On était samedi… Pas de tour MTI pour moi aujourd’hui ! Pas de visite aux studios non plus ! Aaaaah la grasse matinée (comme si je m’en privais les autres jours)… De toute façon, il fallait que je dorme parce que je n’allais peut-être pas au bureau, mais ce soir, j’allais sortir. Il fallait que j’entre en contact avec les patrons d’un ou l’autre club de L.A. pour arranger des dates pour Eleanor et Shane…

J’étais donc dans mon appartement, je m’étais levé tard et Hugh était apparemment déjà sorti. Il ne me dérangeait vraiment pas, même s’il avait investi l’armoire de la salle de bain avec les produits d’entretien pour ses cheveux. Chaque fois que j’ouvrais cette armoire, ça me faisait sourire maintenant.

J’étais toujours en peignoir et je comptais bien rester comme ça une bonne partie de la journée, ne m’habillant que quand il serait temps de partir pour vivre ma vie nocturne. C’était à cette heure-là que les artistes semblaient prendre vie.

Je pris un café, un jus d’orange et passai deux gaufres dans le toaster… Un petit déjeuner léger, juste histoire de réveiller mon estomac.

Puis j’avais allumé la télé sur MTV…

Je me demandais bien où était Hugh… Peut-être sur son tournage auquel il tenait temps. Tourner, ça ne se faisait pas forcément pendant les heures de bureau… Et je savais que le rôle qu’il avait décroché lui tenait à cœur. Je souris, lui souhaitai mentalement bonne chance et de bien s’amuser puis me concentrai sur la télé.

J’eus droit à du The Lightening, du Roadtramp, la pub de Carrie où apparaissaient Victor et Sniper… Tous ces artistes qui semblaient tellement inaccessibles pour le commun des mortels. Je me rendais bien compte que j’avais une sacrée chance de pouvoir les côtoyer de près !

Je finis par poser ma tête sur mes bras croisés sur la table…

Et par me rendormir là, la télé allumée.

Jusqu’à ce qu’on sonne à ma porte, ce qui me réveilla en sursaut ! J’eus un petit cri de surprise puis passai une main sur mon visage.

Je me levai et allai ouvrir la porte de mon appartement. La jeune Livia se tenait derrière et je fus vraiment surpris de la voir là.

-Oh, salut Olivia ! Entre, entre… je suis content de te voir.

Je ne l’avais pas revue depuis longtemps… Avant que Julian ne me dise pour leur divorce. Avant qu’elle ne disparaisse en Afrique en compagnie d’Howard Stone.

Elle boitait un peu, mais je savais qu’elle avait été blessée dans son aventure. Ou plutôt, sa mésaventure.

Je lui souris, bienveillant.

-Tiens, assieds-toi… Tu veux un café, un jus d’orange, autre chose ?

Elle avait peut-être divorcé de Julian, mais ça ne me regardait vraiment pas. Elle avait fait partie de la famille pendant quelques années, je n’allais pas faire comme si je ne la connaissais pas sous prétexte que son amour pour mon filleul s’était fané. C’étaient des choses qui arrivaient.

-Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

Ce matin, je m’étais rendue chez mon médecin afin qu’il puisse retirer mon plâtre et ainsi libérer mon poignet. La sensation de pouvoir recommencer à écrire, jouer de la musique ou tout simplement me laver les dents facilement m’emplissait de joie. Fini toutes les contrariétés de la vie rencontrées par l’immobilisation de mon bras.

J’avais poussé un long soupire de soulagement quand j’avais sentis l’air ambiant sur ma peau moite gardée cachée tout ce temps dans son plâtre. Je m’étais surprise à admirer les mouvements de mon poignets alors que mon médecin en vérifiait l’apparence pour s’assurer que tout s’était replacer correctement. Je devais tout de même éviter de trop forcer dessus pour les premiers jours mais je pouvais recommencer à m’en servir pour écrire et me brosser les cheveux par exemple. Je visualisais toutes ces petites choses du quotidiens que je ne faisais plus correctement parce que je n’étais pas habituée de les faire avec ma main gauche. C’est dingue tout ce qu’on réalise lorsque nous sommes privés d’un membre. Et ce n’était pas pour me victimiser davantage mais avec ma jambe elle aussi en piteux états, ça avait été une très, vraiment très longue et pénible convalescence que je venais de traverser.

Parlant de ma jambe, mon médecin se montrait beaucoup plus rassurant avec les derniers résultats bien que j’allais garder assurément une affreuse cicatrice. Je pouvais vivre avec ça, au moins, je pouvais encore chanter et jouer de la guitare. Je boitais encore mais on troqua les béquilles pour une canne. C’était plus esthétique et moins encombrant. J’avais encore plusieurs suivis à mon horaire mais aujourd’hui, je savais que physiquement, le pire était derrière moi.

Tant qu’à être en ville, je voulais en profiter pour tâter le terrain sur un tout autre dossier.

Je demandais à mon chauffeur de me conduire downtown en lui donnant l’adresse de Brent Hughes, l’oncle de Julian. J’avais vraiment beaucoup de chose en tête, beaucoup de changement à opérer dans ma vie dont un que je ne pourrais pas réaliser sans l’aide du manager de MTI. J’étais prête à le rencontrer et prête à faire face à toutes les éventualités et si je ne pouvais jurer de rien, j’étais certaine qu’en sortant de là, je couperais définitivement tous les ponts me reliant encore à Jimmy Reed.

