J’avais encore dit « oui »…

C’est comme ça que, ce soir, je me suis retrouvé au Polo Lounge en compagne d’une poignée d’acteurs, de réalisateurs, d’agents, de producteurs triés sur le volet par Maxwell ainsi que par le producteur de Keeping Our Lands. Maxwell voulait fêter le succès de sa nouvelle série de science-fiction dont les audiences avaient été très bonnes et il le faisait en compagnie de son meilleur ami qui avait produit la série médiévale.

Pourquoi j’avais été invité ? Je n’en savais rien. Je n’avais jamais vraiment eu d’affinité avec Maxwell pour qui je n’avais jamais travaillé et j’étais déjà hors du circuit quand Keeping Our Lands faisait fureur sur le petit écran. C’est peut-être pour élucider ce mystère que j’étais venu ici… Ou alors parce que Jessica Hill avait insister et que je n’avais pas pu dire « non ».

Quoi qu’il en soit, j’étais bien là. Hill m’avait déjà lâché pour aller discuter à gauche et à droite alors que, moi, j’essayais de trouver, parmi la foule, des têtes connues comme Hank avec qui je travaillais, maintenant, quotidiennement.

Mais pas de trace d’Hank… Ni de son frère. Ni du petit Ian Hunter ce qui aurait pu me faire penser que Victoria était là. En gros, tous les gens avec qui j’aurais voulu passé une soirée étaient aux abonnés absent ou n’avaient pas été invités.

J’aurais dû rester chez Brent pour la soirée… On aurait regarder un film ou quelque chose du genre.

-Hugh ! Content que tu sois venu !

C’était Maxwell… Mes lèvres se pincèrent mais je finis par transformer cette sorte de moue en sourire. Je le saluai avant qu’il ne me demande si j’avais aimé le pilote de sa série.

-Heu… A vrai dire, je n’ai pas eu le temps de le voir.

Je mentais. Je l’avais vu… Et… Je n’avais pas forcément aimé. J’avais joué dans Spaceship et ce que Maxwell avait proposé était moins dans mon style. Même si je devais avouer que les effets spéciaux étaient impressionnant. Mais loin de moi l’idée d’entrer dans un grand débat. Je savais que si je faisais ça, j’allais, inévitablement, comparer tout ça à Spaceship et Maxwell en profitera pour descendre Shran… Alors autant esquiver tout ça avec un petit mensonge stupide.

-Dès que tu l’auras vu, n’hésite pas à me donner ton avis. Il est possible que je te trouve un rôle, si tu veux. Il parait que tu es à nouveau sur le marché.

Hollywood… Tout allait vite. Depuis que c’était officiel que je reprenais du service en tant qu’acteur, le monde se rappelait un peu trop facilement mon existence. C’était à la fois flatteur et effrayant.

-Oh ! D’accord… Mais pour l’instant, je me concentre sur le film de Christopher. Je vis au jour le jour, tu vois.

Il rigola et hocha de la tête avant de poser sa main sur mon épaule.

-Tu verras. Tu ne pourras pas résister !

Il rigola encore avant de me planter là. Je soupirai. Il avait probablement raison. Je n’allais pas résister si d’autres offre m’arrivaient. Mais de là à jouer pour une série que je n’aimais pas et en quoi je ne croyais pas ? Non. A vrai dire, secrètement, j’attendais un coup de fils de Stephen…

Stephen qui n’était pas là non plus. Mais ça c’était à prévoir. Lui et Maxwell ne peuvent pas se piffer.

Je me dirigeai alors vers le bar pour me prendre un cocktail. Je le bus assez vite avant d’en prendre un autre et de m’éloigner du bar. Si je partais maintenant est-ce que quelqu’un allait le remarquer ? Peut-être pas ! Bon… Jessica comprendra. Elle râlera un peu mais elle comprendra.

Alors, je me mis à me diriger vers la sortie. Sauf qu’à force d’éviter les gens, je finis par tomber sur le regard d’un bleu intense et dérangeant de River Moriarty sur qui je finis par tomber.

C’est sans doute ce regard qui me fit m’arrêter net. Je l’avais vu jouer, dernièrement, dans le film de Price mais j’avais aussi vu sa prestation dans Keeping Our Lands.

Je n’avais aucune obligation de lui parler pourtant, je bafouillai :

-Bonjour…

Comme si son regard m’avait dit : « j’ai bien vu que tu fuis, Hugh ». Une pensée totalement idiote, cela dit en passant.

-Vous êtes River Moriarty… Je… J’ai aimé votre prestation dans Death Boat.

A quoi est-ce qu’on sait qu’on est de nouveau dans le business ?

Quand on est invité aux fêtes organisées par tous les grands noms d’Hollywood. Et c’était mon cas ce soir. Le producteur de Keeping Our Lands tenait à ce que je sois là ce soir. A ce que je me montre au Polo Lounge, ce repaire de personnalités tant du cnéma que de la musique ou encore, les hommes d’affaire comme Jimmy Reed.

Jessica Hill était là aussi. Maxwell était là et m’avait abordé pour me proposer un rôle dans Galactic Wars, ce que j’avais déjà à moitié accepté, le renvoyant vers Henri Finley, mon agent, pour qu’ils s’arrangent entre eux. Il me voyait bien en alien… Un méchant alien, évidemment.

J’avais vu le pilote de Galactic Wars et j’avais vraiment bien aimé… Le Bien contre le Mal, les tirs de phaseurs, les effets spéciaux.

Alors, pourquoi pas ?

Cependant, je ne connaissais pas tout le monde présent ce soir. Et j’avais remarqué quelqu’un avec qui je n’avais encore jamais parlé Hugh Crusher.

Je le connaissais de nom et il était facile de reconnaître l’acteur malgré l’âge qu’il avait pris depuis Love In L.A.… C’était un latino… ça a tendance à vieillir moins vite.

Mon verre de coca en main, car je ne buvais jamais d’alcool pour ne pas perdre le contrôle de moi-même, je l’observais, le suivait de loin, me camouflant parfois derrière des conversations auxquelles je ne faisais qu’à moitié attention.

Il alla jusqu’au bar, se pris un cocktail qu’il siffla en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. S’il avait bu à ce rythme depuis le début de la soirée, il allait représenter une proie facile.

Je m’étais approché mais ne m’était mis en mode « prédation » qu’au moment où je sentis qu’il prenait la fuite.

Je m’étais mis, stratégiquement, en embuscade près d’une des sorties.

Et tel un boa constrictor, je charmai ma proie, direct, d’un regard. Je souris quand Hugh s’arrêta net, me saluant…

-Bonsoir, Hugh…

Il m’avait reconnu, lui aussi… Il m’avait vu dans Death Boat et il disait avoir apprécié. Je lui bloquais maintenant carrément la sortie. Je choisis de troquer mon sourire carnassier pour un sourire charmeur. Pourquoi ? Parce que mon instinct me disait que si je voulais faire mal… C’était comme ça que je devais frapper.

-Merci… Ce n’est pas le meilleur rôle que j’aie eu. Jusqu’ici, Keeping Our Lands est probablement ma meilleure prestation…

Je le regardai dans les yeux. Je ne lui laissais pas l’occasion de les baisser ou de regarder ailleurs.

-On vient, cependant, de me proposer un rôle dans Galactic Wars… Pourquoi pas ? J’aurias de la chance si j’avais autant de succès que toi avec Spaceship.

