Il fallait le voir pour y croire, Rhéane qui déambulait sur les devants de la scène pour de grandes marques. La tâchetée n'y aurait jamais cru un instant si on lui avait lu l'avenir. Néanmoins, cela n'était pas sans conséquences dans sa vie personnelle ainsi que pour sa propre psychologie. Passée d'une inconnue dont tout le monde a peur à une people qui ne fait qu'attiser la curiosité, il fallait l'assumer... Et pourtant, sa vie n'avait pas toujours été un jardin de roses, et cela ne présageait rien de bon.

Rhéane a vécu une adolescence assez rebelle jusqu'à découvrir cette maladie qui la fit perdre un tas de monde. Y compris son propre père qui n'avait pas hésité à le renier après avoir appris sa maladie.

Qui allait sans douter ? Que cela se passerait ainsi ? Il était déjà parti avec une autre femme,  alors qu'il avait trompé sa première bien-aimée, la mère de Rhéane. Et lorsque cette dernière fut laissée à l'abandon, la dépression ne l'avait guère épargnée, elle s'occupa de Rhéane seule, tentant de la rendre heureuse, elle travailla assez durement afin qu'elle ne puisse manquer de rien. Mais la seule chose qui manquait à la petite fille qui n'était autre que la jeune femme tâchetée, c'était l'amour d'un père. Et lui, il vivait des jours heureux aux côtés d'une femme bien plus jeune que lui. La brune soupçonnait que c'était elle qui l'avait éloignée de tout. Et qui l'avait embarquée dans de salles histoires.

Son géniteur lui claqua la porte au nez, lorsqu'elle était venue, lui annonçait cette maladie assez rare, en oui disant toutes sortes d'horreur. Depuis, elle n'avait eu de cesse de le poursuivre, de chercher des réponses, en vain.

Et lorsque après tant d'années, Rhéane avait tenté une approche dans un bar de proximité, ce dernier était totalement surpris et devint alors agressif et violent. Agressant alors la jeune femme, se retrouvant à terre, la gueule en sang. Rhéane avait du mal à croire que tous ces gens ne voyaient pas le connard qui se trouvait réellement en lui. Lorsqu'il donnait des concerts avec son groupe, il était tout sourire mais prenait les gens de haut. Pourtant, il papotait sans relâche, surtout avec des femmes. Parce qu'il aimait ça, se faire désirer. Et sa jeune fiancée, devait être trompée 30 fois au moins depuis qu'ils étaient ensemble. Et fiancée, oui. Parce qu'il n'avait jamais désiré prendre cette nouvelle femme en mariage. Puis avec le temps, il devait la considérer comme trop vieille ?

Rhéane était toujours choquée par tout cela bien que tout cela remontait à des semaines. Mais la phobie de croiser cet homme odieux était toujours présente. Dans les ruelles ou dans les endroits bondés, il n'hésiterait pas à l'humilier... Alors, marcher devenait une douleur colossale, et sa dernière rencontre avec Victor, il y a quelque temps, ne l'avaient pas rassuré. Avait-elle sa place ici ? Devrait-elle tout plaquer et s'enfermer chez elle ?  Rhéane serrant les dents, elle avait froid, elle avait plusieurs pensées qui défilaient dans sa tête.

Ce qu'elle devenait, c'était quelque chose qu'elle avait travaillé toute sa vie, et ce, sans relâche. Elle voulait prouver au monde que la différence n'était pas un défaut, qu'il ne fallait pas en avoir peur. Certes, c'était quelque chose d'assez curieux et de nouveau. Mais c'est ce qu'il fallait.

La brune leva les yeux au ciel alors qu'il se mit à pleuvoir des cordes. Elle roula des yeux "encore...." sanglotant alors de tous ces membres à cause du froid et parce qu'également, elle ne s'était pas assez couverte de couches de vêtements, mais simplement du gilet à manche longue jaune, d'une jupe noir en cuir, et de collants à résille...
Par chance, elle trouva un bar dans lequel se posait quelques minutes le temps que tout se calme. "un chocolat chaud" qu'elle demanda avec élégance au serveur qui la toisa du regard. Rhéane ignora totalement car après tout, elle était uniquement venue se protéger, ici.

