Avec tout ce que nous avions passé au travers, il m’était difficile de dire depuis combien de temps nous étions à l’hôpital et depuis combien de temps nous dormions. Quand je me réveillais, Howard dormait et je me disais que ça devait être aussi le contraire, de temps en temps. L’étendue de mes blessures était impressionnante d’autant plus que je ne voyais pas tout mais déjà, de me réveiller et de constater que j’avais mon poignet droit dans le plâtre et que ma jambe qui avait été coincée par mon siège dans l’avion était surélevée dans une espèce d’atèle, c’était un peu effrayant.

Mais au moins, j’étais en vie.

Nous étions en vie et c’était bien tout ce qui comptait. Pour le reste, nous aurions tout le temps à notre retour pour récupérer physiquement et avec un peu de chance, mentalement. Je me demandais en regardant Howard s’il viendrait dormir chez moi finalement ou si ça n’avait été dit que pour avoir un but auquel se raccrocher. C’était tellement flou et abstrait ce qui se passait ou ce qui ne se passait pas entre nous deux que je ne savais vraiment pas quoi en penser.

Ça non plus, ça ne pressait pas.

À notre retour, nous aurions aussi le temps de nus démêler.

Quand mon regard croisa celui d’Howard, je lui demandais tout de suite s’il pensait que McDo livrait à l’hôpital. Ça le fit rire, et moi aussi mais pas aux éclats. Ça aurait été bien trop douloureux que d’éclater de rire. Il n’en savait rien mais comme le médecin était sympa, Howard croyait que nous pourrions le lui demander.

- S’Il est sympa, comme tu dis, il ira peut-être nous chercher des burgers lui-même si le restaurant ne livre pas.

Je refusais de croire qu’il n’y avait pas de McDo en Afrique. Il y en avait à tous les coins de rues chez nous, un truc de dingue ! Il pouvait donc bien en avoir au moins un près de notre hôpital, non ?

Howard me confia que nos familles avaient été prévenues et ça me fis tout drôle en dedans. Je n’avais pas envie d’être accueilli par Jimmy et comme je doutais qu’ils aient prévenu Enrique et que j’étais sur le point de divorcer de Julian, ça semblait être déjà mâché.

- Super, Jimmy viendra prendre son tour de gloire à l’aéroport.

Howard avait dû saisir tout le sarcasme dans ma phrase. Finalement, j’aurais peut-être dû crever dans cette forêt. Je n’avais rien ni personne qui m’attendais à la maison.

Je regardais Howard mais ne lui répondis pas tout de suite quand il me demanda de lui rappeler de ne jamais plus partir en voyage dans ce genre de pays et, avant que je ne lui réponde, il ajouta que sans moi, il serait certainement mort.

- Je repartirais n’importe quand et n’importe où si c’est avec toi. Tu m’as sauvé la vie je ne sais pas combien de fois et par autant de façon.

Ensuite, je fus encore bien fatiguée, peut-être était-ce tous les médicaments qui passaient dans mon sang pour soigner ma jambe ou simplement mon corps qui ne tenait plus après avoir été si longtemps sous l’effet du stress. Je soufflais un baiser à Howard et je fermais les yeux en espérant que la prochaine fois que je les ouvrirais, je serais dans mon lit et protégée par les bras d’Howard.