J’étais prêt psychologiquement à aller demander ma faveur à Brent. Je crevais d’envie de récupérer ma voiture et le seul moyen était que Brent souscrive à une assurance pour moi. Je n’avais pas d’autre choix ! J’adorais cette bagnole ! J’avais payé cette bagnole ! Du coup, je voulais absolument la récupérer !

Je soufflai un bon coup en sortant de ma caravane. On avait eu fini de tourner, ce vendredi, à 19h et je savais que le meilleur moment pour aller voir Brent était le soir. Le matin, il dormait et l’après-midi il était souvent chez MTI. Alors, le soir restait le meilleur moment même si Brent pouvait tout aussi bien être de sortie. Si c’était le cas, j’aurais toujours le loisir de le croiser « par hasard » dans les endroits que je savais qu’il fréquentait.

J’avais marché jusqu’à sortir du site et attendre le taxi que j’avais appelé près de la grille. J’avais troqué mes lentilles pour des lunettes. C’était pas super sexy mais j’allais voir Brent pas une jolie femme, que je sache ! Alors peu importait, finalement, ce que je portais pour voir clair. Je n’étais pas bien coiffé aussi… Mais ça aussi ça n’avait pas d’importance ! Brent, autrefois, quand il avait encore des cheveux froncés, ne se coiffait absolument jamais ! Mon apparence avait, du coup, très peu d’importance…

J’attendais les bras croisés quand une voiture sorti du site passant à côté de moi. Je reconnu la voiture de Maxwell et m’attendis à ce qu’il passe son chemin. Mais il s’arrêta ouvrant son carreau alors que je regardais droit devant moi faisant mine de l’ignorer complètement. Mon visage était fermé. Qu’est-ce qu’il allait me sortir, celui-là.

-Alors, Shran ? Tu as vu les audiences ?

Ouais ! Je les ai vu ! Et ça ne m’a pas plu ! Cette semaine, l’épisode de Galatic Wars avait fait plus d’audience que l’épisode de Spaceship. Et ça m’énervait !

Je ne regardais toujours pas vers Maxwell me contenant d’afficher une moue renfrognée.

-Ouais et alors ? Ça ne veut pas dire que ta série est bonne, Maxwell…

Il rigola avant de me regarder de haut en bas. Je voyais bien que ça le faisait triper d’avoir remporté un maximum d’audience cette semaine.

-Ça veut dire qu’elle plait au gens. C’est tout ce qui compte. Tu le sais.

Je grommelai alors qu’il me regarda encore de haut en bas.

-Tu as perdu ta voiture ? Ah non ! C’est vrai ! Tu ne peux sûrement pas conduire vu ta condition…

Je me retournai d’un coup vers lui fronçant des sourcils. Comment il savait ça ? Les seuls qui le savaient été les gens bien informés que Reed, mes proches, mes amis et les gens avec qui j’ai tourné. Je n’avais fréquenté Maxwell qu’à des fête ou autres évènements liés au cinéma. Alors comment ?!

-Comment est-ce que tu es au courant ?

Il rigola.

-Ton ex-femme me l’a dit…

Mon ex-femme ?!

-Laquelle ?!

J’en avais quatre alors ça demandait des précisions…

-Alicia…

Je roulai des yeux. Alicia… C’était la dernière de mes ex-femmes… On a été marié pendant plusieurs mois au cours de l’année 83… Alicia est une actrice de dix ans ma cadette. Et on ne s’est pas quitté en bon terme. Elle m’a fait chier pendant des mois avec ses foutus avocats pour me retirer un maximum de thunes ! Une vraie petite garce qui ne pense qu’au fric ! C’est dingue ce que l’amour peu parfois me rendre bien con !

Quoi que, depuis elle, j’ai l’impression d’être vacciné à tout jamais du mariage… Quoi qu j’avais déjà dit ça après mon second divorce.

-La garce ! La sale petite garce !

C’est ce que je lançais alors que Maxwell, lui, se marrait bien !

-Elle a signé pour un rôle dans ma série. Et je peux te dire que j’en apprends sur toi. Bon ! Je te laisse. Je n’ai pas que ça à faire, Shran. A plus !

Et il s’en alla faisant bien vrombir son moteur. Qu’il savoure ses petites victoires tant qu’l le peut ! Je compte bien faire en sorte de me venger d’une façon ou d’une autre !

Le taxi fini par arriver et c’est le visage fermé que je me rendis chez Brent. J’espère qu’il avait des foutues bière ou, mieux, de la vodka ou du whisky ! J’arrivai devant sa porte et entrai sans hésiter. C’était devenu une habitude de rentrer chez Brent sans frapper. Il ne s’en formalisait pas. La porte étant ouverte, je supposais qu’il était là. Mais arrivé dans son living, je remarquai qu’il n’y avait personne.

Il n’est quand même pas déjà au lit ?

Je plissai des yeux remarquant des couvertures et un coussin posé sur un meuble près du fauteuil. Comme si quelqu’un dormait dans ce foutu salon. Brent héberge quelqu’un ? Son nouvel artiste ? Il en serait bien capable !

J’entendis alors du bruit venant de la chambre de Brent. Je m’avançais doucement tendant l’oreille ! Et ben ! Il s’amusait bien le Brent, on dirait ! Je ricanai intérieurement avant de reconnaitre la voix de la femme qui était avec lui.

Enora ?!

J’ouvris de grand yeux et, sans hésiter, j’ouvris grand la porte de la chambre de Brent lançant un :

-Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!

Ouais ! C’est quoi ce bordel ?!

Hugh était sorti… Enora Lee était entrée… Elle voulait me parler de Spaceship : The New generation… Elle avait pour projet de demander à mon meilleur ami, et son ex)mari, Stephen Shran, de réintégré Datalore dans quelques épisodes.

Au début, j’avais ri un peu, ne la prenant pas vraiment au sérieux.

Et pour cause ! Je ne ressemblais plus vraiment à ce que j’étais dans les années 70 ! Mes cheveux étaient devenus entièrement blanc, j’avais pris un peu de poids, mon visage s’était arrondi…

Datalore était un androïde… il ne pouvait pas vieillir.

