Le whisky était bon mais probablement pas aussi bon que les courbes de Shiri. La rouquine se démenait sur la petite scène du Rainbow, ce soir. Elle chantait cherchant à faire sa place sur la scène musicale de Los Angeles. Mais ce n’est pas tant sa voix que j’écoutais mais son physique dont je me délectais.

-Tu seras bien payé. Clayton m’a dit que tu ne l’avais jamais déçu…

Enfin, j’aurais pu réellement profiter de Shiri si ce n’était la présence de Travis Price, la célèbre producteur et réalisateur. C’était lui qui m’avait donné rendez-vous ici. Il avait dit « tu verras, il y aura une belle poupée sur scène ». De ça il n’avait pas menti… Pour le reste, je ne m’attendais pas à ce que Price me demande un service. Pas en dehors de mon rôle d’avocat en tout cas.

-Il a raison, Clayton. Je suis doué. Mais qui te dis que j’ai encore envie de jouer les rabatteurs, Travis ?

Vous ne connaissez pas Clayton ? C’est aussi un producteur. Sauf que lui est New Yorkais. Lorsque j’étais à New York, il me payais grassement (très grassement) pour que je lui trouve des filles et que je leur fasse miroiter une belle carrière avant des les envoyer passer une audition dans une chambre d’hôtel ou se trouvait le Clayton. Je ne leur mentais pas, aux filles… Clayton prenait ce qu’il volait mais il arrivait que certaines de ses filles finissent par décrocher un rôle.

Certaines d’entre elle.

Il semblerait que Travis soit adepte du même petit jeu. Il faut dire que s’il a des thunes, une belle position et qu’il peut offrir un métier de rêve, il n’en restait pas moins un cinquantenaire grassouillet.

-Clayton t’a donné mes tarifs ?

Travis hocha de la tête. Il savait aussi qu’il m’arrivait de tester les filles avant ? Non ! Certainement pas vu que Clayton ne le savait pas lui-même.

Je causais à Travis mais je ne le regardais même pas. Je regardais la scène où chantait et dansait Shiri. Mais je finis par répondre :

-Ok ! Ça marche ! Je t’en trouverais !

Il sembla satisfait mais ce n’était pas tout :

-Oh et si tu pouvais essayer de convaincre Hank North de jouer dans mon prochain film ça serait bien, aussi.

Je levai un sourcil. Il est sérieux là ? Moi, convaincre Hank North ?

-Qui tu dis que je vais réussir à le convaincre ?

Il sourit.

-Tu es un beau parleur, non ? Tu y arrivera. Et je te payerais.

J’hochai de la tête. J’étais d’accord. Après tout je n’avais rien n’à perdre à essayer de convaincre North de jouer dans un film. Bien que si Travis m’envoyait c’était qu’il avait déjà tenté le coup sans y arriver. Ou quelque chose du genre. Il faut dire qu’Hank North était du genre à sélectionner ses films.

C’est là-dessus que la belle Shiri acheva son concert. Je me levai alors et Travis leva un sourcil.

-Tu vas où ?

J’esquissai un sourire.

-Rencontrer la jolie rouquine.

Travis rigola et je le plantai la pour me faufiler dans les coulisses du Rainbow. J’avais demandé au patron du Rainbow pour passer la maigre sécurité qu’il y avait entre les coulisse et la salle. J’avais déclaré que je connaissais Shiri par ma femme, Carrie Hughes, ce qui avait largement convaincu le patron.

L’avantage, finalement, d’être le marie de Carrie et, de surcroit, le frère de Vicky.

J’avais toqué à la porte de sa petite loge et quand elle me dit d’entrer, j’ouvris la porte.

-Bonsoir, Shirley.

Shirley Gilmore. C’était le vrai nom de Shiri. Elle ne me connaissait probablement pas. Enfin… Sauf si elle avait lu L.A.People dernièrement… Ou qu’elle avait écouté les rumeurs à mon égare dans les couloir de chez MTI. Victor Hunter, l’avocat qui ne cesse de se pavaner. C’était ça ma réputation là-bas.

