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 When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo]

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Stephen Shran
Stephen Shran


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MessageSujet: When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo]   When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo] I_icon_minitimeMer 18 Sep - 13:17

When Love Is Too Deep
ft. Enora Lee
1967

-On y est presque ?

Putain ! Trois heures ! C’est le nombre d’heures qu’on marchait dans ces fichus sentiers qui menaient à la Skull Cave, moi et Enora…

Vous savez comment je me suis retrouvé ici ? C’est simple ! Ça fait six mois que je cherche un producteur qui voudra bien financer ma série de science-fiction et jusqu’ici, j’avais fait choux blanc ! « Trop spéciale » avait dit les uns… « Trop communiste » avaient dit d’autres… « Personne ne voudra regarder ça ! » en avait lancé encore d’autres… La seule boite qui n’avait pas encore rejeté mon projet c’était celle d’Enora et quand j’avais demandé des nouvelles elle m’avait dit : « Viens avec moi en randonnée et je te donnerais ma réponse ».

Résultat, me voilà, complètement crevé après trois foutues heures de marches alors qu’Enora, elle, avait l’air d’avoir simplement marché cent mètres !

Enora soupira, exaspérée.

-C’est la vingtième fois que tu me poses cette question, Shran… Je n’ai plus envie d’y répondre.

Je n’avais plus l’habitude des longues marches. En réalité, je ne faisais plus de sport depuis que j’avais quitté l’armée. Quelque chose que Brento et moi, on avait en commun. Nos sorties « sportives » c’était les fêtes auxquelles on allait presque tous les week-ends… Du coup, me taper trois heures de marches en plein soleil, ça faisait beaucoup d’un coup.

-Tu n’oses simplement pas dire qu’on est perdu, hein ?! On est perdu, c’est ça ?

Mon ton était aussi exaspérés que cynique. Qu’est-ce qu’il m’avait pris de venir ici avec Enora, hein ? Qu’est-ce qu’il m’avait même pris de lui envoyer mon script ? Chaque fois que je vois cette fille, on s’engueule ou bien on entre dans des débats sans fin sur le cinéma ! C’est systématique… Alors, pourquoi j’avais fait ça ? Sans doute par désespoir. Parce que personne d’autre n’avait dit « oui ». Ou parce qu’au fond, j’aime me disputer avec cette fille…

Elle roula des yeux.

-Non, on est pas perdu… Regarde… On y est presque…

Elle montra du doigt un panneau un peu plus loin qui indiquait que la grotte n’était plus très loin. Je plissai des yeux pour mieux voir. Même avec mes lentilles, je n’avais pas la meilleure vue qu’il soit.

-Ce n’était que trois petites heures de marches… Pas de quoi en faire un plat. On dirait que c’est la première fois que tu marches autant. Je croyais que tu avais fait l’armée…

Mais j’ai fait l’armée !

-J’ai fait l’armée ! J’ai arrêté justement parce que je déteste marcher !

Elle prit un air sceptique…

-Je croyais que tu t’étais fait viré parce que tu contestais sans cesse les ordres…


C’est la raison que je donnais à tous ceux qui me demandaient pourquoi j’avais quitté l’armée. Seuls ma famille et Brento étaient au courant de la vérité. Mais loin de moi l’idée de raconter la vraie raison à Enora Lee. Ma mère trouvait ça stupide de cacher la vérité mais j’étais bien trop fier et trop borné pour avouer que j’avais été réformé pour raisons médicales.

Je me mis grommeler des choses incompréhensible avant qu’on arrive à l’entrée de la grotte. On s’avança un peu à l’intérieur et je me laissai tomber assis sur un rocher, à bout de force.

-Stop ! Pause !

Enora leva un sourcil avant de s’asseoir sur un autre rocher face à moi. J’ouvris mon sac pour en sortir ma gourde et commencer à boire de longues gorgées d’eau. J’avais besoin d’une pause. J’avais mal aux jambes et je sentais un mal de crâne pointer le bout de son nez sans doute à cause du soleil qui avait tapé. Je pensais qu’on allait dans une grotte ! Je n’avais pas pris une foutue casquette ! Je me massai les tempes et Enora, elle, me regardait avec un air amusé.

-Je pensais sincèrement que tu serais moins vite fatigué… On est dans la grotte, Shran… Plus qu’à aller au fond, revenir et puis refaire trois heures de marches.


Ouais… On les avait fait dans un sens… Il faudra bien les refaire dans l’autre sens. Sauf que je n’avais pas imaginé que ça prendrait tant de temps… Quand Enora avait dit « randonnée » j’avais pensé à une heure de marche allers-retours… Je n’avais pas pensé qu’on prendrait plus de six heures. Je ne l’ai remarqué que quand on avait déjà marché deux heures. Je déteste ce genre d’imprévus… Sans compter que, du coup, je n’avais pas pris mes médicaments avec moi et que j’avais déjà loupé une prise…

-Dis-le tout de suite que tu as tellement détesté mon script que tu as eus envie, du coup, de me tuer…

Enora n’était pas fan de Love In L.A., l’un de mes films. Elle se plaisait à critiquer ce film à qui voulait bien l’entendre. M’est d’avis qu’il en allait de même pour mon nouveau script et qu’elle voulait bien me faire comprendre, par cette sortie, que c’était merdique en me faisait souffrir avant de me dire qu’elle n’allait pas financer cette merde. Faire ça, ça serait très « Enora Lee ».

Elle esquissa un petit sourire.

-Pas du tout… En réalité, j’ai adoré ton script. Utiliser un futur quasi utopique pour critiquer la société d’aujourd’hui, j’ai trouvé ça génial. Les personnages sont attachants. A vrai dire, aucun autre script que j’ai reçu depuis que j’ai ouvert ma boite ne m’a fait autant rêver. C’est une vision optimiste de l’avenir et je ne pensais pas que tu étais capables d’avoir autant de foi en l’humanité.

Je secouai la tête surpris. Je ne m’attendais pas à ça. Je m’attendais plutôt à un critique acerbe.

-Mais… Mais… Pourquoi tu ne me l’as pas dit plus tôt ? Pourquoi cette randonnée alors ?

Elle se mordit la lèvre avant de reprendre un air plus sérieux.

-Parce que je voulais savoir jusqu’à quel point, toi, tu tiens à ce projet. Ce que tu es prêts à faire pour qu’il prenne vie.

Elle rigola un peu avant de me regarder esquissant un petit sourire.

-Je crois que j’ai une petite idée, maintenant, de ce que tu peux faire pour arriver à tes fins et je dois t’avouée que je suis convaincue… Je vais financer ce projet.

