Après le mini concert d’Howard, je n’avais pas réussi à le trouver… J’ignorais où il se cachait, s’il se cachait, ou si Daniele l’avait fait mettre dehors. J’aurais vraiment trouvé ça injuste parce qu’en tant qu’artiste de BSC, Howard avait tous les droits d’être ici. Daniele ne l’aimait peut-être pas, mais en dehors de ça, le batteur avait beaucoup d’amis.

En attendant que quelqu’un se décide à monter sur scène, la musique jouait dans les enceintes… Je me promenais un peu partout avec Syd, rencontrant des gens, discutant ci et là… Mais Daniele n’était jamais libre pour que je puisse lui demander si Howard avait été vaporisé.

Puis, à un moment donné, alors qu’une autre chanson de The Army passait, je soupirai profondément.

Je me tournai alors vers Syd.

-Je vais aller jouer quelques chansons avant qu’elles soient toutes passées artificiellement…

J’avais vraiment envie de jouer.

Je déposai un baiser sur la joue de Sydney et m’éloignai vers l’arrière de la scène. J’y trouvai Eddy Cort et les autres membres de Roadtramp ainsi que Willow Ford.

-Oh salut les gars ! Salut Willow !

Qu’est-ce que Willow faisait avec Roadtramp, mystère ! Je l’aurais plutôt vue traîner avec Victor Hunter mais soit.

Ils me rendirent mon salut et on échangea deux ou trois mots.

Avant que je n’entre dans le vif du sujet.

-Dites ? Vous allez aller jouer maintenant ? Ou je peux vite y aller avant vous ?

Les membres de Roadtramp se regardèrent et, d’une façon assez impressionnante, semblèrent tomber d’accord sans prononcer un seul mot.

-Merci les gars ! Je vous revaudrai ça ! Vous auriez pas une guitare à me prêter, par hasard ?

J’étais venu avec rien… Daniele m’avait bien dit qu’il y aurait une scène mais… J’étais jamais très prévoyant… Sydney m’avait pourtant dit de prendre un instrument… J’aurais du l’écouter.

Heureusement, Roadtramp était venu avec tout leur matériel et je me retrouvai avec une guitare en main en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Puis j’allai demander à Alec de paramétrer le tout pour que je puisse jouer et chanter avec mes appareils auditifs. Et des musiciens de session se bousculèrent pour m’accompagner.

Enfin, je montai sur scène… Une scène à qui plus personne ne faisait attention. Et je me mis à jouer. Un message. A Daniele. A Howard, s’il était toujours là.

Je n’avais pu aperçu le petit merdeux après qu’Amon Sørensen l’ait quitté. Je trouvais que c’était une bonne chose – avec un peu de chance, il était parti de lui-même.

J’avais – ainsi – pu passer d’invités en invités qui, évidemment, n’avait que l’incident en bouche… « Comment Stone a réussi à entrer ? ». « C’était réellement une surprise ? ». « N’empêche que les chansons de Stone sont excellentes ! ». Mouais… J’étais resté sur la ligne de conduite de Jim sans m’en détacher montrant que je prenais tout ça avec humour. Il allait vraiment falloir que je trouve un moyen de renforcer la sécurité pour la prochaine fête afin d’éviter ce genre de désagréments.

Je n’avais pas encore eu le temps de voir ma Sammy mais j’imagine qu’elle-même devait être occupée à parler à divers invités.

Je n’avais pas encore revu Jim qui devait être parti changé de pantalon… J’attendais impatiemment qu’un groupe grimpe sur scène – Roadtramp, Livia ou Sniper, si possible – pour faire passer la pilule « Stone ».

Et mon vœux s’exauça quand Evan se décida – enfin ! – à remplacer la bande sonore qui passait ses anciens tubes. Il avait réquisitionné des musiciens de sessions pour la cause et ce traitre d’Alec s’occupait du son…

Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il choisisse ça comme première chanson… Décidément, l’humeur était à la révolte et Evan n’aidait en rien ma cause. Je savais qu’il était très ami avec Stone mais de là à me tacler en plein concert c’était limite.

-Cazzo di merda, soufflais-je non sans afficher une moue.

C’est ça, Sniper… Crache ta haine toi aussi ! Vivement Roadtramp !  

J’avais longuement parlé avec Willow avant qu’Howard Stone ne monte sur scène, nous surprenant tous. N’était-il pas censé être exclus de la fête ? Les autres me confirmèrent que c’était le cas mais pourtant, il était bien là. Et il joua deux magnifiques chansons. Des chansons de révolte.

Je savais que lui et Jimmy Reed ne s’aimaient pas beaucoup mais pour moi, il cherchait juste à expulser tout le mauvais qu’il y avait en lui depuis la tragédie qui lui était tombée dessus avec la mort de sa femme, Peyton Stone.

Depuis les coulisses, on avait écouté attentivement. Puis après deux chansons, Jimmy Reed était monté sur scène pour recueillir les fleurs de cette énorme surprise…

-Ah ok, je comprends mieux…

Je croyais Reed… Je ne me posais pas de questions. Même si Howard versa sa vodka sur les chaussures du magnat de BSC. Pour moi, tout ça était de la mise en scène, du coup… Et Howard devait bien s’éclater d’avoir une occasion de faire chier Jimmy Reed en public.

Parce que ce qui était vrai aussi, c’était la haine que le batteur lui vouait.

Lele était lui aussi monté sur scène pour cette surprise et j’avais souris… J’avais hâte de jouer, moi aussi.

Puis les enceintes avaient pris le relais et la fête avait continué. On s’était alors mis à préparer nos instruments et à régler certaines choses tout en répondant aux questions un peu techniques de Willow qui semblait vraiment s’intéresser à ce qu’on faisait. En quelques minutes, j’avais compris que l’actrice était vraiment une gentille fille, ce qui n’était pas forcément facile à trouver dans la jet-set.

Soudain, quelqu’un avait surgi en coulisses et nous avait fait tous nous retourner ! Ce n’était autre que Sniper ! Le grand Sniper ! La base de tout… Et le pire, c’était qu’il était d’une modestie à toute épreuve. Et ce fut vraiment timidement qu’il nous demanda si on avait pas une guitare à lui prêter.

Ce qu’on fit avec grand plaisir !

Il monta sur scène une fois quelques détails réglés et entama une chanson qui me fit froncer les sourcils et me retourner vers Clepto et Willow.

-Y a un thème et on est pas au courant ?

Et le thème en question semblait bien être la révolution… Je cherchai Lele des yeux mais il était loin et je n’arrivais pas à lire sur son visage s’il était content ou non.

N’empêche que… Les chansons teintées de colère étaient quand même toujours les meilleurs.

-Les gars… Quand ce sera notre tour… Je crois qu’on commencera pas Master.

Sonne et moi nous étions perdu de vue un peu après que Stone ne monte sur scène. De toute façon, avec l’alcool, Sonne devenait de plus en plus bavarde ce qui, de temps à autre, pouvait légèrement m’agacer. Ce fut, donc, seul que j’avais pu voir toute le déroulement du « concert » du chanteur de Firworks. Il exhortait les gens à se rebeller avec ses deux chansons qui, tout le monde le savait, était une critique de la jet-set et, plus précisément de Jimmy Reed qu’il détestait.

Ainsi, Stone n’avait pas terminé son combat. C’était ce que je pus constater… Mais l’intervention du magnat de BSC, à la fin, avait mis le doute dans ma tête. Est-ce que Reed en avait profité ou bien était-ce réellement du chiqué… L’idée même que Stone et Reed ait pu inventé leur petite guerre afin de faire grimper les ventes des albums de Firworks me traversa l’esprit. A vrai dire, ça ne m’étonnerait pas venant de l’esprit brillant de Reed.