Je me déplaçai, me mis à côté de lui, et franchi une autre limite en devenant tactile. Je lui posai une main sur la nuque.

-Et si on reprenait un verre… ça te dit ? Tu ne vas pas nous quitter comme ça…

J’avais voulu fuir. J’en avais vu assez ce soir et, sincèrement, je ne me sentais pas spécialement à ma place ici. Maxwell m’avait, vraisemblablement, invité pour me recruter mais je me voyais mal jouer dans quelque chose que j’avais si peu aimé. Puis j’aurais quel rôle là-dedans ? Je ne voyais pas bien ce que je pourrais apporter…

Du coup, tant pis pour Jessica. De toute façon, je savais qu’à ce genre de fête elle était comme un poisson dans l’eau. Je préférais rentrer chez Brent et aller dormir avant de m’enfiler trop de cocktails…

Sauf que, lors de ma fuite j’étais tombé nez à nez avec River Moriarty… Il était reconnaissable avec son regard bleu. La rumeur disait que c’était ça qui lui avait permis d’obtenir son premier rôle ainsi que son agent. Ses rôles se résumaient à des rôles de méchants sanguinaires à l’exception de son dernier film. Du coup, je ne savais pas si c’était à cause de ça que son regard était intimidant ou si c’était justement parce qu’il était intimidant qu’on l’engageait pour ce genre de rôle.

Je ne pus m’empêcher de me figer et de bafouiller un salut. Mon regard toisait le sien alors qu’il afficha un sourire charmeur. Un sourire qui dénotait avec ce que j’avais vu de River dans ses films. Je me détendis un peu… Hugh… Ce qu’il fait dans ces films ce n’est que de l’acting. Tu es bien placé pour le savoir…

J’avais tout de même l’impression qu’il cherchait à me bloquer ma fuite. Mais je chassai cette idée pensant que c’est moi qui, encore une fois, réfléchissait bien trop et me faisait de bête film sur la situation dans laquelle je m’étais mis tout seul.

Parce que personne ne m’obligeait à venir ici, en premier lieu.

Je repris la parole pour complimenter le travail de River sur son dernier film. Ce n’était pas un chef d’œuvre, surtout à niveau du scénario mais les acteurs, dont River, avaient été très bons. Lui-même affirma que ce n’était pas son meilleur rôle. Que celui de Kraken était, jusqu’ici, sa meilleure prestation.

-Il faut dire que vous maitrisiez ce rôle à la perfection au point où certains ont pensé que vous étiez comme ça en vrai. Ce qui est stupide, bien sûr… Ce n’est que de l’acting.

C’est moi que j’essaye de convaincre là ? Sans doute. Il faut dire que j’avais suivi la descente aux enfers de Moriarty dans L.A.People et à travers le reportage de Vanya Kournikova. Le fait que Robin reprenne pour River me faisait dire que c’était bien la famille Moriarty qui avait voulu s’enlever une épine du pieds en faisant interné le jeune acteur.

Je voulais croire à ça… Je ne voulais pas croire qu’une institution puisse relâcher un sociopathe comme ça.

River affirma que Maxwell lui avait proposé un rôle dans sa série. River ne semblait pas vouloir refuser. Il se disait qu’avec de la chance, il pourrait avoir autant de succès que moi dans Spaceship.

-Maxwell m’a fait la même proposition… Mais je ne suis pas sûr d’accepter. Je préférais faire un projet à la fois. Mais il semble confiant que sa série puisse avoir pas mal de succès alors si vous êtes convaincu par ce qu’il fait alors, oui, c’est une bonne opportunité pour vous.

Je n’arrivais pas à quitter mon regard du sien. C’est comme si c’était une sorte d’aimant. Et quand il se déporta à côté de moi pour mettre sa main dans ma nuque, je frissonnai un peu. Je ne m’attendais pas à un geste si familier.

Il voulait qu’on aille boire un verre…

Je regardai vers la sortie avant de regarder River. Je me mordis la lèvre. Je n’arriverais pas à dire « non ».

-D’accord. Un seul verre, alors.

On se dirigea vers le bar où je me repris un cocktail, me retenant de le boire trop vite. Pourtant, Dieu sait que j’en avais besoin. River était, pourtant, très avenant et ne semblait pas penser à mal. Il parlait acting, ce qu’on avait en commun et avait un de ces sourire. Le genre à vous mettre à l’aise.

Encore une fois, c’est sur son regard que je me calai buvant une gorge de cocktail avant de reprendre.

-Alors, ton tournage ? C’était comment ? Avec Kate Julian et Victor Hunter ça n’a pas dû être de tout repos.

Il me tutoyait alors, j’avais décidé de faire de même essayant de me détendre.

Je venais de bloquer la retraite de Hugh Crusher… Il était comme le petit gnou blessé du troupeau et moi, le lion, je flairais le sang à des kilomètres ! Mais je choisis, une fois tout près, de la jouer autrement… De la jouer plus subtile que je ne l’avais fait avec Victor. J’avais l’impression que je devais le charmer.

Mais je ne savais pas encore à quel point.

J’engageai donc la conversation avec lui et le premier sujet fit Death Boat que l’acteur avait apparemment vu. Je lui dis la vérité sur ce que j’en pensais. Ce film ne valait pas la prestation que j’avais faite dans Keeping Ou Lands et il me renvoya, en échanger, quelques compliments,  en parlant des gens qui avaient vraiment cru que j’étais comme Kraken.

Ce qui n’était pas tout à fait faux.

Je souris.

-Bien sûr, ce n’est que de l’acting…

Je ne parlai pas de mon internement… Cela me semblait un sujet bien trop délicat à gérer… Et j’avais peur de faire un faux-pas qui me mette dedans.

Alors je parlai de la proposition que m’avait faite Maxwell de jouer dans Galactic Wars. Apparemment, le réalisateur avait fait la même proposition à Hugh. Une proposition qu’il n’était pas sûr d’accepter… Un projet à la fois, disait-il…

-Je vois… Tu es sur le film de Christopher North, il parait… C’est autre chose qu’un projet comme Death Boat… North est reconnu pour faire d’excellents films.

Je souris en coin…

-Ne crois-tu pas que si tu participais au tournage de Galactic Wars, les fans de Spaceship ne prendraient pas ça comme une forme de trahison ? Après tout, le message n’est pas du tout le même.

Il était même à l’opposé !

Sur quoi, j’appuyai mon emprise sur lui d’une main sur sa nuque pour l’entraîner avec moi vers le bar… Du pouce, je caressais exprès la base de son crâne, sentant avec joie ses cheveux se hérisser un peu.

-On peut commencer par un verre, oui.

Une fois installés, Hugh commanda un nouveau cocktail alors que moi, je redemandai un coca… Je savais que ne pas boire d’alcool allait intriguer mon interlocuteur, mais c’était à moi de trouver la réponse appropriée s’il me posait la question. C’était comme un jeu.

Par contre, je remarquai quelque chose : Hugh n’arrivait pas à quitter mon regard des yeux. Ça me faisait un effet assez grisant car, d’habitude, les gens trouvaient mon regard dérangeant.

Il me posa une question sur le tournage de Death Boat. Je souris à nouveau.

-C’était… intense…

J’en eu une bouffée de chaleur rien que de repenser à Victor se noyant alors que je le maintenais sous l’eau.

-Kate Julian n’est pas aussi horrible qu’on ne le dit. Elle a pris Riley Sullivan sous son aile, la protégeant comme si elle voulait ressusciter le Golden Triplet avec des membres plus jeunes.

