C'est mon chauffeur qui m’amena directement devant les portes du studio de MTI. C'est là que je vais, peut-être, avoir une place de choriste dans le groupe de Brent, Nameless. J'étais une actrice confirmée depuis mon enfance et, désormais, j'avais envie de m'essayer au chant. Après tout, Livia s'était bien essayée à l'acting alors pourquoi je ne pourrais pas m'essayer au chant? Je prenais des cours depuis que j'étais toute petite alors je me sentais largement légitime.

C'est mon père, Stanley Montgomery, le numéro 2 de MTI, qui m'avait inscrite à l'audition à ma demande sous mon nom de naissance, Tarah Montgomery. A Hollywood, je prenais le nom de ma mère, Troi, parce que ça m’ouvrait plus de portes. Mais ici, c'était celui de mon père qui comptait! Et j'espérais bien que tout ça suffise à Brent pour que j'obtienne la place. Après tout, il me connaît bien et je suis la nièce de son meilleure ami! Même si entre mon oncle et moi ce n'est pas vraiment le grand amour... Il me trouve trop sûre de moi... Sauf que pour réussir, il faut un bon lot de confiance en soi! C'est ce que mon père me dit tout le temps. Et si Shran n à jamais voulu m’engager, j'espère qu'il en sera autrement pour Brent. Même si je savais que je devrais aussi convaincre Johnatan Silverwood, le chanteur de Nameless. Je savais son identité car mon père me l’avait dit que j’ignorais totalement à quoi il ressemble sous son masque de démon.

Je passai les portes de ce studio que je connaissais par cœur. Mon père m’emmenait souvent ici quand j'étais plus petite. Moins depuis que je suis une adolescente affirmée de 15 ans. J'ai ma propre vie maintenant et ma propre carrière, après tout !

-Oh. Bonjour Mademoiselle Tarah... Vous venez pour l'audition, c'est bien ça ?

Je souris à la réceptionniste que je connaissais bien.

-C’est bien ça, Cynthia. Où est-ce que je dois attendre ?

Elle m’amena dans une pièce remplie de femmes de divers âges et horizon. Je fis la moue devant le nombre de candidates... J'espère que je n'allais pas devoir attendre trop longtemps... Je levai les yeux vers Cynthia.

-Je ne peux pas aller attendre dans la salle de repos plutôt ? Il y a plein de monde ici… On est à l’étroit…

J'avais dit ça sur un ton un peu contrarié... ... Elle prit un air un peu embêtée.

-Heu... Normalement non... Mais j'imagine qu'on peut faire une exception.

Je souris et quittai cette pièce bourrée de monde pour rejoindre la salle de repos. Je pu attendre là tranquillement en buvant un coca et en faisant des exercice de voix avant que je ne sois, enfin, appelée pour audition.

J’entrai dans le studio réservée à Nameless et me retrouvait devant Brent et le leader du groupe qui était masqué. J’affichai un petit sourire.

-Bonjour, Brento ! Tu as le bonjour de mes parents.

Je le tournai vers Johnatan Silverwood a.k.a. Nameless.

-Bonjour à vous, Nameless ! Je me présente, je suis Tarah Montgomery. Je suis ravie de faire votre connaissance.

Je parlais avec beaucoup d'assurance. C'était ça la clé du succès ! Sans compter que j’avais l’habitude des auditions depuis mon enfance. Je venais, donc, sans trop de trac. Et je crois que c’était justement ça qui agaçait souvent mon oncle lui qui est toujours sur les nerfs.

Aujourd’hui, j’avais rejoint Johnatan en début d’après-midi aux studios de MTI, troquant pour quelques heures ma caravane des studios de cinéma de San Fernando Valley où je tournais les épisodes de Spaceship : The New Generation pour l’ambiance plus feutrée de la petite salle d’enregistrement de Nameless.

J’avais les cheveux bruns, parce que je n’avais pas pris la peine de me laver les cheveux en passant d’un endroit à l’autre et j’avais encore de la bombe dedans. J’avais enlevé juste les rajouts, par contre, ce qui faisait que mes cheveux étaient un peu plus clairsemés que ceux de Datalore.

Pour recevoir les prétendantes à la place de choriste, nous avions installé une petite table assez grande pour qu’on puisse s’y asseoir à deux face à celles qui viendraient se présenter.

Je posai la liste devant les yeux de Johnatan.

-Regarde… L’annonce a pas mal marché, on a 26 dames qui ont répondu à ta demande. Il est possible que tu trouves ton bonheur parmi elles.

Evidemment, j’avais repéré le nom de Tarah Montgomery dans la liste. Elle était la fille du bras droit de mon frère, Stanley Montgomery et de l’actrice Marina Troi…

Je pointai ce nom du doigt sur ma feuille.

-On va les faire passer par ordre alphabétique. Je t’explique. Cette fille,  Tarah Montgomery, est la nièce de Stephen Shran…

Je souris, amusé.

-Elle n’a que 15 ans, mais elle est née dans le monde de la jet-set et de l’événementiel. Autant te dire qu’elle ne se prend pas pour n’importe qui.

Je m’assis à côté de Johnatan… ou plutôt, de Nameless, puisque pour l’occasion, il était masqué. Et je continuai mes explications.

-Si on les fait passer par ordre alphabétique, on la fera un peu attendre, sans pour autant qu’elle se rende compte qu’on a voulu lui faire un peu les pieds en la faisant attendre, tu comprends ce que je veux dire ?

Je voulais que Tarah comprenne d’entrée de jeu qu’elle aurait exactement les mêmes chances que les autres.

Et ce fut comme ça qu’on commença les auditions… Une douzaine de femmes, d’âges différents et de talents tout aussi éclectiques nous laissèrent entendre leur voix. Il y avait du bon et du moins bon. Il y avait aussi du très bon et du très mauvais. Et je laissai le soin à Nameless de surligner au fluo celles qu’il pensait convenir le mieux pour faire les chœurs de son prochain album.

Puis finalement, ce fut au tour de Tarah, qui entra dans le studio avec confiance, comme si elle était à la maison. Elle avait cet avantage indéniable sur les autres qu’elle me connaissait. Pour elle, cette audition, ce serait comme faire un spectacle pour ses parents dans son salon alors que les autres avaient beaucoup plus de stress en entrant dans un studio inconnu.

-Salut, Tarah… Tu leur remettras mon bonjour aussi.

Je lui désignai Johnatan.

-Je te présente Nameless… C’est lu que tu dois convaincre aujourd’hui, pas moi.

J’espérais, quelque part, en lui disant ça, lui mettre un rien de pression… Surtout que Nameless, avec son masque et sa tunique noire, était bien plus impressionnant que moi.

C'était le grand jour ! Le jour où je pourrais lancer la suite de Nameless. Enfin, après ma pause et mon changement de vie, j'allais reprendre la musique.

Il est vrai que ces derniers temps, beaucoup de choses ont changé. J'ai un appartement, et en plus de ça j'ai même quelqu'un qui vit dans le même appartement que moi, j'ai une petite amie qui a grâce à moi et mes connaissances, pus se lancer dans Spaceship, j'ai réalisé mon rêve et elle a réalisé le sien. Et j'étais vraiment heureux pour elle. D'ailleurs, elle va commencer à tourner ces premières scènes dans peu de temps.

Et en plus, j'ai mon meilleur ami d'enfance qui m'a rejoint ici et qui travaille pour une marque de voiture qui, je l'espère, deviendra competitive dans le futur. C'est tout ce que je souhaite à Alexandre et Julian. Mais je sais qu'ensemble, ils vont déplacer des montagnes.

Enfin, tout ça pour dire qu'il allait être temps de faire ressortir Nameless du placard. J'étais arrivé très tôt ce matin et avait mis la table et les chaises pour que dès l'arrivée de Brent et des premières candidates, tout soit prêt et qu'on puisse enchainer.

Je vis Brent arriver alors que j'avais déjà enfilé tout l'attirail qui faisait de moi Nameless. Je vis Brent avec de la bombe dans les cheveux et je le regarde non sans souffler du nez.

Salut Brent ! Sympa la nouvelle couleur de cheveux ! Tu n'as pas pris le temps de te les laver ?

Je ricane sous le masque puis regarde la liste que Brent m'avait soigneusement préparer.

Je ne m'attendais pas à en avoir autant. Et je t'avoue que je suis flatté de voir autant de personnes prêtes à se lancer dans cette aventure ! Je pense que je trouverai mon bonheur. Enfin, j'espère.

