Le procès était pour bientôt… Ma défense était presque entièrement prête. Me restait quelques détails à régler et j’étais justement en route pour fignoler l’un de ces détails !

J’avais pris ma bagnole un peu avant midi pour me diriger vers Downtown où vivait Brent, l’oncle de Carrie. Je voulais le recruter comme témoin de moralité lors de mon procès. Il n’aura qu’à venir brièvement témoigner à la barre. Le but : montrer que je ne suis pas un type violent et incontrôlable et que c’est plutôt celui qui a porté plainte qui m’a provoqué. J’avais déjà quelques autres témoins mais ils faisaient tous partie de ma famille proche. Rien de tel qu’un témoin de moralité extérieur pour mettre un peu plus de poids à tout ça !

J’avais, donc, à défaut de trouver quelqu’un d’autre, pensé à Brent ! On ne s’entendait pas toujours. On aimait s’envoyer des piques. Mais je savais aussi qu’il aimait beaucoup Carrie et qu’il allait certainement faire le maximum pour qu’elle évite de stresser inutilement si je venais à avoir ne serait-ce qu’une semaine de prison.  Puis, Brent me paraissait être le plus simple à convaincre ! J’avais bien Jimmy Reed mais je voulais pouvoir me débrouiller sans lui. Question de fierté ! Je lui avais dit que je pourrais me débrouiller seul !

Il fallait que je lui prouve alors j’avais décidé que le meilleur candidat était Brenty !

J’étais arrivé devant l’immeuble où résidait le manager… Je savais qu’il avait récemment embauché Livia qui avait fui BSC pour aller se réfugier chez MTI. Pourquoi ? Allez savoir ! Je crois que même Jimmy Reed l’ignore, c’est bien ça le pire ! Livia n’a rien précisé dans la presse à ce niveau et les seuls échos viennent de Ricci qui as dit que c’était pour un conflit entre Reed et Livia… Sauf que quand Reed m’a convoqué pour rayer Livia et sa femme de son testament, il a juste dit qu’elle était partie sans me précisé les raisons hormis que Livia semblait le détester sans en dire réellement plus ce qui me faisait dire que, en fait, il était dans le flou.

Peut-être que Brent en savait plus, qui sait ? Le savoir c’est le pouvoir et j’aime tout savoir !

J’avais grimpé à l’étage où se trouvait le cher et minuscule appartement de Brent. Quand il a acheté ça, il n’a même pas remarqué qu’il s’est fait arnaqué ? Apparemment, non ! Mais j’imagine que Brent avait acheté ça car c’était à deux pas de chez MTI et que ça facilitait les déplacements… Brent est un foutu lève-tard limite paresseux ! Pas étonnant que, malgré qu’il à 25 ans de carrière, il est toujours dans l’ombre ! L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Brent a toujours été un des loosers de la jet-set ! Il y a tout un groupe de loosers dans la jet-set et l’oncle de Carrie est une des figure de proue de ce petit groupe. Des squatteurs de fêtes et des pique-assiettes !

Je me plantai devant la porte de son appartement avant de regarder ma montre. 11h15… Ça devrait le faire, non ? Au pire je sonnerais à la porte jusqu’à-ce qu’il ouvre !

Je sonnais une fois… Puis, même pas deux secondes après une deuxièmes fois… Puis, encore jusqu’à-ce que Brent vienne m’ouvrir.

-Salut, Brent… Je peux entrer ? Il faut qu’on parle ! C’est plutôt important.

Et ça se voyait, sur mon visage, que j’étais ici pour parler de quelque chose de sérieux ! Un procès, c’est sérieux ! Surtout quand c’est moi sur le banc des accusés !

Je m’étais levé tôt ! A 10 heures ! Un exploit pour moi, mais j’étais vraiment motivé, même si ce ne serait rien par rapport aux heures auxquelles je devrais me lever quand le tournage des épisodes de Spaceship dans lesquels je devais apparaître allait commencer ! Et je ne pourrais pas toujours utiliser l’astuce de ne pas aller dormir du tout. Une ou deux fois, j’y arriverais, mais pas sur une période de 3 ou 4 mois.

Je m’étais donc levé, j’avais préparé mon café alors que Hugh était parti faire son jogging pour maintenir son corps d’acteur en forme. Five allait avoir une forme d’enfer ! Datalore, par contre… Je me réjouissais de voir les trucs qu’allaient utiliser l’équipe de maquillage et l’uniforme qu’on allait me donner pour que ça ne se voit pas trop que j’avais bien pris 15 kilos depuis la première apparition de Datalore.

Mais il était hors de question que j’aille courir ! Je ne voulais pas mourir d’une crise cardiaque à 50 ans !

Mon café prêt, je m’en étais servi un grand mug et je m’étais assis à la table de ma cuisine, le script en main.

Datalore avait de superbe partie, de superbe échange, parfois drôle, parfois profonds qui posaient des questions éthiques ou philosophiques. A l’époque à laquelle nous étions, où les avancées technologiques commençaient à s’emballer pour évoluer de plus en plus vite, un personnage androïde n’était pas dénué de sens… Encore bien plus que dans les années 70 !

Je déclamais mes répliques tout haut, même si j’étais tout seul. Je le faisais exprès parce que je devais faire extrêmement attention à ne pas utiliser de contractions en parlant. Ce qui voulait dire que je ne pouvais pas dire « J’suis » ou « j’sais pas »… Je devais prononcer toutes les lettres et avoir une diction parfaite. C’était notamment ce qui permettait aux autres personnages de la série de différencier Datalore de son frère maléfique, Ram.

J’étais en plein déclamation d’une phrase quand la sonnette retentit ! J’avais un visiteur et j’étais en boxer dans mon appartement ! Etant seul, je n’avais même pas pris la peine d’enfiler mon peignoir, ni même un t-shirt ! Je me levai donc brusquement, et cherchai après un t-shirt. La sonnette retentit une deuxième fois.

-Laisse-moi le temps, Shran !

Car il n’y avait que Shran qui pouvait être aussi insistant ! Je nouais mon peignoir autour de ma taille quand la sonnette retenti encore et j’allai finalement ouvrir.

Pour tomber sur Victor. Du coup, je fus surpris, ce qui était très difficile à cacher sur mon visage si expressif.

-Heu… Salut, Victor…

Je fis la moue.

-Oui, tu peux entrer, moi aussi j’ai à te parler de quelque chose d’important ! Tu tombes bien !

Je m’écartai pour le laisser entrer…

-Qu’est-ce qui t’amène dans mon appartement miteux ? Tu veux un café ?

Alors que je harcelais Brent en appuyant sur la sonnette à répétition, je l’entendis dire, de l’autre côté de la porte, de lui laisser le temps. En fait, il disait ça à Shran. Il pensait que c’était son abruti de meilleur ami communiste qui venait sonner à sa porte ! Je fis la moue prenant ça pour une insulte alors que je savais très bien que Brent ignorait que j’étais celui qui se présentait chez lui ce presque midi.

Pour la cause, je sonnai une fois de plus jusqu’à ce que Brent vienne ouvrir seulement vêtu d’un peignoir… Charmant ! Il devrait éviter d’exposer ça à ses visiteurs… Brent était surpris de me voir. Il s’attendait à Shran. J’étais l’opposé de Shran. Je comprenais, donc, sa surprise.

Je le saluai à mon tour clamant que j’avais quelque chose d’important à lui demander… Visiblement, lui aussi ce qui me fait plisser les yeux. Qu’as-t’il de si important à me dire, hein ? Il a besoin d’un avocat ou quoi ? Un de ses protégés à fait une frasques ? Si c’est le cas, je parie sur Nameless ou Livia parce que je vois mal la petite brebis effrayée faire un pas de travers…

-Ah oui ? Tiens, donc…

J’esquissai un petit sourire avant d’entrer dans l’appartement minuscule de Brent. Avec l’argent qu’il gagnait il pourrait sincèrement penser à trouver mieux que ce taudis bien trop cher. Je regardais autour de moi remarquant qu’il y avait des couvertures bien rangée sur le fauteuil de Brent… D’autres indices me faisait penser que Brento hébergeait quelqu’un. C’était évident… Qui ? L’un de ses poulains. Nameless ? MTI ne les paye pas ? Non, ça m’étonnerais.

