Aussitôt Jimmy Reed avait quitté nos bureaux, aussitôt, la machine s’était enclenché. Il fallait, en priorité lancer l’avis de recherche et prévenir les autorités compétentes en la matière. Bientôt, les photo de Maritza et du jeune Julius Rachel seront placardées dans les magazine, télévision et autres cartons de lait comme c’était le cas pour toute disparition d’enfants inquiétantes. Dans ce genre d’enlèvement, toutes les minutes comptaient et il s’agissait, pour moi et Phillips, de mener notre enquête de façon efficace.

Ainsi, après que la machine ait été mise en marche après quelques coups de fils pour déléguer cette partie-là à qui de droit, on se mit en route vers la villa de la fille du couple, la célèbre chanteuse, Livia. Ça faisait environs une heure que Jimmy Reed était passé dans nos bureaux. Comme je le disais, toutes les minutes étaient cruciales. Autant dire que ça allait être une longue journée.

Jimmy Reed nous avait dit avoir téléphoné à sa fille qui avait affirmé que Maritza n’était pas chez elle. C’est ce qu’on allait vérifier et, si ce n’était effectivement pas le cas, ça sera à nous d’interroger la jeune femme afin d’avoir quelques indices ou autres pistes pour comprendre le schéma de pensée de Maritza mais, aussi, pour, peut-être, savoir si elle avait des amitiés que Reed ignorait et qui aurait pu aider la femme à s’enfuir sans laisser d’adresse.

Reed avait dit qu’il avait entendu dire qu’Enrique Lopez vivait sur le domaine de sa belle-fille. S’il était là, nous feront d’une pierre deux coups. C’est pour ça que le domaine de Livia était, définitivement, le premier endroit afin de commencer cette enquête qui, on l’espère, se finira par un dénouement non-tragique.

Dans la voiture, Phillips et moi échangeâmes sur tout ce que nous avais dit Reed… Le couple était, certes, dysfonctionnel mais, jusqu’ici, il n’y avait rien, hormis la dépression, qui pourrait expliqué le geste. On ne pouvait pas savoir, non plus, si l’acte était prémédité ou impulsif. Peut-être que notre rencontre avec Livia nous aidera à mieux comprendre comment fonctionne sa mère. Peut-être même que la jeune femme savait quelque chose.

La villa se trouvait à l’extérieur de la ville et nous finîmes pas y arriver. Le domaine était très beau en bord d’un lac. Mais je n’avais pas le temps de m’extasier sur la vue. J’avais une mission.

Moi et Phillips, on se planta devant la porte et nous sonnâmes avant d’attendre que quelqu’un vienne nous ouvrir. S’il n’y avait personne, ça sera un coup de malchance… Mais si on avait prévenu de notre arrivée et que Maritza se trouvait ici, ça aurait été d’autant plus contreproductif !

La porte finit par s’ouvrir sur la jeune Olivia Cortez. J’avais une fille, un peu plus jeune que Livia, qui était complètement fan de la jeune chanteuse. Nul doute qu’elle serait jalouse de moi à cet instant. Dommage que, pour ma part, quand je rencontrait des VIP, ce n’était jamais pour de bonnes nouvelles…

-Bonjour, Mademoiselle Cortez.

Je sortis mon badge afin de m’identifier et de prouver à la jeune femme que j’étais bien qui j’allais dire que j’étais. Car, contrairement aux patrouilleurs, nous, les enquêteurs, avions le droit de nous promener en habit civil.

-Je suis l’Inspecteur Henry, LAPD. Et voici l’Inspecteur Phillips, mon collègue. Nous aimerions vous posez quelques questions. Est-ce que nous pouvons entrer ?

Aujourd’hui était une journée chargée. J’attendais la livraison de matériaux pour continuer les rénovations sur mon domaine ainsi que des ouvriers qui allaient effectuer ces travaux. Bien que j’étais hyper motivée et emballée par mes projets, je ne possédais pas les capacités nécessaires pour opérer les machines pour la concrétisation de tout cela. Mon père non plus d’ailleurs bien qu’il était très talentueux pour la construction de meuble fait à la main, par exemple. C’était là-dessus qu’il occupait son temps dernièrement. Il y avait tant à faire, impossible de s’ennuyer.

Ma journée avait commencée tôt et par un appel de Jimmy, celui qui se croie être le Dieu tout puissant de cette ville, en personne ! Je n’avais été qu’à moitié surprise d’apprendre qu’il cherchait ma mère. Enfin, elle avait fini par ouvrir les yeux et elle l’avait quitté ! Comme quoi, les miracles arrivent de temps en temps ! Malheureusement pour lui, je n’avais pas été en mesure de le renseigner, je n’avais aucune idée de l’endroit où elle pouvait être et en toute honnêteté, si je l’avais su, je ne le lui aurais pas dit, même pas sous la torture ! La seule chose qui m’avait un peu fait sourciller après coup, c’était qu’il cherchait également mon petit frère et, connaissant ma mère, ça me surprenais beaucoup qu’elle ait pu risquer de partir avec lui.

Dernièrement, j’avais appris par ma mère elle-même qu’elle passait au travers une dépression et j’avais également su que Jimmy l’avait menacé, en quelque sorte, en lui montrant la porte et en lui suggérant de se suicider. Quel genre de lâche agissait de la sorte devant la détresse de la femme qu’il avait pu prétendre aimer ? Quel genre d’homme pouvait reprocher à sa fille d’avoir briser les serments prononcer lors de son mariage et de faire bien pire quelques temps seulement après ?

La seule chose qui me chagrinais dans tout cela était qu’elle ne m’avait pas demandé d’aide, qu’elle n’avait pas cru pouvoir être en sécurité chez moi. Peut-être avait-elle voulu me laisser en dehors de tout cela, comme l’avait suggéré Enrique. Mes récents changements de vie avaient fait couler beaucoup d’encre et par forcément dans le bon sens alors s’il avait fallu que ma mère prenne du recul chez moi, la presse people aurait bien été capable de dire que j’étais responsable de l’explosion du couple formé par ma mère et tortionnaire.

- Tu as sans doute raison. N’empêche qu’ici elle aurait pu se reposer et reconnecter avec la femme qu’elle est vraiment. Depuis qu’elle est avec lui, elle est éteinte… Elle n’est qu’une pâle copie de celle que je connais.

- Il a exercé sur elle une influence malsaine. Toi, tu as vu clair avant, tu t’en ai sortie à temps. C’est peut-être ce qui arrive quand tu épouse le chef d’un gang de criminel.


- Si j’apprends qu’il lui a fait le moindre mal, je dirai tout ce que je sais ! Et crois-moi, j’en sais pas mal !

Je revenais de la grange quand j’avais vu une voiture au loin, remontant le chemin menant à chez moi. Ça devait être les employés que j’attendais et le camion de matériaux devait suivre de pas très loin. Je pressais donc le pas pour me rendre à ma villa, enfiler des bottes de travail et attacher mes cheveux pour ne pas les avoir dans le visage à tout bout de champ pendant que je mettrais la main à la tâche.

Je venais de terminer de lasser ma dernière botte quand on sonna à ma porte. Je me levais et j’allais répondre, un peu surprise qu’ils n’aient pas suivis les indications laissé lors de l’embauche, celles de se rendre directement à la grange.

- Bonjour.

Devant moi, se trouvait deux inspecteurs. Si ma mère m’avait mal élevée, j’aurais ris ou alors j’aurais roulé des yeux. Je n’avais aucun squelette dans mon placard, je n’avais pas besoin que ces messieurs arborant déjà bien haut leur plaques de la police pour deviner que ça avait un lien avec ma mère et Jimmy. Le pauvre Jimmy avait eu recours à la police pour garder son masque lisse ? Il n’avait pas été capable d’assumer sa part de responsabilité, il refilait la patate chaude entre d’autres mains.

- Oui, bien sûr. Entrez. Vous m’inquiétez messieurs ! Ne me dites pas que quelques choses de graves est arrivés !

C’est la jeune Livia qui était venue nous ouvrir à Phillips et à moi nous saluant alors que nous nous présentâmes comme des gens des forces de l’ordre, ce que nous étions. Ce n’était pas la première fois, loin de là, où j’allais interroger une star… Il y a quelques temps, j’avais été interroger Hank North et sa femme, Bailey North dans le cadre de mon enquête sur Ward Fleming.

Je n’avais pas l’habitude de m’adresser aux stars d’une façon différente des gens lambda. Comme je venais de le voir avec Jimmy Reed, ce sont des gens comme les autres avec les mêmes problèmes que les autres. La seule différence c’était qu’ils avaient souvent la presse derrière eux pour rapporter ces fameux problèmes et les exposer à tout le monde.

Ainsi, pour moi, là, Livia était une jeune femme de 20 ans et potentielle source d’information dans cette enquête.

Je lui demandais gentiment et poliment si nous pouvions lui poser quelques questions. Elle accepta se demandant si quelque chose de grave était arrivé. Oui. On pouvait dire ça. Un rapt n’était pas quelque chose d’anodin, en tout cas, surtout quand on ne sait pas comment tout ça va se finir. Mais la question de Livia sous-entendait qu’elle n’était pas au courant ou qu’elle ne voulait pas qu’on pense qu’elle l’était. A ce stade, difficile pour nous d’être sur ce quoi que ce soit.

Nous entrâmes.

-Nous vous dirons tout quand nous seront tous assis. Ça sera plus facile ainsi.

Je préférais qu’elle soit assise. Si elle n’était au courant de rien, je préférais que la jeune femme ne soit pas debout. On ne sait jamais comment les gens peuvent réagir à ce genre de nouvelle.

Quand nous fûmes tous installé, Phillips sortit son carnet. Encore une fois, il sera là essentiellement pour prendre des notes et observer les réaction de notre potentiel témoin.

-Votre mère, cette nuit ou tôt ce matin, s’est enfuie sans laisser d’adresse avec le jeune Julius Rachel. Ça fait suite à la demande de divorce de Jimmy Reed pas plus tard que cette nuit. Ma première question, Mademoiselle Cortez, est de savoir si vous auriez une idée d’où votre mère pourrait se trouver ? Notre but étant de la retrouver le plus rapidement possible.

Autant aller droit au but. Je regardais autour de nous.

-Est-ce que votre beau-père, Enrique Lopez, se trouve ici ? Autant qu’il soit mis au courant aussi surtout que nous aurions aussi des questions à lui poser.

Mon ton se voulait aimable bien que je ne pouvais m’empêcher de mettre du poids sur mes mots pour faire comprendre à Livia toute la gravité de la situation.

Avant même le camion de matériaux et les ouvriers, une voiture arriva et ce fut deux inspecteurs de polices que j’accueillis en ma demeure. Ils avaient des questions à me poser et, avant de leur dire que je m’en doutais vu l’appel que j’avais eu ce matin, je m’inquiétais de savoir si quelque chose de grave s’était produit. L’état préoccupant dans lequel était ma mère lors de notre dernier coup de fil pourrait me permettre de croire qu’elle avait commis l’irréparable, elle y songeait ou plutôt, on l’avait incité à y songer.

- D’accord, suivez-moi.

Je les guidais jusqu’à ma terrasse, derrière la maison. Ainsi, si des employés arrivaient, nous ne serions pas interrompus à tout moment par le bruit ou par des questions. Mon père était-là de tout façon pour diriger les opérations. Je lui faisais entièrement confiance et puis en toute honnêteté, il avait une meilleure vision architectural que moi.