-Très bon concert ! Je venais de félicité de la part de MTI. Don aime envoyer quelqu’un voir ses artistes jouer sur scène. C’est moi qui ait été mandaté pour venir te voir et je ne suis pas déçu du tout. Le public a adoré.

Il n’y avait pas un bar rempli comme avec le concert de Sniper mais c’était pas mal. Quant à Don, il ne faisait pas du tout ça mais un petit mensonge de fait pas de mal, si ?

-J’ai adoré. Et pourtant, je suis exigent. Au fait, je m’appelle Victor Hunter.

Je lui tendis ma main pour qu’elle la serre.

Samantha m’avait organisé un concert au Rainbow et j’étais emballée. Elle faisait vraiment tout en son pouvoir pour me donner de la visibilité après la fin abrupte de la tournée de Lola qui n’avait pas dépassée la moitié des dates. Ça avait été un coup dur pour moi qui en était à mes premières armes et qui se faisait offrir de partager la scène de la plus grande diva de tout le monde entier !  Malgré tout, je tenais bon et je faisais confiance aveuglément en ma manager.

La scène du Rainbow n’avait rien à voir avec celles que j’avais foulée en tournée mais mon plaisir n’en était pas diminué. Le public était en feu, je dansais et chantais dans ma robe à froufrous multicolores. J’adorais les costumes de scènes excentriques !  Je ne saurai jamais pourquoi Lola avait refusé que j’en porte pour sa première partie. Elle aura emporté ce secret dans sa tombe, paix à son âme !

Samantha disait souvent que ma force était le fait que je savais chanter aussi bien dans les aigues que dans les graves, ce qui faisait que je pouvais interpréter à peu près n’importe quoi dans n’importe quel style. J’aimais donc beaucoup jouer avec ça pendant mes prestations, passant d’une chanson plus rythmé à un truc plus langoureux, un brin jazzy. J’étais aussi très impressionner d’entendre des gens dans la salle chanter. Ce n’était pas le genre de salle dans laquelle je m’attendais à ce que le public chante plus qu’il ne se saoulait. Oh ! Ce n’était pas une critique hein, loin de là ! Les gens pouvaient bien boire, tant que cela les rendait joyeux, je n’avais aucun soucis avec ça !

Mon spectacle, comme toute bonne chose, s’acheva ce qui était bien dommage car j’aurais pu continuer toute la nuit. Mais Samantha, qui ne pouvait être présente ce soir, m’avait bien précisé que c’était un contrat de quatre-vingt-dix minutes, que je pouvais faire une ou deux chansons de plus si les gens le demandaient mais pas plus. J’avais donc regagner ma petite mini loge dans laquelle la crinoline de ma robe en touchais pratiquement tous les murs en même temps.

On avait toqué à ma porte et, surprise d’avoir un visiteur, je permis qu’on entre. Mon invité surprise était Victor Hunter. Accro aux journaux à potins comme je l’étais, j’avais vu son visage dans les pages de L.A.People il n’y avait pas si longtemps de ça.

Avais-je besoin d’un avocat ?

Mon dieu, j’espérais que non ! Quoi que si tel était le cas, Samantha m’aurait prévenue. Elle n’étais pas du genre à oublier ce genre de détail, jamais !

- Bonsoir !

Il disait être là à la demande de MTI parce que Don Hughes aimait bien que quelqu’un de la boîte vienne en son nom féliciter ses artistes.

- C’est gentil ! Merci !

Je gloussais en posant mes mains sur mes joues fort probablement rougies de bonheur ! J’avais hâte de lire les critiques, s’il y en avaient. Il n’y en avait pas tout le temps pour des concerts faits dans les bar mais qui sait ?

- Victor Hunter, le marie de Carrie Hughes et frère de Victoria Hunter, je sais ! Je connais bien ma jet-set locale! Je suis ravie que vous ayez aimé, surtout si vous dites que vous êtes exigent ,en plus ! Quelle chanson avez-vous le plus aimé ?

