J’étais creeeeeeeeeeevé ! Mort ! Méga mort crevé ! Ce voyage en Afrique était méga intéressant et j’avais la chance de le faire avec Livia qui était une super partenaire de voyage. On s’marrait. On s’amusait comme deux grands enfants et, surtout, on avait l’occasion de découvrir pas mal de trucs qu’on aurait jamais pu voir en étant à Los Angeles.

J’avais jamais été un grand amateur de voyages. Les seuls que j’avais fait, c’était lors des tournées mais on avait jamais réellement le temps de visiter quand on était en tournée. Du coup, ce voyage en Afrique c’était un p’tit peu le premier que je faisais et où j’pouvais réellement m’imprégner du paysage et des gens qui vivaient ici. Parce que c’était un p’tit peu pour ça qu’on était ici. Pour les gens…

Quand on est arrivé dans la capitale de l’Angola, Luanda, y’a quelques jours, on y avait fait un concert afin de sensibiliser des classes plus hautes de la société pour récolter des fonds pour les populations les plus pauvres. C’était un genre de p’tit concert caritatif. MTI m’avait fourni des musiciens pour la cause vu que j’y allais à titre personnel et pour United For Youth. Don avait été sympa sur le coup. L’était pas obligé de faire ça mais quand j’lui avais demandé avec mes p’tits yeux il avait accepté. J’savais que Savannah aurait pas pu encaisser un voyage pareil… Quant à David, j’avais peur que tous les déplacements et tout ce bordel le déstabilise trop alors j’avais préféré pas l’prendre avec moi… L’étais resté à L.A.. J’savais pas s’il était resté à la villa ou s’il était allé dormir chez Collins, finalement… Parce que mes parents allaient squatter ma villa pendant tout mon voyage pour s’occuper des p’tits.

Après l’concert, on était allé un p’tit peu plus dans l’pays. Fini les villes et bonjours les villages. C’est là qu’on a pu rentrer en contact avec la population locale. On était toujours accompagnés de guides et de gens de United For Youth… Le pays était méga instable. C’est ce que disaient les guides. Alors fallait qu’on reste bien avec eux. On a pu voir à quel point les gens ici vivaient dans la pauvreté. C’était méga triste. A côté, l’Eastside c’était le Paradis. Ça m’avait un p’tit peu fait un choc. J’savais que c’était de vivre avec pas grand-chose mais j’savais pas comment c’était de vivre avec méga rien. Eux, ils avaient méga rien. Et malgré ça, ils avaient le sourire surtout quand ils nous ont vu débarquer !

On est, donc, resté un ou deux jours dans un village avant de passer à un autre village un p’tit peu plus loin. Il faisait plutôt bon dans ce pays. 25° en règle générale et il faisait pas trop humide. Un climat que j’pouvais vraiment bien encaisser.

Enfin… C’est ce que j’pensais…

Parce qu’après un jour passé dans le second village, j’avais commencé à avoir tous les symptômes d’une bronchite. J’savais gérer ça… Sauf que les employés de United For Youth voulait absolument pas prendre de risque vu ma condition et avait dit que j’devais être envoyé vers la ville la plus proche pour voir un médecin qualifié… On devait normalement quitté le village que le lendemain avant de rejoindre ladite ville mais ils voulaient que je partent en premier avec deux guides.

J’voulais pas partir tout seul… Alors j’avais demandé si Livia pouvait m’accompagné ce qui avait été accepté.

Et nous voilà, dans le p’tit avion direction… J’savais même plus quelle ville. J’ai du mal à retenir les noms. Tout ce que j’sais c’est qu’on est dans le nord du pays. J’crois… Bref… C’est à un endroit où y’a une superbe forêt qu’on était, justement, en train de survoler.

Ce genre de petits avions pourraient en faire flipper plus d’un mais moi, j’adorais ça ! J’trouvais ça encore plus fun que la voiture.

-C’est méga naze qu’on ait du quitté ce village plus tôt… J’espère que l’médecin va pas me rapatrié à Los Angeles…

Parce que l’voyage était, théoriquement, pas encore terminé. On devait, normalement, encore aller voir un autre village, au sud cette fois, avant de revenir à la capitale pour revenir à Los Angeles. On était qu’au quatrième jour d’un voyage d’une semaine, après tout. Y’avait encore des trucs à voir et je m’amusais assez bien avec Livia.

J’fis une moue déçue… Les autres membres de notre p’tite délégation étaient restés au village. Ils nous rejoindront demain si j’avais bien compris.

J’soupirai prenant mon sac sur mes genoux. J’avais besoin de vodka et je sortis ma bouteille pour en boire une gorgée. J’en avais trouvé à la capitale et j’en avais acheté quelques bouteilles. Je n’avais pris que celle-là pour notre p’tit voyage en avion… C’était suffisant… J’avais laissé les autres dans mon plus gros bagage que les autres rapatrierons demain.

J’regardai le paysage avant de bailler un coup. Les deux guides jouaient au pilote et au co-pilote. Ils discutaient entre eux. Je m’étirai et j’allais essayer d’me reposer un p’tit peu quand, soudain, l’avion sembla s’emballer.

Genre… Vraiment s’emballer…

Ce fut le cas des guides aussi.

-Il se passe quoi ?!!!

C’est ce que j’criai alors que les deux guident causaient dans leur dialectes bizarres ! J’entendis juste l’un d’eux dire qu’on devait attacher notre ceinture alors que l’avion commença à piquer du nez.

-Putain !!! On s’écrase là ?!

C’est ce que j’demandais tout en attachant ma ceinture. L’avion bougeait fort. Tout tremblait. Mon sac valsa de l’autre côté de la cabine où on était avec Livia.

Puis ce fut l’crash. J’me bouchai les oreilles et fermai les yeux certain que ma dernière heure était arrivée. J’vis pas que le pilote avait plus ou moins redressé l’avion mais que ça suffit pas à éviter les arbres qui nous coupèrent littéralement les ailes.

J’fus secoué.

J’entendais crier.

J’criais moi aussi.

J’avais les oreilles qui sifflaient. Ma tête était devenue une espèce de shaker.

Puis tout s’arrêta brutalement.

Me fallu le temps de retrouver mes esprits. J’ouvris doucement les yeux. J’avais vachement été secoué. Ma ceinture m’avait fait franchement mal. Ma tête tournait et la fumée qui emplissait l’endroit me faisait tousser. Mes yeux pleuraient à cause de cette même fumée.

Je secouai ma tête. J’voyais un peu moins flou. Livia était censée être pas loin mais l’avion avait plusieurs trou dans sa coque… C’est la première chose que j’vis d’ailleurs. Des trou traversé par des arbres. Et j’vis qu’il y en avait un à même pas un mètre de moi.

J’respirais fort…

-Livia… Livia, ça va ? T’es vivante ?!

C’est la première chose que je demandais. J’étais encore méga choqué. J’avais du mal à prendre conscience de ce qu’il s’était passé.

A peine avions nous posés les pieds en Afrique que je m’étais sentie revivre. Loin de Jimmy, Julian et de la pression de Los Angeles, j’étais plongée dans une réalité encore plus brut que la mienne qui me semblait pourtant bien étouffante et écrasante. Se prendre une bonne dose de réalité était la chose à faire pour comprendre que mes problèmes avaient des solutions et qu’il n’en tenait qu’à moi de les trouver.

Les gens ici subissaient leur sort et les quelques rares mains tendues pour lui apporter de l’aide étaient loin de suffire pour combler les besoins. C’était triste de constater que l’on se complaisait dans la luxure alors qu’ici, les gens avaient encore moins que rien. Dans les villages que nous visitions, les maisons, pour ne pas dire les cabanes, étaient montées que le sol battus, pas d’eau courante et donc, dépourvu de toute commodité que je tenais pour acquis depuis toujours.

Nous passions de village en village, rencontrer des gens, s’immerger de leur culture, en apprendre plus sur eux, sur comment ils faisaient face à la misère humaine, à la résilience des gens. J’avais vu un enfant avec je ne savais plus combien de blessures aux pieds pour avoir trop marché pour aller chercher l’équivalent d’un tout petit verre d’eau. Des petites filles m’avaient tressé les cheveux et offert un bracelet fait avec des herbes entrelacées. Leur générosité m’allait droit au cœur alors qu’en fait, c’était nous qui étions ici pour les soutenir.

Comme quoi…

Les gens ici étaient souriant malgré la pauvreté évidente. Ça donnait une belle leçon de vie en belle gueule que de les voir vouloir partager avec nous. Je savais que je reviendrais marquée à vie de cette immersion, probablement que ce serait aussi le cas d’Howard.

Lors de notre passage dans un des villages, Howard eu quelques difficultés à respirer. Il s’essoufflait rapidement au point où ont dû écourter notre présence ici pour nous rendre à l’hôpital le plus près afin qu’il puisse recevoir les soins nécessaires.  United For Youh ne rigolait pas avec nos santé et sécurité, alors même si j’avais proposé de rester au village pour continuer notre ‘’mission’’ en nos deux noms, je me retrouvais à bord de l’avion.

- Tu tiens le coup ?

C’est ce que je demandais à Howard pendant le vol, au moins une dizaine de fois. Je lui tenais la main de temps en temps ou bien de vérifiais sa température. Il faisait horriblement chaud dans l’avion, je ne pouvais donc pas me fier à la chaleur de son corps pour me donner une idée. Qui plus est, il avait une bouteille de vodka dans son sac, tout pour compliquer les choses. Il savait déjà qu’il ne devait pas boire dans son état et ce n’était pas moi qui allait le lui rappeler.

- C’est naze mais ta santé prime. Pense pas au reste.

Si nous devions rentrer à Los Angeles plus tôt que prévu, nous pourrions détourner notre l’avion vers une autre destination ! Je n’étais pas pressée de rentrer. Je savais que, lorsque je serais de retour, je devais officialiser mon divorce et affronter mes parents qui ne savaient toujours rien à moins qu’un certain journaliste ait eu vent de la nouvelle et se soit empressé de la rependre.

Au fond, ça m’arrangerais presque !

Je sursautais quand il y eu ce qui semblait être une turbulence. Je regardais par le hublot et fronçais des sourcils en constatant que nous étions vraiment plus bas et que nous semblions encore descendre, s’approcher de la cimes des arbres. Je regardais Howard avec probablement des points d’interrogations dans les yeux plus gros que l’avion et la tête qu’il avait ne me rassura pas.

Nos guides et pilotes parlaient vite, leur ton montait et l’avion était secouée en tous les sens. Je me reculais dans mon siège et je tentais sans succès de boucler ma ceinture comme venait de nos le crier le co-pilote alors qu’Howard s’exclamait que nous étions entrain de s’écraser. J’étirais le bras pour tenir celui d’Howard jusqu’à ce qu’une violente secousse brise le contact et que je me retrouve projetée dans le fond de l’avion. Ma tête heurta violement l’extincteur fixé près de la trousse d’urgence, qu’elle ironie. Et ce fut la dernière chose dont j’eue conscience.

J’entendis Howard m’appeler, me demander si j’étais vivante.

Est-ce que j’étais vivante ? Oui, je devais l’être sinon, je n’aurais pas autant mal à ma jambe. Et pourquoi j’avais mal ? Je relevais la tête, mon cou fit un drôle de son mais comme ma tête tournait correctement, je savais que je n’avais pas de fracture à cet endroit. Je touchais mon front et grimaçais. Mes doigts étaient couverts de sang. Je devais avoir une entaille.

- Howard ?!!

Je tentais de me redresser mais je ne pouvais bouger qu’à moitié. Mon siège avait été arraché du plancher et écrasait ma jambe gauche. Une vive douleur me scia en deux quand je voulu la bouger.

- J’suis coincée ! T’es blessé, toi ?

Et nos pilotes ?

Juste avant que l’avion ne pique du nez, tout allait bien… Livia me soutenait et j’lui avais dit que j’tenais le coup. J’voyais qu’elle s’inquiétait un peu mais c’était loin d’être ma première bronchite. J’savais que j’allais facilement m’en remettre surtout avec mon traitement carabiné que j’me trainais depuis qu’on avait découvert ma maladie…

Puis, tout bascula… Y’eut les turbulences, puis l’affolement des pilotes et l’avion qui fonçais vers la forêt. Tout sembla aller à la fois vite et lentement alors que Livia et moi on prit un temps fou à s’rende compte que, en fait, on était en train de se crashé. Ça ne fut réellement clair que quand les pilotes nous crièrent de mettre notre ceinture. J’réussis à mettre la mienne sans m’rendre compte que Livia, elle, n’avait pas eu le même succès.

Puis, tout se mit à bouger et à trembler. Ma ceinture me retenait et j’fermai les yeux. J’entendais des cris et j’entendis brutalement le contact que j’avais avec Livia se briser. Mais j’osais pas rouvrir les yeux. T’façon, j’crois que j’aurais pas eu le temps de le faire alors que des objets non attaché se baladaient dans l’avion. Certains me heurtèrent et j’eus pas vraiment le temps d’me protéger le visage convenablement.

Puis, l’avion toucha le sol. Ce fut méga brutal avant que tout ne s’arrête d’un coup.

Me fallu un p’tit peu de temps avant que j’reprenne mes esprits. Y’avait de la fumée et j’finis par ouvrir les yeux appelant après Livia. L’était plus à mes côtés ce qui était pas rassurant du tout. Mais j’finis par la repérer à l’autre bout de l’avion. L’avait pas dû réussir à attacher sa ceinture pour qu’elle se soit retrouvée aussi loin de sa place initiale.

Elle réussit à dire mon nom et j’finis par me détacher dans le but de la rejoindre. Je passai ma main sur mon visage. J’saignais mais ça semblait pas si grave… Juste des égratignure… Mais j’avais méga mal partout à cause de tout les chocs que j’avais encaissé.

J’me redressai alors que Livia disait qu’elle était coincée. Elle demanda comment moi, j’allais…

-Heu…

J’étais méga choqué et méga secoué.

-J’crois que… J’ai que quelques égratignures… J’crois… J’ai mal partout mais j’sais bouger…

Elle pas. L’était coincée. La première chose que j’fis fut alors de la rejoindre. Elle saignait.

-Tu saigne… Tu t’es ouvert au niveau de la tête, j’pense…

C’était plus qu’une pensée. C’était une évidence. J’regardai alors sa jambe. L’était coincée sous le siège. J’me mordis la lèvre.

-Ta jambe est coincée… P’tain, j’espère qu’elle est pas cassée.

Fallait que j’soulève le siège. C’était dans mes cordes mais j’préférais, d’abord, aller voir si les pilotes allaient bien.

-J’vais enlever le siège mais j’devrais d’abord aller voir si les pilotes vont bien…

J’savais pas trop dans quel ordre faire les choses. On entendait bien dans ma voix que j’étais encore sous l’choc. Et j’me dirigeai en grimaçant un peu vers là où se trouvaient les pilotes. Mais quand j’arrivais à leur poste, mes yeux s’écarquillèrent. Une branche énorme s’était fiché dans le cou d’un des pilotes qui était clairement mort alors que l’autre avait carrément traversé à moitié le pare-brise de l’avion qui était totalement démoli. Ils étaient morts… Tous les deux. Et j’dus me retenir pour pas vomir…

J’respirais vite avalant pas mal de fumée ce qui me fit tousser et j’rejoignis Livia tout tremblant.

-Je… Ils sont morts… Faut pas que t’aille voir ça…

J’déglutis… Y’avait une trousse de soin tout près de Livia. Mais avant de la sortir, j’me mis à sa hauteur.

-J’vais enlever le siège, ok ?

Et c’est ce que j’fis… J’enlevai le siège qui coinçait sa jambe avant de me regarder les dégâts tout en toussant toutes les deux secondes. J’avais de plus en plus de mal à respirer. Fallait pas qu’on reste ici… La fumée allait m’tuer…

-Tu sais la bouger ? Y’a un trousse de soin… J’peux p’t-être faire quelque chose…

J’en savais rien, en fait… J’pouvais nettoyé sa blessure à la tête mais si sa jambe est cassée, j’savais pas trop ce qu’on allait faire.

Je me plaisais avec les villageois car d’être avec eux me reconnectais avec l’essentiel de la vie, chose que je ne faisais plus souvent, maintenant. Connaître la gloire apportait la facilité. Je voulais quelque chose, je le commandais, tout simplement. Eux, ils ne pouvaient même pas espérer manger trois fois par jour alors que je ne terminais presque jamais mes assiettes. Il était clair que ce voyage allait changer ma vision des choses alors que j’avais déjà entrepris de gros changements.

Il avait fallu quitter plus tôt que prévu pour qu’Howard puisse recevoir des soins appropriés. Je le voyais passer près de se cracher les poumons bien qu’il minimisait sa toux. Je préférais nettement qu’il voit un médecin plutôt que de le regarder se décomposer vivant.

Dans l’avions, je tentais de soutenir mon ami du mieux que je pouvais même s’il n’y avait pas grand-chose que je pouvais faire. Je n’allais quand même pas ouvrir un hublot pour l’aider à respirer ! Il n’était pas encore au stade d’avoir besoin du bouche à bouche même si c’était tentant de l’embrasser…

Non !

Je n’allais pas l’embrasser !

Je devais me sortir ce genres de pensées de la tête et vite ! J’allais bientôt officialiser mon divorce avec Julian et mon plan d’ensuite était de me retrouver seule sur m on domaine, me quasi me cloitrer. J’allais me concentrer sur le film qu’on m’avait proposé et puis rien d’autre. Je devais penser à mon avenir, a comment j’allais quitter  BSC et peut-être entrer chez MTI à condition que ça passe avec Don mais je ne m’en faisais pas trop avec ça. Don était capable de faire la part des choses, lui. Ce n’était pas donné à tout le monde.

Puis l’avion fut secoué et l’évidence était que nous étions entrain de nous crasher ! Je ne parvenue pas à boucler ma ceinture, mes mains tremblaient trop dans la panique et avant même que je ne m’en rende compte, je fus projetée vers l’arrière de l’avions, ma tête heurta un extincteur d’urgence et mon siège fut arraché de son socle et me cloua au sol. J’eu terriblement mal à un point tel que je dû perdre connaissance un moment.

La première chose qui me ramena à moi fut la voix paniquée d’Howard. Je voyais flou, mon audition était trouble aussi. J’avais atrocement mal à la tête mais je savais bouger mon cou ce qui malgré tout, étant rassurant. Je frottais mon front et découvris que je saignais. Je voulu me lever mais ma jambe était coincée sous mon siège alors je demandais à Howard comment lui il allait.

