Interviews, galas, tapis rouge,… Il n’y avait plus une seule journée de break. Plus une seule depuis la sortie de mon dernier film, Love In L.A.. C’était une comédie romantique où je jouais le rôle principal. Un jeune célibataire qui finit par tomber amoureux de la jolie fille du coin… Jessica Hill. C’est elle qui jouait le personnage féminin principal. J’avais aimé tourner avec Jessica bien qu’elle avait un caractère bien trempé. On était devenu ami au cours du tournage. Il faut dire qu’on se voyait tous les jours et que si on ne s’était pas apprécié les choses auraient été plus compliqué.

Donc, j’avais du boulot… Beaucoup de boulot. Pas du boulot que j’aimais forcément, en fait. Depuis que j’avais joué, l’an dernier, dans le film de Christopher North, j’avais gagné en notoriété d’une façon tellement fulgurante que j’en étais encore un peu choqué. Mon agent croulait sur les demande et je devais avouer que je croulais avec lui…

-Tu as un tapis rouge, dimanche… Tu iras avec Jessica. Vous avez trois interviews ce jour-là aussi…

Mon agent, Andrew Wilson, était en train de me rappeler tout ce qu’il y avait à faire… Encore un tapis rouge et encore des interviews… Je n’aimais pas forcément ça. M’exposer à ce point. Mais ça faisait partie du métier.

-D’accord. J’y serais.

Comme si j’avais l’habitude de dire « non »…

-Oh et avant que je n’oublie… Tout à l’heure, tu as cette séances photo pour un magazine. Brent Hughes m’en a parlé il y a quelques jours et j’ai accepté.

Quoi ? Tout à l’heure. J’entrouvris la bouche. Il n’aurait pas pu me prévenir plus tôt ? C’est ce que j’aurais voulu lui dire mais les mots se bloquèrent dans ma bouche. Le stress me prit de court. Si j’étais extrêmement à l’aise devant la caméra, j’y étais beaucoup moins pour les séances photos. C’était la différence entre s’exposer soit et exposer son personnage.

-Je… Heu… Ok, j’y serais… A quelle heure ? Où ?

Il me donna l’adresse et l’heure. C’était dans deux heures. J’avais peu de temps pour me préparer psychologiquement.

-D’accord, Andrew…

Il me salua et raccrocha. Je soupirai prêt à me lever pour aller me préparer mais le téléphone sonna à nouveau. A l’autre bout du fil, il y avait ma petite amie, Julia. C’était une danseuse avec qui j’étais en couple depuis trois semaines. Pendant la tournée de promotion du film, elle m’a fait du rentre dedans et j’ai accepté de sortir avec elle. J’ai pas pu lui dire « non », à elle non plus… Pourtant, je savais que j’aurais dû… Parce que si je la trouvais très gentille, je n’avais pas forcément de sentiments pour elle… Ni la moindre attirance, d’ailleurs.

-Tu as lu L.A.People ??

Sa voix était brisé par la colère et le chagrin et avant que je ne réponde que je n’avais pas eu le temps de lire, elle me gueula que s’il y avait quelque chose entre moi et Jessica, j’aurais dû lui dire au lieu de l’humilier. J’avais compris que L.A.People avait supposé une idylle entre moi et Hill… Sauf que… Ce n’était pas le cas !

J’essayais de me défendre en disant que je n’avais rien fait mais rien n’y fit. Julia mit fin à notre relation en pleurs me traitant d’enfoiré avant de raccrocher brutalement. Je déglutis… Tout avait été tellement vite que j’étais toujours en train d’encaisser ce coup de fil inattendu. Je venais de me faire plaquer… Sans doute pas pour les bonnes raisons et je finis par culpabiliser parce que tout ce que je ressentais c’était du soulagement.

C’est, donc, un peu chamboulé et les larmes aux yeux que je me préparai pour cette séance photo dont mon agent n’avait pas trouvé bon de me parler plus tôt. Bon… Andrew avait l’excuse que c’était un homme occupé… Puis, il avait l’art de faire en sorte que je lui pardonne tout.

Donc, il était déjà pardonné.

Et c’est en voiture que je me rendis sur les lieux de la séances. Là-bas, on me conduisis près de Brent Hughes, le frère du magnat de MTI, Don Hughes. Je ne le connaissais pas… Et pour être honnête, je n’avais même pas demandé à Andrew pour quel magazine je faisais cette séances.

Je vis vraiment trop vite. Ça va finir par me tuer.

Je souris à Brent et dit sur un ton peu assuré.

-Heu… Brent Hughes ? Je suis Hugh Crusher… Mon agent m’a dit de venir ici… Pour la séance photo.

Je me grattai l’arrière de la tête, légèrement embêter.

-Je dois avouer que je n’ai aucune idée pour quel magazine est cette séance… Ni quel type de photo c’est…

Merci pour ça, Andrew…

-Brent…

Je me retournai dans le lit et ramenai les couvertures sur ma tête.

-Roohmff…

Jessica me secoua doucement.

-Tu vas être en retard ! Tu dois voir Hugh dans deux heures.

Mais j’étais bien, moi là… Surtout après la soirée arrosée qui avait eu lieu hier soir pour la sortie du premier album de The Army. Un vrai chef d’œuvre ! Et dire que j’avais loupé le coche ! Daniele Ricci m’avait invité à la fête juste par provocation, je pensais bien… Sauf que… je ne disais jamais non à une fête.

-Heumpfff….

Et c’était là que j’avais rencontré Jessica, jeune, joueuse, frivole et avec un sacré caractère. Comment est-ce qu’on s’était retrouvés au lit tous les deux ? Je n’en savais rien… Tout ce que je me rappelais, c’était de lui avoir parlé de la séance photo que j’avais prévue pour son partenaire de fiction, Hugh Crusher, pour Vogue. Et ça, apparemment, elle ne l’avait pas oublié.

-Brent !

Cette fois-ci, elle me poussa carrément au bas du lit… Je tourbillonnai sur moi-même, emportant les couvertures et tombai lourdement sur le sol, nu comme au premier jour.

-Hey ! Mais ça va pas ?!

Elle éclata de rire, nue sur le lit elle aussi… Un rire contagieux qui me fis oublier ma surprise et j’éclatai de rire aussi… Jusqu’au moment où je vis l’heure affichée sur le réveil de la table de nuit.

-Oh merde !

J’allais être en retard ! Je me remis debout et me mis à chercher mes vêtements sur le sol, les rassemblant. Je regardai Jessica, catastrophé.

-On est où ? Je me rappelle plus où on est !

Pouffant toujours de rire, elle me répondit.

-Dans mon appartement, Hollywood. Ne t’en fais pas, tu n’es pas loin de là où tu dois aller pour le shooting. Tu peux utiliser la salle de bain.