L’inspecteur Phillips prit alors un carnet et s’apprêtait à prendre des notes alors qu’Henry m’annonça que cette nuit ou alors tôt ce matin, ma mère avait prit la fuite avec J.R. Donc, le but de la visite était de savoir si je savais quelque chose.

- Eh bien… Je suis surprise qu’elle n’ait pas prit la fuite avant mais je suis choquée qu’elle ait prit J.R. avec elle, si c’est bien ce qui s’est passé. Pour vous répondre, non. Je n’ai aucune idée de l’endroit où ma mère peut se trouver en ce moment.

Nous avions encore de la famille à Tijuana mais c’était plus du côté d’Enrique alors il serait plus qu’étonnant que ma mère se soit en allé chez une ancienne belle-sœur. Ceci dit, elle avait peut-être encore des contact avec des amies. Jimmy l’avait enveloppé dans du papier bulle mais peut-être qu’elle avait encore le droit de parler au téléphone et de faire des interurbains.

- Oui, mon père est ici. Nous attendons des employés, c’est probablement pour cela que vous avez pu passer la barrière à l’entrée sans vous faire annoncer. Il viendra vous voir, ce n’est pas un problème.

Mais il n’aurai absolument rien de plus à leur dire que ce que je venais de leur dire. Enrique ne parlait plus à ma mère depuis un moment, depuis qu’il avait décidé que mon petit frère et ma petite sœur n’irait plus chez Jimmy. Enrique avait été inquiété rapidement du manque graduelle de vitalité et d’entrain. Il sentait l’effet toxique que Jimmy exerçait sur ma mère et moi et avait voulu protéger Maximo et Rosalynn.

- Voulez-vous aller le voir tout de suite ou peut-être avez-vous d’autres questions pour moi ?

J’avais discuté avec Enrique de l’appel de Jimmy donc, il serait qu’à moitié surprit, lui aussi, d’apprendre qu’elle avait plié bagage et avait emporter son fils avec elle. La seule chose que j’espérais était qu’elle avait eu le temps de quitter le pays et qu’elle était en direction pour l’autre bout du monde car, si elle se trouvait toujours au pays, elle serait impitoyablement mise en pièce par Jimmy, encore une fois !

La jeune Livia nous avait permis d’entrer et elle nous entraina jusqu’à une grande terrasse à l’arrière de la maison qui donnait sur le lac et sur la piscine. Une villa que bien des gens rêveraient mais que beaucoup ne pouvaient s’offrir. C’était le privilège des stars et des gens riches dont Olivia Cortez faisait partie par son statut de star de la musique.

Mais autant Phillips que moi-même n’avons pas vraiment le temps de nous attarder sur la belle vue. Nous avons un enfant à retrouver le plus vite possible. Et ça passait par des questions à la fille de l’ex-couple Reed. Ainsi, je ne tardai pas à dire à Livia ce qui s’était passé cette nuit. La demande de divorce de son père à sa mère… Le rapt de cette dernière. J’étais prêt à trouver les bons mots si jamais la jeune femme venait à être chamboulée par tout ça.

Mais elle ne fut pas chamboulée. La fuite de sa mère ne l’étonnait pas. La jeune femme disait même qu’elle était étonnée qu’elle n’avait pas pris la fuite plus tôt. Par contre, elle ne s’attendait pas à ce que sa mère embarque le jeune Julius Rachel avec elle. Elle ajouta n’avoir aucune idée d’où pouvait se trouver sa mère.

-C’est bel et bien ce qu’il s’est passé. Votre mère ainsi que le bébé sont introuvables au moment où nous parlons. Ce qui représente une double disparition inquiétante et un rapt d’enfant.

Je voulais que Livia pèse la gravité de la situation.

Le truc dans l’histoire c’est que Reed affirmait qu’il avait demandé le divorce et que, dans cette optique, il ne sert, en théorie, à rien de prendre la fuite… C’est comme s’enfuir en courant d’une cage dont la porte a été grande ouverte par son ravisseur. Ça n’a pas de sens… Il fallait absolument que je pose plus de questions afin de mettre du sens à tout ça. Si sens il y avait.

J’avais parlé, ensuite, d’Enrique Lopez afin de savoir s’il était présent. La jeune Cortez confirma que son beau-père était ici. Beau-père qu’elle nommait « père » ce qui montrait bien ce que les médias avait rapporté : il y a de l’eau dans le gaz entre Jimmy Reed et sa fille. Reed m’avait rapporté la même chose lui aussi essayant de cerné le point d’origine de la discorde.

Elle affirma que son beau-père viendra sans problème nous voir. J’hochai de la tête.

-Parfait. Ça nous fera gagner du temps s’il est ici.

Elle demanda si on voulait le voir tout de suite.

-Nous allons d’abord vous poser quelques questions. Nous vous dirons quand nous aurons besoin de lui.

C’était mieux. Dans toutes enquêtes, c’était souvent mieux de voir les possibles témoins séparément. On ne sait jamais. Quiconque, ici, pouvait être de mèche et il valait mieux qu’ils ne puissent pas s’influencer. On ne sait jamais.

-Vous dites que vous êtes surprise que votre mère n’avait pas pris la fuite plus tôt. Pourquoi ? Parlez-vous de « divorce » quand vous dite « prendre la fuite » ? Vous avait-elle parlé d’un mal-être ? Vous avait-elle parlé de ses intentions de fuir ?  

Je marquais une pause pour la laisser répondre avant d’ajouter.

-Quel était votre relation avec vos parents biologiques ?

J’avais guidé les inspecteurs jusqu’à ma terrasse faisant face au lac dans le but d’être plus tranquille pour bavarder puisque j’attendais une kyrielle d’employé ainsi qu’un gros camion de livraison de matériaux. Mon père pouvait se charger de diriger les opérations pendant que je parlerais aux enquêteurs mais au moins, nous ne serions pas dérangés par le bruit que tout ce brouhaha produirait.

Ils entrèrent dans le vif du sujet et m’annoncèrent ce que je redoutais d’entendre. Ma mère avait pris la fuite quelque part entre cette nuit et ce matin, emportant avec elle mon petit frère. Si j’étais choquée de quelque chose, ce n’était seulement du rapt que ma mère avait fait en pliant bagages. Je ne pus m’empêcher de dire que j’étais surprise qu’elle ne soit pas partie bien avant.

Le inspecteurs demandèrent si mon père se trouvait ici puisqu’ils auraient également des questions pour lui. Je confirmais sa présence sans répondre pour lui. Je savais qu’Enrique et ma mère ne s’était pas parlé depuis longtemps. Enrique avait voulu protéger Maximo et Rosalynn de Jimmy, avec raison,  et ça n’avait pas plus à ma mère, ce que je pouvais également comprendre.

- J’irai le prévenir quand nous aurons terminé de discuter.

L’inspecteur Henry revint sur ce que j’avais dit un peu plus tôt comme quoi j’étais surprise que mamita n’ait pas quitté Jimmy avant la nuit dernière. Par quoi devais-je commencer ? Par le gros secret que je savais ou par la personnalité toxique de Jimmy ?

- Jimmy est un être machiavélique et toxique. Dès qu’il vous touche, vous commencez à perdre toute essence de vie. Je l’ai appris à mes dépends et c’est pour cela que j’ai décidé de couper les ponts avec lui en quittant sa maison de disque. J’ai vu ma mère dépérir, devenir une pâle copie de la femme qui m’a élevée, ça en était crève-cœur. J’espérais toujours qu’elle ouvre les yeux et qu’elle le quitte mais on ne quitte pas aussi facilement un homme tel que lui. La violence psychologique qu’il exerce sur les femmes empêche toute tentative de fuite.

C’était une bonne entrée en matière. Rien n’excuserait le geste de ma mère concernant Julius Rachel mais au moins, les enquêteurs verraient qu’il y avait un contexte.

- Ma mère souffrait d’une sévère dépression et plutôt que de l’épauler et la soutenir tel un époux aimant et bienveillant, il lui a mit son flacon d’antidépresseur dans les mains et lui a fortement conseillé de se suicider afin qu’elle quitte sa maison d’une manière ou d’une autre. Je la comprends d’avoir eu peur.

Ma mère m’en avait fait la confidence lors de notre tout dernier appel, un coup de fil très bref pendant lequel je lui avais suggérer de retenir les services de Maitre Louis pour la représenter dans son divorce. Elle m’avait dit qu’elle y penserait et qu’elle me sonnerait de nouveau mais elle ne l’avait pas fait. Elle avait choisi une autre option.

- Je croyais qu’elle demanderait le divorce, pas qu’elle fuirait avec Julius. Si elle a fait cela de cette manière, allez savoir ce qui s’est réellement produit la nuit dernière ? Jimmy l’aurait battu ou bien menacer ce qui expliquerait qu’elle ait prit son fils avec elle. Elle aurait fait ça par peur, pour le protéger.

L’inspecteur Henry voulu ensuite savoir qu’elle était ma relation avec mes parents biologiques. S’il se fiait à tout ce que je venais de lui dire, il pourrait tirer ses propres conclusions.

- J’ai commencé à redouter Jimmy après mon propre enlèvement. Je l’ai vu poser des gestes qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Pour le bien de notre famille, j’ai persisté parce que je voyais que cela tenait au cœur de ma mère mais à force de me faire dénigrer par Jimmy dès que j’ouvrais la bouche, j’ai pris mes distances. À vrai dire, j’ai décidé de le renier complètement. Avec ma mère cependant, ça allait. Je ne suis pas autant proche d’elle que je ne le suis d’Enrique mais nous avions des conversations hebdomadaires. J’étais méfiante sachant que Jimmy pouvait écouter nos conversations avec un autre appareil ou je ne sais quoi.

Il était capable de faire tabasser quelqu'un dans une ruelle ou de tirer à bout portant sur quelqu'un, même si ce quelqu'un était Ward Fleming. Il pouvait très bien écouter les appels privés de ma mère sans remords.

J’avais décidé d’interroger la chanteuse Livia avant de poser des questions à son beau-père. Je trouvais ça plus prudent et plus pratique. Ainsi, l’un et l’autre ne pourrons pas s’influencer au cas où.

J’avais posé les bases de l’interrogatoire avant de commencer à poser des questions légèrement plus précises. Sur notamment le fait que Livia disait qu’elle se demandait pourquoi sa mère n’était pas partie plus tôt. Elle affirma alors que Jimmy Reed était un être toxique et machiavélique. Elle affirma l’avoir appris à se dépend. J’écoutais la jeune femme s’exprimer alors qu’elle parla de son changement récent de maison de disques qui n’était un secret pour personne. Elle avoua avoir vu sa mère dépérir. Je savais que Maritza souffrait de dépression. Jimmy Reed avait été transparent sur la chose tout comme il avait avoué être parfois « dur » avec sa femme en ce qui concernait l’attitude à tenir dans le « beau monde ».

Sauf que… Elle affirmait que la pression psychologique subie par Maritza empêchait toute tentative de fuite. Or, c’est Jimmy Reed qui avait demandé le divorce. Est-ce que ça n’aurait pas pu être une délivrance au lieu d’un motif de rapt ?

-Vous parlez de violence psychologique… Pouvez-vous me donner un exemple concret ? Envers vous ou envers votre mère ?

Parce que sans concret c’est difficile de voir si on entrait bel et bien dans ce cadre… Reed n’avait pas caché avoir certaines attentes… Mais il était toujours difficile de savoir quand on rentrait dans le cadre de la violence psychologique.

