait bien des années de moins qu’elle. Evan confirma ça se demandant même l’âge qu’avait Victor à l’époque où Jim et moi essayions de mettre Carrie dans notre lit pour obtenir un trophée en plus…

-C’était un bébé de quoi ? 12 ? 13 ans en 69 ? Environs ça… Quand il a eut 15, 16 ans il s’amusait à essayer d’entrer à mes fêtes alors que les bébés y étaient interdit. Le pire c’est que ce petit minet y arrivait, dis-je en faisant la moue.

Il avait ses techniques si bien que j’avais – à la fin – décidé de l’ignorer et de le laisser profiter. Ou j’envoyais Victoria le ramener chez sa mère ce qu’elle faisait une fois sur deux…

Evan se voyait bien jouer dans des publicités et comptait en faire la surprise à sa petite amie.

-Elle va être très surprise, dis-je avec un sourire en coin.

C’est là que Tony fit un vacarme monstre ce qui fit pleurer Billie Blue. Heureusement Daniela tenta de calmer la petite. Evan aussi. Il y avait beaucoup de Sammy en Daniela – et très beaucoup de Ricci.

J’avais accepté qu’Evan participe à la promotion de la marque de Carrie. J’allais en toucher de l’argent et ça ne concernait en rien la musique alors ça m’allait. Bien que je ne comprenais pas vraiment son choix – je pensais qu’elle aurait misé sur un cheval plus jeune. A moins qu’elle ne soit encore amoureuse d’Evan comme à l’époque chose qui étonna le chanteur.

-Tu n’as jamais remarqué ?, dis-je à moitié étonné. Elle ne cessait de te provoquer… C’est comme ça qu’une femme montre qu’elle est amoureuse. Je sais… C’est bizarre. Mais je suis devenu expert à la longue. Je pense qu’elle n’a pas essayé de te draguer ouvertement parce qu’elle était déjà mariée à Michael Brown. Tu sais ? Le magnat de la sidérurgie… C’est l’ex-mari de Carrie. Il est loin d’être jeune, le Brown…, dis-je pensif alors que Carrie semble vraiment avoir des goûts variés. Donc… Peut-être qu’elle est toujours amoureuse de toi…

Moui – ce n’était pas à exclure.

-Quoi qu’il en soit, tu as mon aval, dis-je en souriant. Sinon ? Tu as besoin d’autre chose ? Il y a des bruits de couloirs qui disent que Stone et Prescott préparent un projet secret… J’espère que tu n’en fais pas partie, hein ?, dis-je suspicieux.

Après avoir chassé nos vieux souvenirs, les bons comme les mauvais, on passa à la raison de ma visite : la marque de parfum de Carrie Hughes… Heu… Hunter… Et le fait qu’elle me voulait pour sa pub.

Ça m’amena à me poser des questions sur Victor, justement. Il était bien plus jeune que nous tous alors je n’avais jamais pu le croiser dans les fêtes de Daniele. Normal, vu que si je calculais bien, j’étais déjà hors service quand il a commencé à s’y incruster, aux fêtes. Et je souris de voir combien ce fait emmerdait Daniele encore aujourd’hui.

-Il a l’âge maintenant… A mon vis, tu le verras à toutes les fêtes que tu feras sur ton yacht. Beau bateau, au fait. Je l’ai vu en photo dans L.A.People.

Bref, Daniele ne tarda pas à accepter que je la fasse, cette pub. Ce serait une rentrée d’argent pour lui, très certainement. Et je souris bien grand quand il affirma que Sydney allait être très surprise en voyant ma face (et peut-être pas que ma face) sur les publicités dans tout L.A.

-J’espère qu’elle aimera.

Mais toute cette affaire turlupinait Daniele comme s’il voyait dans l’offre de Carrie qu’il y avait une sorte d’arnaque. Moi, je me savais beaucoup trop naïf pour voir venir ce genre de chose.

Daniele en conclut que Carrie était peut-être toujours amoureuse de moi, ce qui me fit hausser un sourcil sceptique tandis que je gardais une main rassurante posée sur mon bébé qui avait arrêté de pleuré. Ainsi à genoux à terre, je devais lever la tête pour converser avec mon manager.