Et elle retomba sur le lit, rigolant toujours.

-Ok ! Merci !

Une heure plus tard, j’étais dans le grand loft où allait se dérouler la séance photo. Le photographe était déjà là et installait les projecteurs et autres écrans blancs et noirs.

Ça faisait déjà près de 5 ans que j’étais manager chez MTI et que je travaillais donc pour mon frère, Don. Mais j’avais encore des contrats en cours, notamment avec Vogue. Etant natif de Los Angeles et gravitant dans la jet-set, les patrons du magazine m’avaient engagé pour leur trouver des arrangements avec des stars. Que ce soient des musiciens, des acteurs ou des mannequins.

Or, la dernière star en vogue, sans mauvais jeu de mot, était Hugh Crusher. Le lectorat de Vogue étant presque exclusivement féminin, ce petit latino à la gueule d’ange allait leur rapporter gros.

Quand il arriva, je découvris un jeune homme timide. D’après ce que m’avait dit Jessica, il avait 21 ans, comme elle.

Je lui serrai la main avec assurance.

-Hugh ! Bonjour ! C’est ça, je suis bien Brent Hughes. Tu peux m’appeler Brent, sans problème.

Je lâchai sa main et lui tapai sur l’épaule.

-Jessica Hill m’a beaucoup parlé de toi. Et seulement en bien. J’ai vu le film, Love In L.A. C’était vraiment très bon.

Il était hésitant quant à la séance qui l’attendait.

-C’est pour le magazine Vogue. Il s’agit de photos glamour, surtout. Le genre en costume à la James Bond, verre à la main… Tu vois ce que je veux dire ?

Je lui fis signe de me suivre.

-Viens, on va passer chez la costumière. Ils ont plusieurs tenues à te proposer, ce sera à toi de choisir.

C’est toujours chamboulé par l’appel téléphonique de Julia que je me pointai à l’appartement où devait avoir lieu la séance photo avec Brent Hughes. On me dirigea vers celui qui était le frère de Don Hughes un homme d’affaire qui dirigeait la grand maison de disques MTI. Je commençais à m’y connaitre un peu en gens important. Il faut dire que Jessica était un bon professeur à ce niveau.

Je m’approchai de Brent. C’était qui avait au moins 10 bons centimètres de plus que moi mais, contrairement à son frère, il avait les cheveux froncé. Ses yeux étaient bleus et son étrange sourire qu’il m’offrit avait quelque chose de naturellement charmeur. On se serra la main. Sa poigne était franche. Bien plus que la mienne. J’en fus même légèrement surpris.

Il déclara bien être l’homme que je cherchais et voulait que je l’appelle Brent. Je souris légèrement.

-D’accord. Va pour Brent.

Il tapa sur mon épaule et je pris un air un peu gêné quand Brent déclara que Jessica lui avait beaucoup parlé de moi. Il faut dire que Jessica et moi on se fréquentais beaucoup ses derniers temps, promotion oblige… Au point que L.A.People semblait se faire de vrais films. Je ne sortais pas avec Jessica et ça n’arrivera jamais. Parce que Jessica, même si elle ne le disait pas, semblait avoir vu clair dans mon jeu. C’est ce qui arrive quand on fréquenter souvent quelqu’un…

Brent disait que Jessica lui avait parlé en bien de moi et qu’il avait adoré Love In L.A.. Je me mordis la lèvre.

-Ah oui ? Et elle a dit quoi Jessica ? Vous la connaissez bien ?

J’étais curieux… Et même si Brent disait qu’elle avait parlé de moi en bien, je me demandais bien ce qu’elle avait pu dire…

-Et merci. On a tous tout donné pour ce film.

Mais je dus encore un peu paraitre gêné quand j’affirmais ne pas savoir pour quel magazine la séance photo était destinée. La faute à Andrew mais loin de moi l’idée de le précisé. Je ne voulais pas entaché la réputation de mon agent. Je lui devais beaucoup, après tout. Mais mon ignorance ne sembla pas troubler Brent qui déclara que les photos étaient pour Vogue… Un magazine quasi exclusivement féminin. Quant à ma tenue, ça sera des costards à la James Bond. Je quoi me rendre un peu le sourire.

-La classe ! Ça tombe bien, j’adore porter des costards. Ça fait chic et ça rend bien !

En général, j’aimais faire attention à ma tenue. Je passais beaucoup de temps à les choisir et ça, avant même d’être une étoile montante d’Hollywood. Je veillais toujours à ce que chaque tenue s’accorde à chaque circonstance. Pareil pour ma coiffure.

Je suivis Brent qui déclara qu’ils avaient plusieurs tenues à me proposer et que j’allais devoir choisir.

-Moi ? Choisir ? Ok…

Ça risquait de prendre du temps alors… Il sait pas combien je passe de temps devant ma garde-robe, chaque matin, le Brent…

On arriva près de la costumière. Une femme bien habillée qui me salua. Je fis de même alors qu’elle commença à présenter les différents costards… Il y en avait des noirs avec chemises blanche… Des blancs sur blanc… Des gris sur blancs… Diverses cravates ou nœud papillon…

Ok… Beaaaaaaaaaaaaucoup de choix…

-Sincèrement, je pense que le noir avec la chemise blanche et une cravate noir avec cette coupe irait parfaitement. Tu en dis quoi Brent ? Ça lui irait bien…

Moi, j’étais perplexe… Et je me permis de parler un peu.

-Heu… Je me disais que… Celui en velours noir me plait mieux… Avec la coupe plus échancré sur l’avant. Avec une chemise blanche en dessous… Soit légèrement ouverte sans rien ou bien avec un nœud papillon noir… Celle-là de chemise ! Avec les boutons noir…

La costumière parue étonnée puis, elle prit un air perplexe et c’est vers Brent qu’elle se tourna.

-La coupe risque d’adoucir encore plus sa carrure… Je pensais partir sur quelque chose de bien viril. Jouer la carte de James Bond à fond… Tu en pense quoi, Brent ?

Je me tus… Après tout, c’était elle la costumière… Je ne voulais pas imposer mes idées.

Hugh avait l’air un peu à côté de ses pompes. Mais bon, c’était certainement pas moi, qui m’étais mis une mine hier, qui allait critiquer. Bien qu’en fait, il n’avait pas vraiment l’air d’avoir la gueule de bois. Il émanait de lui plutôt une sorte de mélancolie… De tristesse, que ses yeux particuliers accentuaient encore. J’avais déjà remarqué ça en regardant Love In L.A.

Il avait une tête de moins que moi et ça, je m’y attendais moins. Dans les films, les tailles des acteurs sont souvent trompeuses. Or, comme Jessica était petite, à l’écran, ça donnait l’impression que Hugh faisait 1m80… Ce qui n’était pas du tout le cas.