Puis Brent vient à me pointer un nom du doigt. Une certaine Tarah Montgomery. Il m'expliquait qu'on allait les faire passer par ordre alphabétique et que cette fille était la nièce de Stephen Shran. Je me demandais s'il me disait ça pour me pousser à la sélectionner, elle plus que les autres. Je gardais ma question pour plus tard, puisqu'il enchainait sur le fait que cette femme était très jeune. Elle n'avait que 15 ans et elle est née dans la jet-set, et elle a tendance à ne pas se prendre pour une merde.

Il vient s'asseoir à côté de moi et continue son explication. Il voulait la faire mariner un peu sans qu'elle ne s'en rende compte. Histoire de lui faire comprendre qu'elle aurait autant de chances que les autres.

Donc si ça ne colle pas, je ne suis pas obligé de la choisir en gros, et tu veux en même temps lui donner une leçon pour lui faire comprendre que bien qu’elle soit reconnue dans la jet-set, elle n'aura aucun avantage ? Arrête-moi si je me trompe surtout.

J'avais l'occasion de voir une douzaine de femmes passer, je surlignais en vert celles qui me convenaient et en rose celles qui ne convenaient pas, on avait de toutes. Des talents indéniables et des gens plus... Amateurs pour rester gentils. Même si des fois mes oreilles étaient sur le point de saigner.

Puis viens le tour de la fameuse Tarah. Elle rentre d'un pas assuré. Mais je ne vais pas me fier aux apparences et à ce que m'a dit Brent, ce que je veux, c'est la voix et le comportement qu'elle a. Elle peut avoir une super voix, si elle me prend de haut, ça ne va absolument pas le faire. Elle me dit qu'elle est heureuse de me rencontrer.

De même. Comme l'a dit Brent, c'est moi qu'il va falloir convaincre plus que lui. Sachez que je ne fais pas de sentiments, vous pouvez être qui vous voulez. Si vous ne correspondez pas à ce que je cherche, ça n'ira pas. Et Brent peut vous le dire. Je suis très exigeant avec les artistes qui m'accompagnent.

Je la regarde droit dans les yeux en croisant les bras. Je la fixe du regard et tente de lui mettre ne serait-ce qu'un minimum de pression, histoire de voir si elle la gère ou non. C'est le premier test, et toutes les chanteuses qui sont passées avant sont toutes passées par là.

J’avais quand même dû attendre pas mal de temps dans la salle de repos… Mon nom ne m’avait sans doute pas permis de passer en tête de liste. Par chance, j’étais actrice et j’avais l’habitude des longues attentes. Sur les tournages, on passe souvent plus de temps à attendre qu’à tourner.

Est-ce que je m’attendais à avoir l’un ou l’autre passe-droit ? Un peu… Brent avait eu la chance d’en avoir un par Don en ayant la possibilité de travailler ici. Oh, je ne dis pas que Brent est un mauvais manager ! Non, il mérite sans doute d’être chez MTI mais son entrée avait été facilité par le fait qu’il est le frère de Don, c’est un fait. Tout comme mon oncle était rentré plus facilement dans le monde du cinéma grâce à mon père… Mais mon oncle ne semblait jamais vouloir me rendre la pareille. Il disait que c’était à mon père qu’il devait une dette, pas à moi. Sa mentalité m’échappe totalement par moment. Bref, tout ça pour dire que, oui, par le fait que je connaissais Brent, je me sentais avantagée par rapport à toutes les inconnues qui se présenteront aujourd’hui.

Ça ne m’empêchera pas de montrer ce que je vaux. Je comptais bien montré que je mérite cette place malgré tout. Mais le fait que je sois en terrain connu avec des gens que je connaissais combiné à l’expérience que j’avais déjà en audition me permettait d’être libéré d’une partie du stress.

Je finis par être appelée et à me retrouver devant Brent et Johnatan Silverwood, masqué pour l’occasion. Je ne manquai pas de saluer Brent et de lui donner le bonjour de mes parents. Il me salua en retour et je souris.

-Avec plaisir.

Il me présenta Nameless. Il déclara que c’était lui que je devrais convaincre et non lui. Brent voulait-il me faire passer un message en disant ça ? Celui que mon lien avec lui n’entrera pas en compte dans le choix de la choriste ? Peut-être.

J’avais bel et bien remarqué les cheveux bruns de Brent… Une couleur qu’il n’avait plus depuis longtemps. Mais la rumeurs disait qu’il allait revenir dans la série de mon oncle alors je supposais que cette nouvelle couleur n’était pas une nouvelle mode. J’aurais fait une réflexion si le moment n’était pas aussi important.

-Message bien reçu.

Nameless se mit alors à parler. Il confirma que c’était lui que je devrais convaincre et que mon nom n’entrera en rien en compte dans son jugement. Il affirma aussi être exigeant. J’avais l’habitude de la pression, des exigences aussi… J’avais peut-être 15 ans mais j’avais déjà une carrière avec la pression qui va avec. Je fixai le chanteur masqué.

-Je tenterais d’être à la hauteur de vos exigences, Nameless. J’ai déjà passé des auditions dans mon métier d’actrice avec des réalisateurs extrêmement exigeants. Je comprends cet état d’esprit.

Dont le plus exigent du monde : Stephen Shran. Qui m’avait recalé, d’ailleurs ! Mais il verra… Un jour je jouerais dans un de ses films !

Je regardai Brent et, ensuite, Nameless. J’imagine que c’est à ce moment que je dois parler de mes motivations ? Dans le doute, je décidai quand même de me lancer avec une certaine assurance.

-J’aime la musique depuis que je suis enfant. Je prends des cours de piano et de chant depuis l’âge de 5 ans. J’ai déjà joué dans une comédie musicale. Si je me suis inscrite à cette audition c’est pour avoir une chance de pouvoir gagner de l’expérience en chant. J’ai beaucoup aimé le premier album de votre groupe. J’ai aimé la diversité des styles. Je pense que c’est un style qui pourra me permettre de former ma voix à plusieurs choses différentes.

Je me tus après avoir expliqué le pourquoi de mon inscription.

La première chose que Nameless remarqua à mon arrivée, ce fut ma couleur de cheveux, évidemment. Je rigolai quand il me demanda si je n’avais pas pris le temps de me laver.

-Je quitte à peine les studios de San Fernando Valley. Je suis réveillé depuis 4 heures du matin. J’ai juste eu le temps d’enlever la poudre dorée de mon visage et de mes mains et d’enlever mes lentilles jaunes. Tu imagines si j’avais traversé la ville déguisé en androïde ?

Les cheveux bruns, ce n’était pas trop grave. Ça me rajeunissait même un peu… Enfin… je croyais.

Je m’installai avec la liste des prétendantes choristes à côté de Johnatan qui, masqué, trahissait quand même sa surprise d’avoir suscité autant d’engouement. Je lui tapai amicalement sur l’épaule.

-Hey… Faut pas croire ! La musique que tu fais à ses fans. Moi je ne trouve pas ça si étonnant que les gens veuillent faire partie de l’expérience Nameless.

Il espérait trouver son bonheur. Ça, c’était encore la grande inconnue. On verrait bien mais j’espérais que sur 26 candidates, il y en aurait tout de même une qui conviendrait.

Seulement, j’avais remarqué que dans ma liste, il y avait la nièce de Shran. Tarah était une jeune femme très douée… Et le problème, c’était peut-être qu’elle avait un peu trop conscience d’être douée, justement. Elle était dans le monde culturel de L.A. depuis son plus jeune âge. Elle n’était donc pas, comme la plupart des candidates, en terrain inconnu. Cela lui donnerait certainement un avantage, mais ce serait le seul que je lui laisserais.

Ce fut ce que j’expliquai à Johnatan, lui dépeignant un peu le portrait de la jeune adolescente. Le chanteur compris que je ne voulais pas de passe-droit pour Tarah, qu’elle n’aurait pas d’avantage.

Je souris.

-Voilà, tu as tout compris. Si elle te convient, elle te convient, je n’y verrai pas de problème. Mais si elle ne te tape pas dans l’œil, si sa prestation ne te plait pas, tu ne dois pas la prendre. Bref, considère-la comme toutes les autres candidates que tu verras aujourd’hui.

Une douzaine de femmes plus ou moins jeunes et plus ou moins douées passèrent. Johnatan faisait une présélection au fluo pendant que moi, je me contentais d’écouter, ne donnant mon avis que lorsque Nameless me le demandait.

