La vie est parfois pleine déceptions…

Et, aujourd’hui, alors que j’avais décidé de me rendre seul voir ma mère biologique à Sacramento, je ne faisais que de passer de déceptions en déceptions.

J’avais rencontré une femme vivant dans un taudis qu’elle appelait « maison » et qui avait clairement un penchant pour la bouteille. Une femme blonde aux traits marqués par une vie difficiles criblées de mauvais choix et, je devais l’avouer, de retour de karma.

Ainsi, Jane Larson avait grandit à Los Angeles. Coïncidence des plus étrange étant donné que c’est là que j’avais fini par aller sans savoir que ma mère biologique était née là-bas. Jane était devenue serveuse à Los Angeles où elle s’est mariée avec un carrossier de l’Eastside. Ils ont eut un enfant… Ils vivaient très modestement… Jusqu’à-ce qu’un anglais bien foutu (ce sont ses mots) n’entre dans le bar où elle officiait comme serveuse et qu’elle n’en tombe amoureuse.

Elle a tout quitté pour lui. Son mari… Son fils… Et elle a suivi cet Anglais en Angleterre. Pour ma mère biologique, ça a été un changement de monde total. Passé un carrossier à un banquier… Un homme qui, s’il ramenait bien plus de nourriture sur la table, emmenait sa femme au cinéma, allait à des soirées guindées voulait, aussi, que Jane Larson soit une gentille petite femme au foyer qui nettoie la maison, fait le repas et toutes ses choses que Jane détestait. Mais elle aimait l’argent. Elle aimait le luxe qu’elle avait. Alors, elle ne rechignait pas.

Jusqu’à-ce qu’elle tombe enceinte…

De moi.

Son nouveau compagnon ne voulait pas d’enfant. Il avait été catégorique. Blâmant Jane de ne pas avoir pris ses précautions, il n’a quitté. Elle est tombée en dépression au point que, quand je suis né, elle n’a point eu la force de me garder.

Après avoir entendu ce récit, vous savez ce que j’ai pensé ?

Que c’est une bonne chose.

Grâce à cet abandon, j’avais eu une famille digne de ce nom et quand je voyais le taudis dans laquelle Jane vivait, j’étais d’autant plus heureux et fier d’être un Evans et pas un Larson.

Je n’arrivais pas à avoir de la pitié pour cette femme. Je n’avais, pour elle, que du mépris. Surtout quand elle déclara que, après m’avoir abandonné, elle est rentrée aux Etats-Unis pour chercher à renouer avec son ancienne famille. Evidemment, son ancien mari l’a envoyer se faire voir.

Alors elle a voyagé de coup d’un soir en coup d’un soir. De boulot en boulot. Jusqu’à se retrouvée ici, sans mari, sans enfants. Sans rien.

J’en avais assez…

-J’ai, donc, un demi-frère…

C’est ce que je dis avec peu de compassion dans la voix. Larson devait me trouver froid. Ça se voyait dans son regard.

-Oui. Il s’appelle Sonny.

Sonny Robson… Parce qu’elle m’avait dit plus tôt avoir marié un Robson. Ce demi-frère était, donc, Sonny Robson.

Quand je le disais que je passais de mauvaise nouvelles en mauvaises nouvelles.

Je connaissais Sonny Robson. Je l’avais déjà rencontré une fois. Il était un rien rustre et me semblait pourvu de peu d’intelligence. C’était aussi un ami d’enfance de Stone. Ce qui n’arrangeait point vraiment ce que je pensais de Robson.

Après avoir reçu cette information des plus déplaisante, ma mère avait cherché à ce que je lui prête de l’argent. Que si elle avait su que, « le grand Timmy Evans » (je reprends ses mots), était son fils, elle aurait cherché à renouer avec moi.

C’est vrai ? Elle m’en dira tant !

J’avais refusé de lui prêter quoi que ce soit. Je m’étais levé afin de prendre définitivement congé de cette femme que je n’avais pas envie de connaitre au-delà de ça. J’avais tenu à la voir seul, sans Lizzie à mes côtés et j’étais ravi d’avoir fait ce choix car je trouvais que tout ceci était, finalement, une perte de temps.

J’avais repris ma voiture pour renter à Los Angeles. Un long trajet d’un peu plus de cinq heures. Je comptais directement rentrer à la maison et raconter tout ceci à Lizzie. Cependant, une fois arrivée à la maison, alors que Lizzie n’était point encore rentrée du Los Robles, j’avais eu l’envie d’aller voir Robson. Je ne savais point ce qui me poussais à ça. Une envie d’avoir un autre point de vue sur cette histoire ? Je ne savais point. Mais quelque chose en moi me disait que je devais rencontrer cet homme. Le rencontrer à nouveau, plutôt. Comme si le connaitre mieux pouvait, dans un sens, calmer cette énorme déception que je ressentais.

Ainsi, j’avais cherché son adresse dans le bottin et m’était rendu chez Sonny Robson. Je m’étais présenté devant la porte de son appartement et j’avais sonné à la porte.  

Un grand blond vint m’ouvrir. Sonny Robson était un peu plus grand que moi mais je ne voyais point en quoi nous nous ressemblions. Hormis notre couleur de cheveux… Il n’y avait rien qui aurait pu présumé d’un lien de parenté.

-Bonjour Sonny… Puis-je entrer ? J’ai quelque chose d’important à vous dire.

Congé ! Trop génial ! Congé !

Heu… Mais qu’est-ce que j’allais faire ?

Parce que c’était bien d’avoir congé mais… je vivais seul… le garage était fermé aussi. Howard était en plein projet « secret » et il n’y avait pas de course prévue.

Alors mon enthousiasme retomba comme un soufflé.

J’aimais trop mon boulot d’ambulancier ! J’aimais trop le garage ! Et j’adorais, par-dessus tout, les courses et trainer avec Howard. Sans tout ça, je n’étais plus rien. Et c’était rare que tous mes passe-temps soient impossibles à faire tous en même temps.

C’était juste que ça tombait mal.

Je fis la moue, pris la télécommande et commençai à zapper. Je pourrais aller à la plage… mais tout seul ? Pff… C’est pas fun, tout seul.

En plus, il n’y avait rien à la télé… La seule émission valable, c’était celle de Vanya Kournikova, mais ça ne passait que le soir. Je jetai un coup d’œil à l’horloge… Il en restait des heures avant le soir.