Bien que j’imagine qu’il se serait passé d’avoir de la vodka plein ses chaussures. N’était-ce pas un peu trop pour une mise en scène ? A moins que Stone ait dépassé les bornes ce qui était fort probable.

Après ce concert, j’avais pris un verre de champagne cherchant à nouveau Sonne du regard sans la trouver sur la plage. Peut-être était-elle sur le bateau. J’allais y aller quand je fus interrompu par Dustin Lakers qui semblait vouloir me parler. Je l’avais laisser faire alors qu’il disait avoir trouvé une petite perle de groupe dans un bar à New York. Oh ! Dustin allait jusqu’à New York pour trouver ce qu’il lui fallait ? Était-il désespéré à ce point ? Quoi qu’il en soit, il était certain que, prochainement, je n’allais plus que parler de ce groupe. J’avais dit que j’attendais de voir…

Après ça, il me laissa tranquille mais il avait prit tellement de temps à me parler de ce fichu groupe que j’avais eu l’impression d’avoir perdu mon temps. Alors, je me dirigeai vers le bateau pour, enfin, pouvoir un peu profiter de l’intérieur luxueux de l’endroit.

Et c’est sur le pont que j’y retrouvais ma femme.

-Ma chère ! Je te cherchais, justement.

Je vins enlacer sa taille d’un bras.

-Désolé, j’ai été retenu par Dustin Lakers… Qu’est-ce qu’il a le don de parler pour ne rien dire, cet homme…

Je disais ça en regardant vers la scène où Sniper grimpe. Je souris.

-Oh ! Nous allons à nouveau avoir de la très bonne musique.

Je me tournai vers ma femme.

-Tu vas bien ? J’espère que tu n’as pas encore bus quelques verres pendant que je n’étais pas là.

Parce que, bientôt, elle allait réellement être saoule et cela risquait bien vite de ma saouler.

Sniper commença alors à chanter et sa chanson me fit lever un sourcil. On aurait dit qu’il suivait la logique de Stone… A croire qu’ils s’étaient passé le mot.

-Et bien… Il semblerait que les artistes soient plein de rancœur ces temps-ci… Alors que sans tout ce qu’ils critiquent, ils n’auraient pas un rond en proche.

Je trouvais qu’autant Stone que Sniper étaient de grands hypocrite.

Après ma discussion avec Victor, j’étais allé changer de pantalon dans la cabine que j’avais fait réserver pour Maritza et moi. Elle m’avait trouvé de quoi me changer dans la cabine de Daniele et avait coupé l’ourlet pour le rendre plus grand et donc à ma taille. Parce que Daniele n’était pas très grand… Déjà que moi, je ne pouvais pas me vanter d’atteindre le mètre 80, alors le petit Italien, fallait pas demander.

J’avais aussi frotté mes mocassin, les rendant brillants à nouveau, le tout en échangeant quelques platitudes sans importance avec ma femme qui évitait soigneusement de me parler de Stone, ce qui n’était pas plus mal.

Parce que je pouvais duper beaucoup de monde avec mon petit speech que j’avais fait sur la scène. Mais je ne tromperais jamais Maritza avec ce genre de chose. Elle me connaissait trop bien et elle aura reconnu un sauvetage désespéré de la situation.

Une fois prêt, on remonta sur le pont, son bras tenant le mien. C’était bien plus confortable d’être au sec et de ne plus empester la vodka à un kilomètre à la ronde.

Nous arrivâmes juste à temps pour voir Sniper monter sur scène, sa guitare en main.

-Aaah voilà qui est mi… argh…

Je m’étranglai dès les premières notes de sa chanson et resserrai mon étreinte sur le bras de ma femme.

Sérieusement ? Sniper ? Il jouait le jeu de Stone ?

Ou était-ce juste une coïncidence.

Je repérai Daniele qui semblait lui aussi figé et entraînai Maritza avec moi pour aller de nouveau à sa rencontre.

Côte à côte avec l’Italien, les yeux rivés sur la scène, je sifflai de frustration.

-On a éteint un incendie… Mais il reste des foyers assez vivaces apparemment.

Je tournai la tête vers Daniele.

-Tu crois qu’ils se sont passé le mot ? Une protestation à relais comme celle initiée par Bobby Sands en Irlande en 81 ?

C’est à contrecœur que je regardais Amon me quitter de crainte que l’on se fasse repérer par Axel. Cette soirée, sans offense pour mon patron, était de loin la pire à laquelle j’avais assisté depuis longtemps ! Heureusement, l’alcool ne manquait pas alors je m’enfilais un je-ne-sais-plus-combientième-verre d’une traite. À défaut d’avoir les bras fort et réconfortant de mon amant pour me réchauffer, l’alcool le ferait.

Axel me rejoignit, comme l’avait anticipé Amon, disant qu’il me cherchait, justement. Il ne devait pas avoir chercher très fort parce qu’Amon et moi n’étions pas caché, sur le pont du yacht surplombant la plage sur laquelle la scène se trouvait. Il disait s’être fait accaparer par Dustin Lakers et que cet homme avait le don de parler pour ne rien dire.

- Il semble que ce soit commun aux gens réunis ici ce soir. Je n’ai eu que des conversations vides et ennuyantes.

Nous pouvions donc rentrer, aussi simple que cela, puisqu’il ne semblait pas que ce soit ce soir qu’Amon ferait vibrer mes ovaires. Axel commenta alors que j’allais lui proposer de prendre congé, que nous aurions de la bonne musique puisque Sniper venait de s’approprier la scène.

- Il me faudra plus que ça pour passer une bonne soirée.

Je dévisageais Axel d’un regard noir ensuite quand, après m’avoir demandé pour la forme si j’allais bien, formula le souhait que je n’ai pas trop bu. Je savais qu’il détestait que je puisse trop boire ou fumer et moi je détestais qu’il tente de me fixer des barrières. Alors, pour le provoquer un petit peu, je fit signe à un serveur d’approcher et je me pris un autre verre que je levais en sa direction.

- Juste assez pour ne plus savoir les compter.

De toute façon, je n’avais déjà plus l’attention d’Axel qui l’avait reporté sur la scène et commenté la performance de Sniper.  Un autre artiste qui tentait de passer un message, du moins, c’est ce qu’il en paraissait d’ici. Je soupirais en vidant mon verre, en demandais un autre et répondis à mon époux.

- Des bébés gâtés, voilà ce qu’ils sont ! Je vais y aller moi, chanter ! Je devrais peut-être bien faire ça ! Je vais le faire !

Et ce ne serait certainement pas pour passer un message pseudo engagé que je le ferais !

Je n’avais pas retrouvé Livia après qu’elle se soit éloignée de moi après ma remarque sur Howard Stone. Si je m’en étais voulu sur le coup, plus j’y repensais plus je pensais qu’elle avait un peu exagéré. Ok… Je savais qu’elle avait du respect pour Stone mais j’avais bien le droit de dire ce que je pensais, non ? Et ça même si ça ne lui plaisait pas. Puis… J’ai vraiment l’impression qu’il y avait quelque chose entre elle et le batteur.

Je le sentais.

Au plus profond de moi.

Et ça me faisait mal.

J’avais cherché en vain… J’avais demandé si on l’avait vu mais personne ne semblait y avoir prêté attention… J’avais fini par me résigner pensant qu’elle finirait par me rejoindre ou, du moins, que j’allais finir par l’apercevoir.