"merci" qu'elle soupira assez longuement, mais de soulagement…

Après quelques minutes, Rhéane se leva et cru apercevoir une silhouette qu'elle semblait connaître, son regard se tourna alors en direction de cette ombre mystérieuse, et là... C'était la décadence totale, un regard noir la fixa du regard , la toisa également... "qu'est ce que tu fous là, bordel ! Tu vas me suivre encore longtemps ?" la bouche entre ouverte, Rhéane était assourdie par cette voix grave, rauque et abîmée par la cigarette. Il s'approcha de la brune par des pas bien lourds. "ça t'a pas suffi la dernière fois ? " personne n'osa réagir. Ils étaient tous dans l'incompréhension. Et puis pour être honnête, qui aurait défendue une jeune femme de sa couleur, alors qu'elle n'était pas forcément bien vu ?

Ni une, ni deux. Rhéane déguerpit aussitôt, la sortie du bar n'était pas bien loin, elle détala à l'extérieur du bar alors que son géniteur continuait de la suivre en lui jetant toutes sortes de trucs qu'il trouvait sur son passage. Il était sûrement complètement bourré, encore, comme d'habitude. Il avait l'alcool méchant, mais sa course poursuite s'arrêta, trop essoufflé à cause de la cigarette.

La tâchetée avait fini par le semer, elle se retrouva une fois de plus sous la pluie, totalement à bout de souffle, à bout de force. Le sol semblait trembler sous ses pieds. Le regard perdu et complètement vide, elle se réfugie dans un club , où l'ambiance avait l'air plus pertinente que le précédent. Le rainbow, où la musique glam régnait. Rhéane lâcha un petit sourire de soulagement.

C’était bien beau, tout ça… mais je détestais être tout seul. Or, ce soir, c’était le cas. Ma pauvre Vanya devait boucler des enregistrements de son émission, Finan et Tiff étaient fort occupés avec leurs enfants et, le soir, pensaient plus à se reposer qu’à sortir… J’avais essayé d’emmener Sigurd avec moi, mais il avait choisi ce soir pour un repas galant avec Sky… Guillermo était trop jeune pour aller au Rainbow…

Et pour couronner le tout, il pleuvait ! Il ne pleut JAMAIS à L.A…. Sauf ce soir…

Heureusement que le Rainbow était couvert…

J’allais donc m’amuser tout seul… Avec un peu de chance, le Rainbow étant quand même le lieu de ralliement de beaucoup d’artistes, je trouverais des gens avec qui parler. J’aimerais tant tomber un jour sur des gens de l’acabit de Sniper ou Eddy Cort ! Ou encore la jolie Livia ! Finan avait eu la chance d’enregistrer une chanson avec elle, mais je n’avais pas eu l’occasion de la rencontrer à ce moment-là.

Mais voilà, quand j’arrivai au Rainbow, la musique était bonne, mais je ne trouvai personne avec qui parler…

Pas même The Lightening dont la légende voulait qu’ils passaient souvent des nuits entières ici.

Alors je me mis au bar et décidai d’attendre, discutant tout en buvant avec le barman, un type sympa issu de L.A.

Puis il commença à y avoir un peu beaucoup de monde et mon interlocuteur au bar sembla complètement débordé… je lui proposai alors mon aide pour servir en salle pendant qu’il se cantonnait au bar.

Ce fut donc avec un plateau garni de cocktails que je traçai mon chemin dans un équilibre précaire à travers la salle.

Les premiers plateaux arrivèrent à destination sans encombre, me donnant confiance en moi…

A tort.

A un moment, je passai un peu trop près de la porte d’entrée du club et failli entrer en collision avec une grande jeune femme qui venait de débouler de l’extérieur, trempée comme pas deux. Je m’étais arrêté à temps avant de la percuter, mais les verres que je transportais se mirent à vaciller dangereusement.

-Oh merde ! Merde !...

Je m’exclamais en essayant de ne rien faire tomber.