Mon chauffeur m’aida à sortir de la voiture puis j’entrais dans le building seule et me rendis à la porte de l’appartement de Brent. Julian étions venus quelques fois ici, pas très souvent, mais assez pour que je ne me trompe pas non plus d’appartement.

- Salut Brent ! Je suis à l’improviste je sais… Merci !

L’oncle de celui qui serait sous peu officiellement mon ex-mari me fit entrer et il me proposa à boire après m’avoir invité à m’assoir. De la famille de Julian, Brent était de loin celui que j’appréciais le plus. Il était le genre d’homme qui mettait rapidement en confiance et avec qui il était toujours plaisant de discuter.

- Je prendrais bien un café, c’est gentil.

Je l’avoue !

J’avais un peu appréhendée être mal reçue par Brent ce qui aurait été tout à fait normal. Grâce à Amon Sørensen et sa plume prolifique, j’avais complètement détruis le cœur de Julian en le trompant non pas une seule fois, une fois de trop j’en conviens, mais plusieurs fois. Il pouvait bien écrire ce qu’il voulait, je n’avais aucunement l’intention d’entrer dans le jeu des justifications d’autant plus que, selon ma mère, ce serait le diable en personne soit Jimmy, qui aurait vendu l’information à L.A.People.

- J’irai droit au but… Je suis ici pour te demander de prendre ma carrière en main. Je dois impérativement couper tous liens avec Jimmy et ça implique donc de renoncer à mon contrat chez BSC.

Honnêtement, ça me ne rendais pas heureuse de rompre mon contrat avec Daniele Ricci car je l’adorais, l’admirais et le respectais énormément mais son amitié indéfectible avec Jimmy compromettais la confiance que j’avais envers mon manager.

J’étais un peu surpris de voir Olivia à ma porte, mais c’était pour moi une très bonne surprise ! Si elle était là, c’était que son état s’améliorait. Si ce n’était pas le cas, ce ne serait certainement pas moi qu’elle serait venue voir en premier. Je savais qu’elle avait été relativement grièvement blessée en Afrique, comme un témoignait son léger clopinement alors qu’elle passait ma porte. Elle avait également une canne, ce qui lui donnait un style assez bizarre… Parce que normalement, ce sont les personnes âgées qu’on voit avec une canne… Ou les invalide. Or, Olivia n’était ni l’un ni l’autre et en plus, c’était une super jolie jeune femme.

Je lui souris quand elle affirma être là à l’improviste.

-J’aime les visites surprises… Surtout celle que tu me fais là parce que je m’inquiétais quand même pour toi.

Je lui proposai quelque chose à boire et elle opta pour un café.

-Va pour un café. Je pense en avoir besoin aussi. Je viens de m’endormir comme une larve devant MTV alors que je viens de me lever.

Je mis en marche le percolateur qui se mit à ronronner joyeusement.

-Installe-toi, hein… Ne reste pas debout.

Si elle avait une canne, c’était qu’elle n’était pas apte à rester à faire le pied de grue.

Le café mis en route, je vins m’installer en face d’elle, autour de la petite table de la cuisine.

J’allais lui demander comment elle allait, si sa convalescence se passait sans trop de mal, mais j’avais à peine ouvert la bouche qu’elle me devança en…

…en déclarant qu’elle voulait que je prenne sa carrière en main. Que je devienne son manager. Elle voulait couper les liens avec Jimmy Reed, ce que je pouvais comprendre, même si les raisons profondes ne me regardaient pas. Le fait était que le résultat était là et que j’étais complètement pris de court. Qu’est-ce qui arrivait, ces temps-ci ? La chance ne m’avait jamais vraiment souri et voilà que j’allais peut-être avoir une star qui avait déjà fait ses preuves parmi mes protégés. Après Johnatan et Eleanor et Shane qui étaient plus que prometteurs, me voilà avec Olivia.

Du coup, ma bouche était restée lâchement ouverte le temps que l’encaisse l’information.

Puis finalement, je secouai la tête, reprenant mes esprits.

-Heu… oh… C’est un très grand honneur que tu me fais là… Et ce sera avec plaisir…

Je la regardai dans les yeux, mais elle avait l’air sûre d’elle et de son coup.

-J’imagine que tu sais tout ce que ça implique… Comme tu vas rompre ton contrat avec BSC, il y a de grandes chances qu’ils te demandent des indemnités. Bien sûr, MTI, comme tu viendrais chez nous, en payerait une partie, comme quand un footballer change de club… Mais pas tout…

Je me mordis la lèvre.

-Et, deuxième chose, je n’ai pas l’envergure d’un Daniele Ricci… Mais ça aussi, tu le sais.

En gros, je ne faisais qu’enfoncer des portes ouvertes, mais je voulais être certain qu’Olivia savait dans quoi elle se lançait.

Ce fut totalement à l’improviste que j’allais rendre visite à Brent en sortant de mon rendez-vous avec mon médecin. Cela faisait un moment déjà que je réfléchissais à mon avenir et à tous les changements que je devais opérer pour être à nouveau bien dans ma peau. Il n’y avait absolument rien de facile dans ce processus mais je savais que le meilleur était à venir. Je devais simplement franchir toutes les étapes, une à la fois, sans me précipiter sinon, je me perdrais.