Selon Daniele, Carrie avait été amoureuse de moi, ce qui expliquait qu’à l’époque, elle me cherchait des poux… Parce qu’elle était déjà mariée et qu’elle ne pouvait pas me draguer ouvertement.

Je fronçai les sourcils, de plus en plus sceptique.

-Non, j’ai jamais remarqué. Moi, je croyais qu’elle ne m’aimait pas beaucoup. Du coup, c’était encore plus bizarre de la voir me faire cette offre pour sa marque.

Je me grattai la tête, réfléchissant.

-En plus… Tu dis que toutes les femmes font ça mais… Syd ne m’a jamais provoqué…

Elle avait toujours été gentille avec moi… Depuis l’émission qui nous avait rapproché jusqu’à aujourd’hui.

Je finis par rigoler.

-Si Carrie est vraiment amoureuse, elle va être déçue.

Maintenant que le sujet était clos, Daniele en ouvris un autre : le projet d’album hommage d’Howard. Oops…

Je devins instantanément tout rouge et répondis beaucoup trop vite pour que ce soit honnête.

-Moi ? Non. Il y a un projet ?

Evan déclara que, désormais, Victor Hunter avait l’âge de participer à mes fêtes. Certes – c’est vrai… Mais ce n’est pas pour ça que j’apprécie spécialement le frère de Vicky. Elle est une crème à côté du petit prétentieux bavard.

Seulement, je n’avais pu m’empêcher de prendre mon air le plus fier devant les compliments d’Evan envers mon yacht.

-C’est une merveille, confirmais-je. Mais tu as raison, je n’aurais aucune raison d’empêcher Victor Hunter d’y participer. Surtout que c’est l’avocat de Jim…

Moui – ça ne le faisait pas si je faisais de l’avocat de mon meilleur ami une persona non grata sur mon yacht. Puis, connaissant Hunter, il en fera sûrement un scandale. Même L.A.People était revenu sur un mensonge le concernant… Faut pas demander à quel point la petite diva savait se faire entendre… Parce que je doutais que le magazine revienne sur des mensonges de bon cœur.

Bon ! J’avais accepté qu’Evan pose pour Carrie et lui espérait que Sydney aime les futures photos de lui à demi à poil. Moi je pensais bien que Sydney devait voir – très certainement – ce spectacle en live tous les soirs.

Moi, ce que j’aimerais découvrir c’était les motivations de Carrie… Je ne voyais pas pourquoi elle avait jeté son dévolu sur Evan et pas sur une star plus jeune. Ne trouvant pas réellement la raison, je m’étais simplement dit qu’elle devait encore être amoureux d’Evan. Ce dernier n’avait rien vu – bien entendu. Il pensait que Carrie ne l’aimait pas beaucoup. Moui – c’était compréhensible.

-Les apparences sont parfois trompeuses, confirmais-je.

Il déclara que Sydney ne l’avait pas draguée ainsi ce qui infirmait mon affirmation.

-Ah non ?, dis-je surpris. Sammy et moi, quand nous étions jeune, on se provoquait sans cesse.

Sniper confirma que Carrie allait être déçue. Moui – mais je pense qu’elle sait qu’elle n’a aucune chance.

-Je pense qu’elle le sait, dis-je en haussant les épaules. Puis, elle est mariée… A un petit merdeux prétentieux, certes… Mais mariée quand même.

Parlant de petit merdeux, j’avais demandé à Evan s’il n’était pas impliqué dans le projet secret de Stone et Prescott. Il y avait certains bruits de couloirs – pas sur Evan mais sur le projet – et je voulais m’assurer que mes poulains était hors de cause.

Sauf qu’Evan menti comme le plus stupide et inexpérimenté des menteurs !

-Waw !, m’exclamais-je. C’est le mensonge le plus mal fait qu’on m’ait fait de toute ma vie !

Il avait répondu trop vite et était rouge comme une pivoine ! Il se fout de moi, le Sniper ?!

-Ne me dit pas que tu as accepté ?! Et c’est quoi ce projet ? Qui d’autres est impliqué ? Bon sang, Sniper ! J’avais dit quoi avec Stone ?, dis-je en fronçant les sourcils. Parles ! Il faut que tu te rachètes alors, parles !