Livia continua à confirmer qu’elle était bel et bien au courant de la dépression de sa mère et déclara que Maritza lui avait dit que Jimmy Reed lui avait dit de se suicider afin de quitter la maison d’une façon ou d’une autre. Le magnat de BSC avait avoué ne pas avoir soutenu sa femme dépressive. Mais il avait omit de dire ça. Si les mots sont bels et biens vrai, il est clair que ça a dû attiser la tristesse et l’animosité de Maritza.

Livia en voulait à Reed de ne pas avoir soutenu sa mère... Mais Reed affirmait que Maritza ne lui parlait plus depuis un moment déjà… Or, je pouvais constater qu’elle parlait bel et bien à sa fille.

-Elle vous parlait ouvertement de sa dépression ?

Je continuais mon interrogatoire et par « fuite » Livia pensait bien à « divorce ». Elle n’imaginait pas que sa mère partirait avec l’enfant. Elle commença alors à spéculé sur ce qu’il s’est passé la nuit dernière… Philipps me regarda brièvement quand Livia affirma que Jimmy aurait pu la battre ou la menacer.

-Pourquoi pensez-vous ça ? Jimmy Reed a-t-il déjà été physiquement violent avec votre mère, vous ou le jeune Julius Rachel ?

Lui affirmait que « non ». Et, à partir d’ici, je savais déjà que j’allais devoir élargir mon enquête à l’entourage de tout ce beau monde afin d’avoir du recule sur la famille Reed…

Je me demandais alors quelle était la relation de Livia avec ses parents. Elle affirma avoir redouté Jimmy Reed après son enlèvement… Donc, au moment où il a rendu public leur relation. Ça remontait déjà à un temps… Elle disait qu’elle l’avait vu poser des gestes qui resteront gravé à jamais dans sa mémoire… Mais qu’elle avait persisté avant de couper les ponts récemment. Quant à sa mère, elle disait que ça allait mais qu’elle n’en était pas aussi proche que son beau-père. Mais qu’elle avait peur que Jimmy écoutent leur conversation…

La question est : pourquoi ? Quel serait l’intérêt de Jimmy Reed à écouter les conversation de sa femme et de sa fille ?

-Quels geste a-t-il posé qui resteront gravés dans votre mémoire ?

Pas des gestes assez grave pour que Livia prenne la fuite. Elle disait elle-même avoir persisté.

-Qu’est-ce qui vous a, finalement, convaincu de couper définitivement les ponts ? Il y a-t-il eu un évènement précis ?

Encore une fois toutes mes questions étaient là pour comprendre mieux ce fonctionnement familiale et le geste de Maritza.

-Pourquoi pensez-vous que Reed pourrait vous mettre sur écoute ? Dans quel but ? Quel serait son intérêt ?

Ce que je me demandais c’était : est-ce que Reed a atténué son témoignage ? Est-ce que, au contraire, Livia exagère ? Est-ce que la vérité est au milieu ? Est-ce que l’un des deux a effectivement raison ? En ayant le témoignage de deux protagonistes qui, apparemment, avaient de l’animosité l’un envers l’autre, c’était complexe d’y voir l’entière vérité. Pour ça que les témoins annexe seront très importants.

Jusqu’où j’étais prête à aller dans ma déclaration aux enquêteurs ? Honnêtement, je ne le savais pas mais une chose était certaine, rien de ce que je dirais ferait de Jimmy l’homme bien de la haute qu’il voudrait que l’on croit qu’il est. Les inspecteurs feraient ce qu’ils voudraient de mes confidences et mèneraient leur enquête dans le sens qu’ils le voudraient mais moi, j’aurais dit ce que j’avais à dire.

Alors quand ils m’annoncèrent que ma mère avait prit la fuite la nuit dernière emportant avec elle mon petit frère, la seule chose que je pus dire était que j’étais surprise qu’elle ne se soit pas enfuie avant.

- Un exemple concret ? C’est difficile à pointer concrètement. Sa façon de faire est très insidieuse. On ne s’en rend compte qu’une fois qu’il est trop tard, malheureusement.

Cependant, je pouvais nommer le premier évènement. La toute première fois où Jimmy a pris mon cœur entre ses doigts et l’a réduit en charpie. Je pouvais encore sentir la douleur de l’incompréhension.

- À Rome. Il est venu me réveiller dans ma chambre d’hôtel tel un père attentionné le ferait avec sa fille chérie. Il m’a proposé de sortir et de découvrir la ville. Puis une fois hors de la chambre, il était froid, distant. Il m’a fait sentir comme un vulgaire caillou dans sa chaussure et m’a affirmé plus tard qu’il avait été en colère contre moi ce jour-là et qu’il avait voulu me le faire comprendre.  

Pour les inspecteurs, cela ne devait pas signifier grand-chose mais si nous prenions toutes ces fois où Jimmy a eu ce genre de comportement, la blessure devenait profonde, tellement profonde qu’on ne pouvait plus la refermer.

- Il a cette façon bien à lui de nous faire sentir que le problème vient de nous afin que l’on recherche encore plus son approbation. Si au moins nous pouvions savoir dès le départ que tous nos efforts resteront vains…

Pour en revenir à ma mère, puisqu’elle faisait partie de la question des inspecteurs, je n’étais pas avec elle au quotidien mais j’avais vécu seize année sous son toit et j’avais vu la dégradation de sa personnalité. Elle était passée de femme enjouée, vive et indépendante à triste, morne et froide.


- Ma mère subissait le même genre de traitement. Si elle osait donner son opinion publiquement et qu’elle ne cadrait pas avec celle de Jimmy, il pouvait la museler d’un regard au point où elle n’osait plus se prononcer sur rien. Elle n’était qu’une pâle image de la femme qui m’a élevée. Elle faisait peine à voir.

Je regardais l’agent Phillip noter ce que je disais avant de poursuivre ma pensée.

- À force de subir ce genre de chose, ça fini par vous atteindre et d’une manière douloureuse que vous ne pouvez pas imaginer. Rechercher l’amour et l’approbation d’une personne qui, en un seul regard peu vous réduire au silence, je ne connais personne qui peut vivre longtemps avec cette pression.

Henry voulu savoir si ma mère me parlait ouvertement de sa dépression ce à quoi j’acquiesçais d’un signe de la tête. Oui, elle m’avait passé un coup de fil pour me dire qu’elle avait vu son médecin. Je n’avais pas été tendre avec elle.

- Elle m’a passé un coup de fil après son rendez-vous avec son médecin, elle n’avait pas encore quitté son cabinet. Je lui ai répondu que je ferais une dépression moi aussi si j’étais mariée à Jimmy Reed. Elle craignait de rentrer, elle redoutait la réaction de Jimmy. Il n’aime pas les gens ‘’faibles’’, comme si on décidait de sombrer !

Quant à savoir pourquoi j’avais dit que Jimmy aurait pu s’en prendre physiquement à ma mère si elle avait voulu le quitter en emportant Julius avec elle, je devais apporter une nuance.

- Il ne l’aurait pas fait lui-même, il aurait mandaté quelqu’un pour le faire, Jimmy ne se salit jamais les mains...

L’inspecteur Henry voulu en savoir plus sur les gestes qu’avait posé Jimmy et qui resteraient à jamais gravés dans ma mémoire. Je les regardais l’un puis l’autre.

- C’est lui qui m’a retrouvé lorsque j’ai été kidnappé et je l’ai vu tiré sur mon ravisseur. J’ai assisté à un règlement de compte entre ennemi juré, entre le chef des Los Diablos et son ancien second. C’est d’ailleurs la raison, la vraie, pour laquelle j’ai été kidnappée. L’homme qui m’a kidnappé était second des Los Diablos puis lorsque Jimmy en a prit le contrôle il y a de cela plusieurs années, il l’a chassé. Malheureusement, je n’ai aucune preuve de ce que je vous dis, vous devez vous douter qu’il ne laisse aucune trace de ses passe-temps secrets.

Ceci dit, avoir une garanti d’une protection en béton, je confierais tout, absolument tout ce que je savais. L’agression d’Howard, le rôle de Ward dans mon enlèvement, l’agression de ma mère, les Pequnas Manos d’où venait Jesse, tout.

Quant à savoir pourquoi j’avais décidé de couper les ponts définitivement avec mon père et pourquoi je le croyais capable de le faire, il me semblait que ma dernière révélation en disait bien assez.

- J’ai pris conscience que je ne méritais pas de vivre dans la crainte perpétuelle de le décevoir et de risque de se prendre un retour de flamme. Le connaissant, il est capable de tout alors mettre une ligne sous écoute pour espionner sa femme et sa fille ne devrait pas lui être difficile. Il n’avait plus aucune confiance en nous mais il avait encore assez de raison de nous tenir sous sa coupe.

La jeune chanteuse m’avait fait part de violence psychologique et je désirais avoir des faits concrètes afin de pouvoir me faire une idée de ces violences. Mais elle affirma que c’était difficile de pointer une fait concret déclarant que la façon de faire de Reed était insidieuse et qu’on ne s’en rendait compte qu’une fois qu’il était trop tard. Je peux comprendre que ce n’est pas toujours facile de mettre des mots mais elle avait catégorisé ça en « violence psychologique » et sans faits concrets, il était difficile pour la police de pouvoir juger ça.

Mais elle finit par sortir un fait concret. Une anecdote entre elle et son père. Elle me parla du fait que Jimmy Reed était venu la réveillé dans sa chambre et avait pris une attitude distante. Il s’était expliqué là-dessus plus tard.

-Pourquoi était-il en colère contre vous ? Vous l’a-t-il expliqué contrètement ?

Bon… Un père qui avait montré à sa fille qu’il désapprouvait quelque chose ou n’était pas content de quelque chose en établissant une distance, certes, ça représente une attitude très peu efficace pour éviter les conflits ou faire en sorte que la fille ne se sente pas mal.

Elle ajouta que Reed avait une façon bien à lui de montrer que le problème venait des autres et que ça poussait à chercher encore plus son approbation sans jamais y arriver. Reed n’avait pas caché qu’il y avait eu des conflits avec sa fille. Il avait d’ailleurs parlé du fait qu’il avait vivement désapprouvé que sa fille aille en Afrique avec Howard Stone et que ça avait déplu à la jeune Livia.

-Vous faisait-il sentir coupable à chacune de vos conversation ? Etiez-vous proche de votre père au point de le voir fréquemment ? Soyez la plus précise possivble dans la fréquence.

Parce que, dans la violence psychologique, c’est la fréquence qui compte, n’est-ce pas ?

Livia affirma que sa mère subissait le même genre de traitement. Elle parla des regards que lançait son père à sa mère quand celle-ci disait quelque chose qu’il ne fallait pas. Ça aussi Reed nous en avait parlé. Mais il affirmait que, une fois dans l’intimité, ce petit jeu de riche de la jet-set cessait. Toutefois, je ne coupai pas Livia qui continua disant qu’il était dur de recherche l’amour et l’approbation d’un homme qui peut vous réduire à néant en un seul regard. J'hochai de la tête.

-Je vois… Des regards, donc. Votre mère disait-elle subir le même traitement à la maison dans l’intimité ou bien n’a-t-elle rien dit sur ce fait ?

Parce que je supposais que Livia n’était pas dans l’intimité de ses parents. Et que, donc, elle ne pouvait savoir ça qu’à travers un autre témoignage et pas en témoin direct.