J’avais fini par terminé devant la scène où on s’affairait. Visiblement, quelqu’un allait y grimper mais je n’étais pas vraiment sûr d’avoir le cœur à la fête. Je ne pouvais m’empêcher de penser à Livia et de chercher en quoi j’avais mérité sa si mauvaise humeur. Je comprenais qu’elle soit en colère contre son père mais moi ? Je n’avais pas mérité ça…

Je finis par prendre un verre de whisky. Je buvais très rarement et jamais en grande quantité mais j’avais envie de sortir ces pensées de ma tête. Alors, je bus une traite le contenu non sans grimacer alors que Sniper finit par monter sur scène.

Et il envoya la première chanson. Encore une chanson critique. A croire que c’était le thème. Je ricanai. Stone avait peut-être plus de partisan qu’il n’y paraissait. Sniper en faisait partie… Sans doute que, quelque part, Livia aussi. Ou alors, tout ça est encore le spectacle de marionnette de Jimmy Reed qui serait la tête pensante de toute cette mascarade.

J’écoutai Sniper se déchainer et continuer de taper dans la fourmilière qui, j’en étais sûr, restera sourde à tous ces cris du cœur. Parce que, dans la jet-set, il n’y a pas de cœur. J’y étais né. Je savais que, ici, tout était froid. Et c’est grâce à cette froideur que les gens comme moi et comme eux peuvent survivre contre ceux qui peuvent les détruire.

J’avais laissé Sonne et je la savais frustrée… J’imaginais bien les films qu’elle s’était fait : que je l’enlève pendant quelques minutes à son mariage d’apparat pour la faire monter au septième ciel. Mais voilà… Son attitude quand j’avais commencé à discuter de totalement autre chose plutôt que de lui souffler des mots d’amour (ou pire ! des choses vulgaires) à l’oreille m’avait bien fait comprendre que tout ce qu’elle attendait de moi, c’était du sexe.

Désolé, mais je ne suis pas encore réduit au rôle de sextoy. Et ce n’était certainement pas comme tel que je considérais Sonne.

Bref, ça m’avait dégoûté et j’avais continué sur ma lancée, parlant de la révolution d’Howard plutôt que de lui donner ce qu’elle voulait. J’avais même frôlé la misogynie à la Jimmy Reed juste pour l’énerver.

Puis j’étais parti, sauvé, en quelque sorte, par Axel… Est-ce que je tenterais une autre approche plus tard pendant la fête ? Probablement pas.

J’avais imaginé qu’on pouvait parfois juste parler, Sonne et moi et pas seulement nous voir pour nous accoupler. Mais apparemment, mon amante ne voyait pas les choses de cette façon.

Tant pis pour elle… Rien ne me liait à cette relation, je pouvais y mettre fin quand je voulais.

Je revins sur la plage, me prenant un autre verre et, quand Sniper monta sur scène, oubliai complètement Sonne.

-Mais qu’est-ce que… ?

J’avais reconnu les premières notes directement… Je savais le message qui allait suivre. C’était une chanson assez critique de l’industrie du disque.

Je me rendis compte que j’étais côte à côte avec Julian Hughes qui, comme moi, était captivé par ce qu’il se passait sur scène. Je tournai la tête vers lui et lui souris.

-On dirait qu’ils se sont passé le mot…

Si le but de Sniper était d’apporter son soutien à Howard… Ouais, ça devait être ça… Mais aussi… D’un autre côté, si ça devenait un… thème ? Est-ce que ça ne renforcerait pas ce que Jimmy reed avait dit ? Que tout ça était calculé ?

Comme une forme d’autodérision ou… Je n’en savais vraiment rien.

Mais moi, je savais que le message d’Howard avait été sincère…

Vu de là où j’étais, je vis bien que ma chanson pétrifia presque tout le monde. Les gens me regardaient avec des airs surpris, ahuris ou interrogateurs. Tout le monde semblait se demander si tout ça était vraiment une machination de Reed et Daniele… Ou si c’était une vraie révolution.

Moi-même, je n’avais pas la réponse à cette question.

J’avais voulu faire un peu comme Howard, c’était tout… Sans même viser personne. Parce que ces chansons, les chansons révolutionnaires, avaient une puissance incommensurable… Encore bien plus que les chansons d’amour.

J’étais bien placé pour le savoir : mon album critique, Must The Show Go On ? avait eu un succès fou alors que My Tribute To Love avait eu un accueil plus que mitigé.

Mais qu’à cela ne tienne… Toutes les chansons que j’avais écrites, je les aimais.

Je terminai donc ma première chanson devant un parterre de merlans frits…

Instinctivement, je cherchai Howard dans la foule mais impossible de le trouver. Est-ce que Reed l’avait déjà fait vaporisé ?? Ou est-ce que le magnat de BSC l’avait récompensé en le noyant dans la vodka ?

J’en savais rien…

Mais je sentis qu’il fallait calmer le jeu. Il y avait comme une tension dans l’air.

Alors je portai le micro à ma bouche.

-Elles sont fortes, ces chansons, pas vrai ? Mais il est temps de remettre un peu de douceur dans ce monde de brutes.

Je me décalai un peu sur la scène, remis le micro sur son pied et empoignai ma guitare… Je souris à mon public.

-Je vois Vicky, là-bas, avec Tobby Cooper. Vous êtes mignons… Puis…

Je pointai Syd dans le public.

-Je voudrais dédier la chanson suivante à Sydney Grey…

Je jouai les premiers accords sur ma guitare en espérant ramener la paix en zone de guerre.

Je regardais Evan continuer la petite révolution initiée par Stone… Je devais avouer que j’aurais largement préféré que mon poulain se contente des autres chansons de son répertoire et pas celle-là – qui visait le showbiz et, donc, moi. Je ne savais pas ce qui avait traversé son esprit mais il était claire que je me sentais clairement visé !

Jim ne tarda pas à me rejoindre avec sa femme. Il semblait aussi frustré que moi devant l’acte de rébellion d’Evan… Je savais que Sniper était proche de Stone mais s’il avait un réel problème, il devait venir me le dire en face au lieu de jouer le petit jeu du batteur. Pour Jim, c’était clair ! La révolution du petit merdeux venait simplement de former des petits foyers de rebelle et Sniper semblait être touché.

-Ouais… Sniper me déçoit, lançais-je les dents serrées.

Jim se demandait si Sniper et Stone s’étaient passés le mot. Je n’avais pas vu Evan voir Stone… Pas après que le batteur soit descendu de scène, en tout cas. Mais peut-être qu’ils s’étaient vu avant.

-Je n’en sais rien… Ou alors Sniper a seulement été inspiré par Stone et c’est sa façon de nous dire qu’il le soutien, dis-je frustré par ce qu’ils se passait… Mais au pire, les gens verront ça comme un plan de BSC… Après tout, tout le monde sait que Sniper et moi sommes en bon termes.

J’espérais que les choses soient vues ainsi plutôt que comme une vraie révolution…

-En tout cas, il faudra trouver un moyen pour que Stone cesse d’allumer des feux à l’avenir, rajoutais-je alors que Sniper en termina avec sa chanson.

Sniper changea alors complètement de disques disant qu’il fallait amener un peu de douceur.

-C’est pas trop tôt, grommelais-je.

Il repéra le couple Hunter/Cooper avant de dédier la chanson à sa petite amie, Sydney Grey.

Ce fut la douceur qui replaça la colère. J’écoutais non sans montrer, sur mon visage, que j’avais moyennement apprécié ce qui avait précédé.

-J’espère qu’il va rester sur ce genre de disque, dis-je en espérant que l’orage était définitivement passé.