Brent fut surpris mais content de me voir et il m’invita à entrer dans son appartement. Il ne cacha pas s’être inquiété pour moi et cela me fit sourire, un peu. Je n’aimais pas savoir que les gens ici s’étaient fait du mauvais sang pour Howard et moi mais ça me touchais quand même de l’entendre de la bouche de Brent. Ça voulait dire que, malgré que j’ai pu briser le cœur de son neveu, il ne m’en voulait pas trop.

- Disons que ce n’est pas la meilleure période de ma vie mais je travail pour que ça le devienne.

Il me proposa à boire et j’acceptais un café. Brent me fit rire en disant qu’il m’accompagnerait dans mon choix de breuvage car il s’était endormi sur la télé. Il me proposa aussi de m’assoir, ce que je ne refusais pas, ainsi je pouvais reposer ma jambe.

- Merci ! Je ne m’habitue pas à ma nouvelle amie. Je vais devoir m’y faire parce que bientôt, j’aurai une chirurgie réparatrice, pour essayer d’améliorer l’apparence de ma jambe.

Mais j’étais en vie !

Je devais me répéter ça chaque fois que le désespoir venait jouer les troubles fête dans mon esprit. La bonne humeur allait jouer de beaucoup sur mon moral et ma convalescence, j’en étais certaine.

Maintenant que nous étions assis, Brent me demanda quel bon vent m’amenait. Je décidais de ne pas tourner autour du pot et d’aller droit au but. Sa surprise fut difficilement camouflable, c’était évident que jamais il n’aurait imaginé que je lui fasse ce genre de demande… Et pourtant !

- Je suis heureuse que tu y vois un honneur et sache que ce n’est pas une décision que je prends sur un coup de tête. J’y ai réfléchis longuement.

Évidemment, quitter BSC ne se ferait pas en se disant simplement au revoir tout en se serrant la main. Il y aurait des indemnités à payer pour un bris de contrat. Brent compara cela à l’échange d’un joueur de football et ça me fit sourire.

- Je suis prête à en assumer les frais. Mes cours en droit des affaires m’auront beaucoup aidé sur le coup, je suis préparée à ce qui va se passer.

Cela me toucha quand Brent avoua ne pas avoir l’envergure de Daniele Ricci. Je savais ça, j’en avais conscience. C’était un peu pour cela que j’avais quitté Jack pour rejoindre Daniele m ais à l’époque, les choses étaient différentes.

- J’aurais pu aller vers Timmy Evans mais si je suis venue te voir toi c’est parce que je sais pertinemment qu’avec toi, je serai bien et que nous aurons une belle relation d’affaire.

Puis, sans vouloir sembler prétentieuse, j’étais un petit peu une artiste clé en main ce qui n’était pas négligeable.

- Je ne vois pas comment je pourrais continuer de travailler avec Daniele et je te le dis à contre cœur. Je l’apprécie énormément et je lui serai toujours reconnaissante mais le fait est qu’il est le meilleur ami de Jimmy et qu’à ce stade-ci ce ma vie, je ne peux absolument plus entretenir de lien avec lui. Ça implique que je doive mettre un terme à mon contrat.

Ça impliquait aussi que je doive tenir ma mère à l’écart de bien des choses mais avec elle, je n’avais pas la force d’être autant radicale. Ça viendrait, probablement… ou pas.

J’avais fait entrer Olivia dans l’appartement, lui proposant directement à boire et de s’asseoir. Elle boitait un peu, mais ne jouait pas les martyrs pour autant, affirmant que, si tout ça était une période très désagréable de sa vie, elle faisait tout pour mettre ça derrière elle.

Je lui souris tout en allumant le percolateur pour nous faire du café.

-Tu as toujours eu du caractère. Tu t’en sortiras, j’en suis sûr.

Avec le temps, peut-être avec l’aide de ses amis. Mais elle s’en sortirait. Olivia ne m’avait jamais paru être une jeune femme du genre à se morfondre. Ou en tout cas, pas longtemps.

Elle disait ne pas s’habituer à sa canne mais qu’elle devrait bien s’y faire parce que sa convalescence n’était pas prête d’être finie étant donné qu’elle devait encore repasser par la case chirurgie. Mon sourire se fana pour une expression désolée.

-Je suis désolé d’entendre ça. J’espère que ça se passera bien.

Passer sur le billard n’était jamais agréable. Et pour une jeune femme aussi jeune, j’imaginais que voir son corps abîmé ne devait pas être génial… Mais malgré tout, elle n’avait quand même pas l’air aussi traumatisée qu’elle aurait pu l’être. Comme je le disais, elle avait du caractère.

Je m’étais assis face à elle, l’appartement ronronnant gentiment de la télé, toujours sur MTV, qui diffusait de la musique et du percolateur qui nous distillait le nectar dont j’avais besoin pour garder les yeux ouverts.

Sauf que j’eus droit à un choc bien plus fort que celui de la caféine dans mon sang… Car Olivia n’était pas simplement venue pour une visite de courtoisie, non… Elle comptait sur moi pour prendre sa carrière en main. Il me fallut le temps d’encaisser l’information… Mais après, une douce euphorie s’empara de moi. Je ne laissai voir ça qu’à travers mon sourire.