- Ok… Ok…

Je respirais difficilement alors que je constatais qu’il y avait de la fumée dans l’avion. Ce n’était pas bon signe mais je n’avais pas le temps de m’en occuper, je devais me dégager du siège. Howard me rejoignit mais vu sa tête, je n’étais pas très rassurée.

- Je… J’en sais rien. J’ai mal, ma jambe me fait mal.

Mais ce n’était peut-être que parce que le siège appuyait lourdement dessus.

- Oui… Il faut demander de l’aide. Vérifie si la radio fonctionne !

Est-ce que j’avais pensée tout ça ou bien le lui avais-je dit ? Je n’en savais rien, tout était confus dans ma tête. Et la fumée de plus en plus épaisse envahissait tout l’espace respirable. Howard revînt et m’annonça que les pilotes étaient morts. Je le regardais à moitié surprise. Vu l’état dans lequel nous étions, le contraire aurait été surprenant.

- Ok… J’irai pas.

De toute façon, pour le moment, je ne saurais aller nulle part !

Howard allait lever le siège, ce qu’il fit en forçant. Dès que j’eu assez d’espace, je rampais pour me dégager, soulagée de ne plus être prisonnière.

- Je… Non. Ça va… Aide moi à le lever, qu’on sorte d’ici au plus vite.

Survivre à un crash d’avion mais mourir dans son incendie, non merci ! Je tendis ma main à Howard et, une fois sur mes deux pieds, je puisais dans mes forces restantes pour sortir de l’avion et marcher le plus loin possible, jusqu’à tomber au sol, à bout de force, au bout de ma vie littéralement. Je comprenais maintenant tout à fait le mal que pouvait avoir Howard, à respirer. Je me mis ensuite à pleurer, en silence, comme si l’adrénaline qui m’avait tenu sur mes jambes le temps de nous éloigner de l’avion venait de me lâcher d’un coup.

- Ça va, toi ?

Je me redressais et je le regardais avant de m’élancer pour l’enlacer, comme si de m’accrocher à lui m’aidait à m’accrocher à un tout petit espoir de vie.  Si ça trouvait, nous vivions nos dernières heures sur cette terre. Qu’en savions-nous de ce qui nous attendait, dans la jungle Africaine ?

- Tu me jure que ça va, hein ?

Livia était en vie… De l’autre côté de l’avion mais en vie… J’étais paniqué mais j’essayais de pas resté figé sur place pour venir en aide à Livia. L’avais la jambe coincée et l’avait une blessure à la tête. Elle semblait plus arrangée que je ne l’étais sûrement parce que j’avais eu la chance d’avoir réussi à attaché ma ceinture avant le crash…

J’m’étais approché d’elle espérant que sa jambe était pas cassée. Elle savait pas si c’était le cas. Faut dire qu’avec le siège qui appuyait dessus, elle pouvait pas vraiment évaluer. J’me mordis la lèvre. La situation était vraiment pas simple surtout avec la fumée qui envahissait l’endroit et qui faisait que j’avais vraiment du mal à respirer.

-Tiens bon, ok ?

C’est ce que j’dis pour essayer de la soutenir. Fallait que j’aille voir ce qu’il en était des pilotes. S’ils étaient envie ou non. Si c’était l’cas, ils sauraient sûrement quoi faire. Sauf que… Une fois que j’arrivai dans le cockpit, j’vis qu’ils étaient tous les deux morts… J’avais déjà vu des trucs pas cool dans ma vie. Mais là… Voir deux cadavres mort de cette manière c’était vraiment pas beau à voir. J’crus que j’allais vomir mais j’me retins pour revenir près de Livia. Ils étaient morts… On était seuls… C’est ce que j’déclarai à Livia lui conseillant de pas aller voir… Elle déclara qu’elle allait pas y aller.

J’déglutis avant de secouer ma tête pour m’sortir ce que j’venais de voir de l’esprit. J’dégageai, ensuite, le siège espérant que la jambe de Livia était pas cassée. Elle réussis à se dégager et il semblerait que sa jambe soit pas cassée. L’était blessée par contre…

-Ok !

Je l’aidai à se relever prenant, au passage, la trousse de soin. Fallait qu’on sorte de l’avion au plus vite avant que la fumée ne nous tue. Si on restait là, c’était clair que nos blessures seront le cadet de nos soucis. J’avais déjà les yeux qui pleuraient et ma tête commençais à tourner à cause du manque d’air. Mais j’tins bon alors qu’on s’entraida pour s’extirpé de l’avion. On marcha plus loin pour être un maximum hors de la fumée. J’savais pas combien de mettre on avait fait avant de Livia ne se laisse tomber au sol.

-Livia !

J’me tournai vers elle. J’crois qu’elle pleurait… Je m’approchai d’elle m’abaissant un peu alors qu’elle se redressa me demandant si j’allais bien avant de m’enlacer. Je lui rendis son étreinte sans arriver à répondre à sa question. J’essayais de reprendre le peu de souffle que j’avais alors que Livia me demanda de lui jurer que j’allais bien… Je soufflai d’une voix très rauque, à bout de souffle :

-Non…

Je lançai ça avant de briser notre  étreinte et m’asseoir complètement à terre pour sortir, d’une main tremblante, mon inhalateur de ma poche. Je m’envoyai une dose ce qui dégagea un peu mes poumons. Assez pour éviter que je ne tombe dans les pomme. Je repris mon souffle doucement. Mes yeux pleuraient tout seuls. Et j’eus, enfin, assez de souffle pour parler.

-Je… Je crois que c’est bon là…

Pour l’instant, en tout cas… J’ouvris alors la trousse de secours d’une main tremblante. J’en sortis du désinfectant.

-Je… J’vais soigner tes blessures…

Je commençais pas désinfecter sa blessure à la tête. Ça saignait fort… Mais, après plusieurs cash de voiture à mon actif, j’savais que les blessures à la tête étaient celles qui saignaient le plus. Ma main tremblait toujours mais j’essayais de faire de mon mieux quand même.

-On devrait pas rester ici… On devrait essayer de rejoindre un village ou une ville… Doit y’en avoir dans l’coin… J’ai peur que si on reste ici des rebelles nous tombent dessus… Les guides, ils ont parlé de ça, j’pense. Paraient qu’ils enlèvent des gens parfois…

J’arrivais pas à bien réfléchir. J’pensais que si on restait ici on allait s’faire enlever ou, alors, on allait s’faire bouffer par je sais pas trop quoi… Pour moi, notre meilleure chance de survie résidait dans le fait de rejoindre un village.

J’toussai un coup…

-P’tain… J’arrive pas à pas trembler…

Ma voix aussi tremblait…

-Tu tiendras le coup? Faut qu'on tienne... On est en vie...

Tout ce qu'on doit faire c'est essayer de rester en vie.

La douleur était vive mais difficile de dire si ma jambe était cassée. J’étais coincée à cause de mon siège qui avait été arraché et projeté à l’arrière de l’avion, moi en dessous à moitié consciente. Howard vînt à mon secours après être allé voir comment allaient nos pilotes. Ils avaient eu moins de chance que nous, c’est ce qu’il me dit avant de me demander de ne pas aller voir par moi-même. Je me doutais que ça ne devait pas être beau à voir…

Il fallait sortir de l’avion, c’était une certitude si nous ne voulions pas mourir asphyxiés. Je rampais quand Howard força sur le siège pour dégager ma jambe coincée et, une fois libérée, on s’entraida pour sortir de la carcasse de l’avion. Les efforts inhumain que nous avions dû déployer pour ne pas perdre connaissance ou se blesser davantage étaient incalculables mais il en allait de notre survie.

Une fois hors de l’avion, ont parcouru une certaine distance, assez pour respirer plus facilement, peut-être pas assez pour être sauf si l’avion devait exploser. Est-ce que cela pouvait se produire ? était-ce un risque assez fort pour continuer de marcher ? Je n’en savais rien, je ne parvenais pas à réfléchir, de toute façon. J’arrêtais simplement de marcher quand je me retrouvais à bout de force. Je tombais mollement au sol, désorientée.

J’enlaçais Howard, répondant à un besoin viscérale de m’accrocher au plus petit espoir que je pouvais trouver. Je me disais que dans cette effroyable malchance, nous étions ensemble. Il n’allait pas bien, c’est ce qu’il m e répondit quand je lui demandais de me dire qu’il allait bien.

- Je ne vais pas bien non plus…

Comment pouvait-il en être autrement en pareilles circonstances ? Nous venions de frôler la mort et notre survie n’était pas assurée.

Howard trouva son inhalateur et en prit une bouffée. Au moins, il avait ça pour se soulager. Quelque part, c’était rassurant. Un peu. Rien qu’un tout petit peu. Ensuite, Howard ouvrit la trousse de premier soin. Quand est-ce qu’il l’avait pris avec lui ?

- Tu y as pensé ! Toi au moins tu… tu… Moi j’y arrive pas.

Il commença à désinfecter mon front d’une main tremblante et je fermais les yeux en répriment un gémissement. Ça picotait, le produit sur le tampon qu’il appliquait sur mon front.

- Tu as raison.

Nous ne devions pas trainer comme ça, dans la forêt, avec tous les dangers qui risquaient encore de nous tomber dessus. Il y avait des rebelles qu’on nous avait décrit comme limite sanguinaire, des animaux sauvages, des insectes venimeux et je ne sais plus quoi encore. Seulement, marcher pour se rendre dans une ville ou un village était plus facile à dire qu’à faire. Je n’avais aucune idée de quelle direction prendre. Aller dans le même sens que l’avion si pour autant elle s’était crashée sans changer de cap ou aller dans l’autre sens ? Nous volions depuis un petit moment avant le drame et tout ce que j’avais vue par le hublot était des arbres, des arbres et toujours plus d’arbres.

Je pris les mains d’Howard entre les miens quand il râla qu’il ne savait pas ne pas trembler. C’étaient les nerfs, je tremblais moi aussi et vue la situation, nous n’étions pas près de nous calmer. Il fallait du temps pour que l’adrénaline redescende.

- Nous devons réfléchir. Ok ?

Ça nous aidera peut-être à ne pas perdre la tête et à tenir bon.

- J’essaie très fort. Comme tu dis, nous sommes en vie.

Je repris le travail d’Howard, là où il avait laissé tomber en épongeant mon front et, quand il me sembla ne plus saigner, je fis une boulette avec les tampon et je les fourrais dans ma poche. Ce n’était pas par conscience écologique mais bien par prévention, me disant que l’odeur du sang attirerait peut-être un prédateur qui ferait de nous sa petite collation de fin de journée.

- Est-ce que tu sais dans quelle direction nous devrions aller ? Et la nuit ? Il nous reste combien de temps avant d’être dans le noir ?

Marcher sans savoir où nous allions serait déjà périlleux s’il fallait en plus le faire en pleine nuit, je n’osais pas imaginer ce qui risquait de nous tomber dessus.

J’allais pas bien… Livia n’allait pas bien non plus… Mon cerveau, l’était sur pilote automatique mais le fait est que j’étais encore sous l’choc de ce qu’il venait de se passer. On était maintenant hors de l’avion mais j’savais que ça signifiait pas qu’on était hors de danger.

J’dû défaire notre étreinte pour prendre mon inhalateur. Mes poumons étaient remplis de fumée et j’avais vraiment beaucoup de mal à respirer. J’avais déjà du mal avant de crash mais là, ça devenait invivable. Heureusement, mon shot d’inhalateur me rendit un peu d’air. Assez pour que j’réussis à ne pas tomber dans les pommes. Parce que si j’manquais trop d’air c’est ce qui risquait d’arriver…

J’repris mon souffle. Fallait que j’soigne les blessures de Livia. Elle était aussi complètement sous l’choc. J’ouvris la trousse de soin et elle s’étonna que j’y avais pensé. Elle disait qu’elle, elle y aurait pas pensé. Elle aurait pas su.

-Si elle avait pas été à côté de toi, j’y aurais pas pensé non plus…

Mais je l’avais vue et j’avais en tête qu’il nous faudra bien ça pour soigner nos blessure. Ça avait été comme un réflexe de survie.

J’commençais à soigner Livia du mieux que je pouvais et malgré les tremblements. Tout en la soignant, j’disais qu’on pouvait pas rester ici… Pour moi, c’était trop dangereux. On risquait de se faire enlever. Les guides nous avaient raconté des trucs pas mal flippant et ça ne cessait de tourner dans ma tête. Pour moi, si on bougeait vers une ville ou un village, on sera une proie moins facile à avoir… C’était comme ça que j’pensais à ce moment précis.

Livia sembla approuvé ce que j’disais ce qui faisait que j’avais l’impression que c’était bien la meilleure chose à faire.

Elle pris mes mains dans les siennes quand j’déclarai que j’arrêtais pas de trembler et au moment où je lâchai le morceau de coton. Son geste me réconforta un p’tit peu. Elle disait qu’on devait réfléchir. J’hochai de la tête.

-T’as raison…

J’déclarai qu’il fallait qu’on tienne le coup. On avait survécu au cash… C’était déjà pas si mal. Maintenant, fallait juste rester en vie et pouvoir trouver quelqu’un de non-hostile qui pourrait nous ramener à la civilisation. Livia disait qu’elle essayait de tenir bon. J’hochai de la tête.

-J’suis là, ok ? T’es pas toute seule.

Elle reprit alors le morceau de coton rempli de désinfectant pour continuer ce que j’avais commencé. Elle mis alors le morceau dans sa poche avant de demander si j’savais dans quelle direction aller. Mes lèvres se pincèrent et j’regardais l’avion et autour de nous… J’savais pas… Le crash m’avait un p’tit peu désorienté…

-Heu… J’pense que…

J’montrai une direction. La même que le nez de l’avion, en fait.

-Par là… J’pense pas que l’avion à tant dévié alors c’est sûrement par là qu’on allait.

J’crois… Mais j’pouvais pas en être sûr.

-J’sais pas si la ville est proche… Mais on pourra p’t-être tomber sur un village. J’crois pas qu’on a tellement d’autre chose que d’espérer…

J’soupirai. Et si on ne tombait sur rien ? On allait finir par avoir faim et tout. On avait rien comme vivres… Juste une trousse de soin…

Livia mit en avant que, à un moment donné, il allait faire nuit. J’étais désorienté… Fallait que j’me concentre un p’tit peu pour essayer de réfléchir comme il faut.

-J’crois qu’il nous reste quelques heures avant qu’il fasse noir… Mais faudra qu’on s’arrête quand il fait nuit, sinon, on risque de s’perde ou de s’blesser…

Se perdre ? T’es déjà perdu, Howie… Han…

-On fera comme dans les films… T’sais… Un dors pendant que l’autre monte la garde et puis on échangera. Parce que si on dort pas on va pas marcher assez vite.

Mais là, on pouvait déjà progresser et marcher un p’tit peu avant qu’il fasse noir. J’soupirai.

-Heureusement, il fait pas froid… C’est déjà ça…

Et il pleuvait pas non plus… C’était déjà un avantage. Mais y’avait la forêt et tout. D’ailleurs, j’entendis un bruit un peu plus loin. C’était sans doute que le vent mais ça m’fis de plus en plus penser qu’on devrait pas rester ici.

-Vaut mieux commencer à marcher… Viens…

J'me relevai pour lui tendre la main et l'aider à se relever complètement.

-Y’a quoi comme genre d’animaux dans le coin ? Tu as écouté le guide quand il parlé de ça, toi ?

Parce que moi, quand le guide nous avait parlé, mon esprit c’était méga évadé. P’t-être que Livia avait été attentive.

Dire que j’étais sous le choc était bien faible, l’état dans lequel j’étais dépassait largement ce stade. J’étais comme plongée dans un état second, mon esprit valsait entre tenir bon et céder à la folie et au désespoir. Je tremblais à un point tel que mes os imitaient les castagnettes. Howard voulait soigner ma blessure mais il n’était pas plus en possession de ses moyens que je ne l’étais qui que lui, il avait eu la présence d’esprit de prendre la trousse de premier soin. Ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit.

Nous ne pouvions pas rester là à attendre qu’un secours miraculeux ne nous vienne en aide. Avec tout ce que nous avions apprit de ce qui rôdait comme danger ici, nos chances de survies étaient maigres et puisque nous venions de survivre à un crash d’avion, je me disais que nos chances contre le mauvais sort devaient être nulles. Mais avant toute chose, nous devions réfléchir. Peut-être que pendant que nos esprits seraient occupés à ça, nous cesserions de trembler comme des feuilles d’arbres au vent !

Il nous fallait tenir bon, Howard avait raison et je fis oui de la tête en l’écoutant parler. Au moins, nous étions ensemble. Nous pouvions compter l’un sur l’autre pour se soutenir, c’était peut-être ça, notre chance.

- Ok… Ok… Ça va aller…

Ma voix tremblait et manquait cruellement d’assurance.

Je pris le relais pour soigner ma blessure puis je demandais à Howard s’il savait dans quelle direction nous devions aller. Est-ce que l’avion, dans sa descente, avait changer de direction ?  Je n’en savais rien ! Howard me montra la direction vers laquelle il croyait que nous devions marcher et j’acquiesçais d’un signe de la tête. Il ajouta qu’il ne savait cependant pas si la ville qui était notre destination était proche ou si nous risquions de croiser un village. Ça me fit penser à une autre hypothèse.

- Je ne sais pas si… Enfin… Depuis combien de temps nous étions en vol ? Est-ce que ce serait plus rapide de retourner vers notre point de départ ou de tenter de rejoindre la ville ?

Il ne fallait pas non plus oublier qu’il ne ferait pas jour encore longtemps. Nous allions devoir nous trouver un refuge ou, comme le disait Howard, faire comme dans les films et prendre chacun un tour de garde.

- Nous devrions retourner dans l’avion et essayer de trouver des lampes de poches, un couteau, un fusil, un truc pour nous défendre. Peut-être de quoi manger.

À condition bien sûr que l’avion n’avait pas cramée tout entière déjà ! Puis l’idée de peut-être voir les corps de nos pilotes morts ne m’enchantais pas du tout mais avions-nous d’autre choix ? Nous n’étions pas du tout équipés pour crapahuter dans la jungle africaine. Il nous fallait un minimum, question de ne pas mourir bouffer par un lion.

Je me levais de peine et de misère et titubais un peu avant de trouver une certaine stabilité sur mes jambes mais celle qui s’était trouvée coincée sous mon siège me faisait un mal de chien ! Je suivis Howard qui parvenait à relativiser en disant qu’il ne faisait pas froid. J’esquissais un petit sourire en attrapant une branche et en la tassant de mon chemin.

