Nous étions à l’aube d’une nouvelle aire… Et j’avais bien conscience d’avoir largement loupé le coche !

Dans un mois, plus ou moins, The Army allait partir pour sa première tournée mondiale. Et c’était Danielel Ricci qui allait embarquer avec eux, pas moi. J’avais pourtant été sur le coup, j’avais parlé à Sniper, Nuts, Captain et Sherman… J’avais sorti mes meilleures cartes.

Mais il fallait se rendre à l’évidence, je n’avais pas le glamour et les paillettes qui semblaient émaner littéralement du jeune italien. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était réellement mieux placé que moi dans la hiérarchie de sa maison de disque. Il était peut-être le meilleur ami de Jimmy Reed, mais Jimmy n’était que le fils du magnat de BSC, Charles Reed.

Moi, j’étais le frère de Don Hughes. Donc, théoriquement, j’étais encore mieux placé, non ?

Je n’avais pas bien compris ce qui m’avait manqué. Peut-être quelques années de moins ? Si j’avais eu 25 ans et pas 30, The Army aurait peut-être signé avec moi ?

Je n’en savais rien. Et en plus, je me faisais du mal…

En effet, j’avais décidé de venir voir le concert du groupe. Leur dernier concert à L.A., au Crazy Ginger, avant de partir sur les routes.

Assis au bar depuis le début de la soirée, donc bien avant l’arrivée du groupe, j’avais commencé à enchaîner les Martinis, sans trop y faire attention, ne discutant avec le barman…

Puis la salle avait commencé à se remplir… A vraiment se remplir… Déjà, à L.A., tout le monde connaissait la musique efficace autant qu’émouvante de The Army. Tout le monde voulait les voir avant que les prix des places n’explosent sous le coup d’une célébrité future et quasiment garantie.

Je profitai du concert en buvant toujours autant… Oh, je ne cherchais pas à noyer ma frustration, quoi que… C’était surtout que je me laissais envoûter par la musique et la voix de Sniper qui parlait à l’âme des gens.

A un moment donné, alors que les gens autour de moi avaient les larmes aux yeux à cause de la chanson Back Home (en fait, j’avais les larmes aux yeux aussi, en pensant à Geordi qui était actuellement au Vietnam et risquait sa foutue vie tous les jours), je sifflai un autre Martini cul sec.

Cette chanson signait la fin du concert et j’avais dans l’idée d’aller féliciter personnellement le groupe et, peut-être dans un fol espoir, essayer de les attirer dans mes filets…

Penser ça alors qu’ils allaient partir en tournée dans un mois avec BSC signifiait que j’étais sacrément bourré.

Je titubai donc entre les gens pour aller dans les coulisses. En tant que manager, j’avais mes entrées et personne ne m’empêcha d’aller jusque dans les petites loges du Crazy Ginger… Le groupe n’était pas encore là… Enfin, c’était ce que je pensais mais en fait, ce que je ne savais pas, c’était que j’étais en réalité dans la loge de Daniele Ricci, qui était assez vaniteux que pour penser qu’il avait droit, lui aussi, à une loge, en tant que manager.

Je me laissai tomber sur la chaise devant la coiffeuse illuminée… Renversai ma tête en arrière et chantai doucement, pour moi seul…

-Bring the boys back home
Bring the boys back home
Don't leave the children on their own, no, no
Bring the boys back home…

Le Crazy Ginger était en feu ce soir avec le concert d’avant tournée de The Army ! On avait – enfin ! – eu l’accord pour cette foutue tournée même si BSC ne nous donnait que les moyens du bord pour la faire ! Mais je savais que The Army allait revenir grand vainqueur de cette tournée. Je le savais au plus profond de moi.

Aujourd’hui, ça sera l’échauffement. Le groupe était prêt et motivé. Il n’y avait aucune raison que ça se passe mal. J’étais sûr d’eux et, surtout, sûr de moi !

J’avais invité Victoria pour venir voir The Army du meilleur point de vue qu’il soit : sur le côté de la scène, un peu en retrait. Au Crazy Ginger, la scène n’était pas grande mais il y avait tout de même de la place pour nous deux… Enfin, nous trois vu que Victoria avait débarqué avec son frère… Ouais ! Et elle ne m’avait pas prévenue ! Non ! Elle avait débarqué, comme ça, avec le môme ! Son excuse : « Il a insisté et mes parents me l’ont refilé ». Putain, Vicky ! Tu aurais dû dire « non » à tes parents. C’est eux qui ont décidé de faire un second môme ! Qu’ils assument.

Mais ils n’avaient pas assumé alors, ma soirée romantique avec Vicky passait à la trappe. A la place, j’avais dû subir le concert avec un gamin de 9 ans qui – comble de tout – était une véritable pipelette ! Heureusement que j’avais le whisky et The Army ! The Army qui gérait sur scène ! Même si mon regard allait de temps à autre sur le public afin de voir leur réaction. Et j’étais vraiment satisfait. Les gens n’avaient d’yeux que pour le concert. Quant à Evan et consort, ils se déchainaient littéralement sur scène ! Je leur faisais, de temps en temps, des pouces levés afin qu’ils voient que j’étais totalement satisfait.

J’étais de plus en plus sûr que The Army allait tout déchirer en tournée et qu’à leur retour, ils deviendront un groupe incontournable au niveau mondial.

-C’est magnifique…, souffla Victoria quand The Army entama sa dernière chanson.

