J’étais en congé aujourd’hui ce qui devenait rare depuis que le film, Boundaries, était sorti. J’étais demandé pour diverses interview… Invités à divers évènements… Et si je ne pouvais pas refuser les interviews, je refusais la plupart des événements prétextant que j’étais pris ailleurs. C’était l’avantage de ne pas avoir d’agent. J’étais mon propre agent pour l’instant… Sauf que l’être demandait pas mal de travail.

Pourtant, c’était pas faute d’avoir des propositions de divers agents du monde du cinéma. Ils cherchaient à me recruter mais, pour le moment, je n’avais pas encore réussi à faire un choix. J’avais peur de prendre le mauvais comme ça m’était arrivé avant ma descente aux enfers… Du coup, rien que l’idée de faire un choix m’effrayait. Il allait, pourtant, falloir que je me décide. Je savais que je ne pourrais pas gérer tout ça tout seul très longtemps. Surtout depuis que j’étais déterminé à reprendre complètement ma carrière d’acteur.

J’avais tout ça en tête et bien d’autres choses quand je me suis réveillé ce matin… J’ai été acheter de quoi faire un déjeuner pour moi et Brent quand il se réveillera. Il avait l’art de se lever tard ce qui n’était pas mon cas. J’étais, aussi, passé à la librairie chercher tous les magazines dont avait l’habitude de prendre Brent comme L.A.People, par exemple. C’était le pêché mignon de bien des gens à Los Angeles. J’y étais apparus il y a quelques mois alors qu’on m’avait prêté une fausse relation avec Jessica Hill…

Après mes quelques courses, j’étais revenu à l’appartement de Brent. J’eus à peine le temps de sortir les affaires des sacs que le téléphone sonna… Je fis la moue. Je n’avais pas envie que ça réveille Brent… Je comptais, donc, décrocher pour dire à la personne de téléphoner plus tard quand Brent sera disponible.

Sauf que quand je décrochai, ce fut la voix d’Enora Lee que j’entendis à l’autre bout du fil. La productrice de Spaceship…

Elle téléphonait pour Brent… Mais pas que ! Elle savait que je vivais chez lui et souhaitait aussi me parler. Elle semblait extrêmement fatiguée mais ça ne l’empêcha pas de m’annoncer une nouvelle que je n’attendais plus… Elle et Shran souhaitaient que je revienne dans la série Spaceship. C’était le cas aussi pour Brent mais, à sa différence, moi, Shran me voulait comme personne régulier. Je fus tellement agréablement surpris au point où je laissais s’installer un énorme silence qui laissa Enora Lee perplexe au point qu’elle demanda si j’étais mort à l’autre bout du fil. Je m’étais repris pour déclaré que ça serait un honneur de revenir.

Elle fut ravie et déclara qu’elle allait nous envoyer les scripts à moi et Brent dès que Shran daignera les lui donner. A son ton, il y avait encore de l’eau dans le gaz entre les deux…

Après ça, elle raccrocha et il me fallut au moins vingt minutes pour que je me remette de cette nouvelle. Mon expérience sur Spaceship avait été la meilleure de ma carrière. Le fait que j’aie l’opportunité de revenir dans mon personnage de Five me rendait un rien émotif.

C’est quand j’entendis Brent s’activer dans sa chambre que je repris conscience du monde réel et que je me mis à préparer le déjeuner composé de bacon et d’œufs sur le plat. C’était probablement le seul plat que je savais faire sans que ça soit immangeable…

Quand Brent arriva dans la partie cuisine, j’étais, donc aux fourneaux.

-Bonjour, Brent. Bien dormi ?

Une fois qu’il fut installé, je ne pus m’empêcher de directement passer au sujet le plus important de la journée.

-Enora Lee a appelé… Elle…

Je cherchais mes mots… Sans vraiment me dire que d’hésiter comme ça pouvait faire penser à Brent qu’il y avait une mauvaise nouvelle. Alors, je tentais de me reprendre pour aller au bout de mon idée.

-Elle et Shran veulent qu’on revienne dans la série Spaceship ! Moi en tant que personnage régulier. Tu imagines ? J’aurais jamais cru qu’ils me reprendraient. Pas après mon comportement sur le tournage de Dark Side.

On pouvait mon émotion dans ma voix. Après des années d’errance, je retrouvais, enfin, mon rôle fétiche.

J’étais debout devant mon miroir, dans ma salle de bain… Je me regardais droit dans les yeux. Puis, faisant la moue, je me regardai d’un peu plus prêt, touchant presque la glace avec mon long nez si particulier.

Quelque chose clochait, mais c’était agréable. En tout cas, je ressentais la chose comme agréable.

Et oui, je compris ce qui avait attiré mon attention : mes cheveux… Ils me semblaient soudain plus nombreux et… et j’avais comme l’impression qu’ils reprenaient leur brun-roux d’origine.

Je ne m’en souciai pas plus que ça, attrapant ma mousse à raser et m’en badigeonnant le visage. Mais quand je passai mon rasoir sur ma peau, bizarrement, celle-ci réapparaissait d’une couleur d’or pâle… ça ne m’arrêtait pas… Je continuai à me raser, sans me tracasser du fait que ma peau changeait littéralement de couleur.

Et quand je me passai de l’eau sur tout le visage, et bien tout mon visage devint d’or pâle.

Mes yeux se mirent à me démanger sérieusement.

-Mais qu’est-ce que… ?

Je me frottai les yeux, encore et encore et allait jusqu’à frotter mes yeux ouverts, directement sur la rétine.

Jusqu’à ce que j’arrive à enlever deux lentilles bleues. Et quand je me regardai à nouveau droit dans le miroir, je pus constater que la véritable couleur de mes yeux, sous les lentilles…

C’était jaune.

J’ouvris brusquement les yeux, me réveillant presque en sursaut, mais pas comme après un cauchemar, non.

Juste comme après un rêve totalement génial !

Je m’assis dans mon lit et frottai mon visage à deux mains…

-Waw… C’était quoi, ça, Brent ?

Je sortis de mon lit, attiré par l’odeur d’œuf, de bacon et de café… Je pouvais entendre Hugh s’activer dans la cuisine. C’était un lève-tôt, contrairement à moi. Je m’assis au bord de mon lit, en boxer et en t-shirt noir et regardai mon réveil.

-10 :30… Réglé comme du papier à musique.

10 :30, c’était mon heure. Je ne savais pas pourquoi, mais je me réveillais naturellement toujours à cette heure-là, même quand je ne me couchais pas tard.

Je bâillai, m’étirai et enfilai mon peignoir pour aller rejoindre Hugh, les yeux encore un peu bouffis et la tête encore dans mon rêve.

-Salut, Hugh… Merci pour le déjeuner… j’ai fait un rêve de dingue !

Je me laissai tomber sur ma chaise. Hugh aimait bien me materner un peu et je constatai qu’il avait déjà fait les courses et tout.

-C’est fou ce qu’on peut faire sur une journée quand on se lève tôt…

Mais Hugh semblait avoir la tête ailleurs, alors que je me servais du café. Alors quand il commença en disant qu’Enora Lee avait appelé, sur un ton super hésitant, mon cœur fit un bond !

-Shran va bien ?

Parce que vu la tête de Hugh, il devait être arrivé quelque chose à Stephen, hein !

Mais en fait, Si Enora Lee avait appelé, c’était simplement pour nous annoncer qu’on était repris pour participer à nouveau à l’aventure Spaceship. J’ouvris deux grands yeux bleus, qui allaient bientôt être bons pour reprendre leur couleur jaune !

-C’est pas vrai ?! Mais c’est génial !

Je me levai et allai le prendre dans mes bras en lui donnant de grandes tapes amicales dans le dos.

-Je savais qu’ils te reprendraient ! Spaceship ne peut pas se passer de Five ! Elle a dit quoi, concernant Datalore ?

Alors que j’étais en train de préparer le déjeuner, Brent entra dans la pièce vêtu de son peignoir. Il était décoiffé mais, pour être honnête, il l’était quasi tout le temps contrairement à moi qui passait un temps fou à faire ma coiffure. Mais Brent était comme ça… Il se fichait de son apparence. Il aimait apparaitre au naturel. C’était un homme simple qui faisait les choses simplement en prime d’être un bon vivant. Je m’étais toujours demandé comment un homme aussi calme pouvait être le meilleur ami de Stephen Shran. Ils avaient toujours fait la pair tous les deux. A croire que les opposés s’attirent.

