J’étais complètement lessivée ! Une soirée chez mes parents était déjà une épreuve en soi alors quand il s’agissait une réception en l’honneur de mon bébé, ça prenait des proportions démesurés ! Finan et moi étions prêts à faire face à toutes les possibilités et heureusement parce que ma mère avait fait fort pour présenter son petit-fils à tous ses amis guindés !

De la décoration aux cocktails couleur bleu, des cupcakes avec Yoric inscrit dessus en lettres de sucre et la machine à popcorn bleu ! D’ailleurs, tout le monde devait se vêtir de bleu pour l’occasion, comme si ce n’était déjà pas assez évident que j’avais donné naissance à un fils ! Je trouvais ça un peu stupide mais puisque je voulais éviter à tout prix une confrontation avec ma mère, je nous avais déniché à nous quatre, Finan, Guillermo, Yoric et moi, des tenues répondant aux critères de la Reine Mère !

Comme nous l’avions prédit, Yoric avait reçu son lot d’enveloppe ! Nous allions, dès que possible, aller lui ouvrir un compte à la banque pour déposer sa petite richesse. Le moins que nous puissions dire, notre fils ne partait pas pieds nus, dans la vie. C’était excessif mais c’était ainsi qu’on se comportait dans le cercle d’amis de mes parents.

Pendant la soirée, au travers des éclats de rire, des musiciens qui jouaient les grandes sérénades classiques dont ma mère raffolait, des bruits de vaisselles qu’on échappait par terre, Yoric ne sursautait pas et restait calme. Il regardait l’univers s’agiter autour de lui sans pleurer, sans crier et s’endormait facilement. Une amie de ma mère s’en était extasié, racontant combien sa propre progéniture se mettait à hurler au moindre petit son et combien il était difficile de lui faire faire une sieste en journée justement à cause des bruits ambiant.

Yoric ne faisait jamais ça lui. Il dormait n’importe où et n’importe quand, un truc d’Irlandais comme on disait, Finan et moi en rigolant. Pourtant, la remarque de la femme m’était resté en tête. Vient un moment où même un adulte en a marre du bruit. Guillermo était venu nous trouver pendant la soirée pour nous demander s’il était possible de faire taire l’orchestre parce qu’il n’en pouvait plus, et avec raison, de l’œuvre inachevé Schubert.  

De retour à la maison, j’avais nourris Yoric pendant que Guillermo prenait sa douche et que Finan rangeait les innombrables cadeaux que nous avions reçu pour la naissance de Yoric. Il y en avait tellement que ça en était indécent. J’allais en offrir, je ne pouvais pas tout garder à moins de louer l’appartement d’au-dessus pour entreposer tout ça ! Nous allions garder ce que nous aimions le plus mais Yoric n’avait pas besoin d’autant de pyjama et de couverture aussi luxueuse surtout qu’il allait principalement vomir dessus ou la mâchouiller.

J’avais ensuite installer Yoric dans son moïse et j’avais été bordé Guillermo. J’aimais passer un petit moment avec lui comme ça, sur le coin de son lit pour bavarder de la journée. C’était l’occasion aussi de se dire je t’aime parce qu’à son âge, il ne faut surtout pas que sa maman lui démontre de l’affection devant témoins !

Guillermo au lit et Finan transportant le dernier paquet, je soulevais dans réfléchir un panier dans lequel se trouvait des blocs en bois puis je m’approchais du moïse dans lequel dormait Yoric, je le soulevais puis le renversais. Les blocs tombèrent du panier et s’étalèrent sur le sol dans un grand fracas. Le voisin d’en dessous n’apprécia pas comme en témoignèrent les coups qu’il porta au plafond.

Yoric lui, ne sourcilla même pas.