En vain, parce que les verres finirent pas s’éclater au sol, souillant le bas de mon pantalon et celui de la jeune femme tachetée que je n’avais pas encore pris le temps de reconnaître.

-Oh c’est pas vrai ! Je suis vraiment désolé… Heu…

Confus, je ne savais pas si je devais mon soucier d’elle ou d’aller chercher de quoi éponger le sol avant que tout ne se mette à coller… Mais ce fut là que je reconnus le mannequin.

-Hey mais vous êtes Riri ! Content de vous rencontrer ! Je m’appelle Ivar… Et je suis vraiment confus…

La pluie de L.A avait envahi la brune qui se retrouva totalement trempée et c'était bien l'une des premières fois où elle se montrait aussi impuissante. Cependant, elle ne voulait pas nourrir ce sentiment de tristesse et d'incompréhension. Elle voulait montrer cette part d'elle-même qu'elle serait toujours habituée de montrer à son entourage et aux caméras.

Si un jour, on lui avait dit qu'on parlerait autant d'elle dans L.A, sa surprise aurait été de plus belles. Et Rhéane était connue sous le pseudonyme de "Riri" bien qu'elle avait précisé que cela ne lui dérangeait pas forcément, elle était toujours aussi perplexe lorsque des personnes l'appelaient ainsi. Oui, c'étaient comme s'ils s'étaient toujours connus. Rhéane avait envié un peu trop les stars, les peoples... En vérité, il vivait une vie en constant mouvement. Devoir se protéger de tout le monde malgré les bonnes intentions de certains et déceler également ceux qui ne lui voulaient que du mal...

Et puis, il y avait ce moment incertain. Où Rhéane attendait devant la porte d'entrée du club. Totalement trempée , elle n'avait pas forcément fait attention au monde ni si quelqu'un était dans son passage. Et à ce moment-là, fut une distraction de trop, qui conduisit donc à l'échéance d'un plateau, tombant sur le sol, éclaboussant  alors son hôte.

" Oh c'est pas vrai ! Je suis désolée"

Les yeux écarquillés, elle tenta de venir en aide à cet homme qu'elle venait de déranger à cause de sa précipitation.


Il s'excusa alors mais Rhéane ne pouvait que de sentir coupable d'avoir tâché son pantalon. Et pour un serveur, ce n'était pas forcément agréable. Rhéane s'accroupit pour ramasser les quelques morceaux de verres sur le sol. Alors que ses jambes tremblotaient de froid, elle avait aussi été touchée par les cocktails d'alcools qui collaient très désagréablement entre ces membres.

"Oh !"

Rhéane était soulagée que le serveur ne lui en voulait finalement pas. Elle laissa sa bouche entre ouverte durant quelques secondes et ancra son regard dans le sien, puis plissa les yeux. Est-ce qu'ils se connaissaient ? La brune ne semblait pas le reconnaître.

- enchantée également, Ivar. Appelez-moi Rhéane si vous le souhaitez.

Qu'elle lui souriait chaleureusement. Elle se releva brusquement et se retrouva presque nez-à-nez lui vu comment elle était grande.

- vous me connaissez du grand "public" ou personnellement ? Parce que j'avoue que votre tête m'ait totalement inconnue.
Un petit rire s'échappa d'entre ses lèvres rosées.
Rhéane ne se faisait toujours pas à l'idée d'être célèbre en général et dans les magazines. Donc l'idée que les gens étaient si familiaux avec elle était quelque chose de singulier. Mais en général, elle tentait de satisfaire et avait toujours une réponse solaire.

"je dois vous aider à ramasser. Je suis la fautive ici."

Elle hocha la tête de droite à gauche, observant le carnage qu'elle avait fait. Puis croisa les bras à cause du froid, elle ne cessait de trembloter. Elle n'avait pas pris le temps de se couvrir mieux. Puis c'était aussi de l'angoisse, la pression n'était toujours pas redescendue et la peur que son père ne revienne lui torturait l'esprit. La tâchetée semblait appeler à l'aide à travers son regard palpitant. Sans forcément s'en rendre compte.

