Enfin ! Aujourd'hui, c'est le grand jour. La voiture va enfin rouler. Mais avant tout ça, j'avais fait une demande particulière à Julian. J'avais demandé à ce qu'il propose aux employés qui travaille dans le secteur des voitures plus classiques si l'idée de venir donner un coup de main pour le test et que si ça me plaisait ils auraient droit à une mutation dans l'équipe, il y a peu de gens qui se sont présenté, mais ils étaient trois dont la stagiaire Sarah qui m'avait tapé dans l'œil par sa bonne humeur et sa gentillesse, à voir si elle peut nous apporter quelque chose.

Enfin, j'avais demandé à tout le monde de nous retrouver avant sept heures du matin au circuit de Laguna Seca. Le circuit nous avait accueillis très tôt avec un petit déjeuner. Puis, ils nous ont prêté une salle pour faire une réunion de mise au point avant la journée. J'étais devant le tableau pendant que tout le monde était assis.

Bonjour tout le monde, merci d'être venu très tôt ce matin. Ça va valoir le coup, c'est une certitude. La voiture va enfin rouler ! Je voulais commencer cette réunion par des remerciements. Je voulais remercier notre patron Julian Hughes qui a investi et suivi mes idées et les suggestions de l'équipe technique, c'est grâce à lui si on est ici aujourd'hui. Je voulais aussi remercier le circuit de Laguna Seca qui nous donne l'opportunité de tester la voiture.

L'équipe technique qui a travaillé d'arrache-pied pour pouvoir rendre ce projet viable. Aussi, les trois personnes qui ont pris de leur temps pour venir nous rejoindre et nous donner un coup de main, et enfin Sonny Robson qui veut prendre le volant pour la première fois. Aucun test sur piste n'a jamais été fait !

Je viens prendre la craie et écrire le planning de la journée.

Si je n'étends pas trop longtemps le discours à huit heures, on fera un track walk pour faire une reconnaissance de la piste. Après ça, normalement vers neuf heures, Sonny va prendre le volant et on va démarrer la voiture pour la première fois. On fera les tests radio entre le stand, le muret et la voiture. Sonny tu feras cinq tours pour voir déjà si tout va bien, donc cinq tours tranquilles d'accord ?

Ensuite, tu nous feras un feedback sur ce qui va et ce qui ne va pas sur la voiture. On essayera les réglages et vers 11 heures, on va faire un tour qualif. Donc un tour de sortie, un tour à fond et un tour de refroidissement avant d'aller au stand. Puis vers 11 h 30, on va faire l'équivalant d'une course sprint. Genre une vingtaine de tours pour vérifier les dégradations des pièces et des pneus. Ensuite, on mange, vers 14 heures, on reprend les tests et on fait la même chose que le matin, mais il y aura de la pluie pendant la pause entre temps et durant les tests.

Voilà pour le programme de la journée. Je compte sur tout le monde pour que ça se passe bien. Sonny surtout, s'il y a un truc qui ne va pas, fais-le nous savoir au plus vite. Tour rapide, oui, mais juste évite de casser le châssis, c'est la seule chose qu'on n'a pas en double !

Je me gratte la tête, en effet, on n'avait pas emmené le deuxième châssis pour ne pas prendre trop de pièces qui ne seront pas forcément utiles, puis je me tourne vers Julian et Sonny.

Si vous avez quelque chose à dire, je vous prie. Sinon, on va sur le circuit

Les jours se suivaient et ne se ressemblaient pas. Ma vie était bien occupées entre la gestion de mon entreprise, les réunions du conseils d’administration, le recrutement d’employés, les soirées de représentations où je devais aller, les cours de l’Université et j’en passe… Je n’avais quasi plus le temps de jouer les ingénieurs avec tout ça si bien que je commençais doucement à former un équipe autour de moi pour me décharger de certaines activités… Un attaché de presse, notamment, que j’avais déjà engagé… Mais aussi un bras droit que je cherchais encore. Je voulais quelqu’un d’expérimenté sans être trop envahissant comme l’était Stanley avec mon père. Je voulais, aussi, un vrai passionné par les voitures et pas seulement un passionné du pouvoir…

Bref, j’avais du pain sur la planche et très peu de temps pour moi. J’étais rarement chez moi et la seule fois où j’y étais ça avait été pour recevoir la visite de deux policiers qui enquêtaient sur le rapt de Maritza Cortez, la mère de Livia. Je n’avais pas pu les aider à avoir beaucoup d’indice sur où elle pouvait se trouver étant donné que je n’avais plus vu Maritza depuis l’inauguration du yacht il y a des mois d’ici. Après ça, il y a eu ma rupture avec Livia ce qui faisait que je n’avais plus vu, en tout logique, le reste de sa famille. Pour autant que j’en avais beaucoup avant…

J’avais quand même répondu à leurs questions qui concernait ce que je savais de la relation de Maritza avec Jimmy Reed. Je n’en savais pas grand-chose… Juste ce que j’avais vu aux quelques repas qu’on avait fait tout au long de ma relation avec Livia… Pour moi, c’était un couple assez normal, à vrai dire. De ce que j’avais vu de l’extérieur car, en soi, c’est pas comme si on se voyait tous les dimanches… Et quand l’Inspecteur Henry m’a parlé de la dépression de Maritza, j’ignorais totalement qu’elle faisait un dépression et, tout ce que j’ai pu signalé c’est que, la dernière fois que je l’avais vu, soit au yacht, elle allait bien…

La seule chose, finalement, sur laquelle j’avais pu réellement être utile c’était sur l’enlèvement de Livia, vu qu’Henry m’avait questionné là-dessus, le fait qu’après, elle avait rejeté tout le monde car elle souffrait d’une forme de Syndrome de Stockholm, que j’étais, moi-même, tombé en dépression mais qu’avec le temps, on avait fini par recollé les morceaux. J’avais aussi, pu, parlé de ce que je savais de Reed et du fait que, d’expérience, je doutais qu’il ait frappé sa femme ou qu’il l’ait détruite psychologiquement. Déjà parce que Livia m’en aurait parlé si elle était au courant et, aussi, parce qu’on parlait quand même de l’homme qui m’avait défendu alors que ma mère était en train de me frapper et de me descendre après la pièce de Roméo et Juliette. Reed n’avait pas hésité à intervenir. Et bien que j’avais noté qu’il avait bien des défauts dont celui d’être excessivement conservateur ce qui avait souvent provoqué des éloignements entre Livia et lui, je le voyais mal frapper sa femme ou son enfant tout en protégeant les autres des mêmes faits. Ça ne faisait pas sens. Mais là encore, je ne pouvais rien certifié… Je ne vivais pas chez Maritza et Jimmy et, sincèrement, je les connaissais très peu même s’ils avaient longtemps été mes beaux-parents.

Bref… Voilà un peu la seule chose que j’avais fait chez moi : répondre à un tas de questions sans savoir si j’étais véritablement d’une grande aide. J’espérais seulement que tout ça finisse bien.

Sinon, le reste, c’était le travail et c’est tout ! Et, aujourd’hui, j’avais rendez-vous au circuit de Laguna Seca pour tester le tout nouveau prototype créé par l’équipe d’Alexandre. J’avais sincèrement hâte de voir ce que ça allait donné. J’avais suivis toutes les étapes et j’étais plutôt confiant.

C’est, donc, avec le sourire bien qu’avec pas mal de stress que j’écoutai le discours d’Alexandre qui est l’ingénieur en charge de l’équipe. Il nous salua, fit ses remerciement et parla des essais qu’on allait faire aujourd’hui. Plus on avançait vers le début des essais, plus le stress augmentait. Il parla du déroulement de la suite et de l’implication de Sonny qui allait, pour la première fois, testé ce prototype-là. Vers la fin du discours, je m’étais mis à me ronger les ongles et quand Alexandre termina avant de se tourner vers nous et de nous demander si on avait quelque chose à dire. Il savait prendre les choses en main en tout cas et semblait avoir une bonne âme de leader. C’est un plus pour son rôle.

-Le planning me parait bien réfléchi. Tu as fait du beau travail. Pour les premiers tours, il faudra, en effet, surtout que Sonny s’adapte à la voiture et voit s’il y a des choses à modifier. Mais j’aimerais aussi, vers la fins des tests, qu’on fasse un essais pour pousser un peu la voiture à son maximum. Seulement si les tests sont convainquant, bien sûr, pour éviter d’abîmer quoi que ce soit. Sinon, on fera ce genre de test plus tard.

Je regardais Sonny et Alexandre voir ce qu’ils ont a dire là-dessus.

J’étais super excité ce matin ! Bon, j’avais dû me lever super tôt mais avec le métier que je faisais avant et qui était sous forme de pauses, j’avais quand même l’habitude et ça ne me dérangeait pas…

Surtout pour tester une toute nouvelle voiture ! Une voiture avec laquelle je serais le tout premier être humain à rouler ! Ça me donnait des frissons !

D’autant plus que j’avais suivi pas à pas la confection de ce prototype et que j’avais pas mal échangé avec Alex tout du long. Une chose était sûre : ce type-là savait exactement ce qu’il faisait. Il avait de la suite dans les idées. Lui combiné aux idées révolutionnaires de Julian pouvaient vraiment créer de grandes choses ! Du jamais vu !

En plus, quand on arriva dans la salle de réunion, il y avait du café, des donuts, des croissants, des pains au chocolat. Bref, on était choyés ! Je passai près d’Alex.

-Hey ! Merci pour le déjeuner !

Je pris un pain au chocolat et un donuts et m’installai à une place, parmi les technicien, les ingénieurs et tous ceux qui allaient travailler à la bonne marche des essais d’aujourd’hui. Julian Hughes en personne, le grand patron, était présent !

Alex se plaça devant un grand tableau et nous fit le topo de la journée, mais il commença par des remerciements. Il avait l’air aussi excité que je ne l’étais.

Il m’inclut même dans ses remerciements.

Je souris.

-Y a pas de quoi ! J’ai hâte de prendre le volant !

Je n’étais pas habitué à ce genre de réunion alors je donnais peut-être l’impression d’intervenir à tort et à travers, je ne savais pas trop.

Après les remerciements, on passa au planning. Alex avait tout prévu à l’heure près. On allat avoir du boulot, mais qu’est-ce que ça allait être fun !

Vers la fin de son discours, Alex s’adressa à moi en me disant que je devais surtout tout communiquer. Je savais que c’était le plus important. Que mon ressentis dans la voiture comptait pour beaucoup. Il fallait aussi que j’évite de casser le châssis parce qu’on ne l’avait pas en double.

-Ok, promis, je ferai attention. Je n’oublie pas que cette voiture n’a jamais roulé.

Puis Julian Hughes pris la parole et j l’écoutai comme s’il s’agissait de la parole du Saint Esprit.

Il voulait, en fin de journée et si tout se passait bien avec les premiers essais, pousser la voiture au maximum.

Je me permis de lui sourire.

-Je pense que ce sera faisable. J’ai vu travailler tout le monde, j’ai testé certaines pièces séparément, on a fait des vérifications sur les roulements et sur les passages de rapports en simulation.

Je regardai alors Alex.

-Moi je pense que ça pourrait le faire. Mais on ne le saura vraiment qu’en fin de journée.

J'avais préparé la réception de tout le monde avec des viennoiseries et du café. Sonny me remercie et je le regarde en riant.

Remercie le patron ! C'est lui qui paye !

Je lui tape sur l'épaule tout en riant avant de me présenter au tableau. J'explique comment la journée devrait se dérouler et je me permets de faire des remerciements, car sans Julian, Sonny, l'équipe technique et le circuit, rien ne serait possible. Quand je finis de tout expliquer, je demande s'il y a des gens qui ont  quelque chose à dire.