Une chanson qui toucha particulièrement le public. La guerre du Vietnam faisait rage et certains d’entre eux devaient avoir des proches sur le front. Ce que je trouvais génial dans la musique de The Army c’était sa capacité à rendre hommage aux soldats tout en dénonçant – quelque part – la guerre. C’était comme marcher sur un fil tendu mais ils arrivaient à faire ça à la perfection.

C’est pour ça que je savais qu’ils iraient loin. Ils avaient tout : le talent, la musique et les paroles. Je ne regrettais pas d’avoir fait des pieds et des mains pour les avoir de là même à coiffer d’autres managers plus expérimenté sur le poteau.

La chansons s’acheva et ce fut l’ovation. J’applaudis à mon tour alors que Vic The Menace profita de l’ovation de la distraction de Victoria pour se faire la malle. Quand Victoria s’en rendis compte ce fut le drame.

-Ne dramatise pas. Il ne doit pas être loin. On devrait en profiter pour aller se détendre dans ma loge et fêter ça, non ?, dis-je en haussant les épaules.

Elle me regarda comme si je venais de dire la pire connerie qui soit.

-Et le laisser tout seul dans ce bar ? Pas question ! Il pourrait se faire enlever!, dit-elle choquée par ma réaction.

Et alors? Bon débarras, non?

Mais Victoria s’en alla à la recherche du petit monstre blond. Je soupirai… Bon ! Ce n’est pas grave ! Je vais aller le boire, moi, ce whisky dans ma loge. Je quittai, donc, ma place pour aller me prendre une grande bouteille de whisky au bar. Au passage j’avais reçu les compliments de pas mal de gens ! Je sais ! The Army, ce sont les meilleurs !

Je suis le meilleur !

Après ça j’avais rejoint ma loge mais quand j’y entrais ce fut pour voir qu’un intrus avait pris place sur la chaise devant la coiffeuse. Il marmonnais les paroles de The Army. Et je reconnus assez vite qu’il s’agissait de Brent Hughes – frère de Don Hughes et manager de chez MTI.

-Qu’est-ce que tu fiches dans ma loge, Hughes ?, demandais-je en levant un sourcil, surpris de cette présence.

Sans doute était-il venu voir mon concert. Je savais que Don avait voulu engagé The Army mais le fait est que le groupe m’avait préféré à Brent. Normal ! Il suffit de voir mon charisme et celui de Brent. Il n’y a pas photo !

Je m’avançai un peu plus dans ma loge fixant le manager.

-Tu viens me dire à quel point The Army est bon et que tu râles de ne pas avoir pu les engager, c’est ça ?, dis-je avec un petit sourire en coin. Ou alors tu viens m’assassiner pour pouvoir les avoir pour toi ?

Je savais que Hughes n’allait pas m’assassiné. Je doutais que ça soit son genre. Mais j’aimais bien l’idée qu’il puisse être jaloux à ce point-là.

En tournant sur la chaise devant la coiffeuse de ce que je croyais être la loge de The Army, je chantais à mi-voix. Je n’étais pas meilleur chanteur que guitariste, malheureusement, sinon, peut-être que mon destin aurait été tout autre. Mais non, je n’étais pas artiste, juste manager… Mais j’aimais bien être manager… ça me permettait de rencontrer des gens.

Des gens bien ! Des artistes ! Tout ça me faisait triper à mort !

Et j’avais loupé The Army. Rien que d’y penser même dans mes brumes d’ébriété, j’avais… pas la haine… je ne haïssais personne… Non, juste cette impression de belle occasion vraiment manquée.

Si j’avais su pourquoi exactement The Army avait préféré Daniele Ricci, ça aurait été moins frustrant. Parce que j’aurais su comment m’améliorer. Mais là… C’était juste… Je crois… Un coup de cœur. The Army avait eu un coup de cœur pour l’Italien.

Tout ça, c’était juste pas de chance.

Soudain, j’entendis une voix derrière moi et sursautai.

Je fis brusquement pivoter le siège et mon coude envoya valser un verre vide qui trainait là et qui se brisa sur le sol.

-Et merde !

Je regardai les dégâts au sol, la main posée sur mon cœur. J’avais pas l’esprit tranquille, ou quoi ? Bon, ok, je n’avais rien à faire là…

Je fronçai les sourcils en regardant Daniele Ricci qui venait de débarquer. Et je lui répondis d’une voix pâteuse.

-Ta loge ? Je ne suis pas dans celle du groupe ?

Pui, les yeux vraiment dans le gaz.

-On a droit à une loge quand nos groupes jouent ?

Pourquoi je ne savais pas ça, moi, hein ?

Daniele se demandait, du coup, ce que je faisais là… Je n’osais pas me lever, j’avais l’impression que j’allais m’étaler à terre, si je le faisais.

J’appuyai fort de ma main sur mes globes oculaires.

-T’assassiner ? Naaan. C’est pas mon genre… Je venais féliciter The Army. Mais je ne savais pas que c’était ta loge.

Je souris puis ris.

-Et oui, je râle à mort. Tu as vu ce concert ? Tu as vu ce qu’ils ont fait ?! Putain, j’en aurais chialé quand ils ont fait la dernière chanson.

Je me penchai en avant et regardai Daniele dans les yeux.

-Comment tu as fait ? Qu’est-ce que tu as de plus que moi ?

Quand j’entrai dans ma loge, ce fut pour y trouver un intrus du nom de Brent Hughes. Mon entrée dû lui faire peur parce qu’il se retourna d’un coup en faisant pivoter le siège devant la coiffeuse faisant tomber, au passage, un verre qui se brisa au sol. Je roulai des yeux. Il savait que j’allais devoir payer ce putain de verre maintenant ?