Je passai donc ma journée à tourner en rond dans mon appartement. Mais je comptais bien, une fois le soir venu, aller dans un club et profiter d’un peu de musique live. Et peut-être draguer un peu, même si j’étais pas forcément doué à ce jeu-là…

Même si, en fait, je n’avais pas vraiment besoin de faire grand-chose pour attirer le regard des jeunes femmes sur moi mais le problème arrivait quand il me fallait ouvrir la bouche pour avoir une conversation.

Or, c’est rare les jeunes femmes qui aiment qu’on leur parle de bagnoles pendant des heures.

Les heures passèrent, le soleil arriva à ce coin de fenêtre qu’il touchait chaque soir vers 19 heures… Je m’étais enfilé du Mac’n’Cheese, je m’étais changé et j’étais prêt à sortir.

Mais c’était sans compter sur le sonnette qui retentit !

Je bondis vers la porte, ravi d’avoir de la visite et espérant un peu que ce soit Howard. Sauf que celui que je découvris à ma porte n’était pas Howard, mais son manager, Timmy Evans.

J’avais déjà rencontré l’anglais une fois, lors d’une course de voiture. Ça m’avait perturbé de le voir là, mais surtout, ça m’avait énervé parce qu’à l’époque, il avait essayé de draguer la fille que je draguais déjà…

Mais de le voir à ma porte, mon estomac se retourna et mon cœur fit un bon.

-Salut… Howard va bien ?!

Ouais parce que je ne voyais que ça… il devait être arrivé quelque chose de grave à Howard pour que son manager vienne me parler en personne de quelque chose « d’important ». Je m’écartai, toujours un peu stressé, pour le laisser entrer.

-Heu… Faites pas attention au bordel.

Le grand Sonny Robson se tenait devant moi certainement surpris de me voir venir ici. Mon instinct m’avait dit de venir ici certainement parce que rester sur le sentiment amer que m’avait laissé ma mère biologique ne me plaisait point. Je ne savais pas réellement si voir Robson allait améliorer ça ou bien empirer les choses. Mais ça ne coutait rien d’essayer. Puis, sans doute avait-il, aussi, le droit de savoir des choses sur sa famille qu’il ne saurait peut-être point.

Je n’en savais rien mais le fait était que, désormais, je ne pouvais plus revenir. Surtout après lui avoir dit que j’avais quelque chose d’important à lui dire. Tourner les talons n’aurait point été judicieux après une telle phrase parce que, bien entendu, nous n’avions qu’Howard en commun et le grand blond ne tarda point à se demander si ma visite concernait mon batteur. Sans doute que Sonny avait peur que je vienne ici pour lui annoncer la mort de son ami.

Mais non, nous étions très loin de ça.

Il me fit alors entrer déclarant que je ne devais pas faire attention au bordel. Il n’avait point à s’en faire, je pense. J’avais déjà vu pas mal de bordel aujourd’hui.

-Ne vous en faites pas.

J’entrai dans le petit appartement de Robson qui, effectivement, n’était point très ranger.

-Pour vous rassurer, sachez que, aux dernières nouvelles, Howard allait bien. Il se remet doucement de la mort de sa femme. Il est en phase de création, d’après ce que j’en sais.

Mais pas pour The Burning Fire mais pour son petit projet personnel ! Mais je n’étais point ici pour parler des frasques de Stone.

Nous étions dans le salon où, effectivement un certain désordre régnais. Sans doute que Sonny Robson était célibataire. Cela me semblait évident vu d’ici.

Je m’étais installé dans un des fauteuil quand il me donna l’autorisation.

-En réalité, je suis venu pour vous et non pas pour Howard. Je ne sais pas bien comment vous présenter les choses… Vous ne le savez sans doute pas mais je suis un enfant adopté. Je suis né et j’ai grandi en Angleterre. Dernièrement j’ai fait mes recherches afin de savoir qui étaient mes parents biologiques. J’ai obtenu le nom de ma mère biologique que j’ai rencontré aujourd’hui même… Elle s’appelle Jane Larson… Sans doute ce nom vous est familier…

Je n’en dis pas plus laissant à Robson le temps de digérer cette nouvelle.

Timmy Evans était presque aussi grand que moi… Et c’était quelque chose d’assez rare pour que je le remarque. Peu étaient les personnes que je pouvais regarder dans les yeux sans baisser la tête. Et c’était dans les yeux bleu clair du manager que je cherchai directement à comprendre ce qu’il faisait là.

Pour moi, il n’y avait qu’une seule raison logique : il était arrivé quelque chose à Howard.

Sinon, pourquoi Timmy Evans se serait déplacé jusqu’ici ?

Il me dit de ne pas m’en faire et je m’écartai pour le laisser entrer. J’avais un peu honte parce que l’Anglais était tiré à quatre épingle et bien coiffé tandis que moi, j’étais habillé décontracté, même pour sortir et mon appartement était dans un bordel monstre. Tous les jours soir, je rentrais du travail avec l’intention de ranger un peu, mais je finissais à tous les coups à zapper devant la télé.

Timmy acheva de me rassurer en me donnant des nouvelles d’Howard. Il allait bien et se remettait de la mort de Peyton. Il ne m’apprenait rien non plus me disant qu’Howard était en phase de création. Mon ami m’en avait parlé, de son album hommage. Et je pinçai les lèvres en saisissant le ton quelque peu contrarié du manager.

Parce que je savais aussi que cet album se faisait sans manager.

-Oh ben… ok, vous me rassurez.

Mais du coup, ça me ramenait à ma première question : qu’est-ce qu’il foutait là ? Que pouvait-il avoir à me dire de si important à moi ? On ne se connaissait même pas !

On avança vers le salon et d’un geste, je l’invitai à s’installer, enlevant moi-même le tas de vêtements sales qui était amoncelé sur un autre fauteuil…

Et j’avais même pas fini de me dégager ma place que Timmy entra dans le vif du sujet, ne faisant pas durer le suspense plus longtemps.

Il me parla de son enfance, du fait qu’il avait été adopté et avait grandi en Angleterre. Toujours en train de retirer les vêtements de ma place en les jetant à terre, je déclarai…

-Ouais, j’ai cru avoir lu ça, dans un magazine ou l’autre.

Mais il n’avait pas fini. Il avait retrouvé sa mère biologique.

Jane Larson.

J’arrêtai de chipoter aux vêtements et me retournai pour le regarder dans les yeux. Puis je me laissai tomber sur le reste de vêtements sales, sur le fauteuil.