Cependant, je ne voulais pas mentir à la jeune femme qui avait apparemment fait son choix en toute connaissance de cause.

Je la mis cependant en garde, sachant que je ne lui apprenais probablement rien, puisque je savais qu’elle faisait des études en droit des affaires. Donc, elle devait avoir déjà de bonnes bases.

-Tant que tu y as réfléchi, je ne peux que respecter ta décision. Même si passer après Ricci va être un véritable challenge pour moi.

Je souris en coin.

-Mais je suis prêt à relever le défi.

Je me levai, car le percolateur avait fini de tourner, et continuai de parler tout en nous versant deux tasses de café.

Elle disait qu’elle aurait pu aller vers Timmy Evans, mais qu’elle m’avait choisi moi.

-C’est gentil… Je ferai de mon mieux, comme je le fais avec tous mes artistes. Je serai présent quand tu en auras besoin… Parce que je me doute qu’étant dans le système depuis quelques années maintenant, je n’aurai pas à te materner tout le temps. Tu sais ce que tu fais.

Elle serait ma première star et j’avais, en fait, un peu peur d’avoir tendance à la couver un peu trop alors qu’elle savait ce qu’elle faisait. Ce n’était pas comme Johnatan ou Eleanor qui allaient tout juste faire leurs premiers pas dans ce monde.

Olivia m’expliqua alors qu’elle aurait bien continué avec Ricci, mais qu’elle voulait absolument ne plus rien à voir à faire avec Jimmy Reed.

Je revins à table avec nos tasses de café et poussai la sienne vers elle.

-Je comprends. Je vais t’aider. Ensemble, il y a moyen qu’on fasse quelque chose de génial.

Je pris une gorgée de café puis continuai.

-Je suppose cependant que ce ne sera pas pour tout de suite. Il faut d’abord que tu prennes le temps de te soigner… Et rompre ton contrat avec BSC. Où est-ce que tu en es, musicalement parlant ?

Brent était convaincu que je m’en sortirais et en toute honnêteté, bien que ce n’était pas facile tous les jours, je savais que le pire était derrière moi. Je me permettais, lorsque j’étais seule, des moments d’apitoiements, c’était nécessaire pour garder un bon équilibre mentale que de faire sortir les mauvaises vibrations en pleurant un bon coup. Ensuite, je ne pouvais que me relever et continuer d’avancer.

- J’en suis certaine aussi, en tous les cas, je n’ai pas l’intention de me laisser abattre.

Ni par les séquelles de l’accident, ni par les articles mensongers qu’on pouvait écrire à mon sujet.

Avant d’être complètement rétablie, je devais encore subir au moins une intervention ce qui m’obligerais à me déplacer avec ma canne et je détestais ça mais, d’un autre côté, c’était moins pire que les béquilles et le bras dans le plâtre. Au moins maintenant, je pouvais monter dormir dans ma chambre.

Brent s’afféra à la cuisine pour nous servir nos cafés alors que, sans prendre de gant blanc – ce n’était pas mon genre de toute façon – je lui annonçais être ici pour lui proposer de devenir mon manager. La tête qu’il fit voulait tout dire. Évidemment qu’il était surpris mais je voyais aussi qu’il était flatté de ma proposition.

Bien sûr, briser mon contrat ne se ferait pas sans certaines formalités administratives, j’étais bien au fait de ce genre de détails et j’étais prête à y faire face. De toute façon, comme je l’affirmais à Brent, je ne prenais pas cette décision sur un coup de tête. J’avais prit le temps de bien y réfléchir et plus d’une fois et comme j’arrivais toujours à la même conclusion à la fin de mes réflexions, je ne voyais aucune autre issue.

- Un challenge que tu relèveras avec brio, je n’en ai aucun doute.

Si je n’avais pas assez confiance en Brent pour prendre ma carrière en main, j’aurais sonné à une autre porte. Mais je ne voulais pas de Timmy Evans ou de Samantha Ricci pour ne nomme que ces deux-là. Je voulais travailler avec Brent car je savais qu’il avait tout ce qu’il fallait pour succéder parfaitement à Daniele.

- Effectivement, je sais ce que je fais et vers où je veux aller mais n’en demeure pas moins que j’ai besoin de ta vision pour éclairer la mienne. C’est un travail d’équipe que je veux accomplir avec toi.

Je ne cachais pas les raisons qui me poussaient à rompre avec BSC tout comme je ne mentais pas en disant que je quittais Daniele Ricci non sans un pincement au cœur. Je l’aimais réellement beaucoup mais son amitié avec mon père rendait désormais impossible notre association.

Le café qu’il me servi était comme je l’aimais, noir et corsé. Je tenais ma tasse entre mes deux mains et je regardais la fumée monter pendant que Brent continuait de surfer sur la vague que j’avais créée.

- Je dois parler avec Daniele. J’irai voir Daniele en partant d’ici et je l’informerai de mes intentions mais j’omettrai de parler de notre rencontre. Pour l’instant, ce n’est pas quelque chose qu’il a besoin de savoir. Et pour ce qui est de là où j’en suis musicalement parlant, je pourrais enregistrer un album complet demain matin, j’avais terminé de l’écrire avant de partir pour l’Afrique mais j’ai eu une proposition pour un film ce qui fait que j’ai mis l’album sur la glace, puis est arrivé l’accident donc tout est sur pause pour l’instant.