Je me devrais d’éclaircir ce mystère !

Brento demanda ce qui m’amenait et si je voulais un café.

-Ouais. Un café, je veux bien. Et ce qui m’amène, c’est mon procès…

Je m’installai sans vraiment y être invité, à la table de la cuisine pendant que Brenty s’occupait de faire du café. Je vis alors ce qui me semblait être un script sur la table juste devant moi. Mon regard s’y attarda… C’était le script de Spaceship ! Est-ce que ça voulait dire que Brento allait revenir trainer son cul sur le tournage de la série de Shran ? Si c’est le cas, ça veut dire que Stephen est vraiment désespéré par les pertes d’audiences de sa série. L’idée me fit ricaner intérieurement.

Je relevai le regard gardant mes réflexions là-dessus pour plus tard. Je devais d’abord convaincre Brent.

-Je ne sais pas si tu le sais mais je suis envoyé en justice par le petit ami de Willow Ford… Il m’a provoqué lors d’une des fêtes organisée par Jessica Hill et je l’ai frappé. Je suis en train de préparé mon procès pour coup et blessure volontaire. Je suis en tain de rassembler des témoins de moralité. J’ai pensé à toi pour ça, entre autres. Tout ce que tu auras à dire c’est que je ne suis pas de nature violent. Que je suis quelqu’un de réfléchis et raisonnable… Tu vois le genre ?

Si je fus surpris de trouver Victor derrière ma porte, seul et pas avec Carrie, je le fus d’autant plus qu’il ne fit aucun commentaire sur ma tenue alors qu’il était pratiquement midi. Cette petite pique manquée me fit penser que si Victor était là, c’était pour obtenir quelque chose.

Il ne serait jamais venu tout seul pour une simple visite de courtoisie, de toute façon.

Mais puisqu’il avait quelque chose d’important à me dire, j’allais en profiter pour lui dire moi aussi ce que j’avais à lui dire ! A cela, il répondit avec un sourire sarcastique, mais j’espérais bien le lui effacer assez vite. Je n’avais pas du tout apprécié ce qu’il avait fait à Shran lors du concert de The Lightening au Hollywood Bowl.

Et j’avais toujours été franc avec Victor, comme avec tout le monde, d’ailleurs. Alors je n’allais pas changer mes habitudes.

Cependant, je n’oubliais pas mes bonnes manières et proposai un café au jeune avocat, en profitant pour m’en resservir un en même temps. Victor, lui, s’installa à table comme chez lui. Cela ne me dérangeait pas. Victor n’était pas un étranger, il faisait d’ailleurs partie de ma famille ou tout du moins, c’était comme ça que je le voyais.

J’avais fait exprès de lui servir son café dans un mug à l’effigie de Spaceship, cette série qu’il disait communiste et qu’il détestait tant.

Ensuite, je m’installai face à lui. Ce qui l’amenait donc aujourd’hui, c’était son procès. Je fronçai des sourcils perplexes, parce que je ne voyais pas vraiment ce que je venais faire là-dedans.

-Oui, je suis au courant pour ton procès… Mais je n’étais pas présent à cette fête chez Jessica Hill…

Si j’avais été présent, peut-être que j’aurais pu éviter au petit-ami de Willow de se faire massacrer gratuitement et à Victor d’être amené à passer devant le tribunal comme accusé. Mais bon, je ne pouvais pas être partout à la fois non plus !

Victor se lança donc dans une belle et longue explication du pourquoi du comment il était ici et ce qu’il attendait de moi. Victor adorait parler. Il pouvait enchaîner des phrases et des phrases sans jamais se fatiguer… Mais comme il avait un certain bagout… un bagout plutôt acerbe, on ne pouvait s’empêcher de l’écouter. C’était probablement sa plus grande force en tant qu’avocat.

Mais quand il annonça qu’il voulait que je sois son témoin de moralité, je le regardai de plus en plus sceptique.

-Victor… Je ne peux pas mentir sous serment, tu le sais, ça ?

Je pris une gorgée de café.

-Le fait est que tu es violent quand tu fais des crises de colère. Quant à être réfléchi et raisonnable… Trouves-tu que verser un cocktail collant sur la tête de Shran était un comportement réfléchi et raisonnable ?

Je soupirai et m’affalai un peu plus sur ma chaise, écartant les bras en signe d’impuissance.

-Tu as même fait un détour pour ça ! Donc c’était prémédité… Et tu veux que je t’aide, maintenant ?

Je m’étais installé dans la cuisine de Brent qui venait, visiblement, de se lever. Je le vois surtout à son peignoir plus qu’à ses cheveux décoiffé parce que Brent a toujours les cheveux décoiffés. Comme s’il était incapable d’utiliser un peigne ! Ce n’est quand même pas si compliqué !

Bref, en quelques regards j’avais pu autant voir que quelqu’un squattais chez Brent que le script de Spaceship mise en évidence sur la table de la cuisine. Deux informations qui me paraissaient pas mal précieuse ! Surtout celle concernant Spaceship ! Parce que je savais que Brent avait eu un rôle dans la série il y a des années d’ici. Ça sentait le retour de son personnage. Une information que la presse serait contente d’avoir avant que les gens ne découvrent ça sur le petit écran !

Mais loin de moi l’idée de faire ce coup de pute avant mon procès. Aujourd’hui, j’étais surtout ici pour convaincre Brent de jouer les témoins de moralité. Il me servit, tout d’abord, un café dans un mug à l’effigie de Spaceship… De quoi me faire faire la moue. Je me retins de dire que si je buvais ce foutu café, j’allais me transformer en communiste ! Et je n’avais aucune envie de partager les idées déviantes du meilleur ami de Brent !

Ainsi, je me contentai d’un regard sceptique envers Brent qui voulait tout dire. Je ne touchai pas au café tout de suite. Je devais d’abord expliquer les raisons de ma visite. Après ma mise en contexte, j’appris, de la part de Brent qu’il était au courant pour mon procès mais qu’il n’avait pas été témoin de la scène n’ayant pas été présent lors de cette fête. Je fis une petite moue.

-Laisse-moi devinez… C’est Carrie qui te l’a dit ?

Ça ne m’étonnerait pas ! Carrie a l’art de se confier à Brent !

Bref, peu important, finalement, comment il l’avait su. Je voyais bien que ce qu’il voulait dire c’était qu’il n’avait pas été là, donc, qu’il ne me servira a rien. Sauf que j’étais ici pour trouver un témoin de moralité ce que je lui expliquais en essayant, déjà, de le convaincre d’accepter sans trop broncher.

Sauf qu’il rétorqua qu’il ne pouvait pas mentir sous serment ! Ça commençait bien ! Je plissai des yeux fixant Brent et j’allais demander ce qu’il voulait dire par là mais il s’expliqua directement. Il affirma que je pouvais être violent ce qui me fit rouler des yeux… Ouais ! Il m’arrive de frapper des gens ! Mais je ne suis pas le seul dans ce cas ! Ce que je veux dire, c’est que je ne suis pas plus violent qu’un autre ! Quant au reste, Brent ne tarda pas à me remettre devant le nez ce que j’avais fait à son meilleur ami lors du concert ennuyeux de The Lightening !

Je soupirai d’un soupire agacé. Vous trouverez toujours un Brent Hughes pour venir à la rescousse de Stephen Shran ! Ces deux là seraient en couple que ça ne serait une surprise pour personne. S’en était pathétique !

-Ce n’était qu’une petit blague, hein ! On ne peut plus s’amuser ? Ok, je n’aurais pas dû faire ça, tu es content ? Je m’ennuyais… Tu ne vas pas me laisser en plan et me faire risquer la prison juste parce que j’ai un peu énervé ton meilleur ami, hein ? C’est disproportionné, tu ne trouves pas ?

