J’en revenais pas encore, alors que je filais sur les routes qui me mèneraient au circuit de Long Beach !

L’annonce avait été émise par L.A.People ! Heureusement que je lisais ce foutu torchon, comme beaucoup de monde qui n’osait pas l’avouer… J’avais bien fait !

Hughes Motors cherchait un pilote ! C’était ma chance ! Une chance unique et merveilleuse ! J’allais pouvoir, si je faisais mes preuves aujourd’hui, pouvoir devenir un pilote professionnel, plutôt que d’user de mes talents en ambulance… Bon, ok, ça sauvait des vies alors que sur circuit, j’allais plutôt mettre la mienne, de vie, en danger.

Mais tout ça ne me faisait pas peur ! J’étais shooté à l’adrénaline et c’était l’occasion d’être payé pour avoir ma drogue.

En plus, le patron, c’était Julian Hughes, le fils du patron de MTI… MTI où mon demi-frère travaillait. Le monde était petit ! Et je me disais que ce serait une occasion de pouvoir croiser Timmy plus souvent. Parce qu’il n’était pas vraiment du genre à passer chez moi ne serait-ce que pour boire un verre et dire bonjour.

Et puis, j’avais été présent aux premiers essais de Hughes Motors, sur ce même circuit de Long Beach… Malheureusement, une manœuvre complètement illégale de Ferrari avait mis le prototype de Hughes dans le décor.

C’était dommage… Parce qu’encore un peu, ils gagnaient la course.

Bref, tout ça pour dire que dès que j’avais vu l’annonce, j’avais appelé directement le numéro. On m’avait alors donné une heure de rendez-vous sur le circuit où j’allais rencontrer Julian Hughes en personne.

Il était jeune, mais ce que j’avais vu de sa voiture l’autre jour donnait envie de se mettre derrière le volant.

J’arrivai donc sur le circuit… Mon cœur battait très vite parce que je me rendais compte que je touchais à un but que j’avais pratiquement abandonné, pensant que j’étais trop vieux pour un jour percer dans le monde du sport automobile.

Je devais donner le meilleur de moi-même aujourd’hui.

Je suivis les panneaux indiquant Hughes Motors et arrivai dans les paddocks où une voiture magnifique attendait sagement. Un technicien me demanda qui j’étais et j’expliquai la raison de ma présence. Il affirma qu’il allait chercher Monsieur Hughes et je le remerciai avant de me plonger dans la contemplation du véhicule.

J’en caressais les lignes aérodynamiques quand une jeune voix s’éleva derrière moi, je me retournai et reconnu Julian Hughes, à qui je tendis la main.

-Bonjour, Monsieur Hughes. C’est vraiment un honneur pour moi. J’ai vu la voiture courir l’autre jour !

Malgré le récent crash de ma voiture lors de la course de gala il y a peu, j’étais, désormais, déterminé à faire de ma marque une écurie afin de la mettre en avant. C’était un très bon moyen de mettre à l’épreuve nos technologies et, aussi, de nous donner une place de choix à travers les marques déjà bien installée sur le marché.

Mais pour ça, il nous fallait un pilote. Si Johnatan avait géré malgré le crash, il nous fallait quelqu’un qui se consacre en grande partie à cela et qui avait déjà une certaine expérience. C’est pour ça que Hughes Motors avait fait un appel à candidature dans les plus gros journaux et magazines de Los Angeles.

Et des candidatures, il y en avait eu ! Notre département RH avait reçu une tonne de coup de fils et avait dû faire le tris. J’avais reçu, par la suite, la liste des retenus avec une légère description de qui ils étaient. Je tenais à être présent lors des essais et donner l’avis définitif sur qui allait être l’heureux élu.

Les essais avaient lieu sur le circuit de Long Beach. Je l’avais loué pour l’entièreté de la journée afin d’y tester les candidats. Je n’allais pas quitté cet endroit sans avoir trouvé le bon ! Je voulais que cette affaire soit réglée au plus vite. Tout ce que je faisais en rapport avec ma marque était une façon de prendre ce nouveau départ dont j’avais besoin. D’autant plus depuis que les papiers pour le divorce avaient été signés.

J’avais déjà vu quelques candidats aujourd’hui et mon équipe de technicien s’affairaient à préparer la voiture pour le suivant. Pendant ce temps, je me rongeai les ongles tout en écoutant l’un de mes conseillers me faire un topo sur les candidats qu’on avait déjà vu aujourd’hui. Aucun d’entre eux n’avaient encore convaincu. Certains étaient trop prudent… D’autres trop inexpérimenté… D’autres étaient, au contraire, trop casse-cou. Et le seul qui était valable, c’était son comportement qui ne me revenait pas.