Je déglutis…

-Quant à Victor… Il m’a donné des sensations… assez agréables.

Double discours… C’était voulu.

J’avais buté sur River Moriarty alors que j’essayais de partir discrètement de la petite fête… Un River Moriarty au regard captivant avec qui j’avais, finalement, entamé la conversation parlant de ses rôles dans lesquels je l’avais vu joué à la télévision et au cinéma.

Il avait été particulièrement bon dans son rôle de Kraken, de la série Keeping Our Lands. Un rôle qui avait donné toute une aura à l’acteur alors que le public semblaient parfois incapable de séparer l’acteur de son rôle. Surtout avec tout ce qu’on avait pu lire dans L.A.People vis-à-vis de son internement. Mais l’acteur confirma que Kraken, ce n’était que de l’acting.

J’hochai de la tête. J’étais bien placé pour savoir que le rôle ne faisait pas l’acteur. En soi, River était probablement bien différent de Kraken. Il ne serait pas si avenant, sinon.

Parce qu’il était avenant… Et il semblait vouloir faire la conversation. Il affirma que Maxwell lui avait proposé un rôle dans sa nouvelle série. J’affirmai qu’il avait fait pareil avec moi mais que je préférais voir un film à la fois. Pour le moment, je voulais garder mon esprit uniquement focalisé sur le film de que tournait pour Christopher. Après, on verra. River lui, compara les films de North à Death Boat. En gros, il trouvait que le film de North devait être des crans au-dessus de celui de Price.

-Disons que ça ne sera pas du tout le même genre de film. Il en faut pour tout le monde dans le cinéma.

Death Boat n’était pas le genre de film qui fait la course aux Oscars mais c’est un genre que certaines personnes aiment. Le film dans lequel joue River pourra plaire à un large public.

River afficha un petit sourire en coin avant de demander si les fans de Spaceship n’allaient pas voir ça comme une trahison si jamais je venais jouer un rôle dans la série de Maxwell. Mes lèvres se pincèrent. Le fait est que je ne comptais absolument pas jouer dans Galactic Wars. Mais comme j’étais à une petite fête organisé par Maxwell, je ne voulais pas vraiment m’étaler sur une critique acerbe de ce qu’il avait réalisé. Ni même montrer que j’avais bel et bien vu le pilote de la nouvelle série de science-fiction qui n’avait strictement rien n’à voir avec Spaceship.

-Peut-être que les fans prendront ça comme une trahison, oui. Et Stephen Shran ne me le pardonnera jamais si je viens à accepter un rôle dans Galactic Wars. Lui verra ça comme la pire des trahison.

Et il était mon ami… Du moins, il l’était. Je ne l’avais plus vu depuis de nombreuses années. C’était, d’ailleurs, lui qui réalisait le dernier film dans lequel j’avais joué. Il avait été aux première loge pour me voir dynamiter ma propre carrière. Si jamais j’acceptais une offre de Maxwell, j’étais certain de ne plus pouvoir mettre les pieds sur le tournage de Spaceship. Or, j’espérais secrètement pouvoir y retourner ne serait-ce que pour un petit rôle.

-Du coup, je doute accepter une offre de Maxwell si jamais il m’en fait une officielle…

Je pensais pouvoir conclure la conversation et m’enfuir mais River semblait vouloir continuer me proposant un verre que je fus incapable de refuser. Il se fit alors plus tactile me faisant frissonner.

Commençons par un verre, donc… Commencer ? Sa phrase annonçaient d’autres verres. Je ne pensais pas recevoir autant d’attention de la part d’un acteur que je ne connaissais pas avant cette petite fête.

Quoi qu’il en soit, je commandai un cocktail remarquant que mon interlocuteur, lui, avait choisi une boisson non-alcoolisé. C’était surprenant… J’aurais imaginé qu’un acteur comme River ne se priverait pas d’un petit verre.

Je secouai la tête. Je devais arrêter de m’attarder sur n’importe quel petit détail. Il fallait que je me détente. Ce n’était qu’une petite fête… Et River semblait vraiment vouloir passer un moment avec moi. C’était l’occasion, finalement, de me faire une nouvelle connaissance dans le business du cinéma.

Je bus une gorgé de cocktail le questionnant sur le tournage de son dernier film. Je savais qu’il avait dû tourner avec Kate Julian et Victor Hunter. Je les connaissais tous les deux et il était clair que ce n’était pas vraiment le genre de personne avec qui j’aimerais passer toutes mes journées de travail. Particulièrement Victor qui était clairement méchant.

River déclara que c’était intense. Je levai un sourcil me demandant dans quel sens il voyait le mot « intense ». Ça pouvait autant être positif que négatif. Alors, je le laissais continuer alors qu’il disait que Kate Julian n’était pas aussi horrible qu’on le disait. Qu’elle avait aidé la jeune Riley Sullivan… Mes lèvres se pincèrent quand il évoqua le Golden Triplet. Je savais que Victoria ne s’entendait plus avec Kate depuis qu’il avait été révélé qu’elle battait Julian.

-Personnellement, je n’ai pas de très bon souvenirs de Kate Julian… Elle a toujours eu ce petit côté méchant.

On pourrait dire ça de Hill aussi. Jessica savait être méchante mais elle avait un très bon fond. Sa méchanceté, c’était sa façon de survivre dans la jet-set et d’y avoir une place centrale. Moi qui la connaissait très bien, je savais que cette méchanceté n’était qu’une facade. Kate Julian, c’était différent… Mais il semblerait qu’elle se soit bien comportée sur le plateau de Death Boath.

-Mais peut-être qu’elle cherche à changer… A se racheter… Je n’en sais rien. Je ne l’ai plus vu depuis des années.

Peut-être était-elle suivie pour gérer ses problèmes de violence… Peut-être qu’elle voulait reconstruire sa vie sur de bonnes bases. Qui étais-je pour juger, après tout ? Qui j’étais pour douter que Kate Julian veuille se racheter ?

Personne.

Je bus une autre gorgée de cocktail alors que River enchaina disant que Victor lui avait donné des sensations agréables. Je secouai la tête pas certain de comprendre comment je devais prendre cette phrase. Des sensations agréables ? Victor ? « Victor » et « agréable » dans la même phrase ? Qu’est-ce que tout ça signifiait ?

Je levai un sourcil.

-Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Sa phrase prêtait trop à l’interprétation et à l’imagination. Il fallait éclaircir ça.

-Je connais bien Victor… Il n’en rate jamais une pour rabaisser les autres. Il n’a pas fait ça avec toi ?

J’étais troublé… Et ça devait probablement se voir.

Quand je comparai Death Boat au futur film de Christopher North, je n’hésitai pas à placer celui dans lequel j’avais joué plusieurs crans en dessous de celui de Hugh. Et ce n’était pas pour jouer les modestes : les films de North sont des films à Oscars, même s’il n’en a pas encore gagné un seul. Death Boat, à côté, c’était du pur divertissement.

Mais Hugh, bon public, disait qu’il en fallait pour tout le monde, dans le cinéma.

-C’est sûr ! Et je ne regrette pas d’avoir joué Floyd Wagner.

On avait tous les deux reçu une proposition de Maxwell, ce soir. J’étais, quelque part, un peu déçu d’apprendre que Maxwell tenait le même discours à tout le monde. J’avais cru qu’il avait vraiment été intéressé par ma participation.