- Si, j’ai écouté. Il a parlé des lions, des singes, des antilopes mais il a surtout dit que le plus meurtrier était l’hippopotame. Je lui ai fait remarquer que c’était surprenant pour un herbivore mais il a dit que le nombre de ses victimes humaines par année pouvait atteindre jusqu’à trois milles ce qui fait passer le lion pour un gentil chaton.

Je regardais autour de nous en me souvenant qu’il avait aussi parlé des insectes, tarentules et serpents. Bref, autant de prédateur que de façon de mourir.

- J’crois que les lampes de poches et le fusil deviennent nécessaire…sauf si tu peux nous sculpter un harpon avec une branche.

Et s’il en était pas capable, on pourra toujours se tirer une balle dans la tête quand un hippopotame foncera droit sur nous !

On continua d’avancer jusqu’à ce que l’avion revienne dans notre champ de vision. Elle n’était pas dévorée par les flammes bien qu’elle fumait toujours autant. Je me disais que, si elle avait eu à exploser, ce serait déjà fait.

- L’un de nous devrait y aller et l’autre rester hors de l’avion au cas où ça pète ou j’sais pas. Bon… J’entre, je fouille, je trouve et je sors. D’accord ?

J’tremblais… La voix de Livia tremblait. On était encore tous les deux vraiment choqué. J’essayais de nous rassurer en disant qu’on était tous les deux en vie et ensemble. A deux, on pouvait sûrement survivre. Fallait qu’on survive… J’avais pas vraiment envie de crever dans une forêt africaine… P’tain, quand je pense que tout l’monde pense que c’est la vodka ou un accident de voiture qui allait m’tuer, ils étaient vraiment complètement à côté de la plaque…

Non… Tu vas pas mourir, Howard… Pense pas comme ça.

Livia prit le morceau de coton pour continuer ce que j’avais commencé et ce que j’avais du mal à finir. Et si on était d’accord pour s’barrer le plus loin possible de l’avion avant que des rebelles nous tombent dessus, honnêtement, on savait pas vraiment vers où aller. J’savais pas si la ville où on allait était proche ou non… Livia, elle, émit la possibilité que c’était p’t-être mieux de revenir vers le village qu’on avait quitté. Mes lèvres se pincèrent. J’savais pas trop depuis combien de temps on avait décollé.

-Ça faisait un p’tit moment qu’on volait mais j’sais pas trop combien ça fait en kilomètre. En avion, on parcours quand même pas mal de kilomètres assez vite alors… Honnêtement, j’sais pas ce qui est le mieux.

J’soupirai… J’pensais que le mieux était quand même d’aller vers la ville. On savait ce qu’il y avait derrière… Beaucoup d’arbres… Y’avait p’t-être plus de civilisation vers où l’avion se dirigeait.

Puis, y’avait pas que ça… Y’avait aussi l’fait qu’il fera pas jour éternellement. J’proposai des tours de gardes pour quand il fera nuit. J’avais vu ça dans des films et j’pensais bien que c’était le meilleur moyen de rester en vie. L’un veillera sur l’autre le temps que l’autre se repose. Sinon, on risquait de se faire bouffer ou enlever… Bref, des trucs pas forcément joyeux.

Livia, elle, proposa l’idée de retourner dans l’avion pour chercher de quoi pouvoir aider à notre survie. Des flingues, une lampe de poche,… Bref, des trucs qui nous permettront de nous défendre au cas où. Mes lèvres se pincèrent… J’regardais vers l’avion.

-Ouais…  T’as sûrement raison… Faudrait qu’on retourne dedans chercher des trucs…

Mais la fumée me rebutait un p’tit peu. Et j’avas pas fort envie d’y envoyer Livia surtout avec sa jambe blessée.

Livia se releva tant bien et mal après que j’ai fait de même. J’essayais de trouver quelques points positifs à notre situation. Au moins, il faisait pas froid et il faisait plutôt sec. C’était déjà un truc positif à ressortir de la situation. Avec cette température-là, on pouvait dormir dehors sans problème. L’aurait fait froid, ça aurait été plus compliqué.

Restait à m’rappeler ce que les guides avaient dit sur les bêtes sauvage. Sauf quand grand Howard Stone que j’étais, j’avais rien trop écouté. C’était pas le cas de Livia qui, elle, avait retenu pas mal de trucs. Dont le fait que les hippopotame était les animaux les plus dangereux du coin. J’déglutis… Y’en avait des danger.

-Ok… On évitera les hippopotame. Ils sont voyant. On devrait pouvoir arriver à les voir de loin… Enfin… J’espère… Ça fout les jetons, tout ça.

Y’avait des lions aussi… J’avais aucune envie de me faire bouffer par un lion. Bref, j’blêmis un p’tit peu me disant, intérieurement, qu’on était pas sorti de l’auberge.

Du coup, l’idée d’avoir un flingue et une lampe de poche était pas trop mauvaise même si ça revenait à refoutre les pieds dans l’avion.

-Non… T’as raison… Mieux vaut être armé.

On revint, donc, vers l’avion… Pas trop le choix. Il avait pas encore cramé. A vrai dire, il cramait pas vraiment. Mais y’avait quand même des émanations de fumée donc quelque chose devait brûler mais, visiblement, ça ne se propageait pas ailleurs. J’savais pas trop d’où venait réellement la fumée, donc… Livia déclara que l’un de nous devait se dévouer à y aller et elle se proposa. J’me tournai vers elle.

-Non… J’peux pas te laisser y aller… Ta jambe est blessée et… Faut pas que tu vois les pilotes.

Elle risquait de se blesser encore plus dans ce foutu avion. Moi, j’avais que quelques égratignures et… J’pouvais pas décemment laisser Livia, qui était bien plus jeune que moi, risquer sa vie dans l’avion. S’il lui arrivait quelque chose, j’allais m’en vouloir à vie.

J’me tournai entièrement vers elle posant mes main délicatement sur ses joues.

-Moi, j’vais y aller. Je rentre… Je prends ce qu’il nous faut… J’sors… Toi tu surveille, ok ? Dès que tu vois un truc bouger, tu me rejoins dans l’avion, ok ?

Et, pour me donner du courage, j’embrassai Livia sans vraiment réfléchir. Un baiser que j’laissais durer avant de reprendre mon souffle. J’rouvris les yeux.

-J’reviens…

Et j’retournai vers l’avion entrant dedans et m’engouffrant dans la fumée. On y voyait plus trop grand-chose… Au point où j’trouvai ni flingue, ni couteau, ni lampe de poche. Faut dire que plus rien n’était à sa place. La seule chose que j’réussi à retrouver, c’était mon sac ce qui était une sacrée aubaine.

J’ressortis de l’avion… J’pouvais pas y rester trop longtemps. La fumée empêcherait quiconque d’y rester plus d’une ou deux minutes. J’rejoignis Livia lui montrant mon sac tout en crachant mes poumon.

-Je…

J’repris un peu mon souffle.

-J’ai trouvé mon sac… Et…

J’l’ouvris pour fouiller dedans et en sortir un flingue. J’me l’étais procuré en arrivant sur le territoire africain. Avec tout ces que les gens m’avaient dit sur s’pays, j’avais préféré prévenir que guérir.

J’avais eu méga raison.

-J’ai un briquet aussi… Mais j’ai pas trouvé de lampe de…

J’toussai encore une fois avant de reprendre.

-De poche… Faut pas retourner là-dedans. On y voit plus rien… Y’a trop de fumée…

J’lui tendis le flingue.

-Tu sais t’en servir ?

Sinon, j’pouvais lui montrer. Mais avant j’pris mon inhalateur pour me permettre, à nouveau, de respirer.

Surréaliste.

C’est le seul mot qui me venait en tête alors que, tremblant de la tête au pied, je tentais de faire le point sur la situation. Nous venions de nous crasher en avions, nos pilotes étaient morts et nous étions maintenant perdu dans la forêt, en plein cœur de l’Afrique avec absolument rien pour se protéger ou s’orienter.

Mon front me faisait mal mais ce n’était rien à comparer ma jambe. Je tentais d’éponger le sang sur mon front et de réfléchir à ce que nous devions faire mais rien, absolument rien ne me semblait logique. Devions nous aller dans la direction de l’avion ou rebrousser chemin ? Essayer de trouver un cours d’eau et le suivre ? Trouver le nord ?

Je n’avais aucune idée du temps que nous avions passé à bord de l’avion et si cela était plus logique de tenter de regagner le village que nous venions de quitter ou de tenter notre chance et d’atteindre la ville. Howard n’avait aucune idée de ce qui était le mieux mais il proposa que, quoi que l’on fasse et comme la nuit finirait par tomber, que nous prenions chacun un tour de garde, question de rester vigilent. J’étais d’accord et, comme nous étions vulnérables, je proposais que nous retournions à l’avion pour tenter d’y trouver de quoi nous aider. Une arme ou une lampe de poche ou mieux si nous trouvions les deux !

Avec tous les dangers qui nous guettaient, nous devions prendre le risque de retourner à bord de l’avion. Les animaux d’abords puis les insectes, les reptiles et les rebelles ! J’avais bien écouté ce que nos guides nous avaient expliqués sur le pays et ses dangers.  

- Bizarrement, je crains moins l’hippopotame que les rebelles…

Je me levais et on retourna vers l’avion qui fumait toujours. J’étais prête à y aller et fouiller mais Howard s’y opposa en disant que ma jambe était blessée et qu’il ne voulait pas que je vois les pilotes. Il prit mon visage entre ses mains et je le regardais, mes yeux embrumés de larmes.  Je voulais l’empêcher d’y retourner mais je ne trouvais plus la force de lui répondre. Maintenant, je craignais de le perdre et de me retrouver seule ici. Je craignais pour lui bien plus que pour moi. Je ne voulais pas qui lui arrive quoi que ce soit mais je n’avais pas la force de faire quoi que ce soit pour l’empêcher d’y aller à ma place.

Howard m’embrassa spontanément. Un baiser qui goutait la le sang, la sueur, la peur et le peu d’espoir que nous avions. Je chuchotais un frêle petit ‘’ok’’ quand, le baiser rompu, il affirma revenir. Je le regardais s’engouffrer dans l’avion, me sentant maintenant plus seule que jamais. Je n’osais même pas me retourner, craignant d’y voir ce que je ne voulais pas y voir et, peut-être qu’au fond de moi, je me disais que si je fixais intensément l’avion, rien ne pourrait arriver à Howard.

Puis il revînt.

Le soulagement que je ressentis à ce moment-là était indescriptible. Il tenait son sac et crachait ses poumons. On se retrouva à mi-chemin et il ouvrit son sac pour en sortir un flingue avant de dire qu’il avait aussi un briquet. Il n’avait pas trouvé de lampe de poche et il n’était plus question d’entrer dans l’avion. Vue l’épaisse fumée qui en sortait, je ne pouvais que d’être d’accord avec lui.

- On…On pourra faire des trucs… merde !

Je me frottais les tempes, j’avais horriblement mal à la tête ce qui m’empêchait de réfléchir, de me ressaisir, même.

- Des  flambeau. Si on trouve une branche et de la broussaille. On pourra se débrouiller avec ça. Ça ira…Ça ira.

Puis Howard me tendis le flingue avant de me demander si je savais m’en servir. Je pris donc l’arme dans ma main et je fis mine de retirer la sécurité puis je me positionnais comme si je m’apprêtais à tirer.

- J’ai grandis à Tijuana ! Un peu, ouais, que je sais m’en servir !

Avec Abuelo, nous allions tirer sur des cannettes de bières et des bouteilles vides en arrière de la maison ! Ça rendait Mamita complètement folle de rage et plus elle râlait, plus Abuelo était content et se marrait. Bon, tirer sur un rebelle ou un lion féroce n’aurait rien à voir avec une cannette de bière vide mais je supposais qu’en cas d’attaque, je saurais me défendre.

Après ça, on se mit en route jusqu’à ce qu’il commence à faire sombre. Là, plutôt que de marcher dans le but de trouver la ville, on cherchait aussi un endroit pour passer la nuit qui ne serait pas trop à la vue. Avec ma jambe, grimper dans un arbre était exclu et ce n’étaient pas les grottes qui pleuvaient, dans le coin ! Seulement, je repérais une immense souche d’arbre et après s’être éclairé avec le briquet, on ne trouva pas de serpent ou de tarentules effrayantes ou alors, ils étaient bien cachés ! Howard prit le premier tour de garde. Je m’installais, blottis contre lui, grelottant parce que la nuit tombée, la température avait chutée drastiquement. Pendant mon tour de garde, je jouais distraitement dans les cheveux d’Howard tout en claquant des dents. Ce fut ainsi toute la nuit, jusqu’à ce que la lumière du jour soit suffisante pour que nous continuons à avancer.

Avec tout le reste de nos malheurs, s’ajoutaient la faim, la soif et la fatigue. Je demandais souvent à ce que nous arrêtions parce que ma jambe me donnait l’impression qu’elle était en train de s’arracher d’elle-même du reste de mon corps. Elle était violacée, enflée et enflammée mais malgré ça, sauf pour quelques pauses pour se reposer,  je ne voulais pas que nous arrêtions.

- On finira bien par croiser un village.

C’est ce que je répétais, chaque fois que je sentais le découragement vouloir prendre le dessus sur mon moral. Sauf qu’à force, une petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter que nous avions dû bifurquer quelque part et que nous étions sur le mauvais chemin.

- Howard…

Je tirais vivement sur son bras pour qu’il arrête et je me plaquais contre lui, le forçant dans le mouvement à se plaquer lui, contre un arbre. Je lui  murmurais en me retenant contre lui tout en pointant discrètement vers la direction où je voulais qu'il regarde.

- Il y a un homme, à droite… Je crois qu’il est armé…

On ne savait pas vraiment où allé et les danger de la jungle énumérés par Livia ne nous rassurait pas vraiment… Y’avait les hippos… Les lions… Mais c’est surtout les rebelles qui semblaient faire peur à Livia. J’pouvais comprendre. Ils étaient sûrement armés ces rebelles.

C’est d’ailleurs Livia qui proposa l’idée de retourner dans l’avion pour trouver des armes, de la nourriture et une lampe de poche. Elle se proposait pour retourné dans l’avion. Mais l’était blessée à la jambe et, pour être honnête, j’me voyais mal la laisser aller risqué sa vie dans la carcasse de l’avion et voir les cadavres des pilotes alors que j’attendais sagement ici. S’il lui arrivait quelque chose, j’me le pardonnerais pas… Alors, j’me dévouai pour y aller. Livia résista pas… Elle me souffla un simple « ok » après que je l’ai embrassé. Elle qui avait, en général, du répondant et une super force de caractère était totalement désemparée. J’pouvais comprendre. J’étais pas forcément fier non plus dans ce genre de situation. Mais fallait pas qu’on s’laisse abattre. Si on se laissait abattre, on allait sûrement pas survivre.

Alors, je filai dans l’avion… Avec la fumée, c’était vraiment pas simple de s’y retrouver et j’finis par mettre la main uniquement sur mon sac… Ne pouvant pas rester plus longtemps dans toute cette fumée, j’sortis de l’avion en brandissant mon sac… Y’avait une arme dedans ainsi qu’un briquet. C’était mieux que rien…

J’sortis le flingue et Livia commença une phrase avant de se frotter les tempes. L’avait mal à la tête. Sûrement à cause du coup qu’elle avait pris… J’espérais que c’était pas trop grave. J’pris un air inquiet.

-Ça va ?

J’passai ma main dans sa nuque et Livia réussit à terminer sa phrase. Elle disait que si on trouvait des branche et de la broussaille on pourra faire des flambeau. J’hochai de la tête.

-Ouais. Ça ira. Avoir de quoi faire du feu va nous permettre de survivre, ok ?

J’lui tendis le flingue et elle le prit déclarant qu’elle savait bel et bien s’en servir. J’en avais presque oublié qu’elle avait grandi au Mexique. C’était mille fois plus dangereux que de grandir dans l’Eastside. On en avait vu d’autres. Fallait garder ça en tête. J’souris.

-Cool ! Deux tireurs valent mieux qu’un. Tu as survécu à Tijuana. Tu vas survivre ici. On va tous les deux survivre.

J’essayais de me convaincre et de la convaincre.

Puis, on se mit en marche progressant dans la jungle… J’toussai de temps en temps alors que j’pouvais sentir que mes poumons étaient encombrés à cause de la bronchite. La fumée avait rien arrangé et j’espérais pouvoir passer au-dessus de ça sans antibiotiques.

J’sais pas combien de kilomètres on avait marché avant que la nuit ne tombe. J’étais mort crevé et on tenta de trouver un abri où dormir. Si on se reposait pas, on risquait de tomber là tous les deux. C’est Livia qui trouva une énorme souche d’arbre. L’était assez grande pour nous abrité et après un inspection, on s’y installa.

J’pris le premier tour de garde. J’laissai Livia se blottir contre moi. J’la frottais pour essayer de la réchauffer caressant de temps en temps ses cheveux. Il faisait froid depuis que l’soleil avait disparu… Pourtant, mon corps diffusait pas mal de chaleur à cause de la fièvre. Ça m’aidait pas tellement mais ça pouvait aider Livia, p’t-être. Ce fut, ensuite, à elle de monter la garde mettant ma tête sur ses genoux. J’avais mal dormir… J’étais pas assez serein que pour dormir et j’crevais d’envie de vodka en plus. Mais y’en avait plus. Ma bouteille avait valsée dans l’avion pendant le crash…

On échangea plusieurs fois de rôle ce qui fit que la nuit fut pas si reposante que ça… Le matin venu et alors que la température grimpait à nouveau, on se releva. J’crevais de faim… J’avais soif… J’suis sûr que pourra sûrement trouver de quoi manger et boire dans cette jungle. Y’avait des fruit, non ? On pouvait vivre en bouffant des fruits… Puis, y’avait sûrement moyen de trouver de l’eau.

Même si le mieux, c’était de trouver un village…

On continua notre marche… On s’arrêtait de temps en temps pour la jambe de Livia alors que ma respiration était sifflante ce qui faisait que ces arrêts étaient les bienvenus pour moi aussi. Fallait que j’reprenne mon souffle et que je gère les doses que j’prenais de mon inhalateur pour ne pas le vider trop vite.

J’jetai de temps en temps un œil à la jambe de Livia. L’avait pas bonne mine… Elle était mauve et avait augmenté de volume. Pourtant, Livia voulait quand même continuer… L’espérait qu’on puisse tomber sur un village très vite.

-J’espère… Faudra qu’on cueille des fruits aussi… Histoire de manger un p’tit peu…

J’jetai encore un œil à sa jambe.

-Si jamais tu as trop difficile, j’pourrais te porter sur mon dos. Tu dois pas forcément être très lourde.