J’étais impatiente d’entendre sa critique, c’était important pour moi de savoir !

Shiri était pétillante et m’accueilli dans clair « bonsoir ». Elle portait une robe à froufrous, celle-là même qu’elle avait porté pendant son concert. Je suis certain à mille pourcent qu’elle est encore mieux sans… Sans robe et sans rien, en fait. Bref, je lui souris me présentant comme un « envoyé de Don Hughes ».

Mes compliments semblait faire leur petit effet car la jolie Shiri rougissait et gloussait comme une jeune adolescente devant son crush. Je savais que Shiri était une artiste horriblement stressée. Je l’avais appris des roadies de chez MTI. Elle remaniait souvent ses chansons. Une vrai Lighter au féminin. Elle a même des cheveux roux comme lui. Sauf que Shiri semblait bien plus joviale que ne l’était le chanteur de The Lightening.

Je m’étais présenter mais Shiri me connaissait. Elle savait que j’étais le mari de Carrie Hughes et le frère de Victoria Hunter. J’étais impatient que le jour arrive où on dira que Victoria Hunter est la sœur de Victor Hunter et que Carrie Hughes est la femme de Victor Hunter. Bref, en gros, que ça soit moi qui soit le plus connu. Mais pour ça, j’en avais du chemin à faire. Mais je souris voyant que, au moins, Shiri savait qui j’étais.

Elle se demanda quelle chanson j’avais le plus aimer. Je n’avais pas retenu les titres et j’avais souvent préféré me concentré sur son déhanché que sur la musique. Alors, je fis une moue de réflexion réfléchissant :

-Sincèrement ?

J’esquissai un petit sourire.

-Très difficile d’en choisir une seule. Vous avez un style particulier et toutes vos chansons ont quelque chose d’intéressant. Votre voix à beaucoup de variété. C’est dingue avec quelle facilité vous passez des aigus aux graves. Ça a de quoi faire pâlir Lighter en personne.

Lighter avait un énorme vocal range. Je ne crois pas que quelqu’un en avait un aussi grand. Mais Shiri, elle aussi, se démarquait là-dedans.

-A votre âge, même ma sœur n’avait pas autant de talent. Pourtant, c’est une grande chanteuse. Mais vous, vous avez quelque chose en plus. Puis, vous avez le sens du spectacle avec vos tenues.

Même si, je continue à le dire, elle serait mieux sans rien du tout.

-Ça a dû vous couper un peu les ailes de voir la tournée de Lola se terminer abruptement. Je me trompe ? C’était un bon tremplin pour obtenir plus de notoriété… J’espère que ça ne vous a pas fait perdre confiance en vous…

Depuis le début de ma jeune carrière, cela n’était pas encore arrivé que je reçoive de la visite dans la loge après un concert, autre que ma famille et ma manager. Ce soir, aucun d’eux ne pouvaient être présent alors ce fut excitant que de découvrir qui se cachait derrière la porte.

Victor Hunter disait que c’était l’idée de Don Hughes s’il était venu me voir, que MTI aimait envoyer un représentant maison pour féliciter ses artistes. Victor n’était pas vraiment de la boite mais étant marié à la fille du grand patron, c’était tout comme !

Il semblait surpris en constatant que j’en savais autant sur lui ! J’étais une grande dévoreuse de magazine en tous les genres alors ce n’était pas étonnant que je puisse connaître les plus beau jours et les petits travers de tous et chacun. Mon journaliste préféré était Amon Sørensen même s’il avait la plume autant acérée que la langue fourchue d’une vipère ! C’était ce qui me plaisait, peut-être que j’apprécierais moins si un jour il écrivait un truc méchant sur moi !

Je voulais profiter de la visite d’un représentant de MTI pour avoir l’heure juste sur ma prestation et donc, je lui demandais laquelle de mes chansons il avait préféré. Mon sourire s’illumina quand il confessa avoir bien du mal à en choisir qu’une seule. Cela voulait dire que mon spectacle avait été parfait ! Ça me fit trépigner de plaisir, et plus encore quand il complimenta ma voix !

