Tout était prêt et je devais dire que j’étais beaucoup moins stressé que d’habitude, ce soir. Pourquoi tant de sérénité ? Tout simplement parce que je recevais aujourd’hui l’un de mes groupes préférés. J’espérais juste que l’adage comme quoi il ne fallait pas rencontrer ses héros pour ne pas être déçu n’était pas vrai.

J'avais brièvement interviewé Duncan Keller une fois, au tout début de sa carrière et c'était il y avait quelques années déjà. Normalement, je n'étais pas totalement en terrain inconnu... Mais avec le temps, les gens changent, parfois.

Cependant, j’étais sûr que Duncan Keller, Drake Anson et Faith Maldonado correspondaient à leur musique. Pour moi, c’était vraiment un honneur qu’ils m’aient accordé cette interview.

Surtout qu’il y avait de quoi parler ! De la matière à explorer ! Ils avaient déjà sortis deux albums, sous deux maisons de disques différentes, mais en plus, ils venaient de nous gratifier d’un tout nouveau single…

Un single qui avait une part de mystère. Car ce n’était pas Duncan qui chantait, mais bien un dénommé VOX… Et hormis le fait que ce dernier était clairement un homme, nous ne savions rien de son identité.

Bien dommage, parce que qu’est-ce que c’était bon !

Un certain stress ne me revint qu’une fois le groupe autour de la table avec moi, leurs casques déjà sur les oreilles, prêt à recevoir mes questions.

En fait, j’avais peu de moi, les décevoir eux. Parce que dans mes émissions, j’avais toujours été un peu revendicateur, comme eux dans leur musique.

Je souris au groupe qui chuchotait entre eux et fit un signe à mon ingénieur du son pour qu’il envoie la premières chanson. J’avais choisi Lost Cause la première chanson de leur premier album.



Quand la chanson fut terminée, j’interrogeai le groupe du regard. Ils étaient prêts.

-Salut à tous ! Il est 19 :00 et comme tous les jours, vous êtes avec Jake Snyder pour Let There Be Rock.

Je marquai une pause, souris, et continuai.

-Vous devez vous dire : « Oh, ça y est, Snyder nous repasse encore Lost Cause ! » Oui, effectivement, c’est l’une de mes chansons préférées. Mais aujourd’hui, j’ai une bonne raison de la passer ! En effet, je suis actuellement en compagnie de BleedingHeart !

Je me tournai vers le groupe.

-Duncan, Faith, Drake, je suis ravi de vous accueillir dans nos studios ! Vous nous avez littéralement soufflé ces derniers temps, avec non seulement un album, mais aussi un single directement après ! Pourquoi ce soudain… Comment je dirais ? Cette soudaine inspiration ?

On était tous les trois sur notre petit nuage. Notre single, récemment sorti, avait été bien reçu et, évidemment, le mystère autour de VOX avait fait parler. On devait, pourtant, garder le secret afin de ne pas mettre Hugh sous le feu des projecteurs. C’était dans notre deal avec lui. Un deal qu’on comptait respecter.

J’étais surexcité d’être invité, aujourd’hui, à l’émission de Jake Snyder ! Drake et Faith étaient tout aussi motivés que moi. On est déjà passé une fois à cette émission mais ça faisait un moment. Ça faisait du bien de voir que notre musique était, à nouveau, au centre de l’attention après nos années de galère. Jack nous avait vraiment redonné confiance. On lui devait beaucoup !

Le studio de l’émission de Jake était accueillant. J’adorais son émission qui avait des accents un peu contestataires. Jake Snyder était le genre à ne pas cacher ses opinions sur les choses et j’aimais assez ça. Il fallait des gens comme lui, qui osent parler, pour faire bouger les choses, après tout.

Je discutais tout bas avec Faith et Drake alors qu’on attendait, bien installé, le début de l’émission. On savait qu’on allait avoir des questions sur VOX et on savait qu’on allait sûrement décevoir les gens en continuant de cacher son identité véritable mais c’était comme ça. On ne révèlera la chose que quand Hugh sera prêt. Pas avant ça.

Je souris alors à Jake quand il envoya la première chanson. C’était signe que l’interview allait commencer alors on se tut pour écouter religieusement la chanson tirée de notre tout premier album. Je me rappelle qu’à l’époque, j’étais très optimiste. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis mais j’avais foi en notre tout nouveau départ !

Une fois la chanson terminée, Jake démarra son émission comme il avait l’habitude de faire. J’esquissai un sourire quand il déclara qu’il avait, encore une fois, passé Lost Cause. C’est vrai qu’il la passait souvent lors de ses émissions et, chaque fois, ça me faisait chaud au cœur. On avait beau avoir été mis à mal pendant plusieurs années, certains n’oubliaient pas ce qu’on avait fait. Jake faisait partie de ces gens-là.