J’avais maladroitement fait tomber les verres à terre quand j’avais failli percuter la jeune femme qui venait de se réfugier dans le club. Je m’en voulais d’abord pour les gens que je devais servir, ensuite pour le barman que je n’aidais pas en étant si maladroit et aussi parce que j’avais souillé les chaussures de la jeune femme.

Une jeune femme que j’avais vite reconnue comme étant Riri, la top model. Dans un même mouvement, on s’était accroupi tous les deux pour ramasser les morceaux de verre. Je m’occuperais d’éponger plus tard. Le tout, c’était que personne ne se blesse. Je me confondis en excuse auprès du mannequin…

Et avouai aussi l’avoir reconnue, me présentant à mon tour. Quand elle me dis de l’appeler Rhéane, je lui souris.

-Ok, va pour Rhéane, alors.

Riri était probablement un nom de scène. Et donc, Rhéane devait être son véritable nom. Elle avait un sourire magnifique que ses taches rendaient encore plus original et unique. C’était vraiment une très belle femme et je devais dire que la pigmentation de sa peau la rendait encore plus fascinante. Enfin… Pas comme un monstre de foire, non ! Loin de moi l’idée de penser ça…

Non, elle avait comme son propre style. Et ça changeait, dans les défilés, de toutes ces femmes ultra formatées au point qu’on aurait dit toutes les mêmes.

Elle me demanda si on se connaissait…

-Heu… non, on ne se connait pas… Mais je vous ai déjà vu dans des défilés à la télé. Il faut dire que vous ne passez pas inaperçue.

Je souris.

-Et je trouve ça bien.

Je passai ma langue sur mes lèvres, prenant les morceaux de verre avec précaution.

-Quant à moi… je ne sais pas si vous connaissez le groupe The Warriors ? Je suis le bassiste.

On avait notre petite notoriété quand même… Mais peut-être que notre musique n’était pas son style.

Elle disait qu’elle devait m’aider à ramasser parce qu’elle était fautive. Je rigolai.

-C’est surtout moi qui doit regarder où je vais. Mais merci, j’apprécie l’aide.

Je remarquai alors qu’elle tremblait et… son regard avait changé.

-Vous êtes sûre que ça va ?

On avait ramassé tout le verre qu’on avait remis dans le plateau.

-On va aller au bar ramener les dégâts… Et vous trouver une serviette pour vous sécher.

Je lui fis signe de me suivre jusqu’au bar.  

Rhéane avait certes attiser les regards en entrant dans ce club si subitement, néanmoins, elle ne sentait aucune animosité envers elle, elle se sentait parfaitement à l'aise. C'était un soulagement pour la brune qui se sentait assez souvent peu à sa place et pas seulement à cause de sa couleur de peau. Pourtant, elle savait pertinemment que tous ces gens n'étaient pas forcément mauvais. Simplement, les choses nouvelles étaient quelque peu déroutante et pour certains, le moindre changement pouvait occasionné un stress particulier, par conséquent, Rhéane comprenait les inquiétudes que pouvait ressentir les personnes. À condition de ne pas aller dans l'extrême.


Le serveur n'avait pas tiqué quant à sa couleur de peau. Il n'avait pas non plus hésité une seule seconde à l'appeler pas son prénom. Cela dit, Riri était un surnom de scène afin de se protéger, mais à toujours être surnommé ainsi, cela avait tendance à lui porter pas mal sur les épaules. Parce qu'elle aimerait se reconnaître en tant que la Rhéane qu'elle était actuellement et pas uniquement l'artiste de scène qu'elle démontrait.

- ça me rassure que vous acceptiez sans sourciller

Qu'elle souriait assez naïvement. Elle était plutôt ravie de s'être réfugié ici, franchement, ce n'était pas que le hasard.


Toujours accroupie face au serveur qui lui aussi ramasser les quelques morceaux de verres, elle ne cessa pas de le scruter du regard.
Non, en effet, ils ne se connaissaient vraiment pas. Comme il l'avait si bien dit. Pourtant, quelque chose de singulier donnait cette impression qu'elle l'avait déjà vu quelque part.