Il jura avant que je ne lui signale qu’il était dans ma foutue loge. Mais lui pensait être dans la loge de The Army. Vu sa voix pâteuse et son regard dans le vide, il était clair que Brent Hughes avait dû boire un – ou trois – verres de trop. Tout ça me fit un peu ricaner. Il avait dû se mettre une mine en voyant à quel point The Army était bon. Je savais qu’il avait tenté d’être leur manager mais le groupe avait fait, finalement, le bon choix.

-Non. Tu es bien dans ma loge, confirmais-je.

Et, pour la cause, je me laissais tomber dans un siège vu que Brent ne semblait pas vouloir se lever tout de suite. Il semblait surpris qu’un manager puisse avoir une loge. Il était manager aussi mais il ne semblait pas avoir eu de loge à lui. Mon pauvre Brent – il faudrait déjà que tu ais un groupe digne de ce nom pour ça, or ce n’est pas le cas.

-Avec de l’influence et de l’argent on peut avoir tout ce qu’on veut, Brent, dis-je avec un petit sourire en coin. Etonnant que tu ne saches pas ça à ton âge.

Brent était un peu plus vieux que moi… Il devait avoir quoi ? 30 ans environs ? Quelque chose du genre.

Mais ça n’expliquait pas ce que Brent foutait ici. J’avais – en blaguant – demandé s’il était ici pour m’assassiner et me prendre, par là même, The Army. Je savais que Brent crevait d’envie de me les voler ou – du moins – il ruminait sûrement le fait d’être passé à côté de ce groupe en or.

Il affirma ne pas vouloir m’assassiner. A la bonne heure ! Il voulait simplement félicité The Army mais il s’était trompé de loge.

-Tu peux me féliciter aussi, tu sais, dis-je après avoir ricané.

Et il confirma qu’il râlait à mort parce qu’il avait bien vu que The Army était exceptionnel. Il affirma même avoir failli chialé sur la dernière chanson. J’étais assez fier de ça. De voir que Brent l’avait mauvaise alors que moi, j’avais The Army.

-Ouais, j’ai vu le concert. Et du meilleur point de vue qui soit, dis-je avec un grand sourire. The Army ira loin. Ils ont absolument tout. Tu aurais dû voir Victoria. Elle était totalement conquise. Qui ne l’était pas dans la salle ? Ils ont géré et, en tournée, ils gèreront tout autant !

J’étais fier de ce qu’ils avaient fait ce soir et j’étais fier que tout ça fasse râler Brent. Finalement, il avait bien fait de se tromper de loge. J’appréciais de le voir à la fois conquis par The Army et dépité parce qu’il n’avait pas réussi à les avoir.

D’ailleurs, c’est là-dessus qu’il me questionna. Il se demandait ce que j’avais de plus que lui. Il veut que je lui donne la liste par ordre alphabétique ? Parce que la liste est longue !

-Le charisme, entre autre, dis-je en regardant Brent droit dans les yeux. Puis, j’ai su leur parler. J’ai su trouver les mots pour qu’ils puissent entrevoir un avenir glorieux pour The Army. Je leur ai promis la gloire. Je leur ai promis des albums et des tournées. Et je l’ai fait en montrant que je pouvais, effectivement, arriver à leur avoir tout ça.

Et, pour le moment, j’étais en train de remplir mes promesse avec cette première tournée à venir.

-C’est une question d’attitude, Brent. Quelque chose qu’on a ou qu’on a pas. Je l’ai… Toi non, dis-je avec un petit sourire. Puis, j’ai l’âge d’Evan et des autres. Je sais parler leur langue. Tu es plus vieux et… Peut-être un peu trop conventionnel. Moi, je ne suis pas conventionnel. Je suis Daniele Ricci.

Voilà. En résumé c’était ça. Même si, en réalité, seul Evan et consort savaient pourquoi ils m’avaient choisi moi et pas Brent. Mais je pouvais facilement spéculer.

-Puis, ils ont peut-être pensé que tu es pistonné. Tu l’es ?, demandais-je moqueur.

J’avais pété un verre en me retournant, mais Daniele venait de me foutre une trouille bleue ! Il affirma, en grimaçant à cause du verre, que j’étais bien dans sa loge et pas dans celle de The Army.

-Merde…

J’éclatai de rire après avoir essayé de me lever, mais sans succès, retombant sur ma chaise.

-J’arrive pas à me lever…

Daniele prit alors un siège aussi. Oh ! Ok, ça me dérangeait pas de discuter un peu avec lui. Il était plus jeune que moi, mais apparemment, j’avais des choses à apprendre de lui, c’était indéniable. A commencer par savoir comment on arrivait à avoir une loge en tant que manager. Avec de l’influence et de l’argent, qu’il disait.

-Pfff… Deux choses que je n’ai pas.

Don avait de l’argent, mais pas moi… Pas pour des caprices de star, en tout cas. Et cette loge était bel et bien un caprice de star de la part de Daniele.

-Je comprends pour l’argent… Mais l’influence ? Tu viens juste de débarquer à L.A. ! Comment tu peux avoir autant d’influence ?

J’étais bien là pour féliciter The Army, pas pour tuer Daniele. Où est-ce qu’il allait chercher ça ? C’était comme ça que ça marchait, en Italie ? Avec les mafias et tout, ce serait pas étonnant, mais bon…

Il ricana que je pouvais le féliciter aussi.

-Et bien, très sincèrement, félicitations.