C’est sérieux ? J’étais bouche bée… Je n’en revenais pas… Elle venait de dire « oui ». Ce qui signifiait que mon projet allait pouvoir prendre vie. Est-ce que ça valait le coup de souffrir six heures ? Oui ! Ça valait le coup. Elle rigola.

-Waw… C’est bien la première fois que j’arrive à faire taire Stephen Shran. Je vais noter ce jour dans mon calendrier.

Je fis une petite moue. Mais elle avait raison… Du coup, je me relevai un peu rassuré de ne pas avoir marché tout ça pour rien. Parce que si j’avais marché autant pour me voir refuser ce que j’attendais depuis des mois, ça aurait été le coup de grâce.

-Il faut continuer ! Plus vite on marche, plus vite ce calvaire sera terminé !

Enora rigola à nouveau et se redressa à son tour. C’est à la lueur de ma lampe de poche qu’on alla jusqu’au bout de la grotte avant de revenir sur nos pas… Sauf que l’endroit était extrêmement escarpé et qu’une fois la joie liée à la surprise de ce que m’avait dit Enora plus tôt s’en était allée, mes commentaires de marcheur-râleur revirent au galop. Et c’est en râlant encore une fois sur ma propre fatigue que je finis par trébucher sur un rocher me tordant brutalement la cheville au passage. Je criai de douleur faisant sursauter Enora que se retourna vers moi.

-Ça va ?! Tu sais te relever ?!

Je gémissais de douleur et tentait de me relever mais j’avais bien trop mal. Alors j’hochai négativement de la tête non sans jurer.

-Putain de foutus rochers ! Il y en a partout ! Il n’y avais pas un foutu chemin dans cette foutues grottes ? Non, juste des foutus rochers !

Je sentais que la douleur mélangée à la fatigue et aux montagnes russes d’émotions que j’avais vécu depuis le début de la journée, risquait bien de me faire disjoncter. Me je serrai les dents essayant encore une fois de me relever. Je gémis.

-Je ne saurais pas marcher, bordel ! Comment on va faire, hein ?


Enora se mordis la lèvre avant de soupirer.

-Je vais regarder, d’accord ?

J’hésitai avant de la laisser regarder. Elle enleva ma chaussure et ma chaussette délicatement. Ma cheville était bleues et gonflai à vue d’œil. Ce qui n’était en rien bon signe ! Elle prit un air embêté.

-C’est sûrement une grosse entorse. Une chose est sûre, il ne vaut mieux pas que tu marches dessus, ok ? Ecoute… Je vais aller chercher les secours. Tu as assez à manger et à boire en attendant. Ça va me prendre un peu de temps mais on a pas vraiment le choix. Il y a un raccourci pour revenir mais ça prendra quand même du temps…

Un raccourcis ?! Je foudroyai Enora du regard.

-Tu m’as dis tout à l’heure qu’il n’y avait pas d’autres chemins que celui qu’on a pris.

Ce fut à elle de froncer les sourcils répliquant :

-Si on avait pris l’autre chemin ça n’aurait pas été une aventure !

Ah bah, là, s’en est une maintenant ! Et tout ça m’énervait… Je sentais que j’étais proche de faire une crise. Ça allait arriver et je n’avais pas mes médicaments. J’aurais dû les prendre il y a trente minutes mais mon manque de prévoyance me mettait face à une impasse. Soit je me calmais et j’espérais que ça passe en laissant Enora aller chercher les secours… Soit je me relevais et je marchais pour être sûr qu’Enora reste avec moi.

-Je vais y aller, d’accord ?

Elle était prêt à se lever et à s’en aller.

-Non ! Ne me laisse pas…

C’est ce que je dis et elle se retourna surprise de mon ton légèrement suppliant. Elle se tourna vers moi.

-Ne t’en fais pas, hein… Cette caverne n’est pas hantée et tu as largement assez d’eau pour tenir. Je n’en ai que pour deux heures environs… Voir même moins…


Je sais que ce n’est pas hanté !! C’est pas ça le problème.

-Je sais ! Mais…

Tu vas devoir cracher le morceau, Stephen… Pas le choix… Et si ta condition la fait changer d’avis sur le script, c’est que ce n’est pas la bonne. C’est tout… Parce que, finalement, à l’instant T, c’était surtout ça qui m’effrayait. Enora voulait bien me produire… L’affaire était quasi dans la poche mais avant toute signature, j’avais toujours la peur que la moindre chose pourrait la faire changer d’avis.

Mais là, je n’avais pas le choix. Si je faisais une crise en son absence sans personne autour, ça pouvait très mal tourner. J’ai l’habitude de vivre seul… Mais il y a une différence entre faire une crise chez moi sur ma foutue moquette et ici entouré de rochers… Si je convulse ici, j’allais me cogner partout et ma tête ne pouvait pas prendre trop cher. Elle avait déjà morflé assez jusqu’ici.

-Je ne peux pas rester tout seul… Pas maintenant en tout cas… Je suis épileptique et… Je croyais que la randonnée allait duré une heure ou deux… Je n’ai pas pris mes médicaments avec moi et avec toutes ces conneries, je sens que mon cerveau va court-circuiter. S’il n’y a personne… Enfin… Tu vois…

Enora resta quelques instants sans voix avant de prendre un air désolé. Je crois que jamais je ne l’avais vu me regarder ainsi. Tout comme je voyais, pour la première fois, son air inquiet. Un air que j’allais finir par, au fur et à mesure des années, détester.

-Je suis désolée… Si j’avais su je t’aurais dit que ça allait être une longue marche…

Elle était sincère. Je finis par soupirer.

-Tu n’aurais pas su le savoir… Je fais en sorte que peu de gens le savent…

Elle hocha de la tête semblant comprendre mais je voyais bien que je venais de ruiner sa journée en me tordant cette foutue cheville.

-Des crises… Tu en fais souvent ?

Je me mordis la lèvre. J’avais l’impression que cette question lui servait à savoir si elle pouvait se permettre de claquer de l’argent en misant sur un réalisateur épileptique. Mais je me voyais mal mentir au point où j’en étais.

-Mon traitement aide à ce que ça arrive le plus rarement possible mais le fait est que ça arrive chaque fois que je suis vraiment crevé ou que je m’énerve. Et Dieu sait que je m’énerve souvent.

Enora rigola un peu mais je sentais bien sa nervosité.

-Ça c’est un fait !

Elle repris son sérieux avant de soupirer. Je commençais à trembler et à respirer plus vite. La douleur n’aidait en rien et le fait qu’on était comme coincé ici empirait aussi les choses. En réalité, je n’étais pas vraiment fier. Pas fier du tout.

Enora pris mes mains dans les siennes voyant que je tremblais.

