À voir la stupéfaction sur le visage d’Howard quand je lui expliquais pourquoi la femme de ménage venait deux fois par jours et tous les jours chez nous, trahissait bien le fond de sa pensée. J’avais conscience que cela pouvait sembler excessif vue de l’extérieur mais Julian ne tolérait vraiment aucune saleté dans la maison. D’ailleurs, il fera une syncope quand il rentrerait et verrait le sable sur le sol même que, j’étais prête à parier qu’il serait bien plus choqué par ce sable que par la présence d’Howard sur notre divan.

- C’est… En fait… C’est compliqué, Howard. Il est comme ça c’est… compliqué.

Je soufflais un peu parce que je ne trouvais pas les bons mots pour expliquer ce trait de la personnalité de mon mari. Peut-être que l’alcool que j’avais consommé tout au long de la soirée m’empêchait de bien réfléchir mais dans l’immédiat, je préférais lâcher prise et laisser les tocs de Julian là où ils étaient, c’est-à-dire, avec lui, à la fête de Daniele.

J’envoyais Howard à la douche mais mon ami me proposa de me joindre à lui. Un instant, je le regardais sérieusement avant de lui demander comment il réagirait si j’acceptais sa proposition. Là aussi, il semblait surpris mais pas comme pour l’histoire de la femme de ménage. Un homme restera toujours un homme, pas vrai !?

- Tu m’étonnes ! Mais… Oublie le projet ! File !

Il alla se laver, je fis le popcorn, je trouvais le film puis quand il revînt au salon, ce fut moi qui alla rapidement me laver non sans nettoyer au possible derrière moi pour effacer toutes traces d’eau et de sable sur le sol blanc. Je me rendais compte que si Julian ne pouvait tolérer de la saleté, moi, elle me rendait anxieuse à cause de lui, parce que je craignais et redoutais sa réaction. Est-ce que cette façon de vivre était saine ?

Je commençais à en douter.

Je rejoignis Howard au salon vêtue de mon pyjama le moins sexy mais le plus confortable !

- N’est-ce pas ? On dirait que j’ai douze ans, là-dedans ! J’aurais dû me faire des tresses, l’effet aurait été total !

Le film que j’avais choisi plaisait à Howard alors je pu faire play et, en écoutant le jeune Ralphie rêver de sa carabine à double action Red Ryder, je ne pus m’empêcher de parler de cette poupée que je voulais tant, toute petite et que j’avais finalement eue, u n noël. Cette poupée avait été de loin m on plus beau cadeau reçu de mon enfance alors je demandais à Howard s’il avait un souvenir en ce sens lui aussi.

Le petit Howard rêvait d’avoir une batterie mais fautes de moyens, ses parents ne lui en avaient jamais offert une. Mes parents non plus ne roulaient pas sur l’or. Enrique doublais ses horaires et travaillait même les week-end pour pouvoir offrir un beau noël à sa famille. Avec le temps, j’avais comprit que cette poupée avait dû coûter plusieurs heures de travail à mon père et que le bonheur que j’avais eu à la déballé avait dû lui faire autant plaisir à lui qu’à moi.

- Je comprends ça tu sais. Quand j’étais petite, l’argent se faisait rare et mes plus beaux souvenirs de noël sont toujours quand nous étions tous à la maison avec mes grands-parents, mes oncles et mes tantes, les cousins et les cousines et qu’Abuelo sortait son harmonica et que ma mère, pour les rares fois, voulaient bien chanter des chansons. Je peux me souvenir de l’odeur des mets, entendre les éclats de rire. Et mon père…

Je regardais Howard, consciente que ça devenait un peu confus de parler d’Enrique et de Jimmy en employant le même terme mais le fait était que, bien que ma mère soi maintenant marié avec mon père biologique et que ce dernier reconnaissait sa paternité, Enrique demeurait également mon père. Rien ni personne ne pourrait lui retirer ce titre.

- Je parle d’Enrique… Mon père disparaissait à un moment dans la soirée et comme par magie, le père noël entrait dans la maison pour distribuer les cadeaux.

Mon regard se perdit un peu dans le vide alors que je me remémorais ces souvenirs qui valaient tout l’or du monde à mes yeux.

