J'avais retrouvé mon appartement qui avait était en partie vidé... Par Sky, je suppose qui avait emménagé ailleurs. Chez Sigurd? Peut-être... Je n'en vais strictement aucune idée.

Sigurd m'avait volé Sky. Sky m'avait trahi. Je pourrais simplement les retrouver, les faire payer... Comme j’avais fait avec tant de gens. Je pourrais torturer Sigurd devant sky avant de la tuer elle.

Mais j'étais un homme nouveau.

Pas que j'avais foncièrement changé... Non. Je haïssais Sigurd, ce petit opportuniste. J'avais envie de démolir Riley, la petite pute. J'avais envie de détruire la jolie petite famille de Quinn. J'avais envie que Sky paye. Ils s'étaient ligués contre moi et avaient bien faillis réussir là ou d'autres, y compris eux, avaient échoués.

Ce qui avait changé en moi, c'était que la prison et le procès m'avait rendu plus patient, plus calculateur.

Si je voulais faire payer à Sky, je devais être subtile. Je devais la jouer finement. Sauf effusion de sang. Dans les clous de la loi.

Et c'est ce que je fis à travers un lettre.

Salut Sky,

Sache que quoi que tu puisses penser, je ne t'en veux pas. Comment pourrais-je en vouloir à celle qui m'a rendu meilleur, qui m'a montrer ce que c'était le véritable amour et, par-dessus tout, qui m'a donné une fille...

Je sais que pour toi, notre relation est terminée. J'ai bien entendu au tribunal que tu comptais entamer la procédure de divorce. J'accepterais sans rechigner de te rendre ta liberté.

Tout ce que je veux c'est de pouvoir partager la garde d’Heaven à l'amiable. Sans passer par le tribunaux. Moitié-moitié. Une semaine sur deux. Après tout, combien de fois n'as-tu pas dit qu’Heaven avait le droit de grandir avec son père ?

C'est tout. Je ne demande rien d'autre. Et au cas où tu penserais que je puisse te faire du mal d'une façon ou d'une autre sache que tu te trompes.

Je t'aime malgré tout.

Ward

Heaven. Je savais que je touchais juste. Quant à mes sentiments pour Sky, ils étaient désormais ambivalents.

Je l'aimais

Je la détestais.

Mais ça, Sigurd ne le sais pas. Or je doutais qu'il apprécie ma lettre. Et je comptais faire en sorte que leur couple périclite tout seul.

Plus qu'à poster ça à Sky à l'adresse de Sigurd qui avait déménagé dans l’Eastside. Je n'avais pas trouvé Sky dans le bottin mais je l’avais trouvé lui.

Si la lettre n'arriverait pas, je saurais à qui m'adresser.

J’encaissais très mal l’issue du procès de Ward. Dans ma tête, je retournais la situation dans tous les sens et ça revenait toujours au même. Mon ex était libre comme l’air et c’était moi qui se retrouvais emprisonnée dans mon appartement et dans ma tête. J’avais refusée de sortir de chez nous, même si Sigurd me répétait que tout irait bien, je refusais de le croire. Je savais que rien n’irait jamais bien.

Mes journées se résumaient à faire des aller retours à chacune des fenêtres de mon appartement, à vérifier encore et encore que toutes étaient verrouillées tout comme la porte d’entrée et que la porte menant au toit de l’immeuble, elle, n’était pas entravée par quelque chose qui m’empêcherais de m’y engouffrer en quatrième vitesse, Heaven dans mes bras.

Chaque bruit me faisait sursauter.

Tout était une menace potentiel.

Je savais que je le laissais gagner en me comportant ainsi mais dans l’immédiat, je ne pouvais pas envisager de faire autrement. Peut-être qu’après quelques temps je me sentirais mieux, moins craintive mais pour tout de suite, j’estimais que ma vigilance décuplée était la seule chose rationnelle à faire.

Sigurd était rentré du travail, le temps de prendre une douche et de se changer avant de repartir. Il avait un rendez-vous pour un essayage de costume chez Bailey North, celle qui avait confectionné les habits de scènes de The Warriors. Mon petit ami était officiellement devenu un membre à part entière du groupe, il devait donc avoir lui aussi sa garde-robe de scène !