Je m’étais plaint de Dustin Lakers et de ses conversations vides de sens. Mais d’après Sonne, c’était le cas de toute le monde ici. Tout était ennuyeux pour elle. J’haussai les épaules.

-C’est que nous ne sommes pas encore tombé sur les bonnes personnes, ma chère.

Seulement, la fête allait peut-être s’animer un peu quand je remarquai l’entrée de Sniper sur scène. Un pur produit BSC, cette fois. Mais cela ne semblait pas suffire à Sonne qui semblait clairement peu satisfaite de cette fête. Je l’avais regardé remarquant très bien qu’elle avait déjà bien trop bu. Avec nos quatre enfants nous allions rarement à des sorties ou des fêtes et elle avait peu l’habitude de boire autant. Je ne savais pas ce qu’il lui prenait…

Je fis, donc, une remarque sur sa consommation d’alcool. Une remarque qu’elle ne sembla pas aimé vu son regard. Mais j’aimerais que nous évitions de nous faire remarqué de façon négative. Jimmy Reed était ici, après tout. C’était le parrain de James. Il fallait faire bonne figure !

Sonne confirma ne pas savoir combien elle en avait bu tellement elle en avait bu. Je fronçai les sourcil.

-Il faudra freiner.

Je reportai, alors, mon attention sur scène où Sniper avait décidé de continuer le jeu de Stone avec sa propre critique. Je ne saurais dire si tout ça avait été décidé à l’avance ou non. De loin, c’est ce que ça avait l’air. Comme s’il y avait un thème.

Pour Sonne, Stone et Sniper n’était que des bébés gâtés. J’allais déclaré qu’elle n’avait pas tort mais elle me surprit en disant qu’elle comptait aller chanter. Je levai un sourcil.

-Sonne… Je pense que tu as bien trop bu. La place sur scène est réservé aux artistes qui savent jouer d’un instrument ou chanter. Puis, tu es la secrétaire de Daniele Ricci. Il ne faut pas l’oublier. Nous deux avons un rôle à tenir ici.

Moi celui de journaliste et d’ami de Reed et elle celui de secrétaire de Ricci. On pouvait se détendre mais pas dépasser les bornes.

La chanson de Sniper se termina et il changea de thème voulant plus de douceur. C’était passer du coq à l’âne de mon avis… Il dédia cela à sa petite amie avant d’envoyer une chanson présente sur son dernier album. Celui qui avait eu le moins de succès.

-Voilà qui est mieux ! Plus d’amour et moins de haine.

Je ne savais pas trop quoi pensé de ce qu’il se passait à cette fête. Je n’aurais jamais imaginé une telle tournure d’évènement. Il avait fallu quelques mots vraiment mal placé de la part du père de Livia pour que tout éclate en morceau. Parfois les mots sont de véritables armes.

Résultat, me voilà seul devant Sniper qui, à l’instar de Stone, tapait dans la fourmilière. Stone comme Sniper me donnait l’impression d’être des hypocrites. Même si, pour le cas de Sniper, il est vrai qu’il pouvait en vouloir à ce business qui lui avait pris ses amis. Mais… N’était-ce pas derrière ? Après tout, il est toujours avec Daniele Ricci… Alors pourquoi cracher dans la soupe ? Par soutien ?

Je crois que je me posais bien trop de questions et que, si ça tombait, tout ça était réellement orchestré par Reed… Encore et toujours. Et ça me donnait presque envie de vomir sans pour autant déclencher en moi le sentiment de révolte que je devrais ressentir. Parce que, quelque part, je faisais entièrement partie de ce monde. J’y étais né. Si je me retournait contre lui que me resterait-il ? De quel autre monde pourrais-je me revendiquer ?

C’est une voix que je ne reconnu par qui s’adressa à moi. Mais son visage, lui, je le connais bien… Amon Sørensen. Un des journalistes les plus redoutés de Los Angeles. Je détestais les journalistes. J’avais appris à les éviter. Ainsi, mon accueil se fit par un regard froid alors qu’il déclara que Stone et Sniper s’étaient passé le mot.

-Ou tout est préparé à l’avance…

Ce n’était pas à exclure.

-J’imagine que ça te fera de quoi écrire.

Je l’avais tutoyé alors que je ne le connaissais pas. C’était pour montré mon mépris vis-à-vis de lui.

-Et tu l’écriras comme tu le veux en inventant des histoires, comme d’habitude.

Je me tus après ça alors que la chanson de Sniper se termina. Il dit que, désormais, il fallait un peu de douceur et il partit sur une chanson d’amour. Je n’avais pas la tête à ça et ça me fit un peu mal. Mon visage était fermé et se ferma un peu plus. Mais comme Amon était à mes côtés, je ne fis aucun commentaire.

Sniper décevait son manager. Je pouvais comprendre alors que je regardais le chanteur continuer sa performance. Mais… Il n’avait pas la hargne de Stone… Stone avait chanté d’une façon différente. Sniper, lui, semblait faire sa chanson sans réelle arrière-pensée…

Il fallait dire que Sniper n’était pas le plus dégourdi… Stone avait tracé un chemin et il avait juste suivi comme un mouton sans savoir ce qui se jouait, à mon avis.

Je déclarai que nous avions éteins l’incendie mais qu’il restait des foyers un peu partout. Daniele était d’accord avec cette image. J’acquiesçai quand il affirma que finalement, les gens me croiraient peut-être plus qu’espéré vu que tout le monde s’y mettait alors même que Sniper était en bon terme avec Daniele.

Je me frottai le menton, réfléchissant.

-Moui… Finalement, en voulant montrer son soutien à Stone, il le déforce d’une certaine manière. Effectivement, tout le monde sait que tout va bien pour Sniper et qu’il n’a aucune raison de se rebeller.

Un fantôme de sourire se dessina sur mon visage.

-Les artistes ne réfléchissent décidément pas.

Daniele, lui, voulait qu’on trouve une solution concernant les coups de gueule de Stone. Je hochai la tête.

-Je vais y réfléchir. Mais il a la liberté d’expression, il a l’argent… Je ne vois pas ce qu’il lui faut de plus si ce n’est ma démission.

Je fis la moue à cette pensée. Sniper, lui, décida de changer de disque et de ramener tout le monde à des sentiments plus positifs. Il dédia sa chanson à Vicky et son nouvel amoureux mièvre à souhait (à se demander comment il avait pu un jour tenir sur un ring)… Puis il commença la chanson qui était une véritable ode à l’amour.

Un disque qui avait moins bien marché mais j’étais content d’entendre ça, là tout de suite.

-Oui, je pense que l’intervention de Sniper va finalement faire oublier un peu Stone. Et après, les jeunes de Roadtramp vont nous en mettre plein les yeux. Sørensen est là, il en parlera sûrement… Mais j’ai vu aussi Axel Moriarty dans le coin. Si besoin, il fera un contre article.

Tout finirait par un match nul, dans ce chapitre de la guerre entre Stone et moi.

Je m’étais posté à côté de Julian Hughes… Je ne le connaissais que de vue. Jamais je ne l’avais interviewé parce que jusqu’ici, il n’était personne hormis le fils de Don Hughes. Mais peut-être cela allait-il changer. J’avais appris par le bouche à oreille qu’il travaillait sur sa propre marque de voiture.

Et vu sa tête, il connaissait, comme tout le monde, ma réputation. Je sentais bien que je n’étais pas le bienvenu à côté de lui.

Pourtant, je ne me rappelais pas lui avoir fait quelque chose. J’avais même plutôt pris son parti dans ce qui était arrivé avec sa mère. Cela dit… ça revenait aussi à exposer sa vie privée. Tout le monde savait maintenant qu’il avait été un enfant battu… Parce que je l’avais écrit.