Julian me dit que j'avais bien bossé et qu'il est d'accord sur pas mal de choses avec ce que j'avais prévu et qu'il voulait pousser à fond la voiture à la fin de la journée. Il nous demande à moi et Sonny notre avis. Pour Sonny c'était tout bon, mais il me demande moi aussi mon avis. Je regarde Rob.

Niveau météo, ça va aller ?

Il me regarde en grimaçant.

Si la piste sèche vite vers 16 heures, ce sera possible, sinon ce n'est pas la peine, sur piste humide on ne sera jamais à pleine puissance...

Je regarde Julian et Sonny.

Va falloir faire la danse du soleil pour être sûr !

Je ris puis je vois une petite main se lever, c'était Sarah qui avait une question.

Oui Sarah ?

Elle se lève.

Et moi, je fais quoi, vu que je suis stagiaire et qu'en théorie je n'ai pas le droit de toucher, juste regarder.

Je souris.

Comme tu l'as dit, en théorie, tu n'as rien le droit de faire. Mais si tu fais attention à toi, je t'autorise à travailler avec l'équipe. Et j'en prends la responsabilité s'il t'arrive quelque chose.

Rob me regarde en hochant la tête et Sarah gagne un grand sourire.

D'accord, monsieur Garcia, merci pour cette opportunité !

Je passe ma main dans mes cheveux.

Par pitié, appelle-moi Alex, sinon ça me met un coup de vieux !

Je n’avais pas touchés aux diverses viennoiseries mises à la disposition de tout le monde. J’étais trop concentré sur ce qu’avait à dire Alexandre pour ça et j’appréhendais avec autant de stress, de concentration et d’enthousiasme la suite de la journée. Par contre, j’avais bien vu du coin de l’œil que Sonny Robson semblait apprécié manger ce qu’il y avait à disposition. Il faut dire que c’est un grand colosse. Il fallait bien qu’il ait du carburant.

Alexandre y était allé de quelques remerciements au début de son discours et Sonny était intervenu déclarant qu’il avait hâte de prendre le volant. Personne d’autre que lui n’avait fait de commentaires pendant le discours mais son intervention m’avait fait un peu sourire. Je savais que Sonny était quelqu’un de spontané qui n’avait pas l’habitude de ce genre de réunion. Il venait d’un tout autre monde que moi ou même qu’Alexandre. Avec le temps, il finira par s’adapter.

Alexandre termina son discours avec le planning avant de demander à l’assemblée s’il y avait des questions ou des commentaires. Sonny intervint en premier déclarant qu’il fera attention au châssis. Je le savais très respectueux des voitures. C’est, d’ailleurs, ça qui m’avait convaincu, en plus de ses performances, qu’il était le bon pilote pour Hughes Motors.

Quant à moi, j’aurais aimé voir, aujourd’hui et uniquement si les tests étaient concluants, la voiture poussée au maximum de ses capacités. Alexandre m’avait promis de la vitesse alors je voulais voir jusqu’où ce prototype pouvait aller. Seulement, la météo pouvait mettre un frein à ce projet. Du moins, pour aujourd’hui. La piste était, actuellement mouillée. Restera à voir ce qu’il en sera tout à l’heure. Alexandre nous conseilla de faire la danse du soleil. Malgré tout, je gardai mon sérieux.

-L’avantage, c’est que le soleil de la Californie a l’art de sécher rapidement les pistes. S’il se fait généreux dans l’après-midi, la piste devrait rapidement sécher. J’aimerais vraiment voir jusqu’où elle peut aller.

C’était le genre de test qu’il faudra faire. Pousser un véhicule à son maximum c’est en connaitre les limites et pouvoir mieux savoir ce qu’on pourra faire lors des courses. Voir même enregistrer certains records, qui sait ? C’est aussi une façon de faire connaitre ma marque.

Puis, j’aimais les records… Les défis… Surtout en ce qui concernait mes passions. J’étais un perfectionniste. Je voulais toujours faire mieux.

Mais je voulais aussi garantir la sécurité autant du prototype que de Sonny alors si la piste est trop mouillée, j’attendrais.

Une jeune femme se manifesta alors. Je la reconnue comme étant Sarah, une stagiaire qui avait rejoint l’équipe d’Alexandre essentiellement pour apprendre. Elle demanda à quel point elle pourrait s’impliquer aujourd’hui. Il y avait des règles concernant les stagiaires mais je ne les connaissais pas sur le bout des doigts. Je laissais l’administratif et le droit à mon équipe RH et juridique. Mais, visiblement, elle n’avait le droit de toucher à rien. Cela dit, Alexandre lui donnera pas mal de latitude aujourd’hui et prendra la responsabilité s’il arrive quelque chose à Sarah. Elle le remercia alors qu’Alexandre semblait vouloir qu’elle l’appelle Alex. J’intervins alors :

-Ne te met pas en danger inutilement, Sarah. Je ne doute pas qu’Alexandre prendra, effectivement, la responsabilité s’il t’arrive quelque chose. Mais le mieux est quand même qu’il ne t’arrive rien. Et écoute bien les consignes. Ainsi, personne n’aura d’ennuis.

Je me disais qu’il n’y avait pas de mal à ce qu’elle s’implique plus. C’était la meilleure façon d’apprendre. Même si ça me faisait bizarre de dire tout ça à des gens plus vieux que moi. Je devais en prendre l’habitude. L’avantage, c’est que personne ne me prenait de haut pour ça, jusqu’ici.

J’avisai l’ensemble de la salle avant de me tourner vers Alexandre.

-Je pense qu’on peut passer à la suite du programme. Ainsi, j’aurais, aussi, un avant-gout de la communication entre ton équipe et Sonny sur piste.

Je me tournai vers Sonny.

-Lors des courses, tu communiqueras essentiellement avec Alexandre. Je voudrais tester ça. Il aurait tout une équipe derrière, dans les paddocks, bien sûr mais je veux voir si cette dynamique, entre vous, peut fonctionner. Est-ce que ça te convient ?

J’avais eu le retour d’Alexandre sur sa relation avec Sonny. J’allais, désormais, avoir celle de Sonny.

Le rire d’Alex se fit communicatif quand il affirma qu’on avait pas à le remercier pour le déjeuner parce que c’était le patron qui payait. Ouais, n’empêche, c’était une belle attention quand même. Quand j’étais ambulancier et qu’on travaillait tôt le matin, on faisait ça, mais je ne savais pas que ça se faisait aussi dans le monde plus guindé de l’automobile de luxe.

Quelque part, ça me rassurait parce que ça ne me dépaysait pas trop.

Bref, tout en mangeant ma viennoiserie, j’écoutai Alex commencer son speech, faire des remerciements et tout ça. Et je ne pouvais pas m’empêcher de réagir parce que… bah parce que j’étais comme ça. On me remerciait, j’allais pas rester de marbre ! Et puis j’avais toujours été un peu le bout en train de l’équipe, même quand on était à l’école.

Enfin, à cette époque-là, on était deux bout en train. Howard et moi.

Je remarquai alors que le patron, qui avait apparemment payé le déjeuner, ne mangeait pas, contrairement à tous les autres qui en profitaient. Peut-être qu’il était trop stressé pour manger. Parce que « stressé » était le premier terme qui me venait à l’esprit alors que je regardais Julian à ce moment précis.

Je me reconcentrai vite sur Alex qui nous donnait le planning de la journée. J’avais l’impression que tout allait se jouer à la minute près. Pas question d’improvisation ici, pas comme dans les courses organisées en deux heures parce qu’il ne fallait pas que les flics nous prennent en flagrant délit d’un crime de course illégale en pleine ville.

Non, ici, c’était cadré, planifié, professionnel. Et il fallait encore que je me fasse à cette mentalité-là, où rien n’était laissé au hasard.

Je promis d’ailleurs à Alex de faire très attention à son châssis.

Ouais parce qu’en plus du reste, j’allais avoir entre les mains du matériel qui coûtait une fortune. Fallait pas déconner avec ça et j’en avais bien conscience. Et comme je me disais en plus que c’était peut-être pour ça que Julian Hughes avait préféré un pilote vétéran de 37 ans plutôt qu’un petit jeune aux réflexes peut-être plus acérés, j’avais intérêt à faire gaffe au matériel.

De toute façon, j’aimais trop les voitures pour les faire souffrir.

Bref, tout ça pour dire que le boss voulait savoir si on pourrait quand même pousser la bagnole à fond. Et tout allait dépendre de la météo. La chance qu’on avait, c’était d’être en Californie. Je me frottai le menton et me permis de prendre la parole.

-Ce qui est gênant sur circuit, c’est l’aquaplanage quand la piste est mouillée, pas tellement la voiture en soi.

Je regardai Julian.

-Alex a raison, s’il fait mouillé, on aura des données faussées sur les performances du véhicule.

Puis une petite stagiaire intervint, se demandant quel rôle elle pourrait bien jouer dans tout ça. C’était un mignon petit bout de femme mais j’étais bien trop déterminé à rester célibataire pour le moment que pour même m’en rendre compte.

Alex était prêt à ce qu’elle puisse s’impliquer, mais Julian la prévint de rester bien prudente.

Après ça, ce fut à Alex et moi que le patron s’intéressa plus étroitement. Il voulait savoir comment on communiquait sur piste. Julian me dit alors que mon interlocuteur via radio serait Alex, qu’il voulait voir comment on se débrouillait entre nous. Je souris à Julian puis à Alex.

-Pas de problème. J’ai fait mes devoirs parce que je n’ai jamais eu de communication radio en roulant dans mes expériences précédentes. Je roule essentiellement au feeling. Mais j’ai appris quelques termes techniques…

Je regardai Alexandre.

-Jusque-là, ça se passe bien entre nous. On sait se dire les choses sans se prendre la tête, ça devrait le faire. Qu’est-ce que t’en dit, Alex ?

Sonny rit quand je lui dis qu'il pouvait remercier Julian pour le petit déjeuner.  Je voyais que ça lui faisait plaisir et je fus surpris parce que c'était comme si c'était la première fois pour lui.

Tu n'avais pas le droit au petit déjeuner à l'hôpital ? Après, c'est mon idée pour permettre aux gens d'être à l'aise. Et puis ça donne une bonne ambiance aussi, ça détend un peu tout le monde.

Puis je faisais mon speech pour expliquer comment allait se dérouler la journée. Quand je remerciai tout le monde, j'entendais Sonny me répondre, ce qui me fait sourire en coin. Il s'habituera peut-être aux réunions et tout ce qui va avec. J'avais demandé à Sonny de faire attention à la voiture et il me promet de le faire.

Puis Julian voulait tester la voiture au maximum si on avait le temps, Rob m'annonçait qu'avec la pluie ce matin, ça allait être dur, et Sonny disait que l'aquaplanage était élevé.

C'est pour ça que je compte sur toi pour mettre les pneus en température, mais pas en surchauffe. Tu as une fenêtre vraiment réduite pour utiliser pleinement les pneus. Trop froid, tu roules sur de la glace, trop chaud, tu es sûr des œufs. Enfin, je te dis ça, mais je t'apprends rien !

Mais Julian est confiant sur le fait que le soleil de Californie allait faire sécher la piste très vite.

Tu le sais mieux que moi, perso en Espagne, il fait chaud tout le temps. Surtout dans le sud.

Puis Sarah intervient, en effet, elle voulait participer malgré son statut de stagiaire. Je m'engage à assumer si Sarah avait un souci, mais Julian lui dit que le mieux serait qu'il ne se passe rien et qu'elle ne prenne pas de risques inutiles. Je la regarde et me frotte le menton avant de regarder Rob.