-Quoi ? Jane Larson ?

J’avais les yeux écarquillé.

-Mais c’est MA mère… !

Je le pointai et me pointai alternativement de l’index.

-Vous voulez dire que… vous et moi… on est… on est frères ?

Ça c’était la meilleure de l’année !

J’avais rassuré Sonny Robson concernant Stone. Je ne venais point ici pour parler de Stone. Et quand bien même il serait arrivé quelque chose à Howard, je n’aurais jamais pensé à prévenir toute sa liste d’amis. Elle était bien fournie qui plus est. Puis, au pire, la presse se serait chargée de le révéler au monde entier.

Je m’étais installé dans le fauteuil quand Sonny m’en avait donné l’autorisation alors que lui semblait s’atteler à faire le rangement de vêtement froissé qu’il y avait sur un autre fauteuil. Pour faire le ménage c’était un peu tard, me semble-t-il.

Cependant, je n’attendis pas qu’il ait terminé pour en venir au fait… Bien que j’avais mis pas mal de mot pour expliquer la situation. Mais si j’y étais aller de façon plus brève je n’étais point sûr que Sonny aurait totalement tout saisi. Alors, j’avais décidé de raconter les choses du début.

J’avais vite remarqué que Sonny ne rangeait pas vraiment mais jetait, en fait, les habits au sol pour se faire une place. Pour cela, il ressemblait à sa mère…

Quand j’avais expliqué être un enfant adopté, il avait déclara l’avoir lu dans un magazine ou l’autre. J’hochai de la tête.

-Oui. C’est quelque chose que je n’ai pas l’habitude de cacher.

A quoi bon ? Je n’en avais point honte. Surtout que j’étais très heureux de la famille qui m’avait adopté. Et encore plus aujourd’hui.

J’en étais venu aux faits parlant de Jane Larson ce qui, automatiquement avait fait s’asseoir Sonny sur le reste des vêtements qui, je le remarquai, n’étaient point propres.

-Oui, Jane Larson.

Il clama alors que c’était SA mère. Ainsi, la pièce tomba quand il nous pointa tous les deux pour souligner une évidence. J’hochai de la tête restant très calme.

-Demi-frères.

J’avais insisté sur le « demi ».

-Mon père est Anglais. C’était un banquier. Cependant, il ne voulait pas d’enfants et a quitté Jane quand elle est tombée enceinte. Ça l’a mis en dépression si bien qu’elle m’a abandonné quand je suis né. Probablement la décision la plus judicieuse de toute sa vie.

Je n’aurais eu aucune envie de vivre avec une Jane Larson dépressive.

-Sachez que je n’ai aucune sympathie pour cette femme. Elle vit dans un taudis à Sacramento et semblait plus intéressée par mon argent qu’autre chose. Ceci étant dit, je me suis dis que vous aviez le droit d’être au courant.

Je m’étais laissé tomber sur le fauteuil plein de linge sale quand les paroles de Timmy avaient percuté mon cerveau… Jane Larson… C’était comme un nom sortit d’outre-tombe… Enfin, je savais qu’elle était pas morte… Quoi que, peut-être que si ça avait été le cas, je ne l’aurais quand même jamais su. J’étais tout petit quand mon père avait coupé les ponts avec elle.

Mais j’avais toujours retenu son nom, dans un coin de ma tête… Peut-être juste pour compléter mon arbre généalogique mental.

Or, il semblait que celui-ci allait encore s’étoffer.

Parce que j’avais un frère.

-Ouais… Demi-frère…

Evans avait bien insisté sur le « demi »… Est-ce que c’était du dégoût ou du mépris que j’avais entendu dans sa voix ?

J’étais bouche bée, les mains serrées en prière entre mes genoux. J’étais à la fois choqué par la nouvelle d’avoir un frère, décontenancé parce que je ne savais pas quoi en penser et… excité à l’idée que ma famille s’agrandisse.

Même si Timmy Evans et moi n’avions rien en commun.

Pendant que je me faisais toutes ces réflexions, le manager anglais continuait de parler, me racontant son histoire. Me disant qui était son père, un banquier anglais. Rien à voir avec mon propre père qui était garagiste.

Puis il parla de la dépression de Jane et de l’abandon du petit Timmy.

-Je suis dés…

J’allais dire que j’étais désolé mais Timmy continua sans faire attention à mes états d’âme. Il disait que son abandon avait été une idée judicieuse et ajouta qu’il n’avait aucune sympathie pour celle qui était notre mère qui n’en avait voulu qu’après son argent.

Je me mordis la lèvre…

-Ça ne m’étonne pas... Elle nous avait abandonné, mon père et moi, pour cet Anglais qui devait être votre père… Puis quand ça a commencé à mal tourner pour elle, elle a voulu revenir à la maison. Mon père a pas été assez bête pour la laisser revenir.

Je haussai les épaules.

-Il a eu raison, apparemment.

Je souris à Timmy.

-Merci de m’avoir mis au courant. C’est génial de savoir que j’ai un demi-frère. Et jamais j’aurais imaginé que ça pouvait être quelqu’un comme vous… Comme toi… on peut se tutoyer ?

Je me levai de mon fauteuil, ayant encaissé la nouvelle.

-J’ai des bières… Vous en voulez une ? Pourquoi vous vous êtes soudainement intéressé à vos origines ?

J’avais insisté sur le mot « demi ». Nous n’étions pas totalement frères. Nous n’avions pas le même père. Je tenais à cette certaine distance entre nous.

Je pouvais bien voir que Sonny était abasourdi par cette nouvelle. Je ne pouvais savoir à quoi il pensait et ce que cette nouvelle lui faisait. Je savais que, moi, tout ce que j’avais appris m’avait déçu. Mais ça ne m’empêchait point de donner plus de détail à Sonny sur comment j’en étais venu à apprendre tout cela et ce que je ressentais par rapport à notre mère. Quand j’avais annoncé que Jane Larson m’avait abandonné, j’entendis bien que Sonny était prêt à compatir. Mais il n’y avait rien n’à compatir. J’étais heureux qu’elle ait pris cette décision. Sans cela, j’aurais vécu avec une mère célibataire incapable de s’occuper d’elle-même. A la place, j’avais pu vivre avec les Evans qui, de mon avis, était les parents les plus compétents qui soit.