-Ok… Ferme les yeux d’accord. Essaye de respirer profondément. Tu dis que ses tes émotions qui peuvent créer des crises ? On va essayer de se calmer, alors… Tu n’as qu’à me parler de ton projet, par exemple… Spaceship, c’est ça ? Qu’est-ce qui t’as donné envie d’écrire ça ? Qu’est-ce qui t’as inspiré ?

J’avais fermé les yeux mais quand elle évoqua ma série, j’en rouvris un.

-Starship

Je vis Enora faire une petite moue.

-Spaceship, ça sonne mieux…

Je fis la moue.

-Non.

Elle répondit du tac au tac.

-Si.

Je ricanai avant de me remettre à respirer profondément fermant à nouveau les yeux. Je pris le temps avant de répondre à la question d’Enora.

-Tout ce que je vois autour de moi. C’est ce qui m’a inspiré. Des choses qui me révoltent et qui n’ont fait que me révolter d’autant plus depuis que je suis entré dans la jet-set… Je m’inspire des gens que je rencontre… Il fallait que j’écrive ça. C’était vital. Je ne pouvais pas garder cette révolte en moi. Il fallait que je l’exprime et je l’ai exprimé en écrivant ce scénario. J’en avais besoin… Mais aucun producteur n’avais les couilles de faire prendre vie à ça. Je crois que certains ont peur d’heurter certaines sensibilités. Les conservateurs sont des gens très sensibles…

Enora sourit même si je ne pouvais pas le voir. Elle tenait toujours mes mains alors qu’en parlant mes tremblement se calmaient.

-Ils n’aiment pas qu’on bouscule leur petit monde, c’est pour ça… Mais on va le bousculer, toi et moi…

Je rouvris les yeux plongeant mon regard dans celui d’Enora.

-Alors… Tu veux toujours bien… Malgré ce que je t’ai avoué.

Elle parut surprise par ma question. Elle hocha de la tête.

-Bien sûr ! Pourquoi tu pensais le contraire ? Si j’ai accepté malgré ta personnalité imbuvable, je n’allais pas reculer parce que tu es épileptique.

Je fis une petite moue plissant un peu des yeux ce qui fit afficher un petit sourire en coin à Enora. Je me remis alors à respirer jusqu’à-ce que je sentes que les symptômes qui précédaient la crise tendaient à disparaitre. Ça ne voulait pas nécessairement dire que j’étais sauf mais ça me permettait de réfléchir plus facilement.

-Je… Je pense que si je peux m’appuyer sur toi, on va pouvoir sortir d’ici… Il faut qu'on sorte d'ici...

Elle hocha de la tête et en tenta le coup. Ça nous pris pas mal de temps mais on arriva à sortir de la grotte et, une fois dehors, on marcha encore un peu avant de rencontrer des gens en mesure de nous aider. Ils se chargèrent d’aller appeler les secours mettant fin à cette foutue aventure et en nous permettant, du coup, d’en ouvrir une nouvelle, celle de Spaceship.


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MessageSujet: Re: When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo]   When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo] I_icon_minitimeSam 26 Oct - 18:20

When Love Is Too Deep
ft. Enora Lee
1970

Je hais le mardi.

Je le hais du plus profond de mon cœur.

Et depuis trois semaines c’était devenu encore pire. Trois semaines où Enora, présente uniquement le mardi, ne cesse de me casser les pieds…

« Shran… Arrête de virer des gens. »

« Shran… Arrête d’engueuler untel. »

« Shran… Tu devrais prendre un jour de congé. »

« Shran… Le lumière est parfaite comme ça, retourne chez ton ophtalmologue. »

Shran, si… Shran, ça… Elle me tape sur les nerfs !

C’est simple, il n’y avait plus un seul mardi où on ne s’engueulait pas. Plus une seule réunion où ça ne finissait pas en dispute. Et je ne parles pas de piques, je parles de vrai disputes. Mais le fait est que si je suis plus exigent c’est parce qu’il nous reste un mois de tournage et que j’ai envie que cette fin de saison soit parfaite. Et pour que ce soit parfait, il fallait bosser ! Et j’en étais devenu perfectionniste au point que j’avais augmenté les heures de travailles. Celles de tout le monde mais les miennes aussi.

Je n’en dormais presque plus mais c’était la dernière ligne droite. C’est ce que je me disais même si le dire ne diminuait en rien ni mon stress ni les mauvaises habitudes que j’avais commencé à prendre pour les combattre, lui et la fatigue. La première mauvais habitudes ayant été de diminuer volontairement les doses de mon traitement contre l’épilepsie. Ça marchait, hein ! J’étais moins fatigué mais j’avais plus de crise mineurs notamment le matin et en soirée et elles étaient souvent accompagnées d’un mal de crâne qui persistait le reste de la journée… Résultat ? Je prenais des anti-douleur. Beaucoup d’anti-douleur… Et je compensait avec du café. Beaucoup de café. Trop de café. Je savais pertinemment que tout ça était stupide mais je me disais que c’était aussi stupide que temporaire. Qu’une fois le tournage terminé, je pourrais me prendre des vacances et reprendre mon traitement comme avant. Je ne remarquais absolument pas que mes défauts dont tout le monde s’étaient accommodés, sur le tournage, en trois ans s’étaient empirés largement au point où l’ambiance, sur le tournage, était plus que tendue.

-Coupez ! C’était de la merde ! Recommencez ! Putain, j’ai vu des acteurs de série Z jouer mieux que ça !

C’est ce que je lançais alors que mes deux acteurs, dont Kelly May, jeune actrice à la langue bien pendue de 18 ans, n’étaient pas foutus d’échanger deux foutues répliques sans que ça sonne faux ! C’est quand même pas si compliqué, non ?

-Shran… Tu as vu comment tu leur parle ?

C’est ce qu’Enora, assise à côté de moi, lança sur un ton à la fois las et agacé. Ouais, j’ai vu ! Et alors, hein ?

Kelly poussa un soupire exaspéré et sortit du décor pour venir près de moi. Elle avait toujours ce petit air sûr d’elle, la gamine ! Et je devais avouer que je détestais ça. Mais Enora avait refusé que je la vire !

-Tu vas arrêter de me traiter comme ça ? Ça fait la quinzième fois qu’on refait la scène et tu ne nous as pas laisser aller jusqu’au bout ! Je mets tout ce que j’ai dans ce rôle, Shran ! Tout !

Elle avait limite des larmes aux yeux la gamine. Sauf que ce qu’elle avait fait c’était merdique ! Son ton n’était pas le bon. Elle surjouait trop ! Pareil pour son comparse ! Ils sont mauvais tous les deux. Je m’étais levé faisant face à la jeune femme.