Jake s’adressa, ensuite, à nous et n’avait que des bons mots pour notre travaille de ces derniers temps. Je souris me permettant de répondre le premier à sa question.

-Ce n’était pas si soudain que ça, en fait. Ça faisait depuis notre premier album qu’on travaillait à un second. Mais on a rencontré pas mal de difficultés et une perte de confiance qui a fait qu’on était pas satisfait de notre musique. Alors on a beaucoup retravailler les choses pour en arrivé à ce qu’on a montré sur notre second album. C’était un travail de plusieurs années.

Il n’y avait rien de soudain dans la confection de notre premier album. Pour le single, par contre, c’était autre chose. Mais c’est Faith qui ouvrit la bouche pour expliquer ça :

-Pour le single, c’était plus soudain. On a été inspiré par VOX. C’est à lui qu’on doit ce single plus qu’à nous, en fait.

Drake hocha de la tête pour approuver nos dires.

Après ma chanson préférée, je pus lancer l’interview avec une première question. Vu de l’extérieur, et donc, pour le public, c’était comme si BleedingHeart avait brusquement ressuscité en sortant d’emblée un album et, quelques jours plus tard, un single… Et ce après quelques années d’errance.

Cependant, Duncan remis bien vite l’église au milieu du village et je l’écoutai attentivement.

En réalité, ils n’avaient jamais cessé de travailler, mais ils étaient passés par une crise de confiance qui avait fait d’eux d’éternels insatisfaits.

Je hochai la tête.

-On rappellera que l’histoire de BleedingHeart n’a pas toujours été facile. Je crois savoir qu’au départ, vous aviez une chanteuse, Roxxy, qui a mis fin à ses jours. Mais c’était avant votre premier album, si je ne me trompe.

Faith intervint alors, parlant de VOX et de leur single qui, lui, était vraiment un cri du cœur initié par le mystérieux chanteur. Pourquoi garder l’anonymat ? Juste pour un coup marketing ?

Je ne le pensais pas… BleedingHeart était un groupe punk et ne pensait probablement pas en termes de marketing.

Je souris.

-Je voulais garder le suspens pour plus tard dans l’interview, mais puisque tu en parles maintenant… Saurons-nous un jour qui est VOX ?

J’avais expliqué à Jake que notre second album n’était pas dû à une poussée d’inspiration mais bien à des années de travail et de galère. Je n’avais pas caché notre passage à vide et notre sorte de petite crise existentielle. Elle faisait partie de l’histoire de BleedingHeart. On était pas vraiment un jeune groupe. C’est à l’adolescence qu’on avait commencé notre groupe et j’avais, aujourd’hui, 33 ans. Donc, on en avait déjà vu des vertes et des pas mûres mais avec ce qu’il s’était passé ce mois-ci j’avais, cette fois, espoir qu’on était complètement lancé.

Jake confirma que notre histoire n’a pas toujours été facile. Il était bien au fait de l’histoire du groupe preuve qu’il se rappelait bien de notre dernière interview ou qu’il s’était toujours tenu au courant de l’actualité nous entourant. Ça faisait plaisir, quelque part, que Jake se rappelle de notre pauvre Roxxy… Elle avait fait partie du groupe. Une chanteuse écorchée vive. J’avais retrouvé un peu de Roxxy en Hugh. A croire que c’est ce qu’il fallait à BleedingHeart. Quelqu’un de trop sensible pour ce monde. Je ne l’étais pas à ce point. J’avais pour habitude de chercher toujours le bon côté d’une situation.

-Oui, c’était avant notre premier album. Roxxy était notre chanteuse alors qu’on essayait de percer à Los Angeles. C’était quelqu’un de bien et elle apportait beaucoup à BleedingHeart. On a dû avancer sans elle après ça. Notre groupe a eu, effectivement, quelques coups dur mais notre force a toujours été de rester uni.

Et on l’était avec Drake et Faith. Ils faisaient partie de ma famille. On était soudé jusqu’à la mort.

Faith expliqua alors que pour notre single, ça avait vraiment été un coup d’inspiration venu de VOX. Sans lui, jamais ce single n’aurait vu le jour. C’est clair qu’on devait beaucoup à Hugh, pour le coup. Parce qu’avec ça et son idée de cacher son identité, on avait, maintenant, tous les projecteurs braqués sur nous.

Et, évidemment, Jake chercha à savoir qui était VOX. J’esquissai un petit sourire.

-Un jour… Peut-être…

Tout dépendra de Hugh. Et c’est Drake qui enchaina :

-Tout dépend de VOX lui-même. En attendant, on garde son identité secrète.