Rob ça t'ennuie si pour aujourd'hui tu laisses ta place à Sarah sur le muret des stands ? Je sais que c'est la première fois que la voiture va rouler, mais...

Il tend sa main comme pour m'arrêter.

Place aux jeunes Alexandre, moi, je suis un vieux ingénieurs rouiller, la petite doit apprendre, alors je lui laisse ma place !

Sarah semble ennuyer.

Vous êtes sûr ? Je ne veux pas être un obstacle ou gêner.

Rob lui secoue les cheveux, j'ai l'impression de voir un grand-père avec sa petite fille.

Mais oui, ma petite Sarah, tu bosses bien, tu as plein d'idées et tu en as envie ! Moi, ça fait longtemps que je bosse, je vais pouvoir souffler un peu !

Il rigole et Sarah me regarde comme pour savoir ce qu'elle va faire.

Tu vas avoir un casque et tu seras assise à coter de moi, et tu vas noter tout ce que Sonny dit sur la voiture, et tu y transmettras au stand quand la voiture sera à l'arrêt !

Elle me regarde en souriant.

Bien, monsieur... Euh... Alex !

Je souris en coin puis Julian intervient pour me dire que l'on pouvait passer à la suite du programme. Il veut qu'on test notre capacité à communiquer, en effet Sonny parlera plus avec moi qu'avec n'importe qui. Et Sonny dit qu'il a fait ces devoirs et qu'il a appris quelques termes techniques pour communiquer, et qu'on a été jusque-là capable de ne pas nous embrouiller, il me demande ce que je pense, je rigole parce que j'ai déjà anticipé ma vanne depuis un moment et tape sur l'épaule de Sonny.

Moi ça me va ! Aller, va me prouver que tu es bien meilleur que tous les guignols que mon père a embauchés !

Tout le monde se lève et se mettent en place dans le garage et sur le muret des stands. Je regardais Julian et lui tapote sur l'épaule.

Enfin, on y est. Je te sens tendu. Souffles un coup, tu vas voir, ça va bien se passer. J'ai confiance en Sonny, et tu vas voir, ça va être exceptionnel !

On ne pourra pousser la voiture au maximum que si les conditions le permettront. C’était rare quand il pleuvait en Californie et, évidemment, il avait fallu que ce genre de conditions s’applique au jour du premier essais du prototype. Au fond, ça m’agaçait mais fort est de constater que personne ne pouvait rien y faire… La météo était toujours une donnée relativement imprévisible.

Alexandre n’était, donc, pas très chaud de pousser la voiture dans ces conditions et Sonny était d’accord parlant de l’aquaplanage. Alexandre lui donna alors quelques indications bien qu’il affirmait que Sonny était, sans doute, déjà au courant de ce qu’il fallait faire pour pouvoir utiliser les pneus de la meilleure manière.

Du coup, les deux hommes étaient d’accord sur le fait que les conditions ne permettraient pas de bien évaluer la voiture à plein régime. Je fis une moue plus contrarié, finalement, par la météo que par leur choix, finalement, raisonné. J’espérais simplement que le temps allait s’améliorer pour avoir une chance de faire, tout de même, ce genre d’essais. Alexandre affirma alors que je connaissais mieux le temps Californien que lui. Il disait qu’en Espagne, il faisait chaud tout le temps.

-Ici aussi, en général. C’est juste aujourd’hui qu’on a pas de chance.

Sinon, le temps Californien était très clément et très chaud. On voyait plus le soleil qu’autre chose. Ça devait être un temps fort similaire à l’Espagne, je pense.

C’est là qu’une de nos stagiaires intervint se demandant qu’elle sera son rôle. J’écoutai l’échange entre Alexandre et la jeune femme non sans intervenir pour dire qu’il valait mieux qu’elle ne prenne pas de risque. Il y eut une échange avec Rob, le plus vieux des ingénieur qui était prêt à laisser sa place à Sarah pour qu’elle puisse apprendre. Il y eut beaucoup d’encouragement de Rob vis-à-vis de la jeune femme. C’était une preuve que l’équipe vivait bien. Ça avait tendance à me rassurer.

Alexandre donna ses instructions à Sarah alors que je voulais qu’on passe à la suite non sans mettre en avant que ce que je voulais c’était, aussi, évaluer la façon dont Sonny et Alexandre allaient communiquer par radio ensemble. C’est ce que je voulais pour les courses mais je voulais le voir, aussi, aujourd’hui. Sonny affirma avoir fait ses devoirs notamment en apprenant quelques termes techniques. J’hochai de la tête. J’aimais ce genre de professionnalisme. Je savais que c’était la première expérience pro de pilote de Robson.

-C’est une bonne chose. Ça facilitera la communication.

Sonny disait que, jusqu’ici, tout se passait bien entre lui et Alexandre. J’avais, donc, le même son de cloche des deux côtés. J’hochai encore de la tête alors qu’Alexandre encouragea le pilote parlant de son père, au passage. Je savais que les relations entre Alexandre et son père n’étaient pas au beau fixe. C’est, d’ailleurs, pour ça qu’il était venu jusqu’en Californie faire ses preuves.

-Si vous avez un bon feeling, jusqu’ici, c’est parfait. C’est mieux quand il y a une sorte de complicité qui se créé.

De ça, j’en étais sûr. C’était la même chose dans tout. Même si, de mon côté, j’avais toujours eu beaucoup de mal à créer ce genre de complicité sauf avec certaines personnes dont la liste s’était réduite avec le temps.

Tout le monde se mit alors en place. Moi, je n’allais être qu’un observateur et je n’interviendrais que s’il le faut vraiment. Sinon, ça sera à Alexandre et son équipe ainsi qu’à Sonny de mener à bien ces tests. Je ne cessais, pour la cause, de me ronger les ongles. C’était difficile pour moi d’avoir cette position d’observateur sans avoir la mainmise sur les choses… Alexandre avait, d’ailleurs, remarqué que j’étais tendu.

-Difficile quand on est que simple observateur. Je n’ai pas l’habitude d’être dans cette position. Mais en tant que patron, je vais devoir m’y faire…

Je ne pourrais pas sauter dans la voiture pour faire les choses à la place de Sonny ou bien arracher des mains la radio à Alexandre pour m’occuper moi-même des choses. Ça n’allait pas ainsi.

-Mais… Moi aussi j’ai confiance en Sonny. Et en toi. Tu as bien géré ce discours et les membres de ton équipe.

Ceci étant dit, j’avais laissé l’équipe et Sonny faire le track walk. Quand il fut terminé, je n’avais pas bougé de position me raclant la gorge, me rongeant les ongles ou clinquant, parfois, d’un seul œil. Autant de tics qui montraient mon stress.

Sonny allait, maintenant, pouvoir essayer la voiture. Je le laissais ainsi qu’Alexandre, gérer le départ.

Alex était étonné que je sois si reconnaissant pour le déjeuner. Il se demandait si ça n’arrivait jamais à l’hôpital.

-Oh si ! C’est juste que je ne m’attendais pas à la même convivialité ici.

J’avais pris place et Alexandre avait fait son speech que j’avais écouté attentivement, ne me gênant pas pour intervenir de temps en temps, ne sachant pas si ça se faisait ou pas. Mais ça ne sembla déranger personne ou en tout cas, ce ne fut pas l’effet que ça me fit.

Le plus gros problème, c’était qu’on avait pas vraiment eu de chance avec la météo et qu’il avait plu. La piste était donc, pour l’instant, mouillée et ça faisait qu’on ne pourrait pas, comme Julian le voulait, pousser le prototype à fond. De un, ça fausserait les données et de deux, je risquais de glisser avec l’aquaplanage.

Alex m’expliqua qu’il faudrait que je dose vraiment la température des pneus. C’était un exercice presque de précision qui changerait toute la donne. Pas assez, ce ne serait pas bon et trop non plus. Je me mordis la lèvre, réfléchissant déjà comme si j’étais derrière le volant.

-Je devrais y arriver au feeling. Je ressentir la voiture et je devrais savoir exactement quand elle sera prête à pousser sur piste mouillée.

Il y eut une petite conversation entre Julian et Alex au sujet de la météo qui, en générale était sèche tant en Espagne qu’en Californie.

-Il fait toujours beau à L.A. ! Il a vraiment fallu qu’on tombe sur le mauvais jour.

Il y eut ensuite Sarah qui intervint pour demander quelle serait sa place et Rob lui proposa de faire son job pour que la nouvelle génération se forme aux essais sur piste. Il y avait vraiment une bonne ambiance entre les membres de l’équipe et j’aimais vraiment ça.

Ce dernier point décidé, le patron déclara  qu’il voulait également être témoin de la façon dont Alex et moi, on communiquait pendant les essais. Jusqu’ici, j’affirmai qu’on avait un bon feeling et Alex me fit rire en faisant allusion à quelque chose qui ne pouvait faire rire que moi en disant que je n’avais plus qu’à prouver que je valais mieux que les guignols engagés par son père.

-T’inquiète, tu vas voir.

Sur ce, on se sépara et je fis, avec l’équipe, le track-walk à pied, désignant du doigt les tournants où je devrais faire attention et les autres pièges de la piste.

Puis, cette étape faite, je pus enfin m’asseoir dans le prototype. J’enfilai mon casque et ajustai le micro.

-Test. Alex, tu me reçois ?

Quand il me répondit que c’était le cas, j’ajoutai.

-Pendant le track-walk, on a constaté que la piste avait commencé à sécher. Si le soleil donne bien pendant la journée, peut-être qu’à 16 heures, on pourra montrer au patron ce que cette voiture a dans le ventre.

On me fit signe que je pouvais sortir la voiture des paddocks pour la mettre sur la piste.

-Cinq tours tranquille, c’est bien ça ? Putain, je la sens ronronner de partout, le moteur m’a l’air excellent !

J'étais surpris quand Sonny me remercia pour le petit déjeuner. Je croyais qu'à l'hôpital il n'avait pas le droit à ça. Alors, je lui pose la question et il me dit que si, mais qu'il pensait que dans notre domaine, ce serait moins convivial.

J'essaye de faire en sorte que tout aille bien. Mais je suis content que ça te plaise !

Je lui souris, puis il s'installe, je fais mon speech. Et après cela, Julian voulait tester la voiture au maximum, mais on était ennuyé à cause de la météo. Julian me disait que la météo n'était vraiment pas de notre côté, mais il espère que la météo nous aidera à rouler à fond. J'expliquais à Sonny comment il devait chauffer les pneus pour ne pas avoir de problèmes. Tout le monde semblait ennuyé par la météo.

On pourra tester la voiture sous conditions changeantes, ça peut être sympa aussi !

Puis on ce mets d'accord avec Sarah pour savoir ce qu'elle allait faire. Julian lui voulait voir comment on communiquait tous les deux. Je me permets de lancer à Sonny qu'il allait pouvoir me prouver qu'il est meilleur que les guignols que mon père a embauchés.

Puis je voyais que Julian était stressé. J'essayais de le rassurer, mais il me dit qu'il n'a pas l'habitude d'être dans cette position, mais il va devoir s'y faire. Et je lui disais que j'avais confiance en Sonny, et lui aussi. Et il a aussi confiance en moi.

Je dois au moins ça à mon père, il n'a pas complètement merdé.

Je souriais en coin et j'avais rejoint Sonny pour le track walk. Puis quand on revient dans les stands, je tape dans la main de Sonny qui monte dans la voiture, puis je me place sur le muret des stands et je regarde la voiture quitter les stands tout en faisant les tests avec Sonny.

Nickel, Sonny je t'entends bien ! Et oui, je pense que ça va aller. Mais chaque chose en son temps.