J’essayais de rester calme mais mon agacement était palpable. Je fronçais les sourcils. Il faut que je change de tactique pour convaincre Brent. Quitte à courber un peu l’échine.

-Il est vrai que je m’emballe parfois… Que je fais parfois des choses stupides… Mais, soyons honnête, Brent… Je ne fais rien de pire que Shran, par exemple. N’a-t-il pas récemment failli tuer un journaliste au fusil de chasse ? Je trouve que c’est violent, irréfléchis et pas vraiment raisonnable. Malgré ça, avoue que tu aurais quand même jouer les témoins de moralités pour lui s’il avait été envoyé devant le juge ! Parjure ou non! Pourquoi tu ne le ferais pas pour moi ? On est de la même famille !

Par alliance, on l’était !

Etant toujours un peu à côté de mes pompes concernant certaines choses et loin d’être un paranoïaque comme mon ami Shran, je ne me rendais pas compte en laissant entrer Victor, de tous les indices que je mettais à sa disposition. Les deux plus flagrants étant le script qui trainait sur la table de la cuisine et les légères traces bien rangées que laissaient Hugh quand il quittait l’appartement.

Déjà que je m’attendais à voir Shran derrière ma porte et pas Victor… J’étais trop pris au dépourvu pour me soucier de quoi que ce soit, en fait…

Je lui servis du café dans un mug à l’effigie de Spaceship et la tête qu’il fit, sans pour autant faire de commentaire tout haut, allait rester dans les annales de mes souvenirs ! Et s’il ne disait rien, pas même une petite réflexion, c’était qu’il avait vraiment quelque chose d’important à demander !

Et comme de fait, quand il entra dans le vif du sujet, il ne me fallut pas longtemps pour capter qu’il n’était pas, dans cette conversation, en position de force. C’était lui qui quémandait quelque chose, pas moi.

Je savais, en effet, pour le procès qu’avait intenté contre lui le nouveau petit-ami (et si ça se trouvait, déjà ex-petit-ami, au train où vont les choses dans la jet-set) de Willow Ford.

Direct, il pensa que c’était Carrie qui m’avait vendu la mèche.

-Carrie me l’a dit, mais je le savais déjà avant, sauf que ce n’étaient que des rumeurs. Tu sais comme les nouvelles vont vite, dans la jet-set.

Victor voulait donc, ce qu’il me fit comprendre par une longue explication qui ressemblait déjà à un plaidoyer, que je sois son témoin de moralité. Je devrais donc, sous serment, certifier que Victor n’était pas l’homme violent, irréfléchi, impulsif, déraisonnable, sans parler du fait qu’il était raciste, homophobe et encore probablement bien d’autres choses se terminant par le suffixe « phobe »…

Je n’étais pas sûr de pouvoir faire ça. Mentir sous serment était un crime. Et en plus, je n’avais pas vraiment envie d’aider Victor après ce qu’il avait fait à Shran au concert de The Lightening au Hollywood Bowl. Il lui avait clairement gâché la soirée, le condamnant à subir un mal de crâne abominable parce que Shran ne pouvait pas s’empêcher de s’énerver plus que Victor ne le méritait pour son geste.

Mais encore une fois, Victor pris sa propre défense. Et si son histoire de « petite blague » juste pour « s’amuser » me fit faire la moue, le fait qu’il dise direct que ce qu’il avait fait, il n’aurait pas dû le faire me signalait, une fois de plus, que Victor n’avait vraiment pas envie de mettre les pieds en prison, même pour une semaine.

Pourtant, purée, ça lui ferait un peu les pieds.

Mais je ne pouvais pas faire ça à Carrie, ni même à Victor… Je n’étais pas comme ça.

-Disproportionné pour ce que tu as fait à Shran, peut-être… Mais il parait que l’autre gars dont j’ai oublié le nom, tu l’as démoli… Si la police ne t’avait pas arrêté, tu aurais été jusqu’où, Victor ? C’est ça que je me demande. Je sais comment tu es quand tu t’emballes.

Heureusement, jusqu’ici, il y avait toujours eu quelqu’un pour le stopper dans son élan destructeur.

Il reconnaissait qu’il s’emballait parfois et qu’il faisait des choses stupides. Quand il prononça cette phrase, je le regardai avec mon air le plus étonné. Ce n’était pas dans les habitudes de mon neveu par alliance de faire ce genre de déclaration.

Seulement, c’était juste pour mieux rebondir sur ce que Shran avait fait récemment et que tout le monde savait parce que Sørensen n’avait pas su retenir sa plume, comme toujours…  

Tout ça pour conclure que ce qu’il me demandait aujourd’hui, il savait pertinemment que je l’aurais fait pour Shran quitte à me parjurer…

Je soupirai et me laissai aller contre le dossier de ma chaise en regardant Victor. Il avait raison. Je n’allais pas le contredire parce qu’il savait très bien qu’il avait raison.

Je fis la moue, réfléchissant pendant quelques longues secondes.

-Ok. Disons que je vais faire ça pour toi cette fois-ci parce que c’est la première fois que les choses vont aussi loin. MAIS je ne le ferai qu’une fois. Et pas sans contrepartie.

Je le regardai dans les yeux.

-Je ne le ferai que si tu vas faire de plates excuses à Shran.

Je savais que rien n’emmerderait plus l’avocat que d’être obligé d’aller s’excuser la queue entre les jambes à mon meilleur ami. Et je savais que ça ferait grand plaisir à Shran de voir un tel spectacle.

Brent, qui avait osé me servir du café dans une immonde tasse communiste, était au courant pour ce qu’il s’était passé entre moi et le petit ami de Willow. Et si je croyais Carrie coupable d’avoir vendu la mèche à son oncle, c’était surtout les rumeurs émanent de la jet-set qui l’avait mis au courant… Carrie, n’avait, finalement, fait que les confirmer… Je fis la moue.

-Moui, je me doute que Jessica Hill a eu tôt fait de répandre la nouvelle partout…  

Elle me déteste, la Jessica. Tout ça parce que j’ai osé rentré dans son portail avec ma voiture et démoli ses fleurs. Mais cette garce est tellement rancunière qu’elle m’en voudra encore même quand elle aura oublié pourquoi elle m’en veut !

Bon ! J’en étais venu au fait demandant clairement à Brent de jouer les témoins de moralité. Sauf qu’il avait peur du parjure et n’hésita pas à me remettre devant le nez ce que j’avais fait à son meilleur ami au concert de The Lightening. Brent exagérait un peu ! Shran n’est pas mort ! Ce n’était qu’une petite blague !

C’est ce que je dis prenant ma propre défense mais y allant de quelques phrases afin d’atténuer les choses. Je savais que je n’étais pas en position de force. Prétendre le contraire aurait été bien stupide de ma part alors j’avais simplement ajouté que j’aurais dû éviter de verser mon immonde cocktail bon marché sur la tête de ce foutu communiste nain.

Mais je ne pus m’empêcher de signaler à Brent que ne pas témoigner pour moi était une sanction trop forte comparé à ce que j’avais fait à Stephen Shran. Il confirma mais souligna la violence de mon acte… Je soupirai montrant mon impatience et mon agacement. Ce procès me bouffait du temps et des nerfs et je détestais, en général, qu’on évoque mes crises de colère.

-Les faits sont largement exagérés. Il n’avait rien de grave. Je sais me contrôler, Brent. Et, n’importe qui qui aurait été insulté comme ce type m’a insulté, aurait péter un câble. Peut-être pas toi mais les gens normaux, si ! Je sais m’arrêter au bon moment.

Non. Je ne savais pas m’arrêter. Je le savais. Je savais que j’avais souvent eu de la chance de ne pas être seul dans ce genre de situation. Quand j’étais hors de moi, j’étais incapable de réfléchir. Ce genre de chose m’avait coûté ma place à Harvard ! Et je savais que Brent allait prendre mes paroles pour un mensonge. S’en était un mais je ne voulais pas avoué que je perdais bien trop souvent le contrôle.