Il avait laissé sur la table du salon, le courrier que nous avions reçu. C’était une façon non officielle de me demander de gérer les factures et de trier les publicités que nous ne voulions pas, qui ne nous intéressaient pas. Au travers du lot, une enveloppe blanche   se démarquait, parce qu’elle ne ressemblait pas à une facture et qu’elle m’était personnellement adressée. Personne ne m’écrivait jamais.

Je passais mon doigt sous le rabat, le cœur battant. Je savais déjà, sans l’avoir lu, ou alors je redoutais savoir qui m’avait écrit. Lentement, en tremblant, je sortie la feuille pliée en deux, je la dépliais et j’en fis une première lecture, entre deux respiration. Ward réclamait la garde partagée de notre fille, ce que je ne pouvais concevoir ! Il allait s’en servir pour me faire du mal !  J’allais la lui laisser un soir et jamais il ne me la rendrait, sa semaine terminée !

Sa lettre sonnait aussi faux que le verdict du juge Dorsley !

Il me fallait tout de même lui répondre mais quoi ? Ward n’accepterait pas un non comme réponse et je n’avais pas les moyens de me payer un avocat qui parviendrait à m’obtenir complètement la garde de ma fille parce qu’il ne fallait pas être stupide pour savoir que Ward était parvenu, Dieu sait comment, à emberlificoter juge et jurés pour obtenir sa liberté. Je n’avais pas ses moyens.

J’ai besoin de temps pour y réfléchir et, avant de s’entendre sur une garde partagé, il faudra s’entendre sur comment nous allons procéder.

Sky

Ce fut tout ce que j’inscrivis dans ma lettre. Je ne me sentais pas capable de faire preuve d’autant d’hypocrisie comme il l’avait fait dans sa lettre. Je ne voulais pas non plus qu’il croit que je voulais engager la conversation en lui demandant s’il allait bien, s’il profitait bien de sa vie d’homme libre.

Dans la boîte au lettre, ce matin, j’avais reçu une réponse de Sky. Ainsi, elle vivait bien à l’adresse de Sigurd. Elle avait décidé de se cacher avec lui dans ce trou à rats qu’est l’Eastside. Elle se disait que sur le territoire des Los Diablos, elle ne risquait rien. Elle connaissait mon historique avec le gang de Reed. Elle savait que si j’y mettais les pieds, je risquerais de me faire tuer par l’un ou l’autre Los Diablos en quête de vengeance.

M’est d’avis que le vent risque peut-être de tourner à ce niveau-là.

Je m’étais installé à la cuisine pour ouvrir la lettre et lire les quelques phrases écrites par Sky. Il n’y avait pas de « Salut Ward » ou autres formules de politesses. Juste un « je dois réfléchir »… Réfléchir à quoi ? A si elle attend la lettre de mon avocat ou non ? Parce que si elle n’acceptait pas de le faire à l’amiable, je me ferais un plaisir de lui renvoyer Anderson. Après tout, maintenant que j’étais innocent de toute violence conjugale, je ne voyais pas bien ce qui m’empêcherait d’obtenir une garde partagée.

Voir plus, si Sky comptait me taper sur les nerfs.

Je pris une feuille et me mit à répondre à sa lettre. Je ne pouvais pas utiliser un autre moyen de communication. Il y avait toujours l’ordonnance restrictive qui m’empêchait d’approcher Sky et de lui téléphoner. La seule chose que je pouvais faire, c’était lui envoyer des lettres. Seule Sky pouvait demandé à ce que l’ordonnance soit levée.

Salut Sky,

Je te laisse le temps de réfléchir. Sache qu’on peut procéder facilement. Il nous suffit d’un intermédiaire pour faire passer Heaven de toi à moi quand notre tour est terminé. On ne peut pas procéder autrement étant donné l’ordonnance restrictive qui est toujours active. Sauf si tu la lèves au moins en partie… Dans ce cas, on pourra au moins se téléphoner pour établir les modalités de la garde.

Je te laisse deux semaines pour prendre ta décision. Si je n’ai pas de nouvelles, je serais contraint d’appeler Maitre Anderson.

A bientôt,

Ward

La balle était dans son camp.