Daniele ne pourrait plus empêcher Victor de participer à ses fêtes… D’autant que maintenant, c’était l’avocat de Jimmy Reed. Il avait dit ça comme s’il m’apprenait quelque chose, ce qui n’était pas le cas.

-Je sais que c’est l’avocat de Reed. Ne t’en fait pas, il ne me l’a pas caché…

Il s’en était plutôt largement vanté.

Je pouvais donc poser pour la femme dudit Hunter. J’étais assez content et j’avais hâte de voir ce qu’on me demanderait de faire. Est-ce que je serais à l’aise si on me demandait de me déshabiller ? Quand j’étais jeune, je l’aurais probablement fait sans hésiter, mais maintenant ?

Daniele, lui, se demandait plutôt pourquoi Carrie m’avait choisi moi. Et c’était vrai que c’était un peu suspect parce que… Carrie avait pour habitude de me charrier, avant… Et là, au Rainbow, elle avait été toute douce, tout miel.

Lele pensait qu’elle était amoureuse de moi. Ce qui me surprit très fort.

Mon manager affirma que les apparences étaient trompeuses, déclarant que, contrairement à Sydney et moi, Samantha et lui se provoquaient sans cesse. Ça me fit sourire.

-Ça ne m’étonne pas de vous…

Mais de toute façon, amoureuse ou pas, Carrie n’avait aucune chance avec moi. Daniele pensait de toute façon  qu’elle n’essayerait rien dans ce sens parce qu’elle le savait et qu’en plus, elle était mariée.

-Tant mieux parce que j’ai pas envie de tomber dans un piège à con.

Je pensais maintenant qu’on allait passer un peu de temps avec les enfants avant que je m’en aille… Mais Daniele avait une question.

Qui portait sur le projet de Stone.

Oh oh…

Je savais très bien que je ne pouvais pas travailler avec Howard. Parce que Daniele ne pouvait pas le piffer.

J’essayai de mentir et me ramassai royalement. Du coup, fâché, Daniele me bombarda de questions ! Il voulait tout savoir.

-je sais ! Je sais que je ne peux pas travailler avec Howard. Mais tu l’aurais vu, Daniele ! Il était vraiment pas dans son assiette…

Je haussai les épaules.

-J’ai eu envie de l’aider… C’est pour un album hommage à Lola. J’ai bien prétexté que je ne connaissais pas assez bien Lola… C’est pour Howard que je le fais…

Je m’enfonçais, là, non ?

-De toute façon, ça ne te fera pas de travail en plus. C’est sans maison de disque et sans manager. Je pense que c’est Howard lui-même qui finance.

Moui – je ne doutais aucunement que le petit prétentieux s’était vanté d’être l’avocat de Jim. Ça lui faisait une très belle publicité bien plus que d’être le mari de Carrie Hughes ou même le frère de Vicky.

J’avais accepté qu’Evan joue les mannequins pour Carrie bien que j’avais longuement cherché à comprendre pourquoi Carrie avait jeté son dévolu sur lui. J’avais fini par me dire qu’il n’y avait pas de stratégie mais simplement des sentiments qu’elle avait – autrefois ? – ressenti pour Evan. Pour Evan ça semblait inconcevable mais j’avais mis en avant que, parfois, la provocation était la meilleure des preuves d’un amour naissant. Entre Sammy et moi les choses avaient été ainsi ce qui n’étonnait pas Sniper.

Mais bon, Sniper n’avait pas à s’en faire. Carrie devait savoir qu’elle n’avait aucune chance avec Evan et – de toute façon – elle est mariée. Je ne savais pas si elle était du genre fidèle… La rumeurs disait qu’elle avait longtemps trompé Brown avec Hunter avant de divorcer… Mais je la voyais mal détruire un couple hors du sien.

-Carrie a parfois une grande gueule… C’est une stratège en affaire… Elle peut parfois être une vraie garce., dis-je avec un sourire en coin. Mais elle tient de Don une attitude qui fait qu’elle a parfois beaucoup trop de scrupules. Donc, je ne pense pas que tu as à t’en faire…

Mais moi aussi j’avais une question ! Et elle concernait Stone. J’avais entendu des rumeurs et je voulais savoir si Sniper avait quelque chose à voir là-dedans. Sa réponse subite me fit clairement voir qu’il me mentait.