- Oh ! Merci ! Merciiiiii ! Merciiiiiii !!

Victor continua de me complimenter épais, autant épais que le beurre sur une tartine de pain frais. Il disait que j’avais autant de talent que sa sœur, la grande et phénoménale Victoria Hunter. Je ne savais plus quoi dire tant le compliment étant grand et apprécié.

- Vous allez me faire pleurer ! C’est beaucoup trop d’éloge pour un petit concert fait dans un bar !

S’il m’avait vu sur une belle et grande scène comme celles que j’avais foulés pendant la tournée, il aurait été bien plus impressionné !

- J’adore les robes de ce style e les costumes de scènes farfelus. Vous ne trouvez pas qu’elle me va bien, ma robe ? Samantha a dit qu’elle s’agençait bien à mon teint, je crois qu’elle a bien raison !

Samantha ne mentait jamais ! Elle me donnait toujours l’heure juste même si parfois c’était un peu brusque. Mais grâce à elle et à ses méthodes de travail, ma carrière avançait au point où je voyais l’étoile du succès briller droit devant ! Je ne la perdais pas de vue, oh que non !

Victor me questionna sur la tournée avortée et sur ce que cela avait pu me faire. Je baissais un peu les yeux tout en jouant avec un pan de ma robe. Ça n’avait pas été super d’apprendre une telle nouvelle, mais vu tout ce qui c’était passé ensuite, je ne pouvais pas en vouloir à Lola

- Bah vous savez… Sur le moment, la déception à été grande mais je ne pouvais rien contre la volonté de Lola et Samantha m’a bien expliqué qu’elle ne pouvait pas me mettre en tête d’affiche mais elle m’a dit que j’avais le talent pour l’être. Puis Lola est décédée alors c’était un signe que cette tournée ne devait pas avoir lieu. C’est triste, hein ? Mourir si jeune !

Shiri semblait vraiment apprécier mes compliments. Elle réagissait comme une petite fille devant ses cadeaux de Noël. Il ne fallait pas que j’en dise beaucoup pour qu’elle s’étale en remerciements.

Quand je la comparai à ma chère sœur, elle déclara que j’allais la faire pleurer. Elle trouvait que c’était beaucoup trop pour un petit concert dans un bar. J’en rajoute une couche ? Ok, rajoutons une couche !

-Ce n’est pas la taille du bar qui fait la grandeur du concert.

J’avais parlé de sa tenue et elle expliquait aimer le style farfelu. Elle me demanda si sa robe lui allait bien et que sa manager avait largement approuvé ce choix. Moi, j’étais persuadé qu’elle était bien mieux sans. Toutes les femmes bien foutues sont mieux sans vêtement de toute façon. J’esquissai un petit sourire.

-Votre manager a raison. Elle vous va très bien. Mais elle doit tenir chaud, non ? Surtout en concert. Mais bon, les femmes ont l’habitude de souffrir pour être belles, alors…

J’avais, ensuite, parlé de la tournée à laquelle Shiri avait participé. Celle de Peyton… Elle avoua que, au début, ça avait été une déception. Mais qu’elle n’avait rien pu faire et que Samantha n’avait pas osé la faire continuer en tête d’affiche. Je fis la moue. Samantha jouait bien plus la sécurité que son mari ou que Daryll dans son jeune temps. Le manager de Vicky l’avait lancé dans la cage aux lions alors qu’elle n’avait que quoi ? 16 ans ? 17 ans ? Il l’avait fait tourné en tête d’affiche et ça avait fonctionné.

Je me laissai tomber sur une chaise fixant Shiri avec un air grave quand elle parla de la mort de Lola.

-Très triste. Je la connaissais. C’était une amie. Elle a toujours su ce qu’elle voulait, Peyton. Elle va me manquer.

C’était sincère. Mais ça ne m’empêchait pas d’aller de l’avant et de, petit à petit, me dire que je devais passer à autre chose.

