Dans ma poche, j’avais le Saint Graal ! Dans ma main, j’avais roulé l’édition spéciale de Guitar&Pen qui donnait le classement des meilleurs musiciens de l’année. Et une chose me tracassait, même si je n’étais pas si mal classé : Axel Moriarty avait souligné qu’on avait rien sorti cette année, avec Roadtramp.

C’était le cas aussi pour d’autres groupes comme The Lightening, qui promettait la chose depuis un moment déjà, comme à leur habitude.

Mais quelque part, ça m’emmerdait un peu… Parce que si le classement était sorti un mois plus tard, j’aurais peut-être eu une meilleure place.

Je descendais la rue qui menait chez Lynn, dans l’Eastside… Son appartement avait été un jour le théâtre de la réclusion d’un Sniper au bout du rouleau. Mais lui avait remonté la pente et il était méga bien classé !

Tout ça était un peu la raison pour laquelle je me rendais aujourd’hui chez mon ex, qui était surtout, à mes yeux, la mère de mon fils.

Tout allait désormais très bien entre nous. Nous étions très bon ami et cette amitié était teintée de respect. Quelque part, nous séparé avait peut-être été la meilleure décision à prendre. Lucky grandissait bien, il avait un beau-père génial en la personne de Jake Snyder, le journaliste, et moi, je pouvais continuer avec Roadtramp sans trop me tracasser.

J’étais toujours célibataire… Par choix ? Un peu quand même… Je ne cherchais pas une compagne. Tout ce qui m’importait, c’était de faire de la musique.

J’arrivai devant la porte de l’immeuble de Carolyn et appuyai sur le bouton de l’interphone.

-Salut Lynn ! C’est Eddy !

Je me grattai les cheveux, faisant bouger mes boucles blondes sur mon épaule.

-Je sais que ce n’est pas encore mon jour pour reprendre Lucky, mais c’est à toi que j’aimerais montrer quelque chose… Je peux monter ?

Normalement, elle n’avait pas de raison de me laisser dehors. J’avais quand même le droit de venir dire bonjour à mon fils même quand ce n’était pas mon tour de garde. Tout ça s’était fait à l’amiable, sans aucun accro.

C’était mon jour de congé, dans tous les sens du terme !

Je ne travaillais pas aujourd’hui, Lucky était à la garderie et Jake était à la station de radio pour travailler sur son émission. Il avait aussi dit qu’il s’arrêterait dans la cuisine du Canter’s pour bavarder et boire un verre.

Pour les rares fois où j’avais l’appartement pour moi toute seule, je m’étais un beau planning pour en profiter pleinement. Tôt le matin, après avoir donner son déjeuner à Lucky et que Jake n’aille le déposer à la garderie, j’avais fait un beau ménage à fond et mis la machine à laver à contribution pour passer au travers de toutes les lessives que j’avais remise pour plus tard, manque de temps et d’énergie.

Quand l’endroit fut bien rangé et bien propre, j’avais enfiler des vêtements d’entrainement et pousser dans le lecteur vidéo le vhs d’entrainement de Jane Fonda. Je pensais avoir prit un peu de poids, en fait, mes jeans me le faisaient comprendre bien que Jake m’assurait du contraire. Le piège lorsque l’on travail dans un restaurant c’est de ne pas savoir résister à se commander un nachos et à la grignoter entre deux service, avec un milkshake pour faire passer le tout.

Je suais depuis déjà un bon moment en essayant tant bien que mal de soutenir le rythme de madame Fonda mais j’avais besoin d’une pause parce que mon cœur battait à tout rompre et que j’avais la gorge sèche. En prime, on sonna à l’interphone du building ce qui allait me forcer inévitablement à faire une pause.

En attrapant ma serviette, je m’épongeais le visage tout en répondant.

- Ou… Ouais…  Je… Monte, je t’ouvre !

Il allait penser que j’étais sur le point de crever d’un arrêt cardiaque s’il m’avait entendu chercher mon souffle à ce point ! J’attendis que le son de ses pas résonnent dans l’escalier puis j’ouvrir la porte pour le faire entrer.

- Salut ! Ne regarde pas mon allure, je profite que Lucky soit à la garderie pour m’entrainer.