J’sais pas combien de fois on a répété ça… On avait bien vu des fruits mais on les connaissais pas assez bien que pour savoir si ça allait nous nourrir ou nous tuer.

Soudain, Livia tira sur mon bras et je m’arrêtai net. Elle se plaqua contre moi me plaquant, au passage, contre un arbre. Je fus surpris et un p’tit peu désorienté. Elle murmura alors qu’un homme se tenait à notre droite. L’était armé. Par reflexe, je sortis le flingue que j’avais coincé à l’arrière de mon pantalon. Je jetai un œil dans la direction donnée par Livia. J’entrevis l’homme… Je soufflai tout bas.

-Merde… Manquait plus que ça…

J’aurais dû me réjouir de voir un être humain dans cette forêt… Sauf qu’on nous avait tellement parlé de p’tit groupe armé violent que j’me méfiais un peu.

J’tenais fermement le flingue mais avant qu’on ne puisse faire une autre mouvement, plusieurs hommes armés sortirent de la brousse. J’déglutis serrant Livia contre moi. Ils étaient habillé de kaki. Un genre de tenue de camouflage.

Ils nous causèrent mais j’comprenais rien à ce qu’il disait parce qu’ils parlaient pas Anglais. Ils parlaient en criant et mon réflexe fut de placé Livia derrière moi pour la protéger. J’étais entre elle et les hommes armés. Z’étaient cinq.

-J’comprends rien à ce que vous dites… On est perdu… On veut juste rejoindre un village. C’est tout…

L’un d’eux s’avança alors et nous pointa avec son arme. J’tendis ma main en arrière, celle qui tenait pas mon arme, pour saisir la main de Livia et la serrer.

-Lâche ton arme…

C’est ce que dit, en Anglais cette fois, l’homme qui nous visait.

Et je lâchai l’arme… Pas trop le choix.

-Aidez-nous… On veut juste rentrer chez nous, ok ? On vient pas de ce pays.

Celui qui venait de parler fit un signe de temps aux autres et rapidement, ils fondirent sur nous nous séparant l’un et l’autre pour brutalement nous attaché les mains. Ils prirent mon sac et l’arme… J’les vis ne pas ménager Livia alors j’me débattis un peu.

-Hey ! Laissez-la tranquille ! Elle vous a rien fait !

L’un d’entre eux trouva mon portefeuille et il montra mes papiers au chef. Celui-ci se tourna alors vers nous et nous regarda l’un et l’autre.

-Howard Stone… Tu es le chanteur de The Burning Fire ?

Non ! De Fireworks ! Je suis le batteur de The Burning Fire, espèce de sale enfoiré !

-Non… Le batteur…

Il ricana… Il lança alors des ordres avant de se tourner vers Livia qui était tenue par l’un des hommes.

-Et toi ? Tu es qui ?

Le soulagement que je ressentis en voyant Howard sortir de l’avion fut indescriptible. Je ne pouvais pas nier avoir eu peur qu’il n’en ressorte pas et que je me retrouve seule à affronter les dangers cachés tout autour de nous. À deux, nous étions plus fort. Je m’approchais de lui aussi vite que mon corps endolori me le permis et je regardais ce qu’il avait de caché dans son sac. Pour une fois, je fus heureuse de voir qu’il n’avait pas écouté un conseil quand je découvris qu’il avait quand même un flingue dans ses bagages, moi qui le lui avait déconseillé, avant notre départ.

Avec le briquet, nous pourrions essayer de nous faire des flambeaux. Je voulu le lui expliquer mais je dû me reprendre, le mal de tête que je ressentais me rendait folle !

- Oui… Ça va… C’est juste que…

Je pointais ma tête en la secouant. Tout était mêlé là-dedans ce que je supposais être normal après un si gros choc, et je ne parlais pas que du fait que ma tête avait heurté l’extincteur pendant le crash.

- Ça va nous aider à survivre, oui. Tu as raison.

Puis Howard me tendit le flingue en me demandant si je savais m’en servir. Les souvenirs de ma jeunesses me remontèrent à l’esprit et dissipèrent le brouillard qui flottait dans ma tête, le temps de lui expliquer que d’avoir grandis à Tijuana, une ville du Mexique, j’avais appris à me servir d’une arme au grand désespoir de ma mère !

- Comme toi dans l’Eastside.

Nous venions des bas-fonds, ça pouvait jouer en notre faveur.

Ensuite, notre décision fût de marcher dans la direction du nez de l’avion. Après déduction, ont convenu qu’elle avait planée pendant le crash, en se dirigeant vers le sol mais en gardant le cap vers notre destination. Ça semblait logique et comme nous n’avions pas de boussole, c’était le seul repère que nous avions et auquel nous pouvions nous raccrocher.

Notre balade, si pour autant je pouvais dire que ça en était une, dura sur au moins deux jour. Nous n’étions vraiment pas rapides. Si parfois nous devions arrêter car ma jambe me faisait trop mal, d’autre fois nous stoppions le temps qu’Howard reprenne son souffle et que sa dose d’inhalateur fasse effet. Quand la nit tombait, nous préférions ne pas garder de feu allumé pour éviter de se faire voir mêmes si cela voulait dire que l’on risquait de manquer une aide potentielle.

En chemin, Howard proposa qu’on tente de cueillir des fruits. Nous devions manger, ça devenait une évidence mais le problème était que les fruits que nous trouvions ne ressemblaient en rien à ceux que je connaissais et que je ni Howard ni moi avions envie de tenter une nouvelle expérience culinaire. Si ça devait nous occasionner des maux de ventres et tout ce qui venait avec ou pire, nous tuer.

L’ironie de survivre à un crash d’avion pour mourir empoisonné par une baie venimeuse.

- Tu m’as facilement transporté au travers de ton salon avec le plancher recouverts de décoration de noël, sans te prendre les pieds. Mais ça va… Je peux encore marcher.

Je ne voulais pas être un fardeau pour Howard en le laissant me porter. Qu’il en soit capable ou non, je voyais le soleil commencer à décliner ce qui voulait dire que nous n’en avions plus pour très longtemps à marcher avant que nous commencions à chercher un abris pour la nuit.

J’attrapais brusquement le bras d’Howard lorsque j’aperçu un homme non loin de nous. Il ne semblait pas nous avoir vu alors je me plaquais à Howard pour le pousser contre un arbre et lui soufflais ce que je venais de dire. J’osais à peine bouger, même respirer était compromettant. Malgré ça, on fut vite encerclé par un groupes d’hommes armés et l’un d’eux nous baragouina quelque chose que nous captions pas. Howard me serra très fort contre lui avant de se placer en avant, me servant en quelque sorte de bouclier et il tenait ma main dans la sienne, prenant la parole.

L’un des hommes parlait notre langue et ordonna qu’Howard lâche son arme. Je n’eu même pas le temps de lui souffler de ne pas le faire qu’il obtempéra en affirmant que tout ce que nous voulions était de rentrer chez nous. En un battement de cils, les hommes foncèrent sur nous, nous séparant l’un de l’autre. Je me débattais vigoureusement avant que mon ravisseur ne me resserre très fort d’un bras d’acier par la taille et me tire les cheveux, me forçant à regarder vers le ciel. J’étais immobilisé, je ne voyais plus ce qui se passait, je n’entendais qu’Howard leur dire de me laisser tranquille et l’autre homme lui demander s’il était le chanteur de The Burning Fire avant de me demander à moi qui j’étais. L’homme qui me tenait me lâcha les cheveux et par le fait même me permis de bouger la tête pour regarder celui à qui je devais répondre.

- Olivia Cortez, je suis chanteuse… Nous sommes ici avec United For Youth. Nous ne voulons pas de mal à personne… pitié… laissez-nous rejoindre la ville la plus proche… On ne dira rien à personne…

Tout ce que j’eu comme réponse fut des ricanements avant qu’ils ne se mettent à discuter entre eux dans une langue que je ne comprenais pas. Ça me sembla durer une éternité pendant laquelle je ne faisais que fixer Howard comme si d’accrocher mon regard à lui me raccrochais à la vie. Je fus ensuite soulevée par l’homme qui me retenait par la taille d’un bras et couvrait ma bouche de son autre main, il me secouait en se dirigeant vers une jeep. Je tentais de me débattre mais je n’y arrivais pas alors, en désespoir de cause, je lui mordis la main de toute mes force, jusqu’au sang.  Il jura dans sa langue et me frappa à la tête, sur ma blessure. Tout devenu noir autour de moi qui était maintenant aussi molle qu’une poupée de chiffon.

Quand j’ouvris les yeux, le décor semblait bouger autour de moi. Je dû cligner des paupières plusieurs fois puis je me redressais de peine et de misère sur le sol battu et découvris que j’étais dans une espèce de cabane en bois, chevilles et poignets liés.

Je venais de l’Eastisde… Livia venait de Tijuana… On savait ce que c’était de vivre dans un milieu pas facile. Et si ça nous donna du courage au début de notre périple, plus on marchait et plus j’avais l’impression que ça serait pas suffisant. Les nuits étaient froides… Les journées de marches étaient éreintantes.

Livia, blessée à la jambe et la tête, avait du mal à suivre alors que, moi, j’devais m’arrêter souvent parce que j’étais à bout de souffle. J’crois que même sans nos blessures, on avancerait pas plus vite parce que la faim avait eu tôt fait de nous rattraper. Mais, bon, on y connaissait rien en fruits locaux et notre peur de s’rendre malade ou de crever en bouffant n’importe quoi faisait qu’on avait, finalement, rien avalé de ce qu’on avait trouvé.

Et toujours aucun village en vue. La situation devenait désespérante mais on se permit pas de désespéré. Tant qu’on était vivant, y’avait de l’espoir.

J’proposai à Livia de la porter mais elle refusa bien qu’elle me savait tout à fait capable de le faire vu que j’l’avais déjà fait lorsqu’elle était venue chez moi. Ce moment-là me semblait autant s’être passé hier qu’il y a des années. L.A. me manquait énormément et d’autant plus depuis qu’on était perdu dans le brousse.

-Ok… Mais si tu as besoin, hésite pas.

La nuit allait encore tomber… L’allait falloir qu’on trouve, encore une fois, un abri mais, soudain, Livia nous planqua contre un arbre. Elle avait vu un homme. Un homme armé. Si on pouvait espéré que ça soit de l’aide, notre première pensée alla aux rebelles dont nous avaient parlé nos guides. Un des foutus nombreux danger qu’on pouvait trouver dans cette jungle.

Bientôt, on fut encerclé de plusieurs hommes… Et vu leur dégaine, j’doutais que ça soit de l’aide. Ils causaient dans une langue qui m’était inconnue. Faut dire qu’à part l’Anglais et le Français, j’savais quasi rien reconnaitre d’autre comme langue. Et si j’connaissais le Français, c’était uniquement grâce à Peyton.

J’essayais de leur dire que tout ce qu’on voulait c’était de l’aide mais le seul qui parlait notre langue me demanda de lâcher mon arme. J’le fis. L’était armé. Si j’résistais, y’avait de forte chance qu’il nous descende. Ou qu’il me descende et enlève Livia.

Mais une fois que j’fus désarmé, ils s’emparèrent de nous, nous séparant sans le moindre ménagement. Livia était malmenée alors j’criai qu’on lui foute la paix ! On m’immobilisa et Livia fut, elle aussi, immobilisé. Ils s’emparèrent de mon sac et, grâce à mes papiers, purent mettre un nom sur mon visage.

Ils connaissaient The Burning Fire… Sur le coup, j’savais pas si ça allait être un avantage ou non.

Le type qui parlait notre langue demanda alors à Livia son identité. Elle leur donna non sans précisé qu’on voulait juste trouver un village. C’est tout.

Rien de plus.

Mais ça fit ricaner les hommes armés. J’plissai des yeux. Mon cœur battait vite. J’avais bien l’impression qu’on était mal barré. Ils discutaient entre eux dans leur foutue langue incompréhensible. Je regardais Livia. Elle me regardait… Mais il n’y avait rien de rassurant dans son regard. Ni dans le mien.

Et ils embarquèrent Livia d’un coup.

-Hey !!! Lâchez-là !

Mais il firent de même avec moi. Ils se mirent à deux pour me faire avancer vers une jeep garée plus loin près d’un pseudo chemin.

C’est là que Livia se défendit… Elle mordit l’un des hommes qui, frustrés, finit par la frappé à la tête.

Mon sang ne fit qu’un tour. Et je trouvai la force de me dérober aux deux hommes qui me tenaient pour courir vers Livia. Mais ils me rattrapèrent avant que j’atteigne l’homme qui la tenait. Je reçu un coup de poing en plein ventre de quoi me faire tomber au sol, plié en deux. Je toussai. Je voyais flou… Et j’arrivai plus à me débattre quand on me fit grimper dans la jeep et qu’on me mit un foutu sac sur la tête pour que j’vois rien. Comme si j’connaissais le moindre foutu recoin de cette foutue jungle.

Ma tête tournait… J’avais du mal a respirer. J’pouvais pas voir Livia… J’avais peur de m’prendre un coup si j’parlais… Et j’eus l’impression que le voyage dura des heures. C’était sans doute pas le cas… Mais c’est l’impression que ça m’avait donné.

Quand on me retira le sac que j’avais sur la tête. J’étais devant une cabane au milieu de la jungle. Y’avait plein d’hommes armés ici… C’était un genre de campement… J’voyais pas Livia…

-Olivia est où ?

C’est ce que j’demandais alors qu’on m’avait assis à terre. J’avais les poignets ligotés. Le type qui parlait anglais s’approcha.

-Enfermée. Tu vas la rejoindre. The Burning Fire c’est très connu.

Je secouai la tête…

-Ouais… Très connu…

Le chef ricana.

-C’est bien. On pourra tirer quelque chose alors. Et la fille, elle est pas mal.

J’venais de comprendre. Enfin, j’crois. J’pensais bien qu’il voulait s’faire des thunes sur nous. C’est pour ça qu’on enlevait les gens dans cette partie du monde, non ? Mais il semblait pas comprendre que Livia est connue aussi. L’est pas bien au courant du monde, lui !

D’une voix rauque, j’répliquai.

-Livia est connue dans l’monde aussi. Son père est méga riche. Si vous voulez des thunes, vaut mieux qu’elle soit en un seul morceau !

Le chef ricana et fit un signe de tête à un autre. Mes chevilles furent ligotées et j’fus balancé dans la foutue cabane sans aucun ménagement.

J’toussai… J’pris le temps de me couché sur le dos… Livia était là, ligotée elle aussi. J’me redressai avant de voir qu’elle était en train de faire de même.

-Livia ?

Elle semblait émerger. J’me rapprochai d’elle pour entrer dans son champ de vision. Elle semblait sonnée.

-Ça va ? Ta tête ?

J’étais inquiet. L’avait déjà eu un coup lors du crash et un second de la part de ce foutu type. Ça faisait beaucoup. J’tentai de capter son regard.

-Ils nous ont embarqué… On est toujours dans la jungle dans une sorte de campement… J’crois… J’crois qu’ils veulent p’t-être nous échanger comme des thunes… J’sais pas… J’espère qu’ils veulent ça…

Ils nous ont pas encore tué, en tout cas… Mais j’savais pas trop ce qu’ils allaient faire avec nous. Ma voix tremblait un peu.

-P’tain… J’sais pas ce qu’on va faire…

S’échapper ? Attendre ? J’savais pas…

Howard proposa de me porter si je n’arrivais plus à marcher en disant être capable de me porter. Il ne s’en souvenait peut-être plus à cet instant vu tout ce qui devait se passer dans sa tête, mais je savais qu’il en était capable. Il l’avait fait chez lui là fois où… De repenser à ce moment qui à cet instant me semblait appartenir à une autre vie me fit du bien.

- J’hésiterai pas.

On ne fit que quelques mètres ensuite avant que je ne repère, Dieu sait comment, un homme non loin de nous et qui me fit, par réflexe me plaquer contre Howard, poussant sur lui jusqu’à ce que l’on soit contre un arbre. Je savais au plus profond de moi que ça n’annonçait rien de bon !

Mon instinct ne me trompa pas. Très vite, on se retrouva encerclé par un groupe de rebelles armés contre qui, le petit flingue d’Howard ne faisait pas le poids. Il n’eu d’ailleurs d’autres choix que de le balancé et ce fut là que tout s’enchaîna. On fut séparés et je me débattis sans succès, contre un homme beaucoup trop fort pour moi qui répondit à ma morsure sur sa main par un violent cup de poing sur ma blessure à la tête.

La suite ne fut qu’un immense trou noir avant que je n’émerge, ligotée et allongée sur la terre battue dans ce qui semblait être une cabane de fortune faite de branches. Je me sentais molle et j’avais encore le goût âcre et ferreux du sang du rebelle dans ma bouche. J’y avait mis toute mon énergie restante, il fallait l’avouer.

Difficilement, je tentais de me redresser en reconnaissant la voix d’Howard mais j’étais maladroite, comme si j’étais ivre morte. Ma tête retomba sur le sol, je toussais, eu l’impression que j’allais vomir puis je lutais pour me retourner et je ne sais comment, en rampant à la vitesse d’une limace crevée, je me retrouvais contre Howard dont le son de la voix me parvenait encore comme déformé.

Encore une fois, tout redevint noir.

De temps en temps, j’ouvrais les yeux, je sortais de mon brouillard et je me serrais contre Howard. Je tenais sa main dans la mienne, je refusais de la lâcher.  

- Que crois-tu qu’ils feront de nous ? Ils vont nous vendre comme esclave ou nous envoyer sur une île où nous seront les proies ?

J’avais lu ça dans un livre dont le titre m’échappait.

D’entre les branches, je voyais briller un feu autour duquel les rebelles étaient probablement assis entrain de se réjouir de leur prise et de rêver de ce qu’ils pourraient obtenir pour notre capture. L’un de nos guides avait dit le premier soir que des rebelles vendaient des gens kidnappés contre des armes, entre autres chose.

- Combien de mitraillettes vallons-nous, d’après toi ?

Ça me fit un peu rire, pas que c’était drôle mais de me demander combien d’armes je pouvais valoir, je trouvais ça inusité et complètement absurde ! Mon ventre gronda et je soupirais. J’avais tellement faim que si je parvenais à sortir d’ici vivante et que je tombait face à face avec un hippopotame, ce serait plutôt lui qui devrait avoir peur ! Je serais capable de le dévorer tout rond !

- Je mangerais un cheeseburger et des frites ! Avec un milkshake à la vanille et…Oh ! Un steak ! Et des pommes de terre en purée !  