Mais j’engageai tout de même la conversation… Pour avoir un avis extérieur au mien, pour savoir si la duperie de Reed allait fonctionner.

Et vu ce que le jeune Hughes affirma, c’était à moitié gagné pour Reed parce que la première chose qu’il dit, c’était que peut-être, tout ce qui se passait sur scène était calculé.

En tout cas, le doute planait, si je comprenais bien.

Je souris en coin.

-Moi, je sais que tout ça n’a pas été préparé du tout… C’est un chewing gum sur une fuite d’eau.

Mais un chewing gum qui collait bien.

Désabusé, Julian affirma que, de toute façon, j’écrirais quand même ce que je voudrais, en inventant pour combler les trous.

Je haussai les épaules.

-Je vais juste retranscrire ce que Howard m’a déclaré. Pour une fois, j’écrirai la vérité.

Je me tournai vers lui.

-Livia va jouer, elle aussi ?

Elle n’était pas avec lui et je ne voyais sa tignasse dorée nulle part… C’était assez bizarre, comme fête.

Aucune conversation ne m’avais impressionnée, jusqu’à maintenant. Même avec Amon, je l’avais senti totalement désintéressé. Bien que j’avais imaginé une autre issue pour nous deux, j’étais capable de le soutenir et de parler de la pluie et du beau temps, cela me plairais, même de converser sur un livre ou un film mais Amon n’avait même pas sembler me voir réellement. À croire que je ne servais qu’à lui vider les couilles de temps en temps et que le reste du temps, je ne lui était d’aucune utilité. Je n’avais même pas sentie que l’aide que je lui offrait était réellement considérée et appréciée.

Peut-être qu’il était tout simplement temps de mettre un terme à certaine relation.

Quant à mon époux, il s’inquiétait davantage de ma consommation d’alcool que de comment j’allais. J’avais enchainé plusieurs verres et j’allais continuer de boire, c’était la seule chose divertissante qu’il y avait à faire ici ce soir.

- Je freinerai quand je n’aurai plus soif !

Ce n’était tout de même pas Axel qui allait me dire quoi faire ! Depuis que nous étions mariés, il devait bien avoir compris que je n’en faisais qu’à ma tête.

Ceux qui grimpaient sur scène jusqu’à présent se comportaient comme de véritables enfants gâtés. Je proposais d’aller chanter, moi ! Je ne pourrais pas faire pire même que j’étais certaine que je pourrais faire mieux mais Axel en doutait, disant que la scène était pour les vrais artistes et que je n’étais que la secrétaire de Daniele.

- Peut-être que je suis une artiste qu’on ignore ? Et si j’avais un véritable talent, Axel ? Si je n’étais pas que la secrétaire de Daniele ? Si je n’étais pas que ta femme, que la mère de tes enfants, que la maitresse d’Amon ? Et si je pouvais être Sonne ?

Je venais de le braver sans peser la portée de mes mots mais j’en avais marre d’être une porteuse d’étiquettes vierges. J’avais du talent, avant de rencontrer Axel, même si ce n’était pas au Golden Nipples qu’on s’attendait à en trouver, j’en avais ! Atticus me le répétait souvent mais lui non plus ne tenait pas vraiment à ce que je tente ma chance. Quel scandale si une femme devait faire de l’ombre à son homme !

- Que pourrait-il arriver de pire, si je vais chanter ? Daniele me congédiera ? Ce serait une bénédiction pour toi et tu pourras me répéter ensuite combien tu as eu raison et que j’ai eu tort.

Sniper enchaina sur une nouvelle chanson qui se voulait, comme le disais Axel, plus douce et dépourvu de haine. La chanson avait beau être belle, l’enchaînement était douteux pour ne pas dire de mauvais goût avec tout ce qui venait de se jouer sur cette satanée scène.

Willow avait pris ma main quand Sniper avait entamé sa deuxième chanson. Je l’avais regardé un peu surpris, puis j’avais souris. C’était une chanson d’amour, ça ne nous concernait pas vraiment parce qu’en réalité, on ne se connaissait pas. Mais on pouvait peut-être faire semblant, juste un soir ?

Mais avant, j’avais hâte de monter sur scène. Et je savais que ça allait être dur de passer après Sniper. Il avait commencé en force puis il avait décidé de ramener tout le monde à des sentiments plus doux.

Puis il avait enchaîné avec ce que tout le monde attendait, des titres de The Army… ça avait ravi tout le monde et l’ambiance qui avait été comme suspendue depuis la montée de Stone sur la scène avait repris de manière plus festive.

Je me frottai le menton… Je réfléchissais… Si on faisait Master ça risquait de remettre de l’huile sur un feu que Jimmy Reed avait comme prévu de faire… ? Je savais pas trop. On avait pas été mis au courant qu’il y avait un thème et tout… Peut-être que ça concernait juste Howard qui était la surprise de ce soir.

-On va pas faire Master, les gars… J’ai une impression bizarre…

Comme si ça allait être malvenu.

Clepto haussa les épaules mais je voyais bien qu’il était sceptique lui aussi.

Aucun doute que j’allais demander à Daniele après ce qui s’était passé. J’avais envie de comprendre, de savoir le vrai du faux et le fond de l’histoire.

Sniper joua encore sept chansons, de quoi ravir la foule et nous aussi. Puis il descendit de scène et me tendis le micro.

-Vas-y, éclate-toi, petit Cort !

Je le remerciai et Roadtramp envahit la scène. J’avais ma guitare électrique blanche sur moi et j’étais ravi juste de pouvoir jouer !

-Salut tout le monde ! Quel magnifique fête ! Quel magnifique bateau !

Je m’éclaircis la gorge.

-Voici une chanson faite pour vous donner des cauchemars… Voici, The Sandman !

Sonne était déterminée à continuer à boire tant que ça la chanterait. Je levai un sourcil en faisant la moue face à cette attitude. S’ennuyait-elle au point que seul boire était la solution ? Il semblerait que ça soit le cas.

Je finis par soupiré montrant d’un regard désapprobateur que ce n’est pas tellement comment ça qu’on devait se conduire. Il fallait garder le contrôle. Nous étions désormais un couple devant se faire bien voir dans un monde où on s’était tous les deux invités. J’étais peut-être fils de sénateur mais mon père régnait sur l’Illinois… Pas sur Los Angeles. Et si mon lien avec lui m’aidait à avoir des relations de haut standing, je devais constamment les entretenir.

Sniper continuait la petite révolution de Stone, sur scène mais je fus surpris d’entendre Sonne dire qu’elle monterait bien sur scène pour chanter. Était-ce un effet secondaire de l’alcool qu’elle avait bu ? En tout cas, ça me décontenança. Je déclarai qu’il fallait être artiste pour monter sur scène. Puis, Sonne était la secrétaire de Ricci et avait, donc, un rôle à tenir. Tout comme moi en tant que journaliste. Mais Sonne insinuait qu’elle n’était pas que ça. Que, peut-être, elle avait des qualités en tant qu’artiste. Mais mon visage s’assombri quand elle cita son lien avec Amon bien qu’elle l’avait pas certainement par provocation et pour que je comprenne bien le message qu’elle voulait passer.

-Sonne… Les murs ont des oreilles ici… Es-tu obligée de me rappeler ce qui te lie à Sørensen ?

Bien que je voyais où elle voulait en venir.

-Je ne doute pas de ton potentiel talent… Et je suis très aux faits que chacun à différentes facettes…

Moi-même j’étais à la fois père, mari, journaliste et j’en passe… Mais je devais choisir mes rôle en fonction de la situation.

