J'avais fini ma journée au studio de MTI, encore très productives. J'avais dit à Brent qu'on était prêt pour le premier album et qu'il fallait juste une pochette pour ce dernier. Enfin, tous commençaient enfin à se concrétiser. Enfin, je dis ça comme si j'étais impatient, mais c'est limite si je n'avais pas déjà fini le second album. Non, évidement que non, il y a encore du taff, mais avant de passer la seconde, on va déjà essayer de démarrer. Ce premier album peut nous lancer et faire en sorte que les gens aient une grosse attente sur le prochain. Ou alors être un flop monumental. Mais je m'en fiche tant que je m'amuse et que je peux vivre de ma passion, le reste est superflu. Enfin bref, je ne sais pas ce qui m'a pris ce soir, mais j'avais besoin d'air. Alors avant d'appeler le taxi pour rentrer au motel, je décide de marcher un peu dans la rue. Personne ne savait qui j'étais, ce qui m'allait bien. Personne ne sait que Johnatan est Nameless.

Pas besoin de me cacher. J'avais ma veste en cuir qui m'allait bien au niveau des épaules, mais qui était beaucoup trop grand du coup et me descendais presque sur les genoux. Foutue épaules larges tien ! Je me retrouve devant le Stryge Bar et je tourne la tête vers l'entrée. Il y avait un peu de musique et des artistes indépendants qui y jouaient. Je m'installe au bar tout en écoutant attentivement ce qui était produit. J'avais une sensation étrange en revenant ici. Plus rien n'était pareil, je suis venu ici quelques heures après être descendu de l'avion, je n'avais pas un rond, je ne savais pas quoi faire et comme si la chance venait du ciel, c'est ici que j'ai rencontré Liam. Sans lui, je ne serais pas là où j'en suis. Je regarde la serveuse et lui fais un grand sourire.

Bonsoir, je vous prendrais un Ricard s'il vous plait !

Je sors mon porte-monnaie et paye ma consommation tout en gardant mon sourire.

Ils jouent bien, ces petits jeunes ! Ça fait plaisir à voir !

La serveuse me sert mon Ricard, je mets un peu d'eau avec et bois une gorgée tout en écoutant la musique.

Le concert de The Lightening au Hollywood Bowl approchait. Ça faisait des semaines qu’on était tous en préparation. J’avais notamment discuté avec Abel qui m’avait dit que niveau montage, tout était parfait et que ça allait être un grand concert.

Normal, ça faisait des mois que The Lightening n’avait plus donné de concert. Mais Billy était actuellement dans une bonne phase et j’étais en train de croiser les doigts pour que ça dure encore un peu, pour que le concert se fasse, justement, dans cette bonne phase.

Billy n’avait pas besoin de moi ce soir, donc, il m’avait donné mon congé et je pouvais souffler un peu. Billy était bien sûr plus qu’un protégé, de mon point de vue. C’était un ami sur lequel je devais veiller.

Mais il n’y a pas plus difficile métier que de protéger quelqu’un de lui-même. Or, c’était ce que je faisais la plupart du temps avec le rouquin.

Souffler, donc…

J’avais besoin de sortir un peu, de voir des gens un peu autres que Billy. Et L.A. était plein de choix… Mais comme d’habitude, je retombais dans mes endroits favoris, et le Stryge Bar me semblait l’endroit idéal pour décompresser en buvant quelques verres et en écoutant de la musique.

J’avais donc enfilé des vêtements de ville dans la chambre que m’avait attribuée Billy dans son énorme villa. Ça faisait des mois que je n’étais plus rentré chez moi, mais ça ne me dérangeait pas vraiment. J’étais même plutôt plus à l’aise, parce que si Billy avait un problème, j’étais directement sur place et je n’avais pas à me mettre en danger sur la route pour intervenir le plus vite possible.

Bien que, comme je le disais, ces temps-ci, Billy n’avait pas vraiment besoin de moi. Même s’il me faisait bien comprendre que lui aussi préférait que je reste sur place, ne fut-ce que pour avoir un peu de compagnie… Quand Shiri où d’autres personnes de son entourage ne lui rendait pas visite, auquel cas, je leur laissais bien sûr leur intimité, sauf ordre contraire.

Le Stryge Bar était donc un de mes endroits préférés… Je n’étais pourtant pas un métalleux, ni un gothique, ce qui représentait la majorité du public du Stryge. Mais j’aimais cette ambiance feutrée et un pu surnaturelle. De plus, en générale, les groupes qui se produisaient là étaient de qualité. C’était d’ailleurs là que j’avais rencontré Johnatan, qui se produisait maintenant régulièrement dans les clubs de L.A. sous le nom de Nameless, depuis que Brent Hughes était là pour lui trouver des scènes et des dates.

Alors quand j’entrai dans le bar, la première personne qui attira mon attention était la barmaid, Cali Duster. Bon, d’accord… C’était aussi parce que je la trouvais vraiment belle que j’avais tendance à venir boire un verre ici dans mon temps libre.

Mais quelle ne fut pas ma surprise quand, de Cali, mon regard dériva sur un gars appuyé au comptoir, un verre de Ricard devant lui ! C’était Johnatan !

Je m’approchai en souriant et attirai son attention d’une main posée sur son épaule.

-Hey ! Johnatan ! Content de te revoir !

Je m’installai sur un tabouret à côté de lui et souris à Cali.

-Je veux bien une Stella Artois, s’il te plait, Cali…

Puis je reportai mon attention sur Johnatan.

-Alors ? Il parait que Nameless a fait du chemin depuis notre première rencontre ! Tu es content ?

Il était tard dans la nuit et j'avais décidé de me sortir un peu la tête du studio. J'ai marché longuement jusqu'à tomber sur le Stryge Bar. J'étais entré à l'intérieur et je me suis assis au bar. Je regardais et écoutais les gens jouer, j'ai commandé un Ricard et je pianotais sur le bar. Soudain, une main vient se poser sur mon épaule et on vient me saluer. Je tourne la tête en souriant.

