Not’ projet, avec Savannah, commençait à prendre forme. On avait déjà quelques personnes qui voulait y participer. David, bien sûr, mais aussi Nathan. J’devais encore demander à des gens comme mon p’tit Jesse. J’suis sûr qu’il voudra bien. Puis, y’avait Jackson. L’avait eu une relation avec Peyton alors sûrement qu’il voudra lui rendre hommage. J’crois…

J’cherchais des gros calibre. Parce que les gros calibre ça va attirer des gens et des achats. Et j’voulais qu’il y ait une maximum d’achats. Pas pour moi. Mais pour les associations et les projets que financeront cet album. Des choses qui me tenaient à cœur et qui tenait à cœur à Peyton. Si des artistes n’étaient pas forcément proche de Peyton, p’t-être qu’ils voudront simplement participer à une bonne cause. Parce que j’avais, dans le tas, un projet que j’voulais vraiment mettre sur pieds. Un truc que j’avais pensé pendant mes trop nombreuses insomnies.

Mais comme j’le disais, pour ça, me fallait plus d’artiste à la renommée mondiale. J’avais laissé un message à Billy Lighter… Qui ne tente rien n’à rien. J’allais aussi demander à Livia… Mais avant, j’voulais aller voir mon pote Snip’ et lui parler du projet. On sait jamais… Mais avoir Snip’ pour ce projet, ça serait vraiment bien.

Du coup, j’m’étais rendu chez lui. L’habitait un p’tit appartement sur Santa Monica. Si l’quartier était prisé, j’comprenais pas pourquoi Snip’ s’achetait pas une p’tite villa. L’avait deux enfants, non ? Mais semblait aimer la sobriété. Chacun ses goûts. Moi, dès que j’avais eu assez de thunes, j’m’étais acheté me villa. Et, j’saurais plus la quitter aujourd’hui. Surtout depuis que Peyton y était enterrée.

J’grimpai à l’étage de l’appartement du chanteur et j’sonnai à la porte. Quand il vint m’ouvrir, j’souris un p’tit peu.

-Salut, Snip’… J’ai un truc à te demander… J’peux entrer ?

J’étais plus ou moins sobre. Plus ou moins… J’avais quand même les idées claires… Donc… Par contre j’avais aucune idée de l’heure qu’il était.

-J’dérange pas, hein ?

Faisait pas nuit, c’était déjà ça. Sinon, y’aurais pas de soleil dehors.  

Il était presque midi et j’étais une véritable pile électrique, comme à chaque fois qu’un concert approchait. Pour l’instant, je ne faisais rien de vraiment grandiose, je me produisais dans les plus beaux endroits de L.A…. Ce soir, ce serait au Polo Lounge que Daniele avait réussi à me réserver.

Je ne tenais donc pas en place dans mon petit appartement… J’avais envie d’aller me promener mais ça allait bientôt être l’heure de dîner pour moi et Billie Blue. Puis en début d’après-midi, il faudrait que j’aille conduire mon bébé chez L.A.ROCKS pour qu’elle passe le reste de la journée avec sa mère pendant que j’allais faire tous les checks son et autres sur place.

Mais avec tout ça, je ne m’attendais vraiment pas à avoir de la visite.

Du coup, je haussai un sourcil en regardant Billie Blue tranquillement installée dans son parc avec ses jouets.

-Qui c’est qui vient nous rendre visite, hein ? Billie Blue ?

Mais ma fille semblait n’en avoir que faire, préférant tordre de coup à sa girafe en peluche.

J’allais donc ouvrir et me retrouvai nez à nez avec… Howard !

Il avait l’air d’aller un peu mieux que la dernière fois que je l’avais vu. Son teint était moins cireux et, s’il avait des cernes sous les yeux, son regard, lui, était clair.

-Mais vient, entre ! Ne reste pas là.

Je m’écartai de la porte pour le laisser passer

-Non, non, tu ne dérange pas ! Tu veux manger avec nous ? Il y a largement de quoi faire des sandwiches pour deux et Billie Blue a son biberon.