C’est compliqué… C’est comme ça que Livia expliqua le comportement bizarre de son mari. J’savais qu’il y avait des gens qui avaient de drôles de manie mais, ça, ça doit pas être simple à vivre.

De fil en aiguille on en vint à la douche qui semblait méga indispensable pour nous deux. Et j’avais poussé ma chance jusqu’à demandé à Livia de m’y accompagner. Mais elle alla pas jusqu’là même si elle joua un peu avec le fait qu’elle pourrait accepter. Personnellement, j’aurais bien voulu qu’elle accepte même si une p’tite voix au fond de moi me disait que c’était très mal de la tenter.

Elle résista et j’pris ma douche seul. Quand je sortis, ce fut à elle d’y entrer alors qu’elle avait déjà fait le popcorn. Ça sentait un peu moins le propre et une peu plus les bonnes choses dans cette maison luxueuse mais un peu trop blanche à mon goût. A croire que Don s’était calqué sur son fils pour décidé de la décoration chez MTI. N’empêche que l’hypothèse était pas totalement dénuée de sens…

Livia finit par revenir vêtue d’une pyjama qu’elle devait avoir eu quand elle avait 10 ans. J’fis la remarque qu’elle était sexy non sans me marrer un p’tit peu. J’rigolai encore plus quand elle répliqua qu’elle avait l’air d’avoir 12 ans là-dedans.

-J’irais pas jusque-là mais… Ouais, avec des tresses c’est clair que tu aurais fait 12 ans.

Livia avait choisi le film et, très vite, on se retrouva devant pour fêter Noël avant l’heure. J’savais que, bientôt, y’aura plus que ça à la télévision en vue des fêtes de fin d’années. Et ce fut, quelque part, notre sujet de conversation alors que Livia avait parlé de la poupée qu’elle avait tant désiré étant enfant. Une poupée qu’elle avait fini par avoir. Moi, j’avais parlé de ma batterie que j’avais jamais eue faute de moyen.

Livia comprenait ça… Parce que Livia venait d’un milieu similaire au mien. L’avait beau être la fille de Jimmy Reed, l’avait vécu un peu plus de 16 ans à vivre avec son beau-père et sa mère à Tijuana. C’était pas vraiment la vie de château. Mais c’était une vie qui, j’l’entendais, avait fait l’bonheur de Livia. Malgré tous les trucs que j’avais pu lire dans son journal, Livia chérissait ses meilleurs souvenirs avant son grand-père et son père. Parce que pour elle, son père, c’était aussi son beau-père. Ce que j’pouvais comprendre. L’avait été plus souvent son père que ne l’était actuellement Jimmy Reed. J’souris à son souvenir.

-C’est un beau souvenir… T’sais… La famille, c’est pas toujours facile. J’sais de quoi je parle. Mais ton père a l’air d’être un type génial. Enrique, j’veux dire. Pas l’autre enfoiré…

J’comprenais pas pourquoi sa mère l’avait quitté pour Reed…

-Toi et moi on vient d’un autre monde… Y’a rien n’à faire. J’pense que c’est pour ça qu’on aura jamais vraiment notre place nulle part. Parce qu'on vient d'un monde qui pense qu'on ne veut plus d'eux et on est entré dans un autre qui nous dénigre parce qu'on vient d'en bas.

J’esquissai un p’tit sourire.

-Et c’est pas plus mal. Des gens comme nous, l’en faut.

J’souris à Livia.

-Tes Noël… Ils ressemblent à quoi maintenant ?

Ok… J’étais curieux. Mais j’suis comme ça…

Après être passée sous la douche, j’avais enfilé mon pyjama le plus confortable même s’il me donnait l’air d’être une gamine de dix ans. J’aurais pu me faire des tresses pour compléter le look et Howard confirma que j’aurais vraiment eue l’air d’une pré adolescente de douze ans si j’avais fait ça.

Le film que j’avais choisis convenait à mon invité. De toute façon, c’était un prétexte pour alimenter des conversations légères qui ne demandaient pas de réflexion. Après la soirée que nous avions respectivement eue, nous avions besoin de mettre nos cerveaux à off et de penser à autre chose. Je rigolais bien, surtout à la narration de Ralphie adulte, qui revisitait ses souvenirs d’un noël de son enfance. Ça me fit moi-même me remémorer le noël où j’avais reçu en cadeau la fameuse poupée que je désirais tant.