-Tu mets tout, hein ? Bah c’est pas assez ! C’est que je me suis trompé et que tu n’es peut-être pas aussi douée que ton agent, tes parents et tout ton entourage qui t’essence ne cesse de dire ! Tu n’es pas à niveau, point barre.

Elle fronça les sourcils mais ses yeux étaient embrumé de larmes. J’entendis, derrière, le soupire d’Enora qui haussa légèrement le ton.

-Shran… Arrête… Tu vas trop…

Mais Enora n’eut pas le temps d’achever sa phrase que Kelly la coupa pour me lancer son regard plein de colère :

-Si je n’arrive pas à jouer comme il faut, c’est parce que ce dialogue est nul à chier ! C’est mal écrit et ça n’apporte rien du tout ! Tout le monde le pense ! D’ailleurs, tout l’épisode est mal écrit !

Je ne savais pas si, sur le coup, Kelly pensait réellement ça ou si elle avait simplement dit ça par vengeance directe à mes propres insultes. Mais le fait est que la fatigue, les médicaments, le stress et l’énervement que j’avais accumulés depuis trois semaines finit par ressortir de la pire des manière. J’aurais pu remballer Kelly dans sa caravane et aller moi-même me calmer. J’aurais pu ignorer. Relativiser… Mais à la place, j’envoyai une bonne baffe dans la figure de la jeune femme faisant bondir d’Enora.

-Shran !

C’était parti tout seul et ça surpris et choqua Kelly qui resta deux secondes interdite avant d’éclater en sanglot et de quitter, en courant, la salle.

Enora s’approcha de moi, furieuse.

-Qu’est-ce qu’il t’a pris ? T’es cinglé ou quoi ?

Elle n’en revenait pas. Moi non plus. Ce n’était pas mon genre de frapper des jeunes filles comme ça. En réalité, c’était la première fois que je faisais ça. Mais au lieu de dire que j’avais dépassé les bornes, je fixai Enora, les sourcils froncés.

-Elle l’a mérité, la petite diva ! Ses parents aurait dû lui foutre plus de fessées quand elle était gamine !

Est-ce que je le pensais ? En partie… Mais je savais que ça n’excusait en rien mon geste. Ni aux yeux d’Enora, ni spécialement aux miens d’ailleurs. Sauf que mon état actuel et mon esprit excessivement borné m’avait forcé à jouer les connards jusqu’au bout.

Et je ne me rendais pas compte, là, que je venais de faire la pire connerie de ma vie entière.

Enora me foudroya du regard. Mais ce que je vis, au fond de ces yeux, à ce moment-là, ce fut une énorme déception. Je sentis mon cœur battre plus vite mais je ne dis rien. Pas d’excuses… Rien. Je n’avais envie de plier devant personne.

Et surtout pas devant Enora Lee.

Elle pris alors le haut-parleur d’un geste vif et sur un ton qui laissait entrevoir sa colère elle lança :

-Le tournage est terminé pour aujourd’hui ! On reprendra demain !

Et elle quitta les lieux sans un autre mot.

On a repris le tournage le lendemain. Kelly est revenue mais j’appris, par intermédiaire, qu’elle avait décidé de se taire sur l’incident en échange d’une augmentation de salaire significative. Enora avait approuvé ça évitant, ainsi, à la série de vivre un scandale.

Je n’ai pas appelé Enora pour la remercier pour ça. Pourquoi je le ferais ? Elle avait surtout fait ça pour sauver le cul de Lee Pictures.

Le mardi suivant, Enora ne s’est pas pointée.

Ni celui d’après…

Et c’est ce mardi là que, le soir, en rentrant chez moi, je découvris une lettre signée Lee Picture qui m’annonçait, d’une façon assez froide et formelle, que Spaceship n’aurait jamais de saison 4.

Le motif n’était pas précisé mais il était marqué que la décision était irrévocable.

Je relus dix fois la lettre sentant mon cœur se briser en deux. Cette série était le centre de ma vie. En dehors de ça et de mes sorties avec Brent, je n’avais rien d’autre. Absolument rien d’autre. Je mettais absolument toute mon âme dans chaque foutu épisode que j’écrivais. Dans chaque foutu personnage que je créais.

Et là, tout était fini. Terminé. Comme ça. Sans explication. Par la simple décision d’Enora Lee.

Parce que je savais que c’était elle. Qui d’autre ? Elle est celle qui tire toutes les ficelles chez Lee Pictures.

Je me sentis vacillé au point que je dus me rattraper à la table pour ne pas tomber. Je manquais d’air au point où je me mis à respirer très fort.

-Elle peut pas me faire ça…

C’est ce que j’arrivais à souffler pour moi-même. Non. Elle ne pouvait pas me faire ça. Pas comme ça !

Je pris du temps avant que ma respiration arrête de me faire tourner la tête. Et quand ce fut le cas c’est, furieux, que je marchai les 600 mètres qui séparait ma villa de celle d’Enora Lee.

Le portail était ouvert. Contrairement à moi Enora se fichait complètement de la sécurité. Elle ne cessait de dire que l’alarme suffisait et qu’elle se fichait des paparazzi. Ce qui faisait que je n’eus aucun mal à me pointer dedans sa porte pour la marteler avec force.

-Enora ! T’as intérêt à ouvrir !

Et elle vint ouvrir. Elle avait sa tête des mauvais jours. Je lui mis alors la lettre que j’avais en main à la hauteur de son visage. Je la tenais fermement et furieusement. A l’intérieur de moi je bouillonnais autant de colère que de désespoir.

-C’est quoi ces conneries ?! Tu annules Spaceship? Pourquoi ?! T’as pas le droit de faire ça ! Tu as pas le droit de me le dire de cette façon-là !

Elle me fixai le visage fermé. Elle ne semblait aucunement déterminée à me laisser entrer.

-Tu as frappé Kelly May, Shran. Tu as traité tout le monde comme de la merde ces dernières semaines. Je n’ai plus aucune envie de travailler avec toi. Tu as dépassé la limite. Pourtant, Dieu sait que je n’ai pas arrêté de la repousser en 3 ans. Mais là… La baffe… C’était trop.

Je secouai la tête. Elle voulait des excuses c’est ça ? Elle les voulait ? Ok ! Si c’était ce qui permet de sauver Spaceship alors je voulais bien les lui faire ces foutues excuses !

-Je m’excuse, ok ? J’aurais pas dû la frappé ! Mais n’annule pas ma série !

Elle fronça les sourcils. Elle tenait toujours sa porte pour bien me montrer qu’elle comptait faire en sorte que cette conversation soit la plus courte possible.