On ne pouvait pas en dire plus sur le sujet. On l’avait promis et on comptait tenir notre promesse. Même si le fait qu’on cherchait à ce point à cacher qui était VOX pouvait mettre la puce à l’oreille au public comme quoi c’était quelqu’un de déjà connu. Sinon à quoi bon se cacher ainsi ?

BleedingHeart était un groupe facile à interviewer, dans le sens où ils n’avaient pas de sujet tabous. Ce qui me permettait, à moi, d’être déjà beaucoup moins stressé qu’à mon habitude. Et je pouvais aussi me permettre de parler de sujets qui pouvaient être sensibles… Comme de rappeler que le groupe avait eu, un jour, une chanteuse qui avait malheureusement mis fin à ses jours.

Cela me semblait important de rappeler un peu le parcours du groupe punk et de nommer ceux qui avaient gravité autour d’eux. C’était le genre d’information que les fans adoraient. Car les gens veulent toujours en savoir plus sur leurs groupes préférés, moi y compris.

Or, j’avais la chance, contrairement à un Sørensen qui était contraint d’inventer pour être intéressant, de demander personnellement aux groupes que je recevais, comment les choses s’étaient passées pour eux.

Je tentais, ensuite, puisque Faith me tendait une perche que je ne pouvais pas ignorer, d’en savoir plus sur le mystérieux VOX, présent sur leur tout nouveau single.

Mais apparemment, c’était un secret d’état !

Cependant, ce ne semblait pas être un choix du groupe, cet anonymat, mais de VOX lui-même, puisque BleedingHeart affirmait en gros que l’éclairage sur son identité ne se ferait que lorsque l’intéressé l’aurait décidé.

-Et bien voilà un nouveau mystère à L.A.

Je souris.

-Certains disent qu’il est impossible de garder un secret à Los Angeles. Mais apparemment, l’information ne viendra pas de vous. A VOX, alors, je me permettrais de dire, s’il nous écoute, que ce qu’il a offert à la musique est un véritable trésor, même si ce ne sont que deux chansons.

J’avais regardé droit devant moi en parlant, comme si je m’adressais vraiment à quelqu’un d’autre, d’invisible… C’était un peu ce qu’était VOX… Une voix. Juste une voix. Présente mais intangible.

Puis, j’en revins à BleedingHeart.

-Parlons un peu de votre histoire, puisque vous mettez l’accent sur votre forte cohésion, pour ne pas dire votre amitié. Je crois savoir que vous venez tous les trois du Nevada et non de L.A… Comment était-ce, pour vous, de créer un groupe au milieu du désert ? Quelles ont été vos inspirations ? Est-ce que votre entourage était important ?

On ne pouvait pas vraiment parlé de notre nouveau single sans parler de VOX. Tout comme Jake Snyder, en tant que journaliste, ne pouvait pas vraiment passé à côté de la question sur l’identité de notre chanteur ponctuel. On y répondit en disant simplement qu’on ne pouvait rien dire et que ça sera à VOX de se dévoiler quand il sera prêt. On ne pouvait pas garantir que ça allait arriver un jour, cela dit.

Jake déclara que ça faisait un mystère de plus à Los Angeles. Je souris en hochant de la tête. A savoir jusqu’à quand ça restera un mystère car, comme Jake le disait si bien, il était impossible de garder un secret à Los Angeles. J’avais dit à Hugh qu’il y aura des risques que beaucoup de gens enquêtent pour savoir qui se cachait derrière cette voix qu’on entendait sur notre single. Il disait être bien au courant de ça mais qu’il préférait tout de même resté caché. Visiblement, il était confiant quant au fait de pouvoir garder ça secret.

Je souris quand Jake disait que l’information ne viendra pas de nous. C’était clair qu’on allait tout faire pour bien garder ça secret. On l’avait promis après tout. Et Jake acheva par des bons compliments envers Hugh.

-Il sera content d’entendre ça.

Car j’étais certain qu’il écoutait ! Je lui avais dit qu’on allait passé à l’émission de Jake pour être bien sûr qu’il ne rate pas ça.

Jake revint alors plutôt sur l’histoire de BleedingHeart. Il savait qu’on venait du Nevada et posa plusieurs questions sur nos inspirations, notre entourage et où tout avait commencé. Je souris me lançant le premier dans cette question.

-On vient de Carson City. Ce n’est pas totalement au milieu du désert. On a des lacs et des montagnes. Je dirais qu’il n’y a pas vraiment de bons ou mauvais endroits pour concevoir un groupe. Tout ce qu’il faut c’est un bon groupe d’amis avec qui on a envie de s’amuser. Ce fut le cas pour nous. On était d’abord Drake et moi et puis Faith est arrivée dans notre groupe un peu après. On était juste trois ados qui adorent la musique. Au départ, on faisait simplement ça pour s’amuser avant qu’on n’ait l’envie de vivre de notre art. On savait que, pour ça, il nous fallait sortir de Carson City.