Mais Enora n’en démordait pas ! Elle voulait du Datalore ! Et pourquoi ? Parce que les audiences de Galactic Wars avaient dépassé celles de Spaceship cette semaine. Et d’après Enora, Stephen allait en fait une crise d’apoplexie. Et là, je le croyais sur parole !

Bref, elle pensait que faire revenir mon personnage dans la série attirerait les gens. C’était vrai que Datalore avait pas mal de fans, au point que Shran me demandait souvent de participer à des conventions pour signer des autographes et faire des photos.

Donc, Enora insistait, disant qu’avec la magie du maquillage, ils pouvaient facilement me faire passer pour dix ans plus jeunes et mes cheveux pouvaient toujours être teints.

La conversation était agréable et s’était éternisée jusqu’à l’heure du souper. Je lui avais proposé de partager mon repas, des simples spaghetti bolognaise et on avait sifflé avant, pendant et après manger, une bouteille de vin entière pour elle et je ne savais plus combien de Martini Dry pour moi.

Alors…

Comment on s’était retrouvés dans mon lit restait un mystère pour moi… Mais n’empêche qu’on en était là.

On s’embrassait fougueusement, nous caressant avec passion… Elle me faisait soupirer et gémir et je le lui rendais bien !

Nus tous les deux, on roulait sur le lit, riant et jouant avec nos sens…

Jusqu’à ce qu’on entende du mouvement dans l’appartement. Enora me fis stopper une seconde, mais excité comme j’étais, j’avais vraiment du mal à ne pas continuer, l’embrassant dans le cou, allongé sur elle…

-T’inquiète… C’est Hugh qui rentre…

Ça ne pouvait être que lui… Sauf que j’avais oublié les bonnes vieilles habitudes que Shran avait prises de faire comme chez lui…

Bref, rassurée, Enora recommença à me caresser. Jusqu’à ce que la porte de la chambre s’ouvre à la volée… Sur Shran… Je ne le vis pas, dans la position où j’étais, mais je reconnus sa voix.

-Et merde !

Enora fut prise du réflexe de me repousser avec une force que je ne lui soupçonnais pas et comme j’avais initié le mouvement de rouler moi-même sur le côté, je fini par tomber au bas du lit, emportant toute la couverture avec moi… Laissant Enora complètement nue cacher sa poitrine et hurler sur Shran en lui demandant ce qu’il foutait là.

Je me redressai en position assise, cachant mon intimité avec la couverture.

-Mais ! Frappe avant d’entrer dans ma chambre, Shran ! Je croyais que c’était Hugh !

Putain !!

C’était le seul mot valable à cet instant alors que j’avais ouvert la porte de la chambre de Brent avec violence pour découvrir qu’il était en train de très bien s’amuser avec nul autre que mon ex-femme !

Il s’exclama alors qu’Enora le repoussa en le balançant en bas du lit. Moi, j’avais la bouche grand ouverte devant cet acte de trahison ! Brent pouvait se taper toutes mes exs ! Mais pas Enora ! Pourquoi ? Mystère ! C’est comme ça ! Et même si je ne lui avais jamais dit, ça allait de soi !

La colère grimpait en moi alors qu’Enora se cachait la poitrine comme si je ne l’avais jamais vue de ma vie alors que, de toute les femmes de ce foutue monde, c’est probablement sa poitrine à elle que j’avais le plus vu dans ma vie !

Elle était surprise et en colère se demandant ce que je foutais là.

-Toi, qu’est-ce que tu fous là ?!

Ouais ! Qu’est-ce qu’elle foutait ici dans le lit de Brent, hein ? Comment ils en étaient arrivés là ? C’était la première fois ou bien non ? Putain, si ce n’était pas la première fois, j’allais les décapiter tous les deux !

Brent, qui se cachait avec l’aide de la couverture déclara que j’aurais dû frappé. Il ajouta qu’il croyait que c’était Hugh. Je pris un air extrêmement sceptique.

-Hugh ? Hugh Crusher ? Pourquoi Hugh ? Hugh aussi peut rentrer ici comme il veut ?!

Je croyais que c’était réservé à moi et moi seul ! MON privilège ! Mais il semblerait que Hugh aussi ait ce privilège. Moi que j’étais l’unique meilleur ami de Brent !

-Calme-toi, Stevie ! Je ne vois pas pourquoi tu t’énerves ! On est plus ensemble depuis des années !

C’est ce que rétorqua Enora qui semblait furieuse au point qu’elle sortit du lit pour commencer à s’habiller. Je la regardais faire.

-C’est une question de principe ! Mon meilleur ami ne peut pas coucher avec toi !

Elle roula des yeux continuant à s’habiller.

-C’est n’importe quoi, Stevie. Toi et tes principes à la con ne m’empêcherez pas de faire ce que je veux !

Elle s’énervait. Je m’énervais. Je foudroyai Brent du regard.

-T’aurais pu te retenir… Et… Raaah !

J’étais tellement énervé que j’en avais mal à la tête. Je me massais les tempes fermant les yeux.

-Vous faites chier !  Ça dure depuis quand vos conneries, là?

C’est ce que je lançai, furieux.

Putain !!

Shran était entré dans mon appartement comme dans un moulin… Disons que ça, ce n’était pas grave, il savait qu’il pouvait faire comme chez lui… Mais je n’aurais pas imaginé qu’il pousserait le vice jusqu’à entrer dans ma chambre !

Résultat, Enora m’avait repoussé et j’étais tombé du lit. Au sol, je cachai ma nudité comme je pouvais avec la couverture… J’étais un peu lent à la détente à cause de tout l’alcool que j’avais ingurgité… Et je ne réalisai pas tout de suite ce qu’il se passait et je réalisai encore moins que j’avais bafoué tous les principes de mon meilleur ami.

Enora fut la première à riposter en demandant ce qu’il foutait là, question qu’il lui renvoya.

Moi, tout ce que je trouvai à dire pour ma défense fut que je m’attendais à ce que ce soit Hugh et pas lui. Et Hugh, lui, ne serait jamais entré dans ma chambre ! Surtout en entendant les bruits qu’on faisait !

J’ouvris la bouche, mais il y eu deux seconde où je restai simplement bouche ouverte avant de retomber sur mes pattes.