Puis ce fut au tour de Tarah qui entra dans le studio comme dans sa maison. En même temps, elle connaissait les studios par cœur, elle aurait eu du mal de faire autrement. Elle n’allait quand même pas faire semblant d’être en terrain inconnu alors que ce n’était pas le cas.

Elle me salua et je lui rendis son salut. Elle me donna le bonjour de ses parents comme pour me rappeler qu’elle était la fille de Montgemery et Troi… Comme si ce genre de chose s’oubliait…

Puis, elle s’adressa à Nameless avec politesse. Namelesss qui, et ça m’amusa, n’hésita pas à se faire impressionnant et à mettre un peu la pression en soulignant qu’il était exigent. Mais il en fallait plus pour impressionner Tarah qui n’avait pas froid aux yeux. Après tout… Elle avait déjà fait des auditions avec Shran… Qui ne l’avait jamais retenue jusqu’ici.

-Tant mieux si tu comprends le concept, Tarah…

Je croisai les bras et regardai la scène d’un air amusé. Tarah trahit un peu son habitude des auditions en enchaînant directement sur ses motivations sans qu’on lui ait posé la question. Elle expliqua son parcours, déclara vouloir se faire de l’expérience dans le monde du chant et de la musique et termina sur un compliment pour le premier album de Nameless.

-C’est laquelle, ta chanson préférée de Nameless ?

Si elle ne l’avait, en réalité, pas écouté, on le saurait vite.

Je m'étais permis de faire une remarque sur la couleur des cheveux de Brent. Je le fis rire quand je lui demandai s'il avait pris le temps de se laver les cheveux ou non. Il me dit qu'il avait fait le maximum, mais que ça aurait pu être pire. Il aurait pu être maquillé en androïde.

Ouai c'est vrai que c'est mieux comme ça. Tout le monde t'aurait sauté dessus pour avoir une photo et un autographe. Et sinon, ça va ? ça ne pique pas trop de se lever si tôt ? Toi qui te lèves d'habitude très tard. Tu arrives à tenir le rythme ?

Je m'inquiétais un peu pour Brent. Il n'avait plus 20 ans et j'avais peur qu'il ne tienne plus le rythme. Mais aujourd'hui, il est là et il ne semble pas trop fatiguer.

Il vient à s'installer et me montrer la liste de toutes les personnes qui vont venir passer l'audition. Je lui fais part de ma surprise de voir autant de monde. Il me dit que ma musique à ces fans et que ça ne le surprend pas que les gens veulent faire parti de l'expérience Nameless.

C'est gentil, Brent. Et... Je suis content que notre travail ait porté ces fruits.

Il est vrai que l'ascension de Nameless a été un peu fulgurante. Mais ce n'est que le début.

Puis, il vient à me parler d'un nom qu'il avait vu sur la liste. C'était la nièce de Stephen Shran. Mais il me fait comprendre que malgré tout, si ça ne va pas. Je ne la prends pas. Je hoche la tête pour dire que je n'avais aucun souci avec ça.

Une douzaine de femmes était passée et voilà la fameuse Tarah. J'ai essayé de me faire impressionnant. Histoire de lui faire comprendre qu'elle n'était pas en terrain conquis. Je lui fais savoir que j'étais exigeant et que son nom ne l'aiderait pas aujourd'hui.

Bien. Si vous vous donnez à fond, tout devrait bien se passer. J'aime les gens qui se donnent à fond pour réussir ! C'est ce qui fait que Nameless est Nameless.

Je ne dis plus rien et Tarah ce lance. Je la laisse faire. Elle me dit qu'elle prend des cours de piano depuis l'âge de ses 5 ans et qu'elle chante depuis aussi longtemps. Et elle a déjà fait des comédies musicales. Et elle voulait être ici et dans mon groupe pour gagner de l'expérience. Et elle a aimé notre premier album et la différence de style. Je la regarde en claquant des mains et en me levant.

Et bien, ça tombe bien puisque le prochain album n'aura rien à voir avec ce que nous avons déjà fait ! Mais il est vrai que ça vous fera travailler la voix. Et il vous serait possible de faire les cœurs et du clavier par la même occasion ? Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grâve.

Je ne voulais pas la distraire de ce pourquoi elle est ici, mais ça pourra être utile. Puis j'allais poser la question que Brent lui pose.

J'allais poser la question. Mais oui, ça m'intéresse d'avoir votre avis là-dessus.

Puis je me rassieds et croise à nouveau les bras.

Brent avait mis en place les balises alors que je venais de saluer le duo. Pas de passe-droit, Tarah… C’est ça qu’il essayait de dire, je crois. J’avais bien compris que Brent allait se la jouer comme mon oncle. Sauf que je doutais qu’il soit aussi intransigeant. Si je n’avais, encore, jamais eu ma place dans un film de Stephen Shran c’est parce que mon oncle faisait exprès de me rejeter rien que pour m’ennuyer. Ce n’état pas une question de talent quoi qu’il en dise !

Ce fut, ensuite, à Nameless de se faire impressionnant. Je n’avais aucune envie de le contrarier. Je savais que j’étais à une audition et que c’était à moi de me vendre. Je savais que le moindre faux-pas, dans ces conditions, pourrait me faire perdre. Et je n’aimais pas perdre !

J’affirmai alors que j’avais l’habitude des exigences et que, de ce fait, je comprenais le concept. Brent disait que c’était tant mieux. Tout ça avait l’air de l’amuser. Quant à Nameless, il disait que si je me donnais à fond tout allait bien se passer. Il laissa entendre que la devise de son groupe était de travailler dur et de se donner à fond pour réussir. Ça aussi, je comprenais le concept. Si mes parents m’ouvraient pas mal de portes, ça ne voulait pas dire que je me reposais sur mes lauriers ! Je savais travailler. Sinon, je ne saurais pas mener une carrière et mes études en même temps.

-Alors nous allons bien nous entendre.

Sans que je n’y sois invité, je me lançai alors dans l’explication de mes motivations. J’avais, peut-être, un peu trop l’habitude des auditions ce qui me permettait d’anticiper ce qui allait venir. Quoi qu’il en soit, je ne m’étais pas arrêté en chemin et j’avais été jusqu’au bout de mes explications tout en envoyant des compliments au groupe qui m’auditionnait aujourd’hui. J’étais sincère quand j’affirmais avoir aimé leur album.

Je fus, par contre, surprise d’entendre que le prochain album du groupe sera bien différent du premier. Mais je me contentai d’afficher un sourire. Je me demandais bien ce que ça allait donner. Mais on en était pas encore là et je le savais. Quant à sa question sur le clavier, j’hochai de la tête.

-Oui, je pourrais. Comme je l’ai dit, je fait du piano et mon père m’a acheté un clavier il y a quelques années sur lequel je m’entraine souvent. Je vous laisserez juger si mon niveau vous convient.

Je me demandais si les autres femmes qui ont participé à l’audition avait aussi une formation au piano. Si ce n’était pas le cas, je savais que tout ça jouerais à mon avantage. J’étais persuadée être une bonne claviériste. C’est, en tout cas, ce que disait pas mal d’artiste de chez MTI qui m’avaient entendu jouer alors que je passais ici.

Ce fut, alors, à Brent de poser une question. Je me rendis vite compte que, peut-être, cette question visait à savoir si j’avais bel et bien écouté l’album de Nameless et si je n’avais pas simplement caressé Nameless dans le sens du poil. Ce dernier voulait aussi savoir.

Bien !

Je souris.

-La chanson éponyme, Arrival. J’aime le rythme de cette chanson et l’émotion dégagée par celle-ci. C’est une belle composition.

Peut-être que Brent trouvera ça facile que je prenne la chanson qui donne son nom à l’album… Mais qu’importe ! J’étais suffisamment sûre de moi que je n’avais pas besoin de me la jouer trop tactiquement.

-J’aime aussi la chanson en partie en français. C’est une langue difficile à maitriser mais je la trouve très belle.

Je me tus. Je pourrais parler plus longtemps de tout ce que j’avais pensé de l’album mais je savais qu’il ne fallait pas trop s’étaler en entrevue.

Je ris de plus belle quand Johnatan affirma que si j’avais traversé la ville déguisé en Datalore, les gens m’auraient abordés à tous les coins de rue pour une photo ou un autographe. Enfin, c’était façon de parler parce que j’avais quand même traversé la ville dans ma voiture… Difficile de m’aborder dans ces conditions.