-Samantha aurait dû tenter. Vous avez le talent pour faire une tête d’affiche. Mais je comprends sa prudence. Elle ne veut pas brûler les étapes. Mon beau-père adopte souvent la même philosophie.

Un peu trop parfois… A trop de prudence, on rate souvent des bonnes occasions.

-Mais vous aurez sûrement l’occasion de faire vos armes sur une tournée bientôt. Ou sur un album.

Je lui fis un petit clin d’œil avant de lancer, mine de rien.

-Sinon, vous avez un petit ami ? Quelqu’un qui vous soutient au jour de jour dans votre carrière ?

Victor Hunter était tout en compliment alors qu’il me comparait à son illustre sœur, un grande diva de la chanson que j’admirais depuis tant d’années, Victoria Hunter. S’il tentait de me flatter dans le sens du poils, il y parvenait sans peine et j’adorais ça ! Qui n’adorerait pas se faire dire que nous étions pleins de talent ?

Je portais toujours ma belle robe multicolores dans laquelle j’avais donné mon concert. Samantha ne faisait pas de cas de l’excentricité de mes tenue bien que parfois, je voyais son air perplexe se dessiner sur son visage. Cependant, Samantha encourageait l’expression artistique sous toutes ses formes. D’ailleurs, le choix de mes tenues avait été un point délicat lors de ma courte expérience de tournée. Apparemment, Lola voulait être la seule à faire tourner les têtes sur scène. Ça ne m’avait pas gênée, j’avais été plutôt compréhensive.

- En effet, j’ai eu très chaud et je rêve de prendre une longue douche mais ça a fait un bel effet. Voye ? Quand je me dandine comme ça de gauche à droite, les froufrous bougent et dévoilent toutes les belles couleurs et on entend le chuintement du taffetas, c’est mélodieux !

Si c’était ça souffrir pour être belle, j’étais prête à souffrir tous les jours de ma vie !

Victor, comme bien d’autres, demanda comment ça avait été pour moi que de voir la tournée pour laquelle j’avais été prise pour assurer la première partie tel un véritable conte de fée, prendre fin abruptement. Évidement que j’avais été déçue mais vu comment les choses s’étaient dénouées ensuite, je comprenais mieux pourquoi Lola avait ressentit l’urgence de tout stopper, malheureusement trop tard puisqu’elle en était morte peu après.

Aurais-je pu continuer la tournée toute seule ? J’aurais sauté sur l’occasion si Samantha m’en avait donné l’occasion mais elle m’avait dit qu’elle ne me sentais pas prête pour porter tout cela sur mes épaules seules et, qui plus est, les gens avaient payés pour voir et entendre leur diva préférée, Lola et que mon nom encore inconnu en dehors de Los Angeles n’aurait pas suffit à faire vivre la tournée. Victor croyait pourtant que mon talent aurait su faire la magie s’opérer mais qu’il comprenait que Samantha ai pu désirer jouer de prudence.

- Je crois que c’était plus sage. J’aimerais bien faire mon nom avec ma musique et non pas comme étant celle ayant ramasser les restes d’une défunte.

Je posais ma main sur ma bouche, craignant avoir été un peu rude dans mes paroles mais je voyais mal comment j’aurais pu le dire autrement. Non, valait mieux pour moi que je sortes mon propre album, que je procède par étapes, comme Samantha aimait le faire, comme Victor disait que son beau-père faisait, lui aussi.

- Exactement, chaque chose en son temps.

Victor ravivait mon rêve de succès en disant que j’aurais certainement l’occasion de faire une tournée bientôt. Un de ces quatre, oui. J’espérais pouvoir tout de suite me lancer sur les routes, je pas être celle qui chauffe la salle pour un groupe plus connu bien que je n’aurais pas beaucoup le choix.

- Oooooh c’est indiscret ça, comme question ! C’est comme de demander son âge à une femme, ça ne se fait pas !