Bref… Jusqu’ici, il n’y avait rien de très satisfaisant.

-Il reste encore pas mal de candidat. On finira par trouver le bon.

C’est ce qu’un de mes conseillers déclara. J’hochai de la tête. Au pire, on cherchera autrement si jamais on ne trouve pas, aujourd’hui, notre perle rare.

Je fus alors interpellé par un technicien qui déclara que le candidat suivant était là. Je regardais la liste avec la brève description du candidat. Sonny Robson. Il avait 37 ans… C’était le candidat le plus vieux. Mais il avait convaincu mon équipe RH au téléphone alors je me devais de voir si son âge pouvait facilement être oublié par le reste.

Je me dirigeai vers Sonny. Il était grand. Très grand. Il était en train de regarder ma voiture la touchant du bout de ses doigts.

-Bonjour, Monsieur Robson.

Il leva la tête alors que j’arrivai à sa hauteur. Il me salua à son tour déclarant qu’il avait vu ma voiture à l’œuvre l’autre jour. Mes lèvres se pincèrent. Ma voiture avait fait une belle course mais j’avais toujours du mal à encaisser ce qu’il s’était passé à la fin. Je serrai la main du grand blond.

-Vous avez, donc, vu à quel point nos futurs concurrents peuvent recourir à pas mal de bassesses pour gagner même quand il n’y a pas d’enjeu.

Je parlais de Ferrari. J’avais engager une procédure judiciaire contre eux et je comptais bien leur faire cracher l’argent qu’ils me devaient.

Je regardai la voiture avant de regarder Sonny.

-J’ai lu un peu votre description. Mais j’aimerais que vous me parlier un peu de vous. De votre parcours. De ce que vous faite comme métier. De votre expérience dans l’automobile. De pourquoi vous voulez conduire pour notre marque. Je veux en savoir un maximum.

J’avais mon air sérieux. Je savais que je n’avais que 18 ans mais je savais ce que je voulais.

J’avais déjà vu Julian Hughes dans les magazines… Mais les photos sur papier glacé ne représentent pas toujours bien la personne… Parce que je n’imaginais pas que Julian Hughes était si petit ! Bon, ok, c’était plus probablement moi qui étais grand… Mais c’était vrai qu’il avait l’air d’un gamin quand même !

Ce qui ne voulait pas dire qu’il ne gérait pas dans ce qu’il faisait ! Que du contraire, j’avais vu sa voiture rouler.

Je lui serrai la main en souriant.

-Oh, appelez-moi Sonny, je vous en prie.

Je lui déclarai avoir vu la course de prototypes et je sentis bien de l’amertume dans sa voix quand il parla des concurrents prêts à toutes les bassesses.

Je rigolai, me grattant l’arrière de la tête. Des bassesses pareilles étaient monnaie courante dans les couses illégales auxquelles je participais.

-J’ai vu. Ça ne me fait pas peur… On peut même dire que j’ai l’habitude… Et… J’ai appris à esquiver.

Si je rigolais, Julian, lui, gardait tout son sérieux. Mais ce n’était pas un sérieux qui rendait prétentieux. Non, c’était plutôt le sérieux de quelqu’un qui sait ce qu’il veut et où il va et qui veut bien le faire !

Il avait lu la description que j’avais fournie à son staff… Mais j’étais content qu’il me demande de parler. Parce que par écrit, c’était vraiment dur. Je n’avais jamais été très studieux, j’écrivais très mal et je n’étais pas sûr de me faire comprendre.  

Alors que parler, ça, je savais faire.

-Et bien… Je commencerais par dire que j’ai commencé à conduire des voitures dès que mes pieds sont arrivés aux pédales. Je devais avoir 11 ou 12 ans.

Je soupirai.

-Mon rêve a toujours été de devenir pilote professionnel, mais c’est un rêve qui coûte cher et comme je suis issu de l’Eastside, je n’ai jamais eu assez d’argent pour réaliser ce rêve… Alors…

Je pinçai les lèvres.

-Je participe depuis des années aux courses illégales qui se déroulent à L.A.

Faire une telle déclaration pouvait m’attirer des ennuis, mais il fallait bien que je justifie d’où je tirais mon talent.

-Alors, les bassesses, je connais.

Je marquai une pause, réfléchissant à la suite.

-Je suis ambulancier, ce qui fait que je suis habitué à rouler très vite sur un parcours jonché d’obstacles. Et dans mon temps libre, j’aide mon père dans son garage. Donc, je m’y connais aussi un peu en mécanique.

