La séances de dédicaces avait duré longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. Ça avait été fatiguant au point où j’avais renoncé à boire une verre avec les autres juste après. De toute façon, on avait pas mal bu pendant toute la séance de dédicaces…

Cash s’en était, donc allé rejoindre Savannah chez sa mère quant à moi, j’avais embarqué dans ma Lamborghini conduite par Liam pour rentrer à Malibu.

-J’espère qu’on aura pas à faire ça trop souvent…

Je préférais les concerts aux séances de dédicaces. Je pouvais mieux m’exprimer en concert et sortir tout ce que j’avais sur le cœur. Les séances de dédicaces permettaient une autre connexion avec les fans mais la dose de stress et la possibilité que tout dérape était telle que c’était trop difficile à supporter.

Il me fallait une pause…

Je voulais retrouver April… Et mon piano.

J’avais regardé le paysage défiler alors que, à la radio, on passait la chanson que Roadtramp avait obtenue de Finan Quinn. Un nouveau tube… Loin de l’univers de The Lightening.

Quand on reprendra la route, les gens verrons qu’on avait encore largement notre mot à dire. Que c’était nous le groupe qui représentait le mieux Los Angeles.

C’est ce que je voulais montrer lors d’une prochaine tournée.

Au fur et à mesure du voyage mon regard et mon esprit se perdait dans les paysage de L.A..

Jusqu’à-ce qu’on arrive à la maison.

-Viens prendre une bière, Liam… Avant de partir.

Ce n’était pas une proposition… En fait, j’avais envie qu’il prenne une bière. C’était une façon pour moi de le remercier. Une offre que je ne voulais pas qu’il refuse.

Il me suivit, donc, à l’intérieur. Je passai par le salon où ne se trouvait pas April.

-April ? T’es là ?

Je remarquai un note sur la table basse. Je la pris alors dans ma main pour lire un mot qui venait d’April.

April qui m’en voulait. April qui me disait que je la tirais vers le bas. April qui s’en était allé.

Je tremblais les yeux écarquillé devant un tel mot.

-Putain !

C’est ce que je lançai d’une voix teinté de tristesse et de colère.

April venait de quitter sans préavis.

-Elle a pas osé faire ça !

Si elle avait osé.

Je shootai un grand coup dans la table basse qui se retourna sous le coup.

-Elle s’est barré ! Pourquoi ?! Je lui ai tout donné !!

C’est ce que je croyais intimement. Les larmes coulaient le long de mes joues. Des larmes de colère et d’incompréhension.

La séance de dédicaces était un exercice stressant… Tant pour le groupe que pour moi. Cash avait sa façon bien à lui d’affronter ça : il était bourré et ne cessait de boire pendant toute la séance. Ça l’anesthésiait. Billy, lui, encaissait beaucoup plus. Alors quand il fut dans la voiture pour rentrer à la maison, je le sentis soulagé que ce soit fini avant même qu’il ne me le dise.

-Je sais Billy. Mais Samantha et Lenny sont très au courant que c’est difficile pour vous. Alors je ne pense pas qu’ils vont en organiser de trop.

Je regardai Billy brièvement avant de reposer mes yeux sur la route qui défilait… Le paysage urbain laissa bien vite place aux collines arides qui allaient nous accompagner jusqu’à Malibu.

-Faut comprendre que pour les fans, c’est quelque chose d’important. C’est un peu comme si vous leur deviez un peu plus que votre musique. Je sais que c’est con, mais c’est comme ça.

Le principe de « tu donnes une main, on te mange le bras »… Les rockstars comme The Lightening étaient constamment exposés au public. Ils n’avaient pour ainsi dire pas de vie privée. Pourtant, Billy faisait tout pour s’en créer une, de vie privée… Quitte à rester reclus chez lui pour ça.

J’arrivai dans la grande allée de la villa et souris en voyant ma propre voiture, beaucoup plus modeste que celle de Billy. Cela dit, sincèrement, je n’enviais pas mon protégé. Quand je le voyais constamment anxieux, j’étais content d’avoir ma vie et non la sienne.

Billy m’invita à entrer prendre une bière avant de partir.

-Avec plaisir !