Je n’en revenais pas ! Il avait encore osé travailler avec Stone ! Je vais le tuer – c’est clair !

Il confirma bien savoir qu’il ne pouvait pas bosser avec Howard mais Sniper qui, lui aussi, avait bien trop de scrupules avait été attendri par l’état du batteur qui vivait le deuil de la mort de sa femme.

-Il sait se faire laid !, dis-je alors qu’on pouvait entendre que je n’étais pas du tout content.

Il déclara que c’était un album hommage à Lola et Sniper avait eut envie de le faire pour le petit merdeux. Il disait que ça n’allait pas me faire de travail en plus car le projet était produit par Stone !

C’est sérieux ça ?!

-Stone ?? Produire un album ? C’est le pire gestionnaire de la planète!, j’avais dis ça sur un ton extrêmement sarcastique. Et tu crois que ça ne me fera pas de travail ? Qui gère ton image ? Le saint esprit ? Tu viens me voir pour avoir l’autorisation pour poser pour Carrie mais pas pour jouer pour Stone ?, dis-je complètement dépassé par tant d’ignorance… Et les pourcentage ? C’est toi qui les as négocier ? Cet album va engranger de l’argent. Ne me dit pas que tu as encore fait du bénévolat pour Stone ?!

Parce qu’il serait bien capable.

-Qui d’autre participe à cette mascarade ?, demandais-je toujours furieux.

Selon Daniele, Carrie Hughes, désormais Hunter, avait eu des sentiments pour moi, fut un temps. Et, toujours selon Daniele, il se pouvait qu’elle en nourrisse toujours. Moi, évidemment, je n’avais rien vu, ni à l’époque, ni maintenant. Surtout qu’à l’époque, elle semblait plutôt me prendre pour un loser sortit de son caniveau… Mais sans jamais pour autant réellement me montrer du mépris. Du coup, j’avais toujours pris ça pour des taquineries amicales qui me faisaient bien comprendre que je n’étais pas son type.

Et pourtant, ce n’était pas ce que mon manager pensait.

Cela dit, Dnaiele pensait que je n’avais rien à craindre à participer à ce fameux projet publicitaire.

-Tant mieux !

Je restais à genoux sur le tapis de sol des enfants, une main posée sur le dos de ma fille qui, à plat ventre, avait entrepris de mâchouiller un cube en plastique sur le regard… dégoûté ?... de Lady Daniela.

Je pensais qu’on allait maintenant parler de la pluie et du bon temps, mais Daniele avait apparemment eu vent du projet top secret d’Howard. Pour mon plus grand malheur.

Je n’avais jamais été un bon menteur. Je n’aimais de toute façon pas mentir. Je me disais toujours que peu importait le mensonge, ça finissait toujours par se savoir. Pour l’album, Daniele aurait su, encore plus facilement que pour ma contribution à l’album de Fireworks puisque dans celui d’hommage à Lola, je serais crédité en toutes lettres.

Forcément, ça fâcha atrocement mon manager qui m’avait interdit de travailler avec Howard. Je savais qu’il ne l’aimait pas et je doutais que ce soit seulement pour cette histoire de Maria Watson… Depuis le temps… Et maintenant qu’elle les avait quitté tous les deux… Je ne voyais pas trop le problème.

Mais ça ne changeait rien pour Daniele, apparemment.

J’essayai de lui expliquer que Howard m’avait un peu pris par les sentiments. Ce à quoi mon manager répliqua que le batteur savait se faire laid.

Je pinçai les lèvres, sans savoir si je pouvais sourire devant la colère de mon ami ou pas.

-Peut-être… Mais je ne vois pas le mal là-dedans, Daniele.

Et je crois que plutôt que de me tirer la tête hors de l’eau, je m’enfonçai encore un peu plus profondément dans les abysses en expliquant que cet album secret pas si secret que ça se ferait sans aide de manager ou de maison de disque.

Daniele était maintenant hors de lui et Daniela le regarda, les sourcils froncés.