Il fallait bien reconnaître, quand quelqu’un jouait un bon coup. Et j’étais bon perdant, en générale. Peut-être un peu trop, même.

Comme je le lui fis remarquer, The Army avait fait une prestation parfaite, toute en émotion. Et on était pas les deux seuls à le penser : Victoria Hunter aussi et tout le public.

-Ils ont conquis tout le monde. Victoria est là ? Tu crois que je pourrais la voir ?

Tant qu’à ravaler ma frustration, autant le faire en bonne compagnie ! Et pour ça, je savais que Victoria n’était jamais contre une aventure d’un soir, un peu comme moi. Je n’avais peut-être pas coiffé Daniele au poteau pour The Army, mais je pouvais peut-être le faire avec Victoria.

Si un jour j’arrivais à me lever.

Mais trêve de plaisanterie ! Je voulais savoir ce que Daniele avait fait pour gagner le gros lot ! Je voulais savoir pourquoi lui et pas moi ? Et je ne voulais pas qu’on me réponde que c’était le destin, ce qui était ce que me disait Don pour me rassurer.

Le charisme, ok… Et des promesses, beaucoup de promesse. La gloire, entre autre.

Je levai un sourcil…

-Ça fait beaucoup de grandes promesses. Et si ça ne marche pas ?

C’était chaque fois un peu ce qui me retenait. J’étais peut-être trop prudent. Mais je ne voulais pas que les artistes que je prenais sous mon aile fassent des plans sur la comète pour se rendre compte après que c’est beaucoup plus dur et compliqué que prévu.

Selon Daniele, tout n’était qu’une question d’attitude et, peut-être, d’âge aussi.

-Et je vais pas aller en rajeunissant ! Tu crois que je ne pourrai faire signer que des vieux ?

J’espérais bien que non !

Trop conventionnel, disait Daniele…

-J’aurais dit trop prudent, par rapport à toi…

Quant à savoir si j’étais pistonné…

-Bien sûr que je le suis… Don est mon frère. Mais tu l’es aussi, non ? Tu es le meilleur ami de Jimmy Reed, à ce qu’on dit. Il aura glissé un mot à son père pour toi… Non ?

Brent tenta vainement de se lever. Il était complètement bourré, c’était clair. Je ricanai en le voyant, lamentablement, retomber sur le siège. De mon côté, j’avais pris place sur un siège aussi ma bouteille de whisky en main. Le manager de MTI se demanda alors comment ça se faisait que j’avais une loge pour moi tout seul et je ne tardai pas à mettre en avant que tout ce qu’il fallait c’était de l’argent et de l’influence. Deux choses que j’avais. Deux choses que Brent n’avait pas de quoi me faire encore une fois rire.

Il disait comprendre où j’avais pu trouvé l’argent mais il ne comprenait pas comment je pouvais avoir tant d’influence alors que je venais de débarqué.

-Je viens peut-être de débarqué mais j’ai déjà fait largement ma place dans la jet-set locale. La plupart des fêtes se passent chez moi, désormais, dis-je avec un petit sourire en coin. Dés que je suis arrivé, j’ai su saisir toutes les chances qui se présentaient devant moi pour obtenir cette influence.

C’était aussi simple que ça. Je m’étais rapidement fait des liens et, surtout des amis puissants. Sans compter que j’étais, à la base, plus riche que la plupart d’entre eux de par mon père.

Brent – qui pensait, au départ, être dans la loge de The Army – était venu pour félicité le groupe et non pour me tuer. J’avais lancé qu’il devrait me félicité aussi ce qu’il fit m’arrachant un petit sourire. Il avait vraiment aimé la prestation. Il devrait crever de jalousie là. C’est sans doute pour ça qu’il s’était bourré la gueule ainsi. J’avais lancé que – effectivement – mon groupe avait géré et ils avaient conquis Vicky, aussi. Brent se demanda alors s’il pouvait voir Victoria. A défaut d’avoir le futur meilleur groupe de la planète, il semblait vouloir se rabattre sur une soirée avec Victoria. Je ricanai.

-Oh mais bien sûr qu’elle est là !, dis-je avec un petit sourire. Elle est actuellement en train de chercher activement son énervant petit frère qui s’est fait la malle dans le Crazy Ginger. Dans ces conditions, je te la laisse !

Parce qu’elle n’allait pas lâché le gamin – si jamais elle le retrouvait. Alors pour ne soirée romantique, c’était vraiment raté !

Brent se posait bien beaucoup de questions ce soir dont – la plus cruciale – qui concernait le fait que The Army m’ait choisi moi et pas lui. Je lui balançais un bon nombre de raisons. J’avais plus de charisme que Brent, je savais parler comme il fallait aussi. En gros, j’avais laissé entendre à The Army ce qu’ils voulaient entendre et ils m’avaient choisis. Brent disait que ça faisait bien beaucoup de promesse. Il entrevoyait la possibilité d’une échec. Sauf que l’échec c’est anti-Ricci.

Un Ricci ne peut pas échouer.

-Ça marchera ! J’en suis convaincu, dis-je sûr de moi. Ce n’est pas des promesses en l’air. Je compte bien les mener au plus haut. J’en ai les moyens et ils ont le talent.

J’avais tout pour réussir avec The Army.

J’avais mis en avant d’autres choses qui avait fait penché la balance en ma faveur dont l’âge. Je n’avais qu’un an de plus que les membres de The Army et j’étais certain que ça avait joué. Ça sembla désespéré Brent qui avoua ne pas aller en rajeunissant. C’est le lot de tout le monde, ça, Brent. Même si, moi, je ferais en sorte de trouver un moyen de paraitre toujours jeune. Il se demanda alors s’il ne pourra que signer des vieux.