J’acceptais toujours et il le savait. Parce que, depuis le temps, je savais que c’était sa façon à lui de me remercier pour mes services. Je sortis donc de la voiture, lui rendant les clés avant de le suivre dans sa magnifique maison.

Son premier réflexe, une fois entré, fut d’appeler April. Je n’avais rien contre elle mais… Elle me mettait mal à l’aise. Parce que si je savais très bien comment me comporter avec Billy, je n’avais pas encore compris comment sa petite amie fonctionnait. Billy était maniacodépressif… Je ne savais pas de quoi était atteinte April, mais elle n’avait pas non plus toutes ses frites dans le même sachet.

La jeune femme ne répondit pas à l’appel du chanteur. Je fronçai les sourcils… Avec eux, ce genre de truc était toujours inquiétant. Ils pouvaient être simplement à se morfondre dans le lit… ou en train de se vider de leur sang dans leur baignoire.

Billy se dirigea vers le salon. Moi, vers la cuisine…

-Je vais nous servir les bières.

Le temps qu’il trouve April. Mais quand j’entendis un grand fracas dans le salon, je m’y précipitai à toute vitesse, les yeux écarquillés. Et aux paroles de Billy, je compris directement ce qu’il se passait.

April était partie… libérant le potentiel de destruction de Billy. Je me postai devant lui, le tenant par les épaules et regardant dans ses yeux larmoyants de tristesse et de colère…

-Billy… Billy, je suis là.  Le mobilier n’a rien fait. Regarde-moi. Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle est partie ?

Je n’avais pas vu qu’il y avait un mot. Et Billy était fort capable de prendre une absence non justifiée pour une rupture.

Liam se disait que Samantha et Lenny n’allaient pas nous programmer trop de séances de dédicaces. C’était des managers… Ils devaient aussi penser à la maison de disques pour laquelle ils travaillaient. Mais ça ne m’empêcha pas de lancer :

-Ils ont intérêt.

Liam mit en avant que les fans étaient important. Je le sais. Pourquoi j’ai tant envie que mes concerts soient parfait ? Parce que je respecte mes fans. Je ne veux pas qu’ils soient déçus. Mais je n’aimais pas l’idée de leur devoir plus que notre musique. Ce n’est pas « con », ce n’est simplement pas normal.

-Je ne leur dois que de la musique. Le reste… Ça ne les regardent pas.

Parfois j’aimais être exposé. A d’autres moments je n’aimais pas ça. Tout était une question de feeling et c’était très complexe à comprendre pour les autres. Surtout pour les fans qui sont constamment en demande… Sans compter les maisons de disques… Les managers… Ils veulent tous une petite part de The Lightening. Comme s’ils avaient besoin de prendre avec eux une partie de notre âme.

Mais sans eux, nous ne serions rien.

Tout était complexe.

On finit par arriver chez moi. Je proposai à Liam de prendre une bière en espérant, comme à chaque fois, qu’il accepte. Il accepta me faisant sourire alors qu’on entra dans ma villa.

Une fois à l’intérieur, j’appelai April mais je ne reçus aucune réponse. Si ça me fit tiquer, je continuai à progresser entrant dans le salon alors que Liam alla dans la cuisine chercher les bières.

Mais quand je finis par voir le mot sur la table basse, je ne pus m’empêcher d’avoir une mauvais présentiment.

Présentiment qui se confirma à la lecture du mot.

April était partie.

Elle disait que c’était ma faute.

Ça me mit hors de moi et je ne tardai pas à passer ma haine sur le meuble. Je criai à qui voulait l’entendre que j’avais tout donné à April. Je l’avais soutenu quand sa tante était morte. Je l’avais aimé. J’ai tenté de l’aider ! Et en retour, elle disait que je l’avais tiré vers le bas ?!

Liam arriva tenant mes épaules avant de me demander ce qui me faisait dire qu’April était partie. Je lui tendis le mot d’une main tremblante.

Je le laissai lire, mes muscles contracté par la colère et la tristesse.

-Elle dit que c’est ma faute… J’ai tout fait pour elle ! Je l’aimais ! Je lui ais offert tout ce qu’elle voulait. J’ai essayé de l’aider ! J’ai accepté ses petits caprices ! Elle se fiche de moi, là ?! Elle est partie sans préavis ! Comme ça !