Phillips notait un maximum de choses notamment le fait que Maritza recherchait l’approbation et l’amour de Jimmy. Est-ce que quand Jimmy a demandé le divorce, ça aurait poussé Maritza à faire le rapt ? Elle avait cherché, quitte à se rendre malheureuse, l’approbation d’un homme difficile. Sans jamais y arriver… Et voilà que ce dernier la quittait. Maritza s’est peut-être dit que tout ça avait été à perte et ça expliquerait son coup de folie.

Tout ça n’était que spéculation. Pour l’instant, j’avais le témoignage de Jimmy et de Livia… Si Jimmy n’avait pas dit détesté sa fille, il semblerait que Livia, elle, déteste bel et bien son père.

Restait à me focaliser sur le relation entre Maritza et Livia, justement. La chanteuse avoua que sa mère lui avait téléphoné du cabinet du médecin pour lui faire part de sa dépression. La jeune femme allait alors rétorqué qu’elle aurait fait une dépression aussi si elle avait été mariée à Jimmy… Visiblement, Maritza avait peur de faire part de sa dépression à Jimmy qui, d’après Livia, n’aimait pas les gens « faibles ».

-Et après ce coup de fil qu’avez-vous fait ? Etes-vous aller prendre des nouvelles de votre mère directement vu qu’elle vous avait fait part de son appréhension ? Ou plus tard ?

Là encore je revenais dans le même schéma : Maritza était dépressive mais n’arrivait pas à choisir la voie du divorce… Mais alors pourquoi le rapt quand Jimmy l’avait demandé ce divorce ? Parce qu’un homme qui veut garder le contrôle sur quelqu’un et veut continuer à le torturer ne demande pas le divorce. Il continue son petit jeu jusqu’à plus soif. Là, la réaction de Maritza s’était fait après que Jimmy ait demandé le divorce. D’après Jimmy Reed, bien sûr. Mais les témoins annexe pourront sans doute m’éclairé sur la véracité de ce fait.

Je savais déjà que Livia ignorait ça parce qu’elle n’avait que des suppositions sur ce qu’il s’était passé hier soir dont le fait que Jimmy ait pu être violent physiquement avec sa mère. Mais la jeune femme ajouta que Jimmy n’aurait été violent physiquement que part intermédiaire. Je levai un sourcil réfléchissant deux secondes.

-Vous pensez que votre père aurait fait battre votre mère par un intermédiaire ? Au sein de leur villa ?

Ça semble invraisemblable…

-En dehors de la villa ?

Villa que, d’après Jimmy Reed, Maritza ne quittait quasi jamais… Ça encore j’avais des moyens de savoir si c’était vrai ou non.

-Elle vous a fait part de violence par intermédiaire ?

Restait que Livia déclara que Jimmy Reed avait posé des gestes dont elle se rappellera toujours me forçant à poser des questions là-dessus. Mais je ne m’attendais pas à ce que la jeune femme révèle de bout en blanc et sans aucune peur que son père était le chef des Los Diablos et que c’était l’ancien bras droit des Los Diablos qui l’avait enlevé.

Je pris un air surpris avant de croiser le regard de Phillips qui, lui, était surpris aussi… Je n’avais pas été en charge de l’enquête sur l’enlèvement de Livia mais les conclusions faisaient été d’un enlèvement contre rançons. Je n’avais pas les détails des témoignages et autre. Comme je le dis, ce n’était pas mon enquête. Mais rien n’avait mené à ce que disait Livia.

Sans compter que c’était il y a plusieurs années et que ce n’est que maintenant que Livia venait, sans peur, avec ça. Je veux dire… Je ne me sentirais pas spécialement rassuré de dire à la police qui est à la tête d’un gang. J’aurais des appréhensions. Livia ne semblait pas en avoir.

Elle disait ne pas avoir de preuves de ce qu’elle avançait… Je plissai des yeux.

-Vous vous rendez compte, Mademoiselle Cortez, que c’est une grave accusation ?

Je savais que bien des organismes enquêtaient sur les Los Diablos. Le FBI… La DEA… Ce ne sont pas des enfants de chœurs.

-Qui est l’homme qui vous as kidnappé ? Votre mère était au courant de ça ? Depuis quand ? Et vous depuis quand posséder vous cette information ? Il y a-t-il des gens qui peuvent corroborer vos dires ?

Pour le moment, je n’avais pas de preuves tangibles pour fournir cette information à qui de droit. J’allais, aussi, lire l’enquête concernant l’enlèvement de Livia.

Restait à voir quel évènement avait fait en sorte que Livia coupe les ponts avec son père. C’était récent… Ça ne datait pas de l’enlèvement… Et, d’ailleurs, elle ne déclara pas que c’était parce que Jimmy Reed est, soi-disant, chef des Los Diablos qu’elle avait coupé les ponts mais parce qu’elle ne voulait pas vivre dans la crainte perpétuelle de le décevoir sans recevoir un retour de flamme.

-Donc… Récemment, vous vous êtes dit en avoir eu marre. Il n’y a pas eu un évènement précis ? Quelque chose qui a fait débordé le vase ?

Quant à la mise sur écoute, il disait simplement qu’il en était capable… Qu’il n’avait plus confiance en sa femme et sa fille mais qu’il avait encore des raisons de les tenir sous sa coupe. Là encore ça ne correspondait pas au fait que Jimmy demande le divorce…

-Quelles raisons ? Pourrons-nous vérifier si la ligne est bien sur écoute ?

Pas besoin de mandat si Livia nous laissait vérifier.

J’avais eu des révélations qu’il me faudra vérifier, j’avais aussi le point de vue de Livia sur le couple Reed… Restait à trouver Maritza et le jeune Julius Rachel car c’était bien pour ça que nous étions là.

-Votre mère avait-elles des amis ? Des connaissances qui aurait pu l’aider à prendre la fuite ? Des revenus financier inconnu de Jimmy Reed ? Des endroits où elle aurait pu poser ses bagages ?

Je ne pouvais pas pointer la violence psychologique dont j’avais été victime en relevant une manche et en montrant des ecchymoses. Ce n’est pas physique, le mot le dit, c’est psychologique. Je ne pouvais ouvrir ma tête et mon cœur devant les inspecteurs pour leur montrer les traces douloureuses du passage de Jimmy dans ma vie. Je ne pouvais que leur donner un exemple de quand j’ai réalisé que cela avait commencé.

C’était à Rome. Jimmy m’avait réveillé dans ma chambre avec une douceur et tendresse inespérée puis il avait drastiquement changé d’attitude pour me faire sentir comme une indésirable, comme un caillou dans sa chaussure. L’horrible sensation d’avoir dit ou fait quelque chose de mal ne m’avait pas quitté du reste de ma tournée.

- Il m’a avoué plus tard avoir fouillé dans mon journal intime et avoir été en colère d’y lire mes confidences.

J’espérais que les enquêteurs seraient à même de comprendre qu’une journal intime n’est pas fait pour être lu pas autrui et que l’incursion inappropriée de Jimmy dans ma vie privé n’avait pas à retomber sur moi mais qu’il n’en tenait qu’à lui d’assumer son indiscrétion et de l’assumer.

- Non, nous n’étions pas proches, j’étais tout de même dans l’obligation de le voir régulièrement, ne serait-ce que parce que j’appartenais à sa maison de disque. Puis oui, je dirais que chacune de nos conversations ont eu cet effet sur moi. Il n’y avait strictement rien de naturel ou de spontané. Pendant la courte période pendant laquelle j’ai tenté de construire une relation père-fille avec lui, je me suis sentie rabrouée et humiliée.

En ce qui concernait ma mère, je n’étais pas avec eux dans leur intimité, Dieu merci ! Cependant, je savais qu’elle était freinée dans ses élans et qu’elle devait entrer dans un cadre strict et ce, même dans le quotidien.

- Jimmy lui imposait un cadre strict duquel elle ne pouvait pas déroger. Elle devait être irréprochable en tout temps. Une chose simple comme cuisiner pour sa famille ne lui était pas permis et ça rendait m a mère triste. Elle disait qu’il lui répétait qu’ils avaient des gens pour faire ce genre de chose.

Comme si cuisiner était honteux !

- Je sais qu’elle l’a profondément aimé mais qu’elle craignait toujours de ne pas être la femme parfaite qu’il exigeait qu’elle soit. Ça l’a complètement épuisée et nos connaissons le résultat de cet épuisement.

On parla ensuite de la dépression de ma mère, du moment où elle m’avait téléphoné depuis le cabinet de son médecin. Je me rappelais ce jour, pas si lointain, comme s’il s’agissait d’hier. J’avais manqué d’empathie envers ma mère et je le regrettais. Cependant, si elle avait eu besoin de prendre du recul, de changer d’air, je l’aurais accueilli chez moi avec bonheur et ça, elle le savait.

- Non, je ne suis pas allée la voir, elle savait que jamais je n’aurais remis les pieds chez elle. Cependant, je lui ai proposé de venir se reposer chez moi, ce qu’elle a refusé. Elle ne voulait pas se séparer de J.R.

Et jamais Jimmy ne l’aurais laissé quitter la demeure avec lui. Nul besoin d’être devin, pour le savoir !

- Ma mère était surveillée par Rachel, la mère de Jimmy et par Isabel, sa supposée dame de compagnie. Ça lui permettait de tout savoir de ma mère sans être sur place. Ni l’une ni l’autre n’auraient levé la main sur ma mère mais ce n’est pas pour autant qu’une autre personne aurait pu le faire. Ce ne sont pas les moyens qui font défaut à Jimmy.

Parlez-en à Howard Stone !

- En dehors de la villa ou ailleurs, qu’en sais-je ? Ma mère ne m’en a pas parlé mais je connais Jimmy et je sais que de faire tabasser quelqu’un pour faire passer un message est tout à fait à sa porter.

Je lâchais donc, sans peur, ce que je savais sur Jimmy, sur sa véritable identité. J’en avais marre que tous lui baisent les pieds comme si c’était la normalité et si ça pouvait mener les enquêteurs à approfondir leur enquête, ça ne serait pas en vain. N’en tenait qu’à eux d’investiguer davantage et qui sait ce qu’ils allaient découvrir ? Ceci dit, Jimmy pourrait leur graisser la pattes et s’en tirer blanc comme neige, ce qui ne serait pas surprenant non plus.

Si nous étions dans un film, nous dirions que cela est arrangé avec le scripteur.

- J’ai conscience de la gravité de mon accusation mais je la maintient. Je sais que ce que je dis est la vérité et il est grand temps qu’elle éclate au grand jour.

Évidement, ma déclaration entrainait bon nombre d’autres questions.

- Je risque gros en vous dévoilant la véritable identité de mon kidnappeur. Si je ne crains pas Jimmy, je crains cet homme. Ma mère était au courant de toute l’histoire, mon ex-mari aussi, mon ami Howard Stone et mes anciens managers Daniele Ricci et Jack Perry aussi. Est-ce qu’ils parleront ? Comme ils sont tous dans la peur de voir l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête s’abattre, j’en doute.

Qu’est-ce qui m’avait poussé à dire que c’était assez ? Je regardais l’inspecteur Henry dans les yeux et secourais la tête. Je n’en savais trop rien si ce n’était qu’une accumulation des dommages causé par Reed avait dû se faire renverser mon vase.

- Avec le recul, je me suis rendu compte que de le couvrir et de chercher sans cesse à lui plaire nous rend complice et le rend plus fort. J’ai décidé d’aller de l’avant dans ma vie, de me reconstruire et de ce fait, je n’ai plus à garder pour moi tout ce qui ne m’appartient pas.