- Finan… ? Yoric ne s’est pas réveillé…

@ Billy Lighter

On avait redouté la soirée chez les parents de Tiff et on avait eu raison. C’était une véritable cliché de soirée de riche comme la mère Austin aimait tant. Un soirée où Yoric avait été exposé à des gens qui s’extasiait devant son joli minois que, d’après eux, ressemblait très fort au physique de Tiff. C’était vrai que Yoric ressemblait à Tiff. Il avait ses cheveux même si les yeux de petit était plus bleus que ceux de sa mère. Il faut dire que vu que ma propre mère était rousse aussi les chance que Yoric le soit étaient largement augmentée. Alors que moi, j’avais pris des Quinn…

Dans la grosse villa des Austin, le bleu régnait, d’ailleurs, en maitre. Ça faisait référence au fait que Yoric était un garçon… Comme si personne ne l’avait remarqué. On était tous habillé en bleu ce qui m’allait moyennement… Alors que ça allait parfaitement à Guillermo qui voyageait entre les invités dans un costard bleu clair qu’on avait acheté pour l’occasion.

Des invités à la conversation vide de sens ! Ils s’extasiaient surtout devant Yoric mais quand on creusait un peu, ils n’avaient pas grand-chose à nous dire. Yoric, lui, ne semblait aucunement perturbé par l’agitation autour de lui, ni par l’orchestre qui avait joué à longueur de soirée de là même à nous faire faire une overdose de classique. C’était dingue comme rien ne semblait perturber ce gosse. Comme s’il n’avait aucun stress… Ou qu’il se foutait complètement de ce qu’il y avait autour de lui… Pas qu’il était inactif. Non. Il regardait le monde qui l’entourait avec ses grands yeux bleus. Il avait un regard assez vif. Mais c’est comme si rien ne pouvait troubler sa paix intérieure.

La fête avait fini par se terminer pour notre plus grand soulagement. On avait salué tout le monde avant de rentrer à la maison. Là-bas, Guillermo ne tarda pas à filer dans la douche. Il disait être soulagé de ne plus avoir à entendre de la musique classique de sa vie. Je crois que là, il allait un peu fort en conclusion, mais bon… Moi, je me mis à remonter tous les paquets de la voiture… Il y en avait des dizaines… Ça en plus de tout l’argent que notre fils avait reçu de gens qu’il ne connaissait même pas…

Quand j’eus finit de décharger Guillermo était déjà au lit et Yoric dormait devant nous. Tiff pris le dernier paquet que je venais de remonter mais sa prise ne fut pas bonne et les blocs de bois qui étaient dedans tombèrent dans un énorme fracas qui me fit plisser des yeux et qui énerva les voisins du dessous… Les voisins de dessous étaient parfois chiant… Mais là, je les comprenais…

Tiff sembla figer un moment avant de me faire remarquer que Yoric ne s’était pas réveillé. Je levai un sourcil. Le gamin dormait toujours alors que les blocs étaient tombés juste à côté de lui. Il n’avait même pas bronché un peu… Je fronçai des sourcils.

-T’as raison…

Je m’approchai de lui et m’accroupis.

-Yoric ?

Rien et j’avais parlé assez fort. Je fis la moue et passai mes doigt sur sa joue. Une geste qui sembla le déranger parce qu’il fit la moue, passa sa petite main sur sa joue avant d’ouvrir les yeux d’un air grognon…

Je le pris dans mes bras avant de fixer Tiff.

-C’est pas normal, hein ? Il aurait dû se réveiller à cause du bruit… Mais non… Le bruit, ça ne semble absolument pas le déranger. Déjà à la fête…

Par contre, le reste, il y réagissait. Mais pas au bruit. Je claquait du doit sur le côté dans son champ de vision et il suivi mon geste.

-Va un peu à l’autre côté de la pièce et fait du bruit pour voir s’il se retourne vers toi.

Parce que si ce n’était pas le cas, ce n’était pas bon signe.