J’étais en colère et ma colère se retournait inévitablement contre April que je trouvais ingrate !

Billy avait raison, dans un sens. Il aimait faire de la musique, pour lui et pour les autres. Que devait-il de plus au monde ?

Rien.

Pourtant, les gens estimaient qu’en tant que rockstar, Billy leur devait toute transparence au sujet de sa vie. Ce qu’il faisait, quand il dormait, les médicaments qu’il prenait, avec qui il couchait, où quand, comment, pourquoi.

-je suis d’accord avec toi, Billy. Moi aussi, je trouve ça intrusif…

Je soupirai et haussai les épaules.

-Mais c’est comme ça.

Ça me fit penser à un fait historique… Il paraissait qu’en France, à une époque, des gens de la haute société étaient invités tous les matins à assister au réveil du roi… Ce qui comprenait le lever, la toilette et les premières selles du matin…  Du délire…

Pour les rockstar comme Billy, c’était un peu pareil.

On arriva à la villa et, comme chaque fois, je fus invité à venir prendre un verre. Mais alors que j’étais à la cuisine, je l’entendis faire des dégâts dans le salon et me précipitai, manquant de glisser sur le carrelage impeccable.

Billy avait retourné la table basse et avait les larmes qui lui coulaient le long des joues.

Il était persuadé qu’April était partie, qu’elle l’avait quitté.

Je le pris littéralement en main pour que son regard se fixe sur le mien et qu’il ne casse rien d’autre. Pas que je m’inquiétais pour le matériel, mais il était capable de se blesser en voulait passer ses nerfs sur le mobilier.

Puis je savais exactement quand son mental était sur le point de flancher et il ne fallait pas que ça arrive.

Quand je lui demandai ce qui lui faisait dire que sa petite amie était partie, il me tendit un bout de papier d’une main tremblante. Je lus le petit mot laissé par April. Et je serrai les dents.

-C’est injuste.

Non seulement, elle s’était barrée en lui laissant juste un mot, mais en plus, elle lui laissait de quoi bien culpabiliser.

Ok. Je n’avais jamais eu de dent contre April jusque-là… j’avais juste toujours eu peur de dire une connerie qui l’aurait mise dans un état pas possible… Du coup, j’avais toujours fait très attention avec elle. Mais là, c’était exagéré.

Je replongeai mes yeux dans ceux de Billy.

-Ecoute, Billy. April a toujours été mal dans sa peau. Ce n’est pas ta faute, quoi qu’elle en dise. Comme tu dis, tu as fait de ton mieux avec elle. Si elle n’était pas contente avec ça, alors tant mieux qu’elle soit partie.

Je fis la moue.

-Elle ne te méritait pas.

C’est comme ça… C’était ce que disait Liam… C’est comme ça. Ça ne devrait pas mais ça l’était. Je savais que je devais vivre avec et subir ça. Je n’avais pas vraiment le choix.

Je me tus après cette conversation. J’avais besoin de repos et je savais que je pourrais le retrouver dans ma villa perdue dans les hauteurs de Malibu. Un lieu de réclusion parfait. Un lieu qui abritait à la fois mon salut et mes démons.

Un lieu où se trouvait April.

Du moins, c’était ce qu’étais censé renfermé ce lieu. Mais après quelques pas dans le salon, je sentis que quelque chose n’allait pas.

Et le mot sur la table confirma mon pressentiment. April était partie. Elle me blâmait pour son malheur. Elle me blâmait pour se départ.

Ce n’était pas juste.

Je passai ma colère sur la table basse avant que Liam n’intervienne cherchant à comprendre. Je lui passai le mot et il trouvait ça tout aussi injuste que moi.

J’avais cherché à ce qu’April soit heureuse. J’avais chercher à tout lui donner. Mais elle n’était pas heureuse. Pire, elle pensait que j’étais responsable de son mal-être.

Et ça me mettait en colère.

Liam chercha à capter mon regard pour expliquer qu’April avait toujours été mal dans sa peau. Que ce n’était pas ma faute. Il pensait que si elle n’était pas content avec ce qu’elle avait alors c’était mieux qu’elle soit partie.

Elle ne me méritait pas.