J’avais dit que Jimmy serait bien capable de mettre ma mère sous écoute pour savoir à qui elle parlait, ce qu’elle faisait, ce qu’elle planifiait. Est-ce qu’il l’avait fait ?  Allez savoir ! Une chose dont j’étais certaine c’est qu’ici, à Emerald Lake, j’étais en sécurité et que ma mère l’aurait été.

- Vous pouvez faire toutes les vérifications que vous voulez.

L’inspecteur Henry voulu ensuite savoir si ma mère avait des amis qui auraient pu l’aider à prendre la fuite, si elle avait de l’argent, si je suspectais un endroit où elle pouvait se cacher.

- Des amis, elle en avait peu. Ici, je sais qu’elle était très proche de Samantha Ricci mais de là à dire que cette dernière ait pu aider ma mère, il y a une marge. Pour l’argent, ma mère à hérité à la mort de son père mais là encore, je ne sais pas si ce serait suffisant pour subsister longtemps en cavale. Je n’ai aucune idée de l’endroit où elle peut se trouver mais elle n’est pas ici et je ne crois pas qu’elle soit retournée à Tijuana. Je suis désolée, j’aimerais sincèrement vous mettre sur une piste mais je n’en ai aucune.

Livia avait raconté une anecdote afin d’illustrer le comportement que Jimmy Reed avait eu envers elle. Je cherchai alors à savoir pourquoi Jimmy Reed était fâché sur elle à l’époque. La réponse était simple : il a fouillé le journal intime de sa fille et y avait vu des choses qui ne lui avait pas plu. Lire le journal intime de quelqu’un, ça ne se faisait pas… C’est un fait même si ça ne constituait pas un crime. Seulement, dans l’histoire de Livia, c’est le timing qui est important.

-Quand l’a-t-il lu ? Avant de venir vous réveiller ? Ou bien entre le moment du réveil et le moment où il a été distant ?

Parce que si c’était avant alors l’attitude de Jimmy était prémédité et pouvait être considéré comme une manipulation… Si c’était après le réveil alors c’était une réaction directe à quelque chose qui l’avait contrarié. Ce n’était, d’office, pas la même chose.

Même s’il était manifeste que, dans les deux cas, il y a une soucis de communication eu sein de la famille Reed. Personne ne parle clairement. Tout le monde garde ses griefs pour lui ou les exprime mal. C’est ce que je pouvais conclure après deux interrogatoires.

-Et qu’a-t-il lu qui l’a contrarié ?

Je n’étais pas certain qu’elle réponde à cette question. C’était dans son journal intime. Mais cette question état là pour vérifier la cohérence dans le comportement de Reed vis-à-vis de son schéma de pensées et de ses idées.

J’essayais de savoir si le comportement de Reed s’était répété souvent. Elle avoua ne pas être proche de son père mais d’avoir été obligé de le voir rien que dans le cadre de son travail. Phillips nota ça. Il nota aussi le fait que, chaque fois, Livia s’est sentie humiliée… Elle affirma qu’elle avait essayé ça pendant une courte période.

-Pouvez-vous me dire précisément la durée de cette « courte période » ?

Que nous puissions estimer combien de temps ces essais avaient duré. La temporalité est cruciale dans ce genre de cas.

Je demandai alors si Maritza subissait un traitement de violence psychologique à la maison. Livia déclara que Jimmy imposait un cadre strict. Elle parla de la cuisine notamment. Reed nous en avait parlé, lui aussi. Ce qui était intéressant c’est qu’on avait une divergence. Livia disait que sa mère ne pouvait pas cuisiner alors que Jimmy disait qu’il la laissait faire même s’il lui avait dit qu’il y avait des gens payé pour ça.

Qui disait la vérité ? C’est tout le mystère…

-C’est votre mère qui vous as dit ça ? Est-ce qu’elle vous a dit spécifiquement qu’elle avait totale interdiction de cuisiner ? Vous a-t-elle fait part d’un autre exemple de chose qu’elle devait ou ne devait pas faire au sein de sa maison ? Dites bien si c’est elle qui vous l’a dit ou si c’est vous qui le supposer… Car c’est très différent.

Une supposition n’est pas un fait vérifiable. Alors que si c’est Maritza qui l’a dit c’est différent. Ça devient quelque chose que Livia a entendu et non supposé.

Livia avoua que sa mère avait aimé Jimmy et qu’elle craignait de ne pas être la femme parfaite. J’hochai de la tête alors que Phillips nota ce fait.

-Vous dites qu’elle l’a profondément aimé… Cet amour a cessé quand ? Au même moment que le début de sa dépression ? Pouvez-vous plus ou moins dater ce moment ?

Si elle n’y arrivait pas, le psychiatre de Maritza, lui, le saura.

J’avais eu un aperçu de la réaction de Reed à la dépression de sa femme. Je voulais celui de Livia. Elle affirma ne pas être allé voir sa mère après qu’elle lui ait parlé au téléphone avant de rentrer chez elle. Elle ne voulait pas mettre les pieds chez son père. Mais elle lui avait proposé de venir ici mais Maritza ne voulait pas se séparer de son fils.

Je pouvais comprendre la réaction de Maritza de ne pas vouloir abandonner son fils. C’était la réaction logique d’une mère. Mais je peux aussi me dire qu’à ce moment, elle a dû se sentir seule. Son mari qui n’a pas été un support du tout alors qu’elle était dépressive et sa fille qui n’est pas venue à la rescousse pour ne pas à avoir à voir Reed alors que Maritza lui avait fait par de son appréhension.

La suite était à noter. Livia affirmai que Maritza était surveillée par la mère de Jimmy Reed mais, aussi, le personnel de maison… Toutefois, tout ce beau monde n’aurait pas levé la main sur Maritza mais, d’après Livia, Jimmy avait les moyens de la faire battre autrement.

-Donc, votre mère as dit être surveillée par le personnel de maison, c’est ça ? En était-elle certaine ? Avait-elle des preuves de ça ?

Pour le reste, Livia ne saurait dire si sa mère avait été réellement battue. Ce n’était que des suppositions de sa part… Sa mère ne lui avait jamais fait part de violence. Pourtant, sa fille semblait être une confidente vu qu’elle avait fait part de sa dépression… Donc, pour l’instant, je n’avais strictement aucune preuve de cette prétendue violence physique. Mais nous verrons dans la suite de l’enquête.

Je n’étais pas au bout de mes surprises. Parce que Livia révéla de but en blanc que son père était chef des Los Diablos… Comme ça… Au milieu de notre interrogatoire… C’était dans doute ça le plus troublant. Elle connaissait cette information depuis un moment (au moins depuis son enlèvement). Elle n’avait jamais confié ça à la police même après avoir été en froid avec son père. Elle n’a pas, non plus, dit d’entrée de jeu, ici, que c’était ça qui aurait conduit sa mère à vouloir se protéger et protéger son fils. Non… Ça arrivait comme un cheveux dans la soupe sans être ni la raison principale du rapt, ni la raison principale du froid polaire entre elle et son père. Sans compter que la jeune femme n’avait aucunement peur de nous révéler ça. Pourtant, n’avait-elle pas dit que Reed pouvait faire tabasser des gens comme il le voulait ?

Mais je voulais creuser et je le fis posant d’autres questions. Notamment sur l’homme qui l’avait enlevé mais, celui-là, Livia ne voulait pas dévoilé son identité. Elle le redoutait plus que Jimmy Reed… Je levai un sourcil secouant un peu la tête.

-Vous avez dit que votre père est capable de faire tabasser des gens en tout impunité et sans difficulté… Vous ne craignez pas des représailles de sa part ? L’autre homme serait plus puissant que Jimmy Reed que vous le craignez plus ?

Pourquoi avoir peur de l’un et pas de l’autre ? Livia pense-t-elle que son père ne lui ferait aucun mal ?

Elle cita alors tout un tas de beau monde au courant de tout ça. Les deux anciens managers de Livia, l’ex-mari de Livia, Julian Hughes mais aussi Howard Stone. Hormis Jack Perry, c’est tout des noms que j’avais entendu dans la bouche de Reed. Howard Stone, notamment, attira mon attention car je savais que le batteur avait un grief envers Jimmy et qu’il avait aussi parlé de tabassage dans la presse. Allez le voir ne sera pas de trop, je pense !

Livia affirma que tout se beau monde ne parlera pas car ils auront trop peur.

-Peur de Reed ou peur de la justice ?

Une peur qu’elle n’avait pas… Pourtant, Dieu sait que j’imagine que Ricci a plus de ressource qu’Olivia Cortez pour se protéger de Jimmy Reed… Question de pouvoir, d’influence et de compte en banque.

-Est-ce que, quand vous citez Howard Stone, vous parlez de ce qu’il a dit dans la presse ? Comme quoi il s’est fait tabassé par Reed ? Vous connaissez les raisons qui ont poussé votre père à commettre ce crime ? Est-ce lié à son rôle de chef de gang ? C’est comme ça que le batteur est au courant ou bien autrement ?

J’irais voir Howard Stone de toute façon mais plus vite j’ai les informations, mieux c’est. Même si… Si tout ça était vrai encore une fois il n’y avait eu aucune plainte de la part du batteur.

Le chapitre du chef de gang abordé, on aborda celui qui avait fait que Livia s’était éloigné de son père. Elle affirma que c’était l’accumulation… Avec le recul elle s’était dit que ça ne servait à rien de continuer à tenter de lui plaire. J’hochai de la tête et Phillips nota.

Pas de fait précis alors, d’après Livia.

Elle avait alors dit que Jimmy était susceptible de les avoir mis sur écoute. Je voulais connaitre les raisons et procéder à une vérification. Mais Livia ne répondit pas à ma question sur les raisons. Toutefois, elle nous laissera procéder à une vérification. Je souris.

-Bien. Nous enverrons une équipe technique spécialisée pour procédé à cette vérification.

Je me recentrai alors sur Maritza car c’était notre priorité absolue actuellement. Livia cita, comme Reed l’avait fait, Samantha Ricci comme proche de sa mère. Ça sera notre prochaine chapelle à aller voir. Même si, autant Reed que Livia, supposaient que la manager n’était sans doute pas impliquée. Comme quoi, ils pouvaient parfois être d’accord.

Mais aller voir Samantha et Daniele Ricci me parait, à ce stade, absolument indispensable.

Quant à l’argent, Maritza en avait un peu d’un héritage mais pas une grosse fortune. Le compte de Maritza allait, de toute façon, être surveiller pour voir s’il y a des mouvements d’argent. Mais Phillips nota que l’ex-femme de Reed n’était quand même pas sans de sous.

Quant à l’endroit où elle se trouvait, Livia n’en savait rien mais supposait qu’elle n’était ni ici, ni à Tijuana. Deux endroit qu’on devra tout de même fouiller.

-Merci, Mademoiselle Cortez. Votre témoignage nous a aidé. Je n’ai plus de questions pour vous pour l’instant. Pourriez-vous appeler Enrique Lopez ?

Une fois que nous aurons vu Enrique, nous pourrons passer à la chapelle suivante... Nous en avons quelques-unes à faire désormais...

L’inspecteur Henry demanda quand Jimmy avait lu mon journal. Je ne voyais pas bien le rapport et je n’étais pas certaine du moment où Jimmy s’était permis cette indiscrétion. Je pris le temps de repenser exactement aux déroulements des choses.

- Je crois qu’il l’a lu après mon réveil, pendant que je me préparais dans la salle de bain.

J’y croyais, mais je pouvais me tromper.