-Heu… ben… Oui… J’héberge Hugh pour l’instant. Il se sentait seul alors…

Enora demanda à Shran de se calmer, mais le réalisateur ne semblait pas vouloir redescendre dans les tours. Elle prétextait qu’ils n’étaient plus ensemble depuis des années, mais Stephen, lui, disait que je ne pouvais quand même pas coucher avec elle.

-Mais… Shran…

Il me foudroya du regard alors qu’Enora remettait ses vêtements éparpillés sur le sol. Et ça eu le don de me refermer mon clapet. Je tendis la main pour attraper mon jeans que je remis sans prendre la peine de mettre de sous-vêtement.

Enora, elle, clamait sa liberté.

J’étais maintenant debout, torse nu et faisait face à mon ami qui déclara que j’aurais pu me retenir. Je passai une main dans mes cheveux.

-Sincèrement, je ne sais pas comment on en est arrivé là… on passait une bonne soirée, le vin et le Martini coulaient à flot et…

Je désignai mon lit d’un vague signe de la main, comme si tout ça était parfaitement logique. Quand Shran demanda depuis combien de temps ça durait, je regardai le réveil sur ma table de nuit…

-Plus ou moins une heure… C’est la première fois…

Et je ne cherchais pas à m’excuser parce que j’estimais qu’on avait rien fait de mal. On était deux adultes célibataires et consentants, on avait le droit de s’amuser.

-En fait… Enora est passée pour me parler de Spaceship… Il parait que ce serait bien que Datalore revienne faire quelques apparitions…

Parler travail, ça devrait marcher, non ?

Enora et Brent me connaissaient. Ils connaissaient mes principes. Ils savaient que je n’aurais jamais accepté ce qu’ils sont en train de faire ! Pourtant ils l’avaient fait et me blâmait d’être entré sans frappé dans cette foutue chambre ! C’était eux qui étaient en faute et c’était moi sur lequel Enora était fâchée ?! Elle se fiche de qui, là ?

Brent était encore en train de capter la situation alors qu’il pensait que c’était Hugh qui était entré dans l’appartement et pas moi. S’il pensait que Hugh était capable d’entrer sans frappé c’est qu’il lui avait donné l’autorisation ! Ce qui signifiait que mon passe-droit n’était pas réservé qu’à moi, son meilleur ami, mais à plein d’autres personnes ! Sauf que ce n’était pas vraiment le cas. En réalité, Brent hébergeait Hugh qui, d’après lui, se sentait seul.

-Et tu ne m’as rien dit ?!

Ouais, il s’était justifié mais ça ne m’empêchait pas de lui trouver d’autres reproches. Je croyais qu’on se disait tout ! Alors pourquoi il ne m’avait pas dit qu’il hébergeait Hugh Crusher, hein ?! Tu vas me dire qu’il ne m’a pas non plus dit qu’il aimait se taper mon ex-femme !

Enora m’en voulait de ne pas lui foutre la paix. D’après elle, elle avait bien le droit de faire ce qu’elle voulait étant donné que ça faisait des années qu’on avait divorcé. Je ne l’empêche pas de coucher avec qui elle veut ! Je ne veux simplement pas qu’elle couche avec mon meilleur ami ! Ce dernier tenta vainement de me dire quelque chose mais hormis son « mais », il n’ajouta rien.

Ce fut lui que je finis par foudroyé du regard alors que mon énervement me foutait un sacré mal de crâne. Ils se rhabillaient tous les deux alors que Brent tenta de se justifier mettant l’alcool comme coupable de son crime ! L’alcool ! C’est bien trop facile, ça !

-Il a bon dos le Martini ! Puis, depuis quand vous vous faites des repas ensemble sans m’inviter ?!

Là était la bonne question. Une question qui fit rouler des yeux à Enora.

-Tu travaillais, Shran… Et j’avais envie de passer une journée sans t’entendre râler sur tout.

Moi ? Je râle sur tout ? C’est n’importe quoi !

Restait à savoir depuis quand ces deux-là s’amusait à coucher ensemble dans mon dos. Brent regarda son réveil et clama que ça ne faisait qu’une heure… Je plissai des yeux ne sachant pas si je devais le croire ou non.

-Et comment je peux en être sûr, hein ? Tu me caches des choses, visiblement… Je ne sais pas si je peux te croire.

Entre Enora et Hugh, ça en faisait des secrets !

Enora soupira d’exaspération alors qu’elle était, désormais, entièrement rhabillée bien que débraillée. C’est là que Brent affirma qu’Enora était passée pour dire à mon meilleur ami que ça serait bien que Datalore revienne dans Spaceship.

C’est quoi ce bordel ?!

Ce fut Enora que je foudroyai du regard.

-Et depuis quand tu es scénaristes, toi ?! C’est moi qui décide ça ! Tu ne m’en a même pas parlé !

Elle fronça des sourcils.

-Je suis productrice ! J’ai le droit de mettre à exécution les idées que je veux !

Voilà pourquoi on a divorcé ! Parce que je ne peux pas piffer cette fille ! Elle fait tout pour m’énerver. Mais avant que je ne m’énerve complètement, elle continua :

-Stevie… Tu sais que le public a adoré la prestation de Brent. Tu l’as adoré, toi aussi. Je sais que, au fond, tu sais que c’est une bonne idée. Je sais même que tu l’as pensé toi-même. C’est la meilleure stratégie pour reprendre les parts que Maxwell nous a grapillé.

J’emmerde Maxwell.

-Raaah !

Vous savez c’est quoi le pire ? C’est qu’Enora avait raison. J’avais bel et bien pensé faire revenir Brent… Je l’avais pensé au moment où j’avais entendu Hugh à la radio alors qu’il avait parlé de Brent, justement. Pas étonnant, finalement, vu que le petit latino dormait littéralement chez Brent…

-Je hais Maxwell !

Enora pris un air compatissant et souffla :

-Je sais… Mais Brent peut être le petit plus qu’il nous faut…

Je fixai Brent alors que mes yeux étaient plisser par la colère et le mal de crâne. Je finis par soupirer profondément.