Ce qu’on avait fait sur le tard. Drake pris alors la parole.

-Nos inspirations c’est surtout les groupes punk anglais. Mais on s’inspire aussi de tous les petits traces du quotidien.

Faith ajouta dans la foulée :

-Mais aussi des grandes injustices de ce monde. Parce qu’il y en a beaucoup !

Je souris. On s’inspirait de tout ce qu’il y avait autour de nous. Je me permis alors de répondre à la question sur les proches. Dans mon cas, ils avaient été très important.

-Pour ma part, mon entourage a été très important. Mon frère vit à Los Angeles et, si ça n’avait pas été le cas, pas sûr qu’on aurait eu le courage de tenter l’aventure. Il nous a héberger à nos débuts ici et ça a été crucial dans notre début de carrière. C’est aussi un peu grâce à lui que je me suis mis au punk rock. Il était soldat et à fait le Vietnam. C’est la peur qu’il ne revienne jamais pour une guerre que je trouvais complètement inutile que j’ai commencé à me battre contre toutes les injustices que je voyais et, surtout, de déverser ma colère en chanson.

Jordan avait inspiré tout ça. Il avait été crucial dans mon parcours musical.

Je n’en saurais donc pas plus sur VOX pour le moment. Mais je n’allais pas chercher plus avant. Si je comprenais bien, ce n’était pas seulement dans un but marketing que VOX cachait son identité et je comptais bien respecter ça, moi qui cachait toujours une part de moi-même à cause de la peur génétique de me faire exterminer, je pouvais le comprendre.

Je terminai donc le chapitre VOX sur un compliment qui, d’après Duncan, serait reçu et apprécié. Je souris avant de continuer l’interview.

Je passai donc à des questions sur leur genèse et ce qui les avait inspirés.

Et je fus ravi de constater que BleedingHeart ne se contentait pas de répondre pas « oui » ou par « non »… Ils participaient vraiment à l’interview, montrant qu’ils étaient contents d’être là et désireux de se faire connaître un peu mieux.

Car je savais que les fans en savaient peu sur le groupe. Je pensais bien que cette interview était la première à vraiment grande écoute. Alors, il ne fallait pas qu’ils se loupent.

J’avais situé le Nevada dans le désert mais je me trompais, Duncan décrivant un peu dans quel environnement BleedingHeart avait grandi, s’était formé et avait débuté.

Au départ créé pour les amusé, le groupe avait vite pris une grande importance pour les trois jeunes gens. Et ils s’étaient vite rendus compte que pour se faire entendre, il fallait bouger, déménager.

Quant à leur musique, elle parlait des petits tracas du quotidien comme des grandes injustices.

Quant à leur entourage, ce fut apparemment celui de Duncan qui avait été surtout déterminant. Et notamment son frère qui leur avait permis d’avoir un pied à terre à Los Angeles et de se lancer. Mais il n’y avait pas que ça. Je sentis de la révolte quand le chanteur parla du Vietnam, de la peur qu’il avait eu que son frère ne revienne pas.

-Une colère que l’on ressent très bien dans vos chansons ! On écoute ça !

Je fis signe à Charly d’envoyer la musique… Puis je fis signe le pouce levé à BleedingHeart sans enlever mon casque car je ne voulais pas rater une note de la chanson.



-C’était Hero, extrait du premier album de BleedinHeart, Lost Cause. BleedingHeart qui est avec moi en studio en ce moment même !

Je souris à Duncan et m’approchai de mon micro.

-Nous étions en train de parler inspiration… Beaucoup semblent dire que votre changement de maison de disque, de MTI pour BSC, a été un tournant dans votre carrière… Est-ce que le fait d’être chez BSC plutôt que MTI a… comment dirais-je ? Libéré quelque chose chez vous au niveau musical ? Vous parliez de crise de confiance, tout à l’heure…

Après avoir légèrement parlé de VOX, Jake revint sur l’origine de notre groupe. On parla un peu de Carson City, le lieu où on a grandit tous les trois mais aussi de nos inspirations. J’expliquais que c’était mon frère qui était à l’origine de mon esprit contestataires. Quand il est parti au Vietnam ça a été un drame pour moi. J’ai très peu connu mon père et Jordan avait, à sa mort, pris en charge notre famille avec ma mère. Alors quand il est parti à la guerre, j’avais commencé à devenir un vrai petit pacifiste. C’est aussi grâce à Jordan qu’on a trouvé le courage de déménager à Los Angeles et se lancer dans l’aventure BleedingHeart.