Il me remercia pour le déjeuner me faisant sourire. Je squattais chez lui alors j’aimais lui rendre sa gentillesse en l’aidant avec pas mal de tâches. Même si j’avais bien compris que Brent n’était pas le roi de l’ordre. Je rangeais toujours derrière lui.

Il affirma avoir fait un rêve dingue.

-Un bon, j’espère.

Mieux valait un bon qu’un cauchemar, après tout. Mais voyant la tête encore dans les nuages de Brent, j’imaginais qu’il s’agissait d’un bon rêve.

Il remarqua que j’avais fait les courses et fit le constat qu’on pouvait faire pas mal de choses quand on se levait tôt. Je rigolai un peu face à cette remarque.

-C’est vrai. J’ai eu le temps d’acheter de quoi déjeuner, de refaire un peu le plein du frigo et de passer à la libraire pour acheter tes magazines favoris.

Et avant ça, j’avais eu le temps de me coiffer. C’est dire ! J’avais dit tout ça sur un ton un peu distrait alors que je repensais sans cesse à ce qu’Enora venait de m’annoncer au téléphone. Je devais me lancer et le dire à Brent qui se servait du café. C’est, donc, ce que je fis mais, au départ, je butais un peu sur mes mots amenant un peu d’inquiétude dans le chef de Brent qui se demandait si Shran allait bien. Je ne répondis pas à sa question me contentant d’effacer ses inquiétudes en lui annonçant la nouvelle.

Le visage de Brent s’illumina alors qu’il s’exclama que c’était génial me faisant afficher un grand sourire moi aussi.

-C’est génial, ouais ! Je ne m’y attendais pas.

Brent vint me serrer dans ses bras. Je le serrai aussi alors qu’il déclara qu’il était sûr qu’Enora et Shran aurait fini par me reprendre. Il avait été plus optimiste que moi.

Je m’écartai légèrement pour retourner à mes fourneaux et mettre les œufs et le bacon dans deux assiettes que je mis sur la table alors que Brent s’interrogeait sur ce qu’Enora avait dit sur son personnage.

-Qu’il reviendra pour quelques épisodes. Plus que le nombre qu’il est apparu dans Spaceship. Le design ne changera pas. C’est un androïde, après tout. Mais elle m’a dit que tu ne devais pas t’inquiéter parce qu’ils ont la meilleur équipe de maquillage du monde. Elle ne m’en a pas dit plus. Elle a dit que Shran te fera un topo complet.

Enora n’était pas plus modeste que son ex-mari à ce niveau-là.

-Ils nous enverront le script dès que Stephen l’aura terminé. Mais elle estime qu’on l’aura dans quelques jours. Il ne faudra pas attendre longtemps avant de tourner. Heureusement que Jessica m’a fait revoir tous les épisodes de Spaceship. La nouvelle série autant que l’ancienne…

Elle avait fait ça pour me donner à nouveau goût à l’acting et ça avait fonctionné.

Je m’étais installé à table pour commencer à manger.

-Enora avait l’air crevée au téléphone… Ça me rappelle que travailler pour cette série, ça prend tout l’emploi du temps ou à peu près… Shran prend même parfois des heures de week-end…

En soi, ça ne me dérangeait pas. Mais je savais que Brent était un lève-tard.

Je souris bien grand quand Hugh le demanda si mon rêve avait été un bon rêve. C’en était un, même si, sous certains aspect ça aurait pu tout aussi bien passer pour un cauchemar. Mais non, j’avais tellement envie de me remettre dans la peau de Datalore ! C’était un personnage à la fois complexe et comique et les gens s’y étaient attachés très vite, même s’il n’avait été là que durant quatre épisodes !

Hugh, lui, n’avait pas perdu son temps ! Il était habillé, coiffé parfaitement et en plus, il avait fait les courses. Quand j’étais tout seul, je faisais toujours un peu ça à l’arrache. Parce que je me levais tard et donc, je rentrais tard et je mangeais quasi tout le temps sur le pouce ou à l’extérieur.

-C’est super gentil, Hugh…

Il avait même acheté mes magazines favoris ! Guitar&Pen et L.A.People… Oui, je lisais L.A.People et je n’avais pas peur de le dire ! Surtout parce qu’en générale, c’était assez marrant. Quand, comme moi, on a un pied dans la set-set et qu’on connait souvent la véritable version des choses, c’était amusant de voir comment la presse déformait tout.

Ah… Et les piques de Moriarty dans ces derniers articles me concernant me faisaient rire aussi.

Puis Hugh parla d’un coup de fil d’Enora Lee. J’aurais pu penser qu’elle voulait prendre des nouvelles ou qu’elle voulait qu’on se trouve un créneau pour se revoir pour passer un peu de bon temps, vu qu’on avait été interrompus par Shran la dernière fois. Seulement, à la tête de Hugh, je pensais d’abord que Shran avait eu un problème.

Mais en fait, ce qu’il avait à annoncer était une excellente nouvelle ! Au point que je me levai pour le serrer dans mes bras !

Il disait qu’il ne s’y attendait.

-Moi si, un peu… Enora m’avait parlé d’un éventuel retour de nos personnages. Mais comme il n’y avait rien de sûr, je ne t’ai rien dit pour ne pas que tu sois déçu si ça ne se faisait pas.

J’écartai le petit latino de moi et le gratifiai d’un de mes plus beaux sourires.

-Mon rêve était prémonitoire… J’ai rêvé que mon vrai visage était en fait celui de Datalore… C’était étrangement agréable.

On se réinstalla devant une bonne assiette d’œufs et de bacon et je demandai plus de détails à Hugh sur sa conversation avec Enora.

Datalore devait donc revenir et pour plus de quatre épisodes ! Hugh était en train de faire ma journée alors que j’enfournais une première grosse fourchette d’œufs brouillés. Il me disait de ne pas s’inquiéter pour mon apparence, qu’Enora lui avait garanti que l’équipe de maquillage était au top !

Je rigolai.

-Je la crois… Maintenant, je crois que je devrais suivre le conseil de Shran et me mettre au régime…

Je fis la moue et baissai mon regard vers mon ventre. Ça allait encore, je n’étais pas ventripotent, mais mon visage s’était quand même arrondi avec l’âge et ça, ça allait être difficile à masquer. Je repris une grosse fourchette d’œufs et la regardai…

-Ou peut-être pas…

D’après Hugh, on aurait le script dans quelques jours. Je souris.

-Oh ne t’en fait pas ! Le script sera bon. On peut compter sur Shran pour ça. Ce ne sont pas les idées qui lui manquent.

Hugh avait revu tous les épisodes de Spaceship et de Spaceship : The New Generation avec Jessica Hill.

-Moi aussi, plus ou moins. Chaque fois que ça passe à la télé et que j’ai l’occasion de regarder, je le fais.

Je posai ma fourchette et me penchai sur le sac de courses à côté de ma chaise pour y prendre les magazines qu’avait ramenés Hugh. Je les posai devant moi alors que le petit latino disait qu’Enora avait l’air crevée au téléphone et que ça lui rappelait que travailler avec mon meilleur ami n’était pas de tout repos.

Je frottai mon visage à deux mains…

-Arf, c’est vrai ! On va encore devoir se lever à 3 heures du matin…

Je regardai Hugh dans les yeux.

-Mais ça vaut le coup… C’est une expérience vraiment unique d’être dans Spaceship et je suis prêt à sacrifier mes heures de sommeil pour ça.

Je pointai Hugh du doigt en souriant et même en rigolant presque.

-Mais hey… Toi aussi, tu as pris de l’âge. Five va donc vieillir un peu ?

Brent appréciait mon initiative d’avoir fait le courses et le déjeuner. Il faut dire que je vivais ici sans rien payer… Je m’en reviendrais mal de ne pas aider Brent dans les tâches alors qu’il a eut la gentillesse de m’héberger alors même que j’avais mon propre appartement. J’essayais, donc, de faire un maximum pour faciliter la vie de Brent.

Je n’avais pas tardé à en venir directement au coup de fils que je venais de recevoir d’Enora Lee. Ça concernait Brent aussi et elle m’avait dit de passer le message alors je ne vois pas pourquoi faire trainer les choses. Et si j’avais était un peu hésitant au début, à cause de l’émotions, je finis par en venir aux faits et lui annoncer la très bonne nouvelle.