Évidement, la question suivante consistait à savoir ce qu’avait bien pu lire Jimmy dans mon journal et qui aurait pu le contrarier à ce point ! Voulait-il que je lui apporte comme une pièce à conviction ou s’attendait-il à ce que je lui révèle mes pensées d’adolescente de seize ans ? Qu’importe, je savait ce qui avait contrarié Jimmy au point de me faire la gueule.

- Il a découvert que j’avais épousé Julian Hughes et donc, je choisissais un camp. J’avais choisis d’être une Hughes plutôt qu’une Reed et ça ne lui a pas plus.

Si ce n’était pas la preuve là que Jimmy avait besoin d’un contrôle absolue sur tous et chacun, je me demande bien ce que c’était ! Il avait compris que je ne serait jamais totalement une Reed et qu’il ne ferait jamais de moi sa marionnette et ça l’avait mis en colère.

- Je définirais cette période sur la durée de mon contrat avec BSC. C’est donc dire du moment où j’ai fait officiellement sa rencontre jusqu’à récemment quand je me suis séparée de ma maison de disque. Dans une vie c’est plutôt court, mais quand on souffre, ça semble beaucoup plus long.

Les questions de l’inspecteur se redirigèrent sur ma mère et comment elle avait vécu son mariage. Je ne pouvais que dire ce que ma mère me confiait puisque je n’étais pas dans leur intimité. Tout ce que j’aurais pu dire de mon point de vue était l’interprétation que je tirais des confidences de ma mère. Évidement, il y avait une possibilité, très maigre, que ma mère ait pu me mentir mais ce n’était pas un trait de sa personnalité. Elle détestait le mensonge alors j’y croyais pas du tout.

- Tout ce que je vous dis, inspecteur, vient de la bouche même de ma mère. Je n’essaie pas de vous vendre ma version du monstre qu’elle a épousé.

Je le regardais dans les yeux en disant cela.

- Les rares fois où elle cuisinait, Jimmy lui répétait qu’ils avaient des gens pour le faire, que ça ne correspondait pas à leur rang, qu’elle n’avait pas à s’abaisser à ce niveau. Elle s’abstenait donc de le faire tout comme elle ne brodait plus, ne nettoyait plus. Ma mère a toujours été une femme qui savait tenir maison. Elle m’a confié se sentir inutile, n’être là que pour paraitre et sourire sur commande.

Ça se voyait qu’elle était malheureuse !

- Honnêtement, je crois qu’elle l’aime toujours, c’est bien ça le pire ! Elle ne trouvait simplement pas le soutient et le réconfort dont elle était en droit de recevoir de la part de son époux. Cependant, elle a commencé à douter ses sentiments de Jimmy quand il l’a placé comme potiche de luxe pour United For Youth. Il n’y a qu’elle cependant qui pourrait vous dire ce qui a déclenché ça.

L’interrogatoire devenait un peu redondant en revirant sans dessus dessous la vie privé de ma mère dont je n’avais été que témoin extérieur. Beaucoup venait de confidence de ma mère, d’impression que j’avais eu en allant la voir quand je fréquentais encore mon père. Il était notable qu’Isabel rapportait le moindre fait et geste de ma mère à Jimmy et que Rachel devait faire de même.

- C’est Jimmy qui a engagé Isabel, une Los Diablos ou petite amie d’un Los Diablos, pour tenir compagnie à ma mère. Quant à Rachel, elle ne jure que par son fils et faisait office de mentor, si l’on veut. Ma mère devait apprendre d’elle comment se comporter en société.

Je roulais des yeux en disant cela tant cela m’horripilais. Je ne comprenais pas comment on pouvait prétendre aimer une personne et vouloir en faire notre femme si c’était pour la démolir pour la reconstruire selon un tout autre moule. Jimmy s’était donné bien du mal pour rien, en fin de compte ! Il aurait dû épouser sa mère, ça aurait été tout aussi mal vue mais au moins, il n’aurait pas eu besoin de lui enseigner comment sourire sur commande !

J’avais révélé ce que faisait Jimmy dans ses temps libre ce qui ne manqua pas de surprendre les inspecteurs. Je devais croire que, tant qu’à être là, aussi bien en finir une bonne fois pour toute avec tout ça et advienne que pourra ! De toute façon, Jimmy lui-même disait qu’aucun secret ne pouvait être gardé à Los Angeles, sauf les siens. Et bien, non, de toute évidence !

- Si je me fais tabasser dans les prochains jours, voir semaines, ça ne sera qu’une preuve de ce que j’avance. Bien sûr que je crains chaque fois de tomber sur l’un de ses hommes de mains tout comme je crains de revoir celui qui m’a kidnappé mais je ne peux pas vivre dans une coquille en permanence. Peut-être que c’est la seule bonne chose qui me vient de Jimmy, savoir faire face et avancer.

Un tas de gens pourraient corroborer mes dires seulement, le feraient-ils ?

- Peur de Reed. Ils ont tous quelque chose de gros à perdre en parlant contre lui.

Howard devait avoir peur de se faire tabasser à nouveau.

Jack pourrait risque de perdre ses fils et son emploi.

Daniele ne parlera jamais au risque de perdre sa précieuse amitié.

Pour Julian, il ne risquait pas de perdre son job ou quoi que ce soit mais mon ex-mari n’était pas du genre à chercher des problèmes là où il n’en avait pas. Je ne savais pas non plus si sa colère contre moi s’était assez estompée pour faire front commun contre mon père. Ça restait à voir.

- Je ne sais pas comment Howard l’a su pour mon père mais il s’est fait tabasser parce que la presse a rapporté que nous avions eu une aventure. Jimmy a vu rouge et a fait savoir à Howard ce qu’il en pensait.

Howard serait fort probablement interrogé au sujet de tout cela.

- D’accord ! Alors prévenez moi quand votre équipe passera parce qu’ils ne pourront pas passer les grilles à l’entrée. Vous avez pu le faire parce que nous attentions une livraison mais normalement, c’est toujours verrouiller.

L’inspecteur Phillips nota ensuite ce que je disais au sujet des amitiés de ma mère et des endroits où elle pourrait se trouver. Je supposais qu’ils iraient jusqu’à Tijuana puisque je confirmais qu’elle n’était pas ici et que de toute façon, sans mandat, ils ne pouvaient pas fouiller ma propriété.

L’inspecteur Henry déclara en avoir assez et que mon témoignage avait aidé. Je me levais donc et leur serrait la main à tous les deux alors qu’Henry demandait si je pouvais appeler Enrique.

- Bien sûr, je vais le chercher. Parlez vous espagnol ?

Parce que mon père comprenait très bien l’anglais mais le parler… C’était une tout autre paire de manches ! Je les quittais ensuite le temps d’aller chercher Enrique.

La jeune chanteuse affirma qu’elle pensait bien que Reed avait lu son journal après son réveil alors qu’elle était à la salle de bain. Donc, l’attitude froide de Reed n’était pas préméditée. Il résultait de quelque chose qu’il avait lu et ce quelque chose c’était le mariage de la jeune femme avec Julian Hughes, héritier de MTI. Reed étant patron de BSC, ça ne lui avait guère plu. Un peu comme une histoire à la Roméo et Juliette. Bien que Reed semblait, par après, avoir accepté ce mariage vu que le divorce de sa fille l’avait contrarié… Donc, il y avait fini par avoir une évolution, visiblement.

Un bel imbroglio familiale… Mais la froideur de Reed avait une cause tangible. Il n’avait pas été froid avec sa fille par simple méchanceté… Il désapprouvait, juste, son choix de parti. Chose qui aurait pu arriver dans bien des familles. Un père n’est pas là pour approuver absolument tout ce que font ses enfants avec le sourire. Maintenant, la façon dont les choses ont été présentée à la jeune Livia a pu la faire se sentir peu aimée ou soutenue. Tout ça est bien concevable.

Sauf que, par après Reed avait eu cette même attitude absolument chaque fois que Livia avait été en sa présence. C’est ce que disait la jeune femme. Qu’elle s’était sentie rabaissée à chaque fois et ce que ne manqua pas de noter Phillips. Quant à la période, elle affirma que ça avait duré pendant tout le temps que son contrat avec duré avec BSC. Une temps qui s’étalait, donc, sur plusieurs années.

-Plusieurs années c’est tout de même une longue période.

Mais une période où Livia n’avait pas vécu avec son père. Elle avait un mari, un entourage… Elle ne le voyait que de temps en temps. C’est ce qu’elle avait dit. Elle disait avoir souffert… Si tout ça était vrai, je pouvais le concevoir. Mais je voyais, aussi, face à moi une jeune femme qui ne manquait pas de confiance en elle. Sa carrière témoignait, d’ailleurs, de ça. Mais je pouvais le voir, aussi, rien qu’en lui parlant.

En ce qui concernait la relation de Livia avec son père, j’avais, désormais, les deux son de cloche. Celui de Reed et celui de Livia. Il y avait des écarts et des similitudes mais le conflit entre eux étaient réels donc ils se pourraient que tous les deux soient peu objectif l’un envers l’autre…

Restait à évaluer ce que Livia savait de ce que vivait le couple Reed. Tout ce qu’elle me rapportait lui avait été rapporté par Maritza. N’empêche que Livia utilisait chaque fois des qualificatif comme « monstre » quand elle parlait de son père… Chose que Phillips notait.

La cuisine, donc ! Ce sujet était revenu dans le discours de Reed et dans celui de sa fille, c’est pour ça que je m’y attardais. Et j’avais le même discours à peu près mais il y avait des divergences…

Livia disait (et donc, Maritza, vu que Livia rapportait ce que sa mère lui avait dit) que sa mère cuisinait, du coup, rarement et que, à chaque fois, Jimmy Reed rappelait qu’il y avait des gens qui étaient payés pour ça, que c’était rabaissant pour une dame de cuisiner, qu’elle n’avait pas à s’abaisser à ça.

Jimmy Reed disait qu’il laissait tout de même Maritza cuisiner même s’il lui avait dit que des gens étaient payés pour le faire et que, sans ça, ses gens perdaient, quelque part, leur utilité et leur revenu. Il se voyait comme un pourvoyeur d’emploi. Là, la notion de « la cuisine est une activité rabaissante », n’apparait pas.

C’est fondamentalement différent…

Mais tout ça avait fait en sorte que Maritza avait l’impression de ne pouvoir rien faire… Toute activités comme le nettoyage, la broderie… Des activités de femmes au foyer. Là, ça rejoignais ce que Reed disait. Maritza était une femme qui aimait tenir un foyer et non pas paraitre dans la jet-set. Ça la rendait malheureuse. Elle n’était pas faite pour la vie de femme d’homme d’affaire… Ce n’était pas ça qui la rendait heureuse.

Et si elle s’était obstinée c’est parce qu’elle aimait Reed. Livia pensait qu’elle l’aimait toujours. Reed affirmait le contraire. Seule Maritza le savait vraiment, finalement. Mais ce qui attira mon attention ce fut le discours sur le rôle que Maritza avait eu auprès de United For Youth…

-Votre mère n’avait pas envie de tenir ce rôle, c’est bien ça ? Vous a-t-elle dit ce qu’elle a dit à son mari quand ça lui a été proposé ? L’a-t-il forcé à le faire ?

Quant à la cause qui avait fait basculer Maritza dans sa dépression, Livia l’ignorait.