Alors j’essayai de miner la chance de Hugh en lui disant que pour les fans de Spaceship, ce serait probablement une trahison. Mais apparemment, ce serait surtout pour Shran que c’en serait une. Peu m’importait, tant que Hugh déclinait…

Ce qu’il confirma qu’il allait sans doute faire.

-je pense que c’est mieux. Surtout si tu veux rejoindre Spaceship : The New Generation.

Parce que si Shran le voyait dans Galactic Wars il ne serait pas content.

On alla jusqu’au bar, ma main dans la nuque de Hugh. Je sentais que le fait d’être tactile lui faisait de l’effet, sans savoir si c’était de la peur ou autre chose. Le principe, pour moi, c’était de lui faire un effet, quel qu’il soit. De le marquer, comme je marquais tous les gens que je rencontrais au fer rouge.

Personne n’oubliait jamais River Moriarty.

Une fois au bar et notre boisson en main, Hugh me questionna sur le tournage de Death Boat et en particulier sur Kate et Victor qui avaient été mes partenaires de jeu. Il disait ne pas avoir de bons souvenirs de Kate Julian.

-Oh mais elle est méchante.

Je souris, pris une gorgée de coca, puis ajoutai.

-Mais elle sait calculer où sont ses intérêts. Le tout est de savoir comment la prendre. Ce que Victor n’a pas su faire. Ça a été la guerre entre ces deux-là tout le long du tournage.

Quant à savoir si Kate cherchait à se racheter…

-On ne change pas quelqu’un comme Kate Julian. Même si elle faisait tous les efforts du monde, elle n’y arriverait pas.

Comme moi.

Pour ce qui était de Victor… Je sentis que le mystère que je laissai planer avait touché Hugh dans le mille. Il voulait en savoir plus.

-Bien sûr que Victor a essayé de me rabaisser. Il l’a fait avec tout le monde… Mais… On a eu quelques scènes à tourner qui relevaient d’une certaine… intimité.

Mon regard brilla.

-Il n’y a pas plus intime qu’une scène de mise à mort. Surtout de la façon dont il meurt dans Death Boat…

Je le regardai dans les yeux.

-Tu as déjà tourné une scène où tu tuais quelqu’un ? Ou où quelqu’un te tuait ?

N’ayant pas vu tous ses films, la question restait pertinente.

Malgré que River disait que Death Boat n’était pas du niveau des films de Christopher North, il ne regrettait pas d’avoir joué dans ce film. Il semblait être le genre d’acteur a garder son esprit critique même en ce qui concernait les films dans lesquels il jouait.

Maxwell avait, à River autant qu’à moi, proposé un rôle dans sa nouvelle série. Il n’avait, donc, pas invité tout ce parterre de gens en toute innocence. Quoi qu’il en soit, au fond de moi, je savais que j’allais refusé et ça même en dehors de ma loyauté envers Spaceship. Le fait est que je n’avais pas aimé la série de Maxwell et que je me voyais mal jouer dedans. River, lui, semblait considérer la proposition.

Je déclarai que le fans de Spaceship ainsi que Shran verrait, effectivement, ça comme une trahison si je venais à jouer dans Galactic Wars et que, de ce fait, je n’allais probablement pas accepter la proposition de Maxwell. River confirma que c’était mieux et que, ainsi, je ne me fermais pas la porte à une future apparition dans la série de Shran. Je soupirai un peu.

-Ça ne dépend pas de moi… J’attends que Shran me fasse un signe. Mais je comprendrais s’il ne le fait pas…

Sur le dernier tournage qu’on a fait ensemble, j’avais été extrêmement difficile à vivre. Il s’en arrachait les cheveux, le pauvre Stephen. Je crois que si on avait pas été autant ami, il m’aurait viré sur le champ.

River avait réussi à me ramener vers la fête et le bar en étant à la fois avenant et tactile. J’avais cédé sans aucune résistance à son offre et j’avais, de ce fait, à nouveau un cocktail en main. On parla, du coup, du tournage de River et de ses collègue sur Death Boat, Victor et Kate. Je fus surpris d’entendre que Kate avait été si gentille avec la jeune Riley Sullivan. Mais il semblait qu’elle l’ait fait uniquement pour servir ses propres intérêts. C’est ce que disait River qui confirma la méchanceté de Kate Julian. Il ajouta que Victor et elle ne cessaient de se faire la guerre lors du tournage. Mes lèves se pincèrent.

-Ce n’est pas étonnant. Déjà quand Victor était adolescent et qu’il s’incrustait aux fêtes chez Ricci, il faisait la guerre à Kate. Ils se sont toujours détestés aussi loin que je me rappelle.

Deux personnes méchantes qui se tirent dans les pattes. Je savais à quel point tout ça désespérait Victoria qui, dans ce cas, se retrouvait entre son frère et l’une de ses meilleures amies.

Mais Kate avait peut-être changé ? D’après River ce n’était pas le cas. Pour lui, des gens comme Kate Julian ne peuvent pas changer. Je ne saurais dire s’il avait raison ou non… Tout ce que je savais c’est à quel point il est difficile de changer et qu’on ne pouvait pas changer fondamentalement quelqu’un. Le tout était de savoir s’il y avait un bon fond chez Kate Julian mais ça j’étais incapable d’y répondre.

-Peut-être… Moi, je pense que si quelqu’un fait des efforts, il peut arriver à un résultat. Le plus difficile est de tenir se résultat-là.

En gros, quelqu’un peu arrivé à changer mais il est possible qu’il retombera dans ses travers s’il ne reste pas vigilant. Et là, je parle d’expérience.

Ce qu’il dit, ensuite, sur Victor me troubla un peu. River avait tourné ça d’une telle façon que ça laissait bien trop place à l’interprétation. Alors, curieux, je demandai des précision. River confirma que Victor avait été odieux et l’avait rabaissé mais que certaines scènes qu’ils avaient tournées ensemble relevaient d’une certaine intimité. Je me remémorai le film dans tous les sens pour essayer de repérer les scènes dont parlait River… J’étais aussi en train d’essayer de comprendre le sentiment derrière tout ça…

Mais quand River précisa que la scène la plus intime était celle de l’exécution du Capitaine Shaw, je dégluti. Je me rappelle avoir trouvé la scène extrêmement bien jouée. Probablement la scène la mieux jouer des deux protagonistes. Le pire c’est que je savais comment Trevor travaillait. Je savais qu’il utilisait très rarement des doublures et que c’était bien Victor qui avait la tête sous l’eau au moment de la scène. Je bafouillai légèrement.

-Ouais… La scène était extrêmement réaliste… Et ça n’a pas dû être simple à tourner connaissant les technique de Trevor…

Et River semblait avoir aimé la tournée… Mais de tout ce que j’entendais ça avait créé une connexion entre lui et Victor. C’est ce que je comprenais… Je savais que ce genre de scène intense demandait une confiance envers les autres acteurs…

-Mais… Du coup… C’est cette scène là qui vous a rapproché, c’est ça ? Ou alors je comprends de travers…

Je me mordis la lèvre… Je ne savais pas comment interpréter les paroles de River.

Je ne quittai toujours pas son regard et il demanda si j’avais déjà fait une scène ou je tuais quelqu’un ou une où quelqu’un me tuait. Je ne m’attendais pas à ce genre de question… Je bus une grosse gorgée de cocktail avant de, docile, y répondre tout de même.