D’un geste de la main, je lui désignais le salon autant pour qu’il y passe que pour qu’il voit Jane Fonda sur arrêt dans une position plutôt loufoque. Il était évident que même avec la meilleure équipe de tournage, elle n’était pas à l’abri des mise sur arrêt alors qu’elle faisait un jumping jack !

- Tu veux un verre d’eau ? J’allais m’en verser un quand tu as sonné.

J’allais à la cuisine et remplis un pichet d’eau dans lequel j’ajoutais des glaçons et j’apportais avec ça au salon, deux verres pour qu’Eddy puisse se servir s’il avait soif, autant qu’il le voulait. Je me laissais tomber ensuite dans le divan, les jambes en cottons.

- Tu sais que tu n’as pas besoin d’être à ton jour de garde pour venir nous voir, hein ? Tu dis toujours ça quand tu viens et que ce n’est pas pour venir prendre Lucky.

Comme si mon ex petit copain avait peur de nous déranger alors qu’il était le bienvenu chez moi en tout temps. Même que j’avais pensé de lui faire faire un double de la clé de l’appartement en cas de besoin. S’il oubliait la précieuse vache en peluche de Lucky chez moi et que je me trouvais au travail quand il s’en rendait compte, par exemple.

-Merci !

Je ne savais pas ce qu’était en train de faire Carolyn quand j’avais sonné, mais elle semblait au bout du rouleau… Comme si elle venait de courir un marathon. Je haussai les sourcils, me demandant un peu ce qu’il se passait, puis la porte se déverrouilla et je me retrouvai dans le hall où je montai les escaliers quatre à quatre.

Carolyn ouvrit la porte de son appartement avant même que j’aie fini de monter et je lui souris, mon magazine en main.

Je lui fis la bise et réalisai qu’en plus d’être en jogging, elle avait la peau légèrement moite de transpiration. Et effectivement, elle me confirma qu’elle s’entraînait.

Et que Lucky n’était pas là.

-Oh il est à la garderie ?... Dommage. J’aurais voulu le voir, même si ce n’est pas tout à fait pour ça que je suis là.

Je lui souris.

-C’est plutôt de toi dont j’ai besoin.

Dans le salon, je vis Jane Fonda figée dans une position qui devait être des plus inconfortables sur l’écran de la télé. Lynn me proposa un verre d’eau.

-Ouais, merci, avec plaisir.

J’évitais l’alcool autant que faire se pouvait. Peut-être même que je ne pourrais plus jamais en boire de peur de replonger dans mon alcoolisme. D’ailleurs, c’était encore très dur pour moi et j’étais tenté pratiquement tous les jours, parce que les autres membres de Roadtramp, eux, n’avaient pas arrêté de boire pour mon petit confort…

Mais ici, avec Lynn, je ne risquais rien.

Je me laissai tomber dans le fauteuil et Carolyn revint bien vite avec un pichet d’eau fraîche. Je m’en servis un verre pendant que Carolyn m’assurait que j’étais le bienvenu chez eux en tout temps.

-Je sais, c’est très gentil. Mais j’ai toujours peur de déranger.

Je pris une gorgée d’eau puis déposai le Guitar&Pen sur la table basse entre nous.

-Tu as lu ? C’est le classement de l’année des meilleurs musiciens… Je ne suis que neuvième… ça me fait râler un peu parce que Moriarty dit qu’on a rien sorti depuis un moment.

Je sortis alors une cassette audio de ma poche.

-Il aurait fait ce foutu classement dans deux mois, j’aurais peut-être eu une meilleure place…

Je posai la cassette sur le magazine.

-C’est de toi que j’ai besoin. De la fan de Roadtramp en toi. Ceci est la démo de notre prochain album et j’aimerais savoir ce que tu en penses.

Eddy grimpa les paliers jusqu’à se tenir devant moi puis il entra avant de me faire la bise. Malheureusement pour mon ex-petit copain, notre fils n’était pas à la maison, il ne pourrait donc pas se batailler ludiquement avec lui. Il était désappointé bien qu’il avoua ne pas être venu jusque chez moi pour jouer avec Lucky.

- Ah oui ? De moi ?

Là, je devais bien avouer qu’il venait de piquer ma curiosité et pas qu’un peu. Avant qu’il ne me dévoile en quoi je pouvais lui être utile, je lui proposais un verre d’eau et allais à la cuisine remplir un pichet d’eau et de glaçons que je ramenais avec deux verres. J’avais très chaud à m’être entrainé avec autant de ferveur pour suivre Jane Fonda, je me sentais comme si la pire canicule de Los Angeles était pointé que sur mon appartement.