En gros, j’arrivais dans la cours de Brent avec des bagages prêts à être défaits.

- Et je te rassure. Rien ce mon nouveau matériel n’a été composé ou pré enregistré chez BSC. Personne n’a entendu ou lu ce qui fait qu’on ne pourra pas revendiquer quoi que ce soit.
Je n’étais peut-être pas la loutre qui glissait le plus loin sur la banquise mais je n’étais pas non plus aussi stupide que le pensait Jimmy Reed.

Olivia n’avait pas l’intention de se laisser abattre malgré les récents événements. Pour l’avoir connue depuis son mariage avec Julian, je savais qu’elle avait un caractère bien trempé qu’elle tenait probablement de Jimmy Reed. Lui non plus n’était pas du genre à se laisser faire. Sauf qu’Olivia, elle, n’écrasait pas tout le monde sur son passage.

Après ce bref intermède sur sa santé et son état mental, elle me balança la raison de sa visite, qui me fit un choc. Parce que sincèrement, je n’aurais jamais pensé qu’une artiste confirmée comme Olivia se tournerait vers moi pour prendre sa carrière en main. Qu’elle veuille quitter BSC n’était pas vraiment une surprise, mais qu’elle me choisisse alors qu’il existait des Timmy Evans chez MTI me flattait au plus haut point.

Et ça m’effrayait un peu, aussi. Parce que c’était un grand challenge ! Mais elle affirma me faire confiance.

-Je ferai tout pour ne pas te décevoir.

Elle avait l’air d’avoir bien réfléchi mais que ce n’était pas pour autant qu’elle allait simplement me reléguer à un niveau purement administratif, à la trouver des dates et des salles. Non, elle voulait me laisser une place dans son processus créatif, pour avoir l’avis de quelqu’un avec du recul. Elle voulait qu’on forme une équipe.

Je souris.

-C’est comme ça que je travaille, en générale. Bien sûr, niveau musique, ce sera toi qui auras les rennes, mais quand tu le voudras, je serai ravi de te donner mon avis. Je vis pour la bonne musique… Et j’ai toujours apprécié ce que tu faisais…

Je levai ma tasse de café.

-La musique, c’est ma caféine à moi.

Sa décision était prise. Elle désirait maintenant voir Daniele et, je supposais, lui faire l’annonce comme quoi elle le quittait, bien qu’à contrecœur. Mais elle ne voulait pas parler de notre rencontre à l’Italien.

-Pas de problème… Je ne ferai aucune annonce avant d’avoir ton autorisation. Je garderai ça pour moi jusqu’à ce que tu décides de rendre ça officiel.

Pour ce qui était de la musique, elle affirma pouvoir m’enregistrer un album dès demain. Bien sûr, je comprenais que c’était une façon de parler, mais c’était une excellente nouvelle. Cela signifiait que ses mésaventures récentes ne l’avaient pas bloquée. Parce que ça aurait pu. Evidemment, elle devait probablement encore se reposer un peu et puis elle parlait aussi d’un projet de film.

-Ok… on s’y mettra quand tu seras prête alors. Une chose à la fois, de toute façon.

Elle précisa aussi que, de ce nouvel opus, rien n’avait été enregistré ou même entendu du côté de chez BSC. La maison de disque ne pourrait donc rien réclamer à ce niveau-là. Donc, ça voulait dire que ça faisait déjà un bon moment que la jeune femme avait dans l’idée de changer de maison de disque.

-Très bien, tant mieux. Ton prochain album sera donc un pur produit MTI, si tu permets que j’utilise ces termes du jargon de manager.

Je n’aimais pas spécialement parler comme ça, mais parfois, il n’y avait rien à faire, c’étaient les termes justes.

Je me penchai un peu vers elle en souriant, curieux.

-Mais dis-moi… Ce projet de film, c’est quoi exactement ? Si ce n’est pas indiscret…

J’avais longtemps muri ma décision de quitter BSC pour me tourner vers MTI et je ne voyais personne de mieux placé que Brent Hughes pour prendre ma carrière en mains. Bien que je fus certaine de mon choix, quitter Daniele serait autant difficile que le jour où j’avais quitter Jack. En fait, et je ne le cachais pas, je faisais ce choix parce que l’amitié entre mon manager et l’époux de ma mère brimait la confiance que je pouvais avoir envers Daniele et que de couper les ponts avec celui qui avait fait une petite contribution de trente seconde un soir, devenait nécessaire.

- Je n’ai aucun doute là-dessus, Brent.

Il ne me décevrait pas, j’avais que de bons sentiments envers cette nouvelles associations.

Concernant ma carrière, j’avais une vision claire et précise. Je savais ce que je voulais et vers où j’allais. Ce que j’attendais de Brent tenait d’un partenariat sympathique dans lequel nous pourrions échanger nos visions, partager nos idées et mettre nos efforts en commun. Il disait que c’était comme cela qu’il travaillait et qu’il serait ravis de me donner son avis non sans manquer de me dire qu’il avait toujours apprécié ce que je faisais.

- Merci, c’est vraiment gentil. J’ai encore en tête plusieurs de nos conversations et quelques-unes de tes critiques constructives.