J’avais parlé de l’argent que Jane avait tenté de me soutiré à l’instant même où elle avait compris que l’enfant qu’elle avait abandonné avait fait carrière et était, désormais, un manager reconnu. Ceci n’était point Sonny qui m’avait parlé de ce moment où Jane, après m’avoir abandonné, avait cherché à renoué avec la famille qu’elle avait, auparavant, abandonné. Je pouvais entendre que Sonny n’avait pas plus d’affection pour sa mère que je n’en avais.

-Votre père a eu raison, en effet. Je ne pense pas que cette femme mérite plus de chance qu’elle n’en a eu. Elle avait une famille et l’a abandonné pour une vie qu’elle pensait plus confortable.

Sonny semblait heureux que j’ai pris le temps de le mettre au courant. J’hochai de la tête. Il trouvait cela génial d’avoir un demi-frère et pensait que le vouvoiement n’était plus de mise de ce fait. Je plissai un peu des yeux avant de lâcher l’affaire.

-Si cela vous met plus à l’aise, vous le pouvez.

Est-ce que j’aurais imaginé mon frère ainsi ? Non ! Au grand jamais. Je ne pensais pas avoir grand-chose en commun avec Robson hormis une mère indigne.

Cependant, il me proposa une bière et semblait avoir d’autres questions. Je préférais le thé mais je doutais que Robson ait ce genre de breuvage.

-Je veux bien, oui.

Je me raclai la gorge avant de répondre à sa question.

-Ce n’était pas soudain. Cela fait depuis que je suis adolescent que je me pose des questions à ce sujet. Mais cela avait le don d’attrister ma mère adoptive. Mes parents adoptifs ne pouvaient avoir d’enfant. Pour eux, j’étais comme leur enfant biologique. Ils ne m’ont jamais considéré autrement bien qu’ils m’ont adopté quand j’avais 7 ans.

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Donc, je n’avais jamais enquêter. Puis, quand je suis venu à Los Angeles, j’avais d’autres préoccupation. Mes études, puis ma carrière. Ce n’est que récemment que j’ai décidé de faire des recherches poussées. The Burning Fire peine à sortir un album… Lola nous a malheureusement quitté… Je devais prendre du temps pour moi et j’en ai profité pour en apprendre plus. Après avoir vu ma mère, je devrais recherché mon père mais j’ai bien peur de savoir quel genre d’homme il est.

Il est un peu comme moi mais nous avions tout de même des différences fondamentales.

-Je dois bien vous avouer ne pas bien savoir quoi penser de notre lien. Ni si cela va changer quelque chose… J’imagine que vous aller en informer votre père ?

Je souris quand Timmy Evans déclara que mon père avait eu raison de ne pas reprendre ma mère. Je l’avais à peine connue et ne savais même pas visualiser son visage. Mais quand elle était revenue et que mon père m’en avait informé, j’en avais directement eu la moutarde qui m’en était monté au nez ! Comment osait-elle revenir supplier mon père de revenir alors qu’elle nous avait abandonné sans aucun scrupule ?

Bref, j’avais eu de la haine contre cette femme que je ne connaissais même pas. Et apparemment, vu ce que Timmy en pensais, j’avais eu raison.

-C’est une femme vénale, pour le peu que j’en sais.

Je demandai à Evans si je pouvais le tutoyer. On était frères, non ? Il m’en donna l’autorisation, mais lui resta au vouvoiement. Comme s’il voulait garder une distance entre nous.

En même temps, à le regarder… On avait clairement pas eu la même éducation. On avait aussi clairement pas le même salaire. Mais bon… L’argent, c’est rien, comparé aux liens du sang… Si ?

Il voulait bien une bière et j’allai jusqu’au frigo, non sans lui poser une question que je trouvais pertinente : comment est-ce qu’il en était venu à se poser des questions sur ses origines ? Je revins au salon avec les bières fraîches, l’ayant écouté tout du long.  

-Ah ok… Tu as été adopté à 7 ans, donc tu savais que tes parents n’étaient pas tes vrais parents.

Je me rassis sur mon fauteuil et pris une longue lampée de bière.

-Tu devais beaucoup aimer ta mère adoptive pour ne pas chercher plus loin en étant ado… Moi, je sais pas ce que j’aurais fait à ta place.

Est-ce que j’aurais cherché ? Probablement… Comme Timmy lui-même avait fini par chercher. Y a rien à faire, savoir d’où on vient, c’est important.

Bref, Timmy en était donc venu à enquêter dès que les circonstances le lui avaient permis. J’eus un regard triste quand il évoqua Lola.

-Ouais, je sais pour The Burning Fire et Lola. Je suis un des meilleurs amis d’Howard Stone. Toutes mes condoléances.

Et s’il avait trouvé sa mère, il semblait refroidi par l’idée de retrouver son père biologique parce qu’il avait bien l’impression de savoir quel type d’homme c’était. Tenant ma bière entre mes cuisses, je le regardais intensément… Juste pour trouver des traits de ressemblance avec moi.

-Tu crois que ton père biologique n’en vaut pas la peine ? Tu vas me dire, il t’a abandonné lui aussi.

Evans, lui, voulais savoir si j’allais mettre mon père au courant.

-Bah moi je trouve que c’est cool d’avoir un frère. J’ai grandi comme un enfant unique et heureusement que j’avais Howard… Donc… ouais, je vais certainement en parler à mon père… Parce que… Bah… C’est une bonne nouvelle, non ?

Une femme vénale. C’était tout à fait cela. Il n’y avait point meilleure adjectif pour qualifié la mère que nous avions en commun, Robson et moi.

Cependant, apprendre ce lien faisait en sorte que Sonny voulait employé quelques familiarités pour s’adressé à moi. J’avais lâché l’affaire le laissant me tutoyer. Moi, vouvoyer un membre de ma famille ne m’ennuyait pas le moins du monde surtout quand je connaissais très mal celui-ci. Or, je ne connaissais quasi rien de Sonny Robson. Hormis qu’il était ambulancier et qu’il était l’ami d’Howard Stone…

J’avais, cependant, accepté la bière qu’il me proposa. J’avais ainsi, répondu à Robson concernant mes recherches et ce qui m’avait poussé à les faire. Il constata, ainsi, que j’avais toujours su être un enfant adopté. J’hochai de la tête.

-En effet, je le savais. Avoir une famille est bien plus épanouissant que de grandir dans un orphelinat. Bien que je n’étais point malheureux là-bas. Mais mes parents adoptifs m’ont apporté beaucoup plus.

Quant à ma mère adoptive, nous avions un très bon lien.