Je ne cachai quand même pas qu’il m’arrivait de m’emballer et qu’il m’arrivait de faire des choses stupides. Il fallait que je fasse, un peu amande honorable afin de faire avaler la couleuvre à Brent et l’exhorter à témoigner. C’était le seul moyen. Et, pour ça, j’utilisais une arme : celle de son amitié avec Shran.

Et ça fonctionna… Brent se mit à faire la moue et un silence s’installa. Je savais que si, par exemple, Shran avait blessé Sørensen avec son fusil de chasse, Brent aurait été le premier à jouer les témoins de moralité pour Shran quitte à mentir. Car il aurait dû mentir. Le réalisateur a des soucis de contrôle lui aussi, après tout !

Il ne put faire autrement que constater que j’avais raison et mon petit sourire revint quand il accepta de jouer les témoins de moralité pour moi me signalant bien que ça sera la première et la dernière fois qu’il le fera.

Mais mon sourire disparu quand il demanda une contrepartie… Celle de m’excuser à ce foutu communiste !

-Quoi ?!

Je m’exclamai outré par la demande de Brent. M’excuser c’était quelque chose que je ne faisais jamais ! Surtout à Shran ! Sauf que ce foutu vieil homme savait que je n’aurais d’autre choix que d’accepter !

J’affichai un air contrarié.

-Je n’ai pas le choix, hein ! Et tu le sais… D’accord ! J’irais m’excuser au communiste nain vu que tu ne me laisse pas d’alternative… Mais par téléphone ! Aucune envie de me faire flinguer en entrant dans son bunker super-sécurisé ! Mais, en échange, tu auras intérêt à être convainquant face au juge, hein !

J’allais devoir marché sur ma fierté. Mais je préférais ça que la taule ! Il faut choisir ses combats !

J’avais encore moins envie de boire ce café, du coup ! Et c’est toujours contrarié, que je reposai mon regard sur Brent.

-Et c’est quoi la chose que tu dois me dire, hein ?

Ouais, parce qu’il m’avait dit, quand je suis entré, qu’il avait aussi quelque chose d’important à me dire…

Je regardai alors vers le fauteuil.

-Et tu héberges quelqu’un ? Qui ? Ne me dis pas que tu ouvres ton appartement à des SDF, hein… Ils portent des maladies, tu sais ça ?

Il serait bien capable !

Je haussai les épaules et pinçai les lèvres d’un air un peu désolé quand Victor se rendit compte que je n’avais pas besoin de Carrie pour savoir qu’il avait fait une connerie. Tout le monde cancanait dans la jet-set et si certaines choses étaient montées de toute pièce, il n’en restait pas moins qu’en général, dans toute histoire grandiose, il y avait une minuscule part de vérité.

Or, dans ce cas-ci, puisque Victor était en procès, il n’y avait pas qu’une petite part de vrai…

-Jessica, Willow… L’histoire diffère un peu selon les personnes à qui on parle mais je sais que tu as frappé quelqu’un au point que la police a dû intervenir.

Bref, du coup, Victor voulait que je sois son témoin de moralité, que je le défende… Que je lui sauve son cul du merdier dans lequel il s’était jeté sur un coup de colère. Mais dans un premier temps, je ne sus pas vraiment si j’avais envie de le faire. Si Victor méritait vraiment l’aide qu’il demandait ou si, pour une fois, devoir assumer les conséquences de ses actes lui ferait du bien.

Alors je lui expliquai les éléments qui me faisaient plus qu’hésiter. Ce qu’il avait fait dernièrement à Shran était bien la preuve que c’était un foutu provocateur et qu’il se retrouverait, avec ce comportement-là, encore bien souvent dans des situations qui pouvaient dégénérer.

Il essaya encore de se défendre en disant que l’homme qu’il avait agressé n’avait rien de grave. Qu’il savait se contrôler, ce qui fit changer l’expression de mon visage pour quelque chose de plus que sceptique… plutôt un silencieux : « Tu me prends pour un imbécile ? »…

-Je te connais depuis l’enfance, Victor. Tu n’as jamais su t’arrêter. Est-ce que je dois te rappeler ta première cuite ?

Le jour où Victoria l’avait perdu dans la foule du Rainbow… C’était le Rainbow ? Non… je ne savais plus. J’étais bourré aussi ce soir-là… Mais je me rappelais très bien avoir raccompagné Vicky et son très jeune frère jusque chez eux et n’être reparti que tard le lendemain matin.

Comme contre-attaque à mes arguments, Victor souligna que si c’était Shran qui était venu me demander ce genre d’aide, puisque Shran ne savait pas se contrôler non plus, j’aurais accepté sans hésiter. Et évidemment, l’avocat avait en plus les informations rapportées par Sørensen pour appuyer son argumentaire.

J’hésitai jusqu’à avoir une illumination. Une idée qui réglerait pas mal de chose… J’allais éviter la prison à Victor, mais il n’en serait pas moins puni pour autant !

Je voulais qu’il fasse ses excuses à Shran.

Et je fus plutôt ravi de l’expression de Victor à ce moment-là. Parce que je savais que mon but était déjà atteint. Il était contrarié à mort ! Et si j’avais envie d’éclater de rire, je me retenais. Je voulais punir Victor pour ce qu’il avait fait. Mais je trouvais inutile d’aller jusqu’à l’humilier. Je n’étais pas comme ça.

Mais je souris quand même quand il finit par accepter le deal. Mais s’il devait s’excuser, ce serait par téléphone parce qu’il avait peur de se faire flinguer s’il marchait sur les plates-bandes de Shran.

-C’est le fusil de chasse qui te fait peur ? Ou l’effet que ça te fera de voir l’expression de Shran en te voyant rappliquer la queue entre les jambes ? Mon but n’est pas de t’humilier. Je veux juste que tu comprennes que tout acte entraîne des conséquences et que ce n’est pas parce que tu t’appelles Victor Hunter que tu es au-dessus de tout.

Je le regardai dans les yeux.

-Mais bon… va pour le téléphone. Et je le saurai si tu ne le fais pas. Une fois que ce sera fait, tu pourras compter sur ma plus belle prestation au tribunal.

Il me demanda alors ce que moi, j’avais d’important à lui dire. Je souris et repris une gorgée de café avant qu’il ne refroidisse.

-C’est fait. Je voulais te dire combien ce que tu avais fait à Shran au Hollywood Bowl était regrettable. Mais j’ai eu bien plus que ça au final.

Puisque j’avais gagné des excuses.

Puis il regarda le divan et je suivi son regard. Mais pas tracassé comme j’étais, je ne remarquai même pas que pour Victor, la présence des couvertures trahissait la présence d’une autre personne vivant dans l’appartement. Et là, je retrouvai ce bon vieux Victor et ses réflexions plus que douteuses…

-A des SDF ? Non… J’héberge Hugh Crusher. Il a bien un appartement, mais ne supporte pas la solitude. Il n’y a pas de mal à rendre service. Qu’est-ce que ça peut te faire ?

Je ne me tracassais pas parce que même L.A. People ne trouverait aucun intérêt à raconter ça…

L’histoire était un peu plus compliquée que ce que les rumeurs disaient. La police ayant été appelée avant même que je ne frappe cet abruti. Jessica Hill avait appelé les flics parce qu’elle voulait simplement me faire virer de sa fête !

Mais loin de moi l’idée de raconter tout ça maintenant à Brent. Je lui fournirais toutes les informations quand il aura accepté de jouer les témoins de moralité. Pour ça, je sortis tout mon arsenal afin de le convaincre. Je n’avais pas le choix… Je ne pouvais pas jouer au plus malin sur ce coup-ci mais mettre un peu d’eau dans mon vin pour que l’oncle de Carrie accepte !

Je détestais être en position de faiblesse mais je savais comment procéder quand j’y étais !