-Les deux… Mon personnage tire et tue une dealer dans Guns And Blood. C’est aussi un film de Trevor… Et, mon personnage se fait tuer dans Dark Side par un espèce de psychopathe. Mais je ne m’en rappelle pas très bien… J’étais un peu à l’ouest sur ce tournage-là… Donc, niveau intensité, c’était pas trop ça…

Je bus encore une grosse gorgée de cocktail. J’avais quasi terminé mon verre, déjà.

-Toi, tu es doué pour jouer ce genre de scène. J’ai vu ça dans Keeping Our Lands… Kraken est effrayant. Il était vraiment LE méchant de série qui fout le jetons.

Je rigolai un peu. L’alcool me faisant me détendre un peu.

-Mais quand je t’entends parler, je pense que tu pourrais aussi très bien jouer un gentil, un jour, non ?

J’avais pris Hugh dans mes filets et maintenant, je le ramenais doucement vers la surface pour le dévorer. Mais ce qui était génial, c’était qu’il se laissait faire. Je le sentais méfiant et décontenancé, mais il ne résistait pas.

Notre conversation sur le cinéma était le piège qui se refermait doucement sur lui. Un piège qui, si je le gérais bien, allait lier à tout jamais Hugh Crusher à moi. Comme je l’avais fait avec Sloan Perry… Comme je l’avais fait avec Victor Hunter.

Il disait attendre que Shran lui fasse signe pour réapparaître dans Spaceship… Je le regardai en fronçant légèrement les sourcils.

-Et pourquoi ce n’est pas toi qui lui fait signe ?

Question sincère… Pourquoi ne pas forcer le destin ?

Une fois au bar, cependant, c’est sur moi que Hugh se concentra. Et sur Death Boat je sentais, venant de lui, une certaine forme de fascination qui m’excitait au plus haut point. Il fallait dire que Death Boat avait vu se former une sorte de trio maléfique : Victor Hunter, Kate Julian et moi. Plus d’une fois, la petite Riley s’était retrouvée en plein milieu d’une guerre intestine pour le pouvoir.

Savoir que Victor et Kate se tiraient dans les pattes à longueur de journée n’étonnait pas Hugh qui était dans le système depuis longtemps et avait connu Victor adolescent.

-Alors cela n’a pas changé. Ils se détestent toujours autant… Et ça faisait des dommages collatéraux car c’était à celui des deux qui arriverait à détruire le plus de personnes possibles sur le tournage.

Je haussai les épaules.

-Heureusement pour Riley que Kate l’avait à la bonne.

Je ne pensais pas que Kate… Victor… ou moi-même… Pouvait changer. Hugh, lui, était plus optimiste. Il pensait que tout le monde pouvait changer, à condition de s’y tenir.

-C’est peut-être vrai pour des gens comme toi… Mais pas pour des gens comme Kate Julian…

Ou moi… Parce qu’on avait en nous un monstre qui ne faisait que grandir. Quelque chose de noir et visqueux, qui se tournait et se retournait au sein de nos tripes, nous poussant à des actes horrible uniquement pour calmer les ardeurs de ce monstre.

Je parlai ensuite de ma relation avec Victor. Victor était lié à moi maintenant. Parce qu’il savait. Il savait qui j’étais, ce que j’étais. Je ne lui avais pas caché. Parce que je voulais me nourrir de sa peur mêlée de haine.

Et apparemment, cela se ressentais dans la scène quand elle passait sur écran. Hugh disait que ça n’avait pas dû être facile. Je souris.

-Au contraire… Cela peut t’étonner… Mais ça a été facile.

J’eus un petit ricanement.

-Qui ne rêve pas de faire taire ce petit avocat à tout jamais ?

J’étais sûr que ce que j’avais fiat, bien des gens auraient voulu le faire. Mais peu de gens étaient comme moi et flirtaient avec les limites de la santé mentale.

Je hochai la tête quand Hugh demanda si c’était ça qui nous avait rapprochés.

-Oui… Il faut une sacrée confiance pour tourner ce genre de scène de cette façon-là… C’est pousser l’art du cinéma dans ses derniers retranchements… Affiner la frontière entre fiction et réalité jusqu’à ce que les deux en viennent presque à se confondre. C’est encore plus intense qu’une scène de sexe.

Je pris une gorgée de coca avant de demander à Hugh ce qu’il en était de sa propre expérience. Il me raconta qu’il avait été dans les deux positions : meurtrier et victime.

-Quelle position as-tu préférée ?

Cependant, hugh avait lui aussi encore une question : est-ce que je pourrais jouer un gentil ?

-Techniquement, Floyd Wagner était un gentil. Mais… Oui, je pense que je pourrais jouer le rôle d’un gentil. C’est juste que ce genre de rôle ne m’apporte pas le frisson que je recherche dans l’acting.

Ça ne me permettrait pas de me défouler.

J’avais expliqué que j’attendais un signe de Shran pour, éventuellement, avoir la chance de pouvoir revenir dans la série Spaceship, d’une façon ou d’une autre. River se demanda alors pourquoi ça ne serait pas moi qui ferait signe à Stephen. Mes lèvres se pincèrent.

-Parce que je l’ai déjà fait… J’ai fait une interview récemment et j’ai dit que ça me ferait plaisir de revenir dans Spaceship.

Mais maintenant que River en parlait, je me demandais si j’avais dit les choses assez clairement… J’avais l’impression que oui. Mais rien n’indiquait que Shran avait entendu l’émission… Du coup, peut-être que mon message n’était pas allé jusqu’au principal intéressé. Ou que, tout simplement, il n’avait pas envie de me réengager ce que je pourrais comprendre.

C’est alors qu’on avait rejoint le bar que notre conversation tourna alors sur le tournage de Death Boat. Moriarty avait affirmé que Victor et Kate n’avaient cessés de se tirer dans les pattes ce qui ne m’étonnait pas. Je savais que c’était loin d’être le grand amour entre eux et ça depuis des années. Les choses n’avaient, visiblement, pas changé et que le duo maléfique n’hésitait pas à faire des dommages collatéraux étant donné que leur but était de faire plus de dégâts que l’autre. Je soupirai assez désespéré par ce genre de mentalité.

-C’est désespérant… Mais pas étonnant.

Heureusement, Riley semblait avoir été épargnée. Au moins par Kate. Je ne connaissais pas Riley Sullivan mais commencer sa carrière sur un tel tournage devait avoir été une épreuve. Je crois que j’aurais commencé par ça, je n’aurais sans doute pas continué ma carrière. J’aurais été dégoûté par des gens comme Kate ou Victor. D’ailleurs, savoir que l’avocat avait, désormais, sa place dans le monde du cinéma me faisait un peu peur. Je n’avais aucune envie de me retrouvé sur le même tournage que lui, un jour. Le problème c’est que, pour le moment, je n’étais aucunement en position de faire des exigences.

Je n’avais même pas encore retrouvé d’agent…

River affirma alors que les gens comme Kate ne pouvait pas changer. Il en était certain. Je soupirai. Je ne savais pas s’il avait raison ou non.

Il en revint alors à Victor parce que ses sous-entendus demandait des précision. Il affirma que la scène où il tue le Capitaine Shaw avait été intense. Une scène qui, de mon avis, n’avait pas dû être simple à tourner. Mais River n’était pas de cet avis. Il disait que ça avait été facile. Je pris un air étonné.

-Moi, ça m’aurait pris pas mal d’énergie. C’est le genre de scène très intense. J’aurais été crevé après ça.