Je fus aussi surpris d’entendre que Livia disait que sa mère était surveillée par le personnel de maison. Je demandais des preuves mais tout ce que j’eus ce fut qu’Isabel était une jeune Los Diablos (ou petite amie de Los Diablos, le doute persiste) engagée par Jimmy Reed alors que la mère de Reed et bien, il s’agissait de sa mère, qui, théoriquement, devait faire office de mentor à Maritza. Une chose qui semblait horripiler la jeune Livia…

-Je vois… Mais ça ne prouve pas vraiment qu’elle était surveillée et que le personnel rapportait tout ses faits et gestes… Sauf si votre mère vous a dit que c’était bien le cas. Vous a-t-elle dit avoir des preuves de ça ? Je vous le demande parce que votre mère a réussi à s’enfuir de la villa en emportant son fils. Si elle était tant surveillé, ça n’aurait, théoriquement, pas dû arriver…

Je me devais, tout de même, là, d’y voir des failles ou des incohérences. Reed m’avait dit qu’Isabel était proche de Maritza et qu’elle avait empaqueté son sac parce que Reed avait demandé le divorce. La chose qui est inquiétante c’est qu’elle est partie avec son jeune fils sans en faire part au père et sans laisser d’adresse.

Dans tous les cas, j’allais devoir éclaircir ça en allant jeter un coup d’œil chez Reed et rencontrer tous ces gens qui, d’après Livia, étaient tous rallié à la cause de Jimmy Reed.

Ce fut là que Livia affirma que son père était chef des Los Diablos. Une révélation d’autant plus troublante que ça ne semblait pas vraiment être la cause de toute la discorde… Sans compter que Livia ne semblait pas avoir peur de nous faire part de cette information. Elle disait que si elle se faisait tabasser, ça ne fera qu’une preuve de ce qu’elle avançait. Elle disait craindre chaque jour de tomber sur l’un de ses hommes de main. Mais… Elle n’agissait pas comme quelqu’un qui avait peur. Pour cause, elle n’avait pas demandé de protection… Elle disait simplement qu’elle ne voulait pas vivre dans une coquille en permanence.  

Je devais avoué être troublé surtout que Livia cita d’autres personnes en avançant qu’eux auront peur de Reed car ils avaient tous quelque chose à perdre.

-Nous verrons s’ils nous révèlent quelque chose. Ou nous fournissent des preuves sans le savoir.

De toute façon, il y en a certains que je devais de toute façon voir. Mais la façon dont m’était venue l’information par Livia me faisait me poser beaucoup de questions notamment sur la complicité de tout ce beau monde, Livia compris…

Comme Howard avait été cité, je m’attardait là-dessus. Livia ignorait comment Howard avait sur que Reed est chef des Los Diablos mais elle savait qu’il s’était fait tabasser parce que le batteur avait eu une aventure avec la jeune femme alors qu’elle était mineur. J’avais posé la question à Livia parce que, dans la presse, le batteur avait affirmé que c’était pour des paris. Mais j’étais plus enclin à croire Livia parce que Reed m’avait confié ne pas avoir confiance au batteur parce qu’il avait drogué et couché avec sa fille lorsqu’elle était mineur.

Reed aurait-il bel et bien engagé des gens pour faire tabasser Howard pour ce fait ? C’est possible. Et c’est un crime. Sauf que Stone n’a pas porté plainte. Le fera-t-il ? A voir. Quoi qu’il en soit, ça ne veut pas dire que Reed est chef de gang. Il a l’argent pour payer n’importe quel personne pour faire tabasser un homme sans pour autant être impliqué dans un gang.

Mais ce que cette histoire m’apprendre c’est que Reed tenait tout de même à sa fille. Quel père aimerait apprendre ça ?

-Vous en vouliez à votre père pour ça ? Qu’en avez-vous pensé ? L’avez-vous sur directement que votre père était responsable ? Qui vous l’a dit ?

Je comptais faire venir une équipe pour vérifier la ligne. Livia m’en avait donné l’autorisation mais précisa qu’il fallait prévenir car, sinon, il sera difficile pour l’équipe de passer la grille d’entrée.

-Nous vous préviendrons.

Bien que, j’imagine, qu’il y a une sonnette à cette grille… Et des caméras… Je serais parano, je me dirais que si Livia veut être prévenue c’est pour cacher quelque chose. Mais je ne dis rien pour l’instant demandant à voir, désormais, Enrique Lopez.

Elle serra nos mains et confirma allers chercher son beau-père.

-Merci. Mon collègue parle couramment espagnol.

C’était très utile quand on bosse à Los Angeles. Il y a une très grande population de personne parlant espagnol.

Quand Enrique arriva, on le salua. Je n’aurais pas beaucoup de question à lui poser. Uniquement quelques-unes qui concernait sa relation avec Maritza. Mais avant toute chose, je lui avais dit exactement la même chose que j’avais dit à Livia quand on est entré ici, soit que Maritza s’était enfuie avec son enfant. Je le laissai réagir avant de poser mes quelques questions.

-Qu’elle était votre relation avec Maritza après votre divorce et dernièrement ? La voyez-vous souvent ? Etiez-vous proche ?

C’était déjà une chose. Et Phillips me traduisait chaque fois les réponses dites en espagnol de Monsieur Lopez.

-Quelle était sa relation avec les enfants que vous aviez en commun ? Les voyait-elle souvent ?

La question sur les enfants étaient importante. Il faut rappeler que Maritza s’était enfuie avec Julius Rachel mais avait laissé les deux autres, ainsi que Livia, derrière.

-Avez-vous une idée d’où elle pourrait se trouver ? Ou d’une personne qui aurait pu l’aider à faire ce rapt ?

Je me faisais peut-être des idées mais il me semblais bien flagrant que l’inspecteur Henry avait un certain partit prit pour Jimmy. Peut-être qu’entre hommes, il y avait ce que l’on pourrait qualifier de solidarité masculine. Ça me venait de la façon dont Henry posait ses questions. Si j’avais accès dans ses pensées, fort probablement que cet impression en serait renforcie. Ça se voyait par sa façon de lancer des regards à son collègues et ce fut vraiment marquant quand je mentionnais que ma mère était une femme qui aimait tenir maison et qu’elle se sentait brimer dans son rôle par le cadre obsessionnel de la perfection que lui avait imposé Jimmy.

Quand United For youth arriva sur le sujet, je sentie que je touchais la corde sensible de cette solidarité. L’idée d’Henry était faite, quoi que je dise. Peut-être que Jimmy graissait la patte du commissariat aussi ! Ça expliquerait pourquoi la police regarde à gauche quand les Los Diablos sont à droite !

- Ne vous méprenez pas ! Elle a adoré pouvoir sortir de la maison et œuvrer pour la fondation. Elle pouvait mettre la main à la pâte tout en étant elle-même. Le fait est qu’elle savait que Jimmy l’avait placé là pour bien paraître suite aux déclarations d’Howard Stone. Jimmy n’a fait que détourner les regards pour que les gens voient que les Reed avaient la main sur le cœur.

Puis vînt le sujet de la surveillance qu’exerçait Jimmy sur Maritza. Là encore, il paraissait évident qu’Henry n’accordait aucun crédit à ce que je disais. Tout ce que je pouvais souhaiter, intérieurement était que là où se trouvait ma mère et mon petit frère était assez loin pour qu’on ne les retrouve jamais et qu’ils puissent vivre une vie heureuse loin de tout ce cirque diriger par la mafia Reed.

- Si vous le dites. Ce que je vous dis c’est que rien n’échappe à Jimmy et qu’il sait très bien placer ses pions pour avoir trois coups d’avances sur tout le monde. Or, en plaçant Isabel comme dame de compagnie pour ma mère, il sait très bien ce qu’il faisait et qu’il pouvait avoir une confiance aveugle en elle.

Je ne cachais pas que Jimmy était le chef des Los Diablos. J’en avais marre de ce cirque et je ne voyais vraiment pas pourquoi, dans les circonstances, je garderais ce secret plus longtemps. Si j’avais conscience que je prenais un risque, je l’assumais ce qui semblait trouble l’inspecteur. Je ne craignais pas Jimmy et ses représailles. Je craignais cependant qu’il s’en prenne à quelqu’un d’important pour moi. Ça, il le ferait sans hésiter. Sauf que, comme je le disais, je ne pouvais pas vivre sous la coupe de la peur. Cela ferait que trop plaisir à Jimmy. Je préférais m’efforcer d’avancer.

- Si ce n’était de l’urgence de retrouver ma mère, je ne vous aurais jamais rien dit au sujet de Jimmy et de ses Los Diablos. Le fait est que nous sommes face à l’urgence et qu’il me semblais plus que pertinent de vous en faire part. Je ne crains pas Jimmy, ce que je crains c’est ce qu’il peut donner l’ordre de faire.

S’il ne pouvait pas voir la nuance là-dedans, j’avais devant moi l’inspecteur à rabais du commissariat.

Ensuite, je donnais une liste de gens qui savaient pour Jimmy. Est-ce que ces gens parleraient ?  Je n’en avais aucune idée. Cela ne m’appartenais pas de décider pour eux et évidement, l’inspecteur était tenu de ne pas divulguer d’où ils avaient obtenus cet information.

Pour ce qui était de l’agression d’Howard Stone suite à notre aventure, les questions de l’enquêteur me déstabilisèrent. Il ne pouvait pas être sérieux. Il l’était ? Comment ne pas en vouloir à Jimmy pour cela ! On enseigne qu’on ne répond pas par la violence à quelque chose qui nous blesse !

- Évidement que je lui en ai voulu. Quel genre d’être immoral fait tabasser un être humain pour quelque chose qui d’un ne le regarde pas et de deux, est disproportionné ? Howard ne m’a pas violé ! J’étais consentante. Je juge qu’à ce niveau, Jimmy avait le droit d’être en désaccord mais n’avait pas à laisser pratiquement pour mort, Howard. Et c’est lui qui me l’a dit.

J’informais les inspecteurs qu’il serait plus sage de prévenir de leur prochaine visite car n’entrait pas chez moi qui voulait. Les anciens propriétaires avaient fait de ce domaine une véritable forteresse qui n’était même pas accessible par le lac ! Puis, avec tous les fous qui se baladent en ville, je m’y sentais en sécurité.

- Parfait.

Je m’assurais que l’un ou l’autre parlait espagnol avant de les saluer et d’aller chercher Enrique. Mon père semblait très surpris mais se dirigea tout de même vers la maison pour rencontrer à son tour les inspecteurs.




Livia était venue me trouver près de la grange alors que je supervisais les travaux. Elle m’informa que les enquêteurs désiraient me voir. Cela me contraria parce que je n’avais strictement rien à leur dire et parce que vu la tête que tirait Livia, je me doutais que rien de bon était sortit de ça. Je donnais quelques directives aux employés qui étaient arrivés ainsi qu’à ma fille puis je me dirigeais vers son immense demeure.


- Bonjour messieurs, dis-je en entrant.

D’entrée de jeu,  on m’informa de la disparition de ma femme ainsi que de son fils, chose que je savais, du moins, les grandes lignes puisque Jimmy avait passé un coup de fil tôt ce matin à Livia.

- Notre relation était bonne, dans les circonstances. Je l’informais régulièrement au sujet de Maximo et Rosalynn mais l’on ne se voyait plus. Je ne voulais plus que nos enfants aillent dans cette demeure.

Je sais que ma décision avait été difficile à encaisser pour mon ex-femme mais elle comprenait et disait respecter mon choix.

- Non car je ne voulais pas que mes enfants soient en contact avec l’ordure qui lui sert d’époux. J’ai vu l’effet toxique qu’il avait sur mon ex-femme et sur ma fille et j’ai décidé de protéger mes enfants. Cependant, ils se parlaient très souvent au téléphone et Maritza pouvait venir le voir aussi souvent qu’elle le voulait. Elle ne l’a fait que deux ou trois fois.