Bref, on se présenta l’un à l’autre, se serrant la main. Il n’avait pas une poigne très forte… Mais j’avais l’impression qu’il n’était pas très sûr de lui… Mais Jessica m’avait dit qu’il était un peu timide.

En parlant de ce que m’avait dit Jessica, je rigolai quand il me demanda ce qu’elle avait dit de lui et si je la connaissais bien.

-A vrai dire, on ne s’est réellement parlé pour la première fois qu’hier… Mais sinon, on s’était déjà croisés souvent. Elle traine la plupart du temps avec des Daniele Ricci ou des Jimmy Reed…

Mais hier, j’avais coiffé ces deux-là au poteau en beauté et juste sous leur nez.

-Quant à ce qu’elle a dit de toi… Elle vante tes talents d’acteur et elle affirme que tu es la personne la plus gentille qu’elle ait jamais connue.

Peut-être trop, c’était ce qu’elle avait ajouté. Mais je me gardai bien de le dire à Hugh. Je ne voulais pas qu’il considère sa gentillesse comme un défaut.

Il me remercia pour mes compliments sur son film et je souris.

-C’est sincère. Je suis sûr que ça va avoir son succès.

Pour le reste, il débarquait… il ne savait pas pour quel magazine il allait poser ni le style de photos qu’on allait prendre. Mais ça ne me dérangeait pas de répondre à ces questions. Ce que je fis. Il sembla comme à la fois un peu rassuré et content du thème « James Bond » que le magazine avait demandé. J’eus un grand sourire et l’entraînai avec moi dans l’espace réservé à la costumière qui s’affairait, brossant les costumes.

Hugh allait avoir le choix.

Je le regardai de haut en bas.

-Tu as l’air d’être quelqu’un qui a du goût… je suis sûr que tu vas t’amuser.

Moi, j’étais le plus souvent en jeans, t-shirt noir et baskets… De temps en temps, je mettais une chemise… Très rarement des costards, sauf si l’événement auquel j’allais l’imposait. Mon frère était plus classe. Mais mon frère, c’était le patron alors il était obligé.

La costumière, Lara, nous salua et j’en profitai pour lui faire la bise et lui présenté Hugh, notre modèle du jour.

Je m’appuyai, les bras croisés, contre un mur en laissant la jeune femme expliquer à Hugh tous les types de vêtements qu’il allait pouvoir essayer. Lara avait son avis sur la chose et n’hésita pas à proposer quelque chose de beau…

-Mouais… ça fait très James Bond, mais ça fait très classique aussi.

Je fis la moue.

-Puis, je sais pas, j’ai l’impression que ça manque de quelque chose qui ferait plus…

Je claquai des doigts sans trouver le terme que je cherchais…

-Je sais pas… j’ai l’impression que ça ferait « faux » sur lui.

Hugh proposa alors une autre tenue. Il me fit ouvrir des grands yeux surpris et amusés.

-Tu parles comme un connaisseur, dis donc !

Si Lara parut étonnée par le choix de Hugh, moi, je les regardai tous les deux un peu perplexe.

-Il faudrait qu’il essaye… Parce que je ne sais même pas ce que signifie « échancré » exactement.

Je frottai mon menton, réfléchissant parce que Lara disait que ça allait être moins « viril » que ce qu’elle avait choisi.

-Et en quoi ce serait dérangeant que ce soit moins viril ?

Jessica Hill avait parlé de moi à Brent Hughes… De quoi me gêner légèrement même si Brent disait que c’était en bien qu’elle avait parlé de moi. Lui, connaissait Hill depuis hier. Il l’avait déjà croisé souvent mais sans lui avoir vraiment parlé, apparemment. Brent disait que Jessica fréquentais souvent des Jimmy Reed et autres Daniele Ricci. Oui, je savais que Jessica allait souvent à des fêtes… Dernièrement, j’avais reçus, moi aussi, pas mal d’invitation à des fêtes dont à une chez Daniele Ricci. Jusqu’ici, je n’étais allé qu’aux fêtes liées à la promotion de mes films… Mais Jessica me poussait de plus en plus à élargir mes horizon.

-Oui… Elle me parle souvent de Ricci et Reed… Je ne sais pas si elle les aime bien ou si ils l’agacent.

Ce que je savais c’était qu’elle avait déjà coucher avec les deux. Ça, elle s’en vantait souvent. Et ce n’était pas les seuls qui avait fini dans le lit de Jessica. Elle aimait parler de ses conquêtes.

Mais je ne pus pas m’empêcher de demander ce que Jessica avait dit sur moi à Brent. Il disait que Jessica vantait mes talents d’acteur ce qui me fit sourire un sourire qui disparu un rien quand il ajouta que, d’après Jessica, j’étais la personne la plus gentille qu’elle ait connue.

-Elle me le dit souvent aussi. Et elle ajoute parfois que c’est pas toujours une qualité surtout dans la jet-set.

J’haussai des épaules.

-Mais je suis comme ça, donc…

C’est pas comme si je pouvais changer ça.

Je remerciai Brent pour ce qu’il avait dit sur mon nouveau film. Pour lui, ça allait avoir du succès de quoi me remonter un peu le morale après le coup de fil de Julia. Après quoi, il me donna plus de détails sur la séance photo d’aujourd’hui dont le thème me plaisait assez bien.

Je rougis un peu quand il déclara que j’étais quelqu’un qui avait du goût et que, donc, j’allais m’amuser à choisir ma tenue.

-Merci.

On arriva, donc, près de la costumière qui nous salua avant d’entrer directement dans le vif du sujet après m’avoir montré un peu toutes les tenues qu’elle avait. Apparemment, elle avait déjà une idée bien arrêtée et c’est à Brent qu’elle demanda son avis. Lui, trouvait sa proposition trop classique. Je devais avouer être assez d’accord avec lui et j’hochai de la tête pour confirmer. Il ajouta un commentaire disant que ce genre de tenue ferait faux sur moi. Je levai un sourcil me demandant ce qu’il voulait dire par là. La costumière fis une moue de réflexion.

-Tu penses ? Peut-être… Il faudra essayer…

Alors, j’y allais de ma propre proposition qui sembla laisser perplexe la costumière alors que Brent, lui, s’exclama que j’étais un connaisseur. Je souris assez flatté par sa remarque.

-Disons que je suis toujours très attentif à ce que disent les costumière lorsque que je tourne un film. Elle m’ont donné pas mal de trucs que j’essaye d’utiliser au quotidien pour choisir mes tenues en fonction de ce que je fais. Je passe pas mal de temps à choisir ma tenue le matin.