Je l’invitai à s’installer sur la petite table de la cuisine pendant que je vidais le frigo pour tout disposer sur la table… Il y avait du jambon, du beurre de cacahuète, de la confiture, du saucisson… Bref, de quoi se faire un bon dîner.

J’avais bien capté qu’Howard voulait me demander quelque chose, mais avant, je lui demandai :

-Ça va avec les petits ? Tu t’en sors ? Tu as l’air de pas aller trop mal, au vu des circonstances. Ça fait plaisir de te voir.

Une fois tout disposé devant nous, je m’installai face à Howard et me mis à beurrer du pain.

-Tu voulais me demander quelque chose, je t’écoute.

J’m’étais pointé devant l’appartement de Snip’ et il m’avait ouvert assez rapidement après que j’ai sonné à la porte. J’savais pas s’il était là. Ma visite était un p’tit peu à l’improviste. Mais on dirait bien que c’était mon jour de chance parce qu’il était là.

Me fit entrer rapidement et j’lui souris. Son appartement était pas vraiment grand… J’devais avouer pas vraiment comprendre Snip’ à ce niveau mais semblait content d’son p’tit nid…

Il disait que j’le dérangeais pas. Il me proposa même de manger avec lui… J’allais dire que j’allais rentrer pour manger avec Peyton avant de me rendre compte que… Bah, j’allais pas pouvoir faire ça. Mon visage s’assombri légèrement avant de soupire et que j’m’installa sur une des chaises.

-Oui, j’veux bien. Merci.

Il sortit tout ce qu’il fallait de son frigo. Y’avait le choix, j’avais pas à me plaindre à ce niveau. Snip’ semblait être seul avec sa fille aujourd’hui. J’sais que Syndey est animatrice radio, donc, j’imagine qu’elle était à la station de radio.

Il me demanda si ça allait avec les p’tits. Il disait que j’avais pas l’air d’aller trop mal. Disons, que j’allais de mieux en mieux. Les projets que j’avais en tête m’aidaient à ça.

-Ouais, ça va… J’ai une babysitter pour m’aider… Y’a mes parents aussi… Et Kenzie, Hank et Bailey. J’ai pas trop à me plaindre. C’est la nuit l’plus dure. Faut s’lever tout l’temps. Mais bon, comme j’dors pas beaucoup ça va encore…

J’haussai des épaules et pris un sandwich en l’beurrant d’un geste las. C’est là que Snip’ me demanda ce que j’voulais lui demander.

-Ben… On aimerait bien faire un album hommage à Peyton. Sav’ a retrouvé des textes de Peyton. Des chansons jamais sorties. On veut en faire un album avec plein d’artistes différents. Y’en a déjà quelques-uns qui ont accepté mais j’aimerais en avoir d’autres. Des gens qui feront vraiment vendre l’album.

J’finis de beurrer mon sandwich avant de lever les yeux vers Snip’.

-J’ai pensé à toi. T’es une légende. Qui te voudrait pas sur un album ? Si on en vent un maximum, ça fera plein d’argent pour diverses associations et divers projets. J’ai une idée de projet intéressant mais me faudra des financements. Puis, j’aimerais donner une partie à United For Youth et à Saint-John en général. Mais y’aura aussi pour d’autres associations. Ça serait à la fois un hommage mais, aussi, une façon d’aider les gens. Aucune maison de disques ne sera impliqué. Aucun manager. Qu’ils aillent se faire foutre.

J’fixai Snip’.

-Ça t’intéresse ? J’peux pas t’obliger mais ça serait vraiment cool si t’y participait.

Howard accepta de partager mon humble repas. J’étais super content parce que j’étais toujours heureux de voir Howard. C’était devenu, au fil du temps, un véritable ami. Et j’étais d’autant plus content que je savais que le batteur avait cruellement besoin de ses proches et de ses amis en ce moment. Je savais qu’il serait assez fort pour passer au-dessus de tout ça, sans pour autant en oublier son amour pour sa défunte femme.

On s’installa à table avec tout ce qu’il fallait pour se préparer des sandwiches bien garnis. Et je lui demandai comment ça allait avec ses enfants, puisqu’en plus d’avoir perdu Peyton, il se retrouvait seul avec ses jumeaux.