Restait la question de savoir pourquoi je voulais rouler pour Hughes Motors…

-Je ne vais pas vous mentir : c’est juste pour moi une occasion en or. Mais d’un autre côté, je connais pas mal de gens de chez MTI aussi… Abel Hudson, qui travaille en partie au garage de mon père, Timmy Evans qui est mon demi-frère et Howard Stone, qui est mon meilleur ami…

Je haussai les épaules.

-Si vous me laissez courir pour vous, je vais pouvoir me rapprocher de leur monde.

J’avais été à la rencontre du candidat suivant. Il s’appelait Sonny Robson. Et une fois que les présentations furent faites, il voulait, déjà, que je l’appelle Sonny. J’hochai de la tête.

-Si vous voulez.

J’appris qu’il avait été présent lors de la toute première course de ma voiture. Si Johnatan avait fait une bonne course, le coureur Ferrari avait fait en sorte qu’il ne puisse pas la finir en l’envoyant tout droit dans le décor. J’étais encore énervé par rapport à cet incident ce que je ne cachai pas à Robson. Mais toutes ces bassesses ne faisaient aucunement peur au candidat. Il disait avoir l’habitude ce qui me fit lever un sourcil.

-Je vois… Si vous avez ce genre d’expérience ça peut être un avantage.

Et j’allais sûrement apprendre où il avait obtenu ce genre d’expérience. Pour ça, je demandai à Robson de parler un peu de lui et de son parcours. Avant de le faire grimper dans ma voiture, je devais voir si mon équipe RH ne s’était pas trompée. Je vérifiais toujours tout après tout le monde. Et si ça commençait à en agacé quelqu’un, je ne comptais pas changer ça.

C’était plus fort que moi.

Robson se lança alors déclarant avoir commencé à conduire à 11 ou 12 ans. C’était illégal mais là n’était pas la question. Moi-même j’avais conduit avant l’âge requis. Ça ne plaisait pas à ma mère mais elle ne savait pas ce que je faisais quand j’étais chez mon père, à l’époque, donc…

J’écoutais attentivement Robson sans laisser transparaitre d’expression, les yeux légèrement plissé. L’homme de 37 ans avait toujours eu le rêve de devenir pilote mais il n’en avait pas eu les moyens.

-Je peux le concevoir.

Le sport automobile était un sport pour gens aisés. On pouvait faire du karting dès l’enfance mais, pour ça, il fallait des moyens… Et plus on grandissait, plus l’investissement était grand ne serait-ce que pour s’entrainer de façon optimale. Or, Robson venait d’un milieu très peu aisé d’après ce que je comprenais.

Il affirma participer aux courses illégales à Los Angeles. Je savais que ce genre de courses existaient et pouvait s’avéré être un fléaux pour la police. Mais là encore, je me fichais de l’illégalité de la chose. Ce qui comptait était l’expérience glanée par Robson lors de ce genre de courses.

-Tant mieux si vous connaissez les coups bas. Parce que « légal » ne veut pas dire que certains ne sont pas des enfoirés.

Comme le pilote Ferrari… Des gens comme lui il y en a d’autres dans le métier.

Il continua déclarant être ambulancier. Encore un bon point pour lui. La conduite ne semblait pas avoir de secret pour ce candidat. De même qu’il a aussi un expérience en mécanique. C’est ce point qui m’attira. Parce que c’était bien d’avoir un bon pilote mais c’était encore mieux quand celui-ci connaissait les subtilités techniques de la voiture. Ça l’amenait à respecté l’engin. Et c’est de quelqu’un comme ça que j’avais besoin.

-Vous êtes, donc, calé en mécanique, en conduite et vous êtes honnête. Je dois avouez que savoir que vous avez travaillé dans un garage me rassure. Je veux quelqu’un qui puisse connaitre la voiture. La traiter comme si elle était vivante. Pas comme d’un simple outil. Ce n’est pas le pilote qui doit être mis en avant mais la voiture. C’est pour ça que j’ai créé cette écurie. Pour montrer la capacité de mes produits.

Je parlais très sérieusement avant de le laisser continuer à m’expliquer pourquoi il avait décidé de courir pour Hughes Motors. Et, encore une fois, il fit preuve d’honnêteté. Il avoua que c’était simplement une occasion en or. Une façon de pouvoir concrétiser son rêve. Il affirma aussi connaitre beaucoup de gens chez MTI. Sur le coup, je me demandais bien où était le rapport avant que je me dise que mon simple nom faisait faire le lien entre moi et la maison de disques de mon père. J’espérais que, un jour, je serais connu comme étant le fondateur de Hughes Motors et pas comme étant le fils du patron de MTI…

Ça viendra. Avec le temps. Et le travail acharné !