J’essayais de mettre en avant que ce que j’avais fait au petit ami de Willow n’était pas aussi grave que ce qu’en disaient les rumeurs. Que je savais arrêter à temps. Que quiconque aurait frappé ce mec tellement il avait été insultant. Je minimisais la crise de colère que j’avais faite sachant très bien que Brent ne serait pas dupe. Mais on ne peut pas m’empêcher au moins d’essayer… Sauf que ça ne prit, effectivement, pas alors que Brent déclara qu’il me connaissait depuis que j’étais enfant et qu’il savait que je ne savais pas m’arrêter. Il avait même une assez bonne mémoire pour se rappeler de ma première cuite. Je m’en rappelais aussi ! J’avais 9 ans. Je fis la moue.

-Inutile de me rappeler ça, ok ? Je ne sais peut-être pas toujours m’arrêter mais ce type a été insultant. Quand on insulte quelqu’un, il faut s’attendre à des conséquences. Il m’a provoqué. Il est tout aussi en faute !

Je l’aurais frappé sans raison, là, ça aurait été différent. Mais ce n’était pas le cas. Je grommelai :

-Je me demande comment Willow a pu s’enticher d’un type pareil. Il n’avait rien n’à foutre à la fête de Jessica. Il n’y avait pas sa place ! Il se croyait supérieur à toute la jet-set !

Ce n’était qu’un petit travailleur social qui ne connait absolument rien au monde des riches. Il crache dessus sans connaitre !

Bon ! Le fait est que j’avais encore des arguments à distiller et que, pour ça, je réussis à retourner l’argument « Shran » contre Brent. Ça fut efficace. Je savais que Brent ne pouvait pas décemment me dire qu’il mentirait bien pour Shran mais pas pour moi. Pas forcément pour ma réaction à moi mais pour celle de Carrie, sans doute.

Sauf que Brent, s’il se voyait contraint d’accepter, ne tarda pas à demander un contrepartie des plus humiliantes ! J’allais devoir m’excuser à cet espèce de communiste hyperactif et parano ! Je n’avais pu m’empêcher de montrer ma totale insatisfaction mais j’étais contraint, moi aussi, d’accepter !

Mieux valait ça que la taule ! Mais je refusais de le faire en face à face. Je préférais utiliser le téléphone. Car, ouais, j’avais bien peur que ce cinglé ne me tue à coup de fusil de chasse. Quoi que je n’avais pas non plus envie de voir le réalisateur jubiler parce que je venais lui faire ces foutues excuses. Ainsi, quand Brent s’amusa de ça, je fis une moue extrêmement boudeuse. Et après, il vient dire que son but n’est pas de m’humilier ?! Je le foudroyai du regard.

-C’est tout de même une humiliation ! Et, ouais, le fusil de chasse ne donne pas vraiment envie d’aller se balader chez lui ! Un jour, ça sera lui qui finira sur le banc des accusé, Brent… Et il ne faudra pas compter sur moi pour jouer les avocats ! Ton ami communiste est cinglé. Il y a des médecins pour ça !

Quant au fait que je me croyais au-dessus de tout, je ne fis pas de commentaire. J’étais au courant de ça ! J’avais déjà eu quelques retours de flammes quoi qu’en pense Brent. Le plus gros ayant été à la fin de mes études à Fairfax. Mais je doutais que Brent soit au courant de cette histoire !

Le téléphone suffisait à Brent ce qui m’arrangeait. Il affirma qu’il saura si je l’avais fait ou non. Ouais, j’imaginais bien que Shran allait directement lui faire un retour. Ils sont comme cul et chemise !

-Tu auras intérêt à sortir ta meilleur prestation ! Si ce n’est pas le cas, je me sentirais réellement floué !

Je dis ça sur un ton qui montrait toute ma mauvaise humeur vis-à-vis de la demande de Brent.

Je finis par demander ce qu’il avait d’important à me dire mais, visiblement, il voulait simplement me dire ce qu’il m’avait déjà dit… En gros, qu’il n’avait pas aimé ce que j’avais fait à son petit ami lors du concert de The Lightening. Je roulai des yeux.

-Et c’était réellement si important ? Il s’en est sûrement remis, depuis, tu sais !

Quoi qu’il était peut-être rancunier, le Shran… Quoi qu’il en soit, Brent semblait fier d’avoir réussi à m’arracher des excuses !

Bref… Cette conversation, comme prévu, m’avait légèrement agacée. Alors, j’avais décidé d’en changer et d’essayer de savoir qui squattait ici. Quand j’appris que c’était Hugh Crusher, ma première réaction fut d’éclater de rire… Brent héberge Hugh Crusher parce que le pauvre petit latino fragile est incapable de vivre seul ? Après un moment, je me repris pour afficher un petit sourire en coin.

-Tu n’as peur de rien, hein, toi… Héberger Hugh Crusher… J’espère que tu fermes bien ta porte à clé quand tu vas à la salle de bain. Je sais qu’il squattait chez Jessica Hill avant… Il a troqué une villa pour un appartement miteux ? Moi, je serais toi, je me poserais des questions, hein ! Tu sais qu’il est de l’autre bord, au moins ? Tu n’as pas peur ?

Hey ! Brent est de ma famille, hein ! C’est de mon devoir de le mettre en garde non ? Parce que je savais que Brent n’était pas de l’autre bord avec toute les fois où il s’est tapé ma sœur !

Je pris alors, d’un coup, le script de Spaceship pour commencer à franchement le feuilleter. J’y vais, à la volée, quelques noms, comme « Five » ou « Datalore ». Je n’avais vu que quelques épisodes de cette série aussi merdique que moralisatrice… Mais je connaissais quand même les personnages incarnés par Brent et Crusher.

-Oh mais tiens ! On dirait que tu vas reprendre du service ! Et Crusher aussi ? C’est pas du réchauffé, ça ?

Victor était venu me demander d’être son témoin de moralité à son procès. Je fus un peu dubitatif au début. Mentir sous serment ne me disait rien, mais c’était sans compter sur les arguments d’Hunter. C’était pas pour rien qu’il était avocat ! C’était peut-être un petit merdeux bourré de défaut, dans un tribunal, je savais qu’il pouvait faire un malheur !

Pour contre argumenter, je lui rappelai que je le connaissais comme si je l’avais fait. Je connaissais sa tendance à perdre les pédales et à ne pas savoir contrôler sa colère. Pour illustrer mes propos, je n’hésitai pas à lui rappeler sa toute première cuite, quand il avait vomi sur mes chaussures après avoir provoqué un latino si gros qu’on pouvait mettre 8 petits Hunter dedans en le traitant de bouffeur de churros. J’avais aussi pris un coup de poing en pleine figure ce soir-là, pour avoir essayé de le tirer d’affaire.

Apparemment, c’était un épisode que Victor préférait oublier. Il s’était fait insulter, disait-il…

Je fis la moue.

-Insulté par quoi ? Par la présence d’un gars dont tu estimais qu’il n’avait pas sa place sur ton territoire ? Je te le répète, Victor… Je te connais.

Il grommela à propos de Willow Ford qui ne savait pas choisir ses petits-amis, confirmant exactement tout ce que je venais de dire.

Je le regardai dans les yeux.

-Toi aussi, tu te considères supérieur à tout le monde, Victor… Ce que tu as fait, c’est frapper sur un miroir.

Bref, tout bien réfléchi, il y avait peut-être quelque chose à tirer de toute cette histoire : si j’acceptais d’être le témoin de moralité de Victor, je pouvais lui demander quelque chose en échange… Et le punir en même temps peut-être bien plus efficacement que s’il avait fait un petit séjour en prison. Parce que s’il se retrouvait derrière les barreaux, j’étais certain qu’une fois sorti de là, il serait encore capable de jouer les bad boys et de frimer avec ça…

Tandis qu’il ne frimerait jamais avec le fait d’avoir dû faire des excuses à Stephen Shran. C’était sévère, peut-être, mais je ne trouvais pas ça humiliant. Mais Victor bien. Il répéta alors que Shran allait un jour tomber sur un os à se comporter comme il le faisait et qu’il devait aller se faire soigner.

Je fis un signe d’apaisement.

-Laisse-moi m’occuper de Shran. Toi, passe ton coup de fil et tu auras ce que tu es venu chercher ici aujourd’hui.