Enfin, pas vraiment seul… C’est ce qu’il m’expliqua. Je souris, ravi de savoir qu’il était bien entouré.

-Super ! Tu as de l’aide, tout le monde va bien… Pour le reste…

Je pris un sandwich et le coupai dans le sens de la longueur.

-Pour le reste, il faut laisser le temps au temps. Ça parait con et bateau comme phrase, mais je suis bien placé pour savoir que « le temps guérit toutes les blessures » n’est pas un adage tout à fait faux.

Mais il n’y avait pas que ses amis qui permettaient à Howard d’avancer. Il avait aussi des projets, ce qui était probablement le meilleur signe d’un rétablissement chez le batteur.

-Si tu as des idées, c’est vraiment génial ! Ça veut dire que tu vas de l’avant ! Peyton serait fier de toi.

Et justement, quand je demandai ce qui l’amenait, je découvris que ça concernait non seulement Peyton, mais aussi moi-même.

Il avait un projet d’album réunissant différents artistes qui, si je comprenais bien, mettrais en musique des textes que Peyton n’avait pas eu le temps de sortir.

J’ouvris de grands yeux, impressionné par l’ambition du projet qui viserait à aider des associations caritatives en même temps que de rendre hommage à Peyton.

-Waw c’est… C’est une bonne idée et tu sais que je suis toujours partant pour faire de la musique.

« Sans manager »… Et avec le « petit merdeux »… Gosh, Daniele allait encore m’en vouloir… Mais il n’y avait pas que ça qui me turlupinait.

-Mais tu es sûr que j’ai ma place sur cet album ? Je n’ai rencontré Peyton qu’une fois…

Je pris un morceau de jambon et en garnis mon pain.

-C’était à peine une connaissance, pour moi. On est pas de la même génération et je n’étais même pas à ses funérailles. Et puis… il y a le texte… Elle et moi, on ne faisait pas le même genre de musique.

Je fis la moue, réfléchissant.

-Après, pour les associations, pour toi, et tout, je suis à fond dedans. C’est juste que j’ai peur que les gens disent que je n’ai rien à foutre sur cet album.

Snip’ voyait que ma situation à plus tant désespérée vu que j’avais des gens pour m’aider. J’hochai de la tête. J’commençais à reprendre le cours de ma vie même si y’avait toujours pas une seule minute où j’pensais pas à Peyton.

Snip’ disait qu’il fallait laisser le temps au temps. C’est ce que beaucoup me disait mais j’savais aussi que la mort de Peyton avait brisé quelque chose en moi et j’savais pas encore réellement ce que c’était. Sûrement une part de mon insouciance.

-J’sais… J’commence à pouvoir revivre un p’tit peu… J’ai des projets et tout…

J’avais que ça, en fait… Parce que j’avais même pas encore repris mes passe-temps. Pourtant, c’est pas faute d’avoir quasi tout L.A. qui est là pour surveiller mes gamins.

D’ailleurs, le fait que j’aie des projets faisait dire à Snip’ que j’allais de l’avant. J’hochai de la tête.

-T’façon, j’ai pas l’choix.

D’aller de l’avant, j’veux dire. J’ai pas vraiment le choix. J’devais le faire pour Pen et Phénix.

Après ça, j’exposai le projet que Sav’ et moi avions. C’était un hommage à Peyton mais, aussi, une occasion d’aider des gens et, aussi, de faire un gros « fuck » aux maisons de disques et aux managers. Enfin, c’était un p’tit peu méchant pour Jack mais bon, il comprendra, lui.

J’vis Snip’ ouvrir de grands yeux alors que j’pris du jambon pour mettre dans mon sandwich d’un geste nonchalant. J’souris un p’tit peu quand Snip’ déclaré que c’était une bonne idée.

-Cool !

J’avais l’impression que Snip’ était partant mais il continua à parler. Il s’demandait s’il avait sa place sur l’album parce qu’il ne connaissait pas vraiment Peyton. Qu’ils étaient pas de la même génération. Qu’ils faisaient pas le même genre de musique. L’avait peur que les gens disent qu’il avait rien n’à foutre sur cet album. J’levai un sourcil.