Je m’en léchais les lèvres tout en fixant le feu au travers des branches de notre cabane. Eux, assit tout autour, il ne devait pas manquer de bouffe ! Ils devaient manger à s’en faire éclater l’estomac et jeter les restes aux chiens que nous entendions grogner. Je poussais du mieux que je pus sur mes talons et je me redressais contre le torse d’Howard puis je tournais la tête pour le regarder.

- Si on s’en sort, qu’est-ce que tu feras en premier ?

Je savais exactement ce que je ferai, moi.

- Moi je crois que je vais me faire couler un bain bouillant et plein de mousse et que je vais y rester pendant des heures. Oh ouais… Un bain chaud… Je me sens tellement sale ! Je vais devoir passer sous la douche avant de m’installer dans la baignoire sinon l’eau va se transformer en boue !

Je fermais les yeux en imaginant une belle baignoire pleine d’eau et débordante de mousse. En y pensant très fort, je pouvais presque sentir l’odeur de mon savon à la noix de coco ! Jamais de toute ma vie je n’avais autant rêvé de me laver !

La discussion avec ce qui semblait être le chef du p’tit groupe de rebelle ne dura pas longtemps. Et j’fus balancé dans une p’tite cabane en bois où Livia avait été placée avant moi. Quelque part, j’étais soulagé de la voir bouger un p’tit peu. Ça voulait dire qu’elle était toujours en vie.

J’tentais de l’appeler… De lui expliquer la situation. Mais elle retomba dans l’inconscience me laissant seul. Je m’étais approché au plus près d’elle. C’était pas simple avec les chevilles et les poignets ligotés. J’réussis à mettre sa tête sur mes cuisses sans qu’elle s’en rende compte. Le coup qu’elle avait pris l’avait sonné au point qu’elle était complètement KO.

J’pourrais dormir… Mais j’voulais pas… J’avais peur qu’ils nous séparent pendant que j’dormais. J’avais peur qu’ils nous tuent pendant que j’dormais… J’avais peur de raté le moindre moment crucial qui nous permettrait de sortir d’ici.

J’tentai de délier mes liens mais j’y arrivais pas. Et plus j’essayais, plus j’fatiguais. Sans compter que la fièvre commençait à sérieusement consumé mon énergie. Ça et le fais que respirer devait de plus en plus compliqué. Ça ma rappela Tokyo et le délire que j’avais fait tellement je manquais d’air et j’avais de la fièvre. J’étais encore loin de ce stade mais j’savais que j’pourrais pas rester trop longtemps sans traitement antibiotique…

J’vis de temps en temps Livia ouvrir les yeux. Mais il fallut pas mal de temps avant qu’elle ne réussisse à se blottir contre moi en se redressant un peu. Elle tins ma main. J’la serrai du mieux que je pouvais malgré nos liens.

Elle finit par réussi à ouvrir la bouche ce qui me rassura un p’tit peu. Elle se demandait ce qu’ils allaient faire de nous. S’ils allaient nous vendre comme esclave et tout… Ou encore nous envoyer sur une île… J’savais pas qui étaient précisément ceux qui nous avaient enlevé mais j’pense pas qu’ils avaient de bonnes intentions.

-J’parie qu’il vont demander une rançon… J’pense que c’est de nos proches qu’ils tireront le plus d’argent et ils le savent… J’pense… J’sais pas vraiment qui ils sont et ce qu’ils veulent… Mais s’ils nous vendent comme esclave, j’compte est le pire esclave du monde…

Ils tireront rien de moi, ça c’est sûr. J’préfère crever que d’être un foutu esclave… Même si j’avais aucune idée de s’il y avait encore des esclaves dans c’pays.

On entendait des rires et des conversations venant des rebelles dehors. C’est là que Livia demanda combien de mitraillette on valait tout en riant un p’tit peu. J’rigolai aussi d’une rire criblé de quinte de toux. J’savais pas pourquoi j’riais… Sûrement parce que j’pensais que j’valais au moins une bombe atomique…

-On vaut mieux que quelques mitraillettes, j’pense. Surtout que j’ai dit au rebelle que ton père est méga riche… L’avait des vue sur toi, le rebelle, alors j’préférais dire ça pour éviter qu’il te fasse quoi que ce soit.

Pour une fois que Jimmy Reed pouvait m’servir à quelque chose, j’allais pas m’gêner…

J’ris encore un fois d’un pauvre rire quand j’entendis le ventre de Livia gronder. L’avait faim… Mon corps me disait que j’avais faim aussi mais ça faisait tellement longtemps que j’avais faim que j’étais au stade où j’avais pas envie de manger surtout que la fièvre me filait la nausée.

Quoi que quand Livia évoqua un cheeseburger, ça m’redonna un p’tit peu l’appétit… Même si… Ce que, finalement, j’avais le plus besoin c’est :

-J’tuerais tous ces rebelles pour de la vodka, moi… Mais ouais… Dès qu’on sort de ce merdier, je t’emmène au McDo…

Un bon McDo… J’avais envie de ça maintenant. Ou de pizza. Haaaaaaan, pourquoi l’a parlé de bouffe ?

Livia se redressa encore pour me regarder. Elle demanda qu’est-ce que j’ferais en premier en sortant. Hormis bouffer, bien sûr. J’réfléchis à sa question alors qu’elle disant qu’elle allait prendre un bon bain. J’souris d’un maigre sourire.

-Moi, j’crois que j’vais dormir une semaine dès qu’on rentrera. J’pourrais dormir chez toi ? Chez moi, y’a mes enfants et ils me laisseront pas dormir.

J’dis ça mais Phénix et Pen et manquaient… David aussi… Plein de gens me manquaient… Et j’m’en rendis compte, là… J’pris un air triste. Ils devaient méga angoisser, tous.

-P’tain… J’espère qu’on arrivera à s’en sortir… J’veux pas crever ici…

J’regardais autour de nous avant de regarder nos liens.

-Tu crois qu’on arriverait à défaire nos liens ? Tu as essayer de défaire les tiens… Moi, j’ai essayé mais seul, j’y arrive pas. P’t-être que si on s’y met à deux, on y arrivera.

Voilà où nous en étions, Howard et moi, après avoir survécus miraculeusement à un crash d’avion. Ligotés dans une cabane faites de branches, de boue et de mousse, encerclés et surveillés par des rebelles armés jusqu’aux dents. Notre avenir était entre leurs mains et ça ne sentait pas bon, pas bon du tout !

Quand, au bout de je ne sais combien de temps, je finis par reprendre suffisamment mes sens pour avoir conscience de ce qui se passait vraiment autour de nous, je rampais de peine et de misère jusqu’à Howard pour me blottir contre lui. Le seul réconfort tangible dans toute cette horrible aventure. Je me disais qu’au moins nous étions ensemble et qu’à deux, nous étions plus fort. Enfin, jamais autant fort que les rebelles mais pour moi, d’être avec lui était réconfortant.

J’ignorais les intentions de nos ravisseurs. Est-ce qu’ils nous vendraient comme esclave ou bien ils nous tortureraient jusqu’à ce qu’on en meurt ? Le pire était imaginable, je ne pouvais faire autrement que d’y penser.

- Tant qu’on reste ensemble… Nous aurons toujours une chance de nous en sortir si nous restons ensemble.

De ça, j’en étais convaincue.

Howard leur avait dit que mon père était très riche et je fermais les yeux en soupirant. Pour la rançon, de mon côté c’était cuit ! Jimmy ne paierait jamais un cenne pour me faire libérer. Il dirait tout simplement que j’avais été assez stupide pour partir avec Howard alors tant pis, je n’avais qu’à assumer. De toute façon, s’il payait, j’étais prête à tout faire pour ne pas lui devoir le moindre sous ! S’il le faisait, ça ne serait que pour se donner le bon rôle auprès de ma mère.

- J’veux pas qu’il paie pour moi. Je préfère crever ici.

N’empêche que je trouvais ça un peu héroïque et même à la limite, romantique qu’Howard ait tenté cette carte pour éviter qu’il ne m’arrive quoi que ce soit. Si nous sortions vivant d’ici, je pourrai dire qu’il aura tout essayé pour me sauver et que je lui dois ma vie.

Pour ajouter une couche, les rebelles nous affamaient. Je crevais de faim au point où mon ventre gronda et que ça fit rire Howard. Moi aussi, d’ailleurs. Je rêvais de cheeseburger et de frites et de steaks et de sauce et de milkshake oh et des fraises avec de la crème fraîche !

- J’en sifflerais bien aussi, une bouteille de vodka ! Et j’accepte ton invitation au Mcdo volontiers. Après, j’te paie les donuts et les gâteaux à tout ce que tu voudras ! On se fera une orgie !

Je fronçais des sourcils puis je rigolais. Tout ce que je vivais en douleur et en émotions m’épuisais vraiment pour rigoler autant en une situation qui n’avait absolument rien de drôle.

- Je parlais de la bouffe, hein !

Quand je rentrerais, je plongerais dans une baignoire fumante et pleine de mousse ! J’y passerais des heures, je la viderais et je recommencerais jusqu’à ce que je sois toute plissée ! Rien que d’imaginer les bienfait d’un bain chaud me faisait saliver, comme si ça se mangeait ! C’est pour dire combien j’en avais envie ! Howard lui, voulait dormir pendant une semaine.

- Seulement si je peux dormir dans tes bras. Tu sais, le gros domaine en vente à la sortie de la ville ?

Je marquais une pause en pensant à mon chez moi que je n’avais jamais encore réellement habité et que je ne reverrais peut-être jamais.

- Je l’ai acheté il y a un petit moment. Je pensais que Julian s’habituerait à la nature si c’était chez lui mais… je l’ai laissé avant et là, il me reproche d’avoir préparé notre rupture. J’ai baptisé le domaine Emerald Lake parce que le soir et tôt le matin, le lac prend une belle teint émeraude. Je ne sais pas s’ils ont continués les travaux où s’ils ont simplement encaissé leur chèque. Tu pourras venir y dormir et amener David et les jumeaux et… Le ciel le soir reflète dans le lac.

Mon discours était désordonné, comme mes idées.

Howard répéta qu’il ne voulait pas crever ici, moi non plus d’ailleurs. Une larme orpheline coula le long de ma joue et mourut sur la cuisse d’Howard contre laquelle ma tête reposait. Je me redressais quand il me demanda si je saurais défaire ses liens. Ça valait le coup d’essayer ! Ils avaient fait des nœuds pas très compliqués mais ils les avaient serrés de toute leur force.

- Je pourrais essayer en mordant la corde ? En tirant dessus avec mes dents ? Lèves tes mains près de mon visage et je te promet que je ferai en sorte de ne pas te morde, pas exprès, en tous les cas !

J’hochai de la tête. Ouais… Tant qu’on reste ensemble, on a une chance de s’en sortir. C’est à ça que j’me raccrochais. C’est pour ça que j’avais crevé de trouille quand Livia avait été mise KO. C’est pour ça que j’préférais être ligoté ici avec elle que d’être séparé d’elle.

J’avais compris, quelque part, qu’on avait de la valeur au yeux de nos ravisseurs parce qu’on était connu. Parce que qui dit gens connus dit argent. C’est pour ça que quand ils avaient pas réussi à replacé Livia, je leur avais dit qui elle était et, surtout que son père avait méga beaucoup de thunes. C’était le cas. Jimmy Reed avait des thunes. Ça avait sûrement de l’intérêt pour ces rebelles et, du coup, ils savaient que s’ils faisaient du mal à Livia, ils risquaient de pas voir leur argent.

Mais Livia déclara qu’elle préférait crever ici plutôt que Jimmy Reed ne paye pour elle. J’comprenais son point de vue. L’était en froid avec son père. Moi, j’étais carrément en guerre avec son père. Mais si Jimmy Reed payait pour moi, j’allais quand même pas craché dessus. J’préférais en devoir une à Reed pour son bon plaisir plutôt que de clamser. C’est p’t-être lâche… Mais c’est comme ça.

-J’comprends… Mais… J’crois que j’aurais pas autant de courage que toi. Si Jimmy Reed veut payer pour qu’on s’casse d’ici, qu’il le fasse… T’façon, il trouvera un moyen de se donner le bon rôle quoi qu’il arrive…

L’était doué pour ça. Il l’avait récemment fait en m’proposant de payer ma désintox’. L’avait toujours un moyen de se mettre en avant pour récolter les lauriers. Alors à quoi bon s’tuer pour ça ?

Le ventre de Livia tarda pas à gronder nous rappelant qu’on avait rien mangé depuis deux jours. Elle cita quelques plats mais c’est la vodka qui me manquait probablement le plus. J’ressentais le manque ce qui arrangeait rien aux nausées que j’avais. Livia semblait aussi avoir besoin de vodka et accepta mon invitation au McDo. J’esquissai un sourire avant de rigolé carrément d’un rire entrecoupé de toux quand elle déclara qu’on se fera une orgie. Elle dû précisé qu’elle parlait de bouffe.

-Oh… Dommage… J’pensais que tu parlais d’une vraie orgie.

J’rigolai à nouveau. Vous méprenez pas, hein ! J’ai jamais fait d’orgie… Enfin, pas que j’me rappelle en tout cas.

Livia réussi un p’tit peu à me changer les idées alors qu’elle demanda ce que j’voudrais faire une fois rentré. Si elle semblait vouloir un bon bain, moi, j’voulais simplement dormir une semaine. Si possible loin de mes enfants parce que les enfants, ça pleurs. J’demandais simplement, du coup, si j’pouvais venir dormir chez Livia. Elle accepta mais uniquement si elle pouvait dormir dans mes bras.

-Han… J’dis pas « non » à ça, moi !

Elle me parla alors d’un domaine à vendre à la sortie de la ville. J’me concentrai un peu pour voir si j’voyais de quel domaine elle parlait. Y’avait quelques beaux domaines à la sortie de la ville. Des grosses villas.

-Heu… J’crois, ouais… Enfin, j’vois plus ou moins le genre de domaine qu’il y a près d’la ville.

Ben en fait, Livia avait acheté ce domaine. Elle me parla de Julian qui lui en voulait… Du nom qu’elle avait donné au domaine…  De lac… D’émeraude… De travaux… De moi qui peut venir y dormir avec David et les p’tits…. Elle avait dit pleeeeeeein de trucs d’un coup. Mais j’comprenais qu’elle avait, maintenant, une belle villa hors de la villa.

-Waw ! C’est cool. Tu as ta propre villa, alors ! Attends-toi à ce que j’vienne souvent. J’aime bien mes gamins, hein, mais me faut des pauses parfois.

Pour le reste j’haussai des épaules.

-Et pour Julian, tu as plus a t’en faire maintenant, j’suppose.

D’après ce que j’en savais ils avaient rompus, non ? Livia m’avait dit qu’elle allait rompre, en tout cas. Mais là, j’avais plus trop les idées claires, moi non plus.

-J’veux voir le ciel se refléter dans le lac… C’est beau les lacs…

Pour ça, l’allait falloir sortir d’ici… J’passai une main dans les cheveux de Livia dont la tête reposait sur mes cuisses. J’me demandai s’il était possible qu’on réussisse à se détacher. Livia proposa d’utiliser ses dents pour ça. J’rigolai un peu quand elle affirma qu’elle allait pas m’mordre exprès au passage.

-Comme tu as mordu l’type tout à l’heure ? Il était méga fâché. Tu l’as mordu à sang. C’était beau.

Même si ça avait valu à Livia d’se faire taper dessus.

J’repris un peu mon sérieux et j’pris un air triste.

-J’doute que ça fonctionne… Les cordes sont résistantes. J’voudrais pas que tu te casses les dents. J’ai déjà essayer de tirer un p’tit peu dessus avec les miennes, ça a servi à rien…

J’soupirai. J’tentais encore de bouger pour essayer de dénouer mes liens. Mais ça servi à rien… Et j’dûs m’arrêter parce que la porte de la cabane de fortune s’ouvrit. Un type s’approcha et déposa devant nous un espèce de bol avec, dedans, j’sais pas trop quoi. Un genre de de mélange fait à base de riz et j’savais pas trop quoi. Y’avait un gros bol pour nous deux. Il posa aussi un gourde avant de lancer dans un anglais approximatif :

-Faut tenir. Jusqu’à demain la nuit.

Demain la nuit ? Han… Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?? C’est tout ce qu’il dit avant de nous laisser avec la nourriture et ce qui devait, sûrement, être de l’eau… J’pense en tout cas.

-T’as compris ce qu’il a dit ?

Moi, j’avais rien capté. J’regardais le bol…

-A toi l’honneur… J’sais pas ce qu’il y a là-dedans… Et dans la gourde, j’doute que ça soit de la vodka…

Et y’avait un autre hic…

-Han… Comment on va manger avec les mains liés, hein ?

Pas pratique.

Pour Howard, aux yeux de nos ravisseurs, nous valions de l’argent. D’un côté, je me doutais bien qu’ils ne nous gardais pas captifs dans le but de nous amener en safari dans les prochains jours. Il était clair qu’ils avaient une idée précise en tête comme de demander une rançon à nos proches, comme le pensait Howard. Je préférais crever ici dans les plus atroces souffrances que de savoir que l’argent de Jimmy me libèrerait. Je ne su pas quoi répondre quand Howard avoua qu’il était prêt à prendre l’argent de mon père pour se sortir d’ici.

- Son argent sale ne m’impressionne plus. Il peut se torcher avec, je ne le verrai pas comme un ange parce qu’il aura signé un chèque pour me sauver.

J’étais affamée au point où mon ventre grondait furieusement. Ça serait très drôle dans un autre contexte mais là, tout de suite, sauf pour rêver de ce que nous allions manger en sortant d’ici, il n’y avait aucun moyen de calmer notre faim. C’est dingue comment le cerveau peut parvenir à presque nous faire goûter nos aliments préférés en nous les faisant imaginer sur un plateau d’argent tout juste devant notre nez. Je voyais un cheeseburger et des frites, un steak et du homard, des truffes au chocolat et de la crème chantilly… Je voyais tut un festin, une véritable orgie que je promettais à Howard. Ça me fit rire quand je réalisais que ma phrase était un peu mal construite et qu’il pouvait s’attendre à autre chose que de la bouffe.

Je fixais toujours le cheeseburger de mon imagination quand je répondis à Howard.

- Ça aussi, si tu en as envie. Là, toute suite,  je suis prête à dire oui à tout si c’est pour me faire tenir bon.