Mais Victor me prévint : j’avais intérêt à être bon. J’eus un sourire espiègle.

-Il parait que je ne suis pas si mal, comme acteur. Alors ne t’en fait pas.

Quant à ce que j’avais à lui dire d’important, c’était fait. Alors Victor me demanda qui j’hébergeais. Je ne voyais pas de raison de mentir ou de garder le secret alors je lui parlai de Hugh… Et ça le fis éclater de rire… Je pouffai moi-même d’un rire incertain plus par mimétisme qu’autre chose, mais c’était un rire qui trahissait clairement mon incompréhension devant l’hilarité de l’avocat.

-Bah quoi ? Je sais que tu ne sais pas ce que c’est que de rendre service, mais quand même.

Alors Victor m’expliqua… A sa façon, évidemment, avec sarcasme, cynisme et moquerie. Et je compris assez vite les allusions de l’avocat. Hugh était homosexuel et il le savait… Moi aussi, je le savais parce que récemment, l’acteur m’avait parlé de son attirance pour River Moriarty. Je fronçai les sourcils, mais j’avais quand même le sourire, sachant que Victor faisait encore preuve de sa plus belle étroitesse d’esprit.

-Pourquoi j’aurais peur ? Victor… Les homosexuels ne sont pas plus incontrôlables que les hétérosexuels. Hugh ne saute pas sur tout ce qui bouge, c’est même plutôt le contraire parce qu’il a peur de tomber sur des gens comme toi. Il n’est pas différent de toi et moi. L’amour et l’attirance sexuelle ne se choisissent pas. Ça te tombe dessus, c’est tout.

Je souris plus grand.

-En plus, je ne pense pas être du tout au goût de Hugh.

Et ce fut là que Victor chopa le script qui était devant moi. Je voulu le rattraper, sachant que Shran voulait que ça reste un secret et que je n’avais pas été prudent !

-Hey ! Non ! Ne lit pas !

Je me redressai légèrement et lui repris brutalement le script. Mais il avait déjà remarqué que Hugh et moi, on allait reprendre du service.

-Peut-être. La décision de Shran n’est pas encore définitive.

C’était faux, mais j’avais merdé et j’essayais de me rattraper, maintenant. Je fis la moue.

-Pourquoi ça serait du réchauffé ? Les gens ont adoré Five et Datalore… Pas toi, évidemment, mais heureusement, tout le monde n’est pas comme toi.

Je retournai le script face contre la table pour qu’il ne puisse plus en voir un mot.

J’essayais de me trouver des excuses sur ce qui avait provoqué ma crise de colère. Le fait est que le petit ami de Willow se prenait pour plus intelligent que n’importe quel membre de la jet-set. Certainement même plus que Willow elle-même. Il nous snobait se croyait plus vertueux que nous. Alors quand Brent déclara que j’avais simplement été énervé par sa présence, je fronçai les sourcils.

-On voit que tu n’était pas là. Certes, je n’ai jamais aimé qu’un type qui viens des caniveaux s’immisce dans la jet-set par procuration mais c’est encore pire quand le type en question se croit plus vertueux et plus intelligent que nous.

J’avais dit « nous » en incluant Brent dans le petit monde dans la jet-set. C’était par complaisance que j’avais dit ça. Car si Brent était légitime dans la jet-set, il n’en avait pas l’étoffe. Il avait toujours fait tâche à l’instar de son meilleur ami.

J’avais grommelé que Willow ne savait pas choisir ses petits amis. Il affirma que je me trouvait supérieur à tout le monde me faisant rouler des yeux.

-Ce n’est pas la même chose !

Ça ne l’était pas ! Mais je ne réussis pas à me justifier sur le coup. Le fait est que quand je me croyais supérieur à quelqu’un, c’est que je l’était ! Sauf que si je lançais ça, Brent allait avoir de l’eau en plus à son moulin !

Bref, je dus mettre beaucoup d’eau dans mon vin pour que Brent accepte de jouer les témoins de moralité. Notamment en acceptant une humiliation en allant présenter mes excuses à ce sale communiste de Stephen Shran. Un autre intrus de la jet-set !

J’acceptai non sans montrer que ça ne me plaisait guère mais je comptais présenter mes excuses à mes conditions. C’est-à-dire par téléphone ce que Brent accepta avant que je ne lui mette devant le nez que son pote avait un grain. Mais Brent ne s’en formalisa pas clamant qu’il s’occupait de Shran… Je fis la moue fronçant les sourcils.

-Je le passerais ton coup de fils…

Mais Brent devra être bon au tribunal… Il affirma alors qu’il était pas mauvais comme acteur et que je ne devais pas m’en faire. Est-ce qu’il dit ça parce qu’il a, un jour, jouer les androïdes dans la série à la con de son meilleur ami ? S’il a réussi à avoir ce rôle c’est uniquement parce qu’il est le meilleur ami de Shran !

Tout le monde sait ça.

-Je ne m’en ferais plus quand ce foutu procès sera terminé !

Finalement, je décidai de changer de sujet pour essayer de savoir qui Brent hébergeait dans son minuscule appartement. Il affirma que c’était Hugh Crusher de quoi provoqué mon hilarité. J’entendais Brent rire aussi mais son rire témoignait qu’il ignorait pourquoi je riais ainsi. Etait-il à ce point aveugle qu’il ignorait que Hugh était de l’autre bord ? Dans un premier temps, c’est ce que je crus alors que Brent pensait bien que je riais parce que j’étais incapable de comprendre ce que c’était que de rendre service. Le temps de me reprendre, je lui fis signe que ça n’avais rien n’à voir avec ça.

Et je m’expliquai me demandant sérieusement si Brent avait évalué les risques. Sauf que je compris très vite que Brent était bien au courant des tendances douteuses de Hugh Crusher… Mais il n’avait pas peur clamant que les homosexuels n’étaient pas plus incontrôlable que les hétérosexuels faisant disparaitre mon air moqueur pour un air bien plus sérieux. Ah oui ? Moi, je n’en suis pas sûr du tout ! Il affirma que Hugh, au contraire, se cachait parce qu’il avait peur des gens comme moi. Je ricanai.

-Si. Il est différent de toi et moi !

On pouvait sentir dans cette phrase tout mon sérieux et tout ce que je pensais de tout ça. Je n’étais pas comme Hugh. Je ne voulais pas croire que ses tendances n’avaient rien de différent des miennes.

Il affirma ne pas être du goût d’Huguette. Je perdis mon sérieux pour ricaner un peu.

-Tu as l’air bien au courant de ses goûts… Quoi ? Il préfère les plus jeunes ? Putain, ça m’étonne pas. Ce genre de cas préfère toujours les plus jeunes

Je grimaçai à ça avant d’être très réactif et de m’emparer du script qui trainait sur la table. J’avais été plus rapide que Brent dont les réflexes, à cette heure, était quasi inexistants. Puis, il est vieux, hein ! Jamais il ne pourrait aller plus vite que moi.

Il me lança de ne pas lire mais je réussis à choper quelques phrases du script avant qu’il ne le reprenne brutalement des mains m’arrachant un petit sourire moqueur.

Mais j’en avais vu assez pour tirer des conclusions. Et à Brent de dire que la décision de Shran n’était pas encore prise. Il me prends pour un con.

-J’ai l’air si con que ça, Brenty ? Shran a écrit plein de pages de scripts pour ne pas les utiliser ? C’est n’importe quoi ! Il est cinglé mais je sais aussi qu’il n’aime pas spécialement perdre son temps.

Je commençais à bien connaitre le cas depuis tant d’années.

Et, pour cause, ça semblait ne pas réellement plaire à Brent que je vois les retours de Datalore et Five comme du réchauffé.

-Parce que c’est du réchauffé ! Quand on fait revenir d’anciens personnages, c’est que, soit on a plus d’idées, soit on est désespéré. Vu le succès de Galactic Wars, je parie sur le désespoir.

J’esquissai un petit sourire avant de faire une petite moue.