-Sans doute, dis-je avec un sourire moqueur. Des vieux sans avenirs. Mais bon ! Tous les managers ne sont pas voués à manager de grands groupes, Brent…

Sans compté que Brent était sans doute trop conventionnel mais il corrigea disant qu’il était trop prudent.

-Les gens prudents font rarement de grandes choses. C’est quand on prends des risques qu’on est récompensé, dis-je sûr de ça aussi.

Puis, sincèrement, je n’étais pas sûr que Brent soit un bon manager tout court. S’il avait ce statut c’est uniquement parce que son frère est Don Hughes. En gros, Brent avait été pistonné ce qu’il ne nia pas. Mais il pensait bien que je l’étais aussi à travers Jimmy Reed. J’éclatai de rire devant une telle comparaison !

-Ouais, Jimmy Reed a aidé mais ce n’est pas comparable, Brent. Mon amitié avec Jim n’était pas acquise d’avance. J’ai dû me lier à lui et devenir son ami. Ça demande du travail ! Toi, tu es né dans la famille de Don, dis-je pour bien montrer la différence. Puis, c’est indéniable que je suis doué. Tu verras qu’un jour ma carrière parlera pour moi !

J’avais de l’ambition et je comptais bien faire en sorte de rejoindre ces ambitions.

-Sinon… Tu as un nouveau groupe en vue ou tu comptes rester prudemment sur tes acquis ?, demandais-je sur un ton moqueur.

J’étais plein, mais ce n’était pas pour autant que je ne pouvais pas suivre une conversation avec mon rival, Daniele Ricci… Je voulais essayer de comprendre, à défaut de pouvoir me lever, où j’avais merdé et où lui avait géré.

Géré au point d’avoir sa propre loge. Influence et argent, disait-il… Deux choses que je n’avais pas malgré que je sois le frère de Don Hughes, qui avait créé l’une des deux maisons de disques les plus florissantes de L.A. !

Il disait s’être fait sa place dans la jet-set. Je fis la moue en le regardant en fronçant les sourcils.

-Moi aussi, je connais plein de gens dans la jet-set…

Je soupirai et me laissai aller sur le dossier de mon siège.

-Mais je suis déjà venu à une ou deux de tes fêtes. J’ai essayé de convaincre Don de faire la même chose, mais il ne veut pas.

En réalité,  Don avait peur que ça finisse en orgie… Moi je ne voyais pas où était le problème d’une orgie, mais je ne pouvais pas organiser ça moi-même, dans mon appartement de Downtown. C’était bien trop petit.

Il fallait, donc, que je gagne en influence si je voulais attirer l’attention des plus grands sur moi. Mais avais-je vraiment cette ambition ? Pas vraiment… Moi, ce qui m’intéressait, c’était la musique et je fonctionnais au coup de cœur, sans vraiment calculer. Du coup, je faisais signer des groupes qui avaient tendance à ne pas aller plus loin que les clubs de L.A.

Bref, tout ça pour dire que The Army avait convaincu tout le monde et qu’ils avaient toutes leurs chances dans ce monde. Daniele évoqua Victoria Hunter, ce qui donna des idées à mon cerveau embrumé au Martini. Mais Daniele tempéra vite mes ardeurs en parlant du petit frère de la chanteuse.

-Oh… Pas de chance.

Si son frère était là, il y avait peu de chance qu’elle puisse s’éclipser avec quiconque dans un endroit tranquille. Dommage.

On en revint donc à The Army et aux promesses de Daniele. Moi, ça me semblait dangereux de promettre la gloire, l’argent et la prospérité à un groupe. Je ne fonctionnais pas comme ça. Peut-être parce que j’étais beaucoup trop protecteur envers mes artistes. Je ne les empêchais pas de rêver, bien sûr, mais je pensais qu’en tant que manager, c’était mon boulot de canaliser l’énergie des artistes qui signaient avec moi.

Daniele avait une aura pleine de paillettes, en gros… Alors que moi, j’étais plutôt du genre réaliste.

Je frottai mes yeux.

-Et, si, imaginons que ce soit possible, ça merde ? Tu feras quoi ? Moi, je me sentirais mal de promettre monts et merveilles puis que ça ne marche pas.

Il y avait aussi le fait que j’étais légèrement plus vieux que Daniele. Du coup, je n’allais attirer que des vieux ? Daniele le pensait et comme j’étais bourré, j’avais tendance à le penser aussi… Alors que c’était ridicule comme manière de penser.

Je soupirai… Daniele, en gros, me conseillait de prendre des risques.

-Il y a prendre des risques et jouer avec la vie des gens… Comment on sait quand on franchit la limite ? J’ai l’impression que tu n’en as rien à faire, toi, de miser au risque de tout perdre. Sauf que dans le cas où tu es manager d’un groupe, tu ne seras pas le seul à perdre.

Est-ce que j’étais cohérent ? Je le pensais. Compréhensible ? Pas sûr…

Daniele voulut savoir si j’étais pistonné, ce qui était plus qu’une évidence. Mais je considérais que lui aussi parce qu’il était toujours fourré avec Jimmy Reed. Sauf qu’il mit en avant le fait qu’il avait dû apprivoiser Jimmy alors que moi, j’avais hérité d’un droit de naissance.