Howard n’avait jamais eu la batterie qu’il souhaitait sa famille n’étant pas très riche. Je le regardais, comprenant totalement ce qu’il racontait. Les gens avaient tendance à oublier que je ne venais pas d’un milieu aisé. J’avais grandi à Tijuana, dans une maison grande comme mon salon et les fins de mois étaient terribles pour nos finances. Malgré cela, ma mère et mon père parvenaient à faire ce tour de force incroyable que de rendre nos noëls féériques.  Je confiais à Howard les souvenirs que j’en gardais, les yeux perdus dans mon passé, un sourire de bonheur collé sur mes lèvres. Quand j’y repensais, je pouvais entendre les rires de ma grand-mère, la musique d’Abuelo, sentir les parfums des plats que ma mère avaient cuisinés pendant toute la journée, je revoyais la fierté d’Enrique quand nous apercevions les cadeaux laissés sous le sapin par le père noël.

- Il t’adorerait, ça ne fait aucun doute. Vous avez le même humour et le même genre de personnalité.

Cette constatation me fit un peu drôle. C’était comme dire que, quelque part, ma mère et moi étions attirés par le même genre d’homme mais que nous avions épousés quelqu’un de diamétralement opposés à nous pensant faire le meilleur choix. Je ne remettais pas mon union avec Julian en question mais j’avais toujours fantasmer sur Howard en placardant ma chambre d’affiches de lui et ma mère avait passé de longues années avec Enrique et ils filaient le parfait amour jusqu’au jour où ma mère avait croisé Jimmy lors du spectacle de fin d’année à l’école.

Pour Howard, lui et moi venions du même monde et qu’il n’y avait rien à faire, nous ne pouvions nous en sortir. Nous n’étions plus de la petite classe puisque nous étions parvenus à percer dans la jet set, mais pour la jet set, nous n’étions encore que des petits nouveaux qui ne venaient pas de la même classe qu’eux. Est-ce que c’était aussi ce que pensait Julian de moi ? Parfois, je me le demandais. Tout ceci me laissais aussi croire que Jimmy n’hésiterait pas à me le rappeler en cassant mon contrat avec BSC. Don m’accueillerait à bras ouvert mais si ma relation avec Julian continuait à perdre de l’altitude, est-ce qu’il en serait toujours ainsi ?

- Ils ressemblent à Julian et moi, assis comme toi et moi maintenant, devant un film de noël. Nous nous offrons un cadeau, mangeons quelque chose de spécial mais sans plus. Je voulais aller à Tijuana l’an passé mais avec mon calendrier de spectacle et nos études respectives au travers, ça devenait impossible. Ma mère et Jimmy nous ont reçu pour souper, sans plus.

Ça n’avait rien à voir avec le noëls de mon enfance mais je me disais qu’en grandissant, en devenant une adulte avant le temps, c’était peut-être normale que ma vision de noël diffère de celle que j’avais avant.

- Et toi ? Tes noëls ? Cette année va être différente avec tes bébés. Tu vas faire un sapin ?

Ce serait le premier noël de ses jumeaux, il devait rendre ça mémorable, bien qu’ils soient tous petits encore mais avec le décès de leur maman, je me disais que c’était encore plus important de marquer le coup.

- Si tu veux un coup de main pour décorer, fais-moi signe ! J’adore ça mais je ne peux pas vraiment décorer ici. Julian trouve que ça ramasse la poussière. Je peux mettre des lumières mais pas de guirlande, pas de gui, pas de sapin.

J’souris quand Livia déclara que son beau-père m’adorerait. J’avais encore jamais rencontré l’homme mais elle en parlait avec pas mal de tendresse. On pouvait voir qu’elle voyait en lui un vrai père. A s’demander pourquoi elle avait tant cherché un autre. Sûrement parce que tout l’monde est attiré par le fait de savoir d’où il vient. Moi, j’avais jamais eu ce sentiment là parce que j’savais très bien d’où j’venais. Malgré les rumeurs qui circulaient dans ma famille, j’savais que j’étais bel et bien l’fils d’Holden Stone. Quant à ma mère, les ressemblances sont plus physiques parce que, sinon, on est pas du tout les même.

-J’espère le rencontrer un jour alors.

Qui sait ? Tout pouvait arriver, j’suppose.