@ Billy Lighter

Toute la soirée, Yoric avait été plongé dans le bruit et jamais cela ne l’avait empêché de dormir, au contraire. Je pouvais bien croire que nous l’avions habitué, alors même qu’il se trouvait toujours bien à l’abri dans mon ventre, au vacarme mais delà à ne même pas sourciller quand un bac de bloc se vidait tout près de lui ?

Pendant la soirée, une amie de ma mère m’avait fait remarque que j’avais beaucoup de chance d’avoir un bébé qui gérait autant le bruit et cette phrase n’avait cessé de tourner en boucle dans ma tête. Je me remémorait sa naissance qui fut probablement le seul moment où nous avions entendu de grands cris sortir de sa petite bouche en cœur. Yoric ne pleurait jamais ou à peu près jamais. Il devait être vraiment très affamé pour qu’on entende des pleures sortir de ses poumons tout comme ne gazouillait pas comme les bébés de son âge.

Jusqu’à ce soir, je n’avais pas remarqué que ce n’était pas normal, que mon fils était ultra silencieux et incroyablement calme.

Finan avait ouverts de grands yeux, comme si de me voir faire exprès de renverse les blocs près du moïse de Yoric l’avait choqué puis il s’était approché en réalisant qu’effectivement, contrairement aux voisins d’en dessous, notre fils n’avait pas été importuné par le tintamarre que je venais de provoquer. Guillermo devait avoir son casque d’écoute sur la tête et il devait être caché sous les draps pour ne pas se faire surprendre à écouter de a musique en pleine nuit, sinon, il aurait accouru dans le salon pour voir ce que nous fabriquions.

- Finan…

Je n’étais pas capable de formuler ma crainte.

Au lieu de ça, j’écoutais Finan faire le même constat que moi ce qui me donna le vertige. Il me demanda d’aller plus loin dans la pièce, maintenant qu’il avait réveillé notre fils et que bien qu’il était visible que cela ne lui plaisait pas, ne pleurait pas. Je me reculais donc de plusieurs pas, derrière Yoric qui ne me voyait pas et, quand Finan me fit signe de la tête, je me mis à applaudir le plus fort que je pouvais.

- Il a sourcillé ? Il a cherché à tourner sa tête ?

Je retournais près de mon mari et de mon fils et je le vis sourire en me voyant et suivre ma main du regard quand je la fis bouger devant ses yeux. Encore, j’allais derrière lui et je tapais des mains près de son oreille pour le faire réagir mais il ne se passa… rien.

- Finan… ?

Ma voix n’était qu’un petit souffle brisé. J’étais incapable de prononcer les mots, de dire ce que je craignais qu’un médecin plus avisé que nous risquait de nous confirmer. Comment cela se pouvait-il ? Qu’avais-je fait de pas comme il le fallait, pendant ma grossesse ? Finan et moi, deux passionnés de musique qui ne vivaient presque pour cela, avions donné la vie à un enfant qui n’entendait pas les sons ? Un enfant sourd ?

Non, je me créais des peurs inutiles ! Il y avait une explication toute simple et un médecin nous rassurerait.

- Il faut voir un médecin, demain ! Tu…

Je passais mes mains dans mes cheveux puis je pris délicatement Yoric des bras de son père avant d’aller m’écraser dans le divan et de regarder son petit visage magnifique avec autant d’amour qu’il ne me regardait en retour. Cet enfant là était parfait avec ses grands yeux curieux, sa bouche en cœur, ses cheveux roux donc une petite mèche plus longue que le reste de sa tignasse s’enroulait sur le sommet de son crâne comme une auréole. Combien de fois l’avais enroulé autour de mon doigt en m’amusant de sa longueur alors que le reste de sa chevelure était quasi absente.

- Yoric Shamerock Quinn, tu es parfait.

Alors, pourquoi je pleurais ?  

@ Billy Lighter

Le bruit des bois tombés sur le sol avait fait un tel fracas que ça avait emmerdé les voisins et que si Guillermo n’avait pas accouru c’est probablement parce qu’il devait écouter de la musique en cachette avec son casque, ce qu’il faisait presque chaque soir.