-J’savais pas que ce que pensaient les gens t’importait tant que ça…

J’fis une p’tite moue avant de fixer Snip’ après avoir déposé le couteau.

-T’sais, y’a plein de texte différent. On peut les interpréter d’un tas de manière. Puis… Au pire… Tu peux simplement inventer des mélodies à la guitare. J’oblige personne à chanter.

J’continuai de regarder mon ami.

-En fait, j’me dis surtout que s’il y a beaucoup de gros noms, ça se vendra mieux… J’veux récolter le plus possible d’argent. Et j’voulais que mes amis puisse participer à ça. Alors, j’ai pensé à toi… J’pense que j’suis mieux placé que l’public pour savoir qui est légitime sur l’album, non ?

J’souris un p’tit peu.

-J’pense que chacun aura ses motivations différentes. Certains voudront participer pour moi, d’autres pour Peyton, d’autres pour les associations. Certains pour un tas de trucs en même temps.

J’haussai des épaules.

-Mais comme j’dis… J’oblige personne. Puis, j’trouve que c’est une bonne façon de pouvoir partager et créer de la musique. C’est pour ça que j’vis…

Je souris quand Howard affirma qu’il commençait à revivre un peu. J’étais content pour lui. Il était plus fort que moi. Parce que moi, il m’avait fallu 11 ans pour m’en sortir.

Mais pas Howard. Lui, il avait des projets dont un dont il voulait me parler.

Il m’exposa donc la chose… Une idée qu’il avait eue avec Prescott… Il paraît qu’elle avait fait un discours à l’enterrement de Peyton en déclarant de but en blanc qu’elle et Peyton ne s’aimaient pas. ça avait fait un peu parlé la presse mais pas Sørensen, ce qui était étonnant. Bon, ce n’était pas vrament mon problème, mais je préférais me dire que Savannah avait élaboré ce projet avec Howard pour remotiver le batteur. Pour qu’il fasse quelque chose.

Sinon, elle n’était pas plus légitime que moi.

C’est ce tout petit problème que j’expliquai à Howard. Je ne voulais pas me retrouver là où ma place n’était pas.

Howard s’étonna que j’en aie quelque chose à foutre de ce que les gens pensaient.

Je le regardai posément.

-J’en ai toujours eu à foutre. Parfois même un peu trop. Must The Show Go On ? n’aurait pas été une question autrement.

J’avais demandé au public, à travers un album, si ça valait le coup que je revienne ou pas. Et vu le succès que cet album avait eu, j’avais compris que ouais, le public voulait toujours de moi.

Du coup, avais-je ma place sur l’album dédié à Peyton ? Howard développa un peu plus avant, expliquant que l’album était plus qu’un album hommage. C’était quelque chose qu’il voulait le plus vendeur possible, pour les associations qui en bénéficieraient.  

Et on pouvait aussi chanter pour lui. Et il termina en disant que c’était surtout une belle occasion de faire de la musique.

-D’accord, si tu penses que j’y ai ma place, alors je suis partant !

Je souris.

-Je suis moi aussi toujours prêt à faire de la musique. Mais si on me demande, je dirai que je l’ai d’abord fait pour toi, et ensuite pour les associations. Jamais je ne prétendrai avoir été pour Peyton quelqu’un que je ne suis pas.

Je fermai mon sandwich et en pris une grosse bouchée.

-Tu as des textes avec toi ? Ou tu en a déjà un en tête qui pourrait me convenir ?

J’avalais ma bouchée et dit en riant un peu.

-Je vais encore subir les foudres de Daniele… Et toi aussi…

Snip’ disait qu’il en avait toujours eut à foutre de ce que les autres pensaient de lui. Ça semblait vraiment important pour lui. Il trouvait même qu’il exagérait à ce niveau. J’pouvais être que d’accord avec lui. L’avait largement prouvé qu’il était un des meilleurs musiciens du monde. L’avait beaucoup donné aux gens. Alors, je trouvais ça audacieux de la part des gens d’le critiquer.

-Moi, si j’en avais eu à foutre, j’serais jamais arrivé là où j’suis. J’me serais arrêté dès l’enfance.