Si nous pouvions appeler cela des critiques. Chaque fois que nous avions été ensemble lors d’un souper de famille par exemple, nos échanges étaient toujours légers, joviales et j’adorais qu’il me parle de ma musique. Il avait une façon de dire les choses de façon appropriés. C’était difficile à expliquer mais tout cela pour dire que je savais d’avance qu’avec Brent, il n’y aurait pas de difficulté au niveau de la communication.

- Tout comme elle est la mienne. Depuis toute petite que je ne vis que pour cela mais ça, tu le sais déjà.

Quand je quitterais l’appartement de Brent, j’irais trouver Daniele pour lui annoncer ma décision. Évidement, je ne lui parlerais pas immédiatement de ma rencontre avec Brent, préférant laisser couler un peu d’eau sous les ponts et pour éviter un coup de pute de mon actuelle maison de disque. Ce n’est pas la réaction de Daniele que je craignais mais celle de Jimmy qui trouverait sans aucun doute un moyen de me pourrir la vie, comme s’il ne vivait que pour cela.

Ça doit être épuisant de se lever chaque matin avec toujours le besoin vital de nuire à quelqu’un, de quelque façon que ce soit.

Brent voulu savoir où j’en étais musicalement parlant ce à quoi je répondis que je pouvais sortir un album demain matin si je le voulais. Je soulignais aussi, car cela me sembla très important de le faire, que rien de ce nouveau matériel n’avait été fait chez BSC et que la maison de disque n’avait jamais rien entendu de ce que j’avais. Donc, on ne pourrait pas en revendiquer une seule note.

- Ça sonne très bien à mon oreille et j’en suis très heureuse.

Il n’y avait que pour le film que j’étais embêté car c’était Daniele qui avait prit contact avec les producteurs.

- C’est un film sans prétention, une histoire classique de la fille qui fait tapisserie et qui devient soudainement populaire quand le quart-arrière de l’école lui fait de l’œil. Je ne m’attends pas à ce que ce film crée un engouement à sa sortie mais pour une première expérience, je trouvais ça plutôt intéressant. Ceci dit, c’est Daniele qui a fait les arrangements avec les producteurs alors… Je crois qu’il faudra attendre la fin du tournage pour officialiser notre association.

Je ne voudrais pas me mettre des bâtons dans les roues, je tenais à ce projet et de ce que j’avais compris, la production aussi tenait à moi, Après tout, elle attendait le feu vert de mon médecin pour commencer le tournage.

- Je tiens vraiment à ce projet. Tu crois que BSC me mettra des bâtons dans les roues ?

Olivia semblait me faire vraiment confiance et ça me motivait pour me donner à fond dans cette nouvelle association. Bien sûr, cela ne voulait pas dire que j’allais délaisser Johnatan, Eleanor et Shane. Non, j’avais bien assez de temps pour tous… Ce n’était pas parce qu’Olivia était une star que j’allais la privilégier au détriment des autres.

Non, si je bossais bien, il y aurait moyen, peut-être, qu’un jour, ils soient tous au-devant de la scène.

Olivia se rappelait des nombreuses conversations qu’on avait eues à l’occasion de dîner de famille et autres rencontres. Alors c’était donc ça qui avait fait pencher la balance en ma faveur ? C’était bien possible. J’avais toujours aimé ce que faisait Olivia et je l’avais de temps en temps conseillée, sans trop de prétention non plus… Juste le regard d’un fan sur son travail.

-On va en avoir encore plus, des conversations comme ça. J’ai déjà hâte.

Quant à là où elle en était, elle avait suffisamment d’idées pour sortir un album sous peu, ce qui était pas mal. Si on pouvait commencer notre collaboration par un premier album sous le label MTI, ce serait un très bon départ.

Elle avait aussi un projet de film en cours, ce qui attira ma curiosité. Elle daigna me répondre. Le film était une histoire classique, le genre de film pour adolescents, ce qui, de mon avis, lui convenait bien.

Mais c’était clair que ce n’était pas un film qui allait lui rapporter un Oscar. Mais de la visibilité ? La sympathie encore plus forte de la part de son public ? Peut-être.

-C’est un beau projet. Beaucoup d’artistes s’essayent à l’acting alors qu’ils sont dans la musique à la base. C’est une expérience à faire.

Je pris une gorgée de café alors qu’elle m’expliquait que c’était Daniele qui lui avait arrangé ça. Ce qui allait, selon elle, reporter notre collaboration à après le tournage…

Je fis la moue.

-Donc on ne pourra signer et ne se mettre à travailler que dans 4 ou 5 mois ?

Ça faisait long… Très long… Trop long peut-être ?

Je frottai mon menton.

-Je peux peut-être m’arranger avec Daniele, quand tu lui auras dit ce que tu as à lui dire. Il pourrait honorer ce dernier projet avec toi, sans t’empêcher de signer, pour ce qui est de la musique, chez nous… Ou alors, me passer le flambeau pour le film aussi.

Dans tous les cas, il fallait qu’elle parle à Daniele. Sans ça, on y allait un peu à l’aveugle.

Une dernière chose semblait l’embêter. Elle voulait savoir si BSC allait lui mettre des bâtons dans les roues pour ce qui était du film. Je la regardai dans les yeux et lui répondis en toute sincérité.

-Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas quelles relations tu as avec eux. Mais effectivement, ils pourraient…

Je pris une gorgée de café.