Néanmoins, je ricanais et mes joues devenaient certainement un peu plus rouge. Je me fis un peu de vent en balayant l’air devant mon visage avec ma main mais sans grand succès. C’était une vrai fournaise dans la salle ce soir, aucune chance que ce petit cagibi me servant de loge n’échappe au climat dignes des tropiques !

- Mais, non, je n’ai pas de petit ami cela dit, j’ai beaucoup de soutien, hein ! Ma famille est très présente et Samantha est géniale comme manager, une vraie maman qui veille sur moi !

J’avais beaucoup de chance d’être tombée sur elle, qu’elle me prenne sous son aile et qu’elle me guide au travers des chemins sinueux de la célébrité.

- J’ai aussi une chatte ! J’ai une photo, vous voulez la voir ?Elle se nomme Prada.  
Moi qui était folle de la mode, ça ne pouvait pas faire autrement.

Shiri confirma que porter une telle robe lui tenait bien chaud sur scène. Ouais ! Ce n’était pas très étonnant ! Mais elle aimait l’effet que ça donnait. Bref, elle savait souffrir pour son spectacle.

-C’est clair que ça donne un plus. Puis, ça vous permet de vous démarquer des autres artistes.

Je la caressais dans le sens du poil. Elle semblait apprécier les compliments et me semblait bien moins froid que ne l’avait été Livia à notre première rencontre. C’est dommage, hein, que Livia soit si froid alors qu’elle a un très joli minois.

Mais bon, Shiri n’était pas mal non plus.

J’avais parlé de la tournée avortée de Lola dont Shiri faisait la première partie. Une première expérience qui s’était arrêtée trop tôt pour la jeune artiste. Mais Samantha Ricci n’avait pas voulu l’envoyer trop vite au front en reprenant un tête d’affiche les dates de Peyton. Ça aurait été un pari risqué, c’est vrai, mais je pense qu’elle aurait dû tenter. Qui ne tente rien n’a rien, non ? D’après Shiri, elle trouvait que la décision de Ricci était sage. Etonnant tant de sagesse de la part d’une mafieuse présumée.

-C’est clair qu’il vaut mieux faire vos armes dans votre propre tournée. Mais ça viendra vite, j’en suis sûr.

Je n’avais pas été choqué par sa formulation. Il en faut beaucoup pour me choquer. Extrêmement beaucoup. Je suis avocat… J’ai défendu et je défends des enfoirés. Donc, des trucs choquant, j’en ai lu et entendu.

Shiri n’avait, donc, rien contre la prudence de MTI. J’étais, ensuite, passé à des questions plus personnelles. Elle trouva la question indiscrète mais son ricanement me fit esquisser un petit sourire.

-Vous n’êtes pas obligé d’y répondre.

Elle était toute rouge et devait le sentir parce qu’elle fit du vent sur son visage. Elle affirma alors ne pas avoir de petit ami mais qu’elle avait le soutien de sa famille et de Samantha.

-Le gens l’apprécie beaucoup, Samantha. C’est ce que je constate dans les journaux en tout cas. Elle divise moins que son mari et est moins distante que Timmy Evans. Mais il n’y a rien de tel que le soutien d’une famille.

Je venais d’une famille unie bien que très spéciale d’après certains. Ce sont tous des artistes. Ils ne fallait pas s’attendre d’eux qu’ils soient sain d’esprit. Je suis le seul sain d’esprit des Hunter. Enfin… Avec ma sœur. Ma sœur n’a pas un grain elle.

Shiri déclara avoir une chatte. Oui, ça, je sais, ma belle… Sauf qu’elle parlait de l’animal et pas d’autre chose… Une chatte nommée Prada. Dommage que la photo ne représentait pas ce que j’avais en tête au départ. Bref…

-Prada ? Original comme nom. J’aime bien. Oui, je veux bien la voir.

Elle me montra alors la photo de sa chatte… Enfin, de son chat… Bref… C’est un chat quoi.

-Très bel animal. Au moins vous avez une compagnie. C’est bien.

Je dis ça avec un petit sourire avant de la regarder de haut en bas.

-Est-ce que, vous voulez de l’aide pour enlever cette robe… Je vous retiens un peu ici et vous devez mourir de chaud.