Oh Liam, c'est toi ? Je suis content de te voir aussi ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Je fus surpris quand je le vois ici, lui qui est le garde du corps de Billy. Je me dis qu'il est censé être la h24  vers Billy. Il s'installe sur le tabouret à côté de moi. Il demande une Stella Artois. Je ne sais pas ce que c'est.

Je ne connais pas cette boisson, qu'est-ce que c'est ?

Puis, il vient me demander comment va Nameless et qu'on a fait du chemin depuis la dernière fois, et si je suis content.

C'est un secret pour personne, Nameless va sortir un album dans peu de temps, on finalise tout ça. Mais oui, je suis super content, mon rêve est entrain de se réaliser... J'ai du mal à m'en rendre compte... C'est trop beau pour être vrai... Il y a un truc louche...

Je fais tourner mon Ricard dans mon verre et bois une gorgée.

Le concert t'a plu ? On a pas eu le temps d'en discuter, vous êtes parti un peu vite.

Je lui souris puis enchaine.

Et toi, tu as beaucoup de boulot ?

Johnatan se tourna vers moi et ma salua avec un grand sourire. Il me demanda ce que je faisais là et je haussai les épaules en souriant.

-Billy m’a donné ma soirée. Il est chez lui et comme il est dans une bonne phase, je ne suis pas obligé de rester avec lui pour le protéger de lui-même.

Je m’installai confortablement sur mon tabouret et commandai à boire. Une Stella Artois. Johnatan demanda alors ce que c’était. Je le regardai un peu surpris.

-Tu ne connais pas ? C’est une bière belge, une pils. Ce n’est pas facile de trouver de la bière belge ici, mais la Stella est celle qui s’exporte le mieux, apparemment.

Cali me déposa justement mon verre devant moi et je le fis glisser vers Johnatan.

-Tiens, goûte si tu veux. Elle est légère… Il faut en boire au moins dix pour être bourré avec ça.

Je lui déclarai alors que je savais que son projet faisait son chemin. Tout se sait, quand on bosse chez MTI. Même si j’étais souvent reclus avec Billy, ça ne m’empêchait pas de parler avec d’autres roadies, surtout quand The Lightening passait par les studios ou, comme récemment, quand on allait voir l’avancement des travaux au Hollywood Bowl en vue du gros concert qu’ils allaient donner.

Johnatan affirma qu’il allait bientôt sortir un album qu’il était en train de finaliser… Tout ça lui semblait trop beau pour être vrai au point qu’il en venait à penser qu’il y avait une couille dans le potage.

-C’est L.A., ça, mon vieux ! C’est magique et le talent est toujours récompensé.

Je lui souris.

-Je pense que tu mérites ce qui t’arrive.

J’étais sincère.

Il me demanda alors ce que j’avais pensé de son premier concert officiel. Comme il le disait, on avait pas vraiment eu le temps de débriefer ce jour-là.

-J’ai vraiment adoré. On dirait que tu sais tout jouer et tout chanter. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que tu t’éparpilles. C’est normal, non, au début ? En plus, ce serait pertinent si tu avais fait des très bonnes chansons et de très mauvaises sur le même concert.

Je haussai les épaules.

-Mais ce n’était pas le cas. Toutes tes chansons étaient bonnes.

Il me demanda alors si j’avais beaucoup de boulot.

-Pas vraiment. Billy, comme je te le dis, est dans une bonne phase. Il crée beaucoup et sort peu. J’habite dans sa villa à Malibu et je lui sers surtout de chauffeur pour aller à droite et à gauche.

Je pris une gorgée de ma bière.

-Le soir du concert au Hollywood Bowl, qui est pour bientôt, là, je vais avoir du boulot parce que c’est moi qui doit organiser la sécurité.

Je saluai Liam qui m'avait rejoint au Stryge Bar.  Je lui demande ce qu'il faisait ici et il me dit que Billy lui avait donné sa soirée.

Oh, je vois. Je l'ai rencontré et en effet, il avait l'air d'aller vraiment bien. Je comprends qu'il n'ait pas besoin de toi pour se surveiller. Perso, j'ai Brent qui me surveille. Il me secoue assez régulièrement parce que d'après lui, je ne sors pas assez !

Puis, il commande une Stella Artois. Je ne sais pas ce que c'est et je lui dis. Il me tend son verre et me dit de gouter. Je prends une gorgée et je le regarde.

Mouai c'est trop doux pour moi !

Je lui rends son verre en gardant le sourire. Il me parle ensuite du succès et du chemin qu'es en train de faire, Nameless. Je lui dis qu'un album va bientôt sortir et que tout se passe beaucoup trop bien et que je n'aime pas l'idée. Il me rassure et me dit que c'est L.A et que c'est grâce à mon talent.

Je ne sais pas si je le mérite et si j'ai du talent, mais je vais prendre ce qui vient avec plaisir ! J'arrive à en vivre, alors, je vais profiter.

Puis, on vient à parler du concert. On n'avait pas eu trop le temps d'en parler. Il me dit qu'il a adoré et qu'il avait l'impression que je pouvais tous jouer et tous chanter. Et qu'il n'était pas de l'avis de Moriarty.  Je le regarde avec un grand sourire. Il me dit que ça aurait été pertinent si j'avais fait des prestations en dents de scie, mais d'après lui ça n'était pas le cas, ce qui me fit à nouveau sourire.

Merci Liam. Ça me touche, mais j'ai déjà des projets pour le second album et on aura notre propre style. La touche Nameless !

Je n'en dis pas plus pour garder du suspense. Je lui demande s'il avait beaucoup de boulot. Il me dit que non, que Billy bosse dans son coin et qu'il n'a pas trop besoin de le surveiller. Il me dit que par contre, le soir du concert au Hollywood Bowl, il va y avoir du taff. Je lui tape sur l'épaule en souriant.