Sans doute parce que j’impliquais énormément d’émotion dans chaque personnage que j’incarnais. Mais chaque acteur avait sa manière de gérer ça. Sans compter que River me fit rigoler un peu quand il se demanda qui ne rêvait pas de pouvoir faire taire à tout jamais Victor.

-Je ne vais pas te contredire là-dessus. Même si je ne souhaite la mort de personne. Mais Victor… Je préfère l’éviter quand je peux l’éviter…

Je buvais assez vite alors que la conversation continuait. Je me demandais si cette fameuse scène avait rapproché River de Victor ce qu’il confirma. Il parla de confiance. J’hochai de la tête. C’est clair qu’il fallait de la confiance pour jouer ça. Il trouvait ce genre de scène plus intense qu’une scène de sexe. Il faut dire que, en général, les scène de sexe ne sont pas spécialement intense… Elles sont plutôt parfois gênante. Heureusement, je n’avais pas eu à en faire beaucoup dans ma carrière.

-De la confiance, oui, c’est ce qu’il faut… Mais… J’espère que tu l’as quand même bien vu la limite entre la réalité et la fiction.

Sinon, ça aurait posé problème… Certains acteurs sont parfois tellement dans leur rôle qu’ils peuvent perdre le fil. J’avais déjà vu Shran un peu trop dans son rôle au point de frapper réellement un autre acteur. Vous auriez dû voir la tête d’Enora Lee, ce jour-là…

-Un acteur doit garder en tête une distance entre lui et son rôle. Il faut arriver à s’y fondre sans s’y perdre.

Surtout quand le rôle est intense…

River se demandait si j’avais déjà tuer quelqu’un ou été tué dans un de mes films. Je me rappelais très vaguement avoir été tué dans mon tout dernier film en date… Et avoir tué dans un de mes premiers films. Si la question pouvait paraitre étrange, je me disais que c’était dans le thème et que River voulait simplement échanger sur l’art qu’on avait en commun : l’acting.

-Sincèrement ? Je ne me rappelle vraiment plus de la scène où je me fais tuer… Comme je le dis, j’étais à l’ouest. Et… Je ne me rappelle pas avoir préféré une position ou l’autre. J’ai fais des scènes intense mais ce n’était pas ce genre de scène.

Des scène d’adieux… Des conversations intenses… C’est ce genre de scène que j’aimais. Plus encore que de tuer quelqu’un ou de me faire tuer.

Je n’avais jamais vraiment vu River jouer un rôle de gentil bien que son dernier rôle était celui du héro… Floyd Wagner n’était pas forcément gentil. Il était, limite, tout aussi intéressé que ne l’était Shaw. Mais l’acteur affirma pouvoir jouer un rôle de gentil… Sauf que ce n’était pas son trip.

-Je vois… Donc, ça ne t’ennuie pas qu’on te cast souvent pour jouer les méchants sanguinaire… Il faut dire qu’avec un regard pareil…

Je m’arrêtai dans ma phrase me mordant la lèvre avant de secouer la tête et de reprendre.

-Je veux dire… Quand tu veux, tu peux faire peur. Suffit de voir Kraken. C’est ça que tu recherches comme frisson ? Le fait de pouvoir jouer des rôles intense qui demande à dépasser ses limites morales ?

Certains acteurs aimaient ce genre de défi. Peut-être que River faisaient partie de ceux-là.

-Moi, je n’ai jamais été caster pour jouer les méchants. Pourtant, ça ne me déplairait pas. Ça serait un défi pour moi.

Je me demandais pourquoi, s’il avait tellement envie de renouer avec Spaceship, Hugh ne s’adressait pas directement à Shran. Il disait l’avoir fait, au travers d’une interview. Je me rappelais en effet de cette interview ! Je l’avais entendue sans y faire vraiment plus attention mais…

-Mais si Shran n’écoutait pas sa radio à ce moment-là, le message n’est peut-être pas passé.

Je souris, jouant les gentils.

-Tu devrais aller le voir.

Une fois au bar, on parla de Death Boat, du tournage et de Victor et Kate. Je rigolais intérieurement. Peu importait avec qui je parlais d’eux, ils avaient bien plus que moi une réputation de psychopathes.

Sirotant tranquillement mon coca, la conversation s’engagea sur l’acting. Je n’avais pas toujours facile de tenir une conversation avec quelqu’un… Mais ce sujet-là était quelque chose sur lequel je pouvais débattre pendant des heures ! Surtout avec quelqu’un qui savait également de quoi il parlait, comme Hugh.

On parla de la dernière scène de Death Boat… Elle avait été intense et délicieuse… Encore meilleure quand Victor avait réalisé que j’avais réellement eu l’intention, pendant quelques secondes, que j’avais eu réellement envie de le tuer. Sauf qu’il n’avait pas de preuve. Et que pour les observateurs extérieurs comme Price, tout ça n’avait été qu’un mauvais timing de ma part.

Hugh, lui, affirmait qu’il aurait été crevé, après une scène pareille. Je secouai la tête, souriant.

-Pas moi. J’étais reboosté après ça ! Surtout quand j’ai vu le résultat sur écran. On aurait pas pu faire plus réaliste.

Tout simplement parce que ça l’était.

Et puis, comme je le disais, qui ne rêvait pas de fermer son clapet à Victor Hunter ? Hugh était bien d’accord avec ça, bien qu’il ne souhaite la mort de personne. Je repris une gorgée de coca.

-Il faut savoir comment le prendre… J’ai remarqué que l’ignorer était assez efficace.

Rien ne le foutait plus en boule que d’être nié.

Hugh ajouta alors qu’il fallait bien délimiter la fiction de la réalité. Quelque chose que j’avais beaucoup de mal à faire. Que je ne devais pas faire ! Parce qu’autrement, mon exutoire, qui était l’acting, ne servirait plus à rien.

Je haussai les épaules.

-On dit de moi que je suis un method actor… Je me fonds dans mes rôles et…

Je le regardai dans les yeux.

-Je m’y perds, parfois…  C’est pour ça que Kraken était convainquant.

Je voulais savoir si Hugh avait déjà tué ou s’était déjà fait tuer. A l’écran, bien sûr. Il avait déjà fait les deux. Mais ce n’étaient pas le genre de scène qui le faisait grimper au rideau, contrairement à moi.

-Comment on fait pour être convainquant sans y croire ? J’ai bien du mal avec ça.

Puis Hugh demanda si, un jour, je pourrais jouer le rôle d’un gentil. Je lui affirmai que oui, mais que j’aimais les rôles dans lesquels on me cantonnait.

-Non, ça ne me dérange pas. En fait, ce que j’aimerais, c’est carrément être un acteur d’un style en particulier… Un peu comme Bruce Lee qui fait des films de Kung Fu… Ou Chuck Norris des films d’action. Pour moi, ce serait comme ça, mais dans le genre horreur/thriller…

Apparemment, mon regard faisait son effet sur Hugh qui n’arrêtait pas de regarder mes yeux. Il reparla de Kraken et disait que je pouvais faire peur. Je souris.

-Je me prends pour un compliment, mon regard est ma marque de fabrique.

J’avais dit ça en le regardant intensément dans les yeux. Il demanda si c’était ça que je cherchais comme frisson. Le genre de frisson que j’avais eu quand j’avais écrasé la tête du petit Roi Damon.

Alors, pour toute réponse, je hochai la tête.

Il affirma n’avoir jamais été casté pour un rôle de méchant. Mais qu’il aimerait bien essayer un jour, par défi. J’approchai lentement ma main de la sienne sur le comptoir, jusqu’à la toucher.