En m’installant au salon avec Eddy et après m’être désaltérée d’une longue gorgée, je rassurais Eddy qu’il pouvait venir ici aussi souvent qu’il en avait envie, que notre fils y soit ou non. Nous n’avions certes pas réussis notre relation et quelque part c’était une bénédiction parce que j’avais découvert en lui un ami précieux, mon meilleur ami je dirais même ! Et ça, c’était bien plus précieux que tout le reste. Puis Lucky avait la chance de grandit dans un climat hyper sain ce qui n’aurait peut-être pas été le cas si nous avions persisté à rester en couple ‘’pour son bien’’.

- Tu ne dérange jamais, arrête ! m’esclaffais-je en me pointant du doigt, je ne t’aurais pas laissé monter pour que tu me vois en sueur et coiffé comme un épouvantail si tu dérangeais !

Il m’avait vu en bien pire état que je ne pouvais l’être en ce moment !

Eddy avait avec lui le dernier Guitare&Pen dans lequel le père de mon fils avait récolté une piètre neuvième place au classement des meilleurs musiciens. Je pris un air compatissant, sachant très bien qu,Eddy et le reste de Roadtramp méritaient mieux qu’une neuvième place et sa suite.

- Ouais je sais, j’ai été surprise du classement.

Mais que pouvions nous y faire puisqu’il se faisait selon les votes des gens ? Ils votaient selon ce qu’ils entendaient ce qui expliquait peut-être que Lola ai grugé quelques place vers le haut.

Eddy ronchonnait que, si le classement avait été fait deux mois plus tard, il aurait certainement obtenu une meilleure position. Ça sous-tendait qu’il avait du nouveau matériel ? Il semblerait bien que oui alors qu’il posait une cassette sur le magazine, comme s’il écrasait ce mauvais classement par le poids de son talent. J’écarquillais grand les yeux et un large sourire s’allongea sur mon visage quand il demanda à la grande fan de Roadtramp en moi de bien vouloir écouter la maquette de leur prochain album.

- Mais quel honneur ! Je serais ravie ! Honorée je dirais même !

Je le laissais aller mettre la cassette dans mon système de son, je n’osais pas le faire moi-même, l’honneur revenait au créateur ! Avant que la musique n’envahisse la pièce, je vidais mon verre question d’être bien hydraté et de ne pas être distraite par rien d’autre que par ce que j’allais entendre. Je me callais même bien confortablement dans mon divan et j’attendis qu’Eddy appuie sur play.

Je souris à Lynn, laissant planer un peu le mystère sur ce que j’attendais d’elle dans un premier temps. J’avais souris parce que je ne voulais pas qu’elle se stress en se disant que je lui en voulais pour quelque chose. Il n’y avait aucune raison que je lui en veuille, mais je savais que Lynn se faisait assez vite des films… Et qu’elle chercherait du négatif avant du positif. Pourquoi ? Mystère.

Elle nous servit deux grands verres d’eau. Il faisait chaud mais elle en avait bien besoin après s’être apparemment déchaînée avec Jane Fonda, toujours en pause dans une position improbable à la télé.

Elle m’assura que je ne dérangeais jamais. Je le savais mais j’avais quand même un minimum d’éducation et je trouvais que m’inviter chez les gens sans prévenir avant, ça ne se faisait pas. Mais j’étais tellement motivé à cause de ce que je cachais dans ma poche.

J’éclatai de rire devant l’autodérision de Carolyn.

-même en sueur et coiffée comme un épouvantail, tu restes très belle. Jake a bien de la chance.

Ouais, parce que même si ça n’avait pas marché entre nous, la mère de mon fils avait toutes les qualités pour faire une super petite amie… Et probablement aussi, un jour, une bonne épouse… Je lui reconnaissais toutes ces qualités. Mais je savais aussi que son amour de la musique ne se laisserait pas écrasé par la vie maritale.

Et c’était pour ça que j’étais là.

Je lui expliquai pour le classement de Guitar&Pen. Elle était aussi surprise que moi du classement. Et ça me rassura un peu.