-Je vais y réfléchir… Si je ramène Datalore, il faudra que je trouve le meilleur des scénarios. Je ne veux pas bâcler ça. Je ne veux rien bâcler. Et que je foute l’équipe maquillage sur le coup… Parce qu’il y a du boulot…

Je regardais Brent.

-Tu en penses quoi ? Parce que je ne veux pas que tu acceptes parce qu’Enora te fais de l’effet, hein ! Je veux que tu le fasses parce que tu en as envie et, surtout, pour moi…

Ok… Je suis peut-être un peu possessif… Je veux bien l’admettre…

Est-ce que j’avais pensé que Shran prendrait mal le fait que je couche avec Enora ? Non. Parce que je n’avais pensé à rien. Je m’étais, comme d’habitude, laissé porter par les événements, par l’instant qui avait été grisant.

Maintenant que mon ami était là, je savais que ça ne lui plaisait pas… C’était limite si je ne pouvais pas imaginer ses antennes se dresser vers l’arrière. Je prétextai que j’avais cru que c’était Hugh qui était entré, et ça non plus, il n’apprécia pas…

Il pensait que je lui faisais des secrets. Alors que ce n’était pas le cas.

J’écartai les mains en signe d’impuissance, le drap de lit cachant toujours mes parties intimes.

-Ben… ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu. Je t’ai sonné plusieurs fois, mais ça ne répond pas, chez toi.

Enora et moi, on entreprit alors de nous rhabiller et j’expliquai à Shran qu’on avait un peu bu et que… bah le résultat était devant lui. Mais pour mon ami, ce n’était pas une bonne excuse et en plus, il râlait de ne pas avoir été invité. Je fis la moue et ouvris de grands yeux bleus, maintenant vêtu de mon jeans.

-C’était pas prévu, ce souper ! Enora est passée pour me parler, le temps à passer, je l’ai invitée à rester pour manger…

Et plus si affinité, mais ça non plus, ce n’était pas prévu.

Enora, elle, ajouta que Shran travaillait aujourd’hui. Ce dernier voulu savoir depuis quand on couchait ensemble, Enora et moi, mais… C’était tout nouveau. Mais Shran hésitait à me croire. Je soupirai, passant une main dans mes cheveux.

-Ça va être compliqué à prouver…

Je lui expliquai alors la raison de la visite d’Enora… Enfin, à la base. Elle voulait que Datalore revienne dans Spaceship… Et Shran lui reprocha de ne pas être scénariste. Pas besoin de défendre Enora, elle le faisait bien toute seule. Elle avait l’habitude avec Shran et défendit son point de vue en lui rappelant qu’elle était productrice.

Je me sentais un peu coincé entre deux feux. Mais il sembla qu’Enora réussit à avoir le dernier mot. Shran bouillonnait toujours et je voyais derrière ses lunettes qu’il était en train de forcer sur son cerveau.

-Et si on se calmait tous et qu’on buvait un verre pour en parler, hein ?

Et que Shran oublié le spectacle qu’il avait vu dans ma chambre. Mais Shran était déjà en train de réfléchir tout haut. Il parlait scénario et équipe de maquillage. C’était bon signe, si on arrivait à le remettre sur cette voie-là.

Puis il me regarda et un grand sourire apparut sur mon visage. Le genre de sourire malicieux que le public attribuait à Ram, le frère maléfique de Datalore.

-J’en pense que ce serait avec plaisir ! Et évidemment que je le ferais pour toi. Pour qui d’autre ?

J’effaçai mon sourire et m’approchai de Shran, enroulant un bras autour de ses épaules pour le guider vers la cuisine pour le verre que j’avais proposé.

-Ecoute… Tu me connais… Enora et moi, on s’est un peu laissé emporter. Et pour ce qui est de Hugh… Comment ça se fait que tu ne réponds pas au téléphone ? Je t’en aurais parlé depuis un bail sinon.

Ah ben voilà ! C’est ma faute si Brent ne m’a pas prévenu pour Hugh ! Il a plein d’autres moyens de pouvoir me parler que par téléphone ! Il sait où j’habite et où je travaille, que je sache, non ?! Pour moi, son excuse n’est pas valable !

-Donc, je ne réponds pas au téléphone et tu ne t’inquièterais même pas ?! Et si j’étais mort, hein ?!

Bon, ok, là, j’exagérais… Quoi que… Je me dis que si jamais je tombe raid mort chez moi, on ne me retrouvera pas avant, au moins, le lendemain… Ou le lundi, si jamais c’est le week-end. Parce que, visiblement, ce n’est pas Brent qui va s’en inquiéter !

Ça n’empêchait que je voulais des explications sur comment ils en étaient arriver à coucher ensemble ! Pour eux, tout ça venait de l’alcool qui, en ce moment, avait bon dos. Mais quand ils affirmèrent avoir manger ensemble, je me demandais bien pourquoi je n’avais pas été invité ! Brent rétorqua que c’était parce que tout ça n’étais pas prévu.

-Puis, elle serait, visiblement, resté pour dormir !

Bien que « dormir » soit un bien grand mot vu ce qu’ils étaient en train de faire.

Je m’énervais. Il faut dire que j’avais été trahi par les personnes auxquelles je tenais, probablement, le plus. Ils me faisaient, littéralement, des enfants dans mon dos ! Et je voulais savoir depuis quand leur petit manège durait mais, apparemment, ça n’avait commencé il y a une heure seulement.

Je n’en croyais pas un mot ! Comment est-ce que je pourrais en être sûr, hein ?! Brent disait que ça allait être difficile à prouver. Bah ouais ! C’est bien pour ça que je ne peux pas leur faire confiance. La confiance, ça se gagne et Enora et Brent venait de prendre la mienne là !

Brent m’expliqua alors la raison de la visite d’Enora. Et savoir qu’elle s’amusait à décider de la suite de ma série dans mon dos ne me plut pas du tout. S’en suivi un échange qui était un parfait résumé de ce qu’avait été mon mariage avec Enora. Des engueulades sur engueulades. Brent, lui, tentait de calmer le jeu disant qu’on devrait se calmer et aller voir un verre. Je ne l’entendis que d’une oreille alors que j’étais tiraillai entre ma colère et le fait que, hélas, Enora avait bel et bien raison concernant Datalore.