-Tu es trop mignon pour jouer un méchant… Pas un du style que moi je fais, en tout cas. Mais qui sait ? Le rôle d’un homme perturbé ? Qui aurait des tendances possessives ? Quelqu’un doit bien avoir écrit ça quelque part. L’opportunité pourrait se présenter.

Il avait sans doute raison… Le meilleur moyen de faire bien comprendre à Shran mes intentions était d’aller le lui dire en face. Mais je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Shran. Je ne savais pas s’il était prêt à me redonner une chance ou non. Je savais qu’il s’était arraché les cheveux lors de notre dernier tournage ensemble et que pour lui arrache un pardon, il fallait y aller…

Mais ça n’empêchait pas River d’avoir raison alors j’hochai de la tête pour confirmer.

On parla de son tournage, de Kate et Victor mais, aussi, de la scène où le personnage de River noie celui de Victor. Une scène qui faisait quasi réaliste quand on la regardait dans le film. J’avais été impressionné par le jeu d’acteur et la mise en scène. On pouvait tout dire sur Trevor mais ses techniques qui mettent, souvent, les acteurs à rude épreuve donnent toujours bien à l’écran. Cette scène en est la preuve. Mais, de mon avis, cette scène à dû être difficile à tourner et, surtout prendre pas mal d’énergie. Sauf que River n’était pas de mon avis. Ça l’avait rebooster d’autant plus quand il avait vu le résultat.

A cet instant, je pensais juste que River avait apprécié pouvoir s’imprégner totalement du moment pour avoir le meilleur rendu. Et que ce rendu l’avait satisfait.

-C’est vrai que le résultat est assez exceptionnel. Une des meilleures scènes du film.

Puis, je comprenais aussi que cette scène avait été comme un exutoire étant donné le comportement détestable de Victor. Je pouvais comprendre ça et j’en rigolais d’ailleurs. River ajouta qu’il fallait savoir comment prendre l’avocat… Que l’ignorer était efficace. Je savais que Victor détestait être ignoré. J’avais encore vu ça, en direct, lors du concert de Nameless quand Johnatan l’avait royalement ignoré.

-C’est vrai qu’il déteste se faire ignorer… Mais ça peut lui faire péter un plomb. Et quand il pète un plomb, il devient violent… Je l’ai déjà vu à l’œuvre.

Et j’avais cru qu’il allait en péter un quand Johnatan l’avait ignoré. Mais, heureusement, il s’était retenu. Peut-être qu’il arrivait à mieux se contrôler en vieillissant. Mais il y a quelques années, il se mettait à taper des gens quand ça lui arrivait.

J’avais, ensuite, parlé du fait qu’il fallait toujours gardé en tête la limite entre la fiction et la réalité. Je savais qu’il était très facile de se perdre dans un rôle… River avoua, d’ailleurs, s’être perdu dans celui de Kraken. C’était un method actor.

-Ça rend les rôles plus convainquant de se perdre, c’est vrai… Mais c’est jamais très bon. Du moins, c’est mon avis. On peut vite déraper en se perdant.

Du coup, je me demandais si le fait de se perdre dans son rôle de Kraken n’avait pas conduit River au Hollywood Mental Health Center. C’était une hypothèse. Sans qu’il soit réellement un sociopathe, il s’était tellement perdu que sa famille avait commencé à en avoir peur. Si c’était le cas, ça n’y paraissait plus… Le River avec qui je parlais, ici même, n’avait rien n’à voir avec Kraken. C’était un type, certes avec un certain côté mystérieux, mais tout de même avenant et intelligent.

J’avais affirmé que les scènes où j’avais tué et où je m’étais fait tué, n’avait pas été les plus intenses que j’avais tournée. River se demanda alors comment être convainquant sans y croire.

-Ce n’est pas que je n’y ai pas cru… Quoi que…

Mes lèvres se pincèrent.

-Disons que je ne m’en rappelle vraiment plus… Mais, je doute que ce soit le meilleur film que j’ai tourné. Je ne parle pas du scénario mais de ma prestation.

Comme je l’ai dit, j’étais à l’ouest. Si bien que je n’avais pas donné ma meilleure performance. Ce qui faisait que, du coup, je n’avais pas trouvé la scène de ma mort intense.

River déclara, ensuite, pouvoir jouer des rôles de gentil mais qu’il aimait les rôles du style de ceux qu’il avait déjà fait jusqu’ici. Pour lui, être un acteur qui fait toujours les mêmes rôles ne le dérangeait pas. Au contraire ! C’est ce qu’il voulait. Je souris.

-Je vois. Pourquoi pas après tout ? Tu as le charisme et le talent pour devenir ce genre d’acteur. Tu as déjà prouvé que tu étais doué pour ce genre de rôle. Puis, c’est mieux d’être cantonné à certains rôle et de le vouloir que d’y être sans le vouloir vraiment.

Comme moi, en fait… Même si, ici, avec le film de North, j’avais l’occasion de faire un rôle différent de ceux que j’avais fait jusqu’ici.

River avait un autre avantage pour devenir l’acteur qu’il voulait : ses yeux. Je n’arrivais pas à m’en détaché. Son regard était perturbant mais, aussi, fascinant. C’est d’ailleurs de ce regard que je parlais non sans laisser transparaitre mon petit faible pour ses yeux. Ça m’avait échappé… Et je me repris demandant à River si c’était le fait de jouer un rôle comme Kraken qui le faisait frissonner. Il confirma d’un hochement de tête.

Après ça, je déclarai que j’aimerais, un jour, pouvoir jouer un personnage plus sombre. Je sentis alors sa main toucher la mienne alors qu’il clama que j’étais trop mignon pour ça. Mon regard quitta son regard pour regard nos mains avant de remonter sur ses yeux. « Mignon ». On m’avait déjà qualifié mainte fois de « mignon »… Mais venant de la bouche de River, ça sonnait autrement au point que mon cœur se mit à battre plus vite.

Je bafouillai :

-Heu… Ouais… Un homme perturbé…

Là, je l’étais !

-C’est sûr que je ne suis pas sûr d’être crédible dans un rôle que celui de Kraken mais… Ouais, il y a d’autres rôles sombres différents de celui-là. Je verrais si l’opportunité se présente et…

Je me mordis encore la lèvre n’osant pas bouger ma main comme si je ne voulais pas me séparer de ce contact.

-Et je ne suis plus aussi « mignon » que je ne l’étais quand j’avais 20 ans… Je…

Ne savais plus quoi dire. J’avais un peu peur de trop me dévoiler et de tomber sur un mur. Alors, j’achevai mon cocktail d’une traite gardant bien ma main quasi sur celle de River maintenant.

L’alcool commençait à me monter à la tête, en plus.

-Tu…Tu vis où, pour l’instant ? Dans quel quartier, je veux dire… Je sais que tu as eu une période pas facile alors j’espère que tu as pu retrouver un endroit où vivre…

Sinon quoi, Crusher ? Tu vas lui proposer de l’héberger ?

Hugh admirait la dernière scène de Death Boat. Je souris, me disant que personne ne saurait jamais pourquoi ça rendait si bien. Même les gens qui avaient été présents sur le tournage, et Trevor Price le premier, n’avaient pas réalisé que j’avais réellement essayé de tuer Victor. Que pendant quelques secondes, j’avais franchi la limite, avant de revenir en arrière quand on m’avait fait revenir à la réalité.

Victor… Victor qui détestait être ignoré au point qu’il pouvait devenir violent. Je pris un air un peu mystérieux.