Mais les paroles de mon protégé me firent réaliser que… Oui… J’étais plus connu en tant que l’androïde Datalore que pour mes « prouesses » de manager… Et pourtant, jusqu’ici, je n’avais joué que dans quatre épisodes et c’était il y avait 16 ans de ça.

Ce qui inquiétait Nameless, c’était de savoir si je tenais le coup à me lever si tôt.

Je souris.

-Pour l’instant ça va. Je dors sur place, au studio. Mais jouer Datalore est tellement motivant et gratifiant que je ne sens même pas la fatigue.

Je ne mentais pas ! Et puis, certes, je me levais tard d’habitude, mais j’allais dormir tard (ou plutôt très tôt le matin) aussi… Donc niveau heures de sommeil, j’étais plus ou moins dans ma tape habituelle.

On s’installa et commença sur une note positive : il y avait beaucoup de candidates, ce qui me permis de complimenter sincèrement Nameless. Il était fier de son travail et il avait bien raison de l’être.

On se mit au travail, faisant défiler les prétendantes au titre de choriste.

Jusqu’à ce que Tarah entre. D’un côté, je me réjouissais de voir comment elle allait gérer ça. Shran m’avait dit que Tarah se présentait systématiquement aux castings qu’il organisait et mon ami s’arrangeait systématiquement pour lui faire foirer son audition.

Loin de moi cette idée. Elle aurait exactement les mêmes chances que les autres. Si elle gérait et que ça plaisait à Johnatan, ainsi soit-il. Si c’était l’inverse, pour moi, ça revenait au même.

Johnatan mis en avant qu’il était exigeant, appliquant d’entrée de jeu une petite pression sur la jeune fille.

Mais Tarah, du haut de ses quinze ans, en avait vu d’autres. A la limite, Shran l’avait, sans le savoir, préparée à cette audition.

Tarah affirma qu’elle et Johnatan allaient bien s’entendre puisqu’ils étaient tous les deux à cheval sur le travail. Tarah pouvait passer parfois pour une petite peste, mais on devait lui rendre ça que c’était une bosseuse.

Un qui ne perdit pas le Nord, par contre, ce fut Johnatan… Tarah venait de parler de piano et ça n’avait même pas allumé une lumière dans mon cerveau. Mais Nameless, lui, avait senti l’opportunité et demanda à Tarah si elle se sentait de faire à la fois le chœur et le clavier. Je secouai la tête et regardai Johantan.

-Mais c’est vrai ça ! Je n’y avais pas pensé !

Je lui tapai sur l’épaule.

-Tu es au taquet, c’est bien.

Quant à moi, j’étais peut-être plus fatigué que je ne voulais bien le croire.

Tarah, quant à elle, se disait penser être à la hauteur de la tâche. Et pourquoi pas ? Je l’avais déjà entendue jouer du piano, elle était douée et dans nombre de styles. Mais pour l’instant, je gardai cette pensée pour moi, histoire de ne pas laisser penser à la gamine que c’était dans la boîte. Du moins pour moi, parce que je ne savais pas ce que Nameless en pensait et que la décision final lui reviendrait de toute façon.

Tarah avait dit avoir apprécié l’album de Nameless… Je voulus alors connaître son avis, sa préférence au niveau des chansons. C’était à la fois un piège, si jamais elle ne l’avait pas écouté, et une question sincère qui permettrait à Johnatan de cerner les goûts de la jeune fille et de savoir si ce qu’il avait en tête pour son prochain album allait convenir.

Elle cita la chanson éponyme Arrival… je souris et me tournai vers Nameless.

-Je suis d’accord. De l’album, c’est probablement ta chanson la plus simple, la plus efficace et au final, la plus aboutie.

Elle avait aussi aimé Je vous aime, Je dois partir mais n’avait pas cité le titre… Je la regardai, espiègle…

-Tu sais dire le titre ? Juste pour voir ta prononciation…

C’était plus pour m’amuser qu’autre chose… Dans sa chanson, Nameless lui-même chantait en français avec un accent.

-Puis tu nous chanteras un petit quelque chose ? Qu’est-ce que tu en penses, Nameless ?

J'avais fait une remarque sur les cheveux de Brent. Et je lui avais dit qu'heureusement, il s'était démaquillé, sinon  tout le monde aurait demandé un autographe. Je le fais rire. Mais je m'inquiétais aussi pour Brent. Lui qui a l'habitude de se lever tard. Il a clairement un changement de rythme de vie et, vu qu'il n'a plus 20 ans. Il pourrait être très fatigué.

Il me rassure que ça va, il dort sur place et le fait de jouer Datalore le motive.

Comme moi avec le masque de Nameless. D'ailleurs, rien à voir, mais t'as eu l'occasion de jouer avec Julia ou pas encore ?

Je pose la question parce qu'elle partait en studio ce matin.

Puis on ce mets à travailler. Brent me montre la liste des personnes présentes pour l'audience. On a fait passer une bonne partie des gens. Et ce fut à Tarah la nièce de Stephen Shran. Brent m'a dit de ne pas lui faire de cadeau parce qu'elle est connue.

J'avais tenté de me faire impressionnant. Mais Tarah me montre qu'elle n'a pas peur. Puis Tarah me dit que l'on va bien s'entendre puisqu'elle est très exigeante.

Je vois, alors tout  ira bien.

Puis, elle vient à me faire son CV, je prends le temps d'écouter et j'avais une ou deux questions à lui poser. Et Brent me sourit et me dit que je ne perds pas le nord, quand elle me disait qu'elle faisait du piano, quand je lui demandais si elle pensait qu'elle était capable de chanter et de faire du piano. Elle me dit que oui et Brent me tape sur l'épaule et me dit que je ne perds pas le nord.

Tu devrais le savoir depuis le temps.

Puis Brent enchaina avec ma deuxième question. Il voulait savoir quelle chanson de Nameless elle aimait. Elle me disait qu'elle aimait "Arrival" et "Je vous aime, je dois partir".

Brent disait que la première était la chanson la plus simple et la plus efficace.

Je l'ai écrite dans le taxi quand je suis arrivé ici. Je te signale. En trois heures, c'est pas mal, je trouve, non ?

Je ricane.

Quant à l'autre, c'est un message pour toutes les personnes que j'ai rencontrées et qui m'ont soutenue depuis le début.

Puis Brent lui demande si elle est capable de dire le titre. Je m'accroche à mon siège et attend avec impatience la prononciation de la jeune femme. Non pas pour me moquer, mais pour voir s'il y a quelque chose à faire ou pas.

Puis Brent lui propose de nous faire une petite démonstration.

Bonne idée. Tu peux chanter ce que tu veux. Évidemment, si tu choisis quelque chose d'un peu complexe avec des montées et des descentes, tu marqueras plus de point qu'une chanson comme "Arrival".

Je n’avais pas peur de l’exigence. J’étais assez rôdé en la matière que ça soit dans mon travail d’actrice qu’en audition. Je savais que si je donnais le meilleur de moi-même, j’aurais des chances d’obtenir ce que je veux et que, si ça ne passe pas, ça ne remet en rien en question mon talent. Même mon oncle n’avait pas réussi à me briser à ce niveau malgré tous ses efforts !

J’avais, d’initiative, parlé de mes motivations et de mon parcours et Nameless m’avait demandé si j’étais prête à m’essayer au clavier. Brent n’avait pas pensé à ça, apparemment, et il ne manqua pas de le dire. Je compris que Nameless cherchait, donc, aussi, un claviériste. J’étais prête à faire mes preuves à ce niveau-là aussi. Je ferais tout pour défoncer la porte d’entrée dans le monde de la musique !

J’avais parlé de ce que j’aimais dans l’album de Nameless étant donné que Brent avait posé la question. J’avais écouté l’album et c’est la chanson éponyme que je préférais. J’aimais le rythme et les paroles. Visiblement, c’était celle que préférait Brent aussi. J’esquissai un petit sourire alors que Nameless disait avoir écrite cette chanson dans un taxi à son arrivée ici. Je savais qu’il ne venait pas de Los Angeles. C’est mon père qui m’avait dit ça. Je pense que Nameless n’avait pas aimé que ça soit qualifié de « simple ». Je souris.

-Je trouve que trois heures pour faire une aussi belle chanson c’est un exploit.