Il avait été un plus dans les années 70… Il le sera, sûrement encore, cette fois-ci. Et j’avais envie de reclaper Maxwell.

Alors, je me mis à réfléchir clamant qu’il faudra, si Brent revient dans Spaceship, il me faudra bien briefer l’équipe de maquillage parce que mon ami en avait pris, des années, en peu de temps. Mais restait à savoir si ça intéressait mon traitre de meilleur ami. Il confirma clamant qu’il le fera pour moi. Je le fixai d’un air sceptique.

-Pour qui d’autre ? Enora, tiens ! Apparemment, tu l’aimes beaucoup !

Enora roula des yeux.

-Stephen, tu es vraiment chiant, quand tu veux.

J’étais toujours énervé ce qui intensifia mon mal de crâne. Je me massai mes tempes alors que Brent s’était approché de moi pour passer son bras autour de mes épaules et m’entrainer vers sa cuisine. Je me laissais faire. J’avais besoin de m’asseoir !

Brent déclara qu’Enora et lui s’était un peu emporté. C’est vrai ? Sans blague ! J’avais pas remarqué ! Et ils n’avaient pas eu la moindre pensée pour moi ! Quant à Hugh, il reparla du téléphone que je n’avais pas daigner décrocher !

Je me laissais tomber sur la chaise alors qu’Enora nous avait suivie. Je soupirai continuant de me masser les temps fermant les yeux.

-Je veux le truc le plus fort que tu as.

J’en avais besoin !

-Si je n’ai pas répondu c’est parce que je ne suis pas souvent chez moi… Ça fait environs plus d’une semaine que je dors dans ma caravane aux studios. Et avant ça… Je n’ai pas trouvé le temps de réellement me poser. Je bosse, tu sais !

Bon ! J’allais devoir raconter le pourquoi du comment. J’étais venu ici pour ça non. Bien sûr, la présence d’Enora ne rendait pas forcément la chose facile. Elle ne l’était déjà pas à la base !

-Ma voiture s’est fait saisir c’est pour ça que je dors dans ma caravane. J’ai pas envie de devoir toujours dépendre du foutu taxi. J’ai fait un accrochage l’autre jour et ma voiture s’est fait saisir.

Enora ouvrit de grand yeux.

-Tu as conduit ta voiture ?! Mais tu es con ou quoi ?!

Je la foudroyai du regard.

-C’est la faute de Maxwell et cette foutue critique à la radio ! Je l’écoutais en roulant et… Paf ! J’ai déconnecté.

Je reposai mon regard sur Brent.

J’ai dévié et j’ai accroché une autre bagnole ! Bien sûr, les flics étaient juste derrière moi ! Ils ont saisi ma caisse ! Il faut que je la récupère mais, pour ça, il me faut une assurance… C’est pour ça que je suis ici !

Ouais… Je n’allais pas lui demander platement. Je préférais qu’il fasse les liens tout seul.

Stephen s’indigna que je ne me sois pas plus inquiété que ça du fait qu’il ne répondait pas au téléphone. Et ça me fit un peu culpabiliser quand même, parce qu’il n’avait pas tout à fait tort. Mais je savais aussi qu’il travaillait comme un malade. Alors quoi ? Qu’est-ce que j’aurais dû faire ?

Je me grattai la tête puis soupirai.

-Tu as raison… J’aurais dû débarquer dans ta forteresse de San Fernando Valley…

Sur le tournage de Spaceship :The New Generation…

Il s’indignait aussi de savoir que son ex-femme et moi avions partagé notre repas de ce soir et qu’elle allait apparemment rester pour dormir. Je pinçai les lèvres pour ne pas éclater de rire… parce que bon, c’était marrant quand même, de le voir s’emballer pour quelque chose de complètement irrationnel. Comme Enora se plaisait à lui rappeler, ils n’étaient plus mariés depuis des années.

Alors j’essayai de dévier la conversation sur Spaceship, le bébé de Shran, ce qui lui tenait le plus à cœur. Et c’était de circonstance puisqu’après tout, c’était la raison première de la présence d’Enora ici.

Il voulait bien que je revienne sur le plateau de tournage. Mais il voulait que je le fasse pour lui. Et il croyait que je le ferais un peu pour Enora aussi.

-C’est pas tout à fait faux. J’aime bien Enora, et elle m’aime bien. Mais…

Je regardai Enora qui voyait où je voulais en venir et hocha la tête.

-Tant pour elle que pour moi, tout ce qui vient de se passer n’a rien de sérieux.

C’était juste… Comme un jeu… Juste histoire de s’amuser un peu et de prendre du bon temps. Mais je n’avais aucun sentiment amoureux pour l’ex-femme de Shran. Et il en allait de même pour elle vis-à-vis de moi. Par contre, nous étions de très bons amis depuis des années.

Torse nu, j’emmenai Shran à la cuisine pour lui proposer à boire. Il n’arrêtait pas de se masser les tempes et ça, ça m’inquiétait.

-Il ne faut pas t’emballer comme ça, Shran. Tu sais que ce n’est pas bon pour toi.

Il se laissa tomber sur une chaise et je me dirigeai vers mon armoire à alcool.

-Je peux te faire un champagne andorien, si tu veux.

Je sortis de la vodka, du Cointreau, du curaçao et une bouteille de cava que j’avais au frais. Ce cocktail, on l’avait inventé il y avait des années sur le tournage de Spaceship. Comme c’était bleu, ça donnait un petit côté futuriste. Et en plus, le mélange donnait un truc carabiné.

Enora s’installa à table, elle aussi, regardant Shran avec inquiétude. On le savait épileptique et on savait que les crises pouvaient arriver n’importe quand. Je détestais quand il en faisait. J’avais toujours peur de ne pas faire les bons gestes. Pourtant, je les avais appris exprès pour lui, ces gestes.

Pendant que je préparais le cocktail, mon ami expliqua qu’il vivait presque dans sa caravane des studios. Je levai un sourcil et m’arrêtai une seconde. J’allais lui demander pourquoi, alors qu’il avait une superbe villa sur Beverly Hills. Mais il enchaîna de lui-même.