-Avec moi, il n’oserait pas.

Parce qu’il savait. Il le sentait. Victor était beaucoup de choses, mais ce n’était pas un tueur. Alors que moi, j’en avais le potentiel, même si je n’avais pas encore franchi le pas.

Pour ce qui était du method acting, si c’était ma façon de jouer, ce n’était pas celle de Hugh. Nous étions deux acteurs vraiment différents. Il disait que le method acting, en quelque sorte, était dangereux. Que l’on pouvait s’y perdre. Et je ne me rendais même pas compte que ça rendait mon internement parfaitement logique, dans un sens.

Parce que je savais que je n’avais pas été interné à cause du rôle de Kraken. J’avais plutôt joué Kraken parce que j’étais bon à interner.

Je regardai Hugh dans les yeux.

-Je ne me perdrai pas.

J’avais dit ça sur le ton d’une promesse. Une promesse que je me faisais à moi-même.

J’avais voulu savoir si, ce que moi je ressentais dans les scènes de meurtres, Hugh le ressentais aussi. Mais ce n’était apparemment pas le cas. Le fait était, surtout, qu’il avait peu de souvenirs de l’époque où il avait dû jouer ce genre de scènes. Il avouait ne pas avoir fait une grande performance sur ce film.

Je souris en coin.

-Mais tu n’en es plus là, maintenant. Quoi qu’il te soit arrivé, tu sembles être passé au-dessus.

Quant à ma propre carrière, je la voyais bien se diriger de façon à me spécialiser dans un genre. Cela me permettrait de toujours pouvoir décompenser… Sans que ça se voit.

Hugh voyait ça d’une façon très positive.

-Merci… Je pense vraiment que je vais faire ça. Le rôle que m’offre Maxwell dans Galactic Wars sera un peu de cet acabit aussi. Il veut faire un genre d’épisode d’Halloween.

Je passai alors à la vitesse supérieure avec Hugh… Je voulais me graver dans sa mémoire, le marquer au fer rouge. Et je pensais bien avoir trouvé comment. Il suffisait de voir sa tête quand je lui avais dit qu’il était mignon.

Je n’avais aucune attirance pour les hommes, en réalité. Et la fascination que j’avais pour les femmes n’avait rien de sain comme l’avait prouvé ma brève relation avec Peyton.

J’avais posé ma main sur celle de Hugh… Et il ne l’avait pas retirée. Mon instinct avait vu juste. Il se mettait même à en bafouiller, pour mon plus grand plaisir. Il se perdit un peu dans ce qu’il disait, affirmant qu’il ne serait probablement pas crédible dans un rôle comme celui de Kraken…

Pour ensuite dire qu’il était plus mignon il y a 20 ans.

-Tu n’as pas beaucoup changé.

Il demanda alors où je vivais. Je lui souris.

-Je vis à Hollywood. Mon agent a été assez intelligent pour ne pas le vendre pendant mon absence.

Je retirai doucement ma main, caressant la sienne… Mais ne le quittai pas du regard. J’avais semé une graine… Elle n’avait plus qu’à pousser jusqu’à envahir tout son cerveau et devenir une obsession.

-Je vais retourner voir Maxwell. Lui dire que j’accepte le rôle. Merci pour cette conversation.

River me semblait être à la fois avenant et plein de certitude. Ainsi, il était certain que Victor n’oserait pas être violent avec lui. Mes lèvres se pincèrent. Je n’en étais pas certain. Victor, quand il est en colère, est incapable de réfléchir. C’est comme s’il perdait toute capacité de jugement. Il était incontrôlable. Même Victoria avait du mal à le gérer quand ça arrivait.

Quand on parla de method acting, encore une fois, River fut sûr qu’il ne se perdrait pas dans ses rôles. J’avais émis l’hypothèse, intérieurement, qu’il avait pu être victime de ça ce qui l’avait conduit à l’hôpital psychiatrique… Mais cette affirmation de la part de River me faisait penser que je faisais, peut-être, fausse route. Je souris.

-Je te fais confiance.

Je ne le connaissais pas mais cette conversation me poussait à faire confiance à River. Pas de là à le croire sur parole sur tout mais à croire, au moins, certaines de ses affirmations. C’est peut-être parce que je me faisais doucement avoir par son regard et le petit faible que j’avais pour ce trait qui lui avait, certainement, permis d’obtenir quelques rôles.

On parla encore d’acting et de scène de meurtre. Je ne me rappelais que très peu des miennes étant donné que c’était au moment où j’étais en pleine descente aux enfers. River rétorqua que je n’en étais plus là et que je semblais avoir vaincu mes démons. Je lui offris un maigre sourire.

-Je l’espère en tout cas…

C’était une bataille au quotidien. Je savais que je serais toujours en sursis et je savais que je n’étais pas encore assez fort que pour pouvoir me dire que j’étais complètement sauvé. Ce n’était pas le cas. Mais, contrairement à avant, j’essayais de m’appuyer un peu plus sur mes amis chose que je n’avais pas fait par le passé.

River déclara qu’il avait bien l’intention de devenir un acteur cantonné à un style de rôle. C’était son but alors je l’encourageais en ce sens. Il n’y avait pas de mal à aimer un style et à vouloir y être assigné chaque fois. Il me remercia ce qui me fit sourire alors qu’il affirma que le rôle que Maxwell lui proposait était de cet acabit-là.

-Alors, tu ne dois pas hésiter, je pense… Si c’est ce que tu veux, c’est une bonne opportunité.

Surtout qu’il était clair que si la série de Maxwell ne me plaisait pas plus que ça, elle pouvait plaire à un tas d’autres gens. Il en fallait pour tout le monde et Galactic Wars gagnerait à avoir un acteur comme River dans ses rangs.

Plus les minutes avançaient plus j’avais l’impression de me perdre dans le regard de River. Mais c’est quand nos mains se touchèrent que je me sentais légèrement perdre mes moyens ne sachant pas si je devais voir ça comme une ouverture ou bien si je me faisais des films. Je ne savais quasi rien de Moriarty hormis ce qui avait été dites dans la presse et beaucoup de choses qui avaient été dites avaient, par après, été contredites…

Je ne pouvais pas contrôler mes battements de cœur, par contre, ni mes bafouillements alors que je disais ne plus être aussi « mignon » qu’il y à 20 ans. Mais River trouver que je n’avais pas beaucoup changé. Je bafouillai donc un :

-Merci…

Puis je me lançai en demandant où il habitait. Apparemment, il vivait sur Hollywood. Je soufflai alors :

-Comme moi…

J’avais un appartement à Hollywood bien que je squattais chez Brent.

C’est là qu’il retira sa main me faisant légèrement frissonner alors que son regard était planté dans le mien. Je m’attendais à ce qu’il continue la conversation mais ce ne fut pas le cas. Il souhaitait aller voir Maxwell pour lui dire qu’il acceptait le rôle.

J’étais un peu déçu… Pas qu’il accepte le rôle mais que la conversation soit déjà finie. Je pris le temps de répondre.

-Heu… Oui, tu as raison. Il ne vaut mieux pas trainer. Surtout s’il commence à demander à tous les acteurs présents la même chose.

Je souris alors :

-Merci à toi. C’était sympa.

Je le regardai, ensuite, partir. Je me mordis la lèvre avant de soupirer… Je secouai, ensuite, la tête et me retournai vers le bar pour recommander un cocktail. J’en avais bien besoin.