J’expliquai tout ça à Jake, sans aucun tabou. Je savais que ce genre d’émission pourrait nous permettre d’expliquer au public ce qu’est la mentalité de BleedingHeart. Ça leur permettra aussi de mieux comprendre l’origine de nos chansons et nos diverses inspirations. Peut-être que ça amènera, aussi, des gens qui ne sont pas encore fan à apprécié ce qu’on fait, qui sait ? Je l’espérais… Parce que nous avions bien l’intention de totalement percer cette fois-ci.

Jake confirma qu’on ressentait bien cette colère dans certains de nos titres et il en passa un assez représentatif de tout ça. L’animateur radio n’avait pas enlevé son casque pendant la chanson preuve qu’il adorait vraiment ce qu’on faisait. Ça faisait plaisir à voir.

Faith se pencha vers moi et j’enlevai mon casque.

-On gère là !

Je souris hochant de la tête pour confirmer. Jusqu’ici tout ce passait bien. Comme on était pas forcément habitué à ce genre d’exercice, on ne pouvait que se fier à notre feeling pour juger de notre prestation.

Je remis mon casque quand la chanson se termina alors que Jake reprit l’émission. Ce fut ensuite sur notre changement de maison de disques qu’on fut questionné. Je savais que ça allait tomber à un moment où à un autre. Jake ne pouvait pas passer à côté. Mais loin de moi l’idée d’accabler Timmy en public. Ce n’était pas mon genre. Je préférais garder mes anciens griefs envers mon ancien manager pour le privé. Ainsi, je gardais mon sourire.

-Pour sortir de notre crise de confiance, on savait qu’il nous fallait changer des choses. On avait l’impression de stagner alors quand Jack Perry est venu nous voir en concert dans un bar et qu’il a montré à quel point il adorait ce qu’on faisait, on s’est dit que c’était peut-être le moment de changer d’air. On l’a fait et Jack nous a redonné confiance. Tout c’est fait très vite, en réalité.

Je n’avais pas cité Timmy. J’espérais avoir été assez habile en ne blâmant pas directement Timmy mais en mettant en avant l’enthousiasme de Jack.

Faith enchaina :

-Le changement de maison de disques a été déterminant. Un peu comme quand une équipe de foot change d’entraineur. Ça fait un électrochoc qui nous a remis sur les rails.

Drake conclu alors ensuite :

-On doit quand même beaucoup à MTI. C’est eux qui nous a fait connaitre. On les remercie pour tout ça. On a beaucoup appris au sein de cette maison de disques.

J’étais soulagé par leurs réponses. On était sur la même longueur d’onde.

J’avais laissé mon casque le temps de passer Hero, parce que j’aimais vraiment cette chanson et puis, je voulais laisser au groupe l’occasion de débriefer brièvement entre eux. Je constatai alors avec bonheur que Faith semblait toute emballée et je lu sur ses lèvres qu’elle trouvait qu’ils géraient.

Duncan, lui, avait enlevé son casque et semblait tout aussi satisfait.

En même temps, ça m’aurait vraiment étonné que ça se passe mal entre BleedingHeart et moi… On était plutôt sur la même longueur d’onde et je me rendais compte, en les interviewant que leur musique reflétait totalement ce qu’ils étaient ainsi que leur façon de penser.

BleedingHeart n’était pas un groupe de menteur. En vrai, je n’avais encore rencontré aucun groupe de menteurs. Ceux avec lesquels j’avais le plus de mal n’étaient pas les artistes, mais plutôt toute l’industrie autour comme des Ricci, des Reed… Ou même encore Maria Waston qui m’avait vraiment déçu lorsque je l’avais interviewée.

Et justement, en pensant à ça, quand la chanson se termina, j’enchaînai sur leur changement de maison de disque. Est-ce que ça avait été salvateur ? Est-ce que ça les avait débloqués ?

J’écoutai attentivement leur réponse, parce que ça m’intéressait vraiment. Je voulais savoir jusqu’où allait l’influence des maisons de disque et des managers.

Et en fait, si leurs rôles n’étaient pas à négliger, si ça avait été un élément déclencheur et un électrochoc, ça ne faisait pas tout quand même.

Cependant, ils disaient apprécier l’implication de Jack Perry mais sans oublier ce que MTI avait fait pour eux, puisque la maison de disque de Don Hughes les avait quand même lancés.

Je souris.

-Les maisons de disque et les managers, donc, si je vous suis bien, sont importants… Mais Perry n’a donc fait que vous redonner confiance dans ce que vous faisiez déjà, sans intervenir dans  votre processus créatif… C’est bien ça ?

Je voulais savoir jusqu’où allait la différence entre ce qu’avais fait Tmmy Evans avec eux, et ce que faisais actuellement Jack Perry. Et que les auditeurs le comprennent aussi.