Il m’arrivait d’être parfois un peu frotte-manche. Mon père m’avait dit que ça faisait toujours bien de complimenter les gens et ça m’arrivait de le faire comme maintenant. C’est ce que détestait mon oncle, par contre. Parfois, je me demande si mon père et mon oncle sont vraiment frères…

J’avais aussi déclaré aimer la chanson chantée en français. C’était, d’après Nameless, un message à ceux qui l’avait soutenu depuis le début de son aventure. Evidemment, en parlant de cette chanson, je m’étais envoyée toute seule en terrain miné car Brent ne manqua pas de ma demander de prononcer le titre… Le français n’était pas mon fort. A l’école, j’apprenais l’espagnol… Mais j’avais, lors d’un film, dû prononcer quelques mots en français il y a quelques années d’ici. Je m’étais entrainé pour… Je me raclai la gorge.

-Je vous aime. Je dois partir.

Le « dois » avait été particulièrement difficile à prononcer et j’avais un rien raté sur ce mot. Je m’étais concentré sur les « r » mais ma prononciation restait quand même moyenne…

-Mon français n’est pas très bon mais je suis quelqu’un qui aime apprendre et, s’il le faut, je peux travailler mon accent.

Je savais que Brent s’était bien amusé en me posant cette question et je fis une petite moue en le regardant avant qu’il ne passe, doucement, à l’audition en tant que telle. Nameless confirma disant que je pouvais chanter ce que je voulais mais que, évidemment, si je prenais une chanson avec beaucoup de variation de voix, j’aurais plus de chance d’être prise si elle était bien faite. J’avais bien préparé ça. J’hochai de la tête.

-Je comprends. Je ne vais pas vous décevoir à ce niveau.

Je m’avançai vers le micro et le mis à ma taille le remontant légèrement car la fille qui était passée avant avait dû être un peu plus petite que moi. J’avais préparé trois morceaux… Un très difficile de The Army, The Good And The Bad, sur lequel je m’étais cassé les dents plusieurs fois en répétition… Si je faisais ça et que ça donnait bien, je savais que j’aurais tout gagné mais si jamais je ratais, j’allais me faire passer pour la fille qui s’est surestimée. Le second était une chanson de The Burning Fire. Il y avait quelques variations dedans. Des montées. Et je l’avais refaite un peu à ma sauce. Tactiquement c’était bon aussi car c’était l’une des chansons favorite de mon oncle et je savais que Brent n’y serais pas insensible. Tout comme il ne serait pas insensible à mon dernier choix, une autre chanson de The Army, End Of War… Seul soucis, ça manquait de variations.

Donc… Je choisis le second choix. Soit A Brave New World de The Burning Fire.

Je pris une inspiration avant de me lancer.


Je donnai tout cherchant à provoquer de l’émotion tout en montrant ma technique. Je montrais aussi à quel point j’avais répété parce que, la chanson, je la maitrisai.

Quand ce fut terminé, je me tus attendant des retours de la part de Brent mais, surtout, de Nameless car c’était lui que je devais convaincre.

Johnatan semblait réellement inquiet du changement de mon rythme de vie. Pourtant, je le vivais bien, d’autant que l’expérience valait le coup. Il comprenait, vivant cela avec Nameless et me demanda si j’avais eu l’occasion de jouer avec sa petite copine, Julia Griffin.

Je souris.

-Non, je n’ai pas encore eu cet honneur. Pour l’instant, j’ai joué des scènes qui se passent sur une planète et son personnage à elle est sur le vaisseau.

Shran avait donné à Julia Griffin un rôle assez intéressant, celui d’une jeune enseigne sortant de l’Académie de la Fédération et travaillant à l’ingénierie sur l’USS Explorer. Elle avait donc un petit rôle, mais qui était récurrent. Un bon début, donc.

Après tout ça, on se mit au travail, faisait passer l’une après l’autre les apprenties choristes qui avaient plus ou moins d’expérience.

Puis ce fut le tour de Tarah Montgomery, la nièce de Shran. Elle navait pas peur et était plus ou moins ici comme chez elle. Pour essayer de la déstabiliser, je lui dis que c’était Nameless qu’elle devait convaincre et pas moi. Johnatan, lui, joua le jeu, se faisant impressionnant et exigent.

Cependant, il en faudrait bien plus pour faire vaciller Tarah. Mais après tout, si Shran ne lui faisait pas peur, je voyais mal comment l’effrayer. Même avec un type à côté de moi déguisé en démon.

D’autant que presque tout de suite, Tarah et Johnatan se mirent d’accord sur le fait qu’avoir beaucoup d’exigences était normal. Ça allait peut-être coller entre eux ! Et pourquoi pas ?

De plus, comme elle faisait du piano, elle intéressait doublement mon protégé qui cherchait aussi une claviériste. Lui qui avait voulu une femme derrière cet instrument, c’était sa chance !

-Je sais que tu as toujours su où tu voulais aller, en tout cas.

On essaya d’avoir Tarah sur ses connaissances de l’album de Nameless, mais elle avait fait ses devoirs. La jeune fille aimait beaucoup Arrival et moi aussi. Johnatan déclara l’avoir écrite en trois heures dans le taxi qui l’avait mené à L.A.

-C’est même vachement bien. Parfois ce sont les chansons qui viennent vite et naturellement qui sont les meilleures.

Et Tarah de caresser Nameless dans le sens du poil. Je la regardai avec un petit sourire de connivence qui signifiait que je la voyais venir, avec ses flatteries… En plus, Johnatan n’avait pas besoin de compliments, il se montait très bien la tête tout seul et je devais toujours le rattraper pour le ramener sur Terre de temps en temps… Comme si sa tête devenait parfois un vrai ballon de baudruche bourré d’hélium. Ce n’était pas ce que je préférais dans ma relation avec Jonathan, mais c’était mon boulot de manager.

Pendant qu’ils parlaient de leurs chansons préférées, je me taisais et observais. Mais quand Tarah cita Je vous aime, Je dois partir sans en citer le titre, je la forçai à le faire. A la fois parce que ça m’amusait un peu, mais aussi pour voir si elle le connaissait, ce titre en question.  

Elle se plia à l’exercice et quand elle prononça le titre, je devais dire qu’elle le faisait bien mieux que moi… Je n’aurais pas su si bien gérer le « r » de « partir »… Bref, j’aurais eu l’impression de mâcher un chewing gum trop gros pour ma bouche…

-Ce n’est pas si mal, Tarah. Mieux que ce que j’aurais pu faire.

Elle souligna qu’elle était prête à apprendre et là, je me tournai vers Johnatan… Pour le seul et unique avantage que je donnerais à la fille de Stanley Montgomery.

-Là, tu peux la croire, c’est une bosseuse. J’en suis témoin.

Je la voyais jouer, chanter, danser et jouer du piano depuis qu’elle était toute gosse. Un autre gamin se serait vite lassé de tous ces cours en plus de l’école, mais pas Tarah. Jamais. Elle avait de l’ambition, et un sacré caractère, mais comme je dis toujours, sans en avoir un peu, on ne va nulle part.

Bon, trêve de plaisanterie. Je proposai à Tarah de nous chanter quelque chose… On était là pour ça, après tout. Johnatan était d’accord et lui expliqua comment mettre le plus de chances de son côté… Tarah comprenait et se plaça derrière le micro qu’elle mit à sa taille.

Et là… Non seulement, dès les premières notes, je reconnus la chanson pourtant bien arrangée à la sauce Tarah… Mais les poils de mes avant-bras se hérissèrent au point que j’essayais discrètement que ça ne se voit pas en les frottant. C’était une chanson que j’adorais de base… Mais j’aurais voulu voir la tête d’un Howard Stone s’il avait entendu ça !

Quand elle eut terminé, je passai deux ou trois seconde à la regarder sans pouvoir sortir un mot. Puis me tournai finalement vers Johnatan.

-Qu’est-ce que tu en penses… ?

Moi, j’étais conquis… Quoi que puisse en penser Stephen Shran.

Je m'inquiétais pour Brent parce qu'un changement de rythme de vie aussi brutal pouvait lui faire du mal. Mais il me rassure, tout va bien. Moi, ça me va. Alors, je lui demandais s'il avait déjà joué avec Julia. Il me dit que non, parce que son personnage était sur une planète et Julia était elle dans le vaisseau.

Je te mentirais si je te disais que je n'étais pas inquiet. Elle avait tellement envie de jouer dans Spaceship que j'ai peur qu'elle ne supporte pas la pression... Je ne sais pas si tu vois où je veux en venir.