Car c’était un très bonne nouvelle ! Même si j’étais réticent à être, à nouveau et de façon permanente, sous le feu des projecteurs, j’avais très envie de retourner sur le tournage de Spaceship. De tous les jobs que j’avais eu en tant qu’acteur, c’était celui qui m’avait procurer le plus de sentiments positifs. Surtout que les fans de Spaceship étaient bien différents des fans de Love In L.A..

Brent était heureux au point qu’il ne serra dans ses bras. Il semblait très enthousiaste à l’idée de retrouver son personnage de Datalore. Il n’était apparu que dans quatre épisodes toutes séries confondues mais c’était, pourtant, l’un de mes personnages préférés.

Si j’ignorais complètement que Shran et Enora voulaient me faire revenir ce n’était pas le cas de Brent. Mais il n’avait pas voulu me le dire de peur de me décevoir au cas où l’ex-couple aurait décidé de ne pas me reprendre, finalement.

-Si ça ne s’était pas fait, j’aurais compris… Je n’ai pas forcément été toujours fiable durant ma carrière et ça, c’est le genre de truc que Shran n’oublie pas. La dernière fois que je l’ai vu, j’étais au fond du trou et je lui ais fait vivre un enfer.

Sur le tournage de Dark Side, je n’ai pas arrêté de la lui faire à l’envers…

Brent affirma alors que le rêve qu’il avait fait était prémonitoire car il avait rêvé que son visage était celui de son personnage de Spaceship. Je rigolai un peu.

-Peut-être que ton inconscient a entendu ma conversation avec Enora.

Je m’installai, ensuite, à table alors que je parlais de ce qu’Enora m’avait dit concernant Datalore. Elle n’était pas entré dans les détails du sujet… Elle m’avait parue à la fois fatiguée et pressée alors je n’avais pas voulu poser trop de questions. Tout ce que je savais c’est que Brent ne devait pas s’inquiéter concernant le maquillage. Il affirma tout de même qu’il devrait suivre les conseils de Shran et se mettre au régime. Je levai un sourcil.

-Au régime ? Tu n’es pas gros, pourtant… Il t’a vraiment dit ça ?

Certes, Brent était légèrement plus rond que quand il était plus jeune mais c’est parce qu’il avait la cinquantaine… Pas parce qu’il était gros…

Mais quand il regarda le plat que je lui avais servi avant d’enfourner une grosse bouffée d’oeufs, il ne sembla plus très chaud à se mettre au régime ce qui me fit rigoler un peu.

Je déclarai alors qu’on obtiendra le script dans quelques jours. Brent était certain qu’il sera très bon. Je n’en doutais pas. Je souris.

-Je n’en ai aucun doute.

Et j’avais même fait mes devoirs à l’avance en regardant, à nouveau, tous les épisodes des deux séries. Brent l’avait fait aussi mais de façon plus sporadique en ne les regardant que quand ils passaient à la télévision alors que Jessica, elle, avait tous les épisodes en cassette.

Je mangeai tranquillement quand Brent se mit à sortir les magazines que j’avais achetés. Je fis alors la remarque qu’Enora m’avait parue fatiguée au téléphone et que ça me faisait pensée qu’on allait, à nouveau, vivre de longues heures aux studios de San Fernando Valley. Je rigolai quand Brent se rendit compte qu’on devra à nouveau se lever à 3h du matin. Mais ça ne semblait pas lui faire peur preuve qu’il avait réellement envie de revenir dans la série.

-Au pire, tu pourras dormir dans ta caravane sur place. Je faisais ça quand on finissait tard et qu’on devait recommencer très tôt.

Il me pointa alors du doigt disant que j’avais pris aussi de l’âge. Je fis une petite moue. J’essayais de faire mon maximum pour que ça ne se voit pas mais il était difficile de cacher que j’avais, désormais, la quarantaine… Je n’avais plus totalement le même visage que quand j’avais vingt ans. Un visage qui m’avait fait gagner des rôles…

-Oui… Il va vieillir un peu. Mon personnage étant un cyborg, c’est crédible. Enora a dit qu’on allait revoir tout mon costume. Que ça sera bien plus léger. Je t’avoue que c’est un peu un soulagement. Le costume de Five à 35 degrés, c’était pas simple à vivre surtout quand tu dois bosser 15h… J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Et, surtout, de lire l’histoire que Stephen va inventer.

J’affichais un sourire un peu rêveur. J’avais hâte de lire le script et de commencer à tourner. Ça me rappelle qu’avec cette nouvelle, j’allais devoir, obligatoirement, rendre ma démission à Victoria… J’espérais que je n’allais pas la blesser en l’abandonnant de la sorte…

Nous étions donc tous deux repris pour jouer dans la nouvelle génération de Spaceship et si, pour moi, ce n’était qu’une demi-surprise, pour Hugh, c’était le plus beau cadeau que Shran pouvait lui faire. En effet, à l’entendre, c’était comme s’il ne méritait pas de revenir, à cause du comportement qu’il avait eu il y avait des années de ça.

Je souris…

-C’était il y a des années ! Et si Shran est rancunier, il est assez intelligent pour savoir quand ça n’a plus de sens.

Tout le monde allait y gagner, si Five réapparaissait dans la série. Et je savais que Hugh, avec une certaine maturité naturellement acquise, plus les remords qui le bouffaient tant il avait honte, maintenant d’avoir été ce qu’il avait été, ne referait plus les mêmes erreurs.

Je le fis rigoler, un peu en lui avouant le rêve que j’avais fait. Il déclara que mon inconscient avait peut-être capté sa conversation au téléphone avec Enora. J’ouvris de grands yeux et regardai frénétiquement autour de moi.

-Dis-moi que les murs ne sont pas aussi fins…

Parce que bon… Des fois, je ne faisais pas que ronfler, dans ma chambre…

On s’installa à table pour commencer à manger. Les œufs et le bacon était déclicieux… Pendant ce temps-là, Hugh me parla de comment Enora voyait les choses au sujet de Datalore. L’androïde ne pouvait pas vieillir, mais moi si. Heureusement, il y avait le maquillage.

L’idée de faire régime, comme me l’avait conseillé Shran, m’effleura vaguement l’esprit… Mais Hugh affirma que je n’étais pas si gros, demandant si mon ami m’avait vraiment dit ça.

Ce fut à mon tour de rigoler.

-Parce que tu crois qu’il va se gêner ?

Shran était franc et c’était quelque chose que j’appréciais vraiment chez lui. Surtout que, n’étant pas susceptible pour deux balles, je ne le prenais jamais mal.

Quant au script dudit Shran, je n’avais aucun doute qu’il serait très bon. Je ne savais pas où il allait chercher toutes ses idées, car il avait réussi à créer tout un univers auxquels les fans pouvaient s’identifier, trouver leurs places… Beaucoup écrivaient leurs propres histoires sur base de cet univers, juste pour s’amuser. Pour rêver. C’était ce que j’aimais chez mon ami : il vendait du rêve.

Mais pour mettre tout ça en place et pour que ce soit bien fait, il fallait se donner à fond et donner pas mal de son temps. C’était pour ça que mon personnage, contrairement à celui de Hugh, n’était pas récurrent. Je n’étais pas acteur, j’avais mon métier de manager et je ne pouvais pas abandonner mes protégés sur de longues périodes.

Hugh déclara qu’au pire, je pourrais dormir dans la caravane qui me serait assignée aux studios.

-Il faudra que je la montre à mes artistes… Pour que s’ils ont quelque chose à me demander ou besoin d’aide, ils sachent où me trouver. Je vais me donner à fond pour Spaceship mais j’espère pouvoir faire mon job de manager en même temps.

Mais bon ! Et Hugh alors ? Five ? Qu’est-ce qu’il allait en advenir ? Est-ce qu’il avait des indices ? Que lui avait dit Enora ? J’ouvris vaguement le L.A. People devant moi mais mon regard était braqué sur lui.

Il allait vieillir un peu et son costume allait apparemment complètement changer et il en était, quelque part, heureux, parce que le costume d’origine de Five n’était pas des plus agréables par 35°…

-Oh et bien je me réjouis de voir ce que ça va donner ! Je suis sûr que les fans vont adorer… Parlant de costume… Tu sais que j’ai encore des t-shirt avec de la poudre dorée autour du col ? J’arrive ni à les ravoir, ni à les jeter… Ce sont des souvenir tout ça… OH…

Je pris le L.A.People en main et le rapprochai de mes yeux comme si j’étais bigleux.