-En parlant de processus créatif, vous avez fait un pari quand même un peu risqué avec la chanson titre de votre album, City Of The Damned. Elle dure neuf minutes, c’est une chanson fleuve avec des changements de rythme, un peu comme les chapitres d’une histoire…

Je regardai les membres du groupe tour à tour.

-Vous avez eu, passez-moi l’expression, de sacrées couilles pour écrire ça et oser le proposer à votre public. Parce qu’on ne peut pas dire qu’elle soit au format radio…

Neuf minutes, c’était long pour la radio…

Mais on était sur L.A.ROCKS… Et je me croyais aussi un peu tout permis…

La question sur MTI et BSC n’était pas la plus simple à répondre car on ne voulait pas accabler Timmy. On avait eu nos différents avec lui. On avait des critiques envers lui. Mais on était pas du genre à exhiber tout ça en public. On devait respecté le travail que Evans et MTI avait fait pour nous. C’est quand même eux qui nous ont donné notre première opportunité de vivre de notre musique. Sans eux, on ne serait pas là où on en est aujourd’hui.

Je mis, donc, en avant notre changement de cap et le rôle de Jack Perry alors que Drake avait, lui, mis en avant le travail que MTI avait fait pour nous. A nous tous, on arrivait à gérer les questions même celles qui pouvaient nous mettre à mal envers certaines personnes.

Jake déclara alors que, d’après nos dires, les managers étaient importants. Oui. C’était indéniables. Il faisait partie du processus. C’est eux qui faisaient notre promotion. C’est eux qui nous mettaient du matériel à disposition. Mais c’est eux aussi qui était l’un de nos premiers avis extérieur sur notre art. Jake essaya de comprendre au mieux le rôle de Jack dans notre renaissance. Je souris.

-C’est bien ça. Il nous a aider à prendre notre second souffle. Il nous a encouragé dans le bon sens et nous a redonné confiance pour qu’on sorte ce que, en fait, on avait déjà enregistré en partie. On a remarqué que ce qui nous empêchait d’avancer c’était nos propres peurs. Jack nous a permis de nous en rendre compte. Tout simplement.

Jake changea alors de sujet ce qui, quelque part, me soulageait. J’avais l’impression de marcher sur des œufs par rapport aux questions sur les maisons de disques. Je préférais largement parler de notre musique et je fus assez content quand Jake aborda le sujet de notre chanson City Of The Damned. Elle avait été bien reçue malgré notre pari risqué. Je rigolai quand il déclara qu’on avait eu les couilles d’écrire ça.

-A vrai dire, on a longtemps hésité avant de considéré cette chanson pour l’album justement parce qu’elle est longue et complexe dans son rythme. On s’était dit qu’elle n’allait pas plaire à tout le monde. Mais… Une fois notre confiance retrouvée, on s’est dit qu’on devait essayer de tenter des choses. On avait rien n’à perdre…

Je rigolai à nouveau.

-Heureusement ça a été payant.

Faith enchainant en souriant.

-On a écrit cette chanson avec notre cœur. On a essayé de trouver des moyens de faire en sorte qu’elle soit moins longue mais on perdait son essence en faisant ça alors on a préféré qu’elle sorte dans sa forme initiale. Comme tu le dis, Jake, c’est comme une histoire… Si on ne la raconte pas du début à la fin, personne ne pourra la comprendre.

J’hochai de la tête. Ce que disait Faith était très juste.

Je voyais bien que les questions sur les maisons de disque n’étaient pas les préférées du groupe. Je pouvais comprendre, c’était délicat, mais c’était l’occasion pour eux de justifier leur changement de label et de faire taire toutes les spéculations qui pouvaient courir là-dessus. D’ailleurs, BleedingHeart ne blâmait pas MTI et Timmy Evans, les remerciant plutôt, pour ensuite mettre en avant l’aide que Perry leur avait apportée.

Ils avaient tout simplement trouvé un manager qui leur convenait mieux. Mais ils ne disaient pas pour autant que Perry était meilleur qu’Evans.

Puis, je choisi de parler de leur plus longue chanson. City Of The Damned faisait neuf minutes. Pas une chanson au format radio. Il fallait le faire ! Il fallait tenter ! Moi, cette chanson, je l’adorais.

Et c’était aussi le cas de BleedingHeart qui avait envoyé se faire foutre toutes les histoires de format pour s’en tenir à ce qu’ils avaient créé au départ.

Ils avaient cependant essayé, comme le disait Faith, de la raccourcir mais forcément, ils en perdaient la magie.

Je leur souris.

-Alors, écoutons cette histoire. Parce que sur L.A.ROCKS aussi, on s’en fout des formats. Voici City Of The Damned.



Je fis signe à Charly qui envoya la musique et cette fois, je dégageai une oreille de mon casque pour me tourner vers le groupe.

-Jusqu’ici, ça va ? Ça vous plait ?