J’déclarai à Livia qu’on venait du même monde. On venait d’en bas et on avait monté les échelons. Elle plus vite que moi et plus jeune. Mais ça n’empêchait que l’résultat était le même : on appartenait à deux mondes. Mais appartenir à deux mondes différents c’est comme n’appartenir à aucun. Chacun des deux mondes ne verra que ce qu’on a de différent. J’avais pu remarquer ça depuis que j’suis un batteur connu. J’savais pas si Livia ressentait ça avec la même intensité.

Des gens comme nous y’en avait pas assez. C’est ce que j’trouvais. Parce que vois les deux mondes c’est arriver à pas être un connard avec les pauvres et à être indulgents envers les dérapage des riches. On devrait être un pont… Mais on finit par être des parias… J’m’en foutais avant. Mais y’avait eu un déclic. Un truc qui faisait que, maintenant, l’était plus question que j’la ferme.

J’demandai, ensuite, à Livia comment s’passait ses Noël maintenant. Elle disait qu’elle les passait en tête à tête avec Julian. Bref, rien de comparable à ce qu’elle vivait étant enfant. J’fis une p’tite moue.

-Ouais, j’vois… Avec les tournées c’est pas toujours facile. J’connais ça.

Elle me renvoya alors la question et j’me grattai un p’tit peu la tête.

-Bah, en fait… J’ai pas encore réfléchi à ça.

Ça sera le premier Noël de mes enfants. J’en avais pas l’habitude. Normalement, ça aurait sans doute dû être une fête… P’t-être qu’on l’aurait fêté à New York si Peyton avait encore été là. L’adorait New York à Noël, ma Peyton…

Livia se proposa pour m’aider pour la décoration vu qu’elle, elle aurait pas l’occasion d’en mettre beaucoup ici.

-C’est triste…

Parce qu’elle semblait adorer ça. J’fis une moue de réflexion.

-T’sais… Depuis que j’ai quitté ma famille y’a des siècles d’ici, j’crois que j’ai surtout passé mes Noël à des grosses fêtes du genre de celles dont on vient. Ou alors, j’étais en tournée et on fêtait avec le groupe. Bref, j’crois pas avoir déjà réellement bien décoré ma villa pour l’occasion mais…

J’esquissai un p’tit sourire.

-Faudrait p’t-être que j’change ça. Alors ouais… Faisons les choses en grand. Tu viendras m’aider à décorer. On mettra un super grand sapin et plein de lumière partout. Nathan et Kenzie seront jaloux. Parce que j’imagine que, eux, ils ne vont pas lésiner sur les décoration. Ça te dit ? P’t-être que ça plaira à David d’avoir un p’tit peu de joie dans la maison.

J’souris.

-Faudra que j’achète plein de cadeaux pour les jumeaux. Mais j’sais qu’il vont crouler sous les cadeaux. Y’a plein de gens qui voudront leur en offrir.

Quant à la fête… Bah… Tout dépendra.

-Pour la fête, sans doute que j’inviterais un tas d’amis. Ou j’me ferais inviter, j’sais pas encore. C’est pas les fêtes qui manquent à cette période. J’risque pas d’être seul, j’pense. Tout l’monde à bien trop peu que j’me suicide, t’façon.

J’rigolai à ça… Même si c’était vrai. Les gens étaient inquiets. Mais j’comptais pas crever. Pas avant que Reed crève.

Pour moi, il ne faisait aucun doute qu’Enrique et Howard s’entendraient comme larrons en foire ! Ils avaient des personnalités très semblables, je voyais mal ce qui pouvait clocher. Mais encore fallait-il qu’ils finissent par se rencontrer.

- Je te ferai signe quand il viendra. Nous organiserons un truc, ça serait chouette.

Enrique ne venait vraiment pas souvent, avec raison. Je ne voudrais pas mette les pieds dans une ville où mon ex-femme filerait le parfait amour avec le salopard qui me l’avait volé surtout que le salopard en question l’avait singulièrement largué plusieurs années auparavant.

On s’installa au salon, Howard et moi après être passés sous la douche, chacun notre tour il va sans dire. Le film que j’avais choisit servait pratiquement qu’à meubler l’arrière son puisque l’on discutait de nos souvenirs respectifs. Des cadeaux que nous rêvions d’avoir aux fêtes de familles et de l’ambiance qui continuait de nous bercer, tant d’année plus tard. Aujourd’hui, tout était différent, je ne dirais pas que c’était triste mais ça n’avait rien à voir avec les festivités d’autrefois.