Il fallait bien s’accrocher à quelque chose pour garder espoir non ? Que ce soit de la bouffe ou une relation sexuelle, tant que c’était un but ! Mariner dans un bain pendant des heures était aussi sur le haut de ma liste des choses que je ferais quand je serais de retour à la maison. Mes cheveux étaient sales, mes bras et mes jambes portaient des traces de sang et de terre et je ne pourrais rien faire d’autre avec mes vêtements que de les jeter. Howard lui voulait dormir et pas n’importe où, chez moi ! Il le pourrait, à condition que l’on dorme ensemble.

- Y’aura que toi pour comprendre mes futures terreurs nocturnes. Et je pourrai être là quand tu auras tes propres cauchemars.

Je lui confiais mon secret, celui du domaine que j’avais acheté et qui était en train de se faire rénover de la cave au grenier. Mon discours était un peu décousu mais l’essentiel y était. J’y serais tellement bien à y vivre, recluse. Loin de la jet-set et de ses commérages. J’en sortirais pour aller au studio ou pour aller faire une interview mais je passerais le reste de mon temps sur mon domaine à m’occuper de ma petite ferme et de mon potage.

- Tu viendras aussi souvent que tu voudras et tu viendras avec tes gamins. J’irai sur le lac avec eux ou voir mes chevaux, pendant que tu dors. Ils pourront jouer avec Maximo et Rosalynn parce qu’il y a de forte chance que mon père y déménage. Il attend des réponses pour son visa.

Mais pourquoi je déballais tout ça ? Peut-être parce que quand je parlais de choses réelles, j’avais l’impression que je ne baissais pas les bras et que je tenais bon. Ça devait être à cause de ça.

- On doit signer les papier du divorce à mon retour. Normalement, ça se faisait sans tribunal et drame digne d’un opéra. J’espère que ce sera toujours le cas quand je rentrerai.

Howard passa sa main dans mes cheveux en disant qu’il voulait voir le ciel se refléter dans le lac. La première fois que je l’avais vu, à Emerald Lake, j’avais été conquise et j’avais su que c’était là que je voulais vivre le restant de ma vie.

Puis je me retournais, tant bien que mal, pour regarder Howard qui me demanda si nous pouvions nous entraider à se défaire de nos liens. Je pourrais essayer de mordre la corde de ses poignets en faisant attention de ne pas le mordre.

- C’est l’instinct de survie ça ! J’ai eu la peur de ma vie quand il m’a soulevé.

J’ai eu peur qu’il m’amène à l’arrière d’une jeep pour me violer ou me découper en morceaux. Des fous timbrés qui se cache dans le fond de la jungle peuvent avoir des idées pas très amusantes pour les victimes. Je m’étais débattue de toutes mes force allant même jusqu’à le mordre jusqu’au sang. J’étais quand même fière de l’avoir blessé.

Je n’eu pas le temps d’essayer parce qu’un type entra dans notre cabane et déposa devant nous un bol avec une bouilli de riz et une gourde d’eau. Mon réflexe fut de me redresser complètement tout en fixant la bouillie comme sil venait de nous servir un plateau de la mer. Il nous marmonna aussi une consigne mais elle ne faisait aucun sens quoi qu’en réalité, j’étais trop affamée par ce bol et son conte nu qui semblait déjà avoir été mastiqué et digéré que pour être attentive à ce qu’il nous disait.

- Je… un truc du genre…de tenir bon jusqu’à demain. La nuit de demain…

Howard aussi n’avait d’yeux que pour le bol dont il n’avait aucune idée de comment nous allions en manger le contenu puisque nous avions toujours les mains liées. Comme il me laissa l’honneur d’essayer en premier, je me penchais à demi recroquevillée et je saisis le bol a deux mains mais si je le rapprochais trop de moi, tout ce que je risquais était de renverser son conte nu sur le sol de terre battue. Alors plutôt que de perdre notre pitance je me tournais vers Howard pour tenir le bol à la hauteur de son visage et qu’il puisse manger le premier.

- Mange, tu me le tiendras après.

Je le regardais tenter le coup me demandant ce qu’on nous avait servit en réalité avant de me souvenir d’un truc que nous avait parlé le guide. Je regardais alors Howard d’un air peu certain avant de lui demander :

- Alors ? Ça goûte bon, le ragoût de tortue ?

Si Livia préférait mourir plutôt que son père paye une éventuelle rançon, moi, j’étais prêt à recevoir l’aide de n’importe qui pour sortir en vie d’ici même du pire type vivant sur cette foutue Terre. Quoi que Jimmy était pas forcément l’pire… Rien que Ward était pire que lui… Mais l’idée était là.

Sauf que Livia était plus impressionnée par l’argent de son père et, surtout, elle voulait pas l’voir comme un ange rien que parce qu’il payerait une rançon. J’pouvais comprendre parfaitement. Si Jimmy Reed paye pour moi, j’allais pas le prendre pour un héro pour autant.

-Ça sera jamais un ange… Dans tous les cas, ça restera un connard…

Mais si un connard pouvait m’sortir d’ici, pourquoi pas ? C’est pas pour ça que j’devrais lui vouer un culte… J’vouerais jamais un culte à Reed. Jamais. J’laisse ça pour les lèche-cul de la jet-set.

Livia parla de bouffe parce qu’elle crevait la dalle. C’était mon cas aussi mais ma bronchite et la fièvre faisait que ma faim été calmée par des nausées. J’me marrai un p’tit peu quand Livia parla d’orgie. Moi, j’crachais pas sur une orgie de n’importe quel type mais si j’avais une préférence pour un seul type qui n’impliquait pas nécessaire de la bouffe. Et j’me mis à sérieusement rire avant d’me mordre la lèvre quand Livia proposa carrément qu’on fasse ça, là, tout de suite.

Sincèrement ? J’aurais pas dit « non » si j’avais pas été attaché.

-On serait pas attaché, j’crois que je t’aurais pris au mot. C’est bon pour la fièvre ça, en plus, non ?

J’en savais rien en fait. Mais j’étais certain que, dans tous les cas, j’me serais senti mieux après.

L’espoir nous faisait parler de ce qu’on fera en rentrant. Sincèrement, j’avais simplement envie de dormir, si possible chez Livia avec Livia dans mon lit. Elle semblait d’accord avec l’idée et j’frissonnai un p’tit peu quand Livia affirma que j’serais le seul à pouvoir comprendre ses futures terreurs nocturnes. Des cauchemars, j’en faisais déjà encore de temps en temps avant même d’arriver ici. Des cauchemars à cause de la mort de Peyton mais, aussi, à cause de ce que m’avait fait Ward y’a pas tellement si longtemps que ça. Ce qu’il se passait ici allait pas améliorer tout ça… J’hochai de la tête.

-Ouais… On pourra se comprendre… Et… S’aider, aussi.

J’esquissai un p’tit sourire.

-Au pire on saura comment combler nos heures d’insomnies.

Mon esprit ce laissa aller à cet avenir là… Moi et Livia dans un lit à se remettre de tout ça. Le confort me manquait déjà alors que ça ne faisait qu’environs deux jours qu’on trainait dans cette forêt.

C’est là que Livia me parla de cette villa qu’elle avait acheté hors de la ville. Elle en parlait comme si c’était un p’tit coin de Paradis. J’m’imaginais là-bas avec David et les enfants… Même si, au fond, j’voulais surtout m’y retrouver seul avec Livia. Juste un p’tit peu. Le temps de souffler… J’avais besoin d’air. Littéralement, en fait.

Livia disait que j’pourrais venir là-bas autant de fois que j’le voulais. Elle parla de chevaux, de lac et de son père… Pendant un instant, j’crus qu’elle parlait de Reed mais j’compris, ensuite, que c’était de son beau-père qu’elle parlait. Il avait, apparemment, l’intention de venir à Los Angeles.

-Ça serait cool. J’veux vraiment voir cet endroit.

Pour ça, fallait survivre, seulement. Mais ça donnait une motivation en plus.

-Et c’est cool pour ton père. J’serais content de le rencontrer…

Pour ce qui en était de Julian, ils devaient encore signer les papiers du divorce. Apparemment, tout ça allait s’faire sans l’intervention du tribunal.

-C’est pas plus mal… Passer au tribunal, c’est naze…

Mais j’revins à l’instant présent demandant s’il serait possible de défaire nos liens. Mais à part en s’cassant les dents, j’voyais, finalement, pas bien comment faire. J’fis une remarque à Livia qui avait mordu, plus tôt, un des types qui nous avait enlevé. L’avait eu peur en fait et ça lui avait fait réagir de cette façon.

-J’ai eu peur aussi quand il t’a soulevé. Heureusement, ils t’ont rien fait… Enfin, hormis le coup sur la tête.

J’fis une p’tite moue. Ça avait pas dû lui faire du bien, ça…

J’allais essayer un truc ou l’autre quand un des types entra dans la cabane pour nous filer de la nourriture et baragouiner des trucs qui concernait le lendemain soir. J’avais du mal à comprendre où il voulait en venir et quand il sortit, j’demandai à Livia ce qu’elle avait compris. J’fis une p’tite moue à sa traduction.

-Qu’est-ce qu’il se passera la nuit de demain ? L’aurais pu nous le dire plus clairement, non ? Han… C’est naze que les gens ici parlent pas tous Anglais… Pourquoi les gens dans tous le monde entier ne parlent pas l’Eastsidien ?

Ça y est… J’dis n’importe quoi… C’est la fièvre ça…

Très vite mon regard se posa sur l’espèce de mixture qu’on nous avait donné… Ok… C’était de la bouffe. Mais c’était comestible pour des Américain ? Han… Tu penses encore n’importe quoi, Howard… Quoi que pour savoir si c’est comestible, fallait déjà arriver à le manger malgré nos liens. Mais Livia réussi à prendre le bol sans renversé. Elle le mit à hauteur de mon visage. L’odeur amplifia ma nausée.

J’fis une p’tite moue…

-Han… J’espère que ça se mange vraiment…

Je réussi tant bien que mal à manger une bouchée comme l’aurait fait un p’tit chien. Dexter aurait eu plus facile que moi sur ce coup-là… J’fis une p’tite grimace avant que mes traits s’adoucissent. C’était pas si bon… Mais c’était pas immangeable pour autant…

-C’est mangeable… J’sais pas trop ce qu’il y a dedans mais j’suppose que ça sera assez pour tenir…

J’mangeai deux autres bouchées avant de prendre le bol comme Livia venait de le faire pour le porter vers son visage.

-Tiens… Mange le reste… Moi, si j’mange plus, j’vais vomir. J’ai la nausée à cause de la fièvre.

Ça servait à rien de bouffer pour le vomir un p’tit peu après.

-Alors ? T’aime bien ? Si t’aime bien, faudra demander la recette au type… Comme ça, on pourra l’refaire une fois rentré…

J’rigolai un p’tit peu en disant ça… J’avais bouffé trois bouchée de ce truc et j’étais sûr d’une chose : les cheeseburger, c’est cent fois meilleurs.

-Faut qu’on tienne jusqu’à demain la nuit, alors… P’t-être qu’il y a une soirée cinéma et que c’est ça qu’il voulait dire, le type. Han…. J’aimerais aller au cinéma…

Mon esprit divaguait. Mon regard se perdait même dans le vide parfois.

Jimmy resterait un connard, qu’il paie ou non pour nous, là-dessus Howard avait raison sauf qu’encore une fois, les gens verraient en lui le grand sauver, celui par qui tout se règle, le messie d’aujourd’hui. J’aurais du mal à digérer qu’il est celui qui nous a sauvé la vie d’autant plus que je le savais très bien capable d’avoir orchestré le crash. Bon, le coup à la tête me faisait sans aucun doute exagérer mes pensées mais… Il était capable de tout mon père alors ! Un petit crash d’avion ne devait pas être hors de sa portée.

Le crash remontait à quand ? Quand même pas des semaines pourtant, la faim devenait insupportable. Dire que nous étions venus ici pour aider justement des gens qui ne mangeaient pas à leur faim. Tout ce que je pouvais imaginer comme truc à manger, je le voulais en double et en quadruple ! Je voulais manger le menu complet de chez McDo ! Une vraie orgie ! je ne pouvais pas reprocher à Howard d’avoir tout de suite pensé à une autre sortie d’orgie et pour dire vrai, de ça aussi j’en avais envie.

Malgré la faim, malgré les blessures, malgré l’épuisement. J’avais envie de tout ce qui pouvait me faire sentir vivante. Si nous n’avions pas été ligotés comme deux saucissons chez le bouché, Howard m’aurait pris au mot qu’il disait. Ça me fit sourire, un peu.

- En même temps, c’est pas très excitant de faire ça dans une cabane en branche avec des rebelles armés jusqu’à dent qui nous surveillent. Quoi que dit comme ça, ça ferait presque un bon scénario pour un film de sexe.

Ça devait probablement même déjà été fait mais ça, je ne saurais pas le dire, je n’en regardais pas, de porno !

Une chose était certaine était que, si nous avions cru être lié avant cette aventure Africaine, nous allions dorénavant dépendre l’un de l’autre pour passer au travers, à notre retour. En ce qui me concernait, je savais que je serais à jamais marqué par ce que nous aurions vu et subit ici alors, d’imaginer dormir avec Howard, dans ses bras, me faisait le plus grand bien. Et puis comme il le disait, nos heures d’insomnies, nous saurons comment les combler.

- On risque de ne plus vouloir dormir, jamais. J’ai rien contre ça, cela dit.

Je nous imaginais bien sur mon immense terrasse qui surplombait le lac, au couché du soleil. Mon petit coin de paradis me manquait alors que je n’avais pas encore eu le temps de véritablement en profiter. Mon immense domaine avec l’écurie, la serre et son potager, le lac et la grange que je voulais transformer en salle de spectacle. J’avais beaucoup de projet, de grandes ambitions. Maintenant, tout ceci semblait s’écouler entre mes doigts comme le sable d’un sablier. Je voulais le faire visiter à Howard, qu’il puisse s’y sentir comme chez lui s’il en avait envie et puis il y avait Enrique qui devait venir s’y installer s’il réussissait à avoir son visa permanent.

- Il t’adorera, ça ne fait aucun doute. Il sait jouer de la batterie. Il en a déjà eue une.

Et il l’avait vendue parce que nous avions eu besoin d’argent et jamais il n’avait reparlé de ça. Il grattait la guitare mais sans plus. Peut-être que je pourrais lui en acheter une et qu’il pourrait s’amuser à taper dessus, faire des jams avec Howard.

La conversation passa brièvement sur ma séparation d’avec Julian. Bien que j’en étais l’instigatrice, ça me faisait tout de même mal d’y penser. Je savais que Julian m’en voulait terriblement et qu’il lui faudrait du temps pour passer par-dessus tout ça et même peut-être me pardonner un jour mais au fond de moi, j’espérais vraiment que l’on retrouve notre amitié d’avant. Rien n’indiquait avant mon départ qu’il avait l’intention de me faire la guerre au tribunal, de toute façon, je lui laissais tout, je ne voulais rien.

- Et toi ? Tu t’en sors avec les parents de Peyton?

Les revendications des parents de la défunte chanteuse défrayaient souvent les manchettes et, à mon humble avis, ils se couvraient de ridicule plus que d’autre chose. Ça se voyait, gros comme le nez au milieu du visage que tout ce qu’ils voulaient était de l’argent et de l’attention.

Nous menions chacun de notre côté, différent combat mais aujourd’hui, nous devions nous unir si nous voulions survivre aux rebelles qui nous avaient capturés. Peut-être qu’en mordant la corde je serais capable de libérer Howard de ses liens et il pourraient ensuite me délivrer moi ? Tant que je ne le mordais pas pendant l’effort, ça devrait aller. D’ailleurs, j’avais impressionné Howard qui avait eu la trouille en voyant le rebelle me soulever pour m’amener.

- J’crois que j’ai dû encaisser quelques commotions en peu de temps. J’ai de la chance si je n’ai pas subit de traumatisme crânien.

Un examen en profondeur sera de mise, enfin, si on sortait d’ici libre et en un morceau. Quoi qu’il en soit,  nous ne pouvions pas rester là sans rien faire. Avant même qu’on l’on tente un truc, la porte de la cabane s’ouvrit et un homme s’approcha de nous avec un bol de bouillie de riz et une gourde d’eau dans les mains. Il déposa notre pitance au sol en nous baragouinant un truc du genre ’’essayez de rester en vie jusqu’à la nuit prochaine’’. C’était un code ? Une charade ? Il y avait quelque chose à deviner ? Peu m’importait, je fixais le bol avec autant de dégoût que d’appétit ! M’en fichais que ce soit de la tortue vapeur sur du riz sans saveur, j’en voulais.

J’aidais Howard à manger en premier parce qu’avec mes poignets liés, si je tenais le bol entre mes paume, je risquais de me le vider dessus avant même que j’ai pu y coller les lèvres puis ça serait mentir que de dire que je ne voulais pas qu’on test avant moi ce plat atrocement grisâtre. Je regardais attentivement les traits d’Howard qui prit une première bouchée. Il disait que c’était mangeable et ça me suffisait alors, quand il prit le bol pour m’aider à son tour, je me sentie assez brave pour y goûter. Comme il le disait, tant que ça nous faisait tenir, c’était tout ce qui comptait.

- Mangeable mais pour le goût, on repassera… Je n’ai aucune idée de ce que c’est mais j’en commanderai pas au restau du coin alors il peut bien garder sa recette.

Comme s’il y avait un Canter’s Deli à deux coin de rues d’ici !

Une bouchée c’était suffisant, je préférais nettement boire et heureusement, l’eau dans la gourde était fraiche et bonne. J’en bu de grandes gorgées, partageant équitablement avec Howard.

Ne nous restait plus qu’à attendre demain, la nuit, comme nous l’avait dit l’homme. Je me recroquevillais au sol, ma tête sur les cuisses d’Howard en me questionnant sur ce qui se passerait demain, la nuit. Est-ce que nous serions conduis ailleurs pour être vendu ou bien libérés parce que nos familles respectives avaient payés une rançon ?  Serions-nous torturés ou tués ? Un cinéma en plein air comme le proposait Howard ? Tout se pouvait mais rien ne me semblait être notre issue. Je dû finir par m’endormir, comme ça, la tête sur les cuisses d’Howard et le reste de mon corps sur la terre battue et froide car quand j’ouvris les yeux, le soleil filtrait au travers des branches de notre cabane. Je chuchotais mon nom et des choses que je savais par cœur, comme si je voulais m’assurer que dans l’eau de la veille, ils n’avaient pas mit quelque chose qui nous aurait rendu amnésique. Je proposais un jeu stupide à Howard, celui d’essayer de deviner ce à quoi nous pensions mais on cessa vite parce qu’on ne pensait qu’à la bouffe et que ça ne nous rendait pas tant service. Ma jambe me faisait de plus en plus mal et je m’en inquiétais de plus en plus. Ça ressemblait à une infection mais je n’avais pas vraiment de plaie alors, je ne comprenais pas comment cela pouvait être possible. Peut-être que finalement, j’aurais dû persister avec la médecine plutôt que le droit des affaires !