J’écoutai, donc, Robson me révélé être le demi-frère de Timmy Evans. Je pris un air surpris. J’ignorais qu’Evans avait un demi-frère. Surtout que je le savais Anglais. Or, Sonny Robson avait clairement l’accent d’ici et il avait expliqué venir de l’Eastside… Un endroit où il avait rencontré, aussi, Howard Stone, son meilleur ami.

Mon visage s’assombri… Howard Stone… Je n’aimais pas Stone pour des raisons évidentes. J’avais longtemps été jaloux de lui. Et, pour cause, j’avais eu raison.

Robson conclu que de courir pour moi ferait en sorte de se rapprocher du monde de tous ces gens dont il était proche.

-Donc, vous cherchez l’argent et la notoriété en plus de concrétiser votre rêve. Ça a au moins de ça de bon que c’est honnête. Mais j’imagine que si ça avait été Ferrari qui vous aurait donné cette opportunité, par exemple, vous auriez accepté aussi, n’est-ce pas ? Et si jamais Ferrari et Hughes Motors avait posé une annonce en même temps, vous auriez postulé pour qui ? Eux pour le prestige ou moi parce que je suis le fils du patron de MTI ?

Je voulais voir jusqu’où son honnêteté allait.

-J’ignorais que Timmy Evans avait un demi-frère. Il n’en a jamais parlé… Il est né à Londres, non ?

Maintenant, il avait dit « demi-frère » pas « frère ».

-Quant à Stone… Je promets de faire la part des choses entre lui et vous.

Moi aussi je me devais d’être honnête. Or, je n’arrivais pas à encaisser Stone ces derniers temps.

Julian Hughes voulait en savoir plus sur moi alors je m’étais lancé, sans trop d’hésitation. Depuis que j’avais téléphoné suite à l’annonce, j’avais ressassé encore et encore ce que je pourrais dire. Mais j’avais opté pour une honnêteté sans borne. Tout simplement parce que ça me représentait bien. Je n’étais pas du genre menteur, contrairement à Howard.

J’avais donc avoué manquer de moyens pour devenir pilote professionnel et participer aux courses illégales qui se déroulaient en ville…

Mais ce fut surtout mes connaissances en mécaniques qui attirèrent l’attention du jeune ingénieur. Cela le rassurait. Et je devais dire que j’étais tout à fait d’accord avec sa façon de voir la voiture. Comme un être vivant quelque chose qui se devait d’être respecté.

-Alors on a la même vision des choses.

Je souris.

-Quand je monte dans une voiture, ou dans mon ambulance, elle devient comme une extension de mon propre corps. J’aime penser que je ne fais qu’un avec l’engin que je conduis. C’est comme ça aussi qu’on évite bien des obstacles et des dangers sur la route.

Je continuai à parler de moi et du pourquoi j’avais choisi de courir pour Hughes Motors. En dehors du fait que c’était une occasion en or, c’était vrai que je me voyais déjà pouvoir participer aux mêmes fêtes qu’Howard, toucher un peu aux paillettes et au glamour en plus de l’huile de moteur.

Hughes souligna encore une fois mon honnêteté, même si son visage s’était brusquement assombri quand j’avais cité Howard. Je savais que le batteur ne faisait pas l’unanimité parmi la jet-set… Mais ce n’était pas pour autant que j’allais cacher qu’il était mon ami d’enfance.

Quand il affirma que je cherchais la notoriété et l’argent en plus de réaliser mon rêve, je hochai la tête. Pourquoi le nier ? Et nouveau hochement de tête quand il demanda si j’aurais aussi bien couru pour Ferrari si c’était eux qui avaient fait l’annonce.

Mais quand il me demanda qui j’aurais choisi entre Ferrari et Hughes Motors s’il y avait eu deux annonces, je me frottai le menton, réfléchissant… Avant de déclarer :

-J’aurais choisi Hughes Motors quand même. Mais pas parce que vous êtes le fils de Don Hughes. Ni parce que j’ai des amis chez MTI. J’aurais choisi Hughes Motors parce que cette écurie a encore tout à prouver. Alors que Ferrari est nommé et renommé.

Je souris, le regardant dans les yeux.

-En tant que pilote, j’aimerais voir si ça me serrait possible de projeter Hughes Motors au même niveau que Ferrari. C’est un challenge, si vous voulez.

Puis il me questionna sur Timmy qui n’avait jamais parlé de moi. Je commençais à me rendre compte que, si moi, je balançais l’information sur tous les toits, ce n’était pas son cas. Est-ce qu’il avait honte comme il avait eu honte quand il avait rencontré notre mère et qu’il avait vu comment elle était ?