-Je l’aimais et je l’aime toujours. Nous avons une excellente relation. C’est aussi le cas avec mon père adoptif. Ce sont des parents aimants. Je ne les vois pas souvent. Ils vivent à Londres mais je me rends chez eux chaque fois que je passe dans le pays.

Et avec les tournées, j’étais passé quelques fois à Londres. Dernièrement, j’étais même passé par là pour mes recherches. Des recherches que j’avais faite afin de faire un break dans mon travail. Il le fallait avec toutes les mauvaises nouvelles qui m’étaient tombées dessus et qui tombaient toujours.

Sonny présenta ses condoléances. J’hochai de la tête.

-Merci.

J’avais retrouvé ma mère mais je n’étais point motivé à chercher la trace de mon père car j’avais bien l’impression de savoir quel genre d’homme il était. Cela fit s’interroger Robson.

-Il ne m’a pas abandonné, en soi… Il avait été clair sur le fait qu’il ne voulait pas d’enfants. Bien que je sais que, parfois, les enfants arrivent même avec toutes les précautions du monde. Mais il me semble qu’un rencontre avec lui ne m’apportera rien.

Je me demandais alors, après avoir bu un gorgée de bière, si Sonny allait parlé de tout ceci à son père. Lui semblait tout à fait heureux d’avoir un frère et comptait en parler à son père. Je n’y voyais point d’inconvénient. Mais je n’étais point aussi enthousiaste que lui.

-Je vais être honnête. Quand j’ai rencontré ma mère biologique, j’ai eu une énorme déception. Je ne m’attendais à rien en menant ces recherches afin de ne pas être déçu mais je l’ai quand même été. Quant à vous… Je n’aurais jamais imaginé que vous puissiez être mon frère. Sans offense, bien entendu. C’est juste que je ne m’y attendais pas.

Je ne savais pas bien ce que j’imaginais, en réalité. J’avais été enfant unique, moi aussi… Et je n’avais point imaginé que mes recherches aboutirait à avoir un frère.

-Mais votre enthousiasme me surprend… Howard n’a pas dû me dépeindre de façon très avantageuse.

J’écoutais attentivement Timmy Evans. Mon frère ! Je n’en revenais pas encore ! Et je n’avais probablement jamais écouté quelqu’un avec autant d’attention ! C’était incroyable ! Après toutes ces années ?

Timmy avait été content d’être adopté même s’il n’était pas maltraité à l’orphelinat. Mais il avait développé un lien très fort avec les gens qui l’avaient adopté. C’était, finalement, une assez belle histoire.

-J’ai moi aussi un lien très fort avec mon père. Je sais pas ce que je ferais s’il n’était pas là. Quant à toi… Tu as eu une sacrée chance ! Adopté si tard et pouvoir considérer tes parents adoptifs comme tiens, je pense que c’est rare.

Je souris… Et baissai un peu les yeux parce que j’avais honte de ce qu’était ma mère.

-En tout cas, tu auras certainement eu une plus belle vie que si Larson t’avais gardé.

Ouais… pas Jane… Pas « notre mère »… Larson… ça lui allait très bien. Elle ne méritait pas mieux.

J’interrogeai un peu Timmy sur ce qui l’avait amené à faire ses recherches et il n’en avait eu l’occasion, en fait, que parce que avec the Burning Fire et Lola, c’était pas la gloire pour le moment. Tout le monde avait été choqué par la mort de Lola, même ceux qui n’étaient pas fans. C’était quand même une icône dans le monde de la musique, fallait l’avouer.

Puis elle était jeune. Trop jeune pour mourir. C’était tragique. Et j’étais d’autant plus touché par l’histoire parce que je connaissais personnellement Howard.

Timmy me remercia pour mes condoléances… Puis la conversation se poursuivit.

S’il avait rencontré sa mère, le manager anglais n’avait aucune envie de rencontrer son père… Non seulement parce qu’il avait déjà une belle idée du genre de type que c’était et aussi parce qu’il pensait que ça ne lui apporterait rien. Cependant, il semblait en vouloir bien moins à son père biologique qu’à Larson. Parce qu’il estimait que son père avait été clair sur la question des enfants.

Je me mordis la lèvre.

-Putain, une chance que Larson ait pas eu la mauvaise idée d’avorter pour garder son homme.

Sinon, Timmy n’aurait jamais vu le jour. Je bus une gorgée de bière en même temps que lui. Puis, il reprit.

Il disait avoir été très déçu par ce qu’il avait découvert. Il ne voulait pas m’offenser et je ne l’étais pas… je me grattai la tête.

-Bah, je ne m’y attendais pas non plus. La première fois qu’on s’est croisés,  la course, tu ne m’as pas vraiment fait bonne impression. On a pas été élevé de la même façon, ni dans le même monde.

Cependant et comme il le souligna, j’étais enthousiaste à l’idée d’avoir un frère… Ce qui le faisait s’interroger.

-C’est clair qu’Howard est pas toujours tendre avec toi. Mais je pense que vous avez pas toujours été corrects l’un envers l’autre.

Je souris en coin.

-Mais moi, je suis pas un de tes artistes… Je suis ton frère… Et je pense qu’on pourrait gagner à se connaître un peu mieux, qu’est-ce que tu en dis ?

J’avais expliqué n’avait aucune ressentiment vis-à-vis de l’abandon de Jane. Au contraire, j’en étais ravi. Ma famille adoptive avait été aimante. Sonny expliqua, à son tour, que lui, avait un lien très fort avec son père. Ainsi, il n’avait point été malheureux malgré que Jane Larson l’avait aussi abandonné.

-Certes, j’ai eu de la chance. Bien que j’ai tout fait pour être adopté. C’est une question d’attitude.

Il confirma que j’avais eu une meilleure vie que ce que j’aurais eu avec notre mère. J’hochai de la tête convaincu de la même chose.

-Je le pense aussi.

J’avais parlé de ce qui m’avait conduit à entreprendre ces recherches si tard. Au départ, c’était pour ne pas peiner ma mère adoptive que je n’avais point cherché à savoir. Mais, dernièrement, j’avais eu le temps de faire ce genre de recherches. J’avais plus de ressource aussi que lorsque j’étais plus jeune.

J’avais ajouté que je ne comptais point rencontrer mon père. J’en avais suffisamment vu. J’avais fait montre de plus d’indulgence vis-à-vis de mon père biologique qu’envers ma mère. Sonny avait alors dit que c’était une chance que Larson n’ait pas avorté afin de garder son mari.