Ensuite, on s'installe et on fait chanter la moitié des gens sur la liste. J'avais surligné en rose c'elle que j'avais recalé et en jaune c'elle avec un potentiel. Pour l'instant, j'avais gardé le surligneur vert bien fermé. Mais peut-être que je le ferai travailler un peu.

Et justement, Brent m'avait parlé de la prochaine candidate. Tarah Montgomery la nièce de Stephen Shran. Elle est vraiment confiante et avec Brent, on essaye de lui mettre un petit peu de pression. Mais ça ne marche pas.

On était d'accord sur une chose. Tous les deux, on est très exigeant sur le travail. Déjà, elle marque des points. Et par chance, elle faisait du piano. Je ne perdais pas le nord et Brent me le fait remarquer. Et je lui dis qu'il devrait le savoir depuis le temps.

C'est pour ça que le projet avance bien. Parce que je sais où je vais !

Puis, on vient à poser la question à Tarah si elle avait écouté mon premier album et si c'était le cas, quelle chanson elle avait aimée. Elle nous disait que "Arrival" était sa préférée,  et c'est là que je leur dis que je l'avais composée en trois heures dans le taxi.

Disons que cette chanson parle de mon arrivée ici et de tout ce que j'ai vu. En tant que bon Européen que je suis, il y a des choses que je trouvais étranges. Mais je m'y suis fait !

Tarah me caressait dans le sens du poil. Je voyais bien son petit jeu, mais je ne réagis pas.

Puis Brent s'amuse à essayer de prononcer le nom de mon titre en français. Et elle s'en sort vraiment bien.

J'ai aimé ce que j'ai entendu. Ça me rappelle un peu les chansons de l'époque du jazz américain où ils essayaient de chanter un français parce que c'était glamour et tout.

Puis Tarah disait qu'elle était prête à apprendre. Et Brent me dit qu'elle était une bosseuse.

Si tu le dis, on verra, si jamais je la garde, elle pourra me le montrer.

Puis Brent proposait à Tarah de chanter. J'aimais l'idée et je la laissais faire. Elle se mettait devant le micro et elle le régalait avant de se mettre à chanter. Elle se mit à chanter "A Brave New World" de The Burning Fire.

J'écoutais attentivement. J'en avais des frissons, et heureusement que j'avais ma bure sur le dos, ça cachait mes avants bras et laissait donc mes poils tranquilles. Quand elle eu fini Brent me regarde et me demande ce que je pense.

Bordel, c'était bon. À deux doigts de mettre du surligneur verre.

Je regardais Tarah.

Tu as encore un peu de temps ? J'aimerais essayer quelque chose.

Je me lève et je vais chercher un clavier et le pied pour le tenir. Je le pose devant Tarah.

Tu peux essayer de chanter et jouer en même temps ? Un morceau que tu connais bien sûr, pour voir ce que ça donne, si je suis convaincu, tu gagnes ton nom, surligné en verre sur ma liste !

Et ça, c'est une belle récompenses !

De ce que je pouvais entendre, Nameless savait où il allait. Je me reconnaissais aussi là-dedans. J’avais toujours su où j’allais. Depuis que je suis toute petite, j’ai voulu suivre les traces de ma mère et j’ai tout fait pour. Maintenant que j’étais une actrice confirmée, je pouvais me centrer sur mon autre centre d’intérêt : la musique. Là aussi, j’avais tout mis en œuvre, depuis que je suis petite, pour atteindre ce but. J’avais pris des cours et j’espérais que ça puisse porter ses fruits aujourd’hui.

Et si ça ne fonctionnait pas, je n’allais pas abandonner pour autant. Quelqu’un finira par repérer mon talent et si ce n’était pas Nameless, ça sera quelqu’un d’autre. Je ne m’arrêtais jamais sur un échec. Les tentatives que j’avais faite auprès de mon oncle m’auront au moins appris ça.

J’avais parlé de ma chanson préférée apparaissant sur l’album de Nameless. Apparemment, c’était une chanson qui avait été conçue en trois heures à peine. Brent disait que c’était le chansons qui venait le plus naturellement qui étaient les meilleures. Mon regard passait de mon presque-oncle à Nameless et ce dernier expliqua que, étant Européen, il avait trouvé pas mal de choses étranges ici. Je souris lançant un compliment à Nameless. A ce niveau-là, je ne savais jamais si j’en faisais trop. D’après mon père, on en faisait jamais trop niveau flatterie… Mais j’avais toujours trouvé que ça ne fonctionnait pas sur tout le monde. Nameless ne réagit pas, donc, je ne saurais dire s’il avait apprécié ou s’il trouvait que j’en faisais trop. Le petit sourire de Brent me faisait dire que, lui, me voyait bien venir… Je me retins de faire une petite moue.

J’avais affirmé, aussi, aimer la chanson en français et Brent m’avait demandé de prononcer le titre. Je m’étais concentré pour le prononcer le mieux possible. Le français n’était pas une langue facile. La prononciation me posait parfois problème mais Brent et Nameless semblaient satisfait. J’esquissai un petit sourire. Nameless compara même ma prononciation à certaines chansons de jazz américain.

-Merci. C’est un beau compliment.

J’affirmai que je pouvais encore améliorer mon français s’il le fallait. Je savais bosser. Ça ne me faisait pas peur. Et je fus vraiment contente que Brent le confirme si bien que je lui envoyai un regard reconnaissant. Ça aurait été Shran a la place, il aurait dit que je n’en fais pas encore assez. Je combine acting, cours de chants et de piano et, aussi, mes cours à Fairfax… J’avais peu de temps pour autre chose alors j’estime que j’en faisais plus qu’assez ! Nameless disait qu’il verra ça si jamais il venait à me garder. J’espérais bien le convaincre !

-J’espère vous convaincre pour pouvoir vous le montrer.

Mes réponses à chaque intervention avaient été préparées. Je savais comment me comporter en entrevue. Mon père m’avait aidé à ça lui qui en faisait souvent passer, des entretiens,  pour le personnel de MTI.

Je dûs, alors, faire mes preuves. J’avais dû rapidement faire une choix au niveau de la chansons avant de me lancer dans un choix qui mettrait en valeur ma voix sans me mettre excessivement en danger. Et une fois devant le micro, je donnai absolument tout.

Quand ce fut terminé, je regardai tantôt Brent, tantôt Nameless et le premier demanda ce que le second en avait pensé. Mon attention fut, alors, toute à Nameless.

Et je fus soulagée d’entendre qu’il avait aimé. Presque au point de me sélectionner. J’esquissai un très pauvre sourire… A deux doigts de ? Non ! Pas « à deux doigts de » ! Mon oncle me disait chaque fois « à deux doigts de ». Je ne voulais pas encore me faire recaler pour un « à deux doigts de ».

-A deux doigts ?

On pouvait sentir une légère déception dans ma voix mais Nameless n’en avait pas terminé. Il demanda si j’avais encore du temps.

-J’ai tout le temps de la journée !

Ma journée était consacrée à essayer d’obtenir cette place de choriste !

Nameless se leva alors et je le suivis du regard. Il déplaça alors le clavier pour le mettre devant moi. Il souhaitait que je chante tout en faisant le clavier. N’importe quelle chanson encore une fois. Si je réussissais à le convaincre, j’aurais la chance d’avoir mon nom en vert sur la liste.

C’était ma chance !

-Je vais faire de mon mieux pour vous convaincre.

On sentait la détermination dans ma voix et dans mon regard. Je ne pouvais pas me planter. Je réfléchis quelques instants au bon morceau. Ce n’était pas si simple à trouver… Il fallait quelque chose que je maitrisais à la fois au clavier et au chant…

Et j’avais peu de temps pour choisir !

Je finis par me décider pour une chanson de Sniper, On The Telephone… J’en avais bouffé du The Army depuis que j’étais petite à cause de mon oncle. Et le pire c’est que j’adorais ça à cause de son matraquage ! Du coup, c’était tout naturellement que j’avais apprécié ce qu’avait fait Sniper en solo dont cette chanson.

Je m’éclaircis la voix avant de me lancer me décidant pour une voix plus fort que sur le titre précédent pour montrer que je pouvais m’adapter à bien des styles.