-Ouais, il est né à Londres et a été mis à l’adoption par notre mère.

Quant à Howard… Ouais, apparemment, il y avait un réel problème entre lui et le patron de Hughes Motors…

-Ah… Je ne sais pas ce qu’il vous a fait, mais ça a l’air sérieux… Je sais qu’Howard n’est pas toujours bien vu. Mais je vous assure que c’est un super gars, dans le fond.

Je pinçai les lèvres et regardai la voiture.

-C’est sur cette voiture que je vais achever de vous convaincre ?

La bonne base que semblait avoir Robson en mécanique jouait à son avantage. C’était le premier, aujourd’hui, à me dire qu’en plus de savoir piloter, il savait aussi réparer. Ça lui permettra de mieux comprendre la voiture et de mieux la respecter. Il affirma avoir la même vision que moi m’expliquant que, quand il roulait, il voyait la voiture comme l’extension de son corps. En gros, il faisait attention à ne pas l’esquinter ce qui me plaisait beaucoup.

-C’est une bonne chose.

Jusqu’ici, j’étais satisfait. Même si l’expérience de Robson venait, en partie, des courses illégales, une expérience restait une expérience. Sans compter qu’il conduisait aussi dans son métier d’ambulancier qui consistait à devoir conduire vite tout en restant prudent. Attention, ça ne voulait pas dire que je voulais un pilote qui ne prenait aucun risque. J’en voulais un qui savait avoir une bonne balance entre la prise de risque et la prudence.

Sonny continua à parler de lui et je compris qu’il rêvait d’être pilote tout autant que d’entrer dans le petit monde fermé des gens célèbres pour ce qu’ils font. Il était déjà proche de gens célèbre comme Timmy Evans dont il était le demi-frère, une chose que j’ignorais totalement. Il était aussi l’ami d’Howard Stone… Un nom que je préférais ne pas entendre ces derniers temps. Et ça se vit, sans doute, sur mon visage.

Il était honnête… Je devais lui rendre ça. Et je lui demandai ce qu’il aurait choisi si jamais Ferrari ET Hughes Motors avait demandé à avoir un pilote. Il affirma que, dans ce cas précis, il aurait choisi ma marque. Je plissais des yeux écoutant ses justifications pour voir s’il ne me frottait pas simplement la manche. Mais non. Sa justification faisait sens. Il affirma, ensuite, vouloir voir s’il était possible de mettre ma marque au même niveau que Ferrari.

-On a absolument tout à prouver, c’est vrai. Le challenge est grand mais vous semblez vouloir bien faire. Je cherche quelqu’un qui veut mettre la marque en valeur avant de se mettre lui-même en valeur.

Sonny, pour le moment, me semblait être ce genre de personne.

C’est, ensuite, par curiosité que je cherchai à éclaircir son lien avec Evans qui travaillait pour mon père. Robson et Evans avait, en commun, une mère qui avait mis Evans à l’adoption. Certaines famille avaient des histoires rocambolesques. Ça semblait être le cas de celle de Robson.

-Je vois… C’est une belle histoire que le destin ait conduit Evans à venir à Los Angeles. A moins qu’il ne savait déjà tout ça. Il est très secret. Mon père dit qu’il parle très rarement de sa famille.

Quant à Stone, je déclarai pouvoir faire la distinction entre lui et Sonny. Robson n’était pas Howard. Je devais garder ça en tête en faisant mon choix de pilote. Il ignorait, visiblement, que je n’appréciais pas Howard… Pourtant, s’il savait ce qu’il s’était passé entre Howard et Livia, il comprenait sûrement mon aversion avec le batteur. Je fis la moue. Apparemment, il ignorait tout ça.

-Un super gars ? Mouais… Ce n’est pas vraiment mon avis. Et apparemment, il ne vous dit pas tout ce qu’il fait…

Mais je n’en dis pas plus. Loin de moi l’idée de m’étaler sur ma vie privée et celle de Livia. Je préférais penser à autre chose et passer à autre chose. Mon mariage, Stone… Tout ça était derrière moi désormais.

Robson nous ramena à notre entretien parlant de la voiture. Je me tournai vers celle-ci.

-Exactement. Vous allez faire un tour de chauffe avant de me montrer ce que vous savez faire sur trois tours, exactement. Votre temps, votre attitude, votre façon de communiquer. Tout ça sera évalué.

Trois tours. Pas plus. Il devait me convaincre en trois tours.

-Vous pouvez aller voir Darren. Il va vous fournir votre tenue et le casque et vous préparer. Après quoi, vous n’aurez plus qu’à me montrer ce que vous avez dans le ventre. Vous êtes prêt ?