Parce que ma mère avait toujours critiqué le fait que c’est pas en tapant en rythme sur les poubelles qu’on devenait batteur. Elle avait, ensuite, ajouté que, de toute façon, batteur, c’est pas un métier avant de m’achever en disant que, de toute façon, j’quitterais jamais l’Eastside. Heureusement pour moi, j’étais un j’m’en foutiste qui en avait rien à foutre de ce que June Stone et consort pensaient.

J’expliquai alors le pourquoi Snip’ pourrait avoir sa place sur l’album hommage à Peyton. J’pensais que chacun pourrait y trouver son compte. Il ne fallait pas forcément être proche de Peyton pour ça. Fallait juste aimer la musique et des bonnes causes. Puis, j’étais sûr que Snip’ pourrait trouver son bonheur dans tous les textes proposés par Peyton.

Il sembla convaincu. J’souris.

-Cool, vieux !

Snip’ disait qu’il fera avant tout ça pour moi et, ensuite, pour les associations. J’pense qu’il a peur qu’on le tague d’hypocrite.

-T’es mon pote… J’pense que c’est suffisant, t’sais. Et j’sais que tu connaissais pas bien Peyton. Mais j’sais aussi qu’elle, toi et moi, on avait en commun la musique et c’est ça qui doit continuer à vivre.

J’mordis un peu dans mon sandwich et Snip’ dans le sien avant de demander si j’avais des textes avec moi. J’hochai de la tête.

-J’ai d’jà fait une p’tite sélection.

J’sortis des feuilles de papier froissées de l’arrière de ma poche. C’était des textes que j’avais recopier à la main du cahier de Peyton.

J’les mis sur la table.

-Si tu trouves pas ton bonheur là-dedans, tu pourras emprunter le carnet.

Il clama alors qu’on allait encore subir les foudres de Daniele. J’pris mon air désinvolte.

-Mais ça fait aussi partie des côtés funs du projet. Si je peux emmerder deux maisons de disques et une p’tite brochette de manager au passage, ce n’est que du bonus. J’ai pas vraiment peur de Ricci. J’ai plus peur de rien, t’sais. Qu’est-ce qu’il peut me faire sincèrement ? Et à toi ? T’es sa poule aux œufs d’or…

J’esquissai un sourire.

-Ils toucheront pas un rond de tout ça.

Pas un seul.

Je souris quand Howard affirma que lui, contrairement à moi, n’en avait jamais rien eu à foutre de ce qu’on pouvait penser de lui ou de ce qu’il faisait. Je savais que Howard était parti de rien. Qu’enfant, son avenir ne semblait pas super bien se profiler. Alors je pouvais aisément comprendre qu’il ait envoyé tout le monde se faire foutre pour tracer son chemin comme il le voulait et avec toute l’audace et le culot que ça demandait.

-Je sais… Mais contrairement à toi, j’ai toujours eu du soutien et je n’aurais jamais percé comme je l’ai fait sans mon entourage. J’ai eu de la chance. Maintenant, je dois me montrer reconnaissant, envers mes proches… Et envers mes fans.

Oh je ne voulais pas dire par là qu’Howard ne respectait pas ses fans, que du contraire… Mais… On avait une façon très différente de faire.

Il m’expliqua donc son projet, en long et en large…

Je n’étais pas bien convaincu au départ… Parce que j’avais vraiment peur qu’on se dise que je n’avais rien à faire dans ce projet. Parce que je connaissais très peu Peyton… Alors m’approprier un de ses textes ? Ça me semblait limite blasphématoire !

Mais, alors que je déclarai que je le ferais finalement pour lui et les associations que ça allait aider, Howard me légitima. Parce que j’étais son pote et qu’il considérait ce lien comme largement suffisant.

Je souris.

-C’est vrai… On a toujours vécu tous les trois pour la musique. Ce serait un honneur de reprendre un des textes de Peyton… J’espère surtout être à la hauteur. Le plus dur sera de… comment dire… de faire de son texte une chanson à moi… Et en même temps, que les fans de Peyton puissent pointer direct la chanson et dire : « ça c’est du Lola ! »

Ça allait être complexe… Mais j’étais prêt à relever le défi.