-Les excuses tu aurais dû les faire bien plus tôt ! J’ai arrangé tout avec Kelly et je n’ai même pas eu un foutu « merci » en retour ! Rien ! Elle aurait pu porter plainte… Tu aurais pu avoir bien pire que ma foutue décision d’annulé ta série !

C’est tout ? C’est pour ça qu’elle annule ma série ? Parce que je ne lui ai pas dit merci ?

-Tu vas quand même pas annuler le projet de ma vie parce que je ne t’ai pas dit « merci » quand même, hein ?!

J’étais énervé. J’en tremblais. J’arrivais pas à croire qu’elle en arrivait à une telle extrême et qu’elle ne semblait même pas remettre sa décision en question. Elle croisa les bras.

-Non. Pas que pour ça. Mais parce que ça fait maintenant plus d’un mois que je ne te supporte absolument plus. Je ne peux plus continuer comme ça. Je ne peux plus travailler avec quelqu’un comme toi. C’est tout. Maintenant rentre chez toi. Ma décision est irrévocable.

Elle tenta de fermer la porte. Mais je la bloquai avec mon bras ce qui lui fit froncer les sourcils d’autant plus fort. Je la fixai droit dans les yeux.

-Lee Pictures a besoin de Spaceship! Tu le sais !

C’est ce que je lançai sur un ton entre la colère et la provocation. Enora me fixa ses sourcils toujours froncés.

-Non, Shran. Je n’ai jamais eu besoin de toi. Tu avais besoin de moi !

Aïe.

C’est ce que j’ai ressenti… Une douleur qui me paraissait tellement réelle que j’en eus physiquement le souffle coupé. Il y eu un silence. Je fixai Enora alors que je sentais, dans ma bouche, un mauvais gout signe qu’une crise était en approche.

-Ok… Si je crève avant demain, Enora… T’auras qu’à t’en prendre qu’à toi-même. Parce que ça sera ta faute.

Elle entrouvrit la bouche. C’est la première fois ce soir que je réussis à lui arraché autre chose qu’un air froid et fâché. Sauf que mes paroles avaient complètement dépassées ma pensée et que cet espèce d’attaque minable ne me ressemblait pas.

-J’en reviens pas…

C’est ce qu’elle souffla avant de se reprendre.

-Dégage, Shran ! Sors de ma propriété sinon j’appelles les flics. Et ne m’appelle plus. Jamais. C’est fini entre nous. Notre amitié tu viens de la démolir pour toujours.

Et sur ce, elle réussit à me claquer la porte au nez me laissant seul face à la porte à digérer ce qu’elle venait de me dire.

Je venais de perde Spaceship. Mon enfant unique… Mais ce dont j’allais me rendre compte très vite c’est que ce n’était pas la chose la plus importante que j’avais perdu aujourd’hui…


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MessageSujet: Re: When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo]   When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo] I_icon_minitimeJeu 14 Nov - 13:35

When Love Is Too Deep
ft. Tarah Montgomery, Jessica Hill & Enora Lee
1973
 
  

-J’ai soiiiiiif.

Moi aussi !! Heureusement, le bar était en vue et, bientôt, Tarah et moi, on aura plus soif !

Ok… Prendre ma nièce de deux ans et demi à une fête chez Jessica Hill n’était, sans doute, pas l’idée du siècle. Mais c’est la seule que j’avais trouvé pour tenter d’attendrir Victoria Hunter. Les femmes adoraient les enfants surtout quand ils avaient la taille de Tarah. Et Victoria avait un enfant, donc, c’est qu’elle devait aimer les enfants. Un enfant dont le père était inconnu.

Une chose était sûre… Ça n’est pas moi ! Pourquoi ? Parce que je n’ai jamais eu la foutue chance de coucher avec Victoria ! J’étais probablement le seul homme de la jet-set dans ce cas et ça commençait à sérieusement entamer ma confiance en moi, ce truc-là.

C’est pour ça que j’avais lancé l’opération « Tarah », ce soir, alors que ma nièce logeait chez moi parce que Stanley et Marina étaient en voyage d’affaire et que ma mère n’était pas disponible parce qu’elle avait décidé de trainer mon père en vacances… Un miracle ! Mon père déteste partir en voyage dans l’unique but de se détendre. Et quand bien même ma mère aurait été disponible, j’aurais insisté auprès de Stanley pour me laisser sa fille l’espace de tout le week-end. Le fait est que je faisais tout mon possible pour passer le plus de temps possible avec cette gamine qui, depuis sa naissance, était devenu une partie de mon monde. Une grande partie de mon monde.

-Je voudrais un kir royal et un verre de grenadine dans un gobelet en plastique.

C’est ce que j’avais demandé au serveur au bar. Il me servit ça alors que j’avais Tarah dans mes bras depuis que j’étais entré ici. Du regard je cherchais Victoria mais, pour l’instant, sans succès… Je fis la moue alors que le serveur me donna ce que je lui avais demandé. Je donnai son gobelet à Tarah avant de prendre mon verre à moi.

-Santé, Tarah !

Je tapai légèrement mon verre au sien ce qui la fit rire. Elle avait le sourire de Marina mais quand elle râlait, c’était ma tronche qu’elle avait. C’est ce que disait tout le temps Stanley dont Tarah avait hérité des yeux. Quelque part, savoir qu’il y avait un peu de moi en Tarah me donnait une certaine fierté.

-Je dois faire comme Ricci et mettre un loi interdisant les mineurs, Shran ?

C’était la voix de Jessica Hill derrière moi. Je me retournai vers elle. Elle était richement habillée d’une magnifique robe pour bien montrer à tout le monde que c’était elle la maitresse de l’endroit.

Je fis la moue.

-Elle est chez moi tout le week-end et elle va m’aider à conquérir le cœur de Victoria Hunter au moins pour cette soirée. Vous les femmes vous craquer toujours quand vous voyez un homme avec un bébé, alors…

Jessica éclata de rire après que je lui ai expliqué le pourquoi du comment. Quoi ? Elle se moque de moi ? Pourtant c’était certainement prouvé scientifiquement ce que j’avançais ! Jessica s’approcha pour arriver à ma hauteur et caressa la joue de Tarah.

-C’est vrai qu’elle est toute jolie. Elle tient ça de Marina. Par contre, il parait qu’elle a hérité de ton sale caractère même si, en soit, elle n’est qu’à moitié ta nièce.


Ce fut à moi de faire la moue alors que Tarah sirotait tranquillement sa grenadine tout en regardant avec attention Jessica. J’allais répliquer mais Jessica m’anticipa.