Julian Hughes, toujours très sérieux, semblait apprécier le fait que je m’y connaisse en mécanique. Je souris, pas mal fier, du coup. Qui avait dit qu’être simple garagiste ne menait à rien ? C’était un métier superbe, que j’adorais… En même temps, j’étais né dedans !

Le jeune ingénieur me trouvait honnête et semblait aussi apprécier cette qualité. Alors je continuai dans l’honnêteté quand il me demanda ce que j’aurais fait si Ferrari et Hughes Motors avaient fait une annonce en même temps. Ma réponse était vraiment sincère ! Si je voulais me prouver quelque chose, ne serait-ce qu’à moi-même, Hughes Motors était le meilleur des deux choix !

Julian déclara qu’il voulait quelqu’un qui mette sa belle mécanique en valeur avant de chercher à être un pilote renommé.

Je hochai la tête.

-C’est bien mon but… Tout ce que je veux, à la base, c’est piloter. Pouvoir montrer ce que les machines ont dans le ventre… J’aime conduire des belles voitures, des voitures puissantes.

Et là, j’étais au bon endroit pour ça.

-Et puis… Courir légalement, aussi, sur circuit, j’aimerais vraiment bien.

Parce que j’étais peut-être accro à l’adrénaline, mais pas au point de n’en avoir rien à foutre de me retrouver en prison pendant des années parce que j’aurais mis des gens en danger en faisant des courses en ville.

On dévia un peu des voitures pour parler de Timmy… Julian disait que le manager anglais parlait très peu de sa famille.

-Je commence seulement à apprendre à le connaître. Mais c’est vrai qu’il ne dévoile pas facilement ce qu’il pense, ni quelles sont ses émotions. Je comprends pourquoi il a la réputation d’être froid.

Mon frère était mon antithèse, carrément.

Et de Timmy, on passa à Howard qui n’avait pas les faveurs de Julian, apparemment. J’avais beau essayer de défendre mon meilleur ami, il devait avoir fait quelque chose de pas cool au jeune ingénieur.

Je soupirai.

-Quoi qu’il ait fait, je suis sûr qu’il ne pensait pas à mal.

Howard était comme ça. Il agissait sans toujours réfléchir et il s’attirait des ennuis. Mais dans le fond, il n’était vraiment pas méchant.

Ne sachant pas trop comment le défendre plus avant, je nous recentrai sur ce qui m’avait amené ici et Julian me donna les consignes. Je souris.

-Ok ! Je suis prêt, je vais me préparer.

J’allais donc voir Darren qui me prêta un équipement (on eut un peu du mal à en trouver à ma taille)… Une fois prêt et pleinement concentré, je me glissai dans le cockpit de la voiture.

Je fis alors un tour de chauffe, zigzagant pour faire chauffer les pneus… Puis au bout de ce tour, j’accélérai progressivement. Comme je l’avais dit à Julian, il ne me fallut pas longtemps pour ne faire qu’un avec la voiture. Je ressentais son moteur dans mes tripes, la moindre petite variation, le moindre mouvement de piston.

J’accélérai, accélérai, jusqu’à arriver à la vitesse qui me semblait la plus appropriée au circuit. Je simulai quelques manœuvres d’évitement, quelques freinages d’urgence et autres. Sans autres concurrents, cependant, mes options de démonstration restaient limitées.

Et pendant tout le temps que ça dura, je restai en contact avec les techniciens, les informant en temps réel de ce que la voiture me faisait ressentir, leur donnant le pouls de la machine.

Et je terminai mes trois tours en un temps record !

Je sortis du cockpit pour aller rejoindre Julian.

-Voilà… J’ai fait un très bon temps, mais ça serait différent s’il y avait d’autres coureurs.

Robson affirma qu’il souhaitait mettre en valeur la voiture. Il semblait se satisfaire uniquement de piloter de belles voitures. En gros, il avait, de mon avis, le bon dosage d’ambition.

Il ajouta que pouvoir courir légalement était aussi quelque chose de bien. C’est sûr que ça permettait de faire ce qu’il aimait sans risquer d’ennuis. J’hochai de la tête.

-Je comprends. C’est sûr que ça change pas mal de chose. Puis, si vous travaillez pour nous, vous serez payé. Dans les courses illégales, je suppose qu’il faut gagner pour remporter le pactole ?

Ce n’était pas le même monde et, pour être honnête, je ne connaissais pas bien celui des courses illégales. Je n’en connaissais que les rumeurs et celle que le gagnant remportaient les voitures des autres était l’une de ces rumeurs.