La chanson fut assez longue pour qu’on échange quelques mots.

-Je tiens à ce qu’on passe cette chanson en entier. Je déteste quand les animateurs radio coupent avant la fin.

Au bout des neuf minutes, je repris l’antenne.

-Nous voici de retour avec BleedingHeart pour une dernière salve de questions !

Je me tournai vers le groupe.

-Avec maintenant deux albums en poche, ainsi qu’un single, pensez-vous partir en tournée en tête d’affiche ? Ou avez-vous encore des chansons en stock à enregistrer. Si oui, elles seraient plutôt du genre tracas du quotidien comme You Don’t Know What It’s Like ou à tendance politique comme Bloody Sunday ?

On avait expliqué notre choix de faire une chanson de neuf minutes. C’était un pari risqué mais on devait prendre des risques si on voulait vraiment avancer. De toute façon, cette chanson n’aurait pas pu être mieux si on l’avait raccourcie, que du contraire. Ça aurait retiré toute son essence. Mais j’étais content que Jake l’ait apprécié. On avait eu de bons retours concernant cette chanson ce qui m’avait vraiment soulagé.

Jake envoya alors la musique. J’avais retiré mon casque en souriant. C’était sans doute la première fois qu’elle passait à la radio. Depuis la sortie de notre album, c’est surtout les autres titres qui touraient sur les radios étant donné la durée de City Of The Damned. Je ne les en blâmais pas… La radio avait ses règles… Puis, j’imagine qu’il valait mieux sacrifié une chanson qu’une page de pub. C’était loin d’être ma façon de voir mais on ne pouvait pas changer le monde en un jour. Du coup, quand Jake avait envoyé balancé les formats, je n’avais pu m’empêcher de me dire qu’il faudrait plus de gens comme lui dans l’Univers. Des gens qui se fichent des conventions et qui sont prêt à faire avancer les choses.

L’animateur demanda si, jusqu’ici, ça allait. J’hochai de la tête en souriant.

-Ouais ! C’est parfait ! Merci de ne pas avoir insisté sur VOX. C’est pas simple de ne rien pouvoir dire.

Je sais que d’autres journalistes vont sûrement insister… Voir essayer d’obtenir l’information par des moyens détournés. Mais on tiendra bon.

Jake affirma alors qu’il souhaitait passer la chanson en entier car il détestait quand les animateurs coupent avant la fin. On était deux alors, à détester ça. Même trois parce que Faith ne tarda pas à réagir :

-Moi aussi, je déteste ça. A quoi bon faire des émissions radios si on met en avant les pages publicitaires et pas la musique ? Ça n’a aucun foutu sens.

Je rigolai un peu retrouvant bien là Faith. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche en général.

-Faith a raison… Avoir des restriction de temps et tout minuter c’est un peu l’inverse de l’art, je trouve… C’est cool de passer cette chanson en entier. Je crois que c’est la première radio qui le fait.

Quand la chanson fut terminée, Jake repris l’antenne. C’est de l’avenir sur lequel il nous questionna. Ce fut Drake qui se permis de répondre :

-On a encore quelques idées de chansons en stock qu’on aimerait mettre en musique mais on aimerait surtout pouvoir partir en tournée en tête d’affiche. Ça serait une première mais c’est la prochaine étape logique pour faire connaitre notre musique un peu partout.

On espérait vraiment pouvoir partir en tournée. La dernière fois qu’on été parti, ça n’avait pas été simple mais on avait plus d’expérience maintenant.

-Pour ce qui est des chansons qu’on a encore en stock, c’est un peu un mélange des deux. On aime autant parlé des petits tracas du quotidien que de chansons plus contestataires. Les deux sont importants et les deux font partie de l’essence de notre groupe.

On comptait, donc, continuer sur notre lancée. Et, avec un peu de chance, Hugh voudra réitéré l’expérience pour d’autres chansons. Je l’espérais, quelque part… Même si je savais qu’il allait prochainement être très pris par le tournage de son film.

Pendant que City Of The Damned passait, j’en profitai pour discuter un peu hors antenne avec le groupe. Ils semblaient emballés et heureux d’être là, ce qui me comblait de bonheur et de fierté. Duncan me remercia de ne pas avoir insisté sur l’identité de VOX.

Je lui souris.

-C’est naturel… Surtout que j’ai bien senti dans ce que tu as dit que tout ça n’est pas qu’une question de marketing. Je sens que vous essayez de protéger quelqu’un et je respecte ça.

Je comprenais ce que ça faisait. Moi-même, je cachais beaucoup de chose pour me protéger, ainsi que ma famille. Alors je n’allais pas faire aux autres ce que je ne supporterais pas qu’on me fasse.