-Et ton plan va échouer, Shran… La dernière chose que Victoria veut voir pour le moment c’est bien un bébé de deux ans. Elle en a un à la maison et il l’empêche de dormir toutes les nuits. Au point où elle n’est même pas là ce soir…

Quoi ?! Victoria ? Pas présente à une fête ? C’est une blague ?!!!

-Quoi ? Tu veux dire que je suis venu pour rien ?! Absolument pour rien ?! Putain de merde…

-Merde !

Oups… Tarah venait de répéter ce que je venais de dire… Stanley allait encore me reprocher de lui apprendre un tas de gros mots. Sauf que je ne le faisais pas exprès, hein ! Les gros mots sortent tout seul de ma bouche. Puis, tôt ou tard, elle devra bien les apprendre pour avancer dans la vie.

Ce fut à Jessica de tirer la tronche.

-Hey ! Il n’y a pas que Vicky de bien à ma fête, hein ! Ma fête est parfaite ! Je suis sûr que tu y trouveras ton compte. Bon… Je n’ai pas de place pour toi dans mon planning pour ce qui est de coucher avec toi mais il y en a d’autres, hein… Brent n’est pas avec toi ?

C’est quoi cette association d’idées ? Comment elle passe d’avoir qui je vais coucher à Brent comme ça, elle ? Je plissai des yeux sceptique avant de soupirer.

-Nan… Don avait prévu un truc chez lui. Brent y est… Un genre de fête spécial MTI… Bref, il n’est pas ici. Et sans Brent, les fêtes, c’est moins drôle…

J’avais dit ça en déposant Tarah au sol. Je commençais à avoir mal au bras, moi. Je reposai, ensuite, mon regard sur Jessica.

-Je suis sûr que tu trouveras de quoi t’amuser… Au fait, tu as des nouvelles de Hugh ? Il était sur ton dernier film… Chaque fois que je le vois, il est complètement à l’ouest.

Je soupirai. Hugh… Ouais, Hugh… Je l’avais eu sur mon dernier tournage et il m’en avait fait voir de toutes les couleurs. Il était en retard constamment… Il oubliait son texte… Il était shooté H24… Et vous savez ce qui était le pire dans cette histoire ? C’est que j’étais totalement incapable de l’aider. Chaque fois que j’essayais, Hugh m’envoyait me faire voir. Il y a pas si longtemps de ça, il n’y avait pas plus professionnel que lui mais la drogue et la dépression était en train de le détruire… Je n’avais pas eu le cœur de le virer mais le tournage avait été cauchemardesque.

-Non… Je n’ai plus de nouvelle depuis l’avant-première… Il a annulé toutes les interviews après ça.

Et je me mis à raconter à Hill à quel point le tournage avait été horrible. Je voyais que tout ça inquiétait Jessica. Elle et Hugh étaient très proches depuis le premier Love In L..A.. Et à la fin de mon discours, elle soupira.

-Je passerais chez lui… Si je ne le fais pas et qu’il arrive quelque chose, je vais m’en vouloir et…

Elle s’arrêta.

-Ton petit monstre a disparu !

Quoi ?!

Je regardai à mes pieds et plus de traces de Tarah.

-Putain !! Elle est où ?!

Je tournai sur moi-même… Regardai au loin… Pas de trace. Putain !!

-Merde !!!

Je voyais que Jessica se retenait de rire. Sauf que ça n’était pas drôle.

-Ris pas ! Je suis dans la merde ! Faut que je la retrouve !!!

Jessica se marra, finalement, un bon coup.

-Soit pas si stressé… Je suis sûr qu’une femme aura tôt fait de la voir et de te montrer que les femmes, elles, au moins, savent s’occuper d’un enfant.

La ferme !

C’est ce que j’aurais dit si je ne connaissais pas suffisamment Jessica Hill pour savoir que ses petites piques parfois méchantes, elles ne les pensaient pas réellement. A la place, je la quittai pour partir, très rapidement, à la recherche de Tarah.

Je parcourus toute le rez-de-chaussée de la villa sans retrouver la trace de Tarah. Personne ne semblait l’avoir vu ! Je filai, donc, à l’extérieur où se trouvait le jardin et la piscine. Il y avait plein de convives ici aussi et je regardai à gauche et à droite jusqu’à ce que j’entende, un peu plus loin :

-Marraine !

C’était la voix de Tarah et, directement, je regardai vers la direction pour voir Tarah filer vers Enora qui buvait un verre seule un peu plus loin.

-Tarah ? Qu’est-ce que tu fais ici ?!

Oh merde !

Mon reflexe ne fut pas de fondre sur Tarah pour la récupérer mais de me cacher derrière un arbre qui, hélas, n’était pas assez feuillu que pour vraiment me cacher d’Enora Lee.

-Shran ! Je t’ai vu, hein !

Trois ans… C’est le nombre d’année qui avait passé sans que j’entende Enora me dire quoi que ce soit. Depuis le jour où elle avait mis fin à Spaceship elle m’avait constamment évité malgré qu’on soit quasi voisin. On allait aux mêmes fêtes, on se croisait parfois aux studios à San Fernando Valley mais elle ne m’adressait plus la parole.

Et je savais très bien pourquoi…

En trois ans, la vie d’Enora n’avait pas réellement changée. Enfin, si on oubliait qu’elle était, depuis quelques mois, en couple avec le producteur et réalisateur, Dean Hogan. Un type que je connaissais très peu. Toujours propre sur lui et avec un air sérieux qui fait des films tout aussi sérieux que lui et extrêmement ennuyeux. Il n’y avait pas un de ses foutus films devant lequel je m’endormais pas.

Je sortis de ma cachette près à affronter les reproches d’Enora. En réalité, je voulais qu’elle me les balance. Mieux vaut des reproches que le silence qu’elle m’avait imposer pendant trois ans.

Elle s’approcha de moi après avoir pris Tarah dans ses bras. Elle semblait furieuse.

-C’est toi qui l’a amené ici ? Ce n’est pas un endroit pour une fille de deux ans, Shran ! T’es complètement con ou quoi ?

Hey ! Trois ans de silence et tout ce qu’elle trouve à faire c’est m’insulter ?!

-Je sais ce que je fais, hein ! Je la garde à l’œil ! Elle est tout le temps avec moi.

-N’importe quoi ! Pourquoi elle se baladait toute seule, alors ? Pourquoi tu l’as amené ici ? Il n’y a rien n’à faire pour elle ici. Tu ne sais pas passé une soirée avec ta nièce sans faire n’importe quoi ?

-C’était pour draguer Victoria Hunter ! De toute façon, je ne vois pas pourquoi tu me fais des reproches, hein ! Si Tarah est chez moi c’est parce que Marina ne veut plus qu’elle aille chez toi parce qu’elle n’aime pas Hogan.