Celui qui posait les questions me demanda ensuite si j’avais une idée de l’endroit où Maritza pouvait se trouver, si je connaissais les gens susceptibles de la protéger.

- Peut-être Carla Vasquez à Tijuana. Maritza et elle était très près l’une de l’autre, elles faisaient du bénévolat à la bibliothèque ensemble. Je vous dis cela mais je ne sais pas si Maritza et Carla se parlaient encore mais elles étaient très amies. C’st peut-être une piste, la seule que j’ai à vous offrir.

Je les laissais noter et quand ce fut fait, je demandais si c’était tout.

- Nous avons beaucoup de travail ici et je suppose que vous avez beaucoup de gens à rencontrer de votre côté. Si Maritza entre en contact avec nous, est-ce qu’il y a un numéro pour vous rejoindre ?

Quand ce fut fait, je leur serrais la main.

Je posais beaucoup de questions. Je cherchais à affiner mes connaissances sur le fonctionnement de la famille Reed et sur le mal-être de Maritza. J’essayais de voir ce qui avait poussé Maritza à commettre un rapt. Car ma mission était là : pouvoir retrouver Martiza et Julius Rachel sain et sauf. C’était ma mission principale mais j’avais aussi pour mission de comprendre le geste de Maritza. Il ne faut pas oublié que si nous retrouvons Maritza, elle sera poursuivie pour rapt et ma mission est aussi que l’enquête puisse cerner les raisons pour voir si elle n’a pas des circonstances atténuantes pour son geste. Car il y a une différence entre faire un rapt pour protéger son enfant ou par vengeance. La peine n’était pas la même évidemment… Tout comme il y avait une différence entre un acte sur un coup de folie et un acte prémédité.

Je ne suis pas ici pour prendre parti pour le camp de Jimmy Reed ou celui d’Olivia Cortez même s’il était évident que mes questions ne semblait pas plaire à la jeune femme. Elle me paraissait légèrement agacée voir sur la défensive quand je cherchais, chaque fois, à clarifier les choses. Le fait est que je devais, dans l’histoire, savoir ce qui était du domaine du fait ou de la supposition. Une supposition, ça ne tient pas en justice. Et je dois creuser pour, éventuellement, voir si certains suppositions ne finissent pas par être des faits.

Je cherche aussi à savoir si le discours autant de Reed que celui de Livia est cohérent. Car si, pour le moment, j’avais vu Reed sous le choc, il est clair que je retournerais le voir afin de creuser un peu plus lorsque le choc sera passé et éventuellement pouvoir cerner des choses vis-à-vis des témoignages que j’aurais rassemblé par après.

Les témoins extérieurs au conflit interne de la famille Reed seront, aussi, cruciaux. Car plus on aura de témoins, plus on pourra se rapprocher de la vérité.

Je creusai, donc, vis-à-vis du mal-être de Maritza. Il était plus que clair qu’elle n’était pas heureuse. Ce mal-être l’avait conduit à la dépression. Elle n’avait pas reçu de soutien alors qu’elle était au fond du trou. Tout ça me semblait être un fait car ça revenait dans les discours de Reed et de Cortez. Quant à United For Youth Marirza avait aimé s’impliquer pour eux. C’était un endroit où elle pouvait être elle-même. Je notai ce fait car c’était important. En dehors de sa vie de couple, Maritza pouvait être elle-même. Mais elle savait que si Jimmy l’avait placé là c’était uniquement pour l’image. Donc, Maritza n’avait pas objecté vu qu’elle avait aimé s’impliqué mais elle ne semblait pas avoir apprécié l’idée derrière.

Le sujet de la surveillance était aussi à creuser car je n’avais pas de preuve tangible. Et le fait que je le souligne me valut un « si vous le dites ». Livia ne semblait pas aimé que je ne suive pas aveuglément ses dires. Je les notes mais il est clair qu’il me faudra creuser pour avoir des preuves tout simplement. Ici la seule preuve que j’avais c’est : Jimmy sait ce qu’il faisait en engageant Isabel Perez, il sait placer ses pions, il a toujours trois coups d’avance. Il me faudra vérifier la loyauté de Perez vis-à-vis de Reed. La loyauté de tous ses employés et voir si surveillance il y a, bien entendu.

Car si Reed a toujours trois coups d’avance, il est évident que, cette fois-ci, ce n’est pas le cas. Tout comme la possible surveillance n’était pas vraiment efficace… Si Maritza était surveillée constamment, les employés de maisons l’aurait vu partir avec l’enfant. Donc, il était déjà clair que la surveillance n’était pas constante.

Il me fallait aussi le mobile : pourquoi faire surveiller sa femme ?

Parce qu’il était chef des Los Diablos ? C’est ce que prétendait Livia. Chose qui assurément me choqua parce que je ne m’y attendais pas. Je demandais plus d’informations et j’eus une liste de gens qui étaient au courant de ça. Des gens qui risquaient de ne pas être très coopératif contrairement à Livia qui semblait sans peur sur le sujet… Elle disait que, sans l’urgence de retrouver sa mère, elle n’aurait rien dit… Ça sous-entendais qu’elle avait peur que Jimmy Reed fasse retrouver sa mère et lui fasse du mal ? C’était ce que j’entendais. Elle disait ne pas avoir peur de Reed mais de ce qu’il peut donner l’ordre de faire. Elle justifiait, donc, ainsi pourquoi l’information venait comme un cheveux dans la soupe sans être, finalement, le sujet de la discorde.

-Jusqu’ici, c’est nous qu’il a impliqué, Mademoiselle Cortez. Nous ferons en sorte de retrouver votre mère et votre frère le plus rapidement possible et saine et sauve.

C’était mon but. Je n’étais pas ici pour ménager les témoins mais arrivé à retrouver une femme en détresse psychologique et un enfant en danger. Et je devais constater que Reed était venu nous voir nous… Ferait-il une enquête parallèle ? A se stade, je n’en avais strictement aucune idée…

-Et je note que vous redouter que Reed puisse lui faire du mal de par son statut de chef des Los Diablos.

Mon témoin me semblait sur la défensive alors je tendais à lui montrer que je prenais en compte ce qu’elle disait. Même si je devais prendre les choses avec des pincettes tant que je n’aurais pas, bien entendu, plus de preuves. Je ne ferais pas du bon travail si je prenais pour argent comptant les dires de chacun sans que ça soit corroboré par d’autres témoignages ou preuves…

Je m’étais attardé sur l’agression de Stone. Encore une fois, j’essayais de faire des liens entre ce qu’avait dit Reed et ce qu’avait dit Livia. Stone se serait, donc, fait faire tabasser par Reed parce que ce dernier avait couché avec sa fille mineur. Ce qui relevait du crime, bien sûr. Livia affirma lui en avoir voulu. Elle trouvait ça immoral. J’hochai de la tête mais tiquai un peu quand elle déclara que tout ça ne regardait pas Reed car elle affirma être constante. Certes. Mais mineure aussi… Et Reed est son père, aux dernières nouvelles… Ce que fais son enfant mineur le regard un peu quand même. J’ai une fille mineure. Je n’aurais pas aimé qu’elle couche avec un homme de plus de 30 ans. J’estime que j’ai le droit d’être extrêmement fâché sur l’adulte ayant fait ça et désapprouver totalement la conduite de ma fille. L’inverse aurait été l’acte d’un père qui se fiche de son enfant. A 16 ans, on est encore vulnérable et tout ça peut relevé du détournement de mineur. Ce qui est un délit aussi. Bien que tout ça ne justifiait, en effet, aucunement de faire tabasser quelqu’un, je le conçois totalement. L’attitude de Reed relevait du crime si ça tendait à se confirmer. Mais il met en lumière qu’il ne se fiche pas de sa fille ce qui, dans mon enquête, n’est pas une donnée anodine. Cette histoire, si elle se vérifie, viendrait confirmer deux fait : Reed est capable de faire tabasser quelqu’un par intermédiaire et il n’est pas indifférent envers sa fille.

Nous irons voir Howard Stone afin de corroborer les faits.

Il était, de toute façon, déjà sur la liste des gens à voir. Même si ce n’était pas lui le plus urgent. L’urgence était surtout les gens capables de localiser Maritza ou de donner des indices sur d’éventuelles personnes l’ayant aidé à fuir.

Enrique Lopez était, comme il était ici, le prochain témoin tout désigné. Livia s’éclipsa, donc, pour faire place à son beau-père.

Nous saluâmes l’homme avant de l’infirmer des faits. Les premières questions fusèrent d’abord sur la relation d’Enrique avec sa femme. Il affirma qu’elle était bonne malgré les circonstances et qu’il informait son ex-femme de comment allaient leurs enfants en commun. Ce que je comprenais c’était qu’Enrique avait décidé que les enfants du couples ne soient plus en contact avec Jimmy Reed. Fait qu’avait, visiblement, accepté Maritza. Les contacts qu’avaient Maritza avec ses enfants étaient essentiellement téléphoniques mais qu’Enrique ne refusait en rien que Maritza vienne les voir mais cette dernière l’avait peu fait. Tout ça fut noté par Phillips… Maritza n’avait, donc, pas à cœur de voir souvent ses enfants ? Quelque chose la bloquait ? Tout ça sera à vérifier. Mais dans l’histoire, Maritza ne semblait pas avoir objecter d’avoir perdu la garde de ses deux enfants sans intervention de la justice… Donnait-elle raison à Enrique ? Si oui, pourquoi être resté avec Jimmy Reed ? Par peur ? Par amour ? Livia avait supposé l’amour tout à l’heure.

Pour le reste, il était clair qu’Enrique faisait référence à tout ce qu’avait dit Livia.

J’eus alors un nom d’une amie de Maritza. Phillips s’empressa de le noter. C’était une information importante même si Enrique ignorait si les deux femmes se parlaient encore. Ce n’était pas une piste à négliger.

-Merci, Monsieur Lopez. C’est une piste importante.

Chaque nom ou lien que Maritza pourrait avoir ou avait eu était important.

Quand Phillips eut fini de noter Enrique demanda si c’était tout. Je regardai Phillips avant de revenir sur Enrique.

-Je pense que oui.

Il déclara avoir beaucoup de travail ici et nous beaucoup de gens à rencontrer… Oui, nous n’étions pas au bout de notre enquête c’était un fait. Nous y seront quand on aura retrouvé Maritza et l’enfant mort ou vif. Pas avant. Je sortis une carte. Mais le fait qu’il souligne qu’il avait beaucoup de travail me donnait l’impression qu’il était pressé de nous voir partir. Toutefois, je ne relevai pas ce fait. Ce n’était qu’une impression lié au fait qu’au fur et à mesure de l’entretien que j’avais eu avec Livia, je m’étais senti de moins en moins bienvenu alors que mon seul but est de retrouvé sa mère et son frère. Je ne voulais pas me faire de fausses idées à cause d’impressions.

Je tendis la carte à Enrique.

-Oui, si elle vous contacte ou si vous avez la moindre information qui vous reviendrait ou qui vous serait venue par après, appelez ce numéro. Nous reviendrons, eventuellement, vers vous et vers Mademoiselle Cortez si jamais on a d'autres questions pour affiner notre enquête en fonction de son avancées.

Phillips et moi nous levâmes et serrâmes la main de Lopez.

-Merci, Monsieur Lopez pour votre temps.

Et on quitta la propriété direction la villa Ricci.