Mais tu vas gérer, j'en suis sûr !

Johnatan déclara qu’il avait croisé le chemin de Billy et que ce dernier avait l’air d’aller bien. C’était le cas, j’avais pu le constater moi-même. Mais le fait étant qu’il était maniaco-dépressif, l’état de Billy pouvait changer du jour au lendemain, voire en quelques heures.

Je souris…

-Pourvu que ça dure. Même si, quelque part, il va un peu « trop » bien. En fait, quand il est comme ça, il pense qu’il est invincible et capable de tout faire. Du coup, il peut se mettre en danger, ou dépenser sans réfléchir… Ou être gravement déçu si d’un coup, il se rend compte qu’il est trop optimiste par rapport à ce qu’il se passe.

Je haussai les épaules.

-Faut toujours garder un œil dessus, mais pour une soirée où il sera seul dans sa villa, je pense que ça peut aller.

Je rigolai quand il parla de Brent qui le surveillait, pas dans le sens où il devait le forcer à travailler, mais plutôt le contraire.

-De ce que je sais de Brent, c’est un gros fêtard. Il est pratiquement de toutes les fêtes et tous les événements qui se déroulent à L.A.

Selon moi, il aurait pu devenir aussi influent qu’un Daniele Ricci, mais le frère de Don Hughes était beaucoup trop gentil pour ça. Du coup, je pensais que lui et Johnatan s’étaient bien trouvés. J’avais tapé dans le mille en donnant la démo du jeune homme à Brent.

Johnatan ne sachant pas ce qu’était la Stella Artois, je lui proposai de goûter, mais c’était trop doux pour lui.

-C’est clair que ce n’est pas avec ça que je vais me mettre une mine. Il parait qu’il existe plus de mille bières belges et c’est dommage que celle qu’on trouve le plus facilement ici soit celle-ci.

Mais je m’en contenterai pour l’instant. De toute façon, j’avais toujours Billy dans un coin de ma tête et je voulais être en état pour si jamais il avait besoin de moi. Il savait que je venais au Stryge et il avait le numéro du bar, en cas de problème.

Je demandai à Johnatan, tout en sirotant ma bière, ce qu’il pensait du chemin impressionnant qu’il avait parcouru en peu de temps. Pour lui, c’était un peu trop beau pour être vrai, je sentais qu’il se méfiait.

-Je pense que tu le mérites. Je t’ai vu sur scène. Tu donnes beaucoup à ton public. Mais tu as raison de rester sur tes gardes. Comme le dis souvent Cash Izbel, ce que L.A. donne, elle peut le reprendre du jour au lendemain.

Je souris.

-Mais je pense que tu es bien entouré.

Il voulut à nouveau mon avis sur son concert, que je lui donnai. Il était ravi, et précisa que le deuxième album de Nameless aurait sa touche, sa patte.

-Oh ! Alors tu as trouvé vers quoi tu veux te diriger, musicalement ? C’est super ça ! J’ai hâte de l’entendre.

Je rigolai.

Et tu es prolifique, dis donc. Maintenant, j’imagine que tu écris et compose depuis quand même un certain temps. Tu n’as pas commencé en débarquant à L.A.

Quant à moi, j’avais ce gros concert de The Lightening au Hollywood Bowl qui m’attendait. Johnatan était sûr que j’allais gérer.

-Merci. Après toutes ces années, j’ai l’expérience. Mais je dois dire que ce qui nous est arrivé à Saint Louis lors de la dernière tournée de The Lightening me trotte toujours dans la tête.

On parle de Billy. Je dis à Liam qu'il avait l'air d'aller bien, ce qu'il confirme. Même si ça l'inquiète un petit peu, il a peur qu'il fasse des bêtises.

Mais tu es là pour veiller sur lui, pour lui éviter de faire des conneries !

Je lui souris et je me mis à lui parler de Brent qui lui me force presque à sortir du studio. Il me dit que Brent était un gros fêtard. Je me mis à exploser de rire.

 Oh que oui. La seule fois où je suis sorti faire une soirée avec lui, il m'a emmené voir de la boxe dans une salle de sport !

Je le regarde en riant. Puis il commande une bière que je ne connaissais pas. Il me propose de boire ce que je fais et je trouvais ça très doux, je n'étais pas fan. Je retourne à mon Ricard. Il me dit qu'il existe plus de mille bières en Belgique, je lui souris.

Demande à Billy de faire une tournée en Belgique ! Tu auras de quoi faire si tu y vas!

Je souris et bois une bonne gorgée de Ricard. Puis, on parle de Nameless, je lui dis que le premier album est en production et que je trouve ça louche que tout cela se passe beaucoup trop bien.  Il me dit que je mérite, que je partage beaucoup avec le public, mais que je fais bien de me méfier.

Je partage avec le public parce que sans eux... On n'est personne. Et oui, Cash m'a prévenue. Du coup, je fais attention et je reste humble. Et en effet, je suis bien entouré, ça, j'en suis sûr !

On discute des critiques que Nameless avait reçues. Je lui dis que j'avais une ligne directrice de Nameless. Il me dit que c'est cool.

Oui, j'ai ma petite idée et tu vas voir, ça va surprendre tout le monde !

Et ça, j'en suis sûr ! Puis il me dit que je suis prolifique et que j'écris et composes depuis longtemps. Je le regarde et ris à nouveau.

Oh ça, oui ! Je passe ma vie au studio, donc j'ai le temps d'écrire et de composer. Même si je suis un peu aidé par Scott, mon bassiste. Il se permet de retoucher un peu ce que je lui donne. Au début, il hésitait, mais maintenant, c'est limite si sur certains morceaux il ne change pas tout !