-Draguer Victoria Hunter ? Avec Tarah ? Ta nièce ne sert pas d’appât, Shran ! Et Marina n’aime pas Dean parce qu’il lui a refusé un rôle dans un film. Elle exagère !

-Oui, je l’ai amené pour draguer ! Et si je l’ai avoué c’est parce que tu sais quand je mens !

-Normal que je sais quand tu mens ! Tes expressions ne laissent jamais aucun doute sur ce que tu penses !

-Ouais ! Je sais ! Mais moi au moins j’en ai, pas comme Dean Hogan, hein ! Il ressemble à un foutu mannequin. Pas ceux qui défile, hein ! Je parles de ceux en plastique !

Je vis Enora se retenir de rire là. Elle se mordit la lèvre avant de lancer.

-Tu m’as manqué…

Quoi ?!

-Quoi.. ?

Elle m’avait pris de court là et j’avais baissé de plusieurs ton. Tarah, elle, nous regardait l’un et l’autre avec un air perplexe.

J’entrouvris la bouche puis la fermai avant de me lancer.

-Tu m’as manqué aussi…

Plus qu’elle ne peut l’imaginer je crois. Elle soupirai avant de replacer une mèche de cheveux de Tarah. Elle ne savait pas quoi dire et je me lançai.

-Si je te manquais… Pourquoi tu as continué à ne plus me parler ?

Elle haussa les épaules évitant mon regard en ne regardant plus que Tarah.

-Sans doute par fierté. Et… Parce que c’était plus facile que de reparler de ce soir-là.

Elle parlait du soir où je m’étais pointé à sa porte et où on s’était balancé un tas de saloperies l’un à l’autre. Le soir où elle avait tué le projet de ma vie.

-J’ai merdé… Je le sais. Je m’en veux tous les jours pour ça.

Elle hocha de la tête.

-Je sais… J’ai eu des échos comme quoi tu avais eu du mal après la fin de la série.

Je fis la moue et baissai un peu des yeux. Ouais… Ça avait été une sale période. Mais je m’en étais remis et j’avais refais des films après ça.

-C’était pas facile mais je sais toujours me relever.

Elle sourit.

-Si les paparazzi n’étaient pas tout le temps à l’affut, je te proposerais bien d’aller boire le verre de la paix chez moi mais… On va se contenter d’en boire un ici, ok ?

Je fus troublé sur le coup. Pas pour la proposition du verre mais pour le fait qu’Enora en ait quelque chose à foutre des paparazzi.

-Heu… Ok. Ouais. On va le boire ce verre. Et on pourra reparler de Spaceship peut-être ?

Enora éclata de rire avant d’afficher un petit sourire.

-Pas le premier soir, Shran… Mais un jour qui sait ?


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Stephen Shran
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MessageSujet: Re: When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo]   When Love Is Too Deep [1967 - ...][Solo] I_icon_minitimeDim 17 Nov - 13:22

When Love Is Too Deep
ft. Enora Lee
1974

-Alors ? Tu en pense quoi ?

C’est ce que j’avais demandé à Enora alors qu’elle venait de terminer la lecture d’un des scripts que je venais d’achever d’écrire. Une sorte de thriller sous fond dramatique. Quelque chose de moins horrifique que Dark Side et de plus psychologique. Le genre de film qu’Enora adorait.

-C’est excellent !

Mon visage s’illumina. Je savais que, dedans, il y avait un cocktail parfait pour qu’Enora adore. Je connaissais ses goûts en matière de film et je savais que tout ça lui plairait.

Enora referma le script un petit sourire aux lèvres. On était installé sur la table de mon living. C’était notre endroit favori où bosser. Enfin… Quand on bossait encore ensemble. Ce qui n’était plus le cas depuis plusieurs années déjà.

-J’imagine que tu as déjà trouvé un producteur pour ça…

J’hochai négativement de la tête. Non. Je n’en avais pas encore trouvé un. Et, pour cause, le producteur que je voulais était en face de moi.

-Non…

Enora me regarda d’un air sceptique.

-Non ? Même pas celui qui produit le film que tu es en train de tourner ? La suite de Dark Side

J’hochai négativement de la tête regardant un temps ailleurs avant de fixer, à nouveau, Enora.

-Non… Il m’a dit que c’était le dernier film de Stephen Shran qu’il produisait… Je lui ressort de partout. Mais c’est un enfoiré ! Il vient me casser les couilles tous les jours.

Enora pouffa de rire. J’imagine que ça ne l’étonnait pas plus que ça. Il faut dire que j’avais l’habitude de me mettre mes producteurs à dos.

-Ça ne m’étonne même pas… Pas qu’il vienne te casser les couilles tous les jours mais que tu lui ais casser les siennes pendant deux ans.


Je fis une moue mais ma moue se transforma rapidement en petit sourire. Ouais… Des producteurs qui arrivaient à me supporter pendant plus de deux films, il n’y en a pas beaucoup. Enora était probablement celle qui m’avait supporté le plus longtemps. Sauf que c’était leur faute ! Moi, je fais mon boulot ! Ils veulent un bon film ? Il n’ont qu’à la fermer et me laisser travailler. Mais bien des producteurs étaient beaucoup trop interventionniste et je détestais ça !

Je me grattai alors l’arrière de la tête.

-A vrai dire… J’espérais te convaincre de le produire…

Je savais qu’elle n’avait pas de projets en cours… A vrai dire, elle passait, ces derniers temps, plus de temps à aider son petit ami dans ses propre projets que de mener à bien les siens. Dean Hogan était son nouveau temps plein et j’avais appris, depuis ma réconciliation avec Enora, à détester ce type. Je le savais coincé et sérieux mais j’avais appris, ces derniers temps, qu’il était aussi extrêmement jaloux. Au point où, pour passer chez moi aujourd’hui, Enora avait dû attendre que Dean soit parti au boulot.

Enora soupira.

-Désolé, Shran mais… Je ne vais pas produire ton film…

Je pris un air profondément déçu. J’avais littéralement écrit ce script pour elle. Elle l’avait vu… Je le savais. Et la voir refuser aussi vite me toucha au point où mon visage se ferma.

-Pourquoi ? A cause de ce qu’il s’est passé à la fin du tournage de Spaceship ? Je croyais qu’on était passé à autre chose.

Enora soupira et bus une gorgée de son verre de vin avant d’éviter mon regard chose qu’elle faisait rarement. D’habitude, Enora aime soutenir mon regard mais, cette fois-ci, il était fuyant.

-Ce n’est pas à cause de ça… J’aime beaucoup ce film… A vrai dire, j’ai attendu un scénario comme ça pendant des années… Mais…

Mais ? Mais quoi, putain ! Crache le morceau !