-Et l’embêtant, c’est qu’à ce niveau-là, je ne pourrai rien faire. Ils seront dans leur droit…

Je réfléchis deux secondes.

-Cela dit, si le réalisateur du film te veux vraiment et que Daniele fait en sorte de faire capoter ta participation au film… Je pourrai renégocier avec ce réalisateur… Et finalement, ça reviendrait au même que si Ricci me passait le flambeau.

Ce serait juste chiant d’un point de vue administratif, mais tout ne serait pas perdu.

D’autres managers à Los Angeles, il y en avait plus d’un pourtant, c’est vers Brent que je m’étais tournée. En m’associant avec lui, je savais que je serais entre bonnes mains et que je retrouverais le même genre de relation que j’avais avec Jack. Nous avions eu plusieurs belles conversations sur tout un tas de sujet, j’aimais beaucoup la mentalité de Brent, sa façon de penser, sa façon de relativiser.  Il disait que des conversations comme celles-là, nous en aurions d’autre et je n’en doutais pas.

- J’ai également hâte.

Mes projets en cours allaient bon train.

Si je le voulais, je pouvais lui enregistrer un album demain matin mais pour des raisons évidentes, je ne pouvais le faire. Je préférais prendre mon temps pour éviter que mon actuelle maison de disque revendique mon nouveau matériel. Il fallait jouer de prudence même si ça pouvait me donner un peu l’air d’être paranoïaque en multipliant l’excès de précaution.

Je parlais aussi du projet de film dont j’avais reçue la proposition. Ce n’était pas un film à grand déploiement mais je considérais l’offre comme un bon tremplin pour une nouvelle corde à mon arc. Comme le faisait remarquer Brent, plusieurs artistes essayaient l’acting, ce n’était qu’une expérience de plus à essayer.

- Je suis emballée par cette opportunité et grandement soulagée qu’ils aient acceptés d’attendre la fin de ma convalescence pour amorcer le tournage. J’aurais compris qu’ils en décident autrement.

Le seul hic avec ce projet était que Daniele avait fait des arrangements avec la production et j’avais peur qu’en quittant BSC, on se retrouve avec plus d’un bâton dans les roues. Peut-être qu’il serait plus sage d’attendre la fin du tournage pour rompre mon association, question de ne pas perdre cette chance cinématographique, bien que cela ne me plaisait pas, et à Brent non plus si j’en jugeais par sa moue.

- Je ne suis pas certaine que je saurai attendre quatre ou cinq mois…

Brent croyait pouvoir s’arranger avec Daniele après que j’ai eu discuter avec ce dernier. J’entendais beaucoup d’ouverture et d’optimisme de la part de Brent et j’espérais bien en trouver autant du côté de Daniele.

- Ce serait l’arrangement idéale. Je souhaite que cela se passe ainsi, je me croise les doigts et les orteils.

Si Daniele pouvait me surprendre avec une attitude professionnelle et respectueuse, je doutais qu’il en soit de même à l’étage au-dessus et s’il y avait un os, ce serait de là qu’il viendrait.

- Ma relation à toujours été excellente avec Daniele mais je ne sais jamais ce que Jimmy peut faire. Il est capable d’absolument tout pour faire chier et s’il peut le faire, il le fera.

Il y avait tout de même de l’espoir en supposant que Brent négocie lui-même avec la production. Je hochais de la tête et je pris une gorgée de café ensuite.

- Je garde espoir que cette rupture professionnelle se fasse de façon respectueuse et sans manœuvre machiavélique.

Je rêvais peut-être en couleur mais tout était dans l’attitude.

- Je suis prête à aller parler avec Daniele. Je ne veux pas attendre plus longtemps, déjà que je ne suis pas allée le voir à mon retour d’Afrique. Comme plusieurs d’autres, d’ailleurs.

Nous avions déjà hâte de travailler ensemble. L’avantage, puisque Olivia avait fait partie de la famille Hughes, c’était que j’avais pu apprendre à la connaître en dehors de toute relation professionnelle. Je savais qu’elle avait un grand talent et qu’elle était professionnelle, même si parfois, sa jeunesse la poussait à s’éparpiller un peu.

Mais rien que je ne pourrais gérer. Avec un peu de chance, si elle se sentait mieux chez MTI que chez BSC, ce léger défaut qui l’amenait à se diversifier, à ne pas savoir trop choisir entre carrière de chanteuse, études et autres, se résorberait tout seul.

Sinon, je serais là pour la guider et tempérer parfois ses ardeurs. Même si je ne fermais la porte à rien… Pas sans une bonne raison, en tout cas.

Il y avait donc ce projet de film qu’elle voulait absolument faire. Je ne considérais pas ça comme quelque chose qui serait du domaine de la distraction. Non, c’était plutôt complémentaire. Comme je le lui disais, beaucoup de musiciens s’essayaient au cinéma. Leur visibilité, le style que les gens comme Olivia avaient sur scène attiraient souvent l’attention des réalisateurs. Ce ne serait qu’une façon de plus de se faire connaître. Ceux qui ne connaissaient peut-être pas les chansons d’Olivia la verraient à l’écran et iraient naturellement voir ce qu’elle faisait comme musique.

Question marketing, ce n’était pas bête.