-Je ne vais pas dire le contraire…

J’avais avoué avoir été déçu de ce que j’avais trouvé. Il évoqua alors notre première rencontre. Je m’en rappelais aussi et il ne m’avait point apprécié ce jour-là.

-Effectivement, nous n’avons pas été élevé de la même manière. Ce jour-là, je vous ai pris pour quelqu’un de limité et bourru d’où mon comportement peut-être déplacé envers vous. Nous sommes différents. C’est indéniable. C’est pour ça que de savoir que vous étiez mon demi-frère m’a quelque peu troublé.

J’avais aussi déclara qu’Howard n’avait pas dû parler en bien de ma personne tout comme il était rare que je parle en bien de Stone bien que j’avais toujours valorisé son talent. Je ne serais point son manager si je ne pensais point qu’il était un batteur très talentueux. Sonny lui pensait que nous n’avions pas toujours été correct l’un envers l’autre.

-Les choses sont compliquées entre nous car nous n’avons pas la même vision des choses. Howard se laisse vivre, il est nonchalant et parfois irrespectueux. Je dois souvent passer derrière lui. Mais je respecte son talent.

Il déclara que, lui, n’était pas un de mes artistes. Mais je ne m’attendais point à ce qu’il dise qu’on gagnerait à se connaitre un peu mieux. Je le fixai, interloqué.

-Vous le pensez vraiment ?

Qu’est-ce que j’avais à y gagner ? Peut-être rien. Mais avais-je vraiment à y perdre ? Non.

-Et bien… Pourquoi pas ? Je n’y vois pas d’inconvénient.

Bien que je ne savais pas bien comment nous y prendre.

-Tu n’as pas de compagne, n’est-ce pas ? Et je crois savoir que tu es ambulancier, c’est bien ça ? Tu aime les voitures. Tu as grandi dans l’Eastside bien que, contrairement à Stone, ton accent est moins marqué. Je pense que c’est à peu près tout ce que je sais de toi.

C’était des choses que j’avais su par lui lors de notre première rencontre, par Howard ou par simple observation.

Timmy estimait qu’il avait eu de la chance d’être adopté. Qu’il avait tout fait pour. Je n’osais même pas imaginer ce que c’était que d’être un enfant abandonné. C’était triste, même si Evans s’en était très bien sorti. Même s’il avait eu une vie bien plus belle en étant adopté que si ma mère l’avait gardé. Mais il avait quand même passé 7 ans à l’orphelinat.

-J’imagine que tu as du avoir des hauts et des bas à l’orphelinat… Tu n’as jamais perdu espoir ?

Parce que je savais que plus un enfant était « vieux » moins il avait de chance d’être adopté.

La conversation entre mon frère et moi commençait à prendre son rythme de croisière, chacun posant des questions à l’autre de façon un peu plus naturelle qu’au début. Nous semblions aussi curieux l’un que l’autre…

Comme si on se jaugeait… Comme si on cherchait nos points communs… Qui n’étaient pas légion.

Bref, tout ça pour dire qu’au final, on était tous les deux contents que Larson n’ait pas décidé d’avorter. Sinon, il n’y aurait pas eu de Timmy Evans et je n’aurais pas eu de frère. On venait tout juste de se rencontré et pourtant, j’aurais déjà été triste de le perdre.

Même si on ne se connaissait pas encore bien. Mais ce qu’on savait, c’était qu’on était très différent. Je pouffai un peu de rire, ne le prenant vraiment pas mal quand Timmy affirma que lors de notre première rencontre, il m’avait trouvé limité et bourru.

Je passai une main dans mes cheveux.

-Bah… J’ai pas fait Harvard et on peut pas dire que je connaisse grand-chose en dehors de ce qui me passionne alors ouais, je suis peut-être un peu limité. Mais bourru ? Je sais pas, je pense pas.

Je souris.

-Toi, tu m’as semblé hautain, la première fois.

Ce que je savais vraiment de Timmy Evans, je le savais par Howard qui était vraiment pas toujours tendre avec son manager. Mais je savais aussi, toujours par Howard, que Timmy pouvait avoir l’air de prendre les gens de haut. Mon frère ne nia pas qu’il y avait des tensions entre lui et le batteur parce qu’ils n’avaient pas la même vision des choses.

-Ouais, je sais que l’attitude d’Howard peut énerver. Mais je suis sûr qu’il te respecte aussi, à sa façon… Sinon il se serait arrangé pour que The Burning Fire change de manager. Il est, avec David, le seul membre originel restant après tout. Je suppose qu’il a du coup plus à dire que les autres.

Tout du moins, c’était ce que je pensais.

Quand je proposai, à demi-mot, à Timmy de faire plus ample connaissance, ça parut le surprendre. Alors que pour moi, ça coulait de source que maintenant qu’on savait qu’on était liés par le sang, on allait se rapprocher.

-Bah… ouais, tu ne penses pas qu’on devrait ?

Peut-être que ça ne le tentait pas… Et si je le dégoûtais autant que Larson ? Une ombre passa sur mon visage à cette pensée. Mais finalement, il annonça qu’il n’y voyait pas d’inconvénient alors je fus plus rassuré et détendu. Alors il se mit à citer ce qu’il savait de moi.

-Non, je n’ai pas de compagne… Et ce que j’aime surtout, c’est la vitesse… C’est pour ça que je fais mon métier et que je participe aux courses. Quant à mon accent… je crois surtout que c’est Howard qui empire le sien par provocation.

Parce que ça lui donnait l’air encore plus nonchalant.

Je regardai Timmy avec curiosité.

-Et toi, tu as une copine ? Je sais pas mal de trucs sur toi parce que t’es un personnage public… Mais là-dessus, par contre, tu restes très discret.

-Perdre espoir ? Non. A 7 ans on ne perd pas facilement espoir. Certes, il y a eu des hauts et des bas mais nous étions très bien traités.

De ce que je m’en rappelais en tout cas. L’orphelinat où j’étais était strict et très religieux mais ça ne m’a jamais dérangé.

Nous avions, ainsi, un avis similaire sur Jane Larson. Lui comme moi n’avions pas de sympathie pour elle. Cependant, nous ne pouvions point parler sans passer par les préjugés que nous avions l’un sur l’autre. Je ne pouvais caché avoir pensé que Sonny était un être limité. Loin de le prendre mal, il confirma, en quelque sorte, mon avis. Il doutait, par contre, être bourru. Certes, il ne l’était point. Il semblait être bien plus poli que je ne l’avais imaginé. Bien plus poli que Stone en tous les cas.