- peut-être vous ai je déjà croisé du regard...  Mais je n'ai pas l'impression que c'est aux défilés que je vous ai entendu.

Elle plissa les yeux puis  haussa un sourcil assez intrigué.

- d'ailleurs, je vous remercie pour ces mots. C'est vrai que je ne passe pas inaperçue mais ce n'est pas toujours facile de garder la face, lorsqu'il y a quelques jugements un peu à la limite... De votre côté, je ne vous sens pas forcément concerné par cette couleur de peau qui m'arbore. Et ça fait du bien...

C'est que la jeune Rhéane s'étalait un peu trop à son goût... Elle fit volte-face soudainement et pinça ses lèvres, comme pour s'excuser d'être si bavarde...


De son côté, le serveur lui confia qu'il était membre d'un certain groupe

- ah oui ! Je crois savoir maintenant !

Et là, c'était comme une étoile qui venait de lui perforer le cerveau soudainement, lui donnant alors ce vague souvenir d'une chanson qu'elle avait aimé.

Rhéane était atteinte de prosopagnosie, c'est pour cela qu'elle avait du mal à y trouver son compte parfois. Pour se repérer, elle gardait un souvenir un motif, un petit détail comme un tatouage, un piercing, un bijou... La moindre chose... L'écho d'une voix pouvait l'aider à identifier une personne. C'était assez particulier elle souffrait de cela depuis pas mal d'années et les traitements fut sans succès...


Le serveur continua son travail alors que Rhéane était toujours entrain de s'excuser et même un peu évasive à certains moments, car dans ses pensées les plus profondes, elle voulait en oublier ses tremblements d'angoisse et le froid qui l'avait complètement raidie

- ça va, j'ai un peu froid. Mais ça va aller.

Qu'elle sourit assez chaleureusement au serveur alors que ses mains étaient presque violettes


- je vous remercie. Si c'est vraiment nécessaire... Je...je veux bien.

Qu'elle bafouilla à cause du froid qui prenait le dessus. La brune avait oublié durant un court instant, la douleur qu'elle ressentait. Et tout cela , l'avait totalement plongée dans un autre monde. Se sentant écoutée... Qu'elle en avait oublié le fait d'être accroupie à toucher des morceaux de verres. Mais ces gestes n'étaient que pur mécanisme.

Elle se releva rapidement, lorsque le serveur lui fit un signe de la suivre afin de se sécher, il ne fallut pas attendre une seconde de plus pour qu'elle arrive par des pas décidés et rapides. Tout en gardant ce sourire innocent sur ses lèvres pulpeuses.

Je levai un sourcil quand elle déclara qu’elle était contente que j’accepte sans sourciller de l’appeler par le prénom Rhéane, qu’elle semblait préférer. Heu… Pourquoi je lui aurais refusé ça ? J’aurais été un enfoiré de continuer à l’appeler par son nom de scène alors qu’elle ne voulait pas.

-Heu… C’est tout naturel.

Si je l’avais reconnue, ce n’était pas son cas. En même temps, The Warriors n’était pas encore hyper connu avec seulement un album à notre actif. Elle parla alors d’une drôle de façon. Me croiser du regard ? M’entendre aux défiler ? Quoi ? Ma voix ? Ma musique ?

-Heu… Non… je ne suis jamais allé à un défilé, si c’est ce que vous voulez dire. Je vous ai juste vue à la télé… Et je ne pense pas que The Warriors soit le genre de musique qu’on passe lors d’un défilé.

Je souris quand elle apprécia les compliments que je lui faisais. Pour moi, sa couleur de peau était une belle signature, surtout que j’ignorais complètement que c’était carrément une maladie. Pour moi, c’était plutôt comme des taches de naissance ou quelque chose comme ça. Bref, quelque chose qui la rendait unique.

Je ne voyais pas ça comme un fardeau.

-Bah… Vous la portez fièrement, cette couleur de peau. Ça prouve qu’on peut percer dans le business même en étant différent.

Elle finit par… plus ou moins me remettre, mais sans en dire plus… Sans citer aucune chanson de The Warrios ou quoi que ce soit. J’eus un petit rire.