Le doux bruit du moteur et les sourires de toute l'équipe me font vraiment plaisir. Sonny me redemande confirmation sur ce qu'il doit faire et il complimente le moteur.

Voilà cinq tours tranquilles, même si on a mis un peu plus d'essence si tu as besoin de faire quelques tours en plus ! Et le moteur a été refait à neuf pour avoir une voiture à plein potentiel ! Tu te sens comment ?

Les conditions n’étaient pas idéales et Sonny devra adapter sa conduite pour pouvoir tirer le meilleur parti de ses pneus. Le pilote disait qu’il devra y aller au feeling. Je lui faisais confiance à ce niveau. Il m’avait prouvé qu’il savait faire qu’un avec la voiture. C’était pour cette capacité-là que je l’avais engagé.

Bref, la météo n’était pas avec nous et ça nous empêchera peut-être de ne pas pouvoir, aujourd’hui, pousser la voiture à son maximum. C’était bien dommage et surtout, un temps exceptionnel ici, en Californie, où, d’habitude, il fait beau. Mais Alexandre chercha à tirer le meilleur parti de ça en disant qu’on pourra, du coup, tester la voiture sous conditions changeantes. J’hochai de la tête.

-Ce n’est pas faux. Ça nous permettra de tirer parti de notre manque de chance niveau météo.

Il y eut un échange entre Alexandre, Rob et Sarah qui s’accordèrent sur le rôle de chacun lors des essais. Puis, je m’enquis de la relation entre Sonny et Alexandre qui, jusqu’ici, semblait au beau fixe. Ils avaient même déjà leurs propre références car je ne compris pas le trait d’humour qu’il semblait il y avoir par rapport aux « guignoles » engagé par le père d’Alexandre. Mais Sonny, lui, semblait avoir compris.

Après quoi, tout le monde se mit en place. Je n’arrivais pas à caché mon stress. J’avais bien trop de tics pour y arriver et, du coup, Alexandre remarqua rapidement que j’étais nerveux. Il tenta de me rassurer mais je lui expliquais que ma position de simple observateur ne faisait qu’amplifier le stress que j’aurais ressenti même en étant acteur de la chose. Malgré tout, je faisais confiance à Sonny et à Alexandre ainsi qu’à tout le reste de l’équipe. Jusqu’ici, aucun ne m’avait donné de raisons de douter d’eux. Alexandre affirma alors que son père n’avait pas tout merdé. Je ne savais pas si il parlait de la capacité d’Alexandre à gérer son discours ou le fait que l’attitude de son père l’avait envoyé ici lui donnant cette opportunité. Quoi qu’il en soit, j’hochai de la tête esquissant un petit sourire.

-En tout cas, votre dispute m’aura au moins apporté un bon ingénieur.

Alexandre me quitta pour le track walk et quand ce fut terminé, Sonny grimpa dans la voiture pour se mettre en place et testa le micro. Je restai auprès d’Alexandre afin de bien entendre leurs échanges. Il fit un rapport du track walk et j’espérais sincèrement qu’à 16h les conditions, soient optimale pour pousser la voiture à son maximum. Sonny semblait confiant en tout cas alors que Alexandre, lui, voulait faire une étape à la fois.

Sonny demanda s’il devait bien faire cinq tours tranquillement ce que confirma Alexandre. Visiblement, le moteur impressionnait le pilote ce qui me fit esquisser un sourire. Le moteur de l’ancienne voiture avait été remis totalement à neuf. Sonny avait le meilleur du meilleur de Hughes Motors entre les mains. Ainsi, j’attendais aussi de voir comment il se sentait. Je restais silencieux me rongeant toujours les ongles et attendant autant le retour de Sonny que de voir la voiture faire ses tous premiers tours.

Alex trouva quand même quelque chose de positif à la météo un peu capricieuse : on pourrait tester le prototype sous différentes conditions. Bien que le temps, à L.A., n’était pas si changeant que ça. Dès que le soleil allait se repointer, la piste allait sécher et on serait reparti pour des jours et des jours de bon temps !

-On verra bien !

Mais durant le track walk, je pus constater que la piste était déjà lentement en train de sécher, l’eau s’évaporant littéralement en formant une petite brume au niveau du sol.

Puis, cette étape terminée, je pus me glisser dans le cockpit de la voiture toute neuve. Je caressai le volant, effleurai les pétales des pieds et puis, on me donna mon casque que j’enfilai et je réglai la radio et le micro.

Je n’avais jamais roulé avec ce genre de dispositif.

Quand je fis le test micro, Alex me répondit.

-Ok, je te reçois 5 sur 5 aussi.

J’ajustai encore le micro. Puis plaçai la voiture sur la piste, derrière la ligne de départ.

-J’espère que je ne vais pas être distrait à cause des communications radio. Quand je courais en courses illégales, tout se faisait à « l’aveugle », si on veut.

Cela dit, ici, les dangers seraient minimes puisque je serais le seul à rouler sur la piste. Pas besoin de faire attention à d’autres concurrents ou quoi. Je me demandais quand même bien combien tout ça coûtait… Rien que la location du circuit pour la journée…

Je demandai confirmation pour ce qui était des cinq premiers tours. Je devais rouler, mais tranquille… Bon, pas à du 50km/h non plus, mais un petit 130 devrait aller pour sentir si la voiture avait le moindre problème.

Après, je pourrais pousser un peu plus, mais une chose à la fois, comme le disait Alex.

Alex me confirma et me demanda comment je me sentais. Je rigolai.

-Je me sens comme un gosse le matin de Noël ! Non, plus sérieusement, je sens le moteur dans tout mon corps. Il tourne bien, on sent qu’il a du potentiel. La voiture me semble légère aussi, ça doit être grâce au nouveau châssis.

Un technicien passa devant moi, il y eu un décompte pendant lequel je fis gronder le moteur, et quand je pus partir, je parti à toute vitesse. En seulement 4 secondes, je montai jusqu’au 6ième rapport et j’étais à 130 qui serait plus ou moins ma vitesse de croisière pour ces premiers tours de test.

-Pas mal !!! Vraiment pas mal ! Je m’éclate !

Tout se passa bien jusqu’au quatrième tour où, là, quelque chose attira mon attention.

-Alex ? J’entends comme un cliquetis… Comme si une pièce s’était détachée de quelque part et était en train de tourner. Je m’arrête ?

Les conditions météo ne sont pas bonnes. Mais j'arrive à trouver du positif en disant qu'on allait pouvoir tester la voiture sur conditions changeantes. Je regarde Julian et Sonny.

Il faut voir le positif partout ! Tant que ce n'est pas le déluge et qu'on peut rouler, il y aura toujours des données à prendre !

Je souris, puis je me suis mis d'accord avec Sarah et Rob pour le rôle qu'aura la stagiaire. Julian lui s'inquiétait de la relation qu'on avait Sonny et moi, mais on le rassure tout de suite, tout va bien. Je me permets même de glisser à Sonny qu'il pouvait me prouver qu'il était bien meilleur que les guignols qu'engageait mon père.

Puis je voyais que Julian était stressé, j'essaie de le rassurer, il disait qu'il avait confiance en nous et que nous ne l'avons pas déçu, Sonny et moi. Je lui réponds que mon père n'a pas totalement merdé. Il me dit qu'au moins notre dispute lui aura apporté un bon ingénieur.

Et un mec qui sait faire des réunions et diriger une équipe !

Je ris, puis je vais faire le trackwalk avec l'équipe, Sonny me fait remarquer que la piste était entrain de sécher. Puis Sonny ce glisse dans la voiture et teste la radio. Je lui réponds et il me reçoit. Il me dit qu'il espère ne pas être distrait par la radio, avant il roulait juste à l'instinct.

On va y aller étapes par étapes, au début  je te donnerai juste les infos essentielles, puis petit à petit, on va commencer à parler stratégie pendant que tu roules, et au pire, on s'entrainera à l'usine.

Puis je demandais à Sonny comment il se sentait et il me dit qu'il est comme un gosse à Noël, il ressent le moteur et il me dit qu'il sent que la voiture est légère.

Parfait ! Profite, apprend à dompter la voiture et après, on attaquera un peu plus !

Petite info Sonny, température pneu ok, température moteur ok et rapport bien enclenché, c'est super, tu prends même soin de la voiture à ce niveau-là, c'est parfait !

Puis au quatrième tour, Sonny disait qu'il entendait un bruit étrange. Il entend comme une pièce qui se serait détacher et qui semblait tourner, il me demande s'il s'arrête ou non.

Rentre au stand tranquillement, Sonny, ne prends aucun risque, on gagnera du temps à ramener la voiture au stand plutôt que de t'arrêter sur le côté de la piste, mais si tu sens que c'est trop dangereux, arrête-toi !

Je vois le visage de Sarah se décomposer, je me tourne vers elle.

Ça va aller, Sarah, ne t'inquiète pas, Sonny va rentrer tranquillement et on va regarder la voiture. Pendant ce temps, tu prendras les informations qu'il a à te transmettre.

Elle hoche la tête puis ce reconcentre sur les écrans.

Fait plaisir à Sarah et toutes l'équipe rentre au stand tranquille je t'attendrai au fond du garage.

Je pose le casque et je passe à côter de Julian.

Putain ça commence bien... Faut pas que ça arrive en compétition donc je me dis heureusement que ça tombe maintenant, on va attendre Sonny ok ? Surtout garde ton calme ça va y aller !

Vue comme Julian était déjà stresser avant le départ de la voiture je voulais le garder à ce niveau de stress ou au mieux le calmer. Toutes l'équipe attend Sonny mais ils semblent dépiter.

Hey tous le monde ! C'est pas grave ça arrive ! Elle à déjà fait 3 tours c'est incroyable ! Et ça ce trouve c'est juste une vis mal visée !

Je souris à toutes l'équipe.

Mon stress était palpable et je savais qu’il ne partirait pas même si toute la Terre entière se mettait à me rassurer. Malgré tout, Alexandre tenta le coup et je ne pus que constater que, effectivement, j’avais autant confiance en mon pilote qu’en Alexandre. Je confirmai que la dispute qu’il avait eu avec son père m’avait permis de gagner un bon ingénieur. Il ajouta qu’il savait aussi faire des réunions. J’esquissai un petit sourire.

-C’est vrai.

Il me l’avait prouvé. Je ne pouvais pas vraiment dire le contraire.

Après le track walk, il y eut les tests radios. Sonny et Alexandre se recevait bien. Sonny affirma ne pas avoir l’habitude des communications radios. C’était sa première expérience pro mais Alexandre tenta de le rassurer en disant qu’au début, il ne donnerait que les informations essentielles. Il ajouta que, au pire, ils pourraient s’entrainer à ce petit exercice chez Hughes Motors. J’hochai de la tête. Pour le moment tout se passait parfaitement bien même si une partie de mon énergie me servait à contrôler mes tics.

Sonny se sentait bien dans sa voiture. Il sonnait réellement comme un enfant un matin de Noël. Quand je l’entendais, j’avais parfois l’impression qu’il avait une tendance à l’émerveillement que je n’avais jamais eu… Pourtant, il est bien plus vieux que moi. Il se sentait bien. Il adorait le ronronnement du moteur et Alexandre lui disait d’en profiter. Je ne disais rien. J’avais toujours cette position inconfortable d’observateur et ce fut encore plus inconfortable quand Sonny démarra la voiture.

Le départ était parfait. La voiture monta rapidement en vitesse sans aucun soucis. Sonny, à la radio, disait qu’il s’éclatait prouvant que ses sensations étaient bonnes. Le départ était un moment critique et je fus un peu soulagé de voir que tout s’était bien passé.