-Après, je peux comprendre quand même. Il y a d’excellents musiciens avant moi. Fireworks a fait fort ces derniers temps, Sniper fait la tournée de L.A. et Lola, tragiquement, a certainement aussi attiré pas mal de vote de sympathie mais probablement aussi parce que sa tournée, même avortée, était très bonne.

Je fis la moue puis souris.

-Et je ne peux pas en vouloir à ma petite sœur de cœur, Livia, d’être avant moi.

Alors j’expliquai à Lynn que si le classement avait été retardé de deux mois, j’aurais peut-être eu une meilleure place. Et pour cause ! Je sortis la démo de ma poche et lui expliquai que je voulais son avis de fan.

Son visage s’illumina et illumina le mien par la même occasion. Nous étions rayonnants.

Je me levai quand elle m’invita à aller mettre la cassette en route pendant qu’elle terminait son verre d’eau.

Et tout en manipulant la machine, j’ajoutai.

-Sur le nouvel album, il y aura Never Free, Nerver Me que j’ai écrite pour toi et Lucky et que je n’ai jusqu’ici chantée qu’en live. Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de voir ça sur MTV.

J’appuyai sur play… Un peu stressé quand même…

-Pour celle-ci, je me suis inspiré de L.A. et de ces gars qui font des courses de voitures illégales.

Eddy me faisait une visite surprise bien qu’il s’excusait d’arriver à l’improviste. Je le rassurais en lui affirmant qu’il était le bienvenu chez moi en tout temps, qu’il n’avait pas besoin d’invitation pour passer et que même attriquée comme je l’étais, sa visite m’était agréable. Il me complimenta en ajoutant que Jake avait bien de la chance.

- Merci, c’est très gentil !

Je disais ça en me replaçant tant bien que mal les cheveux et en essuyant ce qu’il me restait de sueur sur le front avec la manche de mon t-shirt. J’allais aller prendre une douche quand Eddy partirait, ça ne me ferait pas de mal !

Mon ex petit copain était ici et avait apporté avec lui la dernière édition du Guitare&Pen dans lequel la liste des meilleurs musiciens s’y trouvait. Je suivais toujours de près ce genre de palmarès, en grande fan de vedettes que j’étais et j’avais été surprise pour ne pas dire mitigée des résultats. En fait, je comprenais la position de certains, d’autres auraient dû être plus haut, comme Eddy mais il ne pouvait pas tous figurer dans le top cinq. À titre d’exemple, et comme Eddy le mentionnait, Lola avait grimpée dans le sondage probablement parce que sa mort avait attiré sur elle le spotlight. Elle était excellente mais sa tasse de thé était le chant.

- Ouais, ouais c’est vrai ce que tu dis. Ceux qui sont plus haut dans le classement y sont parce que les regards ont été posés sur eux récemment.

Ils méritaient leur place mais Eddy, comme il l’ajoutait, aurait gravis les marche du podium si le sondage avait été fait plus tard car il avait avec lui, la démo du prochain album de Roadtramp et j’allais l’entendre ne primeur ! Il ne pouvait pas me faire plus plaisir !

Je l’invitais à aller mettre la cassette dans le lecteur alors qu’il m’expliquait que, dessus, j’allais entendre la chanson qu’il avait écrite pour Lucky et moi. Je fus émue et touchée. Je ne l’avais entendu qu’une seule fois, la seule fois que le groupe l’avait fait pendant un concert retransmit en live à la télé.

- Je l’ai entendu, oui et je n’ai jamais eu l’occasion de te demander de me l’enregistrer.

Il fallait dire que notre relation s’était vite désagrégée par la suite et que les circonstances avaient faites que nous n’avions plus trop envie de nous faire de cadeau. Heureusement que la situation avait rapidement évoluée vers quelque chose de mieux et de sain, pour le plus grand bonheur de notre fils.

Eddy appuya sur play et déjà, les premières notes d’une chanson qu’il disait être inspirée par Los Angeles et des courses de voitures illégales se firent entendre. Je restais silencieuse pour écouter la première pièce de ce nouvel album. Je savourais l’instant, c’était précieux pour moi et si Eddy voulait entendre mon opinion, c’est qu’il avait assez confiance en moi pour que je la lui donne, franche.

Quand elle se termina cette première pièce, je lâchait un ‘’WOW’’ sincère.

- WOW ! Elle rentre dedans comme un train, c’est ce qu’on attend de Roadtramp, c’est votre signature ! Et la batterie de Clepto !