-Mais c’est Shran ! Regarde !

Je retournai le magazine pour que Hugh puisse voir la photo. Puis, je lui lus l’article de Sørensen à haute voix. Après, j’en restai complètement perplexe.

-Je dois rire ? Ou pleurer ? Je sais que Shran a des armes… Mais tirer sur un journaliste ?

Je pinçai les lèvres.

-Quelque chose me dit que Sørensen ne ment pas tout à fait… Parce qu’il n’y a que Shran pour dire que Galactic Wars est la série la plus merdique de l’histoire de la science-fiction…

Brent était beaucoup moins dur que moi vis-à-vis de ce que j’avais fait endurer à beaucoup de gens lorsque j’étais au fond du trou. Il disait que si Shran était, effectivement, rancunier, il était aussi assez malin pour se dire qu’après tant d’année cette rancune n’a plus aucun sens. J’hochai de la tête pas aussi convaincu que Brent. Parce que si j’avais été ce type une fois, je pouvais le redevenir. Je savais à quel point il était facile de replonger. Et si, pour le moment, je tenais, c’était parce que j’étais bien entouré par Brent notamment.

En tout cas, j’étais heureux de revenir dans Spaceship. Brent partageait mon enthousiasme car, lui aussi, allait pouvoir, à nouveau, enfiler son costume de l’androïde, Datalore. Il en avait même rêvé cette nuit alors que j’affirmai que c’était peut-être parce que son inconscient avait capté ma conversation avec Enora. Evidemment, Brent fit une remarque sur les murs me faisant rigoler. Je savais qu’il ne faisait pas que dormir dans sa chambre. Il ramenait de temps à autres, des femmes afin de passer du bon temps avec elle.

-Ne t’en fais pas. Les murs sont assez épais.

De toute façon, j’avais l’art d’avoir le sommeil profond alors même si les murs n’avaient pas été aussi épais, je n’aurais pas eu de mal à dormir quoi que fasse Brent dans sa chambre.

On parla du maquillage de Datalore. Brent ayant quelques années en plus depuis sa dernière apparition dans la série, il faudra que l’équipe de maquillage fasse en sorte de donner l’illusion qu’il n’avait pas pris une ride. Il parla alors d’un régime… Visiblement, Shran lui avait dit qu’il en avait bien besoin ce qui me fit réagir. Brent, lui, ne s’en formalisait pas plus que ça habitué qu’il était par la franchise de Stephen. Mes lèvres se pincèrent.

-Non… Il n’est pas du genre à se gêner… Au contraire. C’est la preuve qu’en 10 ans, il n’a pas vraiment changé.

Parce que ça faisait dix ans environs que je n’avais plus vu Stephen en face à face. Mais il semblait fidèle à lui-même d’après ce que j’entendais de la bouche de Brent.

Brent et moi n’étions pas inquiet par rapport à la qualité du script que nous sortira Shran. On savait que pour le faire vivre au mieux, ce script, il allait falloir bosser. Je n’avais pas peur du travail qu’il y aura à abattre. Ça allait être fatiguant mais dans le sens positif du terme. Même Brent disait que ça en valait la peine même si je savais que, pour lui, se lever tôt, ça allait être un véritable défi.

Je lui déclarai alors qu’il pourra toujours dormir dans sa caravane si jamais les journées sont trop longues. Mais Brent pensa à ses artistes. Il ne voulait pas que ses heures à bosser pour Shran empiète trop sur son travail de manager ce que je pouvais comprendre. Brent avait quelques artistes à gérer et ça demandait, aussi, un très grand investissement.

-Shran sait que ton travail de prend du temps aussi. Sans doute qu’il aménagera les choses pour toi. Je l’espère, en tout cas.

Les artistes de Brent avait de la chance de l’avoir. C’est sans doute parce que je vivais avec lui que j’étais si exigent envers moi en ce qui concernait mon choix d’agent. Je cherchais un agent comme Brent… En gros, la perle rare…

J’avais, ensuite, parlé de mon propre personnage. Du fait qu’il allait vieillir tout en changeant complètement de design ce qui m’arrangeait. Brent se réjouissait de voir ça tout en feuilletant le nouveau numéro de L.A.People. Je souris alors qu’il parlait de ses t-shirt qui gardait toujours les traces du maquillage de Datalore et dont il n’avait su se séparer. J’allais réagir à ça quand il s’exclama clamant que c’était Shran. Je levai un sourcil avant qu’il ne tourne le L.A.People vers moi où on pouvait voir la photo du réalisateur.

-Il y a Enora aussi !

Juste en dessous, il y avait la photo d’Enora. Je me mordis la lèvre alors que Brent repris le magazine pour commencer à lire l’article… Shran avait, visiblement, tiré sur Amon Sørensen… Sans le toucher, sinon, ce dernier n’aurait pas été là pour le rapporter… Ça parlait aussi de Galactic Wars et de la reprise de la relation entre Enora et Shran…

Vous savez quoi ? Je n’ai aucune idée de ce qui est vrai, faux ou exagéré dans cette article… Et Brent ne semblait pas savoir non plus. Il savait que Stephen avait des armes mais peinait à croire qu’il avait pu tiré sur un journaliste… Par contre, il était certain que les propres sur Galactic Wars étaient bien ceux de Shran… Je n’avais pas de doute là-dessus non plus.

-Oui, ça je le crois aussi… Il doit détester Galactic Wars… Mais… Je sais que Stephen est parano mais il n’aurait pas été assez dingue que pour tirer sur un journaliste, si ? En tout cas, si c’est le cas, il tiré à côté vu que Sørensen a toujours la capacité d’écrire.

Car l’article était bien signé Sørensen. Je l’avais vu quand Brent avait tiré l’article vers moi.

-Tu crois qu’il s’est vraiment remis en couple avec Enora ou qu’Amon fabule ? Si il ne ment pas ça expliquerait pourquoi elle avait l’air crevée au téléphone…

Vivre avec Shran ne devait pas être facile tous les jours. Et je devais avouer que je posais la question parce que j'étais du genre à être branché gossip... Je soupirai.

-En tout cas, si tout ça est vrai, ça signifie que Stephen ne s’est pas forcément assagi en vieillissant…

Ça semble plutôt être le contraire.

Je voyais bien que Hugh avait, en quelque sorte, peur de lui-même, ou d’une part sombre de lui-même, qui l’avait mené au fond du trou pendant 10 ans. A sa peur, je ne pouvais opposer que mon optimisme et mon enthousiasme. Je savais Hugh intelligent. Je savais qu’il n’allait pas replonger, parce qu’il avait appris. Et le fait qu’il avait honte de cette part de sa vie me poussait à penser qu’il ne redeviendrait jamais ce Hugh-là.

Pour le détendre un peu, alors qu’il me disait que mon inconscient avait peut-être changé sa conversation avec Enora au téléphone en rêve pour moi qui dormais encore, je fis une remarque sur les murs. Effet réussi puisque le petit latino rigola. Et il me rassura en prime. Mon intimité était bien gardée.

Portés par la nouvelle comme quoi nous allions réintégrer Spaceship, on commença à parler des petites choses qui faisaient la série… Ce qui nous amena, avec tout ça, à parler du fait qu’on avait tous les deux vieilli… Moi bien plus que Hugh…

Et si nous étions confiants pour ce qui était de l’équipe de maquillage, je parlais du régime que m’avait conseillé de faire, dans un tout autre contexte, mon ami Shran. Et je fus étonné que Hugh se formalise encore du franc parlé du réalisateur.

Je souris.

-Non, il n’a pas changé. Et c’est ça qui est bien, avec Shran. C’est qu’on peut toujours compter sur lui parce qu’il est fidèle à ses principes.

Des principes qui étaient parfois un peu tirés par les cheveux. Mais ça faisait partie de la personnalité complexe de Shran.

Nous allions donc remettre ça… Ce qui voudrait dire se lever tôt et errer parfois des heures sur les plateaux en attendant notre tour pour tourner. Si ça ne me dérangeait pas, j’étais déjà quand même en train de réfléchir à comment j’allais concilier tournage et management… Parce qu’il était hors de question que j’abandonne mes protégés pendant ce temps-là et hors de question aussi que je mette leurs projets sur pause.