Je lui souris. Puis je lui demande s'il a du taff. Pour l'instant, non, mais pendant le prochain concert, alors là, il va en avoir. Je l'encourage, et il me remercie, mais me dit que ce qui s'est passé à Saint-Louis lui trotte dans la tête. Je le regarde surpris.

Je n'ai pas eu vent de cela... Rien de grave, j'espère ?

Je souris quand Johnatan me dit que j’étais là pour éviter que Billy ne fasse des conneries.

-C’est vrai. Je suis même payé pour ça. Mais j’ai tendance à l’oublier pour simplement agir avec Billy comme je le ferais avec un ami.

Je pris une gorgée de bière.

-C’est la meilleure façon de faire avec Billy. Et j’ai la prétention de penser qu’il me considère lui aussi comme un ami.

Johnatan, lui, avait Brent à ses côtés pour lui faire découvrir la fille et tout ce qu’elle offrait. Je pensais que le manager angelenos était parfait pour ce genre de choses. Brent faisait du bon travail, mais il savait aussi s’amuser.

Et Johnatan éclata de rire… un rire contagieux qui me fit rire aussi alors qu’il déclarait que Brent l’avait emmené voir un match de boxe.

-Ah oui ! Je vois de quoi tu parles. Vous avez dû bien vous amuser !

Pour ce qui était de la bière que j’étais en train de boire, j’aurais bien voulu en goûter de plus fortes, de plus spéciales comme il y en avait en Belgique. Et Johnatan avait la solution à ça ! Faire un concert en Belgique !

-En voilà une bonne idée ! Roadtramp et The Burning Fire s’y sont croisés en 1983 à Werchter. Il parait que ça valait vraiment le coup ! Le concert a eu lieu dans un plaine au milieu de nulle part, d’après ce qu’on m’en a dit !

On reparla un peu de son concert et de la façon toute naturelle qu’il avait de partager avec son public. Je découvris alors que le jeune musicien avait un grand respect et une énorme gratitude envers son public. Il avait bien conscience que sans eux, il ne pourrait pas avancer. Et il confirma être bien entouré.

-Tant mieux. Sincèrement, je trouve que tu as une belle mentalité. C’est pas comme Ben Masters ou Zack McBride qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.

Les deux musiciens avaient un tempérament détestable. Et sincèrement, je préférais quelqu’un d’imprévisible, mais de sincère, comme Billy qu’une de ces deux pestes.

Pour ce qui était de son art, apparemment, Johnatan n’était pas à court d’idées. Il avait déjà de quoi faire deux albums. Et j’avais l’impression qu’il était surtout impatient de sortir le deuxième qui, si je comprenais bien, montrerait le style Nameless.

Il comptait bien surprendre tout le monde.

-D’où l’intérêt d’un premier album plus éclectique. Le deuxième n’en fera que plus de bruit.

Je le regardai en souriant et assez impressionné.

-Tu n’aurais pas un peu le sens du marketing, toi ? Entre le masque et tes idées d’albums… je trouve que c’est vachement bien réfléchi.

Il était aussi beaucoup aidé par son bassiste.

-Est-ce que Nameless va devenir un groupe, du coup ? Ou tu vas rester un artiste solo secondé par des musiciens de sessions ?

Si son bassiste écrivait à ce point, ils me donnaient plutôt l’impression de vouloir former un groupe.

On en vint à mon propre travail et à la sécurité qui serait nécessaire au Hollywood Bowl. Forcément, comme il venait de débarquer, Johnatan ne pouvait pas savoir les craintes qu’un tel concert pouvait soulever pour moi. Saint-Louis restait gravé dans ma mémoire.

-Si, c’était grave. Le public de The Lightening est violent, un peu à l’image de leur musique. Il y a eu un mouvement de foule… une bousculade… qui s’est soldée par trois morts et une centaine de blessés.

Je passai ma main sur mon visage.

-Jamais je n’oublierai ce soir-là… C’était le chaos. Et je ferai tout pour que ça n’arrive pas encore une fois.

Avec Liam, on parlait de Billy. Du fait qu'en ce moment, il allait très bien et qu'il n'avait pas besoin de Liam pour se contenir et éviter de faire des conneries.

Il est vrai que tu es payé pour ça, mais c'est quand même risquer.

Il me dit qu'il a la prétention de penser que Billy le considère comme son ami, je le regarde en souriant.

On ne peut pas ne pas être ami avec toi en même temps !

Il est vrai, Liam est vraiment adorable et j'adore ce type de personne. Puis, on parle de Brent et du fait qu'on va bien ensemble, il est vrai que niveau collaboration ça ce passe au top avec Brent, disons que je ne suis pas le plus chiant et que je suis plus que productif. Je lui parle de la sortie qu'on a fait, la fameuse soirée boxe.

Oui on c'est amusé, mais je suis plus fan de voiture et de catch. Mais c'était sympa aussi.

On en vient à parler bière. Liam me disait qu'il était déçu qu'il n'y en ait qu'une de disponible en provenance de Belgique. Je lui suggère de faire un concert là-bas directement et il me dit que c'est une bonne idée. Il me dit que Roadtramp et The Burning Fire avait fait ça en 83 et qu'ils l'ont fait au milieu de nulle part. Je le regarde en riant.

Propose à Billy de faire pareil !

Puis, on vient à parler de Nameless, je parle du premier album et je lui dis que j'ai déjà une idée pour avoir une touche "Nameless" dans le monde de la musique. Il confirme ce que je pense quand je lui parle de l'idée. Faire un premier album électrisant pour après en faire un second qui fera encore plus parler. Je fais un signe de tête pour acquiescer. Et il me demande si j'ai un peu le sens du marketing, il m'arrache un sourire en coin.

En effet. J'ai bien compris qu'il fallait faire des trucs commerciaux pour pouvoir percer, du coup, je calcule au maximum pour faire ce que j'aime tout en lui donnant un aspect commercial. Mon père m'a appris ça à l'époque.