J’appris, au cours de notre conversation, que Robson était le demi-frère d’Evans. Je l’ignorais mais il était clair que l’Anglais ne s’étalait jamais sur sa vie privée. De même que Robson semblait avoir eu vent de ce lien il y a peu car il disait apprendre, à peine, à le connaitre. Il affirma qu’il comprenait pourquoi les gens trouvaient Evans froid. J’hochai de la tête.

-Il l’est. Mais il est plutôt efficace comme manager. Mon père en est satisfait. Bien que, dernièrement, Evans manque de chance.

Avec le tragique décès de Lola et la maladie de Savannah Prescott… Sans compter les frasques de Stone… Je n’aimerais pas être à la place d’Evans. Diriger une bande d’artiste, ça ne doit pas être simple.

Surtout quand il y a Stone dans le tas. Un Stone qui était l’ami de Robson. Je ne cachai en rien mon animosité envers le batteur. Il faut dire qu’il m’était très difficile d’apprécié l’homme avec qui mon ex-femme m’avait trompé.

Sonny ignorait, visiblement, ce que son ami avait fait et je fronçai un peu les sourcils quand il affirma que, quoi que m’ait fait Howard, il ne pensait sûrement pas à mal.

-Mouais… J’en doute. Il savait très bien ce qu’il faisait.

Il était au courant que Livia était marié, non ? Mais il n’en avait eu rien à faire. Même si, je savais que Livia était tout aussi responsable que lui, sur le coup.

On en revint à l’instant présent et au test que j’allais faire passer à Robson. Il disait être prêt et s’en alla voir Darren. Ils prirent un peu le temps à trouver une tenue à la taille de Sonny. Il faut dire qu’il était très grand et assez baraqué.

Quand il fut prête, je me mis en place pour absolument tout voir et tout entendre. Et, dès le tour de chauffe, je compris que Robson était totalement en maitrise de la voiture. Il finit par accélérer et me montrer qu’il était un très bon pilote. J’étais impressionner, en fait. Je ne m’attendais pas à ça. A croire que les courses illégales, ça entraine bien !

J’écoutais les échanges entre Robson et les techniciens. Il savait communiquer aussi ce qui était un bon point. Et quand les tours s’achevèrent, je vis que Robson avait fait ça en un excellent temps frôlant la presque perfection. Les pilotes qui s’étaient présenter avant lui n’avaient pas fait aussi bien.

Après sa démonstration, il me rejoignis déclarant que ça sera différent avec d’autres coureurs. Je me tournai entièrement vers lui.

-C’est vrai. Ça sera totalement différent. N’empêche que tu t’es adapté très vite à la voiture. C’est plus ça que je voulais voir que le reste. Et je dois avoué que je suis impressionné. J’ai eu, avant vous, des pilotes avec des expériences en courses légales et ils n’ont pas fait un aussi bon temps.

Mais c’est surtout son attitude que j’avais aimé, au-delà de son temps. Je doutais de trouver quelqu’un qui pouvait à la fois avoir l’attitude de Sonny, sa maitrise de la voiture et ses connaissances en mécanique. Je souris pour la première fois depuis le début de l’entrevue.

-J’ai encore des pilotes à voir… Mais… Je ne suis pas sûr de trouver aussi bien que vous. Alors… Vous êtes engagé.

Je lui tendis la main. J’avais eu un bon feeling. Un très bon feeling. Et ce que j’avais vu m’avait plus.

-Vous pourrez passez à nos bureau pour le contrat dès demain. Ma secrétaire vous fera signer. Est-ce que vous avez des demande particulière sur le contrat ?

J’allais continuer à voir les autres pilotes. Parce qu’il me faudra aussi un deuxième pilote au cas où il faudrait remplacer Robson pour une raison X ou Y lors de courses ou d’essais.

J’étais content d’avoir cette opportunité qui me sortirait des courses illégales. Julian ajouta que je serais payé pour piloter, ce qui était non négligeable ! Je souriais comme un benêt tellement j’étais content.

Et puis, je ne cachai rien au jeune ingénieur, lui parlant des courses illégales auxquelles je participais. Il demanda s’il fallait gagner ces courses pour avoir le pactole.

-C’est exacte. Parfois c’est une somme d’argent, parfois des pièces de voitures et parfois la voiture d’un des perdants…

Je pinçai les lèvres, mais n’arrivai pas à me retenir d’ajouter :

-La Camaro dans laquelle je roule actuellement est la voiture d’un Conti…

Qui était mort depuis…

On parla un peu de ma famille et de mon ami Howard. Si Julian semblait respecter Timmy, apparemment, Howard avait vraiment fait un coup pas cool à Julian, mais j’ignorais ce que c’était. Et comme je ne voulais pas que défendre Howard me coûte ma place, je n’ajoutai rien.