Ma robe offrait un bel effet sur scène, j’en étais certaine ! Elle était colorée, fofolle, son style allait dans tous les sens, un peu comme moi ! Samantha me le disait souvent, je devais me concentrer sur un style pour mon album mais je n’y arrivais pas. J’aimais explorer, ne pas me restreindre à un seule style, à quoi bon ? La vie était si courte, pourquoi devais-je alors me conformer dans un moule ? Et comme le disait Victor, cela me permettait de me démarquer des autres.

- Voilà ! Pourquoi me contenter d’être une seconde Lola quand je peux être une première Shiri ?

Il était encore trop tôt cependant pour que je tienne à moi seule et au bout de mes petits bras, une tournée mondiale. L’occasion s’était présentée mais Samantha avait eu peur que cela ne me brûle les ailes plutôt que de me donner mon envole. Pour cela, j’étais bien d’accord avec ma manager ce qui ne semblait pas être le cas de Victor qui posait beaucoup de question là-dessus bien qu’il disait que je devais prendre mon temps afin de mieux me faire connaître avant d’avoir ma propre tournée.

- Elle sera grandiose, ma tournée ! Je le sais, je le sens !

J’étais destinée à briller au firmament des célébrités, ça coulait de sources.

Je fus un peu choquée ensuite par tant d’indiscrétion de la part de Victor. Il voulait savoir si j’avais un petit ami ce que je jugeais être trop personnel tout comme de demander son âge ou son poids à une femme. C’était risqué pour un homme de le faire ! Il paraîtrait même que le dernier à l’avoir fait n’a pu témoigner à son propre procès ! Bon, c’était une légende urbaine, hein mais Victor jouait avec le feu quand même ! S’il avait devant lui une tigresse de la trempe de Samantha, il s’en mordrait les doigts !

- Mais je peux choisir d’y répondre.

Ce que je fis en rougissant et en gloussant. Je n’avais pas de petit ami mais je ne me sentais pas moins bien entourée pour autant ! Je pouvais compter sur ma famille, mes amis(es) et ma manager qui avait prit une grande place dans ma vie. Victor avait comme opinion que Samantha était beaucoup appréciée des gens et qu’elle était moins controversée que son époux et plus accessible que Timmy Evans. Je ne pouvais qu’être en accord avec lui.

- Oh oui ! Samantha est parfaite ! Elle a nos intérêts à cœur et par-là je parles de nous, les artistes et pas de l’argent qu’on fait entrer dans la boîte quoique, ça compte aussi mais elle ne mets pas ça avant nous.

En tous les cas, je n’avais pas l’impression d’être réduite à une machine à faire du fric, depuis que j’avais signé avec elle.

Tant qu’à être dans les confidences, je confiais à Victor avoir une chatte nommée Prada. Elle aussi, comptait beaucoup pour moi et me procurait beaucoup de réconfort. Je proposais de lui montrer une photo et, comme il accepta, j’allais la prendre dans mon sac à main pour la lui montrer.

- Voilà ma petite Prada ! N’est-elle pas jolie, ma chatte ?

Je m’extasiais devant la photo de mon félin prenant la pose tel une reine !

Ce qui se passa ensuite me figea avant que je n’ouvre de grands yeux scandalisés et que je reprenne la photo de ma chatte un peu plus brusquement que je ne l’aurais souhaité mais Victor venait de dépasser les limites de la bienséance.

- Monsieur Hunter ! Jamais je ne demanderais à un homme, encore moins à un inconnu de m’aider à retirer ma robe ! C’est très inconvenant et puis vous êtes marié !

Ma mère aurait-elle eue raison de me dire que tous hommes quels qu’ils soient avaient toujours une idée perverse derrière la tête ?

- J’aimerais bien me changer maintenant, mais seule. Alors, si vous le voulez bien, je voudrais que vous sortiez de ma loge.

Et je demanderai à Samantha de prévenir Don Hughes qu’à l’avenir, je préférerais qu’une femme soit mandaté par MTI pour venir me féliciter !