Alexandre lui passa quelques indications alors que je regardais Sonny rouler sur la piste à vive allure. Moi, je décomptais les tours toujours à me ronger les ongles et avec un air vraiment fermé. Ce fut, alors, au quatrième tour qu’un ennuis arrive. Sonny avait entendu quelque chose et avait l’impression qu’une pièce s’était détachée. De quoi faire tordre mon visage de stress.

Alexandre pris les choses en main et demanda à Sonny de revenir tranquillement au stand ou de s’arrêté s’il jugeait que c’était trop dangereux. Sarah semblait touchée par ce contretemps alors que mes tics nerveux devenait difficile à contenir. Alexandre rassura la jeune femme.

Alexandra passa alors à côté de moi affirmant qu’il ne fallait pas que ce genre de chose arrive en compétition. D’où les essais. Il me demanda de garder mon calme. Je me raclai la gorge.

-Je fais de mon mieux… Mais oui, il faudra que tout soit parfait avant la compétition. S’il faut faire essais sur essais, on le fera. S’il faut travailler des heures sup’ pour ça, on le fera aussi.

Il faudra être prêt pour le jour-J.

Il s’adressa à l’équipe et tenta de rassurer tout le monde alors que Sonny revenait tranquillement dans le stand. Un vis mal vissée ? Je tiquai.

-Si c’est le cas, il faudra que ça n’arrive plus.

Car c’était un erreur que d’avoir mal vissé une visse.

Je m’étais approché de la voiture regardant d’abord Sonny. Mon stress ne me rendrait pas des plus sympathiques.

-Tu as bien fais les tours dans le règle ? Rien qui aurait pu endommagé quelque chose ?

Alex comprenait que les communications radio pouvaient me perturber, tout du moins au début, mais je savais que j’allais m’y faire. Après tout, j’avais une radio aussi quand j’étais ambulancier, sans qu’on ne me demandait pas mon ressentis quand je roulais en ambulance, elle servait plutôt à nous donner les adresses où on devait intervenir.

Ici, c’était complètement différent.

-Ok, mais ça devrait aller. Je m’y ferai.

Alex me donna toutes les données sur la voiture. Tout semblait optimal et je pouvais y aller.

Seulement, au quatrième tour, il y eu ce soudain cliquetis métallique qui se mis à me prendre la tête. Je ne savais pas ce que c’était.

-J’ai l’impression que ça vient arrière gauche de la voiture…

Alex me conseilla alors de rentrer au stand doucement. Je ralentis, baissai dans les rapports. Et alors que je ralentissais, le rythme du cliquetis changea aussi.

-Je vais pouvoir rentrer au stand. Je crois vraiment que quelque chose s’est détaché.

Je fis doucement le chemin jusqu’au stand. Aucun voyant ne s’était allumé pour me signaler un problème. Le moteur était donc intact, à mon avis, surtout que la voiture ne montrait pas de perte de puissance ou quoi…

Il y avait juste ce foutu bruit.

On ne prit donc aucun risque et en quelques minutes, je fus de retour au stand. Tout le monde était déjà là, grouillant comme une fourmilière.

J’arrêtai la voiture et éteignis le moteur et mon premier réflexe après m’être extirpé du cockpit fut d’aller vers l’endroit, soit à l’arrière gauche, d’où j’avais cru que venais le bruit. Je posai la main sur la voiture qui était chaude rien qu’à cause de la température des pneus.

-Qu’est-ce qu’il se passe, hein ? Ma belle ?

Ouais ouais, c’était bien à la voiture que je parlais.

Le patron s’approcha alors de moi et je me redressai pour lui faire face. Il n’était clairement pas content ! Et je pouvais comprendre.

-Ouais, patron, j’ai roulé à pas plus de 130km/h… Tranquille, comme l’a dit Alex. Puis d’un coup, il y a eu ce bruit. Un cliquetis métallique. Je ne pense pas que ce soit le châssis… un roulement, peut-être ? Bien qu’un roulement défectueux, ça fait plutôt un sifflement.

Je regardai Alex.

-Je suis pas ingénieur. Je donne juste mon ressenti…

J'essayais de rassurer Julian qui était vraiment stressé, moi aussi, mais je reste de marbre, c'est moi qui lead l'équipe technique et je devais de montrer l'exemple. Je disais à Julian que l'embrouille avec mon père avait  eu du bon, en effet, d'après lui, il avait recruté un bon ingénieur et je lui dis que je savais me débrouiller en réunion. Il confirme.

Si je veux que le projet marche, il faut que je prenne ma responsabilité de chef de projet au sérieux. Tout comme tu prends ton rôle de patron au sérieux.

Je lui souris et après le trackwalk, on faisait les tests radio avec Sonny. Il espérait que ça n'allait pas le déranger pendant qu'il pilotait. Je le rassure en disant qu'au début, je n'allais dire que les informations importantes.

On ira étapes par étapes comme je te l'ai dit, on va prendre notre temps, tu dois prendre tes marques et moi, je dois apprendre à savoir te glisser les infos dont tu as besoin pour que ça se passe bien.

Puis les tours s'enchainent jusqu'au quatrième tour, Sonny entendait quelque chose d'étrange dans la voiture, je vis le visage de Julian se tordre. Mais avant d'aller vers lui, je devais rassurer Sonny. Je lui disais de rentrer tranquille au stand ou de s'arrêter si c'était trop dangereux. Il me dit qu'il allait pouvoir rentrer.

Surtout aucun risque Sonny ok ?

Sarah semblait ennuyée par ce qui se passait, mais j'essayais de la rassurer. Je passai à côté de Julian et je lui dis que ça allait aller et qu'il fallait qu'il reste calme. Il me dit qu'il allait essayer. Il me dit qu'il ne fallait pas que ça arrive en compétition et que s'il fallait faire des essais on les ferait et des heures supplémentaires aussi. Je lui tape sur l'épaule.

Ce ne sera pas nécessaire, les gens qui sont ici n'ont aucune expérience en sport auto, ce sont leurs premières fois. Avec de l'entrainement, ça devrait le faire, tu me fais confiance ?

Je lui souris avant de filer au fond du stand. J'essayais de calmer l'équipe en leur disant que la voiture avait fait 3 tours et que si ça se trouve, c'est juste une vis qui avait un défaut. Julian disait que ça ne devait plus arriver. Puis quand Sonny rentre, Julian lui saute presque dessus en lui demandant s'il avait tout fait bien, ce dernier lui répond que oui, Sonny disait que c'était peut-être un roulement, mais que quand il a un souci, le roulement siffle. Sarah arrive vers Julian et Sonny.

La télémétrie montre que Sonny a fait ce qu'Alex lui a demandé de faire. Je peux vous le confirmer si jamais j'ai tout sur les écrans. Sonny as-tu une remarque à faire sur la voiture, hormis le bruit étrange ?

Pendant ce temps, je regardais la roue que Sonny m'a montrée et je grimace.

Rob vient voir !

Rob s'approche au pas de course et je pointe la jante.

Qui a monter la roue ?

Rob me regarde et réfléchis.

C'est Smith... Tyler Smith... Pourquoi tu me demandes ça ?

Je le regarde et lui montre une grosse marque sur la jante.

Regarde, ce n'est pas une cassure à cause de l'usure ou d'une sortie de piste. À mon avis, la jante est tombée et a été remontée comme ça sans vérifier. Tu peux me ramener, Tyler ?

Rob lève la tête.

Tyler vient ici !!!!!!

Le jeune Tyler arrive et n'a même pas le temps d'ouvrir la bouche que Rob lui hurle dessus.

C'est quoi ça ?! Tu as fait tomber la jante ?! Avoue !

Le pauvre Tyler n'ose même pas répondre et je vois de la panique dans son regard, je pousse Rob doucement pour le mettre derrière moi.

Mais ! Alex ?!

Je pose ma main gauche sur sa poitrine.

Calme-toi, Rob, pense à ton cœur.

Il souffle puis se met en retrait, je me mets face à Tyler.

Bon... Smith... Tu as fait tomber la jante ?

Le jeune garçon n'ose pas parler. Sarah, elle regarde Julian et Sonny avant de me fixer avec des gros yeux.

Qu'il dise oui ou non... Il va prendre cher... Si Alex commence à t'appeler par ton nom de famille... C'est que tu as merdé...

Je me racle la gorge en attendant ça réponse. Le jeune homme baisse le regard.

Ou... Oui monsieur Garcia, j'ai fait tomber la jante en montant le pneu...

Le regard de Rob vire au noir, mais avant même qu'il se mette à hurler, je lui tape un léger coup sur le torse.

Démonte la roue et change la jante avec quelqu'un de l'équipe. Je m'occupe de lui.

Rob va chercher ces outils.

Ok Alex... Sonia, aide-moi s'il te plait !

Pendant que les deux se mettent sur la roue, je me tourne vers Tyler et lui attrape la mâchoire pour lui relever la tête.

On ne t'a jamais appris à regarder les gens dans les yeux quand ils te parlent ?

Je vis les yeux de Tyler s'humidifier. Je me mets à hausser le ton et Sarah vient se cacher derrière Sonny.

Tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver ? Si la jante cassait en deux et que Sonny se crashait, il y aurait pu avoir de grosses conséquences !!! Tu as joué avec la vie de quelqu'un là ! Que tu fasses ça avec ta voiture, je n'en ai rien à foutre, mais là, c'est un manque de respect pour tout le travail de l'équipe ! Ça coutait quoi de venir me dire que tu avais cassé la jante ? Rien du tout ! Je pourrais demander à Julian de te foutre dehors sur le champ pour faute grave, tu le sais ça ?! Mais t'as quoi dans le crâne bordel ?

Je le repousse violemment avant de lui hurler dessus.

Fous-moi le camp, je ne veux plus te voir avant la pause à midi, c'est clair ?!

Tyler quitte le garage tête basse et quitte le stand pour aller dans la salle de réunion. Rob revient avec la jante cassée.

Putain Alex, j'ai cru que tu allais le bouffer ! T'y es allé un peu fort là non ?

Je le regarde et j'essaye de me calmer.

Il fallait au moins ça. Il joue avec la vie de Sonny et le travail de tout le monde. Je sais que c'est un bon gars qui veut juste vivre de sa passion, mais il faut qu'il percute que ça aurait pu être grâve.

Il me tapote sur l'épaule.

Je comprends, je comprends, tien prend la jante et montre à Sarah, Sonny et Julian pourquoi il y a eu le bruit.

J'attrape la jante et me rapproche du petit groupe.

Vous la voyez la fissure là juste en bas de la jante ? Et bien, ce que tu entendais, Sonny c'était les bouts de métaux qui se sont cassés et qui sont rester coincés dans la fente. Avec la chaleur, çac'est décoller et ça, c'est mis à faire du bruit.

Sarah me regarde avec les larmes aux yeux.

S'il te plait Alex, ne crie plus comme ça devant moi...

Je pose la jante et la prend dans mes bras.

Excuse-moi, mais il faut parfois montrer un peu de fermeté, surtout dans des situations comme ça. J'irai le voir à la pause pour m'expliquer un peu plus calmement avec lui ok ?

Je lui souris et elle me fait un petit signe de la tête avant  de se tourner vers Julian et Sonny.

On a refait le plein, tu peux y retourner quand tu veux, Sonny ! Et cette fois, on a vérifié les jantes !

Alexandre avait le sens des responsabilités. Il avait à cœur le projet et ne manquait pas de compliment pour ma propre personne. Jusqu’ici, je n’avais vraiment pas à me plaindre de lui et quand il exposa ça j’hochai de la tête confirmant que j’étais d’accord avec ce qu’il disait.

Mais le stress était présent. Je ne pouvais pas le nier. Un stress que j’avais bien du mal à contrôler alors que Sonny et Alexandre échangèrent sur le fait que les indications radios allaient être quelque chose de tout à fait nouveau pour notre pilote. Alexandre tentait de rassurer Sonny déclarant que tout se ferait étape par étape.