Mais Hugh était sûr qu’il y avait moyen de s’arranger. Que Shran prendrait ça en compte. Je souris.

-Je n’en doute pas… J’ai une totale confiance en lui. Au pire, je délocalise mon bureau dans ma caravane le temps du tournage.

Je baillai…

-Une chose est sûre… On ne va pas beaucoup dormir pendant cette période. Je me vois déjà courir langue pendante derrière un Shran survolté.

Et c’était ça qui était amusant. Ça allait être dur, mais qu’est-ce que ça allait être bien ! J’en revins à des anecdotes comme le vieillard que j’étais… Comme le fait que j’avais des vêtements irrécupérables parce qu’il y avait de la poudre dorée dessus. Hugh ouvrit la bouche, mais ma surprise de voir, justement, Shran sur le papier glacé de L.A.People coupa brusquement notre agréable conversation.

Et comme le remarqua Hugh, il y avait également la photo d’Enora. Qu’est-ce que ces deux-là avaient fait pour se retrouver dans ma feuille de chou favorite ??

Hugh se mordit la lèvre alors que je parcourais l’article à haute voix pour que l’acteur puisse suivre en direct ce que j’apprenais. Sørensen n’avait pas menti sur tout… Parce que je reconnaissais des traits de Shran dans ce qui était dit. Or, je savais aussi que le journaliste ne connaissait pas assez personnellement Shran pour avoir misé aussi juste sans l’avoir vraiment rencontré.

-Galactic Wars le fout complètement sur les nerfs.

Je haussai les épaules, relisant encore l’article dans ma tête.

-Tirer sur un journaliste, non… Mais à côté pour le faire flipper, sans aucun doute. Or, Sørensen semble encore assez vivant pour écrire.

Hugh demanda alors si Enora et Shran s’étaient vraiment remis ensemble. Je fis la moue, repensant à ma partie de jambe en l’air avortée il y avait seulement quelques semaines de ça.

-Non, s’il y a bien une erreur que ces deux-là ne feront pas, c’est de se mettre ensemble à nouveau… Non, ça c’est du pur Sørensen…

Je regardai Hugh.

-Si Enora est crevée, c’est parce qu’elle et Shran ont bossé sur ce qui va nous permettre de revenir dans Spaceship notamment… Et passer autant d’heures avec Shran, ça crève…

Il y avait aussi le fait qu’Enora surveillait de près mon ami à cause de ses crises qui semblaient de plus en plus fréquentes. Mais ne sachant pas si Hugh était au courant de la condition de Shran, je passai cela sous silence.

Hugh déclara que Shran ne s’était pas assagi avec l’âge. Je rigolai.

-Ça ne va qu’en empirant. Quand il sera vieux, il faudra certainement lui confisquer ses armes pour éviter un accident.

Je passai ma main sur mon visage.

-Une chance que Sørensen soit lui-même probablement trop borderline pour porter plainte.

En parlant de Stephen avec Brent, je remarquai que le réalisateur n’avait, en rien, changé. Il était toujours autant fidèle à ses précieux principes ce qui faisait que c’était à la fois quelqu’un d’inflexible mais, aussi, d’extrêmement loyal. Je remarquai que cette loyauté était extrême au point qu’il était disposé à me faire revenir malgré tout. C’était une belle preuve que Shran m’avait engagé, jusqu’ici, parce qu’il appréciait réellement mon talent. Quelque part, c’était gratifiant.

On était, donc, tous les deux prêts à reprendre du service dans nos rôles respectifs. Bien que Brent, en dehors de ça, avait aussi sa carrière de manager. Il ne voulait pas délaisser ses protéger pour pouvoir tourner. C’est la seule chose qui l’inquiétait dans le fait de revêtir le costume de Datalore. Mais moi, j’étais certain que Shran pourra arranger les choses pour que Brent puisse concilier tout son emploi du temps. Je rigolai quand Brent affirma que, au pire, il délocalisera son bureau dans sa caravane.

-Pourquoi pas ? J’imagine qu’une caravane ça fait autant l’affaire qu’un bureau.

Il savait, par contre, que pendant sa petite période de tournage, il n’aura pas l’occasion de beaucoup dormir. Il s’imaginait déjà courir après Shran pendant des heures. Je rigolai. C’était exactement comme ça que je me rappelais le tournage de Spaceship.

-Ça va être physique, c’est sûr. Heureusement, depuis ma sortie de désintox’, je me tiens en forme.

J’allais souvent courir au parc. Après des années à détruire mon corps, j’essayais, maintenant de me tenir en forme. Ça aidait en tant qu’acteur.

Brent se remémora alors des souvenirs mais s’arrêta brusquement dans son explication quand il tomba sur un article qui parlait de Stephen et d’Enora. Il le lut tout haut me laissant perplexe quant à savoir ce qui était vrai ou faux dans l’article.

Brent et moi étions parfaitement prêts à croire que Shran détestait suffisamment Galactic Wars que pour dire des propos pareils… Apparemment, c’était même pire que je ne l’imaginais d’après ce que j’entendais de la bouche de Brent.

-Je suppose qu’il n’aime pas trop que sa série soit comparée à celle de Maxwell alors que c’est deux séries sont trop différentes pour être comparées. Elle n’ont pas le même but, non plus… Les médias ont tendance à comparer des pommes et des poires.

Par contre, je n’avais pas envie de croire que Shran était capable de tirer sur quelqu’un… Même sur un journaliste comme Amon. Brent était certain qu’il ne l’avait pas fait et, de ce fait, Amon était suffisamment en forme pour nous gratifier de ces fameux articles… Cependant, Brent était certain que Shran était capable de tirer à côté pour faire peur aux intrus. Mes lèvres se pincèrent.

-N’empêche que c’est dangereux… Un mauvais tir et il peut foutre sa vie en l’air.

Parce que tuer ou même blesser un homme par balle, le mettrait dans de très très gros ennuis.

Je n’arrivais, par contre, pas à savoir si Sørensen disait vrai concernant le couple Shran-Lee. D’après Brent, il mentait parce qu’il semblait certain que jamais Enora et Stephen ne se remettraient ensemble. J’hochai de la tête. Il les connaissait bien mieux que moi alors je ne pouvais que me ranger à ses impressions. Il affirmait que si Enora était crevée c’est parce qu’elle était occupée à travailler avec Shran ce qui demandait de l’énergie. Je rigolai.

-C’est vrai… Il peut-être fatiguant. Et je sais qu’elle a l’art de beaucoup s’inquiéter pour lui. C’était déjà le cas quand ils se détestaient alors j’ose pas imaginer maintenant après avoir été mariés…

J’étais au courant de la condition de Shran. Ayant travailler avec lui pendant 3 ans quasi tous les jours, c’était difficile de passer à côté. Et je savais qu’Enora avait l’art de s’inquiéter à cause de ça.

Je conclu que Stephen ne s’était pas assagi avec l’âge. C’était même le contraire comme l’affirma Brent. Il affirma que quand il sera vieux, il faudra lui confisquer ses armes. Je rigolai avant de faire une petite moue.

-Il faudrait peut-être lui confisquer tout de suite…

C’était mon avis…

Brent ajouta alors que c’était une chance que Sørensen soit probablement trop borderline que pour porter plainte. Je réfléchis deux secondes avant de lancer :

-En même temps, il est en tort aussi… Il n’avait ne peut pas se trouver sur une propriété privée. S’il aurait porté plainte, il aurait aussi été sanctionné.

Une plainte n’aurait servi personne.

Je soupirai.

-Le tournage va vraiment être rock’n’roll. Je le sens.

Je rigolai avant de reprendre quelques bouchées de mes œufs et de mon bacon. Un léger silence s’installa avant que je ne le brise pour demander quelque chose que je voulais demander à Brent depuis un moment maintenant.

-Dis-moi, Brent… Est-ce que tu connais bien River Moriarty ?

J’étais vraiment content de pouvoir reprendre mon rôle dans Spaceship, mais il fallait aussi que je pense au fait que je devais aussi continuer à travailler avec Johnatan, Livia et le duo Eleanor/Shane. Hugh avait la solution : la caravane qui allait m’être destinée sur le plateau. Je pourrais recevoir là mes protégés entre deux prises.