Et en parlant de texte, je demandai à Howard s’il en avait déjà. Il fouilla dans la poche arrière de son jeans et en sorti des feuilles un peu froissées. Je mis mon sandwich de côté pour prendre les feuilles.

Je me mis directement à parcourir les lignes… En procédant par mots-clés, donc sans vraiment lire tout. Je le saurais si un texte me parlait. Je le saurais direct.

Tout en lisant, je soulignai le fait que Daniele allait nous en vouloir de faire tout ça sans lui. Il m’avait déjà interdit plusieurs fois de travailler avec Howard. Mais ça m’avait jamais arrêté. Et aujourd’hui ne ferait pas exception.

Howard, lui, trouvait ça fun de faire un peu chier l’industrie du disque… Les yeux toujours rivés sur les feuilles, je rigolai…

-Je vois ça que tu n’as plus peur de rien. Suffit de voir comme tu fustiges Jimmy Reed alors même que tu es dans sa maison de disque. Je suis sûr que tu as une bonne raison pour ça. Reed est pas vraiment le genre de personne que je préfère.

Puis, je m’arrêtai de parler et me mis à lire beaucoup plus attentivement un des textes de Peyton.

Je récitai tout haut le refrain :

-When did love become war?
Every time we wake through that door
Look what we've done to each other
Everybody here run for cover
When did love become war?
Bullets shot through the floor
Let's pull the chute and call it over

Je le vais les yeux vers Howard, impressionné.

-On dirait du The Army… Je crois que j’ai trouvé mon texte.

Snip’ et moi avions une vision différente de l’avis des autres. Moi, il m’importait peu parce que si j’avais suivi l’avis des gens, j’serais jamais là où j’suis aujourd’hui. Mais Snip’, lui, avait toujours eut du soutien alors il devait certainement se sentir redevable de tous ces gens.

-J’trouve que tu leur donnes beaucoup. T’as pas à t’en faire pour ça.

J’avais mieux expliqué le projet et expliqué, aussi, que Snip’ était bien légitime dessus. Qui est mieux placé que moi pour décider ça après tout ? Personne de vivant.

Mon argumentaire finit par convaincre Snip’. Il confirma qu’on avait vécu tous les trois pour la musique. Snip’ avait juste peur de pas être à la hauteur. J’souris.

-J’suis sûr que tu as le talent et l’respect qu’il faut pour arriver à trouver cet équilibre.

Puis c’est une légende. Fallait qu’il se lance quelques défis. Et s’en était un. Un que j’étais certain qu’il allait réussir à relever.

J’finis par sortir quelques textes que j’avais sélectionner. J’connaissais le répertoire de Snip’ alors j’savais plus ou moins quels chansons lui proposer sur toutes celles que j’avais lues et relues du carnet de Peyton. Il commença à les lire alors qu’on parla de la futur crise de colère de Daniele Ricci. J’savais qu’il allait m’en vouloir. Mais je m’en fichais complètement. Mieux, ça m’faisait plaisir de le faire chier. Ça fit rire Snip’ qui avait bien suivi ma p’tite guerre contre Reed.

-J’ai de très très bonnes raisons, t’en fais pas. Tu saurais ce que j’sais, tu taperais sur lui aussi.

Mais j’en dis pas plus. Parce que, hélas, j’avais des enfants… Si Peyton était morte sans laisser derrière elle deux enfants, j’l’aurais balancé, le Reed.

Parce que j’aurais plus eu rien n’à perdre.

Snip’ finit par s’arrêter dans sa lecture pour réciter un texte pour haut. L’un des textes avait attiré son attention. Des paroles qui m’firent un p’tit peu sourire. Il déclara alors que ça ressemblait à du The Army.

-Elle a dû l’écrire après l’un de nos disputes.

J’rigolai un peu avant d’afficher, un bref instant, une mine triste. Même nos disputes me manquaient… C’est dire.

J’esquissai alors un p’tit sourire.

-Super ! J’te laisse le texte alors.

Mon sourire se fit plus large.

-Merci, vieux ! T’es un vrai pote.