Et la toute première étapes était ces fameux cinq tours. Mon stresse se voyait et il s’amplifia quand, au quatrième tour, un problème survint. Sonny entendait un cliquetis… Quelque chose venait de l’arrière gauche de la voiture…

Il affirma pouvoir rentrer au stand et ne se faisait pas trop alarmiste sur les dégâts. Mais moi, ce petit truc était suffisant pour me faire me mettre dans tous mes états. Alexandre demanda à Sonny de ne pas prendre de risque. Après quoi, je fis part à Alexandre du fait que je voulais que ce genre de chose n’arrive absolument pas en compétition. C’était mon stress et mon perfectionnisme qui parlait me rendait sans doute brutal vis-à-vis de l’équipe et de son premier essais. Mais Alexandre ne se laissa pas démonter et disait qu’avec de l’entrainement, l’équipe sera prête. Il semblait vraiment confiant. Je plissai des yeux et laissai passer un silence avant d’hocher de la tête.

-Oui. Je te fais confiance.

C’était vrai. Je lui faisais confiance. Il fallait que je prenne du recule même si ça n’avait rien d’évident.

Il fila plus loin alors que Sonny revenait lentement. Quand il fut arrêté, je le vis parler à la voiture mais j’étais trop stressé et contrarié que pour m’attendrir là-dessus. Je vins vers lui demandant s’il avait bien fait les choses comme il fallait. Il confirma avoir respecté les directives d’Alexandre. Il donna son opinions sur ce que pourrait être la source du cliquetis bien qu’il nota ne pas être ingénieur. Je plissai des yeux toujours en regardant Sonny alors que Sarah confirma les dires du grands blonds demandant à ce dernier quels étaient ses remarques en dehors du bruit.

J’avisai Sarah.

-Non. Je crois l’analyse de la télémétrie. Et je pense que Sonny est sincère.

Il m’avait dit que c’était son point fort. Je voulais bien le croire. Je devais simplement calmer mon stress. C’est un essais, Julian !

Ça n’empêchait que mon visage était tout de même froissé.

Alexandre, lui, analysa la rue et s’adressa à Rob. Je m’approchai, moi aussi, voyant bel et bien la marque sur la jante. Une roué montée par Tyler Smith. Alexandre y alla de son hypothèse qui accablais Smith. Rob fit alors amener Tyler et commença à brutalement le question en vue de le faire avouer. Je regardais la scène et je vis Alexandre empêcher le vieil ingénieur d’en dire plus et de malmener le jeune homme visiblement dans ses petits souliers. Le chef ingénieur pris alors le relais invitant Tyler à parler de sa potentielle erreur. J’entendis alors Sarah faire un commentaire disant que quoi que soit la réponse de Tyler, il allait prendre cher.

-Je comprends Alex. Ce genre d’erreur qui vient d’une négligence pourrait être évitée facilement.

Je voulais des pro. Des vrais. Et, étant jeune moi-même, j’étais moins enclin à accepter les erreurs de jeunesse. J’étais dur avec moi-même et, donc, dur avec les autres.

Tyler finit par avouer son tort et, avant que Rob ne s’énerve, Alexandre l’envoya démonter et remonter la roue.

Mais je ne m’attendis pas à la suite. Alexandra attrapa la mâchoire de Tyler demandant à ce qu’il le regarde dans les yeux. Je tiquai. Il parla des conséquences qu’un tel acte aurait pu avoir et du manque de respect dont Tyler avait fait preuve.

Je m’attendais à de la fermeté. Pas à de le violence. Je savais que, moi aussi, je pouvais avoir ce genre de coup de colère ce qui faisait que je me retrouvais face à mes propres défauts que je voyais en Alexandre.

Alex fit par repousser un Tyler terrifier avant de le congédier fermement après l’avoir menacé de le virer.

Rob trouvait qu’il y était allé fort. J’étais encore en train de me remettre de ce qu’il venait de se passer alors qu’Alexandra nous exposa ce qui avait provoqué le bruit en nous montrant la jante. Sarah semblait, elle aussi, encore sur le choc et affirma qu’Alexandre lui avait fait peur.

J’hésitais à intervenir… Un peu comme quand mon père n’osait pas intervenir quand ma mère me frappait. Alexandre n’était pas à une telle extrême, bien sûr mais il n’y avait pas été de main morte.

L’ingénieur défendit ses actions réconfortant Sarah expliquant qu’il ira, plus calmement, s’occuper du cas de Tyler.

J’eus alors, le courage d’intervenir.

-Plus calmement, oui. Je suis pour la discipline. Je suis pour de dire clairement aux membres de ton équipe, voir même en criant parfois, ce qu’il en est quand il font un erreur. Mais je n’accepte pas qu’on violente quelqu’un physique. C’est clair ? Je ne crois pas que tu as besoin de ça pour t’imposer et faire comprendre à tes hommes ce qu’il en est. Smith était terrifié. Et bien que je n’approuve pas son manque professionnalisme, il ne méritait pas d’être violenté.

J’avais dit ça avec fermeté avant qu’Alexandre donna le feu vert à Sonny pour d’autres essais. Je me tournai vers le grand blond.

-Cette fois, c’est la bonne. J’en suis sûr.

Je rentrai donc au stand sur le conseil d’Alexandre, en allant pas plus vite que 70km/h. Et jusqu’à ce que j’immobilise la voiture, j’étais resté attentif au bruit. C’était vraiment un truc bizarre et très sincèrement, je n’avais aucune idée d’où ça pouvait venir.

A peine étais-je sorti du cockpit pour caresser la voiture comme si je pensais que c’était là qu’elle avait mal, Julian m’interpella en me demandant, sur un ton presque de reproche préventif, si j’avais bien fait tout ce qu’il fallait avec la voiture.

Je lui affirmai que c’était le cas.

Et comme pour m’aider, Sarah intervint en venant montrer la télémétrie. J’avais donc bien fait tout ce qu’il fallait, ce qui me rassura un peu.

Elle me demanda si j’avais d’autres commentaires à faire sur la voiture. Je me grattai la tête.

-Heu… Non, hormis le bruit, elle roule parfaitement bien. L’équilibrage est très bon et la combinaison entre la légèreté et la puissance du moteur est plus que prometteuse.

Je regardai Julian.

-Elle en a sous le capot. On peut vraiment aller très loin. C’est une voiture qui peut gagner des courses, je pense.

Mais je ne m’attendis pas du tout à ce qu’il se passa ensuite. Il y eu une discussion entre Alex et ses technicien. D’abord Rob… Puis Tyler Smith…

Je crus d’abord que Rob allait faire passer un sale quart d’heure à Smith… Mais Alex s’interposa.

Pour faire pire.

Je grimaçai, surpris et presque un peu choqué, quand Alex attrapa la mâchoire du petit jeune et lui hurla dessus en lui postillonnant presque à la tronche.

Je comprenais le point de vue d’Alex… Une erreur sur ce genre de bolide pouvait mener à la mort du pilote… Moi, en l’occurrence. Je comprenais qu’il exige de la discipline et de la sincérité. Que si quelqu’un faisait une erreur, il valait mieux le dire AVANT qu’on ne roule avec la voiture pour éviter les couacs…

-Alex…

Je ne pensais pas qu’il m’ait entendu… Parce que déjà, il était en train de hurler et en plus, je n’avais réussi à sortir son prénom que dans un mince filet de voix alors que je regardais la scène les yeux exorbités. Je n’avais pas pensé Alex capable de violence.

D’exigence, oui. De violence, non.

Finalement, Alex envoya Smith hors de sa vue. Le gosse était presque ne pleurs. Je me mordis la lèvre avant de dire, hésitant.

-C’était pas un peu… Un peu trop fort ?

Qu’il l’engueule, j’étais bien d’accord. Qu’il hurle autant qu’il veut. Mais qu’il le touche… J’étais beaucoup moins d’accord…

Et comme si presque de rien était, Alex nous montra, à moi et au groupe, ce qui faisait ce foutu cliquetis.

-Ah… Ok ouais, je vois…

Mais j’étais encore un peu choqué par la violence d’Alex.

Sarah lui demanda de ne plus faire ça devant elle. Il s’excusa et déclara qu’il allait parler plus calmement avec Smith plus tard.

-Faudra que quelqu’un aille avec toi…

Parce que s’il lui prenait un autre coup de colère, je n’osais imaginer ce que ça allait donner s’il était seul avec Smith.

D’ailleurs, Julian, en sa qualité de patron, mis les points sur les « i » à Alex. Déclarant qu’il était pour la discipline, mais pas pour la violence. Je ne savais pas si Alex, qui venait d’arriver dans le pays, était au courant, mais Julian avait été un enfant battu. Alors si moi, la scène m’avait remué, je me disais que ça devait être pire pour le boss.

Puis on reprit les choses là où on les avait laissées une fois la jante changée et le plein fait. Je regardai Julian.

-Boss… Vous saignez des mains. Vous êtes sûr que ça va ?

Alex, lui, était déjà prêt pour la suite.

-Ouais une seconde !

Puis encore à Julian.

-Ne vous en faites pas… Je vais la faire donner le meilleur, à cette voiture.

Je remontai ensuite dans le cockpit et cette fois, fis les 5 tours à 130km/h sans aucun problème. Je souris sous mon casque et demandai via radio :

-Cinq tours parfait ! Est-ce que la télémétrie dit la même chose que moi ? Je peux la pousser un peu ? ça me démange !

Julian était encore plus stressé quand il entendait Sonny dire à ma radio qu'il y avait un souci. Il ne voulait plus que ça arrive en compétition, je lui disais qu'avec de l'entrainement ça irait, et je lui demandais s'il me faisait confiance là-dessus. Ce qui était le cas. Puis je me dirige vers le pneu et je montre à Rob la jante. Et c'est Tyler Smith, un jeune embauché qui a cassé la jante.

Mais avant que Rob ne lui hurle dessus, je lui demande de démonter le pneu et de me laisser gérer. Il s'exécute et je m'occupe du jeune Smith, quand il avoue qu'il avait fait tomber la jante, il me met en colère parce qu'il n'a pas assumé ce qu'il avait eu le malheur de ne pas me regarder dans les yeux. Je lui attrape la mâchoire et me mets à lui hurler dessus, mais j'ai eu la lucidité de ne pas le frapper et j'ai préféré lui demander de sortir du garage pour ne pas aggraver la situation. Rob, lui, me demande si je n'étais pas allé un peu fort, j'en avais les mains qui tremblaient encore de colère, mais je disais que vue les risques ça en valait la peine d'en arriver là, puis je prends la jante et explique à Sonny, Julian et Sarah ce qui s'est passé avec la jante.

Mais ce qui préoccupe le plus le reste de l'équipe, c'est ce qui vient de se passer avec Tyler. Julian ce montre très ferme avec moi, ok pour la discipline et si je dois crier, je peux le faire, par contre pas de violence physique. Je regarde Julian.

Parce que là, tu trouves que c'est de la violence  physique ? Ben si ça, c'est de la violence physique, alors ma mère m'a torturée toute ma jeunesse ! Et en plus, ce qui m'a fait péter les plombs, c'est qu'il n'assume pas sa connerie et qu'il ne me regarde pas dans les yeux, c'est un manque de respect !

Puis Rob court et m'attrape par le col pour me faire reculer avant de me hurler dessus.

Bordel Alex, mais tu vas te calmer oui ou merde ? C'est bon, tu as traumatisé le gosse, tu es content ? Tu sais bien que ce n'est pas la première fois qu'il fait des conneries et c'est toi qui a absolument voulu le garder, alors assume un peu et retourne bosser ! Et tu parleras à Tyler tout à l'heure.