Je préférai faire mes preuves sur le circuit, ce que je m’employai à faire.

Quand je rejoignis Julian, il semblait satisfait, même si, sans autres concurrents, c’était un peu difficile de montrer l’étendue de mon expérience.

Il me félicita, passant brièvement au « tu » ce qui me fit sourire.

-Vous pouvez me tutoyer, sans problème. Et merci pour les compliments.

Par contre, je ne m’attendais pas  à être engagé directement ! J’avais bien vu qu’il y avait d’autres pilotes qui briguaient la place !

Alors il me fallut une seconde, où interloqué, je regardai la main que me tendais Julian. Puis la serrai, mon visage s’illuminant.

-Merci ! Vous ne le regretterez pas !

Il me parla de contrat et tout alors que j’en revenais pas encore… Mais ce n’était pas pour autant que je perdais le nord quand il me demanda si j’avais des conditions.

-Ben… Dans l’annonce, ça disait que la licence professionnelle serait financée par Hughes Motors… Et ça je veux bien parce que je n’en ai pas les moyens. Sinon, c’est bon, vos conditions sont les miennes.

Robson voyait ce nouveau job comme un opportunité de pouvoir sortir des courses illégales pour pouvoir faire sa passion dans les clous de la loi. Des courses illégales qui lui rapportaient, tout de même, chaque fois quelque chose mais uniquement quand il remportait la victoire. Ici, avec un contrat, il aura l’occasion de gagner un salaire régulier.

Je l’écoutai attentivement quand il confirma que les courses illégales pouvaient rapporter de l’argent, des pièces de voitures, voir même des voitures entière. Il affirma que la voiture dans laquelle il courrait actuellement était une voiture appartenant à un Conti. Je tiquai. Il ne fallait pas vraiment que je fasse travailler ma mémoire beaucoup pour raccrocher ce nom au massacre perpétré par Jimmy Reed… Tous ces souvenirs, je préférais les oublier. Moi qui avait, un jour, admiré cet homme…

-Je vois… J’imagine bien qu’on ne fréquente pas des gens fréquentables à ce genre de courses.

C’était évident. J’imaginais bien que, dans ces courses, on devait trouvé pas mal de gens liés à divers trafics. Ou des gens qui ont un grain. Bien que Sonny ne semblait pas du tout faire partie de ces deux catégories. Ou alors, il cachait bien son jeu mais j’en doutais sincèrement.

On parla brièvement de Timmy Evans avait qui Sonny avait un lien de sang. Puis, ce fut d’Howard Stone qu’on parla et je ne cachai pas l’animosité que j’avais envers le batteur de The Burning Fire. Je ne l’aimais pas et je n’étais pas prêt à croire qu’Howard était totalement innocent de ce qu’il s’était passé entre lui et Livia. Ce genre de chose, ça se fait à deux ! Et il savait que Livia était mariée.

Robson ne renchérit pas pour défendre son ami et je le mis alors à l’épreuve et lui faisant faire des tours de piste.

Et je devais avouer qu’il m’avait fortement impressionné. Sa maitrise ainsi que sa façon de communiqué correspondait à tout ce que j’attendais. Mieux, il avait fait un excellent temps !

Quand il revint vers moi après sa démonstration, je lui fis quelques compliments. Il m’avait convaincu au point où je doutais trouver mieux. Il me remercia disant que je pouvais le tutoyé. A vrai dire, je n’avais même pas remarqué que j’étais passé à un langage plus familier. Malgré tout, j’hochai de la tête.

Et je lui fis part de ma décision. Je ne voyais pas l’intérêt de le faire attendre alors que, dans ma tête, tout semblait clair. C’était tellement rare que tout soit si clair que je n’avais pas l’impression que je pouvais me trouver sur ce coup-là. Alors, je lui fis part du fait que je comptais l’engager.

Il était satisfait clamant que je ne le regretterais pas. Je souris.

-Je l’espère.

Si c’était ma section RH qui allait s’occuper du contrat, j’en parlai tout de même à Sonny pour voir s’il avait une quelconque exigence. Mais hormis la licence, il n’avait pas vraiment de choses à demander.

-Hughes Motors payera la licence. Une promesse est une promesse. Tu n’as pas à t’inquiéter de ça. A partir de maintenant, c’est l’entreprise qui s’occupera de financer tout le matériel et s’occuper des papiers. Tout ce que tu auras à faire c’est de piloter.

Comme il n’avait pas d’autres exigence, je lui tendis la main pour serrer la sienne.

-Bienvenu chez Hughes Motors.

En espérant que ça soit une longue collaboration.