Mais Yoric, lui, n’avait pas bronché ou même sursauté. Non. Il dormait toujours à poing fermé comme si rien ne s’était passé. On savait déjà qu’il n’était pas vite perturbé mais, là, c’était plus inquiétant. N’importe quel bébé, même le plus calme, se serait réveillé après ça.

J’émis ma crainte tout haut alors que Tiff, elle, semblait sans voix. Je voyais bien son inquiétude sur son visage mais avant d’aller trop vite en conclusions, je réveillai Yoric qui fut un petit peu ronchon. Je le calmai assez vite avec de demander à Tiff d’aller plus loin et de faire du bruits pour voir si Yoric allait réagir. Elle s’exécuta et alla de l’autre côté de la pièce pour applaudir très fort. Les voisins vont sûrement se demander ce qu’on fout mais qu’importe !

Le bruit ne perturba pas Yoric qui ne se retourna même pas vers Tiff. Je fis la moue alors que Tiff me questionna sur la réaction du petit.

-Non… Il n’a même pas sourcillé…

C’était inquiétant… Est-ce que Yoric serait sourd ? Les médecins avaient pourtant dit qu’il était en parfaite santé ! Est-ce qu’ils n’avaient pas su le détecter à sa naissance ? Aucune idée… Je ne savais pas bien comment ça fonctionnait.

En tout cas, mon cœur s’était mis à battre plus vite alors que je n’arrivais pas à dire tout haut mes pensées.

Tiff essaya d’autres choses mais sans réaction de la part de Yoric et je sentis la voix de ma femme se briser. Elle s’exclama ensuite qu’il faudra voir un médecin demain.

-Je suis d’accord…

Je n’arrivais pas à parler plus… J’encaissais un peu le choc alors que Tiff prit notre fils dans ses bras. Elle alla s’asseoir dans le fauteuil. Je la vis alors se mettre à pleurer tout en s’exclamant que Yoric était parfait.

Je vins m’installer à ses côtés. Je passai mon bras autour de sa taille et vint poser un baiser dans ses cheveux.

-Il l’est. Et le médecin nous en dira sûrement plus. Si ça tombe, c’est moins grave qu’on ne l’imagine. On se fait peut-être une fausse frayeur, ok ? Il ne faut pas se faire des films avant d’en savoir plus… Mais si jamais Yoric ne peut rien entendre, il n’en est pas moins parfait.

Je caressai le dos de Tiff.

-On va affronter ça ensemble. C’est pas notre premier combat. On a gagné les précédents.

Pas sans perdre des plumes mais c’est le résultat final qui compte.

@ Billy Lighter

Finan tenait Yoric contre lui et me demanda d’aller plus loin pour essayer d’attirer l’attention de notre fils mais même en applaudissant aussi fort que je le pouvais, je ne troublais pas notre fils qui continuait de regarder son père. Probablement qu’il se demandait pourquoi il avait été réveillé alors qu’il n’avait pas faim. Je me rapprochais et, voyant que de face, j’avais toute l’attention de mon petit gaillard, je me replaçais derrière lui pour recommencer mon manière sans obtenir de réaction.

Ce n’était pas normal et c’était surtout surréaliste !

Comment est-ce que le fils de deux passionnés de musique comme nous pouvait ne rien entendre ? Ça me brisait le cœur que de penser que cela puisse être la réalité. Il fallait que ce soit autre chose, un truc que les médecins n’auraient pas vu à la naissance et qu’ils arrangeraient en quelques rencontres. Avec un petit sirop ou une piqûre…

Doucement, je pris Yoric des bras de son père et j’allais nous installer dans le divan et je le regardais avec tout l’amour et la fierté que je pouvais ressentir pour lui. Ce petit être parfait que nous n’avions pas planifié, qui avait grandit en moi jusqu’à me faire avoir l’air d’une baleine en fin de vie, qui m’avait fait souffrir pendant de longues et interminables heures avant de se pointé le bout du nez. Je l’aimais d’un amour qui ne pouvait se décrire, qui pouvait seulement se vivre.