Sa voiture avait été saisie parce qu’il avait fait un accident.

Je m’exclamai en même temps qu’Enora :

-Mais tu ne peux pas conduire !

Il n’avait même plus de permis ! Il expliqua qu’il s’était énervé sur une critique cinéma, ce qui avait provoqué une crise et, pour résultat, l’accident. Et pas de chance pour lui, les flics étaient tout près.

Je mélangeai ma mixture bleue avant de la vider dans trois verres que je remplis à ras bord de Cava ensuite. Je poussai leurs verres vers Enora et Shran avant de regarder mon ami dans les yeux.

-Tu veux que je souscrive à une assurance pour toi ?

L’argent n’était pas le problème, je savais que Shran et ses superbes principes veilleraient à ce que je sois toujours remboursé en temps et en heure, mais le problème était ailleurs.

-Si je fais ça, tu vas encore conduire… C’est peut-être pas plus mal que ta voiture ait été saisie, finalement.

Oui ! Il aurait dû débarquer dans mes studios ! Mais visiblement, il ne s’était pas réellement inquiété que je ne réponde pas au téléphone. Tout comme il s’en fichait complètement de mes principes qu’il connaissait, pourtant, par cœur. Brent était probablement la personne qui me connaissait le mieux sur cette planète. Encore mieux que ma mère et qu’Enora. Pourtant, dés qu’il était question de prendre du bon temps avec mon ex-femme, il les avait envoyer chier, mes principes !

Les deux se cherchaient toutes sortes d’excuses avant d’attirer mon attention sur le fait qu’Enora désirait le retour de Datalore dans ma série. Si j’avais continuer à balancer ma colère autant sur Enora que sur Brent, j’avais tout de même pris le temps de considérer l’idée qui me séduisait déjà bien avant que Enora ne la balance à Brent dans mon dos.

Je voulais aussi que ce personnage revienne. Et pas uniquement pour battre Maxwell dans les audiences. Je le voulais parce que j’aimais ce personnage.

Et Brent voulait revenir aussi mais restait à voir pour qui il voulait revenir. Pour moi ou pour Enora ? Evidemment, il lança que c’était pour moi ! Mais ne nia pas que c’était aussi, un peu, pour Enora. Vous aurez dû voir le petit sourire que fit Enora à ce moment-là. Son petit air suffisant de petite bourge ! Je détestais quand elle sortait ce sourire. Du moins quand elle le sortait devant moi. J’aimais quand elle le sortait devant les autres. Vous voyez pourquoi notre relation est tellement compliquée !

Mais son petit air changea quand elle regarda Brent pour confirmé que ce qu’il se passait entre eux n’avait rien de sérieux. Je grommelai :

-Ça il y a plutôt intérêt ! Mon meilleur ami ne peut pas se mettre en couple avec mon ex-femme !

Enora roula des yeux.

-Ne t’en fais pas… Tu m’as vacciné des relations à long terme…

Je ne pouvais pas rétorquer que c’était pareil pour moi… J’avais eu un autre mariage après celui que j’avais eu avec Enora. Je me contentai donc de marmonner des choses incompréhensible, principalement des insultes, pour montrer que chacune de ses piques m’énervait !

Et plus je m’énervais plus j’avais mal à la tête… Au point au Brent finit par m’emmener à la cuisine où il déclara que je ne devais pas m’emballer comme ça. Je sais ! Mon médecin me le dit tout le temps ! Il affirma même que ça finira par me tuer ! Mais je n’y peux rien !

-Vous ne faites absolument rien pour que je ne m’énerve pas !

J’avais besoin d’un verre ! D’un truc fort ! Il me proposa du champagne andorien, une boisson qu’on avait inventé pour ma série. C’était un boisson créé par l’espèce de T’Kor, l’alien que j’incarne dans Spaceship.

-Fait ça…

Enora s’était installé à table mais je ne croisai pas son regard. Je la fréquentais depuis assez longtemps pour sentir, à distance, quand elle était inquiète. Elle était souvent inquiète… Souvent pour rien. Parfois à raison. Mais cette fois, si elle disait quelque chose, je pourrais lui renvoyer que si je m’énervais, c’était entièrement sa faute !

En attendant, je dus me lancer… Il fallait que je raconte à Brent les tenant et aboutissant du pourquoi il n’avait pas pu m’avoir au téléphone. Tout ça pour en arriver à l’accident de voir et, donc, à ma demande. Ce n’était pas agréable de raconter tout ça. Pas tellement parce que je savais qu’ils allaient, inévitablement, tous les deux s’indigner et s’inquiéter mais parce que je détestais subir ma propre condition et en parler tout haut. C’était sans doute une question de fierté, je l’avoue… Mais c’est aussi parce que je déteste que les gens me regardent avec pitié. Je savais que ça ne serait pas le cas d’Enora et de Brent… Mais tout de même !

Et ce fut l’indignation qui les anima en premier alors que, en même temps, ils soulignèrent que, théoriquement, je ne pouvais pas conduire. Je lançai en haussant le ton :

-Je sais !

Mais je l’avais fait quand même… Et ça avait merdé. C’est ce que je dis alors que Brent avait terminé de servir nos cocktails. J’avais laissé sous-entendre ce que je voulais laissant Brent faire les liens. Et il les fit alors que je sifflai le champagne andorien d’une traite.

-Tu as tout compris.

Je ne vis pas Enora faire une moue désapprobatrice parce que je regardais Brent. Ce dernier affirma que s’il faisait ça, j’allais me remettre à conduire. Pour lui, c’était plutôt une bonne chose si ma voiture avait été saisie. Je le foudroyai du regard me demandant, si Enora n’avait pas été là, s’il aurait tenu le même discours !

-J’aime cette voiture. Je veux la récupérer, ok ? Je ne compte pas la conduire. Je vais engager un chauffeur !

Enora soupira.

-Et tu vas le garder cette fois, ton chauffeur ? Parce que le dernier tu l’as viré comme un malpropre après trois semaines… Je pensais, d’ailleurs, que tu faisais tous les trajets en taxi depuis… Mais visiblement, ce n’est pas le cas !

Je soupirai d’exaspération faisant glisser mon verre vers Brent signe que j’en voulais un autre.