Elle avait donc hâte de commencer à tourner même si elle devait attendre de se soigner d’abord. Elle avait peur, aussi que BSC ne lui mette des bâtons dans les roues si elle annonçait les quitter. Mais si elle voulait d’abord tourner puis seulement quitter BSC, elle allait être coincée pendant des mois.

-Moi non plus, je n’ai pas envie d’attendre aussi longtemps. Donc, ce que je te conseillerais de faire, c’est de rompre ton contrat avec BSC et si Daniele fait annuler ta participation au tournage, j’irai moi-même voir le réalisateur pour te remettre sur le coup.

Je souris et haussai les épaules.

-De toute façon, si ce réalisateur te voulait, il ne dira pas « non » alors qu’il lui suffira simplement de signer deux ou trois papiers pour te ravoir.

Tout ça n’était qu’une question de paperasse, à mon avis.

Olivia était d’accord pour ce plan qu’elle considérait comme un arrangement idéal. Mais ce n’était pas tellement Daniele, qu’elle craignait, mais Jimmy. Je pinçai les lèvres.

-A ce niveau-là, je suis impuissant. Malheureusement, comme c’est toi qui romps le contrat, Jimmy a des droits et ça m’étonnerait qu’il ne les revendique pas.

Je connaissais assez Jimmy Reed pour savoir que, même s’il s’agissait de sa fille, il prendrait jusqu’au dernier centime qui lui reviendrait. Est-ce qu’on pouvait lui en vouloir ? Non. Le système était fait comme ça, il ne fera que prendre ce qui lui revient.

Enfin, j’espérais qu’il se limiterait à ça. Olivia espérait que tout se ferait de manière respectueuse et sans coup de pute. Je ne dis rien, me contentant de la regarder d’un air légèrement sceptique.

Elle devait donc, maintenant, aller voir Daniele Ricci qu’elle n’avait pas encore vu depuis son retour.

-Je te souhaite bonne chance. Ce n’est pas facile de mettre fin à une collaboration. Mais dis-toi que c’est probablement pour un mieux.

J’étais un peu inquiète de voir comment les choses se passeraient pour moi, après ma rupture professionnelle avec BSC. Je ne m’attendais pas à ce que tout soit rose, on se prend dans les bras, on se remercie pour les bons services et on se souhaite bonne chance pour la suite mais j’osais espérer un peu de souplesse et de compréhension de la part de Daniele, car du reste, je ne m’attendais à rien. Ceci dit, j’étais prête à faire face à la musique et je m’étais préparé sur bien des plans.

Brent et moi n’avions pas envie d’attendre des mois avant de commencer à collaborer. J’étais ravis de voir qu’il était empressé de collaborer. Au moins, ça me rassurais, je n’étais pas venue ici pour rien car, si l’oncle de mon futur ex-mari avait refusé de devenir mon manager, j’aurais dû aller frapper à d’autres portes et derrières ces portes, je n’étais pas certaines de ce qui m’aurait attendu.

- Alors faisons comme cela, ta vision est plus nette que la mienne et plus sûre.

Je ne perdrais pas mon film en agissant ainsi et puisque le tournage était déjà reporté à cause de ma convalescence, si Brent devait renégocier ce que Daniele avait déjà fait, le temps de tout refaire ne compterait pas lourd dans la balance. Autrement dit, je ne perdais pas et ne faisais pas perdre trop de temps.

- C’est vrai qu’il a pas mal insisté et déjà en m’envoyant directement le scénario avec une lettre longue comme mon bras pour me dire pourquoi il me voulait moi et personne d’autre, je pense que je ne risque pas de perdre ce projet.

Parler de tout ça avec Brent me rassurait.

Il restait à attendre quel lapin Jimmy allait sortir de son chapeau. Il en aurait forcément un, il ne vivait que pour ruiner la vie des autres.

- Qu’il revendique autant qu’il veut. Je sais que je ne devrai rien d’autre que les indemnités en cas de bris de contrat et je suis prête et capable de les assumer. Il m’a toujours dit que je devais avoir un coup d’avance et c’est ce que j’ai fait en préparant ma sortie.

De toute façon, quoi qu’il fasse, ça ne ferait que confirmer ce que je pensais déjà de lui. Et s’il agissait autrement en nous surprenant, ce dont je doutais, ça ne changerait rien non plus de ce que je pense de lui. Il avait ruiné en un battement de cil notre relation déjà fragile et moi, contrairement à tous ceux l’entourant, je refusais de courber l’échine et de faire comme si ce qu’il faisait était parfaitement logique et légitime.

Ce que je faisais aujourd’hui était la première brique d’un long processus mais tout venait à point qui savait attendre. Le Karma reviendrait à bon entendeur.

Je terminais mon café et c’est avec confiance que je m’apprêtais à me rendre au bureau de Daniele. Comme le disait Brent, mettre fin à la collaboration ne sera pas facile d’autant pus que Daniele ne verrait pas venir ma décision mais je savais que mieux m’attendait ailleurs.

- Maintenant que je sais que tu acceptes de faire un bout de chemin avec moi, je pars confiante et je suis sereine avec ma décision. La suite ne sera que la fin de ce gros chapitre de ma vie.

Je me levais et je fis la bise à Brent.

- Merci pour ton temps et pour le café. Je te passe un coup de fil quand je rentrerai et nous pourrons voir comment nous nous alignerons pour la suite des choses.