-Vous n’êtes pas obligée de dire que vous me reconnaissez uniquement pour me faire plaisir, vous savez… Je ne le prendrai pas mal.

Je me relevai avec le plateau rempli de morceaux de verre.

-The Warriors n’est pas encore vraiment très connu. Mais j’espère que ça viendra.

Puis je crus voir dans son regard comme une ombre… Comme si quelque chose n’allait pas. Mais elle avait juste froid.

-Normal ! Vous êtes trempée. Venez.

On se dirigea vers le bar où je m’excusai auprès du barman pour le carnage que j’avais fait et je demandai s’il avait une serviette pour Rhéane. Il m’en passa une que je donnai à la jeune femme.

-Et sers nous deux verres aussi, s’il te plait. Une bière pour moi et la boisson de son choix pour mon invitée. Tu peux mettre le tout sur mon compte.

Quand Rhéane se fut un peu séchée, je lui souris.

-Ça va mieux ? C’est rare d’avoir froid à L.A.

Je pris une gorgée de bière quand elle me fut servie et demandai, curieux.

-Vous aussi, vous êtes condamnée à sortir seule, sans ami pour vous accompagner, ce soir ?

Au vu de la réponse quelque peu perplexe du jeune homme. Rhéane avait senti un peu un malaise.

- si ça vous semble naturel ça me plaît . Je veux dire par là que plus souvent être appelé Riri sonne mieux selon mes supérieurs, vous voyez ?

Rhéane ça sortait un peu de l'ordinaire et ici il fallait un peu plus de conformité. De plus, la brune n'était déjà pas quelqu'un qui passait inaperçu. Ses managers avaient donc préférés lui choisir un surnom que tout le monde adorerait sans poser la moindre question.

Rhéane était toujours un peu nerveuse, elle se pinça les avant-bras, un premier signe. Mais regarder l'homme en face d'elle être au petit soin avait le don de la réconforter un poil. Elle lui sourit assez chaleureusement en essayant de rester calme.

- excusez-moi pour le quiproquo alors... Mais je vous avoue que ça me fait toujours bizarre de savoir que je passe à la télé... Et je sais que je devrai en prendre l'habitude, mais ce sentiment étrange que je ressens c'est celui d'un rêve de petite fille.

Elle riait à pleine dents, elle donnait cette impression d'aller un peu mieux que tout à l'heure.

- Oui à ce niveau ils ont un peu de retard et je pense qu'il manque un peu de goût musical aha. À la télé je dois être différente, non ?

Les compliments concernant son physique ne l'avait pas laissé indifférente, elle n'arrivait même plus à sortir aucun son de sa bouche. Son côté timide ressortait...

- Je pense surtout que ça dépend dans quel agence où on se rend. Et si elle est capable de croire en nous ou non.


Et ça, c'était le travail de l'agence de mettre en avant ses meilleurs atouts.

-  oh bien sûr que non. Cette musique je ne l'ai pas entendu lors de mes défilés. Mais je me souviens avec un ami d'avoir écouté ça chez lui... Il m'avait prononcé le nom du groupe car j'avais énormément adoré. Mais j'avais totalement oublié. Et c'est lorsque vous m'en avait parlé que je me suis rappelée. Juste le tintement de la voix m'avait totalement ennivré. Alors c'est formidable de vous croiser ici, je suis assez surprise.

Elle en avait sûrement trop dit, ses jouent devinrent de plus en plus rosées. Elle avait ce vague souvenir qui la rendait nostalgique. Mais ce sourire qu'elle avait depuis tout à l'heure ne le quittait plus. Seul le froid l'empêcher réellement de profiter vraiment de ce moment singulier.

- je vous remercie !

Quelle remercia par un hochement de tête le jeune homme et elle s'excusa également auprès de son collègue.

- euh... Je vais prendre une bière egalement. Je pense que j'en ai besoin...

Disait en riant et en croisant le regard du serveur qui venait de lui apporter une serviette. Rhéane pu correctement se sécher et être plus à l'aise.

- ça va mieux oui, merci. J'ai rarement froid mais j'ai dû me précipiter sous la pluie.