-J’arriverai à m’arranger. De toute façon, les albums de Livia et Nameless sont sortis… Je les laisse respirer un peu avant de faire une sorte de tournée de promotion. Mais il est probable que ça empiète sur les moments où on va tourner. Et puis j’ai Eleanor Harris et son ami Shane à lancer.

Ça allait me faire beaucoup de travail et peu de sommeil, tout ça. Et comme le disait Hugh, ça allait être très physique. Je souris quand il affirma se maintenir en forme depuis qu’il était sorti de l’enfer.

-Je sais ça… Tu vas courir très tôt et tout…

Je soupirai d’une façon un peu comique.

-C’est pas moi qui aurais le courage d’aller courir.

Ni de faire régime, d’ailleurs, quoi qu’en dise Shran.

Un Shran dont je découvris la tronche si reconnaissable imprimée sur le papier glacé de L.A.People. Je partageai l’information avec Hugh qui fut aussi abasourdi que moi de déduire que notre ami avait tiré sur Amon Sørensen… Enfin… A côté, parce que sinon, le journaliste n’aurait pas pu rapporter ça dans sa feuille de chou.

Le truc qui me faisait dire que le journaliste s’était bel et bien retrouvé face à Shran, c’était la déclaration sur Galactic Wars… Je pouvais l’entendre en le lisant. Hugh comprenait la colère de Shran vis-à-vis de la série de Maxwell…

-En effet, Spaceship n’a comme point commun avec Galactic Wars que le fait que ça se passe dans l’espace. Sinon, ça n’a rien à voir. Je comprends que a énerve Shran d’y être toujours comparé.

Je fis la moue.

-Moi, ce qui me fait peur, ce sont les audiences. Je ne peux pas croire qu’autant de gens puisse apprécier les idées véhiculées par Galactic Wars.

Quant au fait d’avoir utilisé son arme contre le journaliste, Hugh disait que c’était dangereux…

-On est bien d’accord. J’en parlerai à Shran…

Est-ce que j’allais réussir à le convaincre ? Rien n’était moins sûr. J’étais son ami, mais il était vraiment paranoïaque.

En faisant les liens, on se disait que cette histoire pouvait être en lien avec la fatigue d’Enora, que hugh avait perçue même au téléphone. Hugh semblait savoir que l’ex-femme de Shran s’inquiétait beaucoup pour lui.

-C’est une crème, cette femme. Gentille, forte, qui sait ce qu’elle veut et où elle va… Je l’admire.

Je rigolai.

-Et elle a de sacrées couilles pour avoir réussi à rester mariée un an avec Shran.

Ils se valaient bien. Malheureusement, ils avaient tous les deux un caractère trop fort pour que leur histoire d’amour puisse marcher sur le long terme.

Quand je déclarai que Shran n’allait certainement pas s’assagir en vieillissant, Hugh affirma qu’on devrait peut-être lui confisquer ses armes tout de suite. J’ouvris de grands yeux.

-Tu veux que ce soit sur moi qu’il tire ?

D’un autre côté, comme le disait l’acteur, Amon n’avait rien à faire sur les plates-bandes de Shran.

-C’est vrai… Les journalistes sont vraiment prêts à tout, quitte à se mettre en danger. Je trouve ça pathétique. Pourquoi Amon ne lui a pas proposé une interview pour lui poser ses questions, plutôt que d’aller espionner ?

Une chose était sûre, le tournage allait être mouvementé… Je souris.

-Et probablement génial aussi. On va s’amuser, tu vas voir.

J’enfournai une nouvelle fourchette de bacon et d’œufs. La conversation semblait vouloir finir mais Hugh me posa alors une question qui me fit relever les yeux vers lui. J’avalai ma bouchée avant de répondre.

-Je ne le connais pas personnellement. J’ai beaucoup aimé sa prestation dans Keeping Our Lands… Je sais aussi qu’il a été momentanément interné au Hollywood Mental Health Center et qu’il essaye de remettre sa carrière sur les rails.

Je fronçai les sourcils et secouai la tête, étonné par sa question.

-Pourquoi ?

Brent allait avoir pas mal de boulot pendant le tournage car il devait aussi s’occuper de ses artistes. J’étais certain que Stephen prendra ça en compte. Il était exigent mais pas insensible surtout que Brent était, quand même, son meilleur ami. Quant à Brent, il disait qu’il arrivera à s’arranger. Deux de ses artistes étaient déjà bien lancés, il ne lui restait qu’à lancer Eleanor et Shane que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer.

-Je suis sûr que tu pourras gérer.

Car même si c’était un lève-tard, je savais que Brent était tout de même un bosseur. Et je savais qu’il était aux petits soins avec ses protégés.

On se doutait, donc, bien que le tournage allait être physique. Pour ma part, je me tenais en forme ce que Brent confirma. Mais lui ne se sentait pas le courage d’aller courir. Je rigolai un peu. C’est clair que je voyais mal Brent se lever tôt, enfiler un jogging et aller courir.

-Je courais pour toi sur le tournage, si tu veux.

Parce que Shran, lui, savait courir et marcher vite ! Il fallait le suivre ! Pour ça qu’il avait toujours la ligne !

Parlant de Shran, on découvrit, Brent et moi, qu’Amon avait fait tout un article sur lui… Et sur Enora aussi. L’article n’était pas forcément flatteur… Le réalisateur y était mis en avant comme étant un paranoïaque notoire. Bon… C’était un peu vrai mais je trouvais qu’Amon exagérait. Quoi qu’avec le temps, sa paranoïa s’était peut-être pas arrangée…

Ce dont on était certain, c’était que les propres sur Galactic Wars étaient sans doute bien ceux du réalisateur. Je trouvais un peu stupide de comparer la série Spaceship et celle de Maxwell. Elle n’avait en commun que l’espace comme le précisa Brent. Du reste, ça n’avait rien à voir et c’était bien ça qui ennuyait Stephen.

-Je peux comprendre aussi… Mais on ne peut pas empêcher les médias de dire ce qu’ils veulent.

Ce n’était pas en notre pouvoir de les faire taire…

Brent, lui, ce qui l’ennuyait, c’était les audiences de Galactic Wars. Elles étaient élevées malgré le message véhiculé par la série. Je soupirai impuissant face à ça.

-Je pense surtout que les gens ne regardent pas cette série pour le message mais pour l’action… Il y a beaucoup d’effets spéciaux dans la série de Maxwell.

Ce qui était, aussi, inquiétant dans l’article c’était que Shran semblait avoir utilisé son arme. Il n’avait pas tiré sur Amon mais semblait avoir tout de même tiré à côté. Je trouvais ça dangereux et Brent était d’accord avec moi. Si Shran avait mal visé, les choses auraient pu tourner au drame. Brent comptait parler de ça à Shran. J’hochai de la tête.

Petit à petit on arrivait à voir plus clair sur ce qui était vrai ou faux dans l’article par rapport à ce qu’on savait sur Shran et Enora. Ainsi, Brent doutait qu’ils se soient remis ensemble. Quant à la fatigue d’Enora, c’était sans doute parce qu’elle était amenée à travailler souvent avec Shran ces temps-ci. Ça en plus du fait qu’elle avait l’habitude de beaucoup s’inquiéter pour lui. Brent n’avait, d’ailleurs, que des bons mots pour la productrice. Je souris.

-Elle est parfois un peu sévère. Au début, elle me faisait un peu peur.

Je rigolai. Elle avait un sacré caractère. Ce qui faisait que, au départ, elle m’impressionnait.

Brent affirma qu’elle avait des couilles pour être restée mariée à Shran aussi longtemps. Je savais qu’Enora était la relation la plus longue de Shran. Il n’était jamais resté marié avec une femme plus d’un an. Les autres n’ont duré que quelques mois. Aussitôt marié, aussitôt divorcé.

-C’est clair ! Vivre avec Shran, ça doit être toute une aventure.

Déjà travailler avec c’était une aventure alors vivre avec ! Je n’osais même pas imaginer…

Quoi qu’il en soit, la parano de Shran n’allait pas s’améliorer avec l’âge… Je soumis alors l’idée de lui retirer directement ses armes mais Brent avait bien peur de se faire tirer dessus s’il proposait l’idée. Sa tête quand il dit ça me fit rire.

-C’est vrai qu’il risque de ne pas aimer ça.

Quant à Amon, il était autant en tort que Shran. Brent affirma que les journalistes étaient vraiment prêt à tout pour un scoop… Alors que dans le cas d’Amon, il aurait pu simplement demander une interview à Stephen. Je fis la moue.