-Mais quoi, bordel ?!

Je m’énervais un peu et Enora finit par lancer très rapidement et d’un ton un peu plus affirmé :

-Je vais m’installer à New York avec Dean… Définitivement.

Quoi ?

-Quoi ?!

A New York…

Je secouai la tête avant de souffler choqué par ce que je venais d’entendre :

-A New York…

Elle se mordit la lèvre avant d’hocher de la tête. Elle semblait embêté de m’annoncer ça.

-Oui… J’y déménage aussi Lee Pictures… Enfin… Je vais fusionner Lee Pictures avec la société de production de Dean. Ensemble, on pourra couvrir plus de projets…

J’aurais pu m’emballer… Frapper du poing ou quelque chose du genre. Un réaction shranesque… Mais… Je n’y arrivais pas. J’étais le regard fixé sur Enora. Le fait est que je percutais peu à peu que je n’allais plus la voir… Elle était dans mon paysage depuis 1966… Et même quand elle a arrêter de me parler pendant 3 ans, je la voyais quand même constamment dans mon voisinage ou à des fêtes. Je savais qu’elle était là… Je savais ce qu’elle faisait… Ça ne sera plus le cas quand elle partira à New York.

-J’ai besoin d’air…

C’est ce que je dis en me levant d’un coup. Trop vite pour l’émotion qui était en train de me frapper au point que j’en perdis l’équilibre me rattrapant de justesse à la table. Enora se leva.

-Shran…

Mais je ne l’écoutai pas progressant tel un robot vers la porte-fenêtre que j’ouvris. Une fois dehors je m’appuyai contre le mur le regard dans le vide. Je déglutis ne comprenant pas, moi-même, pourquoi ça me touchait autant. En fait si… Je le savais… Je le savais même trop bien.

Enora m’avait rejoint doucement. Son visage était marqué par l’inquiétude mais elle n’osa rien dire. Encore quelque chose qui ne lui ressemblait pas. D’habitude, elle avait toujours quelque chose à répliquer ou, au moins, des explications à donner.

Là, rien ne sortait.

Je ne la regardait pas… Je regardais vers ma piscine illuminée par le soleil de l’après-midi.

Et une silence de plusieurs longues secondes s’installa entre nous. Un silence pesant alors que j’assimilais l’idée que, bientôt, Enora quittera Los Angeles prenant dans ses valises Dean Hogan.

-Dis-moi quelque chose, s’il te plait.

C’est comme ça qu’Enora brisa le silence. Je tournai mon regard vers elle.

-Dean… Tu l’aimes vraiment ?

Elle baissa les yeux avant de relever doucement son regard sur moi.

-Oui…


C’est ce qu’elle souffla. Je soupirai profondément fermant les yeux avant de les rouvrir. Entendre ça faisait bizarrement mal… En fait, non… Pas si bizarrement que ça. Je savais ce que je ressentais pour Enora. C’était clair depuis notre première rencontre. Mais je ne me l’étais jamais vraiment avoué et, encore aujourd’hui, je n’y arrivais pas.

-Tu as envie de partir ?

Elle soupira s’appuyant contre le mur.

-Je n’ai pas le choix… Dean dit que c’est mieux pour notre couple et… Il a raison…

Je pris un air sceptique. Mieux pour leur couple ? De vivre à New York ? Qu’est-ce que ça allait changé ? Autant la société de production de Dean que la sienne était à Los Angeles. Hogan n’avait pas de point d’attache à New York que je sache…

-Pourquoi ?

Telle était la question et Enora sembla décidée à y répondre quand la sonnette de ma villa retenti me faisant sursauter. Je secouai la tête.

-Tu a laissé le portail ouvert ?

Elle entrouvrit la bouche avant d’hocher négativement de la tête. Non. Elle ne l’avait pas laissé ouvert. Ce n’était pas son genre. Alors qui avait réussi à arrivé à ma porte sans passer par le portail, hein ?!

Je rentrai dans ma maison pour aller ouvrir et tomber sur Dean… Je fronçai les sourcils. Qu’est-ce qu’il foutait là ?

-Enora est ici ?

Pas de « bonjour »… Juste une question dite sur un ton autoritaire. Il ne semblait pas de très bonne humeur, le Dean. Mais moi aussi j’avais une question.

-Comment tu es arrivé jusqu’ici ?

Enora était apparue un peu derrière moi et sembla surprise de voir son petit ami sur le pas de la porte. Quand Dean la vit il lança.

-Par la porte secrète !

La porte secrète ? Quelque foutue porte secrète ? C’est ce que j’allais demander quand Dean, d’un seul coup, m’écarta de son chemin.

-Hey !

Il fixa Enora et brandit un doigt accusateur vers elle.

-Qu’est-ce que tu fous ici ?

Je la vis reculer. Elle semblait effrayée. Je ne l’avais jamais vue comme ça. Et je décidai d’intervenir lançant à Dean d’un ton tout aussi autoritaire que le sien.

-Elle fait ce qu’elle veut, hein ! Elle est adulte !

Enora me fit signe de me taire et elle affronta le regard de son petit ami.

-Shran avait un script à me monter c’est tout. C’est mon job de lire des scripts, Dean…

Sa voix tremblait un peu. Je fronçais les sourcils prêt à demander des explications sur cette foutue porte secrète qu’avait emprunter Dean pour rentrer dans ma forteresse mais il était focalisé sur Enora.

-Un script, hein ? Fous-toi de ma gueule Enora ! Combien de fois par semaine tu viens en douce ici ? On s’était mis d’accord !

Mis d’accord sur quoi ? Sur le fait qu’elle vienne ou non ici ? C’est quoi ces conneries ?

-C’est quoi ces foutues conneries, hein ?!


Enora eut alors un élan de courage et avança d’un pas vers son petit ami. Elle leva la tête vers lui.

-Non ! On était pas d’accord ! Je vais où je veux ! Et…

Elle n’eut pas le temps de d’en dire plus que Dean lui balança sur gifle en plein figure assez fort que pour qu’Enora perde l’équilibre et tombe à terre.

Il vient de la frapper…

Il vient vraiment de faire ça…

Je vis rouge…

Très rouge…

Assez pour me projeter en avant pour me mettre en elle et lui alors qu’il allait revenir à la charge. Je le poussai alors fort… Très fort. Au point où, malgré ma carrure et ma taille, je réussis à faire reculer de plusieurs pas le colosse d’un mètre 90. Un colosse qui revint à l’assaut sauf que cette fois-ci, c’est mon poing qui fracassa sa tronche.

C’était spontané. Et si ça ne sonna pas Dean, ça le surpris. Et je crachai alors d’un voix teinté