Il était parfait, je ne pouvais trouver mieux pour parler de lui. Finan nous rejoignit sur le divan et m’enlaça avant de dire qu’il était d’accord, notre fils était parfait. Doucement, d’une voix calme t posée, il proposa aussi que nous attendions de voir un médecin avant de se faire des films. Peut-être que le cas de notre fils n’était pas aussi sérieux qu’il en avait l’air. Mais, s’il ne pouvait effectivement pas entendre, notre fils n’en était pas moins parfait.

- Il l’est.

Finan avait raison. Nous allions attendre de voir ce que le médecin allait en dire avant de sauter aux conclusions. Peut-être que ce qui nous apparaissait être de la surdité n’était qu’un effet passager dû à sa naissance. Elle avait été longue et éprouvante pour moi, elle avait bien dû l’être pour lui aussi.

- On gagneras celui-là aussi…

À deux, nous étions plus fort.

À quatre avec nos fils, nous étions invincibles.

- Il faudra apprendre le langage, avec les mains.

Et il faudrait faire comprendre à ma mère que Yoric ne comprendra pas mieux ou moins bien si elle lui hurle dans les oreilles. Je pouvais déjà l’imaginer essayer d’hausser le ton pour se faire comprendre.

- Ce qui me crève le plus le cœur là, tout de suite, c’est de penser que toutes ces belles choses que nous lui avons dites depuis sa naissance, il ne les a pas comprise.

Il devait cependant les avoir ressentis, comme en ce moment, alors que je lui caressais la joue du bout de mon index et qu’il me souriait en faisant aller des pieds et ses mains.

@ Billy Lighter

Yoric n’avait pas réagit au bruit que faisait Tiff loin et près de lui. C’était inquiétant au point que ça nous amenait à une triste conclusion. Celle que Yoric était probablement sourd ou, du moins, qu’il avait un problème d’audition. Dans tout les cas, quelque chose clochait et il était urgent d’aller voir un médecin pour en avoir le cœur net.

Tiff avait repris Yoric dans ses bras. Elle pleurait et je me sentais impuissant face à tout ça. Ce n’est pas comme si on avait prise là-dessus… Un handicap, chez un enfant, ça arrivait sans qu’on s’y attende. C’était un coup du destin… Ce n’était la faute de personne. Parce que j’étais certains qu’on avait rien fait de différent d’un autre couple pendant la grossesse de Tiff.

C’était juste comme ça. Un hasard. De la malchance.

Je vins rejoindre Tiff. Je la caressai et tentai de la rassurer ou, tout du moins, de montrer que j’étais là, avec elle. Elle n’était pas seule face à ça. On était deux. Trois avec Guillermo.

Je fixai Yoric. Il nous souriait insouciant. Pour lui, rien ne changeait. Les choses avaient été comme ça depuis le début. C’est juste nous qui commencions à comprendre que quelque chose n’allait pas. Et en le regardant, je ne pouvais que confirmer qu’il était parfait.

Je déclarai, aussi, qu’il valait mieux attendre de voir le médecin avant de nous faire de fausses frayeur. On ne savait jamais. Peut-être que le problème de Yoric était moins grave qu’on se l’imaginait.

J’ajoutai qu’on allait affronter ça ensemble et Tiff alla plus loin déclarant qu’on gagnera ce combat aussi. Je souris hochant de la tête. Mon sourire était légèrement triste mais il n’en était pas moins positif.

-Oui. On le gagnera.

Tiff allait déjà plus loin déclarant qu’il nous faudra apprendre le langage des sourds. Si le handicap de notre fils était confirmé, on fera tout pour qu’il puisse se faire comprendre et qu’on le comprenne aussi.

-On fera ça. C’est sans doute plus facile à apprendre que l’Italien.