Sauf que je l’aimais toujours. Mais à l’amour se juxtaposait la colère que je ressentais pour elle à cet instant. Ce mélange, je l’avais ressentis bien trop souvent.

-Elle ne mérite surtout pas tout ce que j’ai fait pour elle. C’est comme si… Elle ne m’avait jamais vraiment aimé. Elle est comme le public… Elle profite de ce que je peux lui donner et quand ce n’est plus assez, elle s’en va.

Je serrai des poings toujours en rage.

-Elles sont toutes pareilles. Toutes.

Toutes celles qui avaient partagés ma vie m’avait fait ça.

-Quand April se rendra compte que je lui ais tout donné, elle reviendra.

C’est ce que je pensais… Parce que je n’arrivais pas à me débarrasser de l’amour que j’avais pour elle. Mais je ressentais trop de colère que pour retourner toute la planète pour retrouver April.

Je cherchais le regard de Billy… Je voulais qu’il s’accroche au mien comme à une bouée de sauvetage. Parce que je savais ce que ce genre d’événement, le départ d’une petite amie, pouvait causer comme dégâts dans l’esprit du chanteur. Ce n’était pas la première fois… Pas que je commençais à être habitué parce que c’était chaque fois différent…

Mais je savais que je devais être là pour lui.

Il n’y eu pas plus de destruction, pour l’instant. Mais, moi qui avait tendance à soutenir la gente féminine, pour le coup, j’étais sidéré par la dose de culpabilité que April avait voulu donner à Billy en partant.

C’était injuste. C’était dégueulasse.

Ok, ça n’avait jamais été un couple vraiment complice, rongés qu’ils étaient tous les deux par leurs démons. Mais je savais que Billy aurait pu être beaucoup plus détestable avec elle qu’il ne l’avait été ! Comme il le disait, il lui avait donné au maximum de ce qu’il pouvait lui donner.

Et surtout, l’amour qu’il lui avait voué avait toujours été sincère.

Du coup, qu’elle parte, ok. Mais qu’elle parte en laissant à Billy un sentiment de culpabilité pour son mal-être à elle… Non. Je n’étais pas d’accord.

Et Billy en était venu à la même conclusion.

Je soupirai.

-Tu as raison. Tu as fait ce que tu as pu avec elle. Mais je t’en prie, ne tient pas compte de ce qu’elle raconte dans ce mot. Je ne t’ai jamais vu aussi patient avec une femme.

Pourtant, j’étais bien placé pour savoir qu’il fallait se la coltiner.

Du coup, Billy en vint à la conclusion que les femmes étaient toutes pareilles. J’eus un pauvre sourire.

-Ne les condamne pas toute… Un jour, tu trouveras ton âme-sœur…

Je le pris par le coude.

-Assieds-toi, je vais chercher les bières.

Je le laissai seul à peine une minute avant de revenir avec les boissons. Et je m’installai dans le fauteuil en face du sien, prenant une belle gorgée du liquide pétillant.

Puis, je fis la moue.

-Si elle revient… Tu veux mon avis, Billy ? Je sais que tu n’aimes jamais quelqu’un à moitié. Mais si elle revient, ne la reprend pas. Elle a assez profité de toi. La reprendre, ce serait te replonger dans un cercle vicieux.

Je le regardai.

-Ce dont tu as besoin, Billy, c’est d’une femme qui n’a pas de problème et qui pourra te soutenir quoi qu’il arrive…

Je me grattai la tempe.

-D’ailleurs, c’était quoi, son problème, à April ? Je ne l’ai jamais comprise et elle me mettait mal à l’aise.

Je tremblais de rage et de tristesse encaissant très mal ce départ. Elle n’avait même pas voulu discuter. Elle n’avait même pas voulu me prévenir ! Elle était partie, point à la ligne. Sans plus d’explication que celle qui me remettait tout sur le dos !

Je clamai avoir tout fait pour elle. C’était vrai. Je lui avais tout donné. Je lui avais donné un toit. Et, surtout, de l’amour. Liam déclara que j’avais raison. Que j’avais fait tout mon possible. Il ne voulait pas que je prenne compte de ce qu’elle avait dit dans son mot…

Comment je pouvais ne pas le faire ? Comment je pouvais oublier ce qu’il est écrit.