Ne t'en fais pas, papa, j'ai gardé tous tes conseils dans un coin de ma tête. Puis, je viens à parler un peu de la procédure de création. Et du fait que Scott m'aide beaucoup.

 Nameless est un groupe. C'est ce que je voulais et j'ai les coéquipiers pour !

Puis, il me parle de ce qui s'est passé à Saint-Louis. Il me dit que le public de Billy et Cash est vraiment violent, il y a eu un mouvement de foule et trois morts et une centaine de blesser, je le regarde avec une vision d'horreur.

Mon Dieu... Quelle horreur... Je comprends pourquoi tu es inquiet, j'espère que ça va aller cette fois-ci !

Je souris franchement quand Johnatan me fit un très beau compliment. Comme quoi on ne pouvait pas ne pas être ami avec moi. C’est beau à entendre.

-Merci… Je te retourne le compliment.

J’imaginais que nous étions donc amis, du coup. Et je trouvais ça génial ! Parce que finalement, ma vie sociale était légèrement limitée, dû au fait que je vivais pratiquement avec Billy et que Billy n’était pas vraiment de nature sociable. Mais tout n’était pas de la faute du chanteur. J’avais mes propres torts, me plongeant dans mon travail corps et âme.

On parla de sa relation avec Brent et du fait que le manager le poussait à sortir. Notamment pour aller voir des matches de boxe. En fait, connaissant un peu Brent, j’imaginais que tout prétexte pour sortir serait bon.

Johnatan affirmait s’être amusé, même s’il était plus fan de catch et de voiture.

-Oh je suis sûr qu’il y aura moyen de voir des matches de catch ou des courses de voitures. Ce ne sont pas les événements qui manquent à L.A. et Brent est en générale bien renseigné là-dessus alors je pense que si un truc peut t’intéresser, il te le fera savoir.

Je rigolai.

-Il viendra même sûrement avec toi. Comme je dis, avec lui, tout est prétexte à la fête.

Je haussai les épaules avant d’ajouter :

-Puis son neveu, Julian, est en train de créer sa propre marque de voiture. Je suis sûr que Brent t’emmènera les voir rouler en primeur !

Bref, avec tout ça, la Belgique me faisait rêver à travers ses bières. Johnatan avait dans l’idée que le meilleur moyen de ses retrouver dans le pays serait d’y faire un concert. Je rigolai.

-Oui, je lui proposerai. L’avantage, ce sera que dans ce cas-là, le voyage sera tout frais payés par MTI.

Ce qui était beaucoup plus abordable que si je décidais d’y aller moi-même, tout seul, en touriste.

Repassant à Nameless, j’étais assez impressionné par la multitude d’idées qu’avait Johnatan. Le truc, c’était que chacune de ses idées avait une logique. Ce n’était pas juste des envie irréfléchies. Non, il était véritablement en train de construire quelque chose.

Il m’avoua alors qu’en effet, il avait la fibre commerciale, mais sans que son art soit dépourvu d’âme. C’était apparemment son père qui lui avait appris à réfléchir comme ça.

Je fis tourner mon verre sur le sous-verre en carton, la mine impressionné.

-Et bien… C’est réussi. Enfin, je n’ai pas encore entendu ton album, mais je t’ai vu sur scène. Ça m’a convaincu.

Et apparemment, Nameless était maintenant véritablement un groupe.

-Wow, je suis vraiment content pour toi. Surtout que les groupes ont en générale plus facile à percer que les artistes solo… Normal parce que si tu changes tout le temps de musiciens de session, les prestations sont parfois inégales.

Quant au concert de The Lightening au Hollywood Bowl, j’avais intérêt à gérer pour lé sécurité parce que je n’avais pas envie de réitérer l’expérience de Saint Louis. Quand je racontai ce qu’il s’était passé à Johnatan, je vis son visage se décomposer.

-Normalement, ça devrait aller. On a augmenté le nombre de stewards et d’agents de sécurité… Et puis l’avantage, c’est que le Hollywood Bowl n’est pas vraiment une salle fermée, si tu vois ce que je veux dire.

Je pris une gorgée de bière puis soupirai avant de sourire.

-Sur une note plus joyeuse et parce que je suis curieux, tu as une petite amie ?

Je secouai la tête et ajoutai en vitesse.

-Ou un petit ami, hein… ça me pose pas de problème. Je devrais plutôt demander si tu as quelqu’un dans ta vie.

Je considère Liam comme un ami et je ne me fais pas prier pour lui dire. Il est vrai que Liam est tellement sympa que c'est dur de faire autrement. Ce dernier me retourne le compliment.

Oh, je te remercie, Liam, ça me touche vraiment.

On discutait du fait que Brent me faisait sortir, Liam me disait qu'il avait tendance à aimer faire la fête, ce que j'avais bien remarqué, je fais un petit sourire en coin.

Il a tendance à faire la fête, je confirme.

Je ricane et la Liam m'annonce que Julian, le neveu de Brent, allait lancer sa marque de voiture. Je le regarde avec des étoiles dans les yeux.

Vraiment ? Ce serait exceptionnel pour moi de voir une nouvelle marque faire ces premiers roulages. En plus je n'ai pas eu trop le temps de faire connaissance avec lui.

Il est vrai qu'il est parti vite lors du concert. Puis, avec Liam, on vient à parler des bières belges. Je lui suggère de proposer à Billy de faire un concert en Belgique pour qu'il puisse tout gouter. Il aime l'idée et me dit qu'il va lui proposer. En plus, ce sera payé par MTI donc ça ne leur coutera rien. Il vient à me parler de Nameless, je lui parle du processus créatif et du fait que j'ai quelques idées déjà. Je lui explique que tout ce que je fais est calculé. Tout est vu de façon commerciale sans gâcher mes envies. Il me regarde et il semble impressionné. Il est convaincu et je lui confirme ce qu'il a pensé quand il m'a vue jouer. Et il me demande si Nameless est un groupe ou pas. Je lui confirme avec un grand sourire. Et il a vu juste, il a eu une bonne analyse de la situation.