Julian et moi avions tellement à gérer, des vies bien occupées que noël ressemblait à une soirée comme une autre. Un souper à la maison devant un bon film, la différence était que nous nous offrions un ou deux cadeaux.

- Concilier tout un tas de trucs.. Ce n’est pas toujours facile en effet.

Je proposais spontanément à Howard de l’aider à décoder sa demeure pour le premier noël de ses jumeaux. Je me disais qu’il ferait certainement en sorte que cette première fête en tant que papa soit exceptionnelle pour ses enfants. Il disait qu’il n’avait pas encore réfléchi à ce qu’il ferait. Je me doutais qu’au travers tout ce qu’il avait traversé ces derniers mois, noël n’était pas une priorité.

- C’est normal. Tu as eu pas mal de choses à gérer depuis un moment. C’est pour ça que je te propose u n coup de main, si tu veux.

Je ne voulais pas non plus m’imposer.

Il me confia que la décoration de sa maison pour noël n’avait pas été une priorité depuis qu’il avait quitté son ‘’ancienne’’ vie. Il ne célébrait pas forcément noël à la maison donc ça lui était inutile mais là que nous en parlions, il songeait à changer les choses, pour les gamins en tout cas. Il me fit sourire en suggérant de mettre pleins de lumières pour rendre Kenzie et Nathan jaloux.

- Bien sûr que ça me le dit ! Tu verras, ta maison sera hyper festive ! Tes enfants aurons des étoiles dans les yeux pour leur tout premier noël.

Howard ne savait cependant pas comment il célèbrerait mais qu’il était entouré d’amis qui avaient peur qu’il finisse par commettre l’irréparable. Ça me donna le frisson et je déglutis même difficilement.

- Je suis là aussi, hein. Dans tes amis, je veux dire. Je pourrais demander à Enrique s’il n’aurait pas envie de venir célébrer noël ici avec Maximo et Rosalynn et nous ferions des mets traditionnel de mon enfance. Tu pourrais venir avec tes bébés ?

Je faisais des plans sans savoir si mon père voudrait venir, sans savoir si Julian allait apprécier de voir notre maison se remplir mais ça m’était un peu égal. S’il craignait que non frère et ma sœur laissent des traces de doigts sur les murs, nous irions faire la fête chez Howard !

Alors que l’film tournait en fond, la conversation entre moi et Livia tournait autour de nos souvenirs de Noël respectifs. Ceux de Livia semblait véritablement sorti d’un film de Noël tout en étant simple. Parce que, finalement, c’est ça les films de Noël : de belles histoires, mais de simple histoires qui pourraient très bien arriver à quiconque s’laisse un peu aller à rêver.

Livia, elle, avait eu de bons souvenirs avec sa famille. J’savais, pour l’avoir lu dans son journal, qu’il y en avait aussi des mauvais mais Livia était l’genre de personne à savoir se raccrocher au bon côté des choses.

Et dans l’bon côté, y’avait Enrique, son beau-père. Un type avec qui j’pourrais faire connaissance dans le future.

Maintenant, mes Noëls comme les siens n’étaient plus du tout pareil. C’était des Noël moins magique en plus p’tit comité. J’savais pas si ça venait de nos vies de stars ou de notre famille… Pour moi, c’était sans doute un p’tit peu des deux. Pour Livia, j’pensais plutôt que c’était sa carrière et celle de Julian vu qu’elle confirma que tout concilier n’était pas toujours facile.

J’comprenais ça.

Quand j’me mis à parler de mes Noëls actuels, j’me rendis compte que j’avais absolument rien de prévu pour cette année alors que c’était le premier Noël des jumeaux. J’savais qu’ils s’en rappellerait pas… Mais ça serait nul de pas en faire un et de pas avoir de photos. Des photos qu’ils pourront voir plus tard.

Mais Livia me proposa un coup d’main comprenant que j’avais eu d’autres choses à penser ces derniers temps.

-Ouais… Mais ça sert à rien que j’continue à me morfondre. Mettre des lumières partout, ça peut aider, j’pense.