-Je vois… Ce n’est pas faux. Tu as une autre facilité et on en a déjà parlé : l’argent. Il parait que Charles Reed te laisse partir, mais que tu vas devoir payer de ta poche cette tournée. C’est vrai ?

J’avais entendu ça quelque part, mais dans mon état, je n’arrivais plus à me rappeler où…

Daniele me demanda alors ce que moi, je faisais.

-J’ai plusieurs petits groupes. Mais j’ai encore des contrats à honorer pour des séances photos et autres événements… Des contrats que j’avais signés avant d’être chez MTI. Ça me permet de faire un peu de tout…

Je vrillai mes yeux bleus dans ceux, bruns, de Ricci.  

-Mais un jour, Daniele, tôt ou tard, je pourrai me hisser à ton niveau… Enfin, si tu ne tombes pas de haut avant. Jimmy Reed peut dire ce qu’il veut, t’appeler « The Best »… Tu n’as encore rien prouvé. Jusqu’ici, tu n’as fait qu’envoyer de la poudre aux yeux des gens.

Je souris en coin…

-Commencer par Vegas, c’est un peu à ton image, en fait.

Brent disait connaitre plein de gens dans la jet-set. J’avais un peu rigolé à cette réflexion parce que, ce que Brent ne semblait pas comprendre, c’est que ça ne suffisait pas.

-Le tout n’est pas de connaitre des gens de la jet-set mais de faire partie entièrement de cette jet-set. D’en être un acteur, dis-je avec un petit sourire en coin.

C’était un règle que j’avais compris l’adolescence venue alors que je faisais partie de la jet-set italienne. Je savais que pour avoir de l’influence, il fallait être un acteur de la jet-set, pas simplement être un meuble.

Brent disait être déjà venu à l’une ou l’autre de mes fêtes mais qu’il n’avait jamais su amené son frère, Don. En même temps, Don Hughes n’était pas réputé pour être un fêtard – c’est en partie pour ça que j’ai préféré BSC à MTI.

-Ce n’est pas étonnant, rajoutais-je toujours avec ce petit sourire.

Brent était là parce qu’il avait adoré le concert de The Army et qu’il aurait voulu félicité le groupe. Il ne pouvait que constater que ce groupe est exceptionnel. Un groupe qui était à moi et pas à lui. Je voyais bien que ça l’emmerdait, au fond, d’être passé à côté de The Army. Et, quelque part, je me délectais un peu de le voir dans cet état. Il était complètement torché et je ne saurais dire s’il était content de ce qu’il avait vu ce soir ou complètement dépité. En tout cas, il aurait – apparemment – voulu se consoler avec Vicky mais je réduis à néant ses espoirs en déclarant que Vicky serait bien trop occupée à jouer les babysitter que pour s’occuper de Brent.

Décidément, Brent avait la poisse – et c’était assez drôle à voir !

Je lui avais, ensuite, fait un petit exposé sur le pourquoi The Army m’avait choisi moi et pas lui. Je ne savais pas la vraie raison. Je ne pouvais que lancer des hypothèses logiques. Le fait est qu’il n’y avait pas vraiment photo entre Brent et moi. J’étais plus jeune que lui, j’avais plus d’aura et plus de charisme. Et, comble de tout, j’avais promis à The Army de les amené loin – chose que je comptais réaliser. L’échec n’était pas possible. Sauf que Brent se demanda tout de même ce qui arrivera si, effectivement, je venais à échouer.

-Un Ricci nun perde mai*, lançais-je en regardant Brent droit dans les yeux, sûr de moi. Ça ne merdera pas. Donc, je n’ai pas besoin de réfléchir à ce que je ferais dans ce cas.

Brent semblait déprimé au point qu’il se demandait s’il n’allait attirer que des vieux. J’avais confirmé que ça risquait bien d’être le cas. S’il ne prenait pas plus de risque c’était ce qui allait arriver. Un groupe jeune n’a pas envie qu’on lui dise qu’on ne peut pas lui promettre d’atteindre les sommets. Il fallait parfois faire entendre aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre et, d’ensuite, tout mettre en œuvre pour remplir ses promesses. C’était ça la différence entre un manager lambda et un très bon manager.

Mais Brent se posait trop de questions. Il ne savait pas où était la limite entre prendre des risques et prendre trop de risques. Je lui donnais – apparemment – l’impression de n’en avoir rien à faire de tout risquer alors que je n’étais pas le seul à perdre si jamais je venais à perdre.

-Pour savoir où est la limite, il faut tester les limites, Brent, dis-je avec un petit sourire. Tu ne sauras jamais où est la limite si tu ne prends jamais de risque. Et, avec The Army, je sais que mes risques d’échouer sont très faibles. La première fois que je les ait entendu, j’ai su qu’ils iraient loin. Le feeling. C’est ça qui me permet d’évaluer le risque. J’ai un don, c’est tout !

Brent avait un autre soucis qui faisait qu’il n’était pas attirant vis-à-vis des artistes : il était, indéniablement, pistonné. Il ne le nia pas mais pensait bien que c’était mon cas aussi. Je mis en avant les différences entre sa situation et la mienne. Je ne suis pas le frère de Jimmy Reed – juste son ami. Et j’avais dû faire la démarche de le devenir, son ami ! Brent son acquis était de naissance. Brent dû s’avouer vaincu – encore ! – devant mes arguments. Bien qu’il mit en avant que j’avais un autre avantage : l’argent.