Rhéane n'en donnait pas la raison mais c'était encore un sujet sensible vu que ça venait de se provenir. Elle garda tout de même un œil sur la porte d'entrée du bar, histoire de voir si son géniteur, encore alcoolisé, ne l'avait pas suivi.

- effectivement, ce n'était pas vraiment le projet mais on fait avec.

Elle aussi pris son verre de bière et en pris quelques gorgées avant de le reposer fermement sur le bar. Elle n'avait pas vraiment prévu de choses là. Sa seule préoccupation était comment sortir de ce bar après sans repasser par là où elle avait croisé son géniteur. Elle cligna plusieurs fois des yeux et se frotta les yeux à cause de la fatigue qui venait envahir son corps mais la soirée n'était pas terminée et elle n'était pas prête non plus à partir d'ici. C'était si bien.

Elle justifia que son surnom de «Riri » sonnait mieux aux oreilles de ses supérieurs… J’imaginais qu’elle parlait de son agent ou de l’agence pour laquelle elle travaillait comme mannequin. Je haussai les épaules.

-Riri ou Rhéane, pour moi, c’est du pareil au même. C’est juste que je ne vous connaissais que sous votre nom de scène…

Alors qu’on ramassait le carnage qu’on avait fait… Enfin, que j’avais fait parce qu’après tout, la jeune femme ne m’avait pas percuté, c’était moi qui avait eu un mauvais réflexe… Je lui expliquai que je ne la connaissais que parce que je l’avais vue à la télé. Ce qui la fit éclater de rire alors qu’elle m’expliquait qu’elle s’étonnait encore de passer à la télé et que c’était un rêve de petite fille.

-Ah ouais ? Ça vous étonne encore ? Moi, j’ai l’impression que vous êtes dans le business depuis toujours… Je ne saurais même plus dire la première fois que je vous ai remarquée.

On parla de ma musique. Pas vraiment le genre de chose qui passait lors d’un défilé et puis, The Warriors n’était quand même pas encore très connu. Je ne lui en voulais pas de ne pas connaître. Elle se demandait si elle rendait différemment sur un écran télé…

Je lui souris.

-Pas vraiment. Je me rends juste compte maintenant que vous êtes très grande… Mais c’est ce qu’il faut quand on est mannequin, j’imagine.

J’admirais son parcours, en tout cas. Parce que ça prouvait qu’on pouvait faire son chemin même en était différent et atypique. Elle affirma qu’il fallait tomber sur l’agence qui croirait en soi…

-Mais croire soi-même en soi doit beaucoup jouer aussi. Si on passe sa vie à se cacher, ça ne mène nulle part.

Il y avait une grande différence, cela dit, entre croire en soi, avoir confiance en soi et avoir la grosse tête. Parfois, les gens ne faisaient pas la différence. Mais une chose était sûre : Rhéane n’avait pas la grosse tête. C’était comme si elle estimait que tout lui était tombé dessus par une chance inouïe.

Et finalement, elle arriva à remettre The Warriors. Elle avait apparemment bien aimé ce qu’elle avait entendu, mention spéciale pour la voix.

-J’en ferai part à Finan… C’est notre chanteur.

Finalement, je l’emmenai jusqu’au bar pour qu’elle puisse se sécher et, pourquoi pas, partager un verre et un peu de conversation ? Ce serait mieux que rester seul, vu qu’elle était seule aussi.

Elle nous remercia pour la serviette et commanda une bière, comme moi. Elle expliqua qu’elle avait dû se précipiter sous la pluie, ce qui attisa ma curiosité.

-Pourquoi vous précipiter ? Vous étiez pressée de venir faire la fête ?

Elle était seule, elle s’était précipitée sous la pluie, elle avait parue angoissée lors de son entrée dans le bar…

Il y avait un truc qui collait pas. Je pris une gorgée de bière.

-Est-ce que vous avez peur de quelque chose ? Je demande parce que vous aviez pas l’air dans votre assiette à votre arrivée.

Et si elle s’était précipitée ici, comme elle le disait, c’était peut-être pour trouver un refuge.