Je rigolai un peu à ça alors que Brent disait que le mieux était que j’essaye alors qu’il avoua ne pas savoir ce que voulais dire échancré. Ça fit rire la costumière.

-Ça ne m’étonne pas de toi, Brent.

Mais la costumière ne semblait pas convaincue par mon choix. Elle voulait quelque chose de plus viril ce qui laissa Brent (et pas que lui !) perplexe. Elle se tourna vers lui.

-Disons que Vogue est un magazine quasi exclusivement lu par des femmes et que jouer la carte de viril permet de toucher des femmes qui ont au-delà de la vingtaine. Donc, un plus large public. Si on joue une carte moins viril on risque de toucher plus facilement les adolescente. Un public moins large…

Je fis la moue… Je n’étais pas convaincu qu’un costard puisse changer mes traits bien que j’étais un bon acteur. Quelque chose me disait que ça n’allait pas fonctionner. Je le sentais.

-Mais… J’ai 20 ans… J’ai l’impression que, comme le dit Brent, essayer que je ressemble précisément à James Bond, ça sonnera faux… Mais… Si vous pensez que c’est ce qu’il faut alors je peux essayer. Je suis acteur après tout… Je peux jouer les James Bonde… J’imagine…

Elle fit la moue avant de sourire.

-Essayons, alors ! On verra ce que ça donne comme le dit Brent.

Elle me sortit alors les plusieurs tenues. Plusieurs dans le style que j’avais choisi et une plus « virile » et classique. J’entrai dans la cabine de fortune pour me changer et je ressorti habillé d’un costard classique digne de James Bond. Costard un bouton plutôt haut, cravate noire, chemise blanche… C’était pas le genre de chose que je choisissais quand je mettais un costard. Je ressortis et je vis la costumière grimacer. Elle grommela un :

-Un point pour toi, Brent… Ça sonne extrêmement faux.

Ok… Je me mordis la lèvre avant de changer de tenue pour mettre mon propre choix. La veste de costard était en velours qui tirait sur le mauve et le pantalon était noir. La chemise, elle, était blanche avec des boutons noirs. J’avais choisi de ne pas mettre le nœud papillon pour simplement détacher quelques boutons à la chemise. Je sortis de la cabine et j’entendis la costumière soupirer.

-Il se connait bien… Je dois l’avouer… Mais… Ça ne fait pas vraiment James Bond… Ça fait… Je ne saurais même pas trouver une comparaison, en fait…

Elle ne trouvait pas les mots et semblait laisser à Brent le dernier mot. Je me tournai vers lui.

J’éclatai de rire quand Hugh affirma qu’il ne savait pas si Ricci et Reed agaçaient Jessica ou si elle les aimait bien…

-Un peu des deux. Tout n’est qu’affaire d’apparences, entre eux, de toute façon. Toi, tu es acteur, mais eux jouent un rôle en permanence.

Ils faisaient tout pour avoir l’attention des médias, multipliant les fêtes, les frasques et autres trucs du genre. Tout ça pour faire parler d’eux.

Quant à ce que Jessica m’avait dit, je ne le lui cachai pas. Mais son sourire disparut quand je lui dis qu’elle le trouvait gentil. Il disait que ce n’était pas toujours une qualité, surtout dans la jet-set. Je pinçai les lèvres.

-Ce n’est pas faux. Cela dit, j’espère être gentil quand même. Et je m’en sors pas mal dans la jet-set.

De toute façon, lui comme moi, on était comme ça et pas autrement, apparemment.

Après ce petit prélude, Lara pris Hugh en charge… La costumière s’y connaissait et était très professionnelle. Mais quand elle sortit le premier costume qui l’inspirait, je restai un peu perplexe. Autant que Hugh en fait.

Je donnai mon avis et Lara me demandait si c’était vraiment ce que je pensais.

-Oui… Dans le sens où… Non seulement quelque chose sonnerait faux mais… je crois que Vogue serait assez satisfait qu’on sorte un peu des sentiers battu.

Je haussai les épaules.

-Le thème qu’ils ont donné, ce n’est qu’une indication. Là-dessus, on peut improviser.

Hugh, lui, parlait costume comme un pro ! J’en étais vraiment étonné. Il disait avoir appris à force de faire des tournages et qu’il passait pas mal de temps à choisir ses tenues le matin… Je rigolai.

-L’inverse de moi quoi… Je rends mon frère cinglé, par moment, avec mes jeans-baskets.

Comme par le fait que je n’avais aucune idée de ce que « échancré » voulait dire. Ce qui fit bien rire Lara.

Elle nous expliqua ensuite pourquoi il fallait que la tenue de Hugh fasse « virile ». Pour toucher un public plus grand que celui d’adolescente. Je réfléchis à la chose un moment. Hugh, lui, protesta en mettant en avant son jeune âge.

J’approuvai de la tête.

-Faudrait pas que toutes les couguars de L.A. se mettent à lui courir après non plus. Même si je suppose que Love In L.A. va plaire à beaucoup de ménagères de plus de 50 ans… Mais bon…

J’écartai les bras.

-Mais rien ne coûte d’essayer.

Ce que Hugh fit. Et quand il sortit de la cabine avec son costume viril, je pinçai les lèvres pour ne pas rire. Lara me conseilla direct un point.

-On dirait que tu as dix ans et que tu as volé ce costume a ton père, Hugh…

Il était petit… Je pensais bien que c’était son plus gros problème. Pour être James Bond, il ne fallait pas spécialement être baraqué… mais quand même un peu élancé, avec quelque chose de british, ce que Hugh n’était pas.

Il alla donc se changer et en ressortit avec son propre choix. Et je souris parce que ça lui allait vraiment.

-Ah ! Tu vois ? Ça, c’est vraiment toi. Et puis, c’est ta promotion qu’on doit faire avec cette séance photo. Pas James Bond. Comme j’ai dit, ce n’est qu’un thème de base.

Lara cherchait une comparaison.

Je souris.

-On dirait une rockstar… Tu sais, un membre d’un de ces groupes de rock psychédélique… mais en plus classe. Attend.

Je m’approchai de Hugh et lui ébouriffai les cheveux à deux mains… Pour y mettre un peu de désordre et de volume. Puis, je le pris par les épaules et le tournai vers le miroir.

-Qu’est-ce que tu en penses ?

Je me mordis la lèvre quand Brent Hughes affirma que si j’étais acteur, les gens comme Reed et Ricci, eux, jouaient un rôle en permanence… Je repensai à mes derniers tapis rouge et ma relation avec Julia. Je n’étais pas sûr que je valle mieux que Reed ou Ricci à ce niveau-là… Mais je lançai :

-Je commence à peine à comprendre comment tout fonctionne mais, pour les apparences, je crois que j’ai déjà bien intégré que c’était important pour tous ces gens.