-Je n’ai pas regardé beaucoup d’épisodes de Spaceship mais j’ai vu ceux avec Datalore parce que Carrie voulait absolument les voir et les revoir… Si je me rappelle bien c’est une sorte de robot, c’est ça ? Comment Shran va expliqué que ce fameux robot a pris vingt ans et est devenu bedonnant ?

Putain sûrement avec la « magie de la science-fiction ».

Comme je n’avais que le son de cloche de la jet-set et celui de Carrie sur ce qui s’était passé ce fameux soir chez Jessica Hill où Victor avait pété les plombs sur un gars dont il estimait qu’il n’avait rien à faire là, je trouvais intéressant d’avoir la version des faits de l’avocat.

Il ne niait rien. Il était simplement fidèle à lui-même. Victor avait des idées bien arrêtées et s’y tenait. Il disait presque toujours ce qu’il pensait comme il le pensait, sauf peut-être quand il avait quelque chose à gagner en mentant.

Il savait qu’avec moi, ce n’était pas le cas. Il n’aurait rien à gagner en mentant. Par contre, en disant comment il voyait, lui, les choses, je pouvais, sinon le comprendre ni l’approuver (loin de moi cette idée !) au moins, suivre sa logique conservatrice douteuse. Parce que dans son esprit à lui, tout ce qui s’était passé était légitime.

Il disait que le gars qu’il avait passé à tabac s’était cru plus vertueux et plus intelligent que les gens qui étaient également présents à la fête.

-Et c’est ça qui t’a mis hors de toi. Selon toi, s’il crache sur la jet-set, il n’avait rien à y faire au bras de Willow Ford.

Je n’avais jamais craché sur la jet-set… Mais je ne m’y étais jamais intégré non plus. Shran avait été un peu plus dur avec ce monde, surtout au début… Cependant, on avait vite eu compris qu’on avait plus à y gagner qu’à y perdre à fréquenter tous ces gens un peu artificiels.

Je me penchai un peu vers Hunter.

-Je vois ta logique. Mais, Victor, on ne massacre pas les gens pour ça. Tu es avocat, tu aurais pu simplement le détruire à coups de contre arguments. Une bonne vieille joute verbale ! Et tu aurais été le roi de la fête car tu aurais par là-même défendu la majorité des gens présents.

Quant à s’estimer supérieur aux autres, Victor ne pouvait pas reprocher à un autre ce qu’il faisait à longueur de journée. Mais il trouvait que ce n’était pas la même chose. Je soupirai.

-Si tu le dis.

Parfois, il fallait laisser couler un peu, avec Victor, sinon, j’étais parti pour l’héberger pendant trois jours parce que la conversation durerait trois jours.

Bref, pour ce qu’il était venu faire ici, tout était emballé : il ferait ses excuses à Shran par téléphone et moi, je témoignerais au tribunal en faveur de Victor. Je trouvais que c’était un très bon deal dans lequel Victor aurait quand même une leçon.

Du coup, Victor s’intéressa à tous les indices que j’avais laissés (forcément, je ne m’étais pas attendu à ce qu’il débarque et, en plus, je ne voyais pas de raison de cacher quoi que ce soit)… Je lui parlai donc de Hugh et apparemment, Victor était au courant du penchant de l’acteur pour les hommes. Une ignominie pour Victor qui en parlait comme s’il s’était agi de la pire erreur de la nature qui soit (mais il parlait de la même façon des latinos, des noirs et de tout ce qui, finalement, était un peu différent de lui)…

Il jurait que Hugh était différent de nous deux alors que moi, je ne voyais pas la différence.

-En quoi, Victor ? Il a le droit d’aimer qui il veut et de trouver le bonheur avec quelqu’un qui l’aime en retour. Ce sont ses affaires, sa vie privée.

Quant aux goûts du petit latino, je fis la moue quand Victor commença à spéculer.

-Je ne sais pas quel est son type d’homme, mais je sais que toi, tu n’as rien à craindre, si ça peut te rassurer.

Hugh n’aimait pas Victor et Victor ne l’aimait pas. Ça réglait le problème, non ?

Puis il me vola mon script et il eut le temps de lire quelques noms clés avant que je ne le récupère et le place face contre la table. J’essayai une manœuvre d’évitement en disant que ce n’était qu’un projet et que Shran n’avait pas encore arrêté sa décision sur le retour de Five et Datalore… mais comme le disait Victor, il n’était pas con. Il était beaucoup de chose, mais pas con au sens « bête » du terme.

Je fis la moue.

-Bon, tu as gagné. Mais je suis sur le point de te rendre service alors tient ta langue.

Sinon, Shran allait m’atomiser pour avoir été à l’origine de la fuite.

Quant à savoir si nos retours étaient du réchauffé, je n’étais pas d’accord avec Victor.

-En parlant de réchauffé, bois ton café avant qu’il soit froid.

Pour Victor, Shran était désespéré face au succès de Galactic Wars…

-Bien sûr que ça le turlupine. Mais Hugh et moi, on compte bien faire de notre retour quelque chose de bien plus intéressant qu’une simple stratégie marketing. On va se donner à fond.

On comptait bien transcender le scénario de Shran, qui, de mon humble avis, était très bon. Datalore, notamment, allait faire temporairement l’expérience de certaines émotions grâce à une puce électronique. Cela allait donner une sacrée dimension en plus.

Et ce fut là que Victor posa une question plus que pertinente. Je jouais… un…

-Un androïde. Pas un robot.

Bref… Comment allait-on expliquer que Datalore était devenu bedonnant et que ses cheveux bruns étaient devenus blanc.

-Ça, c’est un secret que ni Shran, ni Enora ne m’ont encore dévoilé. Donc, tu auras la surprise en même temps que tout le monde…

Je souris.

-En admettant que tu regardes ces épisodes… Ou alors tu as peur que la série te transforme en communiste homosexuel?

-Exactement ! Je déteste les gens qui arrivent sur un territoire qui n’est pas le leur et qui jouent au plus malin !

Je confirmais, donc, que c’est bien l’attitude du type qui m’avait mis hors de moi. C’est ce que j’avais dit, en soi. Le jet-set n’est pas un endroit pour un petit travailleur social qui hait les riche, que je sache ! S’il n’aime pas les riches, il n’a rien n’à faire avec Willow Ford !

Dans un sens Brent me comprenait mais affirmait que ce n’était pas une raison pour massacrer quelqu’un. Que j’aurais dû passer par les mots pour faire passer mon point à ce type au lieu de jouer de mes poings. Sauf que j’avais déjà été énervé par Jessica Hill un peu avant et que ça avait simplement été la goutte de trop.

Je fronçais les sourcils, assez agacé que Brent souligne mon manque de sang-froid.

-Et tu crois que ce genre de type comprends les mots ? Il vient du caniveau ! Il ne comprends que par les coups !

Voilà ! Telle était ma défense ! Pour moi, ce type n’aurais rien calé de mes mots. Il les aurait ignoré ou les auraient compris de travers pour les récupérer à son avantage. Je connais ce genre de personne. Un nez cassé, par contre, tout le monde comprends ça !

-Je n’ai fais que m’abaisser à son niveau de langage !

Brent n’alla pas plus avant quand qu’affirmai que, si je me prenais bien comme supérieur à certaines personnes, ce n’était pas pareil que ce qu’avait fait ce parvenu des caniveaux !

Je finis par me plier à la condition de Brent à contre cœur avant de changer de sujet et d’apprendre que Brent hébergeait, en fait, Hugh Crusher. Ça me fit rire aux éclats et je ne tardai pas à mettre en avant les penchants douteux de l’acteur latino. M’est d’avis que Brent devrait littéralement faire attention à son cul ! Sauf qu’il défendit Hugh clamant qu’il n’était pas différent de nous…

Si ! Il l’était !

C’est ce que je dis alors que Brent déclara que Hugh avait, aussi, le droit au bonheur et d’aimer qui il veut. Que tout ça était ses affaires privées. Je fis une moue avant d’hausser les épaules et d’afficher un air dégouter en spéculant sur les possibles goûts de Crusher. Brent tenta, je le suppose, de me rassurer en disant que je n’étais sans doute pas aux goût de Hugh. Je ricanai.