-Je promet de ne pas le virer… Et je prenais le taxi… Parfois… Faut me comprendre, hein ! Je déteste dépendre des autres ! Et cette foutue histoire de permis me fait dépendre des autres constamment.

Je me massai à nouveau les tempes ferment les yeux.

-Putain… Faut que je me calme…

Ça fait plus d’une semaine qu’il fallait que je me calme. Je soupirai tentant de me reprendre pour regarder Brent.

-Alors… Tu voudras bien faire ça pour moi ? Je payerais… Tu n’auras pas à débourser un dollar…

J’essayais vainement de calmer Shran en lui disant que tout ce qu’il venait de voir n’avait rien de sérieux. C’était la vérité et Enora le savait. Je n’étais pas du genre à me mettre en couple. Mais je cachai quand même à mon meilleur ami que si c’était à refaire, et il y avait des chances que ça se reproduise, je n’hésiterais pas un instant.

Mais ça… il n’était pas obligé de le savoir.

Je rigolai…

-Mais non, on ne se mettra pas en couple. Tu sais bien que le concept même m’échappe complètement.

Enora, elle, se disait vaccinée. Il était vrai que depuis son divorce avec Stephen, je ne l’avais jamais vue en compagnie de quelqu’un. Je pensais bien qu’elle avait décidé de vivre comme moi.

Shran marmonnait et il me semblait capter de temps en temps une insulte… Mais je ne m’en offensais pas. S’il fallait s’indigner à chaque fois que Shran insultait quelqu’un, on avait pas fini. Alors je le laissais s’énerver tout seul.

Sauf quand il manifesta un mal de crâne apparemment carabiné. Ça, ce n’était pas bon signe. Mais il disait qu’on ne faisait rien pour qu’il ne s’énerve pas.

-Ce ne serait pas notre faute, ce serait autre chose… Avec Galactic Wars qui a fait des score indécent cette semaine, je pense que tu n’as pas besoin de nous pour être hors de toi.

C’était ce qu’Enora m’avait dit, et la raison première de sa présence.

Une fois tous installés dans la cuisine, j’entrepris de faire du champagne andorien avec la bénédiction de mon meilleur ami. Il voulait un truc fort, il allait être servi, parce que c’était un cocktail bien corsé. Toute une soirée de mélange dans un seul verre.

La bonne nouvelle, c’était que Shran n’était pas contre l’idée d’Enora de faire revenir Datalore dans Spaceship : The New Generation…

La mauvaise, c’était que Stephen était là parce qu’il s’était crashé en voiture. Voiture qui avait été saisie parce qu’il n’avait pas d’assurance. Enora et moi, on s’était exclamés tous les deux parce que conduire, pour mon ami, était très dangereux. Mais il ne parla pas de blessés alors je compris qu’il ne s’agissait que d’une histoire de carrosserie, mais n’empêche.

Il siffla son champagne andorien d’une traite et je lui en resservis un sans le quitter des yeux, guettant les premiers signes extérieurs d’une crise d’épilepsie. Mais à part son mal de crâne, ça semblait aller.

Il me foudroya du regard quand je lui fit un peu la morale mais il insista, disant qu’il allait engager un chauffeur.

-Mais…

Enora me devança en parlant de son dernier chauffeur qu’il n’avait gardé que trois semaines.

-Voilà, c’était exactement ce que je voulais dire. Si j’avais le temps, je m’amuserais à te conduire partout où tu veux, Shran… Mais malheureusement, ce n’est pas possible.

Le fait était qu’il détestait dépendre des autres. Je soupirai.

-Ça, je peux comprendre… Mais admet que te tuer en voiture juste par fierté, ce serait quand même un peu con…

Il ferma les yeux en gémis presque qu’il fallait qu’il se calme. Je me tendis vers lui et posai ma main sur son épaule.

-Tu es sûr que ça va ? Tu veux t’allonger ?

Mais il se reprit et ne perdis pas le nord, réitérant sa demande pour l’assurance. Je regardai Enora, pinçant les lèvres, puis Shran.

-Je me doute bien que tu payeras, c’est pas le problème.

Je soupirai.

-J’accepte. Mais si j’apprends que tu as conduit encore, je résilie l’assurance direct. Deal ?

Enora et Brent certifièrent qu’ils ne se mettraient pas en couple. L’un parce que le concept de couple l’échappait complètement et l’autre parce que je l’avais dégouté à vie du concept même. Quelque part, je les croyais bien plus avec ce genre d’arguments que s’ils m’avaient dit ne pas s’aimer assez pour ça.

Parce que, ça, je ne l’aurais pas cru !

J’étais énervé par tout un tas de choses mais voir mon meilleur ami coucher avec mon ex-femme était la goutte de trop et j’affirmai haut et fort que si j’étais énervé s’était entièrement leur faute. Brent rétorqua que s’ils avaient été innocent de tout acte répréhensible, j’aurais tout de même trouvé un moyen de m’énerver quand même. Il parla alors de Galactic Wars et de ces foutues audiences. De quoi entretenir ma colère !

-Vous n’étiez pas obligé d’amplifier ma colère en couchant ensemble ! Je pensais venir ici justement pour apaiser ma colère ! Résultat, je me suis gourré et j’ai mal au crâne !

Ce n’était pas totalement vrai. Je n’étais pas venu ici pour me détendre mais pour demander une faveur ce qui m’aurait, sans doute, filé mal au crâne aussi…

Bref… On fila à la cuisine où Brent eut au moins la présence d’esprit de nous faire un cocktail assez fort pour que je puisse, au moins, me détendre un peu. C’est là que je finis par révéler le pourquoi je dormais si souvent aux studios… Evidemment, ça me valu quelques reproches avant que je ne finisse par en venir à ma demande de faveur alors que Brent m’avait déjà servis un second verre.

Mais ma faveur ne plaisait pas à Brent. Il avait peur que je reprenne le volant. Je lui certifiai alors que j’allais prendre un chauffeur mais autant Brent qu’Enora ne semblaient pas me faire confiance disant que je risquais bien de virer très rapidement ledit chauffeur. Brent ajouta que s’il avait le temps, il jouerais les chauffeurs pour moi mais qu’il n’en avait pas la possibilité. Je grommelai :

-Je ne le virerais pas…

J’allais essayer en tout cas !