-Je ne t’ai pas demandé pour jouer avec Stone parce que je savais que tu serais contre… C’est un cadeau pour un ami, Daniele… Je ne pouvais pas lui refuser… J’ai bien essayé de prétexter que je ne connaissais pas sa femme plus que ça, il m’a dit que c’était pour lui…

Quant à être un mauvais gestionnaire, je ne pensais pas, et peut-être naïvement, que le problème ne se poserait pas pour Howard.

-Non, je ne ferai pas du bénévolat pour Stone… C’est ce qui a achevé de me convaincre. Tous les sous iront à des bonnes œuvres.

Je regardai Daniele avec de grands yeux de chien fidèle.

-On ne dit pas non à des bonnes œuvres…

Furieux comme jamais, il demanda qui d’autre participait au projet…

-Et ben… Savannah Prescott… Et… Heu… La fille de… Jim…

L’autre poule aux œufs d’or de Daniele. Comme quoi, hein ! J’étais pas le seul à désobéir.

Evan était tombé dans un énième piège de Stone ! Il avait décidé – dans mon dos, encore une fois ! – de participé au projet secret du petit merdeux tout ça parce que Stone avait joué les petits malheureux. J’étais en colère ! Je ne savais pas dans quel langue je devais dire à Evan de ne jamais bosser avec Howard Stone sans – au moins ! – m’avoir demandé la permission avant !

Je pensais qu’il avait compris la leçon en venant me voir pour me demander l’autorisation pour poser pour Carrie mais ce n’était pas le cas !

Il disait ne pas voir ce qu’il y avait de mal là-dedans… Ah non ?! On voit bien qu’il n’est pas manager !

-Bien sûr que tu ne le vois pas ! Tu es aveugle en plus d’être sourd !, lançais-je sur le ton de la colère.

Il déclara qu’il faisait ça pour un ami. Car – oui – pour mon plus grand malheur Evan considérait Stone comme son ami. Il ne pouvait pas se trouver d’autres amis très sincèrement ?

-Tu ne sais jamais dire « non », dis-je désespéré. Bien sûr qu’il a dit que c’était pour lui comme ça il était sûr que tu allais accepter…

Quant au bénévolat, Evan avait déclaré qu’il n’en ferait pas et, pour cause, tous les revenus de l’album allait filer aux bonnes œuvres. Donc Stone allait faire l’album à perte pour se faire passé pour un bon samaritain. J’étais certain que c’était pour se faire passer pour plus vertueux que Jim vu que Stone s’était lancé dans une guerre médiatique contre mon ami.

-Je vois, dis-je comprenant bien qu’Evan ne voulait en rien faire marche arrière sur sa décision non-réfléchie. Mais ne compte pas sûr moi pour gérer quoi que ce soit dans cette histoire ! Et si Stone te demande, à un moment donné, d’étaler l’argent pour rembourser un truc ou l’autre pour la conception de l’album, tu te débrouilleras !

Il avait décidé tout seul ? Qu’il se débrouille tout seul !

Quant aux autres artistes qui avaient décidé de suivre aveuglément Stone, il y avait Svannah Prescott – bien sûr… - et Livia.

Livia !

-Mamma mia, soufflais-je désespéré. Toi et elle vous ne comprendrez décidément jamais… Déjà qu’elle part avec Stone en Afrique voilà qu’elle a aussi décidé de jouer dans mon dos, elle aussi, pour aller s’amuser avec le petit merdeux sur un album hommage… Il n’y a qu’Eddy qui a compris la leçon, on dirait…

Livia était jeune mais je savais qu’elle avait la tête sur les épaules. Enfin, sauf quand il s’agit de Stone…

-Vous me désespérez… Vous savez quoi ? Débrouillez-vous. Si les critiques sont mauvaises… Si vous avez le moindre soucis à cause de se projet, vous vous débrouillerez. Ne comptez absolument pas sur moi car, visiblement, vous n’avez pas besoin de moi, dis-je profondément blessé par ça.

Je pinçai les lèvres pour éviter de rire quand Daniele me dit que j’étais aveugle en plus d’être sourd. Je n’étais pas vraiment du genre à me vexer facilement. Mais je ne pouvais pas rire, parce que Lele, lui, ne rigolait pas du tout.