-Il serait bien masochiste si c’était le cas… Je plains le type qui sera dans son collimateur.

Il n’y avait rien de pire que d’être dragué par quelqu’un qu’on ne veut pas. Surtout quand ce dernier n’est pas du même bord ! Rien que l’idée me fit, à nouveau, grimacer.

Je finis par voler le script de Brent pour me rendre compte que les plans de Shran était de ramener Datalore et Five dans sa série. Du réchauffé, de mon avis ! Et je ne manquais pas de faire part de mon avis tout haut. Brent essaya de se rattraper déclarant que rien n’était inscrit dans la pierre mais je voyais mal Shran écrire un tas de feuille de script simplement pour un scénario qu’il ne compte, peut-être, pas utiliser. Ce qui conduit Brent à m’avouer la vérité non sans me dire de tenir ma langue. J’imagine bien que Shran sera furieux sur Brent si jamais l’information venait à fuiter. Ça serait bête de mettre à mal une si belle amitié, n’est-ce pas ? Je pris un air digne avant de faire un geste scellant ma bouche de mes deux doigts.

-Je n’en dirais pas un mot. Je ne veux pas me prendre de la chevrotine en pleine tête.

Je n’en dirais pas un avant que Brent ne témoigne et que le verdique ne sera pas rendu, ça c’est un fait ! Je ne suis pas stupide, quand même. Après… Nous verrons, hein ! Ça dépendra de mon degré d’ennui et de comment Shran réagira à mes excuses. S’il se fiche de moi, ma vengeance sera terrible.

Brent reporta alors mon attention sur mon café que je n’avais pas encore entamé. Je poussais un peu la tasse non sans grimacé.

-Je ne veux pas devenir un nerd communiste… Tu aurais dû me le servir dans une autre tasse.

J’affirmai, ensuite, que si Shran se décidait à faire du réchauffer c’est sans doute parce qu’il redoutait Galactic Wars. Ça, c’était une série qui valait le coup ! De vrais effets spéciaux, de belles femmes, un scénario bourré d’action ! C’est ça, la vraie science-fiction ! C’était quand même mieux qu’un récit philosophique et moralisateur écrit par un communiste !

Brent ne nia pas que son meilleur ami se sentait menacé par la série de Joe Maxwell. Sauf que Brent disait que lui et Hugh voulait faire bien plus qu’un simple coup marketing. Je ricanai.

-Pas sûr que ça soit assez… La série de Maxwell est LA série du moment. Les gens aiment les nouveautés pas le réchauffé, Brenty…

Sans compter que je me demandais bien comment Shran allait expliqué que son précieux robot avait fait pour venir vieux et bedonnant. Le manager me corrigea clamant que son personne était un androïde et non un robot. Je levai un sourcil.

-Peu importe… Une machine, quoi !

On est pas dans un tribunal. Pas besoin de jouer sur les mots, si ? Apparemment, ça semblait important pour Brent, cet espèce de nerd.

Il ignorait, cependant, ce que Shran et son ex-ex-femme (d’après Sørensen), avaient prévus concernant l’apparence de Datalore. Je levai un sourcil.

-Ils vont devoir faire une prouesse scénaristiquement parlant, hein ! Ou alors exploser le budget maquillage !

L’un ou l’autre était inévitable, de mon avis… Quoi qu’il en soit Brent était certain que je n’allais, de toute façon, pas regarder de peur que ça me transforme en communiste homosexuel. Je ricanai.

-Je dois avouer que le futur de Spaceship est à la fois utopiste et anti-riche. Mais si je ne compte pas regarder ça sera uniquement parce que ça passe aux mêmes heures que Galactic Wars. Ça, c’est une bonne série de science-fiction ! Tu devrais dire à Shran de changer ses heures de diffusion pour son bien et celui de l’avenir de Spaceship. Je dis ça, je dis rien, hein. Si Spaceship n’est pas renouvelé, je n’en aurais rien n’à foutre de toute façon.

J’esquissai un sourire en coin.

-Bon ! J’ai eu ce pour quoi je suis venu. J’imagine que Shran te fera signe quand j’aurais rempli ma part du contrat. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. J’ai du boulot.

Concernant ce qui s’était passé chez Jessica Hill, je laissais Victor cracher son venin. Ce qu’il disait ici lui ferait du bien. Laisser déferler sa colère et sa frustration lui permettrait peut-être d’être plus calme le reste de sa journée et de ne pas retomber dans les travers qui l’avaient déjà mis dans la merde.

Pour lui, l’homme qu’il avait frappé ne comprenait que le langage des poings car il venait « du caniveau »… Ce dont je doutais un peu. Parce que Willow Ford n’allait pas chercher ses relations dans les caniveaux de L.A. Tout au plus, cet homme avait dû être un socialiste issu d’une grande université et avec des parents gravitant quelque part autour de la jet-set, voir en faisant partie.

Bref, tout ça pour dire, donc, que Victor s’était soit disant abaissé à son niveau de langage.

-Ce gars avait probablement plus de diplômes que moi, Victor…

La conversation bifurqua sur Hugh puisque Victor avait bien vu que j’hébergeais quelqu’un… Et du coup, Victor fondit sur la première « faiblesse » du petit latino, c’est-à-dire son orientation sexuelle. Cela n’inspirait que du mépris, voire de la haine à Victor à qui j’essayai, tout en sachant que c’était vain, d’expliquer que, numéro 1, il n’y avait rien de mal à ça et, numéro 2, ça ne le regardait quand même pas. Pas plus que ça ne me regardait moi-même.

Victor en conclut qu’il plaignait le mec qui serait dans le collimateur de Hugh.

-Tu rigoles ? Ce gars-là sera un chanceux ! Hugh fait les meilleurs déjeuner au monde !

Sans compter que c’était une crème… Peut-être même un peu trop pour ce monde.

Puis ce fut à mon script que Victor s’intéressa. Il était et avait toujours été d’une curiosité monstre ! Rien ne lui échappait. On ne pouvait rien laisser trainer sans qu’il en tire des conclusions. Fort heureusement, apparemment, Shran lui faisait assez peur pour qu’il tienne sa langue sur le retour de Five et Datalore. Il me fit donc ce qui ressemblait à une promesse.

-Merci.

Mais il ne voulait pas boire dans la tasse que je lui avais donnée, ce qui me fit rigoler. Je pris alors la tasse et la tirai vers moi.

-Ça fera ça en plus pour moi.

Il donna quand même son avis sur ce fameux retour. Il trouvait que c’était du réchauffé en plus d’être un acte désespéré de la part de Shran. Je n’étais pas d’accord avec cette vision des choses, peut-être parce que je savais ce qu’il y avait dans les scénarios à venir.

Je fis la moue quand Victor, qui me trouvait vieux et bedonnant, me faisant baisser les yeux sur mon ventre qui était certes un peu plus rond que 15 ans plus tôt, mais pas au point de mériter le qualificatif de « bedonnant » ! Victor misait sur une prouesse scénaristique ou de l’équipe de maquillage. Moi, je savais que Shran allait tout miser sur le maquillage, mais je n’en dit rien à Victor qui en savait déjà trop.

-Si tu as vraiment envie de savoir, tu n’auras qu’à regarder la série.

Il m’expliqua alors que ce qui l’empêcherait de regarder serait le fait que Galactic Wars passait aux mêmes heures que Spaceship… Je me mordis la lèvre quand il affirma que Shran devrait changer d’horaire.

-Selon les principes de Shran, il était là avant. C’est Galactic Wars qui doit changer son créneau horaire.

Là-dessus, l’avocat sourit, apparemment ravi d’avoir eu ce pour quoi il était venu et prit congé.

-Oh oui, Shran me fera signe, ne t’en fait pas.

Il ne pourrait probablement pas s’empêcher de jubiler. Je serrai la main à Victor et le raccompagnai jusqu’à la porte.

-Et ne frappe personne… Tu vois les conséquences que ça peut avoir, maintenant.