Shiri ne manquait pas de répartie et semblait savoir comment mener sa carrière. Elle ne voulait pas être une seconde Lola ni commencer sa carrière sur cette base. Elle voulait pouvoir se distancier des autres pour être la première Shiri.

-En tout cas, vous ferez fureur en interview, il n’y a pas de doute…

Elle pensait bien que sa première tournée en tête d’affiche sera grandiose. Elle ne manquait pas de confiance en elle, en tout cas. Elle comptait percer au-delà de ses espérance. A voir si ça sera réellement le cas. A vrai dire, je lui avais fait un tas de compliments pour la baratiner. Pour moi, sur la planète, on ne trouvera jamais mieux que Lola en terme de musique faite par une femme. Livia n’est pas si mal mais je pense toujours qu’elle n’arrive pas à la cheville de la diva. Quant à ma sœur, elle se fait vieille malgré tout. Elle n’est plus forcément à la page. Et les jeunes louves comme Shiri, pour moi, ne dépasseront jamais le talent de Lola.

Mais bon ! Ne voulais-je pas tirer mon coup ? Si !

Du coup, j’étais passé à la vitesse supérieur demandant s’il n’y avait pas un petit ami dans l’histoire. Cette question semblait choquer Shiri mais j’avais lancé qu’elle n’était pas obligé d’y répondre. Mais elle choisit d’y répondre quand même.

Pas de petit ami. Bien !

J’avais complimenté Samantha, au passage. Shiri mis en avant que Samantha avait à cœur l’intérêt des artistes avant l’argent. Ah oui ? J’imagine que si Shiri ne rapportait rien, Samantha ne l’aurait jamais engagé. Donc… Il y a quand même une histoire d’argent là-dedans, je me trompe ? Shiri n’était pas dupe, elle savait que ça comptait aussi mais Samantha ne semblait pas le leur faire ressentir.

Elle sait tenir l’illusion !

-En même temps, en mettant les intérêt de l’artiste au premier plan, elle en retire tout leur potentiel.

C’était ma vision des choses… Quoi qu’il en soit Shiri me montra sa chatte. Pas celle que je voulais voir mais bien son chat, Prada. Elle avait même une photo ! C’est dire… C’était un chat comme les autres pour moi mais je souris.

-Elle est magnifique !

Ça me rappelle que Carrie veut, depuis quelque temps, un foutu chat mais j’avais toujours refusé jusqu’ici. Il va démolir tous les rideaux de la villa…

Shiri était en extase devant son foutu félin alors je décidai de passer à la vitesse supérieur en demandant si je pouvais l’aider à retirer son encombrante robe. Seulement, ça la choqua à un point que je n’aurais pas imaginé. Inconvenant ? Je me levai mettant mes mains en avant en signe d’apaisement.

-Je voulais juste vous aider…

Elle voulait que je m’en aille. Je la fixai.

-Je m’en vais… Je ne voulais pas vous offenser. Bonne fin de soirée…

Et je sortis de la loge avant de rouler des yeux. Elle se prenait pour qui, la Shiri ? Une princesse ? Pas étonnant qu’elle n’a aucun petit ami et qu’elle doit se rabattre sur un chat comme seule compagnie. En se choquant pour rien c’est ce qui arrive…

Je rejoignis la salle principale du Rainbow où se trouvais Travis. Je vins m’asseoir à sa table après avoir commandé un whisky d’un air bougon.

-Alors ?

Il avait dit ça avec un sourire en coin.

-Trop frigide… Les jeunes femmes comme elle sont souvent comme ça. Elle ne savent plus s’amuser.

Il rigola avant de me taper dans le dos assez fort que pour me faire tiquer et froncer les sourcils.

-Mon pauvre Victor. Il faut que tu vises plus bas… Tu as le fric. Pas encore la célébrité. Allez, je te paye le verre pour te consoler.

Ouais… C’est ça… J’hochai de la tête. Je crache jamais sur un verre gratuit.