Je rigolai un peu tentant de même un peu de joie devant la peur que provoquait un possible diagnostique défavorable.

Tiff déclara alors que ce qui lui faisait le plus mal, c’était que tout ce qu’on avait dit à Yoric depuis le début de sa vie, il ne l’avait pas compris. Mais quand je vis Yoric réagir quand sa mère caressa sa joue, je fis de même avec celle de Tiff.

-Il l’a compris. Pas comme on pourrait le croire mais je suis sûr qu’il sait ce qu’on ressent pour lui. Par des geste ou même nos expressions, il l’a compris.

On ne comprenait pas les autres que par la parole mais pas bien d’autres moyens. Un sourire, par exemple, vaut parfois plus qu’un long discours.

-Il comprendra tout. Il le fera simplement autrement que nous. Il saura qu’on l’aime très fort.

Il le savait déjà. C’est évident.

Je posai un baiser sur le front de Tiff.

-Tu vas voir, chérie. Notre fils, ça sera le meilleur.

Il n’y avait pas de doute pour moi.

@ Billy Lighter

Finan et moi faisions face à une troublante nouvelle. Évidement, nous allions attendre qu’un médecin compétant nous donne l’heure juste avant de sauter trop rapidement aux conclusions, cependant, Yoric ne réagissait à aucun stimuli auditif.

J’avais déjà remarqué avant ce soir que Yoric n’était pas dérangé par l’aspirateur ou la télévision mais ma mère m’avait toujours dit que j’avais moi-même été un bébé très calme. Je crois que c’était pour cela que je ne m’en avait pas soucier lus que ça. Ce fus les remarques des gens à la fête qui m’avaient fait un drôle d’effet et m’avaient poussé à tester l’audition de mon fils, une fois à la maison.

Nous étions, Finan et moi, tous les deux sous le choc, triste et un peu perdu. Si nos inquiétudes étaient fondées, qu’est-ce que cela impliquerait, concrètement ? Autre que d’apprendre le langage des signes, ce qui serait plus simple que d’apprendre l’italien selon mon gros nounours de mari ?

- Déjà, il y a ce signe qui est universelle je crois.

Je lui fis un doigt d’honneur avant de baisser ma main et de rire, doucement. Je n’avais pas tant le cœur à la rigolade mais il avait raison en disant que ce serait probablement plus facile à apprendre que l’italien. Il y avait pleins de gestes que nous faisions au quotidien, pour se comprendre et ce, sans même s’en rendre compte.

Je regardais Yoric, couché sur mes cuisses. Il me regardait avec ses beaux grands yeux et souriait quand je lui caressais la joue.

- Tu as raison, nounours.

Même si Yoric n’entendait pas le son de ma voix, cela ne voulait pas dire qu’il ne comprenait pas tous les mots d’amours que je lui avait murmuré depuis sa naissance. Il les comprenait, à sa manière et c’était tout ce qui comptait. Je continuerais de le caresser et de l’embrasser et il ne manquerait jamais d’amour, même s’il ne pouvait entendre tous les je t’aime qui pleuvait sur lui à longueur de journée.

Finan m’embrassa le front et je me blottis contre lui en ramenant Yoric contre ma poitrine. Il ferma les yeux tout en étirant ses petits bras. Notre fils, quoi qu’il arrive, sera le meilleur.

- Oui, tu as raison ! Nos fils, quoi qu’ils fassent, seront les meilleurs !

Ils seraient les meilleurs parce que nous serions toujours derrière eux pour les encourager, les supporter et les aider. Nous formerions une famille unie et solide qu’aucun diagnostique médical ne pourrait ébranler.

- Ça va si cette nuit, Yoric dort avec nous dans notre lit ? J’ai besoin de le coller tout contre moi.

J’avais besoin de puiser un peu de la force de ce petit être plus que parfait pour assimiler une réalité qui m’ébranlait beaucoup plus qu’elle ne le dérangeait lui.

@ Billy Lighter