-Oui, c’est tout à fait vrai. Charles Reed n’a pas autant de flaire que moi en ce qui concerne The Army alors je dois y mettre un peu de mon argent. Mais si jamais la tournée est une réussite, crois-moi que je vais récupérer cet investissement au centuple, dis-je sûr de moi. Mais, ouais ! L’argent, ça aide. Mais ça ne fait pas tout. Le talent est important aussi, Brent.

J’avais demandé – sur un ton un peu moqueur – où en était Brent, lui, dans sa carrière. Et, sincèrement, il n’y avait vraiment rien de neuf sous le soleil. Il affirma honoré encore certains contrats de son ancienne carrière.

-Pas étonnant que tu ne trouve pas la perle rare, Brent, si tu t’éparpilles de la sorte, dis-je toujours moqueur.

Mais il était sûr de pouvoir, un jour, me hisser à mon niveau. J’avais rigolé à cette affirmation. Je ne le croyais pas du tout capable de ça. Il ajouta que je n’avais encore rien prouvé malgré que Jim m’appelait déjà « The Best ». Il évoqua Vegas pour montrer que ce que j’envoyais aux gens ce n’était que de la poudre aux yeux.

-C’est la jalousie qui te pousse à dire ce genre de chose, Brent?, dis-je en ricanant. Vegas est l’endroit rêvé pour commencé une tournée du jour. C’est stratégique. Ce n’est pas si loin de Los Angeles et c’est là que The Army pourra se monter devant des gens fortunés. C’est ces gens-là qui font la pluie et le bon temps. S’ils sont convaincu, ça contaminera les foules.

J’avais marqué une pause avant de reprendre.

-Je n’envoie pas de la poudre aux yeux des gens, Brent. Tu verras… The Army reviendra de cette tournée en rockstar. Et il n’y aura pas que Jim pour m’appelle « The Best » mais absolument tout le monde. Quant à toi, tant que ton attitude ne sera pas à la hauteur de tes ambitions, tu ne m’arriveras pas à la cheville, dis-je en fixant Brent.

Sur ce, je bus une grosse gorgée de whisky avant d’afficher un petit sourire en coin.

-A la fin de l’histoire, tu seras toujours Brent Hughes, le manager moyen et pistonné alors que, moi, je serait Ricci The Best, le meilleur manager de L.A., dis-je en voyant très clairement cet avenir se profiler.

*:

Daniele disait que connaître du monde dans la jet-set ne suffisait pas. il fallait en être un acteur. Je fis la moue. Puis répliquai d’une voix enrouée par l’alcool.

-Mais je suis un acteur de la jet-set ! Tu organises des fêtes, mais j’organise des événements, de temps en temps. Bon, ce n’est pas chez moi parce que je n’ai pas une grande villa et c’est souvent au nom de quelqu’un d’autre que je le fais ! Mais je ne suis pas inactif dans la vie culturelle de L.A.

J’étais un bosseur. Ça, personne ne pouvait dire le contraire ! Bon, après, je travaillais à ma façon et dans le plus grand respect des gens. Mais c’était clair qu’à ce niveau-là, Don n’aidait pas ! J’aurais tout donné pour qu’il me laisse organiser une fête dédiée à MTI et donc, à nous, dans sa villa, mais il ne voulait pas ! Il disait que les orgies, c’était bon pour les Ricci, Reed et consort !

Et ça, ça faisait bien rire Daniele.

J’avais des doutes sur ce que j’appelais dans ma tête « la méthode Ricci » qui consistait à promettre des choses grandioses à ses groupes au risque de les voir dégringoler. Pour moi, c’était dangereux. J’en connaissais, des artistes, je savais que la plupart avaient une grande sensibilité que l’échec pouvait vraiment mettre à mal… Sans compter les divers excès.

Daniele cita une phrase en italien que je compris sans problème. « Un Ricci ne perd jamais ». A croire que ce gars, du haut de ses… Quoi ? 23 ans…

-Tu es jeune. Ça peut encore merder.

Même s’il disait le contraire… Et même si… D’après ce que j’avais vu sur scène ce soir, The Army avait vraiment tout pour réussir.

Moi, j’étais trop focaliser sur les limites. Jusqu’où est-ce que je pouvais promettre des choses, sans qu’on m’en veuille après, si ça n’allait pas ? Je fis la moue.

-Tu t’en fous, en fait… Si ça merde et puis que les gens t’en veulent… En gros, pour prendre des risques comme tu le fait, il ne faut pas avoir beaucoup de considération pour les gens.

Pas étonnant qu’il soit ami avec Jimmy Reed. Ce petit blanc-bec n’avait de pitié pour personne. Et Ricci profitait de son aura… Encore une fois, on en revenait au charisme. Reed et Ricci en avait… Moi… Bah, j’étais le gars sympa du coin. Celui qui est gentil, apprécié, mais ça s’arrêtait là.

Je passai ma main sur mon visage à cette pensée.

Daniele me confirma ensuite qu’il allait effectivement devoir mettre de sa poche pour que The Army parte en tournée. C’était encore un avantage qu’il avait sur moi, l’argent. Mais il affirmait qu’il était sûr d’y regagner au centuple.

Je souris.

-Alors j’espère que ça marchera. Pour The Army, sincèrement.

Il me demanda de parler de ma carrière, ce que je fis. Mais il me trouvait éparpillé.

-Je sais, mais j’ai fait des promesses, faut bien que je les tienne, maintenant. Mais bientôt, je serai manager à plein temps.

Je haussai les épaules.

-Puis en attendant, je rencontre plein de gens différents. Le bouche à oreille, ça marche bien aussi.