Sarah sanglote et regarde Julian.

J'aime pas quand ça crie...

Je souffle et tapote sur l'épaule de Rob.

Tu as raison... J'ai agi comme une merde sur ce coup-là... Je vais laisser de l'eau couler sous les ponts... Tu peux aller le chercher pour qu'il participe avec nous ? Tu lui dis qu'à la pause, j'aimerais discuter beaucoup plus calmement avec lui.

Rob hoche la tête et s'en va chercher Tyler, je regarde Julian, Sonny et Sarah.

Pardon, ça n'arrivera plus... Il faut que je m'occupe de Tyler, il enchaine les boulettes, je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

Puis je disais à Sonny qu'il pouvait retourner rouler, que tout était prêt. Quand Sonny reprend la piste, je repasse à côté de Julian et lui tapote l'épaule au passage.

Cette fois, c'est la bonne !

Je m'installe à côté de Sarah et on prend la télémétrie. La piste s'assèche et Sonny me demande si la télémétrie était d'accord avec ce qu'il ressentait et s'il pouvait pousser à fond. Je regarde Sarah qui me sourit et me fait un pouce en l'air.

Aller Sonny pousse fort ! On monte à 200 dans la ligne droite ! Et fais-moi deux tours rapides, pas plus, sinon tu vas devoir pousser la voiture jusqu'au stand !

J’étais stressé parce qu’il venait de se passer mais autant Sonny qu’Alexandre restèrent calme malgré tout. Sonny donna ses impressions à Sarah concernant la voiture en dehors de l’incident qu’il s’était produit au quatrième tour. Il disait qu’à part ça tout allait bien. Visiblement, la voiture était à son goût et il avait de bonne sensation avec.

-C’est déjà un bon point.

Même si j’étais toujours contrarié par ce qui représentait, pour moi, soit une erreur, soit un manque de perfection. Mais j’étais perfectionniste à l’extrême ce qui faisait que ce genre de chose avait l’art de renforcer mon stress et, parfois, me mettre hors de moi.

Ici, ma colère était encore contenue ce qui n’était pas le cas de celle d’Alexandre qui, quand une fois qu’il eut découvert d’où venait le problème s’en pris au jeune Tyler. Il l’engueulait mais ce que j’avais moins apprécié c’est qu’il le prenne par la mâchoire et le repousser un peu brutalement. Sarah était choquée c’était aussi le cas de Sonny qui se demanda si l’ingénieur en chef d’y allait pas un peu fort. J’hochai de la tête pour confirmer ce que disait le pilote mais cette réaction d’Alexandre auquel je ne m’attendais pas m’avait un peu scotché sur place.

Je me savais capable du même genre de réaction. J’avais des coups de colère aussi. Mais je savais que chacun de ces coups de colère était une erreur. Que la violence pouvait rendre l’autre très vulnérable. Je le savais parce que je l’avais subi.

Ainsi, je restai muet un moment alors qu’Alexandre, comme si de rien n’était, nous montra les dégâts fait à la jante. Mais Sarah réagit alors montrant qu’elle avait eu peur de ce qu’il venait de se passer. Alexandre fit alors ses excuses et déclara qu’il ira voir Tyler afin de lui parler plus calmement plus tard. Sonny se disait qu’il était mieux que quelqu’un aille avec lui et je ne pouvais qu’être d’accord même si je n’avais pas encore ouvert la bouche.

Et quand je l’ouvris ce fut pour rappeler à l’ordre Alexandre. C’était moi le boss et je ne voulais pas me défiler comme mon père avait, parfois, l’art de le faire devant Stanley ou d’autres.

Alexandre réagit. Il pensait ne pas avoir été violent. Il fit le rapport à sa mère ce qui me fit tiquer. Est-ce que, lui aussi, avait eu une mère qui le battait ? Si c’était le cas, ça expliquait ses coups de colères dans lesquelles je me reconnaissais. Mais j’étais le patron, ici, pas l’enfant battu.

-Il a fait une erreur. Mais le prendre par la mâchoire, c’était excessif. Je ne veux plus voir ça.

Je dis ça sur un ton calme mais pas moins ferme. J’avais 19 ans… Mais je refusais de laisser mon autorité s’échapper pour ça.

Rob intervint alors rappelant, lui aussi, Alexandre à l’ordre. Il affirma alors qu’Alexandre était, en partie, responsable des erreurs de Tyler car le jeune homme n’en était, visiblement, pas à sa première erreur.

-Donc, tu es aussi en partie responsable, Alexandre. Si un membre de ton équipe fait des erreurs, il faut soit lui apprendre à ne plus en faire, soit si c’est trop grave, le virer. Mais pas le malmener comme ça. Après coup, c’est inutile.

Sarah affirma ne pas aimer quand sa criait. Elle sanglotait un peu. Elle avait eu peur. Je la regardai lui montrant en un regard que la situation était sous contrôle. Surtout qu’Alexandre finit par avouer ses torts. Il voulait même bien que Tyler puisse assister à la suite et proposa de lui parler plus tard quand sa colère sera retomber. Il s’excusa, ensuite, à nous tous.

-Peut-être qu’il manque encore d’expérience. Ou que quelque chose d’autres l’empêche de se concentrer. Rob, tu iras avec Alexandre pour discuter calmement avec Tyler tout à l’heure. Discutez avec lui. Essayez de voir ce qui ne va pas. Et si jamais il n’est réellement pas fait pour ça, il faudra le lui dire.

Ceci étant dit, Sonny me fit remarqué que je saignais. Je regardai mes mains avant de tiquer remarquant que j’avais tellement rongé mes ongles que je saignais. Je suçai le sang avant de regarder Sonny.

-Oui. Tout vas bien. Ce n’est rien.

Juste la nervosité qui me ronge littéralement.

Alexandre voulait enchainer alors que la rue était, désormais, changée. Sonny était prêt avant de me dire de ne pas m’en faire. J’hochai de la tête et quand il s’éloigna, je dis tout bas.

-Pas si facile à faire ça…

De ne pas m’en faire…

Tout le monde se remit en place et, pour Alexandre, c’était, cette fois, la bonne. J’osai l’espéré et je me plaçai près de lui et Sarah alors que Sonny s’était replacé dans la voiture. Il demanda s’il pouvait pousser un peu plus la voiture. Alexandre confirma mais seulement le temps de deux tours. Les autres, il ne devra pas trop pousser.

Moi, j’espérais que, cette fois, on allait achever les cinq tours.

Putain… Le ton était vite monté à cause d’une jante cassée… bon, ok, c’était dangereux et tout. Mais je fus surpris parce que je croyais que c’était Rob qui allait malmener Tyler Smith et en fait, au final, ce fut Alexandre qui hurla et qui attrapa carrément la mâchoire du gosse. Le geste me choqua…

Et je sentis, à côté de moi, que ça remua aussi Julian.

En tant que patron, il finit par réagir et dire à Alexandre que ce genre de geste était inadmissible. Mais je fus encore plus surpris et choqué par le fait que plutôt que d’obtempérer et de s’excuser tout simplement auprès du patron dont, apparemment, il ne connaissait pas la sordide histoire d’enfant battu, il chercha au contraire à dire que ça, ce n’était pas de la violence.

Or, si, c’en était. A partir du moment où on touche quelqu’un dans le but d’effrayer ou de faire mal, c’est de la violence. Sans parler de l’humiliation qui allait avec. On ne parlait pas d’une mère qui gronde un enfant en lui soutenant le menton, là… On parlait d’un homme adulte à un autre homme adulte et je n’avais pas l’impression qu’Alexandre s’en rendait compte.

Mais je ne voulais pas intervenir. Je n’étais pas le patron et c’était à Julian de gérer ça. Rob, qui était le plus vieux de nous tous, lui, passa outre la hiérarchie pour dire ce qu’il pensait. Ce que tout le monde pensait. Alexandre était allé beaucoup trop loin.

Sarah, elle, pleurait carrément, ce qui était bien une preuve que la scène avait été violente.

Je me permis quand même de dire à Alexandre :

-Il y a d’autres façons de faire, Alex. Des façons qui ne ruinent pas l’ambiance.

Parce que s’il commençait à être craint par ses techniciens, s’ils commençaient à en avoir peur, ce n’était pas comme ça qu’il allait en tirer le meilleur, que du contraire. Parce que terrifier les autres, ce n’était pas se faire respecter.

Julian prit finalement la parole, fermement et sans même hausser le ton. Il ne voulait plus voir ça.

Et moi non plus. Si ça recommençait, je n’hésiterais pas, non seulement à bien faire comprendre à Alex, face à face, que je n’aimais pas ça et s’il ne comprenait pas, j’en ferais part au boss. Parce que je ne pouvais pas travailler avec quelqu’un comme ça.

J’écoutai Julian faire ses recommandations à Alexandre, n’ajoutant rien. L’ingénieur se calma et en revint à une humeur plus raisonnable. Mais je savais maintenant qu’Alexandre, derrière ses airs avenants, avait un côté sombre.

Tout ce dont j’avais envie, c’était de retourner dans la voiture et de rouler. Mais alors que j’allais me remettre dans le cockpit, je remarquai que les doigts de Julian saignaient. Je le lui fis remarquer et ce fut comme s’il le découvrait.

Il affirma que ce n’était rien. Je n’en étais pas si sûr. Mais je n’insistai pas.

Je remontai donc en voiture, fis mes cinq tours tranquillement et sans incident. Je demandai alors si je pouvais pousser… J’en voulais plus ! Cette voiture était un vrai petit bijou ! Je fus autorisé par Alex à faire deux tours en montant jusqu’à 200km/h…

Alors j’appuyai sur le champignon !

-YOOOOOOOOOUHOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH !

Le moteur rugissait, mais pas d’une façon qui aurait laissé penser que la voiture trimait !

-C’est excellent ! Je n’ai presque pas de vibration et aucune prise au vent !

Je fis mes deux tours et rentrai ensuite au stand, sans encombre et heureux de l’expérience que je venais de vivre. Je fus accueilli quand je sautai du cockpit par toute l’équipe.

-Cette voiture va faire des ravages en course !!!

J'avais fait exploser ma colère contre le pauvre Tyler. Il avait fait la connerie de ne pas avouer sa boulette et encore en plus de ne pas me regarder droit dans les yeux.  Et quand Julian me disait que c'était violent, je lui rétorquais que si ça, c'était de la violence, alors ma mère m'avait torturée toute ma jeunesse. Julian me dit que oui, Tyler a merdé, mais que le prendre par la mâchoire, c'était de trop et qu'il ne voulait plus voir ça. Puis Rob me choppe par le coll et remet les points sur les i à sa manière. Et que c'était ma faute si Tyler faisait des conneries, parce que c'est moi qui avais décidé de le garder malgré les conneries qu'il avait pu faire.

Julian en rajoute une couche en disant que c'était ma faute, qu'il fallait que je fasse en sorte de l'aider pour ne plus qu'il fasse de conneries ou le mettre dehors si c'est vraiment dangereux. Et que c'était inutile après coup d'avoir eu cette réaction, je hochais la tête, mais j'évite de parler, je suis encore trop tendu. Mais ce qui me calme, c'est de voir Sarah sangloter derrière Sonny et Julian. J'étais vraiment allée trop loin cette fois-ci. Julian demande à Rob de venir avec moi pour discuter avec Tyler, il y à peut-être quelque chose qui merde de son côté et plutôt que de lui hurler dessus, je devrais lui tendre la main.

Je sens qu'il ne veut pas faire de mal et qu'il veut bien faire son travail... Es que c'est moi qui lui mets trop de pression ? Ou alors es que c'est lui qui s'en met de trop ?...