Je sursautais quand on me secoua. Je m’étais endormie ?  Il faisait noir et un homme, celui qui nous avait nourrit la veille, venait de couper la corde qui me ligotait au niveau des poignait puis il fit de même avec mes chevilles et passa à Howard. On se regarda tous les deux sans comprendre avant que l’homme, dans son anglais plus qu’approximatif, ne nous indique la direction à prendre.

- Par-là, toujours tout droit. Puis traversez la rivière et suivez le nord jusqu’à la ville.

Qu’avait-il a gagner à nous libérer ? je n’en avais aucune idée mais cela n’avait aucune importance ! Nous étions libres et nous n’avions pas une seule seconde à perdre à remercier le rebelle qui venait de trahir les siens. J’attrapais le bras d’Howard et, aussi rapidement que nous le pouvions dans notre condition, on suivit la direction qu’on nous avait pointé pendant de longues heures, jusqu’à se demander si nous étions sur le bon chemin, jusqu’à ce que le soleil se lève et qu’enfin, au travers arbres et arbustes, on entrevois la rivière. Belle et sinueuse, j’en avais les larmes aux yeux. Peut-être que nous avions une véritable chance de s’en sortir.

Je me laissais tomber au bord de l’eau et je m’aspergeais le visage deux ou trois fois puis je me frottais les bras et la nuque. C’était bon !

- On va s’en sortir, Howard !

Nous n’avions pas fait tout ce chemin pour repartir à zéro, je refusais de le croire ! Je me redressais sur mes genoux et, comme il l’avait fait avant de retourner dans l’avion, je pris le visage d’Howard entre mes mains et je l’embrassais.

Si J’rigolai un p’tit peu quand Livia déclara que c’était pas tellement excitant de coucher dans une foutue cabane surveillée par des rebelles. Bien qu’en y repensant elle avoua que ça ferait quand même un bon scénario de film porno. Haaan. Mais ouuuais !

-Han… Faudra que j’propose l’idée à des connaissances qui bossent dans le porno. J’demanderais des royalties comme ça…

J’sais pas pourquoi mais là, tout de suite, ça m’semblait être l’idée du siècle.

N’empêche que même avec des rebelles dehors, j’me serais sans doute pas gêné si j’avais pas été à la fois nauséeux et attaché.

Livia et moi, on pouvait pas s’empêcher de rêver à notre retour. De ce qu’on allait faire et tout. Mais c’est Livia qui donna une grosse touche de réalité crue à tout ça en parlant des cauchemars qui allaient sûrement nous hanté quand on rentrera. J’avais encore en tête la vision des cadavres des deux pilotes… J’crois pas que j’arriverais à me l’enlever de la tête de sitôt. J’crois que de toute ma vie, j’ai jamais vu pire comme image. Du coup, l’idée qu’on puisse se soutenir, elle et moi, me faisait pas mal de bien. Même si ça reviendrais à passer tous les deux par des nuits d’insomnies. Mais bon… J’saurais comment combler le temps si ça nous arrivait. Et j’rigolai quand Livia déclara qu’on ne voudra sans doute plus jamais dormir si on commençait ce p’tit jeu-là.

-C’est vrai…

J’me mis à rêver un p’tit peu quand elle parla de son nouveau domaine. J’me voyais bien y aller souvent. Elle voyait aussi bien son beau-père y venir souvent avec son p’tit frère et sa p’tite sœur vu que, apparemment, il comptait déménager à Los Angeles. L’avait raison. Tijuana c’est un peu la zone. J’avais envie de rencontré le fameux Enrique. Livia m’en avait déjà parlé plusieurs fois et ça avait l’air d’être un type cool. Livia était sûr qu’il m’aimera bien et elle affirma qu’il savait jouer de la batterie. J’souris.

-Cool. On pourra jouer tous les deux. J’pourrais lui apprendre quelques trucs.

L’idée me plaisait assez bien, en fait. Et j’m’y raccrochait un p’tit peu. En fait, j’me raccrochait à tout ce qui me donnait un avenir loin d’ici.

On parla un p’tit peu de son divorce qui, visiblement, se fera à l’amiable. Et mon visage s’assombri un p’tit peu quand Livia demanda comment, moi, ça allait avec les parents de Peyton. Ils voulaient absolument faire en sorte d’obtenir la garde de Pen et Phénix en montrant à la justice à quel point j’étais irresponsable… Alors que les gros irresponsable c’était eux. Suffisait de voir comment ils avaient traité leur propre fille. J’soupirai.

-J’ai gagné une bataille… Mais ils m’ont déclaré la guerre et ils cherchent un moyen d’obtenir la garde des jumeaux… Heureusement, j’ai un bon avocat. J’ferais tout pour qu’ils ne gagnent pas.

Même une cure de désintox’ ? L’idée m’effleura l’esprit… Comme si mon cerveau fiévreux cherchait à m’envoyer un message. J’pensais brièvement à Jack avant de secouer la tête. C’était pas vraiment l’moment de pense à ça.

On avait encore des affaires à régler à Los Angeles, Livia et moi mais avant fallait revenir à L.A.. Pour ça, on chercha à délier nos liens mais y’avait aucun doute que nos dents suffiraient pas. Ce qui nous fit revenir à ce qu’il s’était passé plus tôt quand Livia avait mordu le rebelle. L’avait pris un sacré coup dans l’aventure ce qui rajoutai une commotion à sa commotion. J’pris un air compatissant.

-J’espère que ça ira pour ta tête quand même…

Parce que ça rigolait pas les coups à la tête. J’en avais déjà eu mais pas autant que Livia en si peu de temps. Quoi que… J’avais déjà fait des matchs de boxe… Dont un où j’avais fini avec une commotion qui m’avait envoyé à l’hôpital. A croire que Livia a la tête plus dur que moi.

Peu après, un des rebelles vint nous donner à manger et à boire en baragouinant des mots qui faisaient sens sans faire sens. On essaya de décrypter avant d’nous concentrer sur la bouffe. Fallait qu’on mange même si ça avait pas fort l’air appétissant. J’mangeai quelques bouchées déclarant le plat mangeable. Livia fit de même et semblait pas forcément aimé ça… Ouais… C’était pas de la haute gastronomie. J’rigolai un p’tit peu.

-Ouais… Vivement qu’on rentre à L.A….

Et qu’on se le fasse ce McDo.

On but quelques gorgée d’eau ce qui, là, nous fit quand même pas mal de bien.

Après quoi, fallait attendre le lendemain soir… On savait pas ce qui allait se passer mais j’me questionnai quand même. Pouvait se passer n’importe quoi… Positif ou négatif. Et j’pensais à tout ça tout en caressant les cheveux de Livia. Ils étaient sale. Un mélange de crasse, de sang et de transpiration. Les miens étaient pas dans un meilleur état. J’finis par sentir qu’elle s’endormait et j’la suivis un peu après même si ma nuit à moi fut assez chaotique. La fièvre m’empêchait de bien dormir ainsi que cette toux. Mes poumons s’obstruaient de plus en plus souvent et mon inhalateur commençait à dangereusement ce vider.

Le matin, j’me réveillai un p’tit peu avant Livia. J’bougeai pas pour qu’elle puisse encore profiter de quelques minutes de sommeil avant qu’elle n’ouvre les yeux. J’avais les yeux à moitié ouvert mais j’souris quand Livia lança son nom comme si l’avait eu peur d’avoir perdu la mémoire. C’était pas l’cas visiblement. Par contre, sa jambe avait un aspect de plus en plus inquiétant… Elle avait mal. Ça se voyait.

On joua à un p’tit jeu pour se tenir éveillé. Le but était de savoir ce que l’autre pensait mais on finissait par penser qu’à la bouffe alors on abandonna… Finalement, Livia s’endormit à nouveau au cours de la journée alors que, moi, j’tentais de garder les yeux ouvert… Mais… Après un moment, j’avais de plus en plus de mal à savoir si j’étais réveillé et que j’délirais ou si j’dormais et que j’rêvais. En tout cas, par moment, mon esprit divaguait… J’crevais de chaud… Puis, j’crevais de froid… Plus rien n’allait. Ma respiration, elle était sifflante. J’devais aller chercher loin pour avoir de l’air et, alors que le soleil commençait à disparaitre, j’pris la dernière bouffée d’inhalateur. De quoi me permettre de dormir un peu… Parce que dès que j’eus assez d’air, mon corps en profita pour se reposer.

Et j’me réveillai que quand Livia sursauta. L’homme était là. Celui d’hier. Il nous détacha. J’pensais que j’délirais mais plein de trucs me prouvait que tout ça était bien réel. J’fixai Livia me demandant ce qu’il était en train de foutre. Il nous donna alors de indications.

Tout droit.

Rivière.

Nord.

Ville.

Ville ! Il parlait d’une ville.

J’savais pas pourquoi il avait fait ça… Mais très vite en s’enfui du camp. J’savais pas où j’avais trouvé la force de m’lever et de fuir. P’t-être l’impulsion de Livia qui m’avait tiré par le bras. Bientôt, on à nouveau livré à nous même dans la forêt à marcher vers cette foutue rivière.

J’crois pas qu’on marchait si vite… Livia peinait avec sa jambe qu’à a moi, j’avais l’impression d’être un zombie et que chaque pas était un énorme effort. A un moment, on s’est même demandé si on était pas simplement perdu.

Puis… Au p’tit matin… Y’eus la rivière.

Livia hésita pas. Elle se laissa tombé devant la rivière pour s’aspergé d’eau. Moi, malgré le soleil qui réchauffait la jungle, j’frissonnai trop que pour avoir envie de toucher l’eau. J’me laissai tomber assis à côté de Livia. J’souris… On était sur le bon chemin.

Mais il restait encore beaucoup de chemin ?

C’était ça la question. Et ma respiration était de plus en plus sifflante.

-On va s’en sortir, ouais…

J’soufflai ça avant de regarder mes doigts… Les bouts étaient bleus. J’savais que c’était pas bon signe. Me fallait de l’air. J’en avais plus… Mais la ville était pas loin. J’regardais autour de nous. J’étais pas sûr de pouvoir me relever… Sur le coup, j’me disais qu’le mieux était que Livia aille toute seul vers la ville et m’ramène des secours… C’était l’abandonner… J’devais pas faire ça…

Et j’revins sur cette idée quand elle m’embrassa. J’fermai les yeux jusqu’à-ce que le baiser se brise. Mon front fiévreux était contre celui de Livia. J’avais les yeux à moitié ouvert.

-Plus qu’à savoir où est le nord… Il est où le Nord ?

J’crois qu’on pouvait déterminer ça avec le soleil mais j’étais pas sûr de pouvoir savoir le faire…

-Y’a un p’tit pont un peu plus bas.. J’l’ai vu… On pourra traversé la rivière par là…

C’était un p’tit pont de fortune mais c’était toujours mieux que de traversé la rivière à la nage… Même si j’avais aucune idée de la profondeur, en fait…

J’étais toujours assis à terre.

-J’ai plus rien dans mon inhalateur… Mais… J’peux pas t’laisser toute seul… Mais… On devrait faire une pause, j’crois…

En réalité, j’savais que faire une pause était la pire des idées… Le mieux était d’aller de l’avant… Si j’attendais, ça sera juste pire, en fait…

-Ou pas… J’sais pas… Il est où le Nord ?

J’me rendis pas compte que j’avais déjà posé la question, en fait.

Dans cette cabane faite de branches, de boue et de mousse, nous n’avions rien de mieux à faire que de dire tout ce qui nos passait par la tête. Je crois que c’était un peu une façon de ne pas trop perdre le nord et de céder à la peur. Nous parlions de sexe, de bouffe, de nos enjeux respectifs, un e conversation que nous aurions pu avoir autour du bière mais au lieu de ça, nous étions ligotés et nous crevions de faim. Il jouait dans mes cheveux de temps en temps, parfois, avec mes poignets liés que je tenais remonté à la hauteur de mon visage, je caressais son genoux alors que ma tête reposais sur ses cuisses. J’avais cruellement besoin de ce contact, que ce soit dans mes cheveux ou sur sa jambe, simplement pour sentir que nous étions ensemble et que l’on ne se laissait pas tomber.

Parfois, ma tête menaçait d’exploser. Déjà à cause du coup pendant le crash puis celui du rebelle qui s’était vengé en me frappant sur ma blessure parce que je l’avais mordu pour me défendre. Si ma tête me faisait vraiment mal, ce n’était rien à comparer ma jambe dont la couleur de l’ecchymose était impressionnante et elle était enflée ! Mon mollet me donnait l’impression d’être de la même grosseur que ma cuisse. Malgré tout, c’était le dernier de mes soucis. Tout ce qui m’importait était de sortir d’ici vivante. Il serait encore temps plus tard de soigner nos bobos.

Parfois, quand tout devenait tranquille, je me perdais dans mes pensées. Je me demandais si à Los Angeles ils savaient pour nous et si oui, est-ce qu’ils nous considéraient comme mort ou bien ils gardaient l’espoir de nous retrouver en vie ? Je pensais à Jess ma meilleure amie et à ma mère et mon père. Puis je pensais aussi à Julian. Mes sentiments pour lui n’étaient plus ceux qu’il aurait souhaité mais ce n’était pas pour autant que je ne me souciais plus de lui. Est-ce qu’il était triste de me savoir possiblement morte ou est-ce que, dans les circonstances, la nouvelle le laissait indifférent ? Puis Jimmy ? Non lui, il devait boire son whisky en roulant des yeux devant le chagrin de ma mère.

Un rebelle nous avait apporté à manger et à boire et nus avait laissé avec une recommandation que nous n’arrivions pas vraiment à décoder. Il avait dit que nous devions tenir bon jusqu’au lendemain, la nuit mais pour quelle raison ? Que se passerait-il le lendemain, la nuit ? On le su que lorsque cette fameuse nuit vint et qu’il nous libéra de nos liens avant de nous laisser filer avec une direction à suivre. C’était peut-être un guet-apens mais je n’en avais rien à foutre. Douleur ou non, j’avais attrapé Howard par le bras et nous avions déguerpis aussi rapidement que nous le pouvions, dans le noir, sans regarder derrière même si parfois, on se demandait si nous ne nous étions pas trompés de chemin quelque part. Elle était où cette putain de rivière ? !

Au petit matin, on la trouva. Elle était là devant nous, sinueuse et elle me semblait interminable. Je me laissais tomber à genoux et j’y plongeais les mains pour m’asperger d’eau. C’était indescriptible comme effet. Ça faisait tant de bien que de pouvoir me rafraichir et me laver, au passage. J’embrassais impulsivement Howard, heureuse de ce regain d’espoir significatif que la vie et le rebelle ayant trahi les siens, nous offrait.

- Le Nord…

Je dû me ressaisir pour retrouver ma capacité de réfléchir. Je regardais ma montre dont le cadran était cassé mais les aiguilles tournaient toujours. Je me rappelais alors une notion apprise en classe, je m’en souvenais, il me fallait juste un peu de temps pour me situer.

- La petite aiguille pointe vers le soleil donc… l’axe entre la petite aiguille et le chiffre douze pointe le Nord. C’est par-là !

Et non loin de là où je pointais, Howard me fit remarquer qu’il y avait un petit pont pour traverser la rivière. Si ça ce n’était pas de la chance, je me demandais bien ce que c’était ! Mais notre chance n’était pas infinie parce qu’Howard n’avait plus d’inhalateur et qu’il peinait à respirer. Il voulait que l’on fasse une pause alors que moi, je préférais que l’on traverse au moins le pont et que l’on se cache dans la forêt. Si les rebelles remarquaient notre absence, il était fort à parier qu’ils se mettraient à notre recherche. Je comptais sur le fait que sauf pour notre sauveur, aucun d’eux ne semblaient s’être soucier de nous.

- Je te propose de traverser le bon et de nous cacher au travers des arbres pour nous donner une petite chance de ne pas se refaire prendre par les rebelles. Tu pourras te reposer et à l’ombre, ce sera peut-être plus facile de respirer que sous le chaud soleil.

Je passais ma mains sur le front bouillant d’Howard quand il me demanda à nouveau où était le nord.

- Attends.

Je retirais mon t-shirt et je le plongeais dans la rivière. Une première fois pour en retirer un maximum de sang sécher et de poussière puis encore pour bien l’imbiber. Je le tordis et je l’enroulais autour de la tête d’Howard pour le rafraichir. Je portais ensuite mes mains en coupe dans la rivière pour en recueillir un peu d’eau que je laissais culer dans son dos.

- Je sais qu’avec ta fièvre, c’est pas l’effet que tu espère mais ça va aider à la faire baisser un peu.

Je répétais l’opération à quelques reprises avant de l’aider à se lever et de nous faire traverser le petit pont. Chaque pas menaçait de le faire s’écrouler et moi qui n’aimais pas plus que ça d’avoir le vide sous les pieds, j’avais grincé des dents le temps de la traversée qui m’avait semblé durée une éternité. On marcha dans la forêt quelques minutes, peut-être plus, difficile à dire, avant de trouver ce qui semblait être la cachette parfaite. Un arbre immense était tombé et reposais à moitié sur une grosse roche. Avec les années, la végétation avait poussé sur le tronc et s’était étendu jusque sur la roche ce qui donnait l’impression d’une alcôve de fortune et avec les herbes haute au sol juste devant, ça camouflait l’entrée.

C’est là qu’on se reposa jusqu’au lendemain matin, jusqu’à ce qu’un insecte disproportionné ne me grimpe sur la jambe et me fasse sursauter.

- Eurk !! Eurk !! Ok ! Non… On se met en route, tu es ok pour marcher ?

De toute façon, avec ce que le rebelle nous avait dit, la ville ne devait plus être si loin. Du moins, je m’en croisais les doigts. Il fallait le faire. Il fallait donner ce dernier coup d’énergie pour atteindre cette foutue ville et se faire aider. À chaque pas je me répétais ’’encore un, tu peux le faire’’. À chaque fois que je trébuchais je me disais ’’ne lâche pas, tu y es presque’’. Je me soutenais à Howard autant qu’il se soutenait à moi et le soleil perdait en altitude comme notre motivation.

Puis…

On stoppa net tous les deux.