Sonne se demandait ce qui pouvait arriver de pire. Je soupirai.

-Je doute que Ricci te congédie pour ça. Il a bien trop besoin de tes compétences.

Car je pensais sincèrement que Sonne était très compétente dans son travail de secrétaire. A vrai dire, même si, comme elle le disait, j’aimerais la voir être une femme au foyer, j’admirais ce qu’elle faisait pour Ricci. On peut dire ce que l’on veut de notre couple. Ils nous arrive souvent de ne pas être d’accord sur certains sujets, Sonne et moi, mais, il était indéniable que je l’aimais malgré tout.

Sinon, je ne serais pas avec elle. Je n’aurais pas arrêté la drogue. Je n’aurais pas cessé, moi, mes escapades extra-conjugale.

-Non… Ce que je veux dire c’est que chaque rôle à son moment. C’est une question d’image. Nous sommes à une fête de la jet-set. Une rôle que, contrairement à d’autres, ici, nous devons entretenir. Comprends-tu mon point de vue ?

Sniper avait changé de disques et, même si je trouvais la transition incongrue, je m’étais laisser aller à écouter avant que le chanteur ne quitte la scène pour laisser place à Roadtramp et à un type qui ne parlait ni de révolution, ni d’amour.

J’espérais que le public – effectivement – voit tout ceci comme le grand plan de BSC. Quelque part, que Sniper enchaine dans le même ton prouvait, quelque part, que c’était demandé par moi et Jim. Car, après tout, tout le monde sait que je suis en très bon termes avec Sniper…

Enfin, jusqu’ici, tout du moins… Car s’il continue à reprendre pour Stone, j’allais réellement commencer à lui en vouloir.

Jim valida mon observation. Il était clair que Sniper n’avait aucune raison de se rebeller.

-En effet, amico mio !, m’exclamais-je.

Jim trouvait que les artistes ne réfléchissaient pas. Moui – c’était une évidence. Bien que Sniper avait la palme à ce niveau… Il ne réfléchissait absolument pas ! Il était toujours aussi naïf.

-Sniper est le pire à ce niveau… Il ne va jamais réfléchir plus loin que le bout de son nez, dis-je en faisant la moue. Lui et Stone font la paire, hélas.

Et il faudra s’en occuper, de Stone. Parce qu’il ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire. Il l’avait encore prouver aujourd’hui. Ce n’était pas un cas facile pour Jim car Stone avait de l’argent et, quoi qu’on en dise, une certaine influence. Que voulait-il ? Je n’en savais rien.

-J’avoue ne même pas savoir réellement pourquoi il se rebelle maintenant, dis-je en soupirant.

C’était une énigme…

Sniper avait changé de disque pour mon plus grand soulagement. Ce n’était, donc, pas lui qui allait définitivement mettre le feu au poudre. Il semblait même vouloir calmer le jeu.

Bref, Jim et moi étions rassurés. Mon meilleur ami déclara que – au pire – si Amon disait quelque chose qu’il ne fallait pas, nous avions Moriarty dans notre poche.

-Et Guitar&Pen est plus crédible que L.A.People, dis-je les yeux rivés sur le scène.

C’était un avantage.

On avait écouté Sniper qui, après, avait cédé sa place à Roadtramp. Le petit Cort me fit sourire quand il qualifia mon bateau de « magnifique » ainsi que ma fête.

-Voilà quelqu’un qui sait apprécier les bonnes choses, dis-je en ayant, enfin, retrouvé le sourire.

Ils se mirent alors à jouer un de leur tube. Pas de chanson révolutionnaire.

-Je crois que Roadtramp va faire en sorte que ma fête ne tourne pas au cauchemar, dis-je, soulagé.

Amon m’avait rejoint. Je devais avouer que ce n’était pas vraiment la personne avec qui j’avais envie de parler, là toute suite. A vrai dire, j’aurais préféré être seul. Mais il fallait que le journaliste people s’en mêle…

Je l’accueillis avec froideur alors qu’il parlait de ce qu’il était en train de se passer sur scène. Sniper avait suivi l’exemple d’Howard Stone. Je savais que ce n’était pas à partir de là que ma soirée avait viré au cauchemar mais quand Jimmy Reed avait montré un certain mépris envers Livia.

Je déclarai que tout ceci était sans doute, comme l’avait affirmé Reed, une mise en scène. Mais Amon n’était pas de cet avis. Il semblait à ce point sûr que ça me fit lever un sourcil. Il qualifiait l’intervention de Reed comme un chewing gum sur une fuite d’eau. L’image me fit ricaner. Je pense qu’Amon sous-estimait réellement Reed.

-Dans la jet-set, c’est les apparences qui comptes. Or, pour le moment, ça ressemble bel et bien à une mise en scène.

En gros, la vérité est celle dictée par ceux qui ont le pouvoir d’imposer leur réalité. Reed avait décrété que c’était une mise en scène. De ce fait, s’en était une. La plupart des gens penserons ça. Je ne dis pas que je suis d’accord avec ça… Je dis juste que c’est ce qui est. Aujourd’hui autant Stone que Reed me ressort de partout, alors…

Quant à Amon, il inventera sa propre vérité dans ses articles souvent remplis de mensonges. Mais lui déclara qu’il écrira simplement ce qu’Howard lui avait dit. Ce qui, pour lui, était la vérité.

-C’est la vérité d’Howard…

Pour avoir la vraie vérité il fallait rassembler celle de tout le monde.

-De toute façon, je ne lirais pas.

Je savais que j’allais lire. Que ça sera plus fort que moi. Mais Amon n’avait pas besoin de le savoir.

Il me questionna alors sur Livia… J’haussai des épaules.

-Je ne sais pas… On est venu ici pour profiter de la fête. Elle y grimpera si elle en a envie.

Je ne savais, de toute façon, même pas où elle était… Mais j’avais bien compris qu’il lui fallait de l’espace… Alors j’avais arrêté de chercher.

Sniper termina sa chanson et ce fut au tour de Roadtramp de grimper sur scène. Je devais avouer que, là, j’avais bien envie de voir The Lightening. Mais je n’étais pas sûr que le groupe soit présent…

Eddy fit son introduction et amena une chanson qui n’était pas dans le soi-disant thèmes de la soirée. Je ne fis aucun commentaire essayant de me concentrer sur la musique.

Je voyais bien que le jeune Hughes n’était pas ravi de me voir. Ma réputation me précédait, dans la jet-set et je comprenais très bien sa réaction. Mais j’avais depuis très longtemps appris à faire avec et son mépris me passait bien au-dessus. C’était assez facile quand je savais très bien que j’étais un enfoiré quand je le voulais. Une fois ce fait accepté, on est blindé.

Julian croyait en la version de Jimmy Reed pour ce qui était des interventions de ce soir. Et ce qui me désolait, c’était que probablement bien des gens allaient en faire de même. Pour une fois que c’était moi qui allait raconter la foutue vérité !

Hughes était terre à terre et me rappela que dans ce monde-là, c’était les apparences qui comptaient. Or, Reed avait tout fait pour que le concert d’Howard passe pour une belle surprise offerte par BSC…

Et ça me fit un peu grincer des dents. Je soupirai.

-Le pire c’est que tu as probablement raison.

Quand à clamer haut et fort dans les lignes de mon prochain article ce que Howard avait dit… Pour Julian,  c’était la vérité d’Howard, ce qui me ramenait toujours au même foutu problème : seule les apparences comptent.

Je me tournai brusquement vers Julian quand il affirma qu’il ne lirait de toute façon pas mon article.