-Pas sûr que Stephen aurait accepté une interview. Je me rappelle qu’il était très sélectif sur qui pouvait l’interviewer.

Tout ça pour dire que le tournage risquait d’être rock’n’roll mais Brent ne doutait pas qu’on allait s’amuser. Je souris.

-C’est clair !

On se remit alors à manger jusqu’à ce que j’ose, enfin, demander à Brent s’il connaissait River Moriarty. Ça faisait un moment que je voulais lui poser la question sans réussir à me lancer… Mais là, j’avais réussi… Sauf que Brent ne savait pas grand-chose sur l’acteur. Pas plus que je n’en savais quand j’ai rencontré River. Mes lèvres se pincèrent quand Brent demanda pourquoi je posais cette question…  

-Parce que… Heu…

J’hésitais quelques instants avant de me lancer.

-J’ai rencontré River à une fête organisée par Maxwell, justement… Je suis « tombé dessus » si je puis dire alors que j’essayais de m’enfuir de la fête. J’avais quelques appréhension surtout après ce que la presse avait dit sur lui. Mais je l’ai trouvé vraiment sympathique. Et… Je pense qu’il m’a fait des avances… Je crois… Je ne sais pas… J’interprète peut-être mal. Mais je ne pense plus qu’à depuis ce jour-là.

Vous savez quoi ? Brent était le meilleur ami de Shran, je pensais bien qu’il était au courant sur mes préférences en matière de partenaires… Ce que j’ignorais c’est que les principes de Shran allaient jusqu’à bien garder mon secret pour lui et qu’il n’avait rien dit à Brent. Quoi que « secret » était un bien grand mot. Certains le savaient sans même que je ne l’ai dit. Comme Sniper, par exemple…

-Du coup, je ne sais pas très bien si je dois le revoir ou non…

J’étais en train de réfléchir un peu tout haut à comment j’allais faire pour gérer mon métier d’acteur temporaire et celui de manager. Mais Hugh était certain que j’allais gérer. Et comme il le disait aussi, Shran prendrait ça en compte, j’en étais sûr !  

-Oui, je sais que tout va bien se passer.

Puis, je rigolai quand on parla de faire du jogging… Ce n’était pas vraiment un passe-temps auquel je m’adonnais, contrairement à Hugh. Mais lui était acteur, il devait prendre soin de son corps. Moi, je ne ressentais pas ce besoin et en bon vivant que j’étais, je faisais un peu mon fainéant à ce niveau-là.

Et je ris de plus belle quand Hugh me proposa de courir pour moi sur le plateau.

-Bonne idée. Même si je vais quand même devoir courir derrière Shran.

Mon meilleur ami était tellement nerveux que ça se ressentais dans tout ce qu’il faisait, y compris marcher… Faire une promenade avec Shran me mettait toujours à bout de souffle.

En parlant du réalisateur, L.A.People nous dévoila ses dernières frasques. Il avait apparemment essayé de tirer sur Amon Sørensen et le journaliste ne s’était pas gêné pour rapporter l’histoire. Heureusement que tout s’était fini relativement bien et qu’au final, personne ne devrait avoir de problème. L.A.People avait déjà rapporté des choses bien plus graves qui n’avaient pas eu de conséquences. Et comme ici, Sørensen était aussi fautif que Shran, les choses n’iraient probablement pas plus loin que cet article.

Du moins, je l’espérais.

Quant aux propos de Shran sur Galactic Wars, je reconnaissais les mots de mon ami. Hugh, lui, comprenait que le réalisateur en ait marre que sa série soit comparée à quelque chose qui n’avait pas du tout le même esprit. Comme le disait Hugh, on ne pouvait pas empêcher les média de dire ce qu’ils voulaient.

-Non, ça c’est sûr.

Hugh pensait que les audiences de Galactic Wars avaient plus à voir avec les belles images et l’action qu’il y avait dans cette série qu’avec le message véhiculé par la série.

-Je l’espère parce que sinon, je ne sais pas où va le monde.

Galactic Wars était une série pour les Jimmy Reed et autres Victor Hunter. Si tout le monde devenait comme eux, c’était moi qui allais prendre un vaisseau avec Shran et aller voir sur d’autres planètes si l’herbe était plus verte.

Pour ce qui était de la relation entre Enora et Stephen, je savais ce qu’il en était. Ils n’étaient pas ensemble et ne le seraient plus jamais. J’en profitai pour encenser Enora que j’appréciais beaucoup (au point de la mettre dans mon lit) et Hugh me fit rire en disant que lui en avait eu peur, au début, parce qu’elle était sévère.

-C’est vrai ? Tu en avais peur ?

Je fis une moue comique, me grattant le cou.

-Elle a du caractère ! Ça, c’est sûr ! C’est ce que Shran aime et déteste à la fois chez elle. Et c’est ce qui m’impressionne à chaque fois. C’est une productrice hors pair et elle sait ce qu’elle veut.

Je souris.

-Je n’en ai jamais eu peur, mais c’est peut-être parce que je l’ai connu avant de travailler avec elle. Et puis, je n’ai fait que quatre épisodes, jusqu’à maintenant.

En tout cas, elle avait assez de caractère pour être restée avec Shran pendant un an. Hugh imaginait que ça avait dû être toute une aventure.

-Je ne te le fais pas dire ! Et je n’étais que spectateur !

Je me demandais pourquoi Sørensen, plutôt que de se mettre en danger, n’avait pas simplement demandé une interview à Shran. Mais Hugh n’était pas sûr que le réalisateur aurait accepté. Je soupirai.

-C’est vrai… Mais bon… Il sait bien que pour être tranquille, il faut parfois faire de concessions.

On se remit à manger et je feuilletai un peu plus loin le magazine quand Hugh parti sur tout à fait autre chose : River Moriarty. Curieux, je lui dis le peu que je savais de l’acteur de Keeping Our Lands…

Sa réponse, quand je lui demandai « pourquoi ? », ne me surpris pas outre mesure. Je ne savais pas que Hugh était homosexuel, mais pour moi, bien que je ne sois attiré que par les femmes, l’amour n’avait pas de forme prédéfinie. Chacun avait le droit d’aimer qui il voulait. L’amour ne se commandait pas.

Alors je répondis aussi naturellement que si Hugh m’avait parlé d’une attirance tout à fait lambda. Tout simplement, parce que pour moi, c’était aussi légitime qu’une attirance hétérosexuelle.

J’étais surtout content pour lui, en fait. Parce que je savais qu’il se sentait seul. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il vivait dans mon appartement.

-Si tu penses que Moriarty t’a fait des avances, tu devrais essayer de le revoir pour confirmer ou non ce que tu penses.

Je souris.

-Tu as tout à gagner et rien à perdre, Hugh. Je ne sais pas si River partage l’attirance que tu sembles ressentir… Mais ce que je sais, c’est qu’on ne lui connait pas de partenaire…

Je secouai le magazine que j’avais en main.

-L.A.People n’aurait pas manqué de le mentionner, s’il avait quelqu’un.

Je rigolai quand Brent affirma que, même si je courais pour lui après Shran, il devra quand même le faire aussi. Sans aucun doute. Il fallait le suivre, Shran, pendant toute une journée de tournage. Mais au moins, ça tenait alerte et en forme.

Shran, d’ailleurs, avait fait quelques frasques ses derniers temps et ça n’avait pas échappé à L.A.People. Même si, quelque part, on comprenait, à travers l’article, que c’était Amon qui avait cherché le réalisateur. Sans ça, il ne se serait probablement rien produit. Si tu n’emmerde pas Stephen, il ne viendra pas t’emmerder. En général, en tout cas, c’est comme ça.

Les propos sur Galactic Wars étaient sans doute ceux de Shran. Brent n’était pas fan non plus apparemment. Il se demandait même comment une telle série pouvait faire tant d’audience étant donné le message qu’elle véhiculait. Sauf que j’étais persuadé, moi, que si la série de Maxwell avait du succès c’est parce qu’elle était bourrée d’effets spéciaux modernes. Shran n’utilisait quasi pas d’effet, lui. Il misait tout sur le maquillage. Une autre preuve que les deux séries n’ont pas le même but. Brent espérait que c’était uniquement ça qui faisait le succès de Galactic Wars parce que, sinon, il disait ne pas savoir où va le monde. Je soupirai.