Et puis, il avait raison, je ne savais pas dire « non »… Surtout pas à un ami…

Mais je fis la moue.

-Tu sais, je pense pas que Howard pensait à mal. Ce n’était pas un piège, Daniele… J’aurais pu dire « non ». J’ai essayé de dire « non »… Mais Howard avait les arguments…

Sa tristesse, les textes, les bonnes œuvres. J’aurais été sans cœur si je n’avais pas accepté.

Je sentis Daniele profondément blessé. Il disait, en gros, que je ne pourrais pas compter sur son aide dans ce projet. Que s’il y avait un problème, il ne serait pas là pour m tirer la tête hors de l’eau et encore moins celle d’Howard.

Je le regardai, un peu triste. Pas parce qu’il me refusait son aide, mais bien parce que je n’aimais pas de le voir blessé.

-Le prends pas comme ça, Daniele… C’est juste une chanson qui n’enrichira que ceux qui en ont vraiment besoin.

Je me redressai, laissant Billie Blue jouer maintenant qu’elle n’avait plus peur et bus le reste de mon coca.

Daniele avait voulu savoir qui travaillait sur le projet et… je ne lui cachai pas que son autre poulain, Livia, était aussi dans le coup. Je pensais même qu’elle était bien plus impliquée que moi.

Et ça acheva mon manager. Il disait qu’on ne comprendrait jamais.

Je haussai les épaules…

-Ce que je ne comprends pas bien, c’est pourquoi tu voue une haine pareille à Howard. Si c’est pour Maria Watson, tu ne penses pas qu’il y a prescription ?

En plus… C’était pas lui qui avait piqué Watson à Howard ? Et pas l’inverse ? Je ne me rappelais plus bien.

-Livia part en Afrique avec Howard ? Quoi faire ?

Pour Daniele, il n’y avait que le petit Cort qui respectait les règles imposées par Daniele.

-Cort ne fait pas le même genre de musique que Howard, Livia et moi…

Bref, on ne pourrait pas compter sur Daniele, me répéta-t-il… Je le regardai, un peu triste.

-D’accord… Mais, s’il te plait, ne le prend pas mal… Si je le fait, c’est pour Howard, mais pas contre toi.

Il ne croyait pas qu’Howard pensait à mal ? Suis-je le seul à penser que la soi-disant innocence nonchalante de Stone soit, en fait, un jeu de manipulation ? En tout cas, Evan pensait bien qu’Howard ne lui avait tendu aucune piège.

-Mais il est quand même venu te voir pour te demander, dis-je en fronçant les sourcils. Il sait que je suis ton manager. Il sait que ça me fait chier de voir mes poulains jouer pour lui.

Donc, il y avait une part de manipulation dans le chef de Stone – personne ne pourra me faire penser autrement.

J’avais prévenu Evan qu’en cas de couac il n’aurait pas mon aide. Il n’en avait pas besoin pour peser le pour et le compte d’accepter un tel projet alors il n’en avait pas besoin pour affronter les potentiels problèmes financer ou autre qui pourront se présenter. Il ne voulait pas que je le prenne comme ça et ajouta que les revenus reviendront aux gens qui en ont vraiment besoin.

-Je l’espère !, dis-je toujours énervé. Parce que je vois bien Stone devoir utiliser les revenus pour éponger ses dettes de production.

Seulement, je ne m’attendais pas à ce qu’Evan ajoute que Livia – elle aussi ! – faisait partie du projet top secret de Stone. Je n’en revenais pas à quel point Evan et Livia pouvait à ce point me faire des bébés dans le dos. S’ils n’avaient plus besoin de moi, ils pouvaient le dire, hein !

Et la seule chose qu’Evan trouva à dire c’était de savoir pourquoi je détestais autant Stone. Il pensait que je le détestais uniquement pour ce qu’il s’était passé avec Maria.