Je fus pris d’un accès de jalousie que l’abus d’alcool me permis d’exprimer. Parce que ce n’était que ça, hein, de la jalousie. Mais loin de s’offenser, ça faisait ricaner le petit Italien.

Je me renfrognai.

-Oui, je suis jaloux. Jusqu’ici, je ne vois pas de faille dans ton plan. Quelque part, j’en suis content et d’un autre côté… Putain ! Ça aurait pu être moi, à ta place.

Il était certain que The Army reviendrait de cette tournée en rockstar que tout le monde l’appellerait « The Best » à son retour… Et que je devais changer d’attitude.

-J’en suis pas sûr. Chacun son style. Un jour, j’arriverai à ton niveau. Et avec ma propre façon de faire. Je vais faire des ajustements, ça c’est sûr. Mais je ne peux pas fondamentalement changer de caractère.

Je n’avais aucune envie de devenir un Ricci… ou pire… un Reed.

Je me levai, arrivant plus ou moins à tenir sur mes jambes, alors qu’l disait que je serais toujours Brent, pistonné et moyen. Alors que lui, serait « The Best ».

-Mouais… Mais quand j’aurai 50 ans, je saurai encore me regarder dans une glace sans me dégoûter.

J’avançai et, en passant à côté de lui, je lui mis une tape sur l’épaule.

-Je vais voir si Victoria a retrouvé son frère. Dis bonne chance à The Army pour moi…

Brent affirma être un acteur de la jet-set… Il disait organiser des fêtes et des événements et participer à la vie culturelle de L.A..

-Organiser des fêtes ne suffit pas à être acteur et à avoir un belle place dans la jet-set, Brent, dis-je avec un petit sourire.

Non. Il fallait aussi faire partie des toutes les intrigues et d’avoir le bon rôle dans ces intrigues. Brent ne grattait que la surface en étant organisateur des fêtes. On peut organiser une fête et rester transparent. Comme son frère. Il est riche. Il est célèbre. Mais ça ne l’empêche pas d’être transparent au sein de la jet-set.

J’avais affirmé que je ne comptais pas merder et que – en conséquence – The Army réussira et, de mon côté, j’aurais rempli toutes mes promesses à leur égard. Mais Brent persistait et signait – d’après lui, j’étais jeune et je pouvais encore merdé.

Non. Un Ricci ne perd jamais ! Point à la ligne !

Brent pensa alors que j’avais peu de considération pour les gens car, d’après lui, pour prendre autant de risque, il fallait se foutre des gens qu’on entrainait avec nous dans ces risques. Je roulai des yeux parce que cette conclusion était ridicule.

-Pas du tout ! Je sais juste ce que je fais !, dis-je toujours sûr de moi.

Je prenais des risques mais ils étaient calculés. Je n’étais ni stupide, ni un politicien – à considérer qu’il y a une différence entre les deux. Ça ne voulait pas dire que je me fichais de The Army. Si je me fichais de mon gagne-pain, je serais atrocement stupide !

J’avais confirmé que c’était moi qui finançait la prochaine tournée de The Army parce que Charles Reed, lui, ne semblait pas vouloir prendre de risques. Sincèrement ? Je trouvais que Jimmy avait bien plus de flaire que son père en ce qui concernait les affaires… Mais, un jour, ça sera Jimmy le big boss et, ce jour-là, on dominera L.A., lui et moi.

De son côté, Brent espérait que ma tournée allait fonctionné et ça pour le bien de The Army. Au moins, on est d’accord sur ce point !

Ce fut à Brent de me dire où il en était dans sa carrière et quand j’appris qu’il avait encore un pied dans son ancien travail, je ne pus m’empêcher de le tacler. Mais il affirma qu’il avait fait des promesses et qu’il devait les tenir. J’avais ricané un peu comme toute réponse. Il affirma, alors, dans la foulée que – en attendant – il rencontrait des gens différents.

-Si tu le dis, dis-je un peu moqueur.

J’entendais bien que Brent était jaloux et je me fis le plaisir de le souligner. Il confirma disant qu’il ne voyait pas de faille dans mon plan. Tu n’en vois pas parce qu’il n’y en a pas, Brent ! Tout simplement !

-Ça aurait pu être toi. Mais ça n’est pas toi ! Ainsi va la vie, Brent, dis-je avec un sourire en coin.

Pour moi, ce qui manquait à Brent, c’était un attitude de gagnant. Tant qu’il n’aura pas ça, il restera un manager de seconde catégorie. Il n’attirera jamais des groupes comme The Army dans son escarcelle. Mais il persistait disant qu’un jour, il arrivera à mon niveau avec son propre style.

-Quand on veut changer, on peut, dis-je sûr de moi. Mais si tu penses pouvoir réussir sans changer fondamentalement, grand bien te fasse !

Mais je me fis tout de même très moqueur disant que Brent restera un manager moyen. Il se leva à ce moment-là. Il semblait, visiblement, en avoir assez entendu. Il lança alors qu’à 50 ans, lui au moins, pourra toujours se regarder dans la glace. Comme si ça n’allait pas être mon cas.

-Moi aussi, Brent. Ne t’en fais pas pour ça, dis-je très sûr de moi.

La différence, c’est que mon miroir sera en or.

Il tapa sur mon épaule avant de dire qu’il allait aller voir si Victoria avait retrouvé son énervant petit frère. J’espère pour elle qu’elle ne le retrouvera jamais. Qui voudrait d’un frère pareil ?

-Je leur dirais ! Bon courage avec Vicky, lançais-je avec un sourire en coin.

Et il quitta la pièce me laissant fêter cette première victoire !