-C’est clair que si les gens suivent le message de cette série, on est pas prêt de vivre en paix.

La série de Shran était totalement différente car elle mettait en scène un futur positif.

On parla, ensuite, d’Enora Lee envers qui Brent n’avait que des bons mots. Elle était celle qui avait réussi à tenir le plus longtemps mariée à Shran. Son caractère n’y était pas pour rien. Enora n’était pas du genre à se laisser faire. Elle était parfois aussi bornée que son ex-mari. Lors de mes premiers jours sur la série, Spaceship, elle n’impressionnait. J’hochai de la tête alors que Brent semblait surpris que j’ai eu peur d’Enora.

-Ouais, j’en avais peur. Elle était intransigeante. Elle me donnait l’impression que je n’étais pas son premier choix pour le rôle. Mais en réalité, elle était comme ça parce que Shran l’avait énervé avant que j’arrive… J’ai appris ça l’an d’après…

Brent confirma qu’Enora ne manquait pas de caractère et que c’était ça que Shran aimait et détestait à la fois. Je souris.

-Ça pour savoir ce qu’elle veut, elle sait ce qu’elle veut.

Brent n’avait jamais eu peur d’elle mais il l’avait connu dans de bien d’autres circonstances que moi. Sans compter qu’il affirma n’avoir travailler avec Enora que le temps de quatre épisodes.

-Jusqu’à maintenant… Mais bientôt tu en feras bien plus !

Je souris avant d’affirmer que d’être marié avec Shran devait être toute une aventure. Brent confirma alors qu’il avait été, lui, spectateur de leur relation.

On en revint alors à Sørensen qui s’était mis en danger rien que pour avoir quelques informations sur Stephen alors qu’il aurait simplement pu demander une interview. Le fait est que je voyais bien Shran refuser toute interview avec Amon… Brent disait qu’il fallait, pourtant, parfois faire des concession pour être tranquille. Je soupirai.

-Oui… C’est l’un des revers de la notoriété…

Brent se remit à feuilleter L.A.People alors que, moi, mon esprit divagua pour aller jusqu’à River… Ce n’était pas difficile, en fait… J’y pensais quasi tout le temps depuis notre rencontre. Au point où je trouvais qu’il était plus que temps d’en parler à Brent. Je savais qu’il était digne de confiance alors je me lançai demandant ce qu’il savait de Moriarty. Sauf que Brent n’en savait pas beaucoup plus que moi…

Mais il se fit curieux et je ne pus plus vraiment revenir en arrière. Alors, je pris mon courage à deux main racontant ma rencontre avec l’acteur. Je voulais son avis.

Je trouvai le courage de soutenir le regard de Brent. Je n’aimais pas me dévoiler mais… Je n’aimais pas non plus men sentir seul au monde. Alors, de temps à autre, il fallait que je me lance comme je venais de le faire. Brent ne fut pas surpris ce qui, quelque part, me rassurait. A la place, il répondit posément à mes interrogations.

Il me conseilla d’aller revoir River pour essayer de confirmer si mes impressions étaient bonnes. Mes lèvres se pincèrent.

-C’est ce que je me suis dit aussi.

Mais, en soi, je crevais de trouille…

Brent déclara alors que je n’avais rien n’à perdre. Il ajouta aussi que River ne semblait pas avoir de partenaire, sinon, L.A.People l’aurait rapporté. Je fis la moue.

-Sans doute, oui… Mais ce que j’ai peur c’est d’avoir mal compris ses signaux… Que je me fasse des illusions… Que j’ai vu ce que j’avais envie de voir.

Je soupirai.

-Si je le revois et que je me rends compte que j’ai tout compris de travers, ça va faire mal.

C’était ça le soucis. Ça et le fait que j’aurais l’air aussi bien ridicule.

-Mais… Si je ne le fais pas, je risque de le regretter aussi… Alors, sans doute que je devrais au moins aller le revoir.

Histoire de ne pas avoir de regrets.

Finalement, même nous, on ne pouvait s’empêcher de comparer Galactic Wars et Spaceship… Comme tout le monde le faisait, c’était quasiment inévitable. Pourtant, il y avait plus qu’un gouffre entre les deux séries. Comme le disait Hugh, si les gens aimaient Galactic Wars cela voulait dire que notre monde était loin d’être prêt pour le futur optimiste de Shran.

Cette pensée me fit quand même sourire.

-Je me suis toujours demandé comment quelqu’un comme Shran pouvait être aussi positif, d’ailleurs.

Et qui parlait de Shran parlait inévitablement d’Enora Lee… Ils étaient intimement liés dans mon esprit et apparemment, dans l’esprit collectif également. Même Sørensen qui ne les connaissait pas les voyait ensemble. Comme si ce n’était pas possible autrement.

Hugh m’avoua avoir eu longtemps peur d’Enora Lee et de sa personnalité exigeante. Il avait même eu la fausse impression qu’elle ne le voulait pas pour le rôle de Five.

-Je sais… Quand Enora est fâchée sur Shran, elle a tendance à faire des dégâts collatéraux. Probablement parce que dans le fond, se disputer avec Shran ne mène jamais à rien.

Dans un sens, c’était un peu comme se disputer avec moi… Dans un style différent. Cela dit, je ne me rappelais même pas la dernière fois que je m’étais disputé avec quelqu’un… Quand Shran nous avait surpris, Enora et moi ? Mm même pas… Shran s’était juste emballé tout seul.

Bref, tout ça pour dire qu’Enora était quelqu’un qui savait ce qu’elle voulait et Hugh était là pour confirmer. Je n’avais encore jamais travaillé sur une longue période avec Enora, mais ça n’allait pas tarder puisque Hugh m’annonça avec un grand sourire que j’allais faire bien plus d’épisodes. Je souris, sentant une agréable sensation au creux de mon estomac.

-J’ai vraiment hâte de commencer. De repasser au maquillage et tout…

J’aimais bien qu’on s’occupe de moi… Et le maquillage nécessaire pour me transformer en Datalore prenait déjà quelques heures où je pouvais me faire pouponner…

Pour en revenir à Shran et Sørensen, j’aurais préféré que mon ami accorde une interview au journaliste… Mais bon… Les choses n’étaient pas aller comme ça et on ne pouvait pas encore revenir dans le temps pour éviter l’incident. Quant aux concessions, Hugh disait que c’était un des revers de la notoriété.

-Ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus drôle, mais c’est un bon moyen pour contrôler l’information…

Sinon, ce qui finissait par arriver, c’était des articles du genre de celui que je venais de lire.

Ons ‘était remis à manger avant que Hugh ne rouvre la bouche pour me poser des questions sur River Moriarty… Je le sentais embêté, gêné… Mais je fus content qu’il me fasse assez confiance pour mener la conversation sur ce chemin-là… J’en apprenais un peu plus sur le petit latino et je voyais bien que c’était dur pour lui de se dévoiler.

Pourtant, ce n’était certainement pas moi qui allais faire une remarque désobligeante là-dessus.

Il était attiré par Moriarty qui lui avait apparemment fait des avances. Mais il avait peur de mal interpréter les signaux que lui avait envoyés l’acteur aux yeux bleus. Il avait peur d’avoir vu ce qu’il avait envie de voir. Je mis le magazine de côté pour me concentrer essentiellement sur Hugh.

Je lui conseillai de revoir Moriarty pour essayer d’avoir la confirmation de ce qu’il avait vu. Mais il semblait avoir tellement peur de le regretter… Tellement peur d’avoir l’air ridicule. Je le regardai avec toute la compassion du monde.

-Je comprends que tu aies peur d’avoir mal. Ça fait toujours mal quand on se rend compte qu’une attirance n’est pas réciproque.

En soi, j’étais mal placé pour parler d’amour… Pas d’un amour durable en tout cas. Chez moi, l’amour filait comme les étoiles filantes. Je pouvais être amoureux le temps d’une soirée, parfois sur deux ou trois jours où je restais sur un nuage… puis ça me passait.

-Mais comme tu dis, si tu n’essayes pas, tu le regretteras. Alors fonce, Hugh. Au pire, quoi ? S’il ne veut pas la même chose que toi, tu sauras à quoi t’en tenir…

Je me levai et m’étirai…

-Et la douleur finit toujours par passer.

Je lui souris.

-Je vais prendre une douche… Merci pour le déjeuner.