-Je te signale que je n’aimais déjà pas Stone bien avant ces évènements. Stone est un parvenu qui, malgré tout ce que la jet-set lui a donné, s’amuse toujours à critiquer et à penser qu’il est meilleur que tout le monde parce qu’il a fait partie de deux mondes différents. Il crache dans la soupe qu’on lui offre. Il mord la main qui le nourri. Il a toujours été comme ça. Quant à Maria, je te signale que les dettes de Stone ont bien failli la tuer. Il savait que beaucoup d’organisations criminelles lui en voulait et il n’a rien fait pour la protéger. C’est moi qui suis aller la sortir de la villa du merdeux en feu, je te rappelle ! Donc, non, j’ai un tas de raisons de ne pas aimer ce petit merdeux, dis-je en fixant Evan droit dans les yeux.

Et encore, là, je venais de faire un gros résumé. Howard est pour moi un sale gamin de merde qui chie sur l’establishment tout en n’en profitant allègrement.

Evan n’avait aucune idée de Livia partait en Afrique. Il ne savait pas ce qu’elle allait foutre là-bas.

-Tu n’as pas regardé l’émission de Kournikova, toi, constatais-je. Elle y va parce que United For Youth lui a demandé. Ils ont des liens avec des associations là-bas et comme Maritza, la mère de Livia, est impliquée dans l’association, ils ont pensé à Livia pour partir là-bas afin d’aller voir les enfants dans des villages reculés et y faire un petit concert. Stone a été choisi parce qu’il a déjà fait de gros don à l’association si j’ai bien compris. Voilà, pourquoi !

J’avais souligné que seul Eddy Cort semblait enclin à respecter la seule règle que j’avais donné. Mais Evan disait que Cort faisait un tout autre style de musique qu’eux.

-Et alors ?, dis-je de mauvaise foi. J’aime à croire que, lui, il n’accepte pas tout ce que le merdeux propose.

Bref, tout ça pour dire que Livia tout comme Sniper ne devait pas compter sur moi pour les épauler. Il ne voulait pas que je le prenne mal. Qu’il faisait ça pour Howard mais pas contre moi.

-Mouais…, dis-je presque prêt à lui dire qu’être avec Howard c’était être contre moi. J’espère que tu ne le suivras pas dans ses idées révolutionnaires par contre. Car là, ça sera claire que je penserais que tu es contre moi… En attendant, soit… Tu peux rester pour manger si tu veux.

Je ne pensais pas que Howard, en m’invitant à participer à l’album hommage à sa femme, pensait à mal. J’avais plutôt l’impression qu’en ces temps difficile, c’était pour lui l’occasion de réunir autour de lui, et autour d’un projet musical, tous ses amis. C’était mieux que de se morfondre dans son coin, non ?

Daniele, lui, pensais que Howard voulait le faire chier parce qu’il savait que c’était mon manager. Je le regardai, sceptique.

-Tu crois vraiment qu’il a pensé jusque-là, sérieusement…

Moi, je n’y croyais pas.

De toute façon, tous les sous reviendraient à des associations, à des bonnes œuvres. Moi, je ne voyais que ça, et aussi l’occasion de réconforter Howard… De lui faire passer une étape difficile qu’était le deuil.

Daniele espérait que ce serait bien le cas et que ça ne servirait pas à éponger les dettes de production… Je soupirai… Daniele lui en voulait vraiment, hein…

J’en profitai pour lui demander une bonne fois pour toute pourquoi il était à ce point remonté contre le batteur de The Burning Fire. J’écoutai attentivement ses explications qu’il fit sur un ton à la fois énervé et outré…

Et dans un sens, je comprenais les arguments de Daniele… C’était un problème de classe sociale. Et c’était un peu vrai qu’Howard était pas vraiment reconnaissant envers le système qui, pourtant, lui avait promis de sortir de l’Eastside. Quant à l’affaire avec Maria, c’était vrai que j’avais un peu zappé qu’elle avait failli y rester à cause des dettes d’Howard.

Je soupirai…

-Ouais, ok… je comprends…

En plus, la guerre lancée contre Jimmy Reed par le batteur ne devait pas lui plaire non plus. Parce que pour moi, Jimmy Reed et establishment, c’était la même chose.

Je baissai un peu le regard quand Daniele planta le sien dans le mien… Que pouvais-je dire ? Il avait de bonnes raisons de ne pas aimer Howard.