Encore une fois, je fis de mon mieux pour donner tout ce que j’avais espérant convaincre Nameless. A la fin, même si j’étais satisfaite, j’aurais préféré montré mes talents au clavier sur la chanson que j’avais fait précédent mais il aurait sans doute pensé que je ne savais faire que ça…

Je commençais à ne pas trop mal connaître Johnatan et s’il y avait une particularité chez lui, c’était qu’il se faisait du mouron pour tous ceux qu’il appréciait ou aimait. Il s’était inquiété pour moi à mon arrivée à cause du changement de mon rythme de travail, et maintenant, c’était pour sa petite amie qu’il s’en faisait parce qu’il avait peur qu’elle ne supporte pas la pression.

Je lui tapotai d’une main amicale sur l’épaule pour le rassurer un peu.

-Ne t’en fait pas. Julia est une grande fille, elle sait très bien ce qu’elle fait.

C’était de toute façon quelque chose qu’il ne pouvait pas contrôler. Alors qu’il laisse couler. D’autant que je savais que la jeune femme se plaisait sur le plateau de Spaceship. Déjà, elle n’était pas obligée de se triballer à moitié à poil (comme pour Galactic Wars) puisqu’elle jouait un officier de la Fédération et portait donc l’uniforme de circonstance et de deux, elle m’avait parue épanouie la dernière fois que je l’avais croisée et saluée aux studios.

Une autre jeune fille qui savait où elle allait, c’était Tarah Montgomery, comme tout dans son verbal et son non-verbal le laissait penser. C’était donc un point commun ue tous ces petits jeunes avaient : ils savaient où ils allaient, Johnatan compris.

Je souris, amusé, en repensant à Shran et moi à leur âge… Nous, on ne savait pas DU TOUT où on allait, mais on y allait quand même !

Et ça ne nous avait pas trop mal réussi.

Je laissai les deux principaux intéressés par cette audition communiquer entre eux. Je n’étais que le manager. J’étais là pour appuyer Nameless s’il en avait besoin, poser l’une ou l’autre question que je trouvais pertinente, mais le grand décideur, ce serait lui et lui seul !

De ce que je voyais, Tarah et Nameless étaient bien partis pour s’entendre.

Je tentai de tendre un piège à Tarah mais elle ne tomba pas dedans, jouant le jeu et s’en tirant à la perfection, gagnant même un compliment de la part de Nameless qui la compara à l’époque du jazz américain.

Quant à moi, je soulignai quand même le fait que Tarah était une bosseuse. Je savais même que c’était une battante, aussi… Pour ça, n’en déplaise à tous les deux, elle tenait un peu de Shran.

Elle se mit alors, à notre demande, à chanter… Et je fus complètement bluffé par sa prestation qui me donna le frisson. Je me demandais si Nameless appréciait autant que moi ce qu’il entendait. Et quand Tarah termina, il trouvait ça tellement bon qu’il en jura !

Mais ce n’était « qu’à deux doigts »… Je me tournai vers lui d’un air interrogateur… Que voulait-il de plus pour enfin mettre du vert sur sa feuille ? Mais je compris assez vite ce qu’il voulait encore voir quand il se leva pour aller installer le clavier devant Tarah.

-Ah oui ! Voyons si tu en vaux vraiment la peine, Tarah. Epreuve un peu plus difficile.

Je la regardai d’un air d défi.

-Gagne ta place, petite.

Nameless lui laissa le choix de la chanson. Et j’étais curieux de voir ce qu’elle allait choisir.

Elle posa ses doigts sur les touches… Et quand je reconnus, dès les premières notes, On The Téléphone… de Sniper, je fus aux anges ! J’adorais cette chanson.

Puis elle plaça sa voix… Et là, la magie opéra directement. Je sentis ma gorge se serrer et une nouvelle série de frissons. Non, je n’allais pas pleurer tellement c’était bon, il ne fallait pas non plus exagérer, mais Tarah donna, selon moi, tout ce qu’on attendait d’une chanson comme celle-là.

Quand elle arriva à la fin… Je regardais Tarah avec des grands yeux de merlan frit, la bouche entrouverte et je ne savais que dire.

Je retrouvai finalement l’usage de la parole pour dire :

-Est-ce que Shran t’a déjà entendue faire ça ?

Je m'inquiétais pas mal pour Brent. Son changement de rythme de vie et tout ça. Mais il semblerait que tout aille bien. Puis après m'être inquiété, je m'inquiétais pour Julia. J'avais peur que le fait de jouer dans Spaceship lui fasse plus de mal que de bien. Brent me tape amicalement sur l'épaule pour me rassurer.

Tu as raison, je me cause des soucis à cause de tout ça alors qu'elle est grande. Au moins, ça prouve que je suis amoureux. Enfin, je crois.

On se mit à bosser. Et après plusieurs passages. C'était Tarah Montgomery la nièce de Stephen Shran. Et elle me fait passer un message. On sait tous les deux où on va. Et ça me plait.

Puis Brent tend un piège à Tarah. Mais elle ne tombe pas dedans. Au contraire. Je lui ai fait un beau compliment, je lui ai dit qu'elle me faisait penser à une chanteuse de jazz américaine. Brent me dit que Tarah etait une vraie bosseuse. Et elle me le prouva quand elle ce mit à chanter. J'avais aimé, même un peu trop, j'en jure. Brent fut surpris parce que j'avais dit à Tarah qu'elle était à deux doigts d'avoir son nom surligné en vert. Cette dernière grimace d'ailleurs, ce qui me fait sourire en coin sous mon masque. Mais Brent comprit ce que je voulais faire, j'avais demandé à Tarah de jouer du clavier et de chanter. Brent trouve que c'est une bonne idée.

Elle se mit à jouer "On The Téléphone" de Sniper. Et elle donnait tout. Quand elle eut fini, Brent semblait avoir complètement planté. Mais quand il reboot il lui demande si c'est Stephen qui lui a appris ça. Je les regarde puis je regarde ma feuille. Je prends un surligneur rose et le jette à l'autre bout de la salle.

Pas celui-là.

Puis je prends le jaune. Et refait pareil.

Non plus... Mais où est-ce que j'ai mis le vert ?

Je regarde partout puis viens secouer la manche gauche de ma bure.

Hummm il c'était caché ici. Elle est sympa, la bure, mais ça attrape tout et n'importe quoi.

Je surligne le nom de Tarah et l'applaudis.

Bienvenue dans Nameless. Enfin, si tu le veux. Tu verras le contrat avec Brent si tu acceptes, mais je pense qu'on va prendre du plaisir à bosser ensemble.

Je pensais m’en être plutôt bien sortie sur ma première prestation mais ça ne semblait pas suffisant pour obtenir mon ticket pour faire partie de Nameless. Je m’étais fait recalé plusieurs fois dans ma carrière d’actrice dont systématiquement par mon oncle. Je savais ce que c’était de perdre mais il était clair que, comme bien des gens, je n’appréciais pas me planter. Or, je pensais bien avoir fait une prestation sans faute. Je me connais assez pour savoir quand ce que je fais est à côté de la plaque et je ne pense pas que ça soit le cas.

Sauf que ce que voulait Nameless ce n’était pas me dire « c’était pas mal mais ce n’est pas ce qu’on cherche » mais bien me faire faire plus en écoutant mon talent au clavier. Je ne m’étais pas préparé à faire du clavier mais je devais m’adapter à toutes les situations et accepter les défis qu’on me mettait en travers de mon chemin. C’est comme ça que je pourrais exceller dans tout ce que je touche. En ne reculant pas devant les défis !

Brent se réjouissait de me voir à l’œuvre. Il trouvait l’épreuve plus difficile. Sans blague ! Elle l’est !

-Plus difficile mais pas impossible.

Je dis ça sur un ton déterminé alors que Brent déclara que je devais gagner ma place. Je fis une moue au qualificatif « petite ». Je sais que je suis jeune mais je ne suis plus une gamine de 5 ans. Sauf que ce n’était pas l’endroit pour reprendre Brent à ce niveau. Je le ferais plus tard !

Je me mis derrière le clavier réfléchissant rapidement à la chanson que j’allais faire avant de m’y mettre. Je donnai tout ce que j’avais cherchant à mettre autant ma voix en valeur que les qualités que j’avais au clavier. Quand ce fut terminé j’attendis le verdict des deux hommes.

Je vis rapidement que Brent était tellement bouche bée qu’il ne savait que dire. Si, un jour, je pouvais laisser la même expression sur la figure de mon oncle, ça sera le meilleur jour de ma vie. Jusqu’ici, je n’avais récolté que son cynisme… Brent demanda, d’ailleurs, si Shran m’avait déjà entendu faire ça. J’hochai négativement de la tête.