Et ça l’était devenu pour moi aussi insidieusement. Je n’avais pas choisi de jouer un rôle, il s’était imposé à moi par instinct de survie dans cette nouvelle jungle où j’avais mis les pieds.

Brent m’avait expliqué ce que Jessica avait dit sur moi. Bien sûr elle ne s’était pas empêcher de souligné à quel point j’étais gentil. Ce n’est pas toujours une qualité, hélas. Brent confirma mais relativisa la chose aussi. Il disait être lui-même gentil et bien s’en sortir dans la jet-set. Je souris. C’était rassurant. Parce que Jessica était bien plus pessimiste que lui à ce niveau.

-Vous avez l’air plutôt gentil.

A première vue, en tout cas, il m’avait l’air très sympathique.

Je suivis alors Brent près de la costumière. Et la première proposition de costume me laissa perplexe. Brent aussi ne semblait pas satisfait. Il était sûre que Vogue voulait qu’on sorte des sentiers battus et que, de toute façon, ce genre de costume sonnerait faux sur moi. Il rappela alors que la thème donné n’était qu’une indication. La costumière fit la moue.

-Je vois…

Quant à moi, je finis par donner ma propre proposition ce qui sembla surprendre Brent. J’expliquai alors avoir gagné un peu d’expérience en la matière au contact des costumière que j’avais rencontré autant au théâtre que dans le cinéma. Je faisais, du coup, très attention à ce que je portais même dans la vie de tous les jours. Tous l’inverse de Brent ce qui me fit sourire.

-Le jeans-basket vous va très bien.

C’était mon avis et je lui dis en souriant. Je trouvais que ça lui allait bien mais il serait bien en costard aussi, alors. Bien que s’il avait mis un costard, il faudrait qu’il essaye de dompter ses cheveux qu’il avait en bataille.

La costumière essaye de nous expliquer ce que semblait vouloir Vogue. Tout était une histoire de public si j’avais bien compris et la costumière avait peur que quelque chose de moins « viril » n’accroche que les adolescentes… Sauf que je n’avais que 20 ans et que, finalement, j’étais plutôt connu pour ma face d’adolescent qu’autre chose… Et j’avais du mal à imaginer qu’un costume puisse réellement me métamorphoser. Mes lèvres se pincèrent quand Brent disait qu’il ne fallait tout de même pas que toutes les cougars de L.A. me cours après. Ouais… Non… Non, merci… Bien qu’il avança que mon film allait, aussi, plaire au femme plus mures. A vrai dire, quand j’ai tourné ce film, je n’avais absolument pas pensé à tout ça.

-Ouais… J’aimerais assez éviter ça.

J’avais assez avec les jeunes… Surtout que mon incapacité à dire « non » commençait à devenir handicapante à ce niveau. Je commençais à avoir des fans… Beaucoup de fans. Et ce n’était pas évident de leur refuser quelque chose.

Bref… On se décida à essayer un peu toutes les idées qu’on avait tous. Et j’avais commencé par l’idée de la costumière. Quand je sortis de la cabine, je pus voir le visage contrit de la costumière mais aussi que Brent se retenait sérieusement de rire. Le remarque qu’il fit me fit baisser les yeux sur ma tenue. Je fis une moue dépitée…

-A ce point-là ? Je suis pas prêt d’être engagé pour faire James Bond alors…

J’étais sans doute trop petit pour faire un bon James Bond, en même temps. Puis, qui voudrait d’un James Bond latino ? Ça semble invraisemblable en fait…

Je rentrai alors dans la cabine pour changer totalement de tenue. Quand je ressortis, j’étais déjà plus à l’aise. Au point que même la costumière fut convaincue. De quoi m’arracher un sourire. Surtout que Brent disait que ça faisait vraiment moi et que c’était moi qu’il fallait promouvoir.

-Merci. Je pense que je suis plus à l’aise avec ça aussi.

Même si la costumière n’arrivait pas à donner un nom à ce style. Brent, lui, trouva tout de suite. Une rockstar. C’était plutôt flatteur. Et il s’avança vers moi pour… Ebouriffer mes cheveux que j’avais mis pas mal de temps à arranger avant de venir… Je fus surpris et me laissai faire quand il me retourna vers le miroir. Je clignai deux fois des yeux.

-Heu…

Le costumière rigolai devant mon air perdu et surpris alors que je me regardais dans le miroir. Je n’étais pas certain d’aimer les cheveux ébouriffé à la Brent Hughes… Mais… Je ne voulais contrarié personne. Alors, j’affichai un sourire.

-Ouais. Ça le fait bien. Je pense que c’est parfait. On peut passer au maquillage, je suppose ?

La costumière confirma et me montra vers où je pouvais aller pour le maquillage. Je m’y dirigeai n’entendant pas la costumière lancer à Brent sur un ton rieur :

-Tu l’as choqué en lui ébouriffant les cheveux, le pauvre… Je suis certaine qu’il a passé du temps à les arranger avant que tu ne détruises tout son travail.

La maquilleuse fit un maquillage de base. Juste de quoi faire en sorte que ma figure passe bien sur la pellicule. Après quoi, je rejoignis Brent.

-Alors ? Comment je dois poser ?

Je ne savais pas toujours comment faire pour poser. Ce n’était pas pareil que de jouer. Pas totalement en tout cas. Je fixai Brent pour obtenir ses indications et, par réflexe, je ne pus faire autrement que de passer ma main dans mes pauvres cheveux ébouriffer pour les rabattre en arrière.

Je ricanai quand Hugh déclara qu’il avait déjà bien compris que les apparences étaient importantes, dans la jet-set.

-Oui… parfois un peu trop si tu veux mon avis. Il y a de quoi se perdre soi-même, là-dedans.

Je haussai les épaules.

-Faut jamais perdre de vue qui on est… Même si on joue le jeu.

Comme Hugh, j’étais plutôt gentil… enfin, j’osais l’espérer. Il confirma que j’en avais l’air et je le remerciai d’un regard et d’un sourire.

-Tutoie-moi… J’ai l’impression d’avoir 50 ans quand tu me vouvoies.

On commença alors à « travailler »… Je ne considérais pas vraiment ça comme un travail et je ne l’avais jamais fait ! C’était beaucoup trop amusant d’organiser des trucs, de rencontrer des stars et tout que pour appeler ça du « travail ».

On discuta un peu chiffon, chacun donnant un peu son avis et Hugh m’envoyant un compliment comme quoi ma tenue décontractée m’allais bien. Il continuait à me vouvoyer mais ça lui viendrait…

-Merci. Je dirais à mon frère que ça plait à quelqu’un, ma tenue.