Tout à fait, si j'ai décidé de les garder, c'est calculer aussi, je me dis que si je veux percer, je dois garder les mêmes musiciens et en plus, on s'entend bien. Donc ça, c'est fait de manière naturelle.

Quand il se mi à me parler du prochain concert de The Lightening, il me parle de son expérience à Saint-Louis et là... Mon visage ce décompose. Mais il me rassure il à augmenter le nombre de stewards et d'agents de sécurités.

C'est déjà bien si tu as tous prévus. Et oui, vu que c'est une scène ouverte, il y aura toujours plus de places pour les gens !

Puis, il prend une gorgée de bière, et moi une gorgée de Ricard. Il me demande par curiosité si j'ai quelqu'un dans ma vie. Je passe ma main dans les cheveux en riant de gêne.

Si la guitare compte comme une femme, ça fait 20 ans que j'ai la même, sinon j'ai toujours été seule. Je suis nul en drague... Et en plus, je ne sors que très peu... Mais j'avoue que j'aimerais me trouver quelqu'un.

Puis je le regarde.

La conversation allait bon train, mais il fallait dire que Johnatan était du genre facile à vivre, ouvert à tout et avec le sourire facile. Pas étonnant que ça colle avec quelqu’un comme Brent qui n’est pas non plus prise de tête. J’avais eu du flair en lui proposant la démo de Johnatan et je devais avouer que j’en tirais une petite fierté personnelle, même si tous les lauriers revenaient, au final, au musicien.

J’en vins, de fil en aiguille, à lui parler, puisqu’il aime les voitures, de la toute nouvelle marque que voulait lancer le neveu de Brent, Julian. Et je vis les yeux de Johnatan s’illuminer de mille feux.

-Oui, oui, vraiment. Je ne connais pas bien Julian, il est assez introverti… Mais j’ai ouï dire qu’il était vraiment doué pour l’ingénierie et qu’l était sur le point de faire les premiers essais sur circuits.

Je rigolai.

-Ce sera toujours mieux que Brent t’emmène là qu’aux courses illégales qui se courent à L.A.

Parce que bon, c’était bien beau, ces courses, mais c’était très dangereux à la fois pour les pilotes et les spectateurs.

On en revint à Nameless qui était désormais un groupe. Johnatan était très content de ses musiciens et il avait la chance de bien s’entendre.

Je souris.

-Oui, mais c’est comme je te dis, c’est pas facile de se disputer avec toi. Tu es ouvert, tu écoutes ce qu’on te dit et tu n’es pas sur un bon conseil toi-même… Donc…

Je lui tapai amicalement sur l’épaule.

-Je suis vraiment heureux que ça se passe bien pour toi.

Puis, en parlant de nos projets futurs, ce qui me tracassait, c’était le concert au Hollywood Bowl. Je croisais les doigts pour que tout se passe bien. J’avais mis les moyens pour ça, je ne pouvais pas faire plus ni mieux. Je ne pouvais désormais plus compter que sur la chance.

-En effet, c’est plus facile d’évacuer d’urgence le Hollywood Bowl que le Grauman’s, par exemple. Mais bon, on va essayer de penser que la tragédie de Saint Louis ne peut pas se produire deux fois. On a appris de nos erreurs. En tout cas, je l’espère.

Puis, curieux et histoire de faire connaissance un peu plus avant, dans quelque chose de plus joyeux, je lui demandai s’il avait quelqu’un dans sa vie. Et sa réponse me fit vraiment penser à ma propre situation.

Ce qui me fit rire.

-Alors on est deux. Je suis nul en drague aussi.

Je soupirai en rigolant à moitié.

-La dernière fois que j’ai eu ce qui ressemblait de près ou de loin à un rendez-vous galant, c’était avec une jeune institutrice. Je suis du genre progressiste, je crois en la future génération. J’ai bon espoir qu’ils fassent mieux que nous. Mais cette fille… Cette fille-là, quand elle m’a parlé de ses élèves, elle était… aigrie, désabusée et ne voyait les enfants qu’elle était censée instruire que comme des petits morveux irrespectueux.

Je haussai les épaules.

-C’était décevant… Alors ça n’a pas été plus loin, crois-moi.

La discussion était agréable, il faut dire qu'avec Liam, j'ai l'impression qu'on peut parler de tout. On se mit à parler voiture et il m'annonce que Julian, le neveu de Brent, va sortir une voiture de sa propre marque. Je lui montre mon enthousiasme à l'idée de voir cette voiture et j'espère que Brent m'y emmènera !  Liam me dit que ce sera toujours mieux que les courses illégales dont m'a parlé Brent.

Je ne suis pas du genre à enfreindre la loi, donc ça m'arrange un peu si je pouvais voir la voiture de Julian plutôt que d'aller voir des courses de rue.

Puis, on vient à parler de Nameless, Liam ne me fait que des compliments, ce qui me fait plaisir. Selon lui, on ne peut pas se disputer avec moi. Il me tape même sur l'épaule et me dit qu'il est content pour moi.

Merci Liam, ça me touche.

Puis, on vient à parler des futurs projets de Liam. Il me dit que le prochain concert de The Lightening se passerait au Hollywood Bowl et qu'il était un peu stressé par ce qui se pouvait se passer, il me dit que ce sera toujours mieux que ce qui s'est passer à Saint-Louis. Je le regarde en souriant.

Je suis sûr que ça va aller.