-Mais elle ne l’a pas vu ! Sinon, elle n’aurait pas dit tout ça !

Je lui en voulait. Je m’en voulais. J’en voulais au monde entier. Mon cœur vacillait entre la tristesse et la colère. Mais c’est cette dernière qui l’emporte alors que je déclarai que toutes les femmes étaient les mêmes. Toutes m’avaient abandonnées. Absolument toutes !

Pourtant, Liam me demandait de ne pas les condamné. Je serrai les poings. Comment pouvait-il dire ça alors qu’il me suivait depuis des années. Il avait bien dû le voir qu’elles étaient absolument toutes les mêmes.

-Un jour ? Quand ?! Je ne crois pas que je la trouverais !

Non. Je n’y croyais plus. C’était fini. April c’était le coup de trop. Je les emmerdent toutes ses femmes qui profitent de toi avant de te larguer.

Liam me pria de m’asseoir et je le fis attendant les bières. Mes muscles étaient toujours contractés et quand Liam revint avant les bières, je m’envoyais directement une grosse gorgée.

Liam déclara que si April revenait, je ne devrais pas le reprendre. Je plissai du nez. Avec Savannah Osborne, j’avais fait l’erreur de la reprendre pour qu’elle me plaque à nouveau. Liam avait sans doute raison. April fera la même chose.

-De toute façon, pourquoi est-ce qu’elle reviendrait alors qu’elle me croit coupable de son malheur ?

Je dis ça sur un ton désabusé et rempli de sarcasme.

Liam disait ce dont j’avais besoin était une femme sans problème. Je bus d’une traite le reste de ma bière avant de fixer Liam droit dans les yeux.

-Ah oui ? Et je trouve ça où ?

Elles ont toutes des problèmes !

Il se demanda alors quel était le problème d’April. Elle en avait… Et j’avais pensé que le fait qu’elle en ait lui permette de mieux me comprendre. Mais nos démons n’ont fait que s’alimenter de plus en plus les uns et les autres.

-Elle ne se voyait pas telle qu’elle est… Elle était obsédée par son corps. Elle ne l’aimait pas. Elle ne s’aimait pas… Elle se voyait grosse. Elle ne mangeait pas pour maigrir. J’avais beau essayer de la rassurer mais ça ne fonctionnait pas.

Et j’avais mes propres démons.

-J’ai tout essayer. Mais nos démons étaient plus fort que nous.

Bien trop fort.

-Ce qui me faisait tenir c’était que j’étais persuadé que la tournée allait nous faire prendre du recul.

Mais elle est partie avant de savoir !

Billy tremblait littéralement de rage. J’essayais de le garder avec moi, qu’il ne se laisse pas submerger par ses émotions malgré qu’il en avait bien le droit. Mais j’avais peur qu’il se fasse mal dans l’aventure… En plus, ce n’était pas parce qu’il pouvait facilement payer les dégâts qu’il provoquerait dans la villa que c’était une raison pour le laisser tout foutre en l’air.

Il était furieux des mots employés par April… Et qu’elle n’avait même pas eu le cran de lui dire en face. Moi-même, ce comportement me dégoûtait au plus haut point.

Billy s’exprima que tout ce qu’il avait fait pour elle, elle ne l’avait pas vu.

Je grommelai.

-C’est le moins qu’on puisse dire.

Je ne voyais pas ce que Billy avait fait de mal, sincèrement. En tout cas, il n’avait rien faire de plus mal qu’April elle-même. Ils avaient des démons tous les deux. Il n’y en avait pas un qui avait tiré l’autre plus vers le bas. Ils se valaient bien.

Cependant, je ne voulais pas qu’il condamne toute la gente féminine à cause d’April. Ou de Savannah Osborne. Ou de Ruby…

Putain, c’était vrai qu’il était jamais tombé sur une femme qui aurait été aimante sans brasser derrière elle un tas de problèmes qu’elles pouvaient ensuite remettre sur le dos du chanteur avant de se barrer lâchement.

Je fis la moue… En tant que célibataire, je n’avais jamais trouvé la perle rare non plus.

-Arrête, tu vas me faire désespérer aussi…

Et s’il avait raison ? Si aucune femme n’en valait la peine ? Il y avait sérieusement de quoi se poser la question.