-Il n’y a rien de mal à être expert en quelque chose. Mais je confirme, vous n’êtes pas bourru.

Lui disait que je lui avais paru hautain ce qui ne m’étonnait guère.

-Vous n’êtes pas le premier à le penser.

Le suis-je ? Peut-être. Cependant, il y avait bien pire défaut que celui-là et je ne pensais point être plus hautain que quelqu’un comme Jimmy Reed, par exemple.

Il était clair que la plupart des choses que Sonny savait sur moi, il les savait de Howard Stone. Ainsi, ça ne devait pas toujours être des choses positives, au contraire. Je ne pouvais point nier qu’entre moi et Stone, ça n’avait jamais été le grand amour. Sonny, lui, était persuadé que le batteur me respectait, sinon, il aurait déjà fait en sorte de changer son groupe de manager. Je pris un air pensif avant de répliquer ;

-Il faut voir, dans le cas d’Howard, s’il ne préfère pas rester simplement par facilité. Je ne sais pas s’il me respecte tant que ça. Mais nous nous supportons, c’est déjà ça.

Sonny semblait vouloir faire en sorte qu’on se connaisse mieux. Je ne m’attendais point à ce genre de demande, je dois bien l’avouer. Il semblait surpris de voir ma propre surprise. Pour lui, ça semblait naturel de vouloir faire connaissance.

J’avais fini par dire que cela ne me posait pas de problème et je finis par énumérer ce que je pensais déjà connaitre de lui. Il avait confirmé n’avoir aucune compagne. Ainsi, il n’avait point conclu avec le médecin que nous avions rencontré lors de cette course de voiture. Il avait avoué aimé la vitesse avant de dire que, pour l’accent, c’était plutôt Stone qui l’exagérait.

-Par provocation ?

Avait-il tant envie d’ennuyer le monde ?

J’en savais légèrement plus sur lui mais il ne savait pas grand-chose sur moi. Ainsi, je pris le parti de répondre à ses questions.

-J’ai une compagne. Elizabeth Spencer. Je pense que L.A.People l’a vaguement mentionné un jour. Elle est médecin généraliste au Los Robles. C’est elle qui s’occupe d’Howard. Nous sortons ensemble depuis un petit temps maintenant. Elle est Anglaise, comme moi.

J’avais marqué une pause avant de reprendre :

-En dehors de cela, je suis très occupé par mon travail bien que j’aime aussi parier. Que ça soit sur les courses de voitures ou sur la boxe. J’aime analyser les choses et déterminer à l’avance un potentiel vainqueur. De reste, il est vrai que je suis discret vis-à-vis de la presse. Pour moi, ce sont mes groupes qui doivent être connu et non ma personne. Ce n’est pas moi qui fait de la musique. J’aime être une travailleur de l’ombre.

Contrairement à Daniele Ricci. Ou même sa femme. Elle aussi aimait se mettre en avant d’une certaine façon. Bien que Ricci était quand même le pire à ce niveau.

-Je pense que c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir sur moi. Et toi ? Ton travail et les courses sont aussi ta priorité, je suppose ? Tu n’as jamais voulu courir professionnellement ?

Timmy n’avait vraiment pas été traumatisé par l’orphelinat… Mais j’étais assez d’accord quand il disait qu’à 7 ans, c’était difficile de perdre espoir. C’était vrai ! Je me rappelais que vers cet âge-là, je pensais que mon rêve pouvait se réaliser. Qu’il allait se réaliser !

Maintenant, j’en étais beaucoup moins sûr.

-Ouais, je comprends… Et je suis d’accord. C’est maintenant que parfois, l’espoir vacille.

On commença alors à faire connaissance, s’échangeant nos points de vue l’un sur l’autre. On avait plus ou moins réussi à bien se cerner, mais ça restait un peu réducteur, entre moi qui était limité et bourru et lui juste hautain.

Je rigolai.

-On doit avoir des personnalités un peu plus complexes que ça. Enfin, je l’espère.

Evidemment, tout ce que je savais de Timmy, je le tenais d’Howard ou des magazines. Mais les magazines parlaient souvent de Timmy d’un point de vue professionnel, ne s’attardant par sur sa vie privée.

Du coup, ouais, c’était Howard qui m’avait dépeint son manager. Et pas dans les termes les plus élogieux. Mais bon, je connaissais Howard aussi, hein. D’ailleurs, il ne changeait pas de manager pour The Burning Fire, ça voulait dire que ce n’était pas si pire que ça d’avoir Timmy comme manager.

Mais mon frère, lui, pensait que c’était par facilité qu’il restait sous sa coupe.

-Peut-être. Mais si tu l’énervais vraiment, je pense qu’il changerait quand même, tu sais…

Timmy s’étonna que je n’aie pas le même accent qu’Howard. Mais c’était parce que Howard aimait exagérer le sien. Enfin, au début…

-Ouais, par provocation… Pour continuer à se revendiquer de l’Eastside et qu’on oublie pas qu’il est parti de rien. Mais je pense qu’il a pris tellement l’habitude de l’exagérer que maintenant, il sait plus parler autrement.

Puis de question en question, on en vint à parler un peu plus de notre vie privée. Et j’ouvris de grands yeux quand Timmy affirma sortir avec Elizabeth Spencer !

-Hey mais je connais Elizabeth Spencer du Los Robles ! Elle m’a soigné une commotion après une bagarre. Elle est très gentille, très professionnelle.

Je rigolai…

-Nous voilà un point commun : on ne drague que les médecins ! Mais toi au moins, tu as conclu !

Timmy m’expliqua ensuite son attrait pour les paris, ce qui avait expliqué sa présence à la course où on s’était rencontrés. Je terminai ma bière alors que Timmy m’expliquait aimer rester dans l’ombre pour plutôt mettre ses groupes en avant.

-C’est très respectable, j’imagine.

Et ce fut là que mon frère me posa LA question… Je pensais à mes rêves d’enfants, un peu plus tôt… Et courir en tant que professionnel était justement mon seul et unique rêve.

-J’aime beaucoup mon travail parce que mes capacités de pilote me permettent de sauver des vies. Mais… Ouais. Être reconnu comme pilote, c’est mon rêve… Seulement… C’est beaucoup trop cher… J’économise mais bon…

J’eus un pauvre sourire.