Hugh avait enfilé son premier costume, celui choisi par Lara et qui était censé plaire aux femmes de tous âges. Quelque chose dont Hugh, à vrai dire, n’avait pas très envie et qui me fit rire. Le pauvre avait toujours l’air un peu perdu mais il fallait dire qu’il n’en était qu’au début d’une carrière prometteuse. Il s’y ferait…

Ou alors ça casserait.

Quand il se présenta dans ce premier costume, on tomba tous d’accord pour dire que… non, ça n’allait pas du tout. Et Hugh de dire qu’il n’était pas près d’être choisi pour jouer le prochain James Bond.

-Non… Mais Q peut-être… ça rajeunirait un peu l’image du personnage.

Bref, tout ça pour dire qu’il changea de tenue pour celle qu’il avait élaborée lui-même. Et là, il convainc tout le monde. Et effectivement, comme il le disait, il semblait vachement plus à l’aise là-dedans.

-Ça met un peu de couleur aussi. Vu qu’on va faire des photos en couleurs, c’est mieux que d’avoir juste du noir et du blanc.

Mais il y avait un détail qui ne collait pas s’il voulait avoir l’air d’une rockstar. J’ébouriffai donc ses cheveux et il fit une tête comme si je l’avais secoué comme un prunier. Après un premier choc, il affirma que c’était parfait et j’eus un grand sourire fier de moi ! Au moins, j’aurais participé activement à cette séance photo et quand je serai vieux et que je ressortirai le magazine, je pourrai dire : vous voyez, ses cheveux ? C’est moi qui l’ai fait !

-Oui, tu peux passer au maquillage.

Il partit devant et je restai en retrait avec Lara. Alors que j’observais que Hugh avait une façon assez particulière de marcher, Lara rigola en disant que j’avais détruit tout le travail capillaire de Hugh.

-Tu crois ? Pourquoi il n’a rien dit ?

Bon, finalement, on passa au shooting proprement dit… Il y avait une sorte d’écran et de tapis noir pour faire l’arrière-plan… Et à côté, quelques accessoires que Hugh pouvait choisir et utilisé à sa guise. Mais il semblait un peu perdu alors je lui donnai un coup de main tandis que Dave, le photographe, réglait ses appareils.

-Alors, regard, viens avec moi.

Je le pris par le coude et l’emmenai pour lui montrer les petites marques au sol, faites avec du scotch.

-Partout où il y a des marques, tu peux te mettre.

Je sortis de la zone à photographier et pris un verre à Martini Dry que je remplis et agrémentai de deux olives. Je le tendis ensuite à Hugh.

-Bon, je sais qu’il est 10 :30 du matin, mais c’est pas quelques gorgées qui vont te tuer. Plutôt que de « poser », tu peux bouger, comme si tu jouais une scène, ce sera plus naturel. Dave s’occupera de capter les bons moments au vol.

J’hochai pensivement de la tête aux réflexion de Brent sur les apparences… Pour lui, les apparences étaient souvent vues comme bien trop importantes par rapport au reste. De son avis, il ne fallait pas perdre de vue qui on était. Cette réflexion me mis légèrement mal à l’aise… J’hochai, du coup, à nouveau de la tête en baissant un peu des yeux. Tout ça me faisait trop réfléchir… Est-ce que je jouais trop ? J’avais tout de même cette impression que si je ne le faisais pas, j’allais tout perdre. Ça me paraissait évident…

Lui aussi se trouvait très gentil. A première vue, il l’était. C’est ce que je dis alors qu’il semblait vouloir que je le tutoie. J’hochai de la tête.

-D’accord. Je vais essayer.

On passa au costume et ce fut un plus gros casse-tête que je ne l’aurais imaginé. La costumière et moi avions des idées différentes. Brent, lui, s’y connaissait moins comme il le disait lui-même faisant référence aux vêtements qu’il mettait habituellement. Un style qui lui allait très bien ce que je ne manquais pas de dire. Une remarque qu’il ne manquera pas de dire à son frère ce qui me fit sourire plus large.

J’étais alors passé par la case « essayage » et le premier costume, plus classique, ne fit absolument pas l’unanimité. Ça ne m’allait pas et Brent, très franc, disait que j’avais l’air d’un gamin qui a mis des vêtements bien trop grand pour lui… De quoi me faire constater que je ne serais jamais engagé pour le moindre James Bond. Bien que ça, j’aurais pu le déduire sans même essayer ce costume. Mais Brent me voyait plutôt dans une version de Q plus jeune. Je rigolai un peu avant d’hausser les épaules.

-Peut-être… Qui sait ? Ça me plairait beaucoup d’explorer ce genre de personnage. C’est très différent de ce que j’ai fait jusqu’ici.

J’espérais, au cours de ma carrière, pouvoir faire des personnages différents et leur apporter ma touche personnelle.

Bon ! Comme ça n’allait pas, je retournai dans la cabine pour ressortir, peu après, avec la tenue que j’avais choisi. Cette fois, même la costumière dû reconnaitre que c’était le bon choix. Je souris à l’enthousiasme de Brent qui appréciait qu’il y ait de la couleur dans la tenue.

-La vie est meilleure avec un peu de couleur.

C’est ce que je pensais, en tout cas. Sauf que Brent semblait trouver que pour ressembler à une rockstar il manquait quelque chose et, sans crier gare, il ébouriffa mes cheveux. De quoi me déstabiliser un peu. Je n’avais pas l’habitude d’avoir les cheveux en désordre… Que du contraire. Mais… Je m’en accommodai… Il trouvait que ça donnait bien alors… Loin me moi l’idée de le contredire… Je filai, donc, au maquillage n’entendant pas la costumière et Brent échanger à mon sujet.

-Je ne sais pas pourquoi il n’a rien dit… Peut-être qu’il ne voulait pas freiner ton enthousiasme.

J’étais revenu un peu après maquillé. Je regardai un moment l’endroit aménagé pour moi pour le shooting. Il y avait des accessoire et tout pour créer une certaine ambiance. Mais je me tournai tout de même vers Brent pour savoir comment il voulait que je pose. Je le suivis alors… Enfin, il me pris par le coude pour que je le suive. Il me montra les marques au sol. Il y en avait des similaire quand je tournais.

-Ok.

Il sortit alors de la zone et revint avec un verre de Martini. Je le pris remerciant Brent au passage. Il était peut-être trop tôt pour boire mais ce n’était pas trop grave. Il me conseilla alors de bouger comme si je tournai une scène. En gros, sans rester fixe ce qui allait être nettement plus simple pour moi.

-D’accord ! Ça semble assez simple. Il me faut simplement quelques seconde.