-Non… Mais si je lui montre, il penserait sûrement que j’ai encore bien des choses à apprendre et que je ne suis pas prête.

Je dis ça sur un ton cynique ne remarquant même pas que je l’imitais parfaitement bien, le Shran. Ça m’échappait parfois… Et ça énervait ma mère quand je me mettait, inconsciemment, à parler comme mon oncle.

-Avec lui, je ne suis jamais prête pour rien.

Mon regard se tourna alors vers Nameless car c’était lui que je devais convaincre. A mon grand étonnement, il se mit à balancer un surligneur rouge de l’autre côté de la pièce. Je suivis du regard le surligneur qui s’écrasa au sol avant de regarder à nouveau Nameless qui lança, ensuite, le surligneur jaune de la même façon.

Il cherchait le vert me faisant afficher un petit sourire. Mon cœur battait plus vite alors qu’il finit par trouver le surligneur dans sa manche faisant une remarque sur sa tenue. Moi, je n’osais rien dire avant d’avoir le verdict finale.

Et il me le donna surlignant mon nom en vert. Il m’applaudit et me souhaita la bienvenue. Mon regard s’illumina.

-YEAAAAAAAAAHHHHH !

C’est ce que je lançais d’une voix enthousiaste en levant les bras.

-Merci, Nameless ! Vous ne le regretterez pas ! Vous verrez que j’ai toutes les capacités pour être une bonne choriste ! Et, bien sûr que j’accepte !

Je me tournai vers Brent.

-On fait ce contrat quand ?

Tout de suite ?!

Nameless donna un autre défi à Tarah : jouer du clavier et chanter en même temps. Et elle se plia à l’exercice avec brio, me laissant complètement sur le cul. Je ne l’avais jamais vue faire ce que je venais de voir. Je savais qu’elle jouait bien et qu’elle chantait bien, mais je ne m’étais jamais assez intéressé à la gamine pour réaliser le talent qu’elle avait. Pour moi, elle avait toujours été la nièce de Shran, ce qui m’empêchait de la voir comme une artiste à part entière.

Et puis elle n’avait que 15 ans, merde ! Moi, à 15 ans, je commençais juste à réaliser ce qu’était une fille et était obsédé par cette découverte… Et je ne pensais donc pas beaucoup plus loin !

Quand je récupérai l’usage de la parole, ma première question fut de savoir si elle avait déjà fait entendre à Shran ce dont elle était capable. Ce n’était pas le cas, me raconta-t-elle, et c’est avec un ton dans lequel je reconnu typiquement mon meilleur ami qu’elle m’expliqua qu’il ne la trouverait pas encore prête. Parce que pour lui, elle n’était jamais prête pour rien.

Je souris.

-Je ne suis pas de cet avis.

Et non, les petits gars, je ne suis pas toujours d’accord avec Shran. Et que ça l’énerve ou non, ça m’est bien égal.

Je regardai vers Nameless mais avec son masque, il m’était impossible de dire s’il souriait, s’il était scotché comme je l’avais été ou si un grand sourire s’était peint sur son visage.

Et il me fit presque sursauter en balançant son fluo rouge à travers le studio. Puis le jaune aussi.

Il trouva finalement le vert dans la manche de sa robe de bure.

Et là, je compris que Tarah avait gagné. Elle avait conquis Nameless qui l’applaudit.

J’en fis de même.

La jeune fille, elle, s’exclama comme jamais, laissant exploser sa joie. Elle fit des promesses que je savais qu’elle allait pouvoir tenir si elle était bien encadrée… Et avec tout cet enthousiasme, j’en oubliai que ça allait me donner du travail à moi parce qu’il allait falloir que j’établisse son contrat.

Je me grattai la tête.

-Heu… Viens demain aux studios de cinéma, ceux de Spaceship à San Fernando Valley. J’y serai et te ferai signer ton contrat…

J’eus un sourire espiègle.

-On fera ça juste sous le nez de ton oncle…

Arf, ce que j’aimais taquiner Shran…

J'avais mis un défi supplémentaire à Tarah. Après avoir chanté, elle devait chanter et faire du clavier en même temps. C'était bien plus difficile que le reste parce qu'il faut couper son cerveau en deux, une partie pour faire du clavier et l'autre pour chanter, tout ça sans s'emmêler les pinceaux.

Brent disait que c'était un défi un peu plus compliqué que le précédent, mais Tarah ne se pose pas de question et se lance, elle semble aimer les défis. Elle sait marquer des points.

Elle se mit à jouer et avec Brent, on fut surpris, elle a passé l'exercice comme sur des roulettes. Avec Brent, on en était scotché. Ce dernier lui demanda d'ailleurs si elle a déjà fait écouter à Stephen ce qu'elle venait de faire. Et apparemment non, elle imitait Stephen tout en disant qu'elle ne serait jamais prête à rien selon lui. Brent lui dit qu'il pense le contraire.

Pendant ce temps, je me battais avec mes surligneurs, impossible de mettre la main sur le vert. Alors, pour faire de la place sur la table, la première idée qui me vient est de jeter le surligneur rouge. Je fais sursauter Brent, mais je continuais à chercher. Je jette ensuite le jaune avant de remarquer que le  vert s'était glissé dans ma manche. Je surligne le nom de Tarah en vert et cette dernière se met à hurler de joie. Elle me fait plein de promesses que, je suis sûr, elle va tenir. J'en applaudis même, tellement j'ai été convaincu.

Avec ce que je viens de voir, je ne suis pas inquiet !

Puis, elle demandait à Brent quand est-ce qu'elle signerait son contrat. Il lui propose de la voir demain au studio où il tourne sa série, devant Stephen. Je tapote sur l'épaule de Brent en riant.

S'il m'appelle demain matin pour me dire quoi que ce soit, je te préviens tu vas être au courant. J'aimerais pour une fois pouvoir faire une grasse matinée !

Je riais, mais j'avais bien été capable d'appeler Stephen à dix heures du soir, alors pourquoi ne serait-il pas capable de m'appeler à six heures du matin ?

Mon visage se radouci quand Brent affirma qu’il n’était pas d’accord avec mon oncle sur le fait que je ne serais jamais prête. Heureusement que Brent ne suivait pas toutes les croyances stupides que Shran pouvait parfois avoir sinon j’aurais été bien mal barrée aujourd’hui.

Mais c’est surtout Nameless que je devais convaincre… Pour l’instant, il n’avait rien dit mais quand il se mit à balancer ses surligneurs autre que le vert, je fus rassurée. Finalement, il sortit le vert et surligna mon nom de quoi me faire éclater de joie quand il confirma que j’étais prise ! Je venais, enfin, de faire mes premiers pas dans cette nouvelle discipline que je comptais bien conquérir au fur et à mesure des années. Nameless était ma porte d’entrée et je venais de gagner le moyen de passer cette porte !

Je déclarai qu’il ne le regrettera pas mais il affirma ne pas être inquiet ce qui me fit afficher un petit sourire fier. J’avais, visiblement, fait très bonne impression autant avec ma musique qu’avec mes mots. Il faut dire que j’avais parfaitement préparer cette entrevue et le résultat était là !

Ce fut, un peu impatiente, que je demandai à Brent quand je pourrais venir signer le contrat. Il réfléchis avant de me donner rendez-vous demain aux studios de Spaceship pour signer mon contrat tout ça devant mon oncle. Je savais que Brent allait reprendre son rôle dans la série pour quelques épisodes. J’affichai un sourire en coin.

-Avec plaisir ! Je suis pressée de voir sa tête !

Il allait avoir la haine ! Et c’était bien fait pour lui. Il verra que certaines personnes savent voir mon talent contrairement à lui qui ne sait faire que me recaler sans aucune raison autres que, je l’imagine, ses foutus principes.

Johnatan fit alors un commentaire qui me fit rigoler. Je voyais bien mon oncle lui téléphoner pour lui demander pourquoi il avait fait une telle chose.

-Je viendrais sur la pause de midi ainsi Nameless pourra profiter de sa grâce matinée. Parce que je vois bien mon oncle lui téléphoner. C’est bien le genre…

J’étais heureuse et j’allais encore l’être demain en signant mon contrat devant l’air outré de Stephen Shran !

-Merci à vous deux. Je dois annoncer tout ça à mes parents.

Je finis par les saluer avant de quitter le studio le cœur léger.