Puis, par curiosité, il me demande si j'ai quelqu'un dans ma vie. Je lui explique que non et que je suis nul en drague. Il me confirme que lui aussi. Et il me parle de la dernière rencontre qu'il a faite. Qu'il était déçu, car il est tombé sur une institutrice qui était aigrie et qui crachait sur ces élèves. Lui croit en la jeunesse, alors forcément, ça ne colle pas. Je le regarde et me gratte le menton.

Après, d'un sens, je la comprends... Par exemple, moi, quand je suis arrivé en France, j'ai passé un diplôme de chaudronnerie. Je n'en avais rien à secouer, mais c'était pour avoir un diplôme, si jamais ça ne marche pas, la musique avec quelque chose sur le coude, mais ça ne m'a pas empêché de prendre part au cours et de m'investir... J'ai eu mon diplôme alors que je n'ai fait qu'une année et que j'ai dû rattraper deux ans de retard. Mais les autres... Ils n'étaient vraiment pas intéressés et foutaient le bordel. De ce que j'ai compris, les gens mettaient les élèves en chaudronnerie quand il ne savait pas quoi faire, car ils estimaient que c'était un boulot de con et facile à faire... Alors que pas du tout, il y a quand même une technique et tout. Tout ça pour dire que c'est à ce moment-là que j'ai rencontré celle qui deviendra ma meilleure amie et la fille après qui je courais. Victoire. Ça fait clicher, mais c'était la petite beaucoup plus forte que les autres qui était isolée parce que tout le monde se moquait d'elle, et quand je la voyais seule en cours et à la pause, j'y suis allé et on a bien sympathisé. Elle m'a aidé à rattraper mon retard et c'est en grande partie que j'ai eu mon diplôme, par la suite mon père à vue avec son patron pour m'embaucher et elle cherchait un travail aussi alors, j'ai demandé s'il pouvait la prendre aussi. On a bossé ensemble pendant dix ans, et quand mon père est mort, c'est elle qui m'a poussé à venir ici et réaliser notre rêve. J'avais l'impression qu'elle voulait tous comme moi qu'on se mette ensemble, mais qu'elle n'osait pas non plus y aller...

Je le regarde en soupirant.

Elle m'a poussée à sacrifier notre amour et notre amitié pour réaliser mon rêve... C'était le sacrifice ultime...

Je comprenais bien Johnatan quand il disait préférer aller à l’inauguration officielle de la marque de voiture de Julian Hughes plutôt que d’aller voir des courses illégales. Déjà, c’était moins dangereux parce que la sécurité serait organisée et ça se ferait probablement sur circuit.

La sécurité que j’avais du moi-même organisée pour le prochain concert de The Lightening. Je savais que j’avais fait le maximum avec ce que j’avais, mais restait toujours l’inconnue de savoir comment le public allait se comporter.

Mais je choisis de croire Johnatan qui disait que ça allait aller.

-Merci… C’est rassurant de te l’entendre dire.

Puis on parla un peu des femmes et la dernière avec laquelle j’avais bu un café dans le but, peut-être, de construire une relation m’avait tellement déçu que ça m’avait limite dégoûté.

Mais Johnatan, lui, disait la comprendre. Je ne l’interrompis pas, le laissant développer. Mais il ne s’attarda pas vraiment sur les élèves qui étaient un peu dissipés et n’en avaient rien à foutre de ce qu’on pouvait leur apprendre.

Je ne voyais pas vraiment les choses comme ça, mais je le laissai digresser sur l’amitié et l’amour qu’il avait fini par développer avec une fille nommée Victoire… Pour qu’il finisse par me dire qu’il avait sacrifié cet amour pour pouvoir réaliser son rêve. Mais ce avec la bénédiction de Victoire.

-Qui sait, peut-être qu’elle viendra un jour te rejoindre ici.

Rien n’était exclus, on ne savait jamais de quoi l’avenir était fait.

-Pour ce qui est des jeunes et de l’éducation… Je vois bien ce que tu essayes de me raconter, mais pour moi, ce ne sont pas les jeunes, le problème.

J’hésitai un peu, cherchant mes mots.

-C’est plutôt le système.

Je haussai les épaules.

-On a tendance à envoyer les moins bons éléments dans des voies de garage, comme dans ton histoire, plutôt que de les éveiller à la multitude de métiers qui existent pour qu’ils puissent avoir une chance de trouver leur vraie vocation. Alors forcément, il y a un désintérêt pour l’apprentissage. Et si en plus, les profs sont aigris comme la fille d’ont je t’ai parlé, ça n’aide pas. Je n’étais moi-même pas un foudre de guerre à l’école, mais heureusement, j’ai fini par trouver ma voie tout seul.

Je pris une gorgée de bière.

-Je travaillais dans une pompe à essence, à la base. Et un jour, j’ai aidé une jeune femme qui se faisait agresser, c’est comme ça que j’ai compris que ma vocation résidait dans les métiers de la sécurité. Et me voilà garde du corps de Billy Lighter…

Je lui souris.

-Toi, tu as trouvé la musique… Mais c’est ton père qui t’y a aidé, si j’ai bien compris. Jamais le système ne t’aurais envoyé dans un métier artistique et où l’avenir est toujours incertain…

On ce mets à parler des femmes, Liam lui m'expliquait qu'il avait rencontré une prof qui crachait sur les élèves et qui était aigri. Je lui parlais de mon expérience personnelle. Que les élèves n'en avait rien à faire des cours et que je comprenais les profs. Puis je viens à dériver sur Victoire. Sur le fait qu'on se soit tourné autour l'un l'autre, mais que personne n'ait osé y aller, qu'elle m'a poussé à venir ici pour réaliser mon rêve.  Liam me dit qu'elle va peut-être me rejoindre un jour ici. Je hausse les épaules.

Pas sûr. Mon patron a eu du mal à me laisser partir, alors elle...

Puis, on vient à revenir sur les élèves. Liam me dit que ce ne sont pas les élèves le problème, mais le système.