Rob vient me taper sur l'épaule.

Tu iras te remettre en question plus tard, on a une voiture à faire rouler !

Il retourne avec l'équipe en me souriant et Sonny lui vient me faire une petite leçon lui aussi. Il y a d'autres façons de faire, selon lui. Je me gratte l'arrière du crâne en regardant Julian, Sonny et Sarah.

Je m'excuse... Je n'aurais pas dû agir comme ça. J'ai merdé. Ça n'arrivera plus. Julian... Tu connais un bon médecin ?

Je n'en disais pas plus. Je ne suis pas fan des médecins et je ne veux pas parler de mes sauts d'humeurs. Je prends des cachets pour ça, mais j'en ai plus et il m'en faut en vitesse.

On préparait Sonny pour le faire rouler à nouveau et je croisais Julian en lui disant qu'il ne fallait pas qu'il s'en fasse et que ça allait aller. Sonny avait fait ces 5 tours sans aucun souci et il me demande s'il peut pousser. Je regarde Sarah qui me confirme qu'il le pouvait et je donnai le feu vert à Sonny pour monter à 200. Et je l'entends hurler dans la radio, ce qui nous a fait rire avec Sarah. Il disait que la voiture avait très peu de prise au vent et qu'elle ne vibrait pas. Mon visage s'illumine quand j'entends ça. Maintenant, à moi de faire évoluer ce concept pour faire mieux encore !

Mais pour l'instant, on va accueillir Sonny avec toute l'équipe et quand il saute de la voiture, on applaudit tous et je viens le prendre dans mes bras.

Putain Sonny c'était incroyable ! On va faire une pause et on va essayer de mettre des pneus slicks, et la, je veux que tu fasses des tours qualifs ! Tu as un quart d'heure pour souffler, si ça te suffit.

Puis je me tourne vers Tyler et je le regarde en lui souriant et en prenant un ton calme.

Tyler, tu peux venir vers moi, s'il te plait ?

Je voyais dans son regarde encore de la peur, il n'osait pas approcher, mais Rob lui met une petite tape dans le dos amical et lui fais un pouce en l'air, le jeune Tyler s'avance vers moi et me regarde dans les yeux tout en le détournant vers Sarah, Julian et Sonny.

Oui, monsieur Garcia ?

Je voudrais te présenter mes excuses les plus sincères devant tout le monde. J'ai agi comme un con et je n'aurais jamais dû. Ça ne se reproduira plus.

Tyler me regarde et tend sa main vers moi.

Excuses accepter patron... Et je voudrais moi aussi m'excuser auprès de l'équipe parce que j'ai mis en danger Sonny et j'ai craché sur le travail de toute l'équipe avec mes bêtises.

Puis je lui pose ma main sur l'épaule.

On aura une discussion, Rob, toi et moi, à midi. Parce que tu es tellement passionné que je ne comprends pas que tu puisses faire autant de bêtises et je veux savoir s'il y a des choses qui ne vont pas. Je ne suis pas magicien, mais si je peux t'aider, je le ferai avec grand plaisir. Mais je veux qu'on le fasse entre nous trois, parce que je peux comprendre que tu ne veux pas en parler devant tout le monde.

Merci monsieur Garcia. Je... Vais faire de mon mieux ce matin pour aider l'équipe et... Si vous êtes ouvert à la discussion, alors je veux bien.

Puis je tape dans les mains !

Sur ce on se remet au boulot et on fait en sorte que la voiture de Sonny puisse tourner à fond !

Toute l'équipe applaudit et chacun reprend son poste.

Alexandre était allé trop loin avec Tyler et je n’avais pas manqué de lui dire. Quand il fit référence à sa mère, je ne pus m’empêcher de penser à la mienne et à ce qu’elle m’avait fait… Je ne savais pas ce qu’Alexandre avait vécu mais je savais que de faire la même chose n’était pas une bonne idée. Surtout pas dans le cadre de mon entreprise.

Sonny disait qu’il y avait d’autres façons de faire que celle de physiquement rabrouer le jeune Tyler. J’étais d’accord et, petit à petit, avec l’aide de tout le monde dont le vieux Rob, Alexandre revint à de meilleurs sentiments. Il voulait bien aller revoir Tyler pour lui parler plus calmement. Je voulais que Rob soit présent. Alexandre n’objecta pas. Il chercha simplement à savoir pourquoi Tyler faisait tant d’erreur. Il pensait lui mettre trop de pression… Ou que Tyler lui-même s’en mettait trop.

-C’est peut-être un peu des deux. En lui parlant, tu sauras.

Rob déclara qu’Alexandre pourra se remettre en question plus tard. Pour le moment on devait terminer les essais. J’hochai de la tête assez d’accord avec ça. Alexandre s’excusa alors à Sarah, Sonny et moi. Il alla même jusqu’à me demander si je connaissais un bon médecin. Je supposais qu’il parlait d’un psy. J’avais toujours refusé de voir un psy mais si Alexandre pensait que ça pouvait l’aider alors je dis simplement :

-Je peux me renseigner et te fournir de bonnes adresses si tu penses que ça peut t’aider.

En tout cas, sa montrait sa volonté de bien faire. Et le fait qu’il s’est bel et bien rendu compte qu’il avait été trop loin. Un peu comme moi après chaque coup de colère. Je les regrettais aussi, à chaque fois. Je pensais bien qu’Alexandre et moi avions plus en commun que je ne l’imaginais.

Il fallait, maintenant, reprendre les essais mais avant ça, Sonny n’avait pas manqué de remarqué ce que, moi-même, je n’avais pas prêté attention : l’état misérable dans lequel était, désormais, mes doigts rongés à sang. Le stress était grand. Probablement trop grand. Je n’osais pas imaginé ce que ça allait être lors des courses. Mais je devais arriver à surmonter ça. Ainsi, j’avais dit à Sonny que tout allait bien.

Sonny se lança alors à nouveau sur la piste. Les cinq tours furent fait sans aucun accro faisant redescendre un peu mon stress. Après ça, Sonny fit encore deux tours en poussant un peu la voiture. C’est là que le pilote cria dans la radio faisant rire autant Alexandre que Sarah qui semblait s’être remise de ses émotions. Quant à moi, j’esquissai un léger sourire. Sonny avait d’excellente sensation. C’est ce qu’il disait et c’était de très bonne augure.

Il finit par revenir au stand et je m’approchai de lui tout comme le reste de l’équipe. Sonny avait foi en la voiture. Il était certaine qu’elle allait faire des ravages. Après avoir entendu tout ça, j’étais aussi confiant.

Alexandre était emballé aussi laissant à Sonny une pause avant de reprendre pour d’autres essais. J’avisai le pilote.

-C’était de très bons essais. Je suis un peu plus rassuré.

Alexandra appela alors Tyler. Il avait jugé que c’était le bon moment pour discuter avec le jeune homme. Je restais là pour être témoin de leur discussion. Je vis bien que Tyler n’était pas à l’aise ce qui, après ce qu’il s’était passé, faisait sens. Toutefois, il ne refusa pas la discussion.

Alexandre s’excusa alors, des excuses acceptée par le jeune homme qui s’excusa à son tour. Alexandre ouvrit alors la discussion laissant le choix au jeune homme de s’entretenir maintenant ou bien en privé avec lui et Rob. Alexandre était revenu à de meilleures intentions et j’appréciais. Tyler accepta de parler à midi avec le duo Alexandre-Rob. A eux trois, ils pourront démêler les quelques problèmes de jeune Tyler.

Après quoi, Alexandre demanda à tout le monde de reprendre son poste. Je m’approchai de lui.

-Tu as bien fait. J’espère qu’après votre discussion, Tyler pourra s’améliorer. C’est comme ça que je veux que l’équipe fonctionne. C’est comme ça qu’on pourra gagner des courses.

Et je m’adressai ensuite autant à Alexandre qu’à Sonny qu’au reste de l’équipe.

-Car on va en gagner des courses ! Avec ce prototype-là, j’en suis certain !

Après ce que je venais de voir, mon stress avait laissé un peu place à des certitudes et à de la détermination.

Alexandre m’avait vraiment surpris par sa réaction face au jeune Tyler. Et je pensais bien qu’il avait choqué tout le monde, en fait. Parce que sa réaction était complètement disproportionnée par rapport à ce qu’il s’était passé. Ok, le gosse avait fait une erreur et aurait dû en parler. Ok, ça aurait pu avoir des conséquences assez graves et ça méritait d’être strict et ferme.

Mais pas violent. Pour moi, et traitez-moi de hippie si vous voulez, rien ne justifie la violence.

Même Ward Fleming, à l’école, j’arrivais à le remettre à sa place sans violence. Il me suffisait de m’asseoir sur lui jusqu’à ce qu’il se calme.

Heureusement, dans l’équipe, personne ne laissa passer ça. Ni Rob, ni le patron, ni moi. Et ça permit à Alexandre de prendre conscience qu’il était allé trop loin. Il revint automatiquement à de meilleurs sentiments, ce qui me rassura et le fit immédiatement remonter dans mon estime. Plutôt que de continuer à fustiger Tyler, il se remit lui-même en question, ce qui montrait qu’Alexandre avait une belle autocritique.

Je lui souris, pour bien montrer que je préférais ça.

Mais ce n’était pas tout ça ! On avait une voiture à faire rouler, comme le disait Rob. Je me retournai pour voir que Sarah s’était carrément cachée derrière moi, ce que je n’avais pas remarqué. Mais elle aussi se calmait et était en train de sécher ses larmes. Je lui demandai si ça allait et elle hocha la tête pour confirmer.

Alexandre, lui, s’excusa devant tout le monde. Une belle preuve de maturité. Et quand il demanda si on connaissait un bon médecin, je compris alors que le problème de l’ingénieur était peut-être, en fait, plus grave qu’une simple tendance à la colère et à la violence.

Julian lui dit alors qu’il allait se renseigner. Si ça pouvait faire du bien à Alex, pourquoi pas ?

Je passai à côté de lui et lui tapai amicalement sur l’épaule, pour lui montrer que l’incident était clos. Pour moi en tout cas. Après, le reste se passerait entre lui et Tyler. J’étais sûr que ça allait s’arranger.

On se remit donc au boulot et je pus pousser, cette fois, la voiture un peu plus. Je vécus des sensations géniales que je partageai via radio. Puis quand je rentrai au Stand, tout le monde m’accueillit, ravi des résultats et Alexandre vint me prendre dans ses bras. Je lui rendis son étreinte, un peu surpris par cet élan d’émotion… Mais agréablement surpris, cette fois.

Puis je rigolai quand Alex parla de l’étape suivante !

-Ok ok ! Un quart d’heure ça me va. Qu’on puisse au moins savourer ces premiers tours.

Julian, lui, semblait un peu plus détendu. J’étais sûr qu’on allait gagner des courses avec ce prototype.

Puis Alex demanda à Tyler de venir vers lui. Il lui fit de sincères excuses devant tout le monde, ce qui était tout à son honneur. Ils allaient recalibrer tout ça, voir ce qui clochait et essayer de déterminer pourquoi Tyler faisait de bêtes erreurs, etc. Je souris, c’était comme ça que les choses devaient marcher.

-Si je peux juste me permettre de dire une chose… Tyler, quand tu fais une bourde et que tu le vois… N’hésite pas à en parler. Comme on dit, faute avouée à moitié pardonnée. Et si ça peut m’éviter de finir dans le décor, c’est mieux.

Julian, lui, semblait satisfait. Il disait que c’était comme ça qu’une équipe devait fonctionner.

Bon… Là-dessus…

Il était temps de retourner rouler !