-Oh… Et bien si c’est vraiment le cas, tu es un des rares à résister à la tentation de voir ce qu’on dit sur lui…

Je savais que L.A.People était un sacré piège… Et le pécher mignon de beaucoup de gens… Ou plutôt, leur plaisir coupable. Je haussai les épaules et me reconcentrai sur Sniper qui enchaîna avec une chanson d’amour puis de bonnes vieilles chansons de The Army. La révolution s’était éteinte aussi vite qu’elle avait pris.

Est-ce qu’après tout ça… après les excès en tout genre qui étaient légion à cette fête, les gens se rappelleraient du coup de gueule d’Howard ?

Pas sûr… Mais je serais là pour le rappeler.

Je demandai à Julian si son épouse allait monter sur scène elle aussi, alors que Sniper laissait place à Roadtramp. Et le jeune homme me répondit avec une incertitude qui me fit froncer les sourcils. Il avait non seulement l’air de ne pas savoir si Livia allait monter sur scène, mais également d’ignorer totalement où elle était…

-Ok… Je vois…

Les femmes étaient vraiment imprévisibles. Et surtout, elles n’en faisaient qu’à leur tête et râlaient quand on ne leur donnait pas ce qu’elles voulaient… mais le pire, c’était quand elles se rendaient compte qu’elles n’étaient pas le centre de notre univers.

-Je compatis…

Roadtramp commença et n’eut pas l’air de vouloir suivre ses prédécesseurs sur la scène dans leur révolution… Je m’éloignai de Julian, me remettant en mode observation…

Après tout, il allait falloir que je rende compte de tout ça à la population de Los Angeles.

Axel doutait de mes talents alors qu’il affirmait que la scène n’était réservée que pour les vrais artistes. Pour lui, je n’avais pas le niveau, façon de me rappeler quelle place était la mienne et que je devais m’y cantonner. Je voyais bien sa suite de pensée et elle m’exaspérait. Je lui fis donc l’énumération de tout ce que j’étais, sans censure. Je pouvais être bien plus que ça encore !

Mon discours choqua Axel qui regarda autour de nous avant de me dire que les murs avaient des oreilles et que je n’étais pas obligé de lui rappeler ce qui me liais à Amon. Je ricanais en regardant moi aussi autour de nous.

- Allons-donc, chéri ! Nous tournons en rond ici depuis notre arrivée ! Personne ne s’intéresse à nous.

Non, personne ne prêterait attention à ce que nous pouvions nous dire en messe basse puisqu’il en avaient tous pour la prestation d’Howard Stone qui avait mis le feu aux poudres et à la réplique de Sniper qui semblait vouloir donner le change. Daniele n’avait pas mérité tout ce lynchage. Les gens perdaient-ils tous la tête ma parole ! Voilà pourquoi je voulais monter sur scène et chanter pour mon patron, pour lui témoigner de mon soutient indéfectible.

- Je doute également qu’il ne me congédie mais tu vois, tout pourrais se produire car ce soir, plus rien ne me surprendra !

Sniper enchaîna avec un tout autre registre alors que je visais mon verre avant d’en réclamer un autre. Axel continua dans sa justification en plaidant qu’il y avait un temps pour chaque chose et que pour nous, ce soir, il était temps de se soutenir et de d’offrir une bonne et belle impression de nous, une image lisse, lisse, lisse et sans faille.

- Je comprends ton point de vue. J’ai envie de m’amuser, Axel… C’est d’un ennuie mortel, est-ce que toi tu peux le comprendre ?

Je soupirais et vidais le nouveau verre que je tenais. À ce rythme, je ne tiendrais plus debout avant longtemps.

- Je me demande où est Olivia.

Je regardais d’Abord derrière Axel puis je me distançais de quelques pas pour observer tout autour sans aucune trace de la jeune femme alors que plus loin, son époux discutait avec mon amant. Il avait de la chance lui, tient ! J’aimerais ça moi aussi discuter avec Amon. Pas un truc à sens unique comme tout à l’heure non ! Une vraie conversation profonde mais il semblerait que je ne sois bonne qu’à une chose…

- Julian est là-bas avec Amon mais je ne vois pas Olivia.

Elle ne pouvait pas être partie sans chanter pour son manager. Ce serait presque pire que si elle avait elle aussi emprunté le chemin de la rébellion artistique.  

J’avais été choqué que Sonne évoque sa relation avec Amon tout haut ! Vraiment, j’en avais déjà eu assez avec ce qu’il s’était passé au tournoi de boxe il y a quelques temps. Lorsque Quinn avait lancé à qui voulait bien l’entendre que Amon avait une relation avec ma femme !

Mais d’après Sonne, personne ne s’intéressait suffisamment à nous pour laisser trainer ses oreilles près de nous. Je fis la moue.

-N’empêche. C’est une question de principe.

Chaque fois elle évoquait tout haut que j’étais cocu et que je le savais, en plus ! Elle ne se rendait pas compte que c’était humiliant pour moi ? Ne devrait-elle pas le savoir étant donné qu’elle a vécu ça avant notre mariage ? Moi, j’avais arrêté toute relation extra-conjugale depuis bien longtemps mais j’étais le seul…

Sonne avait alors émit l’idée de chanter sur scène. Je lui avais rappeler l’importance des rôles malgré que je ne niais pas son potentiel talent. Je ne doutais pas que Ricci n’allait pas la congédier pour ça. Mais Sonne était d’humeur morose ce soir sans que je comprenne pourquoi. Elle semblait si enjouée lorsqu’elle avait fait cette petite joute verbale avec Jessica Hill, plus tôt… Je venais à me dire que ma femme avait l’alcool triste. Au point même qu’elle se dise que c’était possible que Ricci la vire car tout pouvait arriver ce soir. Je soupirai.

-Il ferait une grave erreur s’il faisait ça.

Car j’avais souligné les compétences de Sonne dans son métier. Malgré que j’aurais aimé la voir plus souvent à la maison avec nos enfants. J’avais appris à respecter son point de vue et notre situation. Je trouvais même que je faisais beaucoup de concessions !

On avait toujours une oreille sur le concert et quand j’avais rappelé les rôles de chacun, Sonne avait dit comprendre mais qu’elle avait envie de s’amuser. Elle s’ennuyait. C’était indéniable.

-Je comprends… Je ne suis pas un trouble-fête. J’aime m’amuser aussi ! Mais il est possible de s’amuser en gardant son rôle, non ?

Sonne vida encore un verre. Elle allait finir par ne plus savoir parler correctement à force de boire autant ! J’en roulai des yeux mais je finis par les plisser quand Sonne se demanda où était Olivia Hughes. Je suivis le regard de Sonne sans trouver la jeune chanteuse. J’avais bien repéré son marie en compagnie de Sørensen mais il n’était pas accompagné de Livia.

-Effectivement… Je l’avais repéré tout à l’heure dans la foule quand Stone est monté sur scène mais, là, je le na vois plus.

Je fis une moue de réflexion.

-C’est étrange qu’elle ne soit pas avec son mari… Il y aurait-il de l’eau dans le gaz ?

C’était à creuser et ça même si je n’étais pas journaliste people.

-Je devrais peut-être chercher après. Je pourrais recueillir ses impressions sur ce qu’il s’est passé plus tôt sur scène.

Instinctivement, je vins embrasser Sonne. Un baiser qui avait le gout de tout l’alcool qu’elle avait bu.

-Ma chère… Je t’en prie, ne boit pas plus que tu ne l’as déjà fait, d’accord ? On se rejoint plus tard.