Je pense que c'est un peu des deux. Certains élèves ne veulent rien faire. Mais il est vrai que le système essaye de nous mettre dans des cases. Heureusement que mon père m'a ouvert la voie.

Et pour ça je ne le remercierai jamais assez.

J’étais quelqu’un plein d’espoir… Que ce soit au sujet des jeunes ou des belles histoires, comme celle que me raconta Johnatan au sujet de sa relation avec la fameuse Victoire. Un amour, une amie, les deux.

J’espérais pour lui qu’un jour, ils puissent se retrouver…

Mais Johnatan n’avait pas autant d’optimisme que moi. Apparemment, son patron, en France, avait eu du mal à le lâcher et n’allais certainement pas laisser partir l’employée qui lui restait.

Je pris une gorgée de bière puis souris.

-Faut jamais dire « jamais »… Peut-être, un jour.

Je fis la moue, réfléchissant.

-Si tu perces vraiment et que tu pars en tournée, il y a de grande chance que tu passes par la France. Si ce n’est pas elle qui vient à toi, peut-être toi, tu iras à elle… ne serait-ce que pour quelques jours.

Ce serait cool, de mon point de vue, qu’il puisse rentrer au pays en héros et revoir tous ceux qui lui étaient chers.

Pour ce qui était des jeunes, des élèves, de l’école et du système, on était pas vraiment d’accord. Chacun son point de vue. Mais je devais avouer avoir vraiment beaucoup d’optimisme au sujet de la jeunesse.

Johnatan, lui, était plus mitigé.

-Certes… je ne dis pas que tous les jeunes sont de bonne volonté. Mais la majorité. En tout cas, je trouve que, même si certains n’en ont rien à foutre, les profs n’ont pas à en devenir aigris, frustrés et détestables pour autant… Ce qu’était clairement la fille que j’ai rencontré. Je trouvais ça dommage, c’est tout. Sortir avec une femme qui allait pester sur ses élèves à longueur de temps, très peu pour moi…

Johnatan avait eu son père pour lui montrer la voie, lui…

Je terminai ma bière.

-Je trouve ton histoire très riche… entre ta relation avec ton père, ton histoire avec Victoire… Tu m’étonnes que tu as de quoi faire deux albums, déjà… Je suppose que tu t’inspires surtout de choses que tu as vécues ?

Je fis signe à Cali, mais ce fut à Johnatan que je demandai :

-Je t’offre un autre verre ?

Je n'étais pas très optimiste à l'idée de voir Victoire me suivre et me rejoindre ici. Bob ne la laissera pas partir comme ça. Il avait déjà perdu mon père, puis moi, alors s'il perd Victoire, il se retrouvera tout seul à gérer le bar. Mais Liam me dit qu'il ne faut jamais dire jamais. Je hausse les épaules.

C'est vrai. Mais j'ai peu d'espoir. Bob a perdu mon père, moi juste après, si Victoire s'en va, il sera seul à gérer le bar...

Je me gratte la tête. Mais Liam me dit que si je perce et qu'on fait une tournée en France, on pourra se revoir. Je lui souris.

Je suis un peu plus optimiste sur cette idée ! Il y a plus de chances qu'on se voit comme ça !

Je lui souris. Puis, on parle du système scolaire et des élèves. Liam lui croit en la jeunesse, mais moi. Je suis un peu plus sceptique. Pour lui, c'est l'ensemble du système qui ne va pas. Certes, il y a des élèves qui n'en ont rien à foutre, mais ce n'est pas une raison pour que les profs soient aigries. Je lui souris.

En effet, quand on est professeur, j'estime qu'il faut faire avec les élèves que tu as et modifier tes cours pour les rendre attractifs et intéressants ! Et je comprends que tu puisses ne pas être attiré par quelqu'un qui râle tout le temps... Moi aussi, je fuirai en courant !

Je le regarde en riant. Il finit sa bière et il me regarde pour me dire que mon histoire est très riche et qu'il n'est pas surpris que je puisse faire deux albums.

Disons que je m'inspire de ce que je vois, ce que je ressens et, en effet, de ce que j'ai vécu ! C'est un mélange de tout ça qui fait que je suis inspiré !

Puis Liam me propose de m'offrir un verre.

Je vais prendre une bière blonde tien !

Si Johnatan ne pensait pas que son amie Victoire pourrait le rejoindre à L.A., il se dit plus optimiste quant à aller à elle lors d’une tournée. Evidemment, je comprenais pourquoi la jeune femme ne pouvait pas tout plaquer du jour au lendemain pour venir le rejoindre à L.A. Elle avait sa vie là-bas, un emploi qu’elle ne pouvait pas quitter. Alors oui… Qu’il aille à elle, plutôt.

-C’est tout ce que je te souhaite.

Quant à la jeunesse et au corps enseignant désabusés, Johnatan était d’avis qu’en effet, le métier d’enseignant devait se faire avec passion ou par vocation… Et que c’était à eux d’intéresser les élèves à leurs cours.

Et je rigolai quand il déclara qu’il aurait fui aussi face à quelqu’un qui râlait tout le temps, pour un oui ou pour un nom.

-Là-dessus, on est bien d’accord.

Pour en revenir à Nameless, Johnatan confirma qu’il s’inspirait de son vécu et de son ressenti.Il était inspiré… Dans le sens noble du terme. Il suffisait de voir Johnatan sur scène, même avec son masque, il irradiait quelque chose de spécial.

-Ça se sent, que tu es inspiré. J’ai vraiment hâte de te revoir sur scène.

Sur quoi je lui offris un verre, prenant comme lui une bière blonde, mais un peu plus forte que la première que j’avais bu. Ce deuxième verre terminé, je regardai ma montre.

-Bon… Moi, je vais aller me faire un ciné… Ils repassent Homerun, avec Hank North et Ian Hunter, au cinéma…

Je souris à Johnatan.

-Tu es le bienvenu, si tu veux m’accompagner.