Je clamai alors détester dépendre des autres. Brent comprenait ça mais trouvait ça con de se tuer en voiture par fierté. Je soupirai, exaspéré.

-Je sais… Même si 90% du temps, je suis tout de même totalement capable de conduire !

Suffisait, visiblement, que j’éteigne la radio quand je conduis ! Si mes médicaments me faisaient parfois somnoler, je n’en étais pas moins capable de conduire.

Mon mal de crâne ne faisait que s’amplifier… Je me massais les temps alors que Brent voulait que je m’allonge.

-Ça ne changera pas grand-chose…

C’est ce que je dis en grommelant avant de rouvrir les yeux pour demander, à nouveau, s’il acceptait de souscrire à une assurance pour moi. Je promettais de payer mais il disait que là n’était pas le problème. Il finit tout de même par accepter disant qu’il résiliera l’assurance si jamais il apprenait que je m’étais mis à conduire ma voiture.

Je le fixai droit dans les yeux.

-Deal !

Et pour confirmer le deal, je levai mon verre avant de le boire cul sec.

Je passai, ensuite, mes deux mains sur ma figure avant de lancer :

-Quelqu’un peut me ramener chez moi ?

Enora soupira avant de faire la moue.

-Je vais te ramener chez moi… Je n’ai pas envie que tu passes la nuit seul dans cet état…

Elle envoya un regard désolé à Brent que je ne vis pas parce que j’avais à nouveau fermer les yeux pour me masser les tempes. Je les rouvrir et hochai de la tête. J’avais tellement mal que je n’étais pas capable d’argumenter dans le but de repousser la pitié qu’Enora avait, encore une fois, pour moi.

Je me levai me tenant au comptoir parce que j’avais définitivement trop bu et trop vite. Ce qui fit que je me rassis tout de suite le temps que je reprenne mes esprits et mon équilibre. Je me tournai alors vers Brent pour faire pensé que ce moment de faiblesse était, en fait, totalement voulu parce que j'avais encore quelque chose à lui dire.

-Je t’en dois une… Quoi que… Non en fait… J’ai fait ta pub auprès de Livia. Alors, ma dette est payée.

J’esquissai un sourire certain qu’il allait être content de ça.

Shran l’avait vraiment mauvaise de nous avoir trouvé, Enora et moi, dans mon lit. Mais bon… ça allait lui passer… Avec le temps… beaucoup de temps… Mais je ne m’inquiétais pas plus que ça quand même. Il en faudrait bien plus pour mettre un terme à notre amitié qu’une simple histoire de cul.

Le mal de crâne qu’il avait m’inquiétait plus que ses principes bafoués. Je savais qu’il pouvait s’écrouler et se mettre à convulser sans prévenir et je détestais quand il faisait ça. J’avais déjà été témoin de la chose plusieurs fois et moins ça arrivait, mieux je me portais.

Pour apaiser sa colère, donc, rien de tel qu’un petit cocktail de notre fabrication. Vous voulez mettre Shran à l’aise ? Faites-lui penser à Spaceship… il avait fait plusieurs films dans sa carrière, mais Spaceship, c’était l’œuvre de sa vie.

Et j’étais content et fier d’en faire partie. Alors s’ils voulaient que je remette le couvert, ce serait avec plaisir !

Une fois à la cuisine, alors que Shran avait déjà vidé un verre cul sec, on comprit le pourquoi de sa visite… Il était venu demander une faveur et je savais que pour ça, il lui avait fallu faire un gros effort sur lui-même. Il détestait dépendre des gens. Chaque fois qu’on lui rendait service d’une façon ou d’une autre, il pensait qu’il avait une dette…

Alors que, soyons réalistes, ce n’était pas vrai. Je n’attendais rien en échange quand je lui rendais service. C’était mon ami et j’étais un être pratiquement désintéressé. Pratiquement, parce que bon, il faut bien manger quand même… je travaille pour mon frère, mais je ne le fais quand même pas gratuitement.

Bref, ce que Shran voulait, c’était que j’assure sa voiture. Mais je ne voulais pas qu’il conduise ! Déjà, il n’avait pas le permis, mais en plus, il prenait un risque chaque fois qu’il se mettait derrière un volant ! La preuve, puisqu’il avouait s’être crashé il y avait quelques jours seulement. Il disait qu’il rependrait un chauffeur qu’il ne virerait pas.

Je le regardai dans les yeux.

-Choisis-le bien alors !

Parce que je ne voulais pas qu’il se tue par fierté. Ce à quoi il répliqua qu’il était capable de conduire 90% du temps.

-C’est vrai… Mais il y a ce putain de 10%, Shran. Si je souscris à l’assurance et qu’il t’arrive quelque chose, je ne me le pardonnerai jamais.

Son mal de crâne semblait s’amplifier. Je ne réalisais même pas que l’alcool fort que je lui faisais boire faisait sûrement plus de mal que de bien. Soupirant, je fis un deal avec lui. Je voulais bien l’assurer, mais si j’apprenais qu’il avait pris le volant, je résilierais. Shran accepta. Je lui tendis la main pour sceller ce marché.

Il voulait maintenant rentrer chez lui et je pensais bien que ça valait mieux. Enora se proposa de le ramener, mais chez elle.

-Je t’aurais bien proposé de rester ici, mais je suppose que Hugh va revenir dormir et je ne saurai pas où te mettre.

Alors autant qu’il parte avec Enora.

Il se leva, puis se rassis comme s’il avait oublié quelque chose. Je fronçai les sourcils puis souris quand il affirma m’en devoir une mais qu’il avait déjà payé sa dette parce qu’il avait fait ma pub à Livia…

Et ben… S’il savait… Mais la jeune femme m’avait fait promettre de ne rien dire avant la sortie de son premier album sous le label MTI.

-Oh… ben… Merci… Tu sais, si tu me laisse revenir sous les traits de Datalore, c’est moi qui t’en devrai une alors… On est quitte.

Quand ils prirent congé, j’embrassai Enora au coin de la bouche, la faisant sourire…