Parce qu’il n’y avait plus de chemin devant nous mais un immense pente abrupte qui n’invitait pas trop à la descendre et parce que devant nous, il y avait de la civilisation ! Ce n’était pas la ville comme nous la connaissions à Los Angeles mais c’était bien celle que nous rêvions d’atteindre. Je restais immobile à la contempler, sans savoir comment l’aborder. Je glissais ma main dans celle d’Howard avant de le regarder.

- On va rentrer à la maison.

Si La rivière était bien là… L’type avait pas menti même si j’savais absolument pas ce qui l’avait poussé à nous aider. P’t-être qu’il était fan ? Qui sait, après tout ? Quoi qu’il en soit, on était bien sur la bonne voie.

Restait à trouver le Nord… J’avais aucune idée d’où était se foutu Nord et j’étais pas en état pour réfléchir à comment le trouver. Toutes mes forces étaient utiliser à essayer de respirer et à marcher. C’est tout… Mon cerveau grillé par la fièvre n’arrivait plus spécialement à fonctionner comme il faut. Heureusement qu’il y avait Livia pour me raccrocher à la réalité par ses baisers et ses paroles.

A ma question, Livia répondit en parlant de la p’tite aiguille. Elle regarda sa montre. J’arrivais pas à bien comprendre… J’étais vraiment trop à l’ouest. Et quand elle pointa le Nord, je regardais vaguement.

-Oh ! Ok… Ouais… C’est logique.

J’la croyais sur parole… J’fis remarquer qu’il y avait un pont pas très loin de nous. Ça nous permettra de traverser la rivière. Sauf que… J’me sentais pas la force, là toute suite, de me remettre en route. J’frissonnai et j’avais la tête qui tournait à cause du manque d’air. Mais Livia proposa qu’on s’arrête pas tout de suite et qu’on traverse le pont pour aller s’cacher dans les arbres pour pas s’faire reprendre. Là-bas, y’aura plus d’ombre. J’hochai de la tête. J’savais qu’elle avait raison.

-Ouais… T’as raison… Si on s’faire reprendre on retournera à la case départ et là…

J’achevai pas ma phrase. Si on s’faisait ravoir par les rebelles, j’savais que j’allais pas survivre. J’le sentais au fond de moi. Sans mon inhalateur, j’allais finir par crever de manque d’air tellement mes poumons seront obstrués.

J’demandai à nouveau où était l’Nord alors j’divaguais oubliant complètement que Livia venait de répondre à cette question, y’a même pas quelques secondes… J’frissonnai un p’tit peu plus quand elle passa sa main mouillé sur mon front. L’était toute froide sa main. C’était à la fois agréable et désagréable.

Livia finit par retirer son t-shirt. J’la regardai, les yeux à moitié ouvert, le tremper dans la rivière. Mais j’finis par gémir de protestation quand elle enroula le t-shirt mouillé autour de ma tête.

-C’est froid…

C’est ce que j’gémis alors qu’elle me fit carrément sursauter et protester quand elle fit couler de l’eau dans mon dos. C’était super froid mais d’après Livia, ça allait agir contre la fièvre.

-Un lit… C’est ce qu’il me faut… Et des médocs aussi… Les médocs c’est efficace.

Mais on avait pas de médocs… Juste de l’eau froide. Livia m’en passa sur le dos plusieurs fois ainsi que sur le front avant de m’aider à m’lever. Une fois sur mes deux pieds, j’trouvais la force de marcher. L’eau froid avait un p’tit peu remis mes idées en place même si j’avais toujours du mal à trouver mon souffle.

On traversa l’pont tant bien que mal. J’crus plusieurs fois qu’il allait cédé mais ce fut pas l’cas. Après quoi, on marcha un peu dans la forêt vers le fameux Nord jusqu’à trouvé un abri pour se reposer. On s’y installa et, malgré les quelques insectes qu’il y avait là, j’me mis à somnoler pendant des heures. Livia avait un peu fait baisser la fièvre mais le manque d’oxygène faisait que j’délirais quand même de temps à autre alors que j’demandais souvent si on était sur le bon chemin ou si on était encore avec les rebelles ou bien si on était carrément encore dans l’avion.

Plus rien n’allait… Mais le fait est que le lendemain matin, j’étais toujours vivant… A bout de souffle mais vivant et c’était aussi l’cas de Livia qui s’écria quand un gros insecte lui monta dessus. J’sursautai avant d’ouvrir de grands yeux face à l’insecte.

-Haaan, l’est méga énorme ! Il va nous bouffer. T’as raison, faut qu’on s’casse et vite ! J’veux bien marcher. J’préfère marcher que d’me faire manger tout cru par des insectes mutants…

A s’rythme-là, j’allais finir dans l’monde imaginaire de Nathan et Kenzie…

On s’leva et on se remit à marcher. Livia trébucha de temps en temps. J’l’aidai chaque fois tant bien que mal à s’relever… Mon cerveau était en pilote automatique. J’réfléchissais plus… Jusqu’à-ce qu’on stoppe tout les deux devant ce qui s’étendait devant nous.

Une ville.

La fameuse ville tant promise.

L’était là.

Ou, j’délirais… J’savais pas trop en fait.

Livia pris ma main dans la sienne et elle souffla qu’on allait rentré à la maison.

J’en revenais pas…

-Ouais…

C’est ce que je soufflai à la fois soulagé et à bout d’force.

-On va rentrer…

Fallait juste atteindre la ville. Un dernier p’tit effort Howard… Un tout dernier.

J’me mis à descendre tenant toujours Livia par la main. C’était raide… Et, à un moment donné, j’perdis mon équilibre au point que j’finis par dévaler la pente entrainant Livia, que j’tenais par la main, dans ma chute. J’sais pas combien de tonneau j’ai fais avant d’arrivai au bout de la pente couché sur le ventre et donné par tous les bleus que j’devais avoir chopé au passage.

On avait soulevé de la poussière. De la poussière qui m’fit tousser. J’lançais alors d’une voix faible essayant de rester conscient.

-Livia… Ça va ?

J’arrivai pas à parler fort… J’arrivais pas à me rendre compte non plus que notre chute avait attiré l’attention de gens qui étaient pas loin et qui ne tardèrent pas à accourir à notre rescousse. Ce qu’on savait pas Livia et moi c’est que, depuis notre disparition, nos photos passaient partout sur les télévisions du pays. Et que, donc, les habitants étaient bien conscient qu’on était portés disparus.

J’entendais des gens baragouiner. L’un d’eux s’était approché de Livia. Il semblait parlé anglais.

-Livia ? Vous êtes Livia et Howard Stone ? Les deux stars ?

Ouais… C’était nous… Ils nous avaient reconnu. Un s’était approché de moi et baragouina un truc. J’compris pas… J’voyais flou… Mais j’avais bien compris qu’on allait être sauvé. Et c’est sans doute ça qui fit que, finalement, mon corps s’détendit au point que j’perdis connaissance.

Nous étions tous les deux à bout de force mais il était hors de question d’abandonner. Je refusais de croire que nous avions survécus à un crash d’avion et à un kidnapping de rebelles pour mourir d’épuisement sur le bord d’une rivière. Nous devions continuer de nous battre contre les profondeurs de l’Afrique, contre la douleur et contre la fièvre. Je n’avais que les moyens du bord pour tenter de faire descendre la fièvre d’Howard, sachant que cela ne serait jamais suffisant. Je devais tout de même tenter et c’est en retirant mn t-shirt et en le passant dans l’eau froide de la rivière que j’essayais. Il n’aimait pas ça, il disait que c’était froid, preuve que son corps était bouillant.

- Ça ira mieux après, je te le promets ! Et tu pourras dormir dans ton lit douillet et tu auras tous les médocs que tu auras besoin. Ça aussi, je te le promets.
-
J’étais prête à lu promettre la lune s’il n’abandonnait pas.

- Puis tu me dois une orgie de McDo, souviens-toi !

Je lui laissais le temps d’absorber le choc de différence de température avant de l’aider à se lever et de nous diriger vers le pont que l’on traversa en craignant à chaque nouveau pas, qu’il ne cède sous notre poids. Ce fut quand miraculeux qu’on parvienne de l’autre côté. Après ça, il fallait encore tenir bon, le temps de trouver un endroit pour se reposer, qui serait à l’abri de tout ce qui pourrait encore nous tomber dessus.

Plus nous marchions, moins j’avais de force et moins j’avais de force, plus mes pensées se faisaient sombres. Il fut plus que temps que l’on arrête, sous une souche bien dissimulée derrière de hautes herbes. Je m’étais appuyée contre Howard, espérant que nos corps l’un contre l’autre aideraient à ce que l’on crève pas de froid. C’est plutôt d’une crise de cœur que je passais près de mourir quand au matin, je me fis réveiller par l’insecte le plus énorme et dégueulasse que j’avais jamais du de toute ma vie. Howard était bien d’accord pour que l’on déguerpisse de là avant que l’on ne devienne le goûter de l’insecte.

On marcha encore.

Longtemps.

Tellement longtemps que je me disais que j’avais probablement marché plus ces derniers jours que dans toute ma vie. J’allais avoir des cuisses ultras musclées après ça ! Probablement des pieds en bien piteux états aussi. Plus jamais de ma vie je ne marcherai autant. J’allais faire la grève de la marche. Je me déplacerais en fauteuil roulant ou bien je me ferais porter, j’avais le droit d’être capricieuse un peu après tout ça, non ?

Mon souffle coupa net quand on passa près de tomber alors que la foret venait d’abruptement disparaitre de notre champ de vision, laissant place à la ville. Loin de ressembler à Los Angeles, ce qui se dressait en contre-bas n’avait rien à voir avec les petits villages que nous avions visités et ce n’était clairement pas un campement de rebelles.

Je glissais ma main dans celle d’Howard puis lentement, de toute façon nous n’aurions pas su aller plus vite, on entreprit de descendre la pente beaucoup trop abrupte pour nos frêles jambes de Bambi. Ce qui devait arriver, arriva. On tomba et on dévala la pente en se prenant des coups, comme si nous n’en avions pas eu assez. Je fus freinée dans ma roulade de l’enfer par le corps d’Howard qui encaissait, lui aussi, notre chute. Il me demanda d’une voix faible si ça allait.

- Non… Mais oui…

Avant la chute, je n’aurais pas cru que je pourrais avoir encore plus mal au corps que je n’avais mal mais il semblerait que je n’étais pas au bout de mes surprises. Je soulevais ma tête et regardais autour de moi. Des gens s’approchaient de nous. C’était probablement le contre-coup des derniers jours mais je me méfiais. J’avais peur, la fatigue et la douleur n’aidaient pas à ce que je me sente en sécurité en voyant les gens approcher. Un homme qui parlait notre langue demanda si nous étions les deux stars. Il savait que nous venions au pays avec United For Youth ?

- Oui… Oui… C’est nous. Nous avons besoin d’aide, notre avion s’est écrasé.

Howard perdit connaissance à ce moment et je devins presque hystérique. J’avais peur de le perdre, ça ne pouvait pas arriver, pas après tout ce qu’on venait de vivre. Une femme m’encercla de ses bras pour me bercer et, même si je ne comprenais rien de ce qu’elle me disait, je sentais qu’elle voulait me réconforter. Je pleurais et je tremblais mais jamais je ne lâchais Howard des yeux pendant que d’autres, des civiles lui soutenaient la tête ou tâtaient son pouls avant que des secours arrivent.

On me fit m’allonger sur une civière et tout devint très calme.

Mes paupières papillonnèrent et tout était flou. Je dû refaire l’exercice deux ou trois fois avant que l’image ne se fixe et que je comprenne que j’étais dans une chambre d’hôpital. J’avais un poignet dans un plâtre, ma jambe gauche était immobilisée et surélevée et…

- Howard !

Il était dans le lit voisin du mien. Si je n’avais pas été branchée sur un moniteur et un peu attachée sur mon lit à cause de ma jambe, je me serais levée pour le rejoindre. Je ne savais pas s’il dormait ou bien s’il était inconscient mais juste de le voir me soulageait. Je reposais ma tête sur mon oreiller et de ma main libre, je remontais la couverture jusqu’à mon menton, me sentant plus légère et rassurée.

Je dormis ensuite. Je ne savais pas combien de temps mais il faisait noir dehors, quand j’ouvris les yeux et on nous avait installé la télévision dans notre chambre. Je ne comprenais pas ce que disaient les gens à l’écran mais je savais de quoi ils parlaient. On vit à l’écran notre avion calciné, il avait fini par prendre en feu, visiblement. Nos photos étaient en mortaises avant que, sur le plan suivant, on vit notre arrivés à l’hôpital. C’était étrange d’être spectatrice d’un moment de ma vie dont je n’avais pas souvenir.

Je tournais la tête, Howard était réveillé et ça me fit sourire.

- Salut, toi !

Je pris un temps fou mais je parvenue à me redresser dans mon lit. Ce n’était pas facile avec un poignet dans le plâtre, une jambe immobilisé et des douleurs musculaires sur mes muscles que je ne soupçonnais même pas avoir.

- Dis ? Est-ce que Mcdo fait de la livraison ?

Des promesses. Celle d’un lit et des médocs… Celle du McDo aussi… C’est des promesses qui m’firent tenir bon. C’est ironique, non ? J’étais prêt à croire toutes les promesses que Livia m’faisait alors que j’étais le mieux placé pour savoir que les promesses, ça s’tenait pas facilement.

J’étais l’roi des promesses non tenues.

Pourtant, j’y crus… Et je m’étais laissé faire même si j’protestais un peu quand Livia tenta de faire baisser ma fièvre avec les moyens du bord. Après quoi, on s’remis en marche jusqu’à trouver un endroit où se reposer. Quelque part où les rebelles auraient eu du mal à nous retrouver.

On y resta jusqu’au lendemain matin où Livia s’fit réveillé par un horrible et méga gros insecte. P’tain. Fallait faire attention. Cet insecte était sûrement un foutu insecte mutant qui pourrait transformer Livia en horrible créature… Ou en Spider-Woman… J’savais pas trop. Quoi qu’il en soit, cette vision d’horreur m’donna la force d’me relever et de marcher encore.

La marche fut longue… Très longue… J’pensais bien, à chaque minute, que j’allais m’écrouler là… J’savais quasi plus respiré. J’savais pas, en fait, comment ça s’faisait que j’arrivais encore à marcher. L’instinct de survie ? L’espoir ? Livia ? Sûrement un mélange des trois. Mais le fait est que tout ça nous fit tenir jusqu’à la ville qui finit par s’étendre à nos pieds. Littéralement à nos pieds vu qu’elle était juste en bas de la pente où on était.

J’crus un moment que j’délirais mais non… Livia voyait la ville aussi bien que moi. On avait atteint notre but. On allait rentrer chez nous. A la maison.

Fallait qu’on fasse les derniers mètres qui nous séparaient de la possibilité de rentrer chez nous.

Mais ces derniers mètres étaient en pente et, comme on était pas sûr sur nos jambes, on finit par trébucher et tout dévaler. Ce fut douloureux et j’sentis le corps de Livia heurter le mien alors qu’on finit en bas de la grosse pente.

J’crevais d’mal…

J’savais plus respirer.

Mais j’eus la force de demander à Livia si elle allait bien. L’allait bien. Mais elle allait pas bien…

J’vis des gens approcher… Ils parlaient la drôle de langue qu’on parlait ici. Un parla Anglais… Il savait qui on était. Ça m’surpris pas, en fait. J’me pensais connu méga partout dans l’monde. Même les rebelles avaient su qui j’étais…

Livia confirma que c’était nous… Moi, j’avais pas trouvé la force de répliquer et, finalement, mon corps me lâcha alors que je m’évanoui sur le sol en terre battue.

Ce fut l’trou noir… Vraiment noir… Celui où t’as l’impression de voyager entre rêve et réalité. Celui où on semble revivre sa foutue vie en accéléré. J’revins Roger, mon frère, avant qu’il ne parte au Vietnam. J’revins Sonny, l’jour où on avait volé la voiture de mon frère… J’revis ma première rencontre avec Amon… Mon premier concert… Ma rencontre avec Livia… Mon tabassage dans l’Eastside… Mon mariage avec Peyton… Le jour où Peyton est morte… Le jour où j’me suis retrouvé face à Ward au QG des New Soldados… Le crash de l’avion… Et encore plein d’autres choses qui, l’un à la suite de l’autre donnait un film qui n’avaient no queue ni tête…

Jusqu’à-ce que j’sortes de tout ça pour ouvrir les yeux doucement. J’avais chaud… Très chaud et j’étais relié à diverse machine. Ça m’impressionna pas… C’était pas la première fois que ça m’arrivait. J’étais relié à un baxter. Sûrement des antibiotiques… J’avais aussi des tuyaux dans le nez relié à l’oxygène.

Je gémis… J’avais l’impression d’avoir pris une grosse cuite…

J’tournai légèrement la tête. Livia dormait toujours. Mais l’était en vie. Et assez arrangé vu son bras dans l’plâtre et sa jambe surélevée…

Un type entra. Un médecin… Il parlait Anglais. Il disait que j’étais en sécurité. Qu’on l’avait échappé belle. Que j’allais m’remettre. Qu’on rentrera bientôt chez nous. Que nos entourages avaient été prévenus. C’était beaucoup d’infos mais ça eut l’don de me rassurer…

On était en vie…

Le médecin m’alluma la télévision… J’comprenais rien à ce qu’il se disait dedans mais c’était mieux que le silence. Puis, y’avait les images… J’comprenais les images… Et, à un moment, j’me vis même dans les images. Moi et Livia. Et l’avion aussi… J’eus un frisson en voyant la carcasse. Les souvenirs des pilotes morts étaient gravés dans mon esprit.

J’allais appeler une infirmière pour qu’elle éteigne la télé quand j’entendis la voix faible de Livia. J’me tournai vers elle. L’étais réveillée. Ça m’fit sourire.

-Hey… Livia…

Elle se redressa difficilement avant d’me faire un peu rire d’un rire rauque quand elle demanda si l’McDo faisait livraison.

-J’sais pas… Y’a des McDo dans s’pays ? On devrait p’t-être demander. L’médecin est sympa.

Ça m’faisait plaisir parce que, si Livia parlait d’McDo, c’est qu’elle allait bien.

-Parait qu’on l’a échappé belle. C’est l’médecin qui me l’a dit. Ils ont prévenu nos familles. On rentrera bientôt chez nous.  

J’toussai un p’tit peu avant d’esquisser un p’tit sourire.

-Rappelle-moi de plus jamais accepté d’partir dans des pays du même genre, ok ?

C’était clair que j’allais pas réitéré l’expérience de sitôt.

-Et… Merci… Sans toi, j’crois que j’serais mort.

Sans elle, j’aurais pas été jusqu’au bout.