Quant à la chanson qui passait, je comptais bien la laisser tourner jusqu’au bout. D’autre journalistes n’avaient aucun scrupule à couper en plein milieu ou à sucrer les quelques précieuses secondes de la fin. Et je n’étais pas le seul à détester ça, comme le souligna Faith.

Duncan, lui, pensait bien que c’était la première fois que City Of The Damned passait à la radio.

-Tant mieux ! J’aime faire ce que les autres ne font pas… Pareil pour la publicité. Si vous écoutez l’émission, vous savez que je ne passe pas de publicités. Il y en a avant, après, mais pas pendant. C’est un choix personnel.

Que j’avais eu du mal à ce qu’on m’accorde, d’ailleurs. Mais comme l’émission marchait bien, mes patrons n’avaient finalement pas pu me le refuser.

La chanson se terminant, je remis mon casque et j’enchaînai avec quelques dernières questions. Qu’en était-il de l’avenir ? Tournée ? Encore un autre album ? Un peu des deux, apparemment. Drake rêvait de partir en tournée… Et je sentais que c’était le désir de tout le groupe.

-Si vous faites des concerts, je serai là.

J’avais un grand sourire aux lèvres. J’aimerais tant voir BleedingHeart en concert !

Duncan, lui, disait que leurs futures chansons seraient dans la même veine que ce qu’ils avaient déjà offert jusqu’ici. Ils n’allaient pas changer leur fusil d’épaule alors qu’ils avaient en main quelque chose qui fonctionnait…

-Je suis ravi de l’entendre, et vos fans aussi, j’en suis sûr.

Je regardai l’heure sur l’horloge accrochée au mur. Le temps avait filé !

-Et voilà que nous touchons à la fin de cette émission. Duncan, Drake, Faith, je vous remercie de l’honneur que nous avez fait de nous accorder cette interview et j’espère vous voir bientôt sur scène.

Je marquai une pause avant d’enchaîner.

-C’était Jake Snyder pour L.A.ROCKS. Et on se quitte sur la chanson phénomène du moment, No Self Esteem. Schüss !

Alors que notre chanson était en train de passé, j’avais remercié Jake de ne pas avoir insisté sur VOX. Il disait avoir bien senti que tout ça n’était pas simplement une question de marketing. J’hochai de la tête et souris. Je savais que tous les journalistes ne seront pas aussi respectueux que Jake. Mais je savais qu’on allait tenir bon.

-C’est le cas… Merci.

On essayait, en effet, de protéger quelqu’un. Le fait est que Hugh semblait vraiment crever de trouille d’être sous le feu des projecteur. Il savait pourtant que, rien qu’avec son prochain film, ça sera inévitable. Mais on avait décidé de suivre son choix.

Faith, elle, semblait très heureuse que Jake ait décidé de pensé l’entièreté de la chanson City Of The Damned qui n’était pas fait pour le format radio. Je l’étais aussi et, comme Faith, je n’aimais pas non plus quand les animateurs radios coupaient les chansons avant la fin. Je trouvais que c’était un manque de respect envers les artistes. J’ajoutai tout haut que c’était probablement la première fois que je l’entendais à la radio. Jake semblait fier de ça lui qui ne semblait pas aimer, non plus, les publicités. Je souris.

-C’est cool que tes supérieurs aient accepté ce genre de conditions. Les pubs, ça ennuie tout le monde.

Autant à la télé qu’à la radio. Mais, apparemment, Jake avait suffisamment d’influence que pour que son désir soit accepté. Il faut dire que son émission rassemblait pas mal de gens. Il était l’un de piliers de cette station de radio.

Quand la chanson s’acheva et qu’on repris l’émission, Jake nous questionna sur notre avenir et c’est Dake qui annonça qu’on aimerait, surtout, retenter l’aventure de la tournée. On en avait déjà fait une mais pas en tête d’affiche. Ça avait été une expérience difficile mais on avait beaucoup appris. J’affichai un grand sourire quand Jake déclara que si on faisait un concert, il sera là.

-Merci ! J’espère que ça attirera du monde.

J’ajoutai qu’on avait encore des chansons en stock et que celles-ci seraient dans la même veine que ce qu’on a déjà fait jusqu’à aujourd’hui. Ça semblait plaire à Jake qui, après tout ça, clôtura l’émission.

-Merci à toi ! On était très content d’être ici !

Il envoya alors une dernière chanson. Celle de Hugh. J’enlevai mon casque heureux que cette interview se soit bien passée.

-Merci Jake ! J’espère qu’on aura l’occasion de revenir ici à l’avenir.

Peut-être avec VOX, qui sait ? J’avais toujours l’espoir qu’il puisse se révéler à tout le monde, un jour, et qu’il trouve, peut-être, la force de venir nous rejoindre pour un live.

En attendant, BleedingHeart était bien repartis pour un tour, pour mon plus grand bonheur.