Je m’ennuyais ferme et mon idée de monter sur scène m’apparaissait comme la seule solution évidente pour m’amuser un peu, malgré les réticences d’Axel qui préférait nettement que je reste tranquillement sur le sable ou sur le yacht. J’allais avoir besoin de plus de champagne encore si je devais continuer de m’ennuyer pendant que tout le monde autour s’amusait ce qui allait aussi en contradiction avec le souhait d’Axel qui voulait que je lève le pied sur l’alcool. Il fallait savoir ce qu’il voulait !

Mes idées étaient un peu embrouillées, je pouvais bien l’admettre mais l’heure était à la fête et je ne voyais aucune restriction à monter sur scène pour qui en avait envie. Daniele et sa femme aimaient le spectacle alors, que pouvais-je risquer ? Comme le disait lui-même Axel, il y avait peu de chance que mon patron me congédie pour ça. Je savais que Daniele appréciait grandement on travail auprès de lui. À force, j’étais devenue capable de lire dans ses pensées, façon de parler, bien évidement. J’anticipais ses besoins, je savais exactement quand lui servir un verre, j’avais toujours une cravate et un mouchoir assortie de rechange pour lui, je devinais sans qu’il est besoin de me le préciser, qui je devais filtrer dans ses rendez-vous et ses appels et il appréciait par-dessus tout que je lui masse les épaules après une grosse journée.

Même devant la perspective de mon congédiement si mon potentiel comportement de ce soir devait décevoir mon patron, je le défendais.

- Daniele ne fait jamais d’erreur.

Axel me demandait de comprendre son point de vue ce que je pouvais tout à fait faire mais pouvait-il comprendre le miens ? Il disait qu’il aimait lui aussi s’amuser tout en gardant son rôle et qu’il n’était pas un trouble-fête. Je préférais ne pas relever sentant que ça ne donnerait absolument rien, de toute façon. Quand Axel avait une idée dans la tête, il ne l’avait pas ailleurs, tout comme moi pour dire vrai ce qui faisait que si je lui répondait, nous nous enliserions dans un argumentaire sans fin.

Je changeais plutôt de sujet en cherchant Olivia Cortez du regard. La nouvelle adition à l’équipe de de Daniele brillait par son absence alors qu’elle était là, un peu plus tôt. Je trouvais cela étrange, tout comme Axel qui s’était mit à la chercher du regard, lui aussi.

- Je ne suis au courant de rien, si tel est le cas.

Le couple princier vivrait-il des moments difficiles ? Julian qui discutait avec mon amant n’avait pas sa meilleure tête, de quoi nous faire penser que nous avions raison.

- Bonne idée ! Ainsi, tu auras de quoi à rapporter en primeur, si elle accepte de se confier à toi.

Axel m’embrassa et je le laissais faire, protégeant notre image, comme il s’efforçait tant bien que mal de faire puis il me quitta en me demandant encore une fois de ne pas boire plus que je ne l’avais déjà fait. Je ne lui servis qu’un regard qui voulait tout dire, comme simple réponse et il s’éloigna.

Seule et de l’alcool plein les veines, je regardais la scène maintenant délaissée. Que pouvais-je faire d’autre que de me l’approprier ? Je ne réfléchissais pas plus que ça et y montais et demandais aux musiciens engagés pour jouer quand il n’y avait pas de groupe, s’il connaissait cette chanson que j’affectionnais tant. Soulagée de leur réponse positive, je m’emparais du micro à mon tour.

Sonne disait ne pas être au courant d’une potentielle dispute entre la jeune Olivia Hughes et son héritier de mari, Julian Hughes. Mais rien n’indiquait que cette dispute ne soit pas récente et que nous n’en savions encore rien.

Quoi qu’il en soit, je décidai d’aller à la recherche de la jeune blonde afin de lui soutirer quelques mots sur la soirée afin d’agrémenter un potentiel article que je ferais dans la foulée de cet évènement. Sonne trouvait mon idée bonne et je l’embrassai non sans lui recommander de ne plus boire une seule goutte d’alcool.

J’étais, ensuite, parti à la recherche de la jeune Hughes. Mais mes recherches furent, au départ, infructueuse alors que Roadtramp continuait son concert qui enchantait largement le public présent. Il semblait que les gens en avaient oublié Stone.

J’avais questionné certaines personnes, dans mes recherche pour savoir si la jeune femme avait été vue. Kyle Davis m’avait dit ne pas connaitre Olivia Hughes mais, en réalité, je pensais bien qu’il était bien trop shooté que pour savoir qui il était lui-même… Jessica Hill disait ne pas l’avoir vue et que, de toute façon, je ne méritais pas d’avoir l’information… Sans doute parce qu’elle avait encore mal digérer les mots de Sonne tout à l’heure. Victoria Hunter m’avait dit ne pas l’avoir vu depuis un moment…

Je crois que j’ai demandé à tellement de gens que je désespérais de trouver la jeune femme. Ce fut, finalement, Zack McBride qui déclara l’avoir vu partir de la fête.

Surprenant !

Le concert de Roadtramp se termina quand j’appris la nouvelle. Je m’étais décidé à aller retrouver Sonne mais c’est, quelques minutes plus tard, et sur la scène que je vis ma femme.

-Non… Elle l’a fait…

Je soufflai ça à la fois effaré et choqué. Elle se mit alors à chanter me montrant qu’effectivement, elle maitrisait cet art. Ce n’était pas étonnant. Avant d’être secrétaire, Sonne était une danseuse… Une artiste… Sans doute qu’elle avait appris le chant dans sa précédente carrière…

Je déglutis… Une partie de moi aimait ce que je voyais. Mais une autre qui pensait à ce qu’allait penser, par exemple, Jimmy Reed, me faisait détester l’initiative d’une Sonne complètement bourrée.

J’avais délaissé Julian qui ne voulait quand même pas de moi à côté de lui et avait admiré Roadtramp sur scène. Ils étaient vraiment bons, y avait pas à dire. Et ils avaient réussi à aplanir la tension qu’Howard avait initiée. Tout le monde était retourné à la fête et c’était comme oublié.

Jusqu’à ce que j’écrive mon article pour le leur rappeler à tous et l’apprendre au reste de L.A., mais ce serait pour dans quelques jours.

Il y eu un moment de battement, après Roadtramp, où les enceintes avaient pris le relais… Et où j’avais repris ma chasse au scoop.

Je cru voir passer un éclair blond en la personne de Ian Hunter ! Il était là, lui ? C’était interdit aux mineurs !

Mais je l’avais perdu de vue presque directement ! Impossible de le suivre pour lui poser des questions.

Puis les enceintes s’étaient éteintes, attirant de nouveau mon attention sur la scène. Livia allait-elle y monter ?

Mais je fus bouche bée en voyant Sonne apparaître derrière le micro…

Et les musiciens entamèrent la chanson…

C’était une belle chanson. Sonne avait vraiment une très belle voix… Je savais qu’elle avait été danseuse, mais j’ignorais qu’elle avait du talent au chant.

J’étais figé… Je voyais bien qu’elle avait abusé de l’alcool mais ça ne ruinait pas sa performance.

Dieu qu’elle était belle… Ça me rappelait pourquoi j’étais son amant : parce qu’elle était toujours capable de me surprendre de la meilleure des façons… Ça pardonnait un peu son attitude frustrée d’un peu plus tôt où j’avais eu l’impression de lui gâcher la fête parce que je n’avais pas envie de sexe à cause de l’inquiétude que j’avais pour Howard.

Je me faufilai jusqu’aux barrières qui séparaient le public de la scène pour l’applaudir comme il se devait quand elle termina sa chanson.

Et si Axel me voyait ?

Rien à foutre… Ce n’était pas comme si c’était un secret.