-Je n’ai aucune raison, moi, d’en vouloir à Howard. Ce serait pas juste.

En plus, je n’étais pas le seul à lui jouer dans le dos, à Daniele, il y avait Livia aussi. Livia qui allait, en plus, partir en Afrique avec Stone parce qu’ils étaient tous les deux liés à United For Youth. C’était vrai que j’avais raté l’émission de Vanya Kournikova… En fait, j’avais eu l’intention de regarder mais… La petite dormait… Syd et moi, on avait enfin un créneau pour nous retrouver un peu entre deux tétées… On en avait profité.

-C’est un beau projet, Daniele. Qui refuserait ça ? Ça marche bien United For Youth apparemment. C’est bien.

Bref, avec tout ça, Eddy Cort devenait le préféré de Daniele parce que lui ne fricotait pas avec Stone. Sa réflexion pleine de mauvaise foi me fit rire. C’était bien Daniele ça.

Par contre, quand il dit espérer que je n’allais pas suivre Howard dans ses projets révolutionnaires, ce fut à mon tour de regarder mon manager dans les yeux.

-Non. Je ne suis pas du genre à cracher dans la soupe. Je n’ai rien contre les gens comme toi ou Reed. Je sais que ce n’est pas pour rien si vous en êtes arrivés où vous en êtes. Les critiques que j’avais à faire, je les ai faites en musique, sur Must The Show Go On ?

Je souris.

-Et Billie Blue et moi, on sera ravi de rester manger. Merci, Daniele. Pour tout.

Evan ne voyait aucune manipulation dans le chef de Stone – contrairement à moi – et je voyais bien qu’il était impossible de lui faire penser autrement. Alors, j’abandonnais, tout simplement, d’un signe las de la main.

Il se demandait même pourquoi je détestais tant le petit merdeux alors je ne tardais pas à lui faire un exposé du pourquoi j’en voulais à ce sale parvenu ingrat. J’avais toute les raisons de lui en vouloir. Lui et moi ne venions pas du même monde et il avait fait son chemin dans le mien en s’amusait à critiquer tout ce qu’il ne connaissait pas ou n’approuvait pas tout en récoltant l’argent. Une attitude qui a le don de ne pas plaire dans le milieu. Evan disait comprendre mes griefs… J’imaginais bien que c’était surtout le chapitre sur l’incendie qui l’avait fait me comprendre.

Seulement, lui n’avait rien contre Stone.

-Pas encore, dis-je certain qu’un jour Stone risquerait bien de faire des choses qui pourraient déplaire à Sniper – quoi qu’il en faut beaucoup pour ça…

Livia aussi semblait prompte à jouer dans mon dos pour aller s’amuser avec le batteur. Comme avec ce voyage en Afrique. Je ne lui avais rien dit parce que c’était un voyage humanitaire et que je pouvais bien croire que l’idée d’emmener Howard ne venait pas de Livia elle-même. Evan disait que c’était un beau projet.

-C’est bien pour ça que je n’ai rien dit à Livia et que je ne lui en veux pas pour ça, confirmais-je.

Par contre – pour le projet de Stone – c’était tout autre chose ! Alors, je décidai d’abandonner. De leur dire de ne pas compter sur moi pour les aider. Ils n’auront qu’à se débrouiller et si un problème arrive, qu’ils ne viennent pas pleurer devant ma porte. J’avais lancé que seul Eddy Cort semblait bien se comploter. Tobby Cooper aussi ! Jackson ne m’avait pas posé de problème non plus jusqu’ici. Je n’ai que deux dissident dans mon équipe et c’était mes deux stars !

Par contre, j’espérais bien que Sniper ne comptait pas suivre Stone dans ses démarches révolutionnaires. Il confirma qu’il n’ira jamais jusque-là. Ce n’était pas le genre à chercher le conflit ni à cracher dans la soupe.

-Bien ! C’est déjà ça, dis-je rassuré.

Je lui avais tout de même proposé de manger et il avait accepté. Je m’étais levé du fauteuil.

-Parfait ! Je vais dire à Erik de rajouter un couvert, dis-je avec un petit sourire.

Manger me fera peut-être oublier Stone…