Je m’éclipsai pour aller nous chercher les bières avec cette idée assez dérangeante en tête. Et en même temps, une certaine résignation aussi.

Quand je revins dans le salon, après avoir pris une gorgée de bière, je conseillai à Billy de ne pas reprendre une femme qui avait pu lui faire un coup pareil. Billy, lui, se demandait pourquoi elle reviendrait alors qu’elle le pensait coupable de son mal-être.

Je soupirai…

-Je ne sais pas, Billy. Mais les voies des femmes sont impénétrables et… même si je les défends souvent dans leurs combats pour l’égalité, je garde bien en tête que certaines peuvent être bien vicieuses.

Je haussai les épaules.

-Je suis toujours célibataire, ça doit pas être pour rien.

Ce qu’il lui fallait, c’était une femme sans problème… Mais il se demandait où en trouver, légitimement. Je me levai pour, d’une main, remettre la table basse sur ses pieds et y poser ma bière.

Sincèrement ? Je ne sais pas. Mais ça doit bien exister, non ? Ni toi, ni moi ne sommes quand même condamnés à rester seuls…

Je lui demandai alors quel était le problème profond d’April… En fait, elle était anorexique, si je comprenais bien.

-Oh… ok…

Pas un petit problème, donc. Pourtant, April avait un foutu corps de rêve.

Billy avait espéré que la tournée leur permettrait de respirer et de prendre du recul. Ma bière entre mes mains, je le regardai en pinçant les lèvres.

-Bah, vous allez partir bientôt sans doute. Peut-être que tu devrais en profiter pour vraiment t’amuser. Flirter, sans attache…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Faire comme Cash…

Je désespérais… Toutes les femmes que j’avais aimée s’étaient enfuies. Alors je ne voyais pas dans quel monde je trouverais LA femme parfaite. Il n’y en avait pas. Toutes ne cherchaient qu’à s’emparer d’une partie de ma célébrité, d’en profiter avant de s’en aller.

Toutes avaient fait ça.

Mes mots semblaient faire désespérer Liam.

-C’est comme ça !

Pour moi, il n’y avait pas d’autre analyse à faire. Ma colère était telle que je ne voyais plus que le mal chez les femmes. Beaucoup avaient ralentis The Lightening. D’autres l’avaient presque détruit. Elles étaient un poison.

Liam disait que je ne devrais pas reprendre April. De toute façon, je ne voyais pas vraiment ce qui pourrait la ramener près de moi. Pas après un tel mot. Mais d’après lui les voies des femmes étaient impénétrables. Ouais ! Ça dépend lesquelles voies, hein !

-Vicieuses ? Elles son lâches aussi !

Liam déclarait être célibataire et que ce n’était pas pour rien. Je le regardais toujours animé par ma colère.

-Tu es aussi célibataire parce que ton job ne te permet pas de faire autrement.

Je n’étais pas dupe. Son travail à mes côtés devait lui prendre pas mal de son temps. Mais c’était ainsi. J’avais besoin de lui.

Liam ne savait pas plus que moi où trouver une femme « parfaite ». Mais il pensait bien qu’elle existait. Je le fixai toujours avec colère et suspicion.

-Peut-être qu’on est condamné.

Je ne voyais que ça. Ce n’est pas comme si la vie m’avait envoyé un tas de messages à ce sujet. Toutes mes relations avaient lamentablement échouées.

J’avais expliqué, ensuite, le problème d’April. Un problème que je n’avais jamais réussi à lui faire surmonter. Tout comme elle n’avait jamais réussi à me faire surmonter les miens. Pire, on s’était enlisés dans nos démons et ces derniers avaient pris le dessus sur nous. Mais ça ne m’avait pas empêché de penser que la tournée pourrait nous sauver.

April était partie avant de le découvrir. Mais la tournée était toujours à mon propre programme. Liam ne manqua pas de me le lire. Et il me conseilla de faire comme Cash.

Je le fixai longuement. Faire comme Cash. Depuis quand je n’avais pu plus profité d’une certaine liberté.

Longtemps.

J’hochai de la tête.

-Oui, je devrais faire ça.

Puis, plus déterminé :

-Je ferais ça. Sans attache.

Jusqu’à-ce que, inévitablement, je tombe amoureux.