Ce n’était que la première chanson et j’étais déjà bluffée ! J’en voulais davantage, il m’avait mise en appétit !

Lynn était d’accord avec moi pour ce qui était du classement… Je ne pouvais pas rivaliser avec des artistes qui avaient attiré les projecteurs sur eux récemment alors que Roadtramp était en studio pour enregistrer presque en secret… Donc pour nous, pas de concert, pas d’album sorti dernièrement… Ce n’était vraiment qu’un problème de timing.

-C’est un peu la faute à pas de chance… on fera mieux la prochaine fois.

Et j’avais sur moi ce qu’il fallait pour ça. Mais je voulais que Carolyn l’écoute en avant-première. Parce que je savais qu’elle avait du goût… Et aussi, qu’elle n’était pas musicienne elle-même. Donc, comme la plupart de nos fans, elle réagirait avec son cœur, sans se soucier de la technique ou d’autres trucs comme ça.

Elle aimerait ou pas, point.

Quant à la chanson Never Free, Never Me, elle disait qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de me demander de lui enregistrer. Un peu normal avec tout ce qui s’était passé entre nous après ça.

Mais je ne lui en voulais pas parce qu’avec le temps, on était arrivés à trouver un parfait équilibre. Et je pensais bien qu’on avait tous les deux gagné un meilleur ami dans l’histoire.

-Elle sera sur le prochain album donc tu pourras l’écouter en boucle si tu veux. Et l’enregistrement sera de meilleure qualité sur l’album que si je te fais une cassette.

Quand elle m’autorisa à utiliser son radiocassette, je fis jouer la démo…. Avec une petite pointe de stress dans le ventre quand même. Parce que l’avis de Lynn comptait beaucoup pour moi et que je n’avais pas envie de la décevoir… Comme tous nos fans, évidemment, mais elle, c’était encore plus spécial.

J’expliquai le contexte de la première chanson… Qui ne serait peut-être pas la première de l’album… On ne s’était pas encore penché sur le meilleur ordre des pistes.

Quand la première chanson se termina, j’appuyai sur « Stop », pour voir ce qu’elle en pensait…

Et sa réaction illumina mon visage d’un énorme sourire.

-Si on reconnait dès les premières paroles que c’est du Roadtramp, c’est l’effet recherché.

On m’avait déjà dit que ma voix et ma façon de chanter était vraiment reconnaissable entre mille.

-La suivante c’est… un peu une chanson sur les peurs infantiles… Tu sais, quand tu es pris d’une irrésistible envie de vérifier qu’il n’y a pas de monstre sous ton lit… Tout l’album va un peu être dans cette trame.

Je souris.

-Bon, je me tais et je te laisse écouter jusqu’au bout.

Ouais, j’allais pas m’interrompre à chaque chanson… elle me donnerait son avis global ensuite. Je me rassis et sirotai toute la cruche d’eau sur le temps de l’album qui comptait, en tout, huit chansons.

Spoiler:

J’écoutais avec un enthousiasme certains la première chanson sur la cassette démo d’Eddy. Il me faisait assez confiance pour me demander mon opinion, j’étais touchée qu’il ait pensé à moi pour être l’une des premières à entendre les dernières créations du groupe, en dehors de lui-même.

Dès les premières notes, je pouvais facilement reconnaitre le style du groupe, leur son bien particulier devenu une caractéristique. Il n’y avait pas à s’y méprendre ! J’aimais beaucoup qu’ils soient restés fidèles à leur style, qu’ils n’aient pas tenté d’explorer d’autres styles qui seraient choquant pour les fans de la première heure. Certains groupes tentaient ce genre d’approche pour se démarquer et ça ne réussissait pas toujours.

Quand la première chanson se termina, je témoignais de mon appréciation d’un WOW expressif et sincère. J’avais adoré la chanson du début à la fin et si elles étaient toutes de ce genre sur la démo, l’album ferait vraiment beaucoup de bruit, dans tous les sens du terme ! Eddy était content d’entendre que j’avais reconnu leur style des le début, ils avaient donc atteint leur but !

Ensuite, Eddy m’expliqua le thème de la prochaine chanson, je trouvais ça vraiment intéressant qu’il me fasse un petit exposé avant de faire play. C’était comme entrer un peu dans le processus de la création de l’album.