Alors, j’acceptai l’aide de Livia qui semblait super emballée à faire plaisir à mes enfants et à en mettre plein la vue aux voisins.

-J’en doute pas. Puis, installer tout ça nous deux, ça va être fun. Parce que ma villa est grande. Y’aura du boulot. J’veux des lumières partout !

Et si j’savais que j’allais tout décorer, j’savais pas vraiment comment et avec qui j’allais faire la fête. Mais j’étais certain que la plupart de mes amis voudront m’avoir avec eux rien que pour que j’me suicide pas. J’savais qu’ils crevaient tous de trouille. Ok… J’vivais une sale période. Mais j’comptais pas mourir. Bien que les gens pense que toute la vodka que j’m’enfile ces derniers temps est une façon d’me tuer à p’tit feu.

Z’ont p’t-être raison mais le fait est que ça date pas de la mort de Peyton, tout ça. Ça date de… J’saurais même plus le dire.

Livia disait qu’elle était là aussi. J’lui souris. J’pense que j’lui ai fait peur en prenant à la légère les inquiétudes de mes amis. Elle proposait même d’appeler Enrique et ses frères et sœurs pour passer le Noël ici. J’souris.

-Pourquoi pas ? Ça dérange si j’prends David ? J’vais pas le laisser tout seul, le pauvre. L’a plus de famille. Enfin… Il en a encore une mais ils ont coupé les ponts depuis longtemps.

Mais y’aura Julian aussi et j’doutais que ma présence lui plaise.

-Même si… Ça plaira sans doute pas à ton mari. Au pire, tu pourras passer avec ta famille chez moi avant la fête. On s’boira un verre. Si jamais Julian ne veut pas, j’veux dire.

J’mis ma main sur sa cuisse de Livia et j’lui souris.

-En tout cas, merci… Pour la soirée et tout. Et d’avoir eu les couilles de quitter la fête pour aller t’amuser avec moi ailleurs. C’est p’t-être ça le plus grand acte de rébellion de la soirée, finalement.

J’lui souris. Y’avait eu des hauts et des bas dans ma relation avec Livia. Mais j’savais, après aujourd’hui, que j’pouvais la considéré comme une amie bien plus proche que j’l’aurais imaginé.

Je gardais de bons souvenirs de mes noëls à Tijuana tellement que je trouvais dommage qu’Howard n’ait rien de planifié pour le premier temps des fêtes de ses bébés. Certes, ils ne garderaient pas de souvenir de leur première visite du Père Noël mais cela ne voulait pas dire qu’il ne devait pas instaurer la tradition dès maintenant.  Je lui proposais mon aide pour décorer parce que ça, je pouvais très bien le faire.

- Les lumières de noël ont quelque chose de réconfortant. J’adore quand ça brille et de m’envelopper dans une couverture chaude devant un film de noël comme ce soir avec pour seul éclairage, les lumières qui brillent dans le sapin.

J’étais certaine que de décorer sa maison aiderait à y changer l’ambiance qui avait été ternie par le décès de Peyton, ce qui était on ne pouvait plus normal dans les circonstances. Je n’avais pas connu personnellement l’épouse de mon amie mais au fond de moi, j’étais convaincue qu’elle ne voudrait pas qu’Howard zappe le premier noël de leur enfants et qu’il laisse la morosité l’habiter donc, le temps des fêtes était l’occasion parfaite pour remédier à tout cela.

- Nous mettrons de la musique de noël et on fera brûler des bougies parfumées aux pommes et à la cannelle ! Tu verras ! Avec ça, on pourra presque faire neige sur Los Angeles !

Je rigolais en me recroquevillant sur le divan, mes genoux contre ma poitrine pour que je puisse y appuyer mon menton.

Pour ce qui était des célébrations, peut-être que je pourrais organiser un gros souper avec des amis et même que je pourrais inviter Enrique à venir avec Maximo et Rosalynn. Ça serait super de les revoir, ils me manquaient tellement.

- Bien sûr que tu peux ! Je le comptais déjà dans l’invitation, de toute façon.

Après tout, plus nous étions de fous, plus nous avions du plaisir, non ?

Mais qu’allait penser Julian de tout cela ? Lui qui tenait par-dessus tout à un ordre impeccable, à une maison étincelante ? Je fronçais des sourcils avant de gonfler mes joues et de laisser sortir un petit jet d’air d’entre mes lèvres pincées.