-J’ai plus 7 ans alors il m’arrive parfois de perdre espoir.

Il est plus facile de garder espoir étant enfant qu’étant adulte. Les enfants voyaient les choses autrement or, à 7 ans, je n’avais pas perdu espoir de me faire adopté et j’avais eu raison.

Nous ne savions pas grand-chose l’un de l’autre. Juste certaines impressions bien que Sonny déclarait qu’on était sûrement plus complexe que ce que l’on percevait. J’hochai de la tête.

-Sans doute.

Surtout que Sonny, ce qu’il savait de moi, il le tenait de Stone qui ne me portait point dans son cœur. Nous travaillions ensemble mais fort était de constaté qu’on était bien trop différent pour réellement s’entendre. Je n’avais point choisi Stone et Stone ne m’avait point choisi à la base. C’est The Burning Fire que j’avais engagé et Stone n’en faisait pas encore partie à l’époque. Il est venu légèrement plus tard quand j’avais sommé au groupe qu’il leur fallait un nouveau batteur pour réussir. Bien que, d’après Sonny, s’il restait avec moi c’est qu’il me respectait quand même. Il en semblait persuadé.

-Peut-être. Nous verrons.

Si The Burning Fire décidait, eux aussi, de partir, je n’aurais plus qu’à retourner dans les club et recommencer les choses du début. Ce que je ne voulais point, bien sûr.

Sonny avait déclaré que l’accent de Stone était exagéré par pure provocation et il expliqua un peu mieux ce qu’il voulait dire. D’après lui, Stone aimait rappeler ses origines. Il était vraiment qu’il ne cessait souvent d’y revenir.

-Il veut à la fois se revendiquer de là mais, en même temps, je sais qu’il déteste y remettre les pieds. Ce n’est pas de l’amour qu’il a envers l’Eastside mais de l’amour-haine.

Je commençais à connaitre Stone depuis le temps et sa relation avec ses origines étaient complexes.

J’avais déclaré être en couple avec Elizabeth Spencer. Sonny Robson la connaissait car elle avait déjà traité l’ambulancier pour une commotion.

-Une bagarre ? Tu es adepte des bagarres ?

J’esquissai un léger sourire en coin quand il souligna que nous avions comme point comme d’avoir un faible pour les médecins.

-Il semblerait, en effet.

J’avais parlé de mon attrait pour les paris ainsi que de celui de rester dans l’ombre de mes groupes ce que Sonny trouvait respectable. Je devais avouer qu’il me semblait plus réfléchi et qu’il semblait avoir bien plus la tête sur les épaules que Stone.

Ce fut alors à mon tour de lui demander pourquoi il n’avait point décidé de se lancer dans une carrière professionnel de pilote de course. C’était son rêve mais il n’en avait point les moyens. Le problème de Robson c’est qu’il n’allait pas en rajeunissant. Il avait quoi ? 36 ans ? Ça devenait juste pour être pilote de course professionnel.

-Je comprends. Mais être ambulancier est un métier tout à fait respectable. Moi, j’ai réalisé mon rêve qui était de travailler dans le monde de la musique. J’étais un piètre musicien alors j’ai tout de même trouver un moyen de me faire ma place dans ce monde.

J’avais travaillé pour ça et j’avais dû quitté mon Londres natal.

-En tout cas, je n’imaginais pas que tu sois à ce point différent de Stone. Tu me sembles être plus réfléchis. Ça soigne un peu ma déception, je dois l’avouer.

Celle que j’avais ressentie quand j’avais rencontré Larson.

-Peut-être qu’un jour, nous pourrions nous faire un repas avec Lizzie. Je suis certain qu’elle voudra te rencontrer en dehors de son cabinet.

Howard semblait être un sujet qui turlupinait mon frère. Comme s’il essayait désespérément de le comprendre. Ça me rassurait un peu parce que ça voulait dire que Timmy n’était pas autant un monstre que Howard voulait bien le faire croire. On parla du respect qu’il avait pour son manager et de son accent qu’il exagérait pour se revendiquer de l’Eastside.

Mais Evans avait bien saisi que le rapport du batteur avec ses origines était complexe.

Je me grattai la tête.

-Ouais, c’est de l’amour-haine… A la fois il a tout fait pour fuir l’Eastside et à la fois il… comment dire… il ne renie pas ses origines parce que ça lui permet de critiquer la haut société… Si je peux le dire comme ça.

Un peu comme ce qu’il avait fait avec Jimmy Reed. Je me demandais comment mon ami n’était pas encore en procès pour diffamation. Peut-être parce qu’il rapportait plus à BSC en ayant pas de problème juridique et en continuant à faire de la musique pour eux.

-Ouais, tout ça est… enfin… C’est parfois difficile de comprendre ce qu’il y a dans la tête d’Howard.

Mais assez parler de mon meilleur pote ! C’était pour se connaître l’un l’autre qu’on discutait, là. Et Timmy parut surpris quand je lui parlai de la bagarre qui m’avait conduit droit chez sa petite amie, Elizabeth, qui m’avait soigné.

-Ah heu… non, je suis pas adepte des bagarres et je suis pas un violent mais… tu as du entendre parler de Ward Fleming, comme tout le monde. J’étais à l’école avec et on a jamais pu se piffer… Enfin, bref, il m’a frappé… J’ai pris pour quelqu’un d’autre que j’ai voulu protéger en fait.

En tout cas, mon frère et moi avions un faible pour les médecins. Et je fus content de voir Timmy sourire à cette idée.

Quant à mes rêves… Bah plus on avançait, plus ils s’éloignaient… J’avais 37 ans et ça devenait un peu tard pour faire carrière comme pilote automobile. Je devrais me contenter de mon ambulance et des courses illégales. Ce qui était bien dommage.

Pragmatique, Timmy ne me donna pas vraiment d’espoir comme il aurait pu le faire, mais valorisa ce que j’étais en train de faire comme métier avant de m’expliquer pourquoi lui était devenu manager.

-C’est un super bon compromis ! J’ai jamais eu de talent pour la musique non plus.

Et voilà un autre point commun.

Après, Timmy me fit ce qui devait être un compliment, même si c’était pas vraiment sympa pour Howard.

-Je suis content que tu ne sois pas déçu. Je ne le suis pas non plus.

Il me proposa alors qu’on se fasse une bouffe avec le Dr. Spencer un de ces quatre ! Un grand sourire illumina mon visage.

-J’en serais vraiment ravi !