Là encore, la chanson visait droit dans le mille !

Je faisais, tout au long de mon écoute, des signes de oui avec ma tête, je tapais sur ma cuisse, j’évitais de regarder Eddy parce que j’aurais rigolé, comme pour évacuer un trop plein de fierté en entendant ses compositions.

Les chansons s’enchainaient et chaque fois, j’en avais le souffle coupé. Mon ex-petit copain et son groupe avaient, sans aucun doute, créer le prochain album qui allait trôner au sommet de tous les palmarès et ils retrouveraient tous de meilleures places dans les prochains sondages de Guitare&Pen, ça ne faisait aucun doute.

Puis, quand Nerver Free, Never Me se fit entendre, j’en eue des frissons, ma peau se hérissa, c’était beaucoup d’émotion pour toute la durée de la chanson.

L’enregistrement prit fin et j’allais serrer Eddy dans mes bras, c’était la meilleure manière avec laquelle je pouvais lui exprimer ce que je pensais de tout ce que je venais d’entendre. Les mots ne suffiraient pas, aucun assez fort ne me venait en tête sauf wow que je répétais encore et encore au point où je devais commencer à avoir l’air un peu bête !

- WOW !  Pardon… je ne vois pas quoi dire d’autre !

Je devais bouger, me secouer, j’avais la tête encore pleine de toutes ces belles chansons qui m’étaient rentrées dedans comme un train roulant à vive allure.

- Vous allez fracasser des records de vente, trôner au sommet des plus prestigieux palmarès ! Ça sent la tournée mondiale ! Je suis tellement fière de toi ! Fière de Roadtramp

Il fallait célébrer ça, je ne pouvais pas le laisser partir comme ça, pas après ce que je venais d’entendre.

- Je te propose d’aller chercher Lucky à la garderie et moi pendant ce temps, je vais appeler pour des pizzas ! Je t’invite pour célébrer ça, qu’est-ce que tu en penses ?

L’album jouait maintenant librement dans l’ancien appartement de Sniper…. Y avait pas à dire, ce lieu en avait vu, des aventures ! Et aujourd’hui c’était le futur Album de Roadtramp qui en faisait trembler les murs.

Carolyn gigotait en écoutant, au rythme de la musique, un sourire aux lèvres, mais elle ne me regardait pas. Et heureusement ! C’était un peu comme de se mettre à nu, de regarder quelqu’un écouter ce que mon groupe et moi, on avait fourni comme travail ces derniers temps.

Surtout que, comme je le lui avais dit, le « thème » de ce nouvel album était les peurs qu’on les enfants la nuit. C’était plutôt intime comme truc… Et ça parlait beaucoup de nous, en vérité. De nous, les membres de Roadtramp.

Parce que je n’écrivais jamais les paroles tout seul, tout le monde s’y mettait quand il s’agissait de créer. C’était ce qui faisait la force de Roadtramp… Tout l’inverse de The Lightening, par exemple.

Presque à chaque chanson, Carolyn ponctuait son écoute d’un « wow ! » admiratif. Ça me faisait sourire.

Mais je ne m’attendais pas, une fois l’écoute terminée, à ce qu’elle se lève pour venir carrément me prendre dans ses bras.

D’abord surpris, je lui rendis son étreinte avec plaisir.

Je rigolai.

-Merci ! On a beaucoup travaillé dessus et je pense que ça vaut le coup. Et il y a une chanson qui a été écrite pour nous par Finan Quinn.

Je lui fis un clin d’œil.

-Quand on repartira en tournée, je vous fournirai des pass VIP.

Parce qu’on comptait bien tourner ! Mais avant, il y avait tout ce qui était promotion et tout ça, donc ce ne serait pas pour tout de suite.

Carolyn me proposa alors d’aller chercher Lucky pour fêter ça en famille avec des pizzas. Mon visage s’illumina.

-Oh ouais ! Trop cool ! Comme ça on fera écouter la cassette à Lucky.

Le petit adorait la musique. Toute forme de musique. Il bougeait toujours sa petite tête dans tous les sens quand il en entendait… Ses goûts s’affirmeraient sûrement avec le temps, mais pour l’instant, il suffisait de taper en rythme sur des casseroles pour faire son bonheur.

-Je vais le chercher.

J’embrassai Lynn sur la joue.

-Merci d’être notre plus grande fan !