- Que ça lui plaise ou non, c’est tout de même ma maison et il s’agit d’un souper de noël avec ma famille et des amis qui sont aussi de la famille. Je ne pense pas qu’il sera totalement contre tout ceci mais il va quand même un peu angoisser à l’idée du ménage et des germes.

Je baillais et je m’étirais alors qu’Howard posais sa main sur ma cuisses et me sourit avant de me remercier d’avoir quitté la fête pour aller m’amuser avec lui. À vrai dire, j’avais quittée la fête sans me douter que je tomberais sur lui mais il était clair que j’aurais pu aller ailleurs plutôt que de le suivre.

- C’est rien. Ça m’a fait du bien à moi aussi tu sais. Parfois, une petite rébellion est nécessaire même si personne n’aura remarqué mon absence.

Je roulais des yeux avant de me lever.

- Ma crise d’adolescence s’arrête ici pour ce soir, me moquais-je, je vais aller dormir. Demain, je dois rencontrer Daniele pour lui parler de l’offre que j’ai eue. Ça ira ? je veux dire, tu as tout ce qu’il te faut pout dormir ? Je vais laisser une notre à Julian sur la porte du garage, il va passer par là de toute façon alors s’il hurle, ça ne sera pas parce qu’il t’aura surpris sur le divan.

Howard pouvait se couvrir avec la couverture qu’il y avait sur le divan et poser sa tête sur les coussins moelleux. Il serait réveillé très tôt parce que le soleil inondait la pièce dès son levé mais au moins, il serait confortable !

- Bonne nuit Howard le rebelle !

Livia adorait Noël au point au c’était devenu un p’tit peu contagieux au fur et à mesure de notre conversation. J’avais accepté qu’elle vienne m’aider à installer des décorations et autres lumières chez moi et elle déclara que les lumières de Noël était réconfortantes. C’est vrai… L’avait pas tort là-dessus et j’souris en hochant de la tête pour confirmer.

Elle faisait des plans nous voyant déjà mettre de la musique de Noël et autres bougies parfumées. J’rigolai à sa remarque sur la neige sur Los Angeles.

-Qui sait ? Ça peut arriver.

C’était rare mais pas impossible d’après ce que j’en savais. Faisait parfois très froid l’hiver. Moi, j’étais le genre de type à adorer le soleil alors les lumières seront vraiment pas de trop.

Livia voyait loin et grand jusqu’à aller à m’inviter ici ainsi que ses frères et sœurs et son beau-père. J’refusai pas l’offre demandant simplement si David pouvait venir. Elle confirma et j’souris.

-Ça lui fera super plaisir.

Mais est-ce que ça plaira à Julian ? J’doutais que ma présence lui plaise surtout que j’savais qu’il était maladivement jaloux. Mais apparemment, Livia ne lui laissera aucun choix étant donné que, ici, c’était aussi sa maison. C’était pas faux… Et, apparemment, le truc qui fera le plus flippé Julian ça sera pas sa jalousie mais la saleté qu’on foutra ici. J’rigolai.

-Si ce n’est que ça il s’en remettra quand la pauvre femme de ménage passera.

Livia bailla. Se faisait tard. Alors, je la remerciai pour la soirée. J’étais persuadé que sa fuite était un acte de rébellion aussi fort que mon p’tit concert. Elle déclara que personne n’aura remarqué son absence. J’en étais pas si sûr.

-Moi, je pense qu’ils l’auront vu.

Déjà, elle sera pas monté sur scène. Ricci se posera sûrement des questions à ce sujet.

Livia déclara alors la fin de la soirée. L’avait un rendez-vous avec Ricci demain. Mon sourire s’effaça un p’tit peu mais… L’avait raison. Fallait savoir quand s’arrêter.

Elle comptait prévenir Julian de ma présence avec un mot.

-Ouais, j’crois que j’ai tout ce qu’il me faut. T’inquiète pas. Et merci pour Julian. J’voudrais pas mourir tué par un héritier. Ça serait triste comme mort.

J’me couchai sur le fauteuil amenant les couvertures sur moi. J’fis un clin d’œil à Livia alors qu’elle me souhaita bonne nuit.

-Bonne nuit, Livia la révolutionnaire.