Le temps que je construise un personnage dans ma tête. Une rockstar, par exemple, Dans sa chambre d’hôtel. Les rockstar c’est souvent torturé. Je marchai dans le décor pour me familiariser. Et quand je fus prêt je souris à Brent.

-On peut y aller.

Je me mis alors à marcher dans le décor. A m’arrêter comme si je regardais par la fenêtre… A marcher à nouveau. Sur mon visage, j’affichai de la mélancolie buvant, de temps en temps, une gorgée de Martini alors que le photographe me mitraillait. Je n’avais pas changé ma façon de marcher. Je n’en avais pas trouvé l’utilité. Je ralentissais mes geste pour laisser le temps au photographe de prendre des photos ce qui rendait mon jeu un peu trop maniéré à mon goût au point que je finis par m’arrêter.

-C’est peut-être un peu trop déprimant, non ? Faudrait peut-être une cigarette ? Un table et une chaise pour prendre d’autres plans ? J’ai l’impression que quelque chose ne va pas… T’en dis quoi ? C’était bon ou pas ?

Je regardais tantôt Brent, tantôt le photographe.

Bon, le premier costume, ça n’allait pas… Ce qui nous fit conclure à l’unanimité que Hugh ne jouerait probablement jamais James Bond… De toute façon, je doutais que ceux qui avaient les droits sur le personnage en question acceptent un acteur latino pour le rôle. Par contre, je le voyais bien en Q, ce qui eut l’air de le rassurer un peu. Il espérait, sur sa carrière qui s’annonçait prometteuse, pouvoir explorer des personnages différents.

Je lui souris.

-Je t’ai vu jouer dans Peace Hero et dans Love In L.A., deux personnages complètement différents. Et tu as géré les deux. Si les directeurs de castings ne s’en rendent pas compte, alors où va-t-on ?

Je souris plus largement encore.

-Je suis sûr que tu auras de belle opportunité à l’avenir.

Surtout si on faisait ce shooting convenablement. Parce que pour le jeune acteur, c’était aussi de la bonne pub. Il ne s’agissait pas ici seulement de faire rêver les gens.

Bref, tout ça pour dire qu’il finit par changer de costume pour ce qu’il avait lui-même choisi et, comme me le fis remarquer Lara, il se connaissait bien. Donc il savait ce qui lui allait ou pas. Puis je trouvais qu’un peu de couleur ne faisait pas de mal. Il semblait aimer les couleurs et être très content de sa tenue. Tant mieux ! C’était son shooting, après tout.

Je trouvais qu’il manquait juste une petite touche de folie en plus et lui ravageai sa coiffure pour coller avec le personnage psychédélique que j’imaginais. Et quand il s’en alla au maquillage, Lara me fit remarquer que j’aurais peut-être du m’abstenir parce que j’avais décontenancé Hugh.

Elle disait que s’il ne m’avait rien dit, s’il n’avait pas protesté, c’était pour ne pas freiner mon enthousiasme. Je regardai le jeune acteur, un peu plus loin, qui s’installait pour un maquillage de base.

-Ben j’en connais qui m’en auraient retourné une pour moins que ça.

Hank North, par exemple.

Enfin bref, le mal était fait et une fois maquillé, Hugh semblait avoir repris contenance quoi qu’il n’était toujours pas très sûr de lui.

-C’est ton premier shooting ?

Je lui expliquai tout ce qu’il y avait à savoir. Les marques, les accessoires à sa disposition et le fait qu’il pouvait bouger librement et que Davie, le photographe, s’occuperait du reste. En gros, ce n’était pas si différent de l’acting. Il demanda quelques secondes de réflexion puis on put y aller.

Je l’observai faire… Il la jouait très mélancolique.. Et il avait tendance à ralentir ses mouvements et je devinais qu’il le faisait pour faciliter le travail du photographe. Mais le problème, c’était que ça accentuait ses gestes déjà naturellement délicats.

Il s’arrêta à un moment pour partir sur une autre idée. Je pris le paquet de cigarettes que j’avais dans la poche arrière de mon jeans et le lui lançai pour qu’il l’attrape. Je ne fumais pas énormément, mais suffisamment pour avoir toujours quelques cigarettes sur moi.

-C’est pas mal. Mais je doute que la mélancolie soit un bon choix. Pas pour Vogue. On est parti sur l’idée d’un personnage psychédélique… Il faudrait… un peu de folie. Ça peut être de la folie joyeuse ou l’expression de ton côté sombre…

Je pris une table et la soulevai pour aller la mettre sur un des marquages tout en continuant.

-Et tu n’es pas obligé de ralentir tes mouvements pour Dave. Ça rend tes gestes un peu trop maniérés… Il faudrait montrer plus de classe que de délicatesse. Tu crois que tu pourrais faire ça ?

Le premier costume ne m’allait pas ce qui me fermait, sûrement, la porte à un future rôle de James Bond… Chose qui aurait, de toute façon, était difficile à obtenir rien que parce que j’étais à la fois pas très grand et très latino. Mais Brent, lui, pensait bien que je pourrais faire une version rajeunie de Q. L’idée me plaisait assez, à vrai dire, car mon but était de pouvoir explorer plusieurs rôles différents. Et à Brent de dire que j’avais déjà réussi à gérer deux rôles bien différents dans les deux films que j’avais fait au cinéma. Je souris largement à ce compliment.

-Ils s’en rendent compte, ne t’inquiète pas… Mon agent croule sous les demande alors les opportunités, je les ai… Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce que ça soit si rapide, à vrai dire.

Peut-être trop ? Je ne sais pas. Je n’avais pas à me plaindre. C’est ce que je voulais quand j’ai accepté le rôle du film de Christopher North. Je voulais pouvoir vivre de l’acting.

-Mais je ne m’en plains pas.

Finalement, la seconde tenue, celle que j’avais choisie, fit l’unanimité et Brent y rajouta sa petite touche en mettant mes cheveux en bataille. Je m’étais laissé faire, ne contredisant pas la touche artistique du frère de Don Hughes. Je n’entendis pas que ce simple petit geste et mon expression entraina un petit échange entre Brent et la costumière. Une costumière qui finit par rire au commentaire de Brent sur le fait que d’autres lui en aurait retourné une pour moins que ça.

A mon retour du maquillage, je demandai un peu comment poser et comment faire les choses. Brent demanda alors si c’était mon premier shooting. J’hochai négativement de la tête.

-Non… Ce n’est pas le premier. Mais c’est le premier pour un magazine aussi réputé que Vogue…

D’où mes hésitations et mes questions à Brent sur ce que je devais faire. Chaque shooting était différent et chaque fois je demandais ce qu’on attendait de moi. Quand je suis devant la caméra, je sais exactement quoi faire mais un shooting, c’est très différent. Je ne suis pas un mannequin, loin de là…

Il m’avait donné quelques indications et je me mis dans le personnage que j’avais en tête. Après quoi, je commençai à marcher alors que le photographe prenait des clichés au vol. Sauf que… J’avais bien capté que quelque chose n’allait pas. J’étais bien dans le personnage mais, malgré tout, quelque chose clochait.

Alors, je m’étais arrêté demandant un avis extérieur. Il me lança un paquet de cigarette que je rattrapai au vol.

Mon choix ne semblait pas tellement approprié pour Vogue. Il voulait plus de folie. J’hochai de la tête à ses indications. Il ne voulait pas que je ralentisse mes mouvements. Je me mordis la lèvre quand il ajouta qu’il fallait plus de classe que de délicatesse. Et à savoir si j’arriverais à faire ça…

-Oui, je devrais y arriver… Plus de folie… Pas de ralentis. Je crois comprendre ce que tu veux.

C’est mon métier, après tout.

Je tentais un sourire alors que Brent avait mis un table pour ajouter quelque chose avec quoi je pouvais jouer. Je me remis alors dans ce nouveau personnage avant de m’y remettre. Je fis ce que Brent m’avait dit. J’effaçai mes gestes délicat pour mettre plus de folie et de classe. Je souriais de temps en temps d’un sourire qui collait à ce personnage de rockstar qui cache un côté sombre et montre tout autre chose à la face du monde. Un rôle, finalement, pas tellement difficile à faire pour moi… Je jouai avec ma cigarette l’allumant avec une dextérité de fumeur accompli. Je fumais depuis le tournage de mon premier film. C’était arrivé parce que j’étais incapable de dire « non » chaque fois qu’on me proposait une clope… Et je n’avais pas arrêté parce que ça diminuait mon stress provoqué par ma montée fulgurante des échelons d’Hollywood. Je marchai, l’utilisant la table aussi pour m’y poser avec le verre de Martini. Je jouais beaucoup sur mon regard. C’était l’un de mes atouts.

Après un moment et plusieurs flashs plus tard. Je me tournai vers Brent.

-Alors ? C’était mieux ? Je pense que ça l’était. Pour moi en tout cas. Je ne sais pas pour Vogue.

J’étais toujours dans mon personnage parce que ma façon de parlé avait changé. J’étais plus sûr dans mes paroles et mon ton de voix était moins doux qu’habituellement.

Hugh me rassura en disant que les directeurs de castings se rendaient compte qu’il avait un potentiel monstre. Il avait des demandes et des opportunités et… je compris en souriant que tout ça lui donnait un peu le tournis. Love In L.A. n’était que son deuxième film, mais ce serait loin d’être le dernier.

-Tant mieux !

Quand on fut prêt pour le shooting proprement dit, les questions que Hugh me posaient me firent penser que c’était sa première séance photo, ce qui m’aurait un peu étonné. Mais ce n’était pas le cas… Seulement, il n’avait jamais posé pour un magazine comme Vogue.

-Oh ben je suppose que ce n’est que le début… Tu poseras sûrement à l’avenir pour des magazines comme Time ou encore Playboy qui ne fait pas que dans le porno.

Même si pour celui-là, il devrait probablement se dénuder un peu quand même.

On fit une première salve de photo mais ni Hugh ni moi n’étions vraiment convaincu par le personnage de Hugh. Alors après quelques recadrages et un paquet de cigarettes, on reprit, Hugh semblant comprendre ce que je voulais.

Et en effet, la seconde salve de photo me sembla bien plus réussie. En tout cas, le jeune acteur était convainquant, alternant Martini et cigarette.

D’ailleurs, il me donnait envie, alors j’approchai des accessoires pendant que Dave le mitraillait et me servis à moi aussi un verre de Martini.

Je le regardai bouger, jouer silencieusement, tout en sirotant calmement l’alcool. Il était 11 :00 maintenant, après tout, c’était l’heure de l’apéro.

Quand Dave retira son œil de son objectif, notamment pour changer de pellicule, Hugh demanda si c’était mieux, avec une voix légèrement plus profonde que la normale.

Je lui souris.

-C’était parfait, Hugh ! Je suis sûr que les patrons de Vogue seront satisfaits. Si tu veux, tu peux changer de tenue, en choisir une autre. On va faire une version alternative puis…

Je haussai les épaules.

-Il est presque midi… Tu veux aller manger quelque part avec Lara et moi ? C’est moi qui offre.

D’après Brent, ça ne sera sûrement pas ma dernière séance photo pour un grand magazine. Il était certain que je devrais poser pour d’autres comme Time ou encore Playboy… Je n’avais aucun soucis à poser en partie dénudé. Je le faisais bien pour des films. Même si, encore une fois, poser et jouer ce n’était pas totalement la même chose. Même si… Je rigolai un peu :

-J’ai du mal à m’imaginer dans Playboy… Mais… Oui, j’imagine que ça fera partie du jeu…

Encore une fois, ce n’était pas ce que je préférais mais la gloire à ses inconvénients… Je devais faire avec tout ça me disant que, avec le temps, j’allais m’y habitué. Jessica semblait s’y être assez bien habituée, elle…

N’empêche que si je devais, un jour, poser pour Playboy, je devrais sans doute suivre le conseil de mon agent et me mettre un peu à la muscu… Je crois que ça ne peut pas vraiment faire de mal.

On se mit, alors, au travail mais mon premier essais ne fut en rien concluant. Enfin, ça ne l’était pas pour Vogue. Je ne devais pas mener toutes ses pauvres femmes à la dépression, après tout. Sauf que quand je m’étais mis dans mon personnage, je n’avais pas penser à ça…

Heureusement, Brent me fit une critique suffisamment constructive que pour que je trouve le bon ton et la bonne façon de poser et de me comporter. Créer un rôle n’était pas difficile pour moi alors je réussis facilement à me mettre dans la peau de ce que voulait voir Brent.

Je fus mitraillé par les flashs sans que ça me perturbe le moins du monde. J’étais concentré et quand tout fut terminé, je me tournai vers Brent qui s’était pris, lui aussi, un Martini. J’étais toujours dans mon personnage quand je le questionnai sur ma prestation. Il déclara que tout était parfait ce qui me fit sourire. J’étais soulagé, en fait.

-D’accord. J’irais choisir d’autres tenues pour d’autres versions. Merci, Brent.

Ma voix était redevenue normale alors que petit à petit je sortais de mon rôle. Brent demanda alors si je voulais, à la pause, manger avec lui et Lara. Je souris d’un sourire un peu plus doux.

-Oui. Avec plaisir.

Un dîner avec des gens sympathique me permettra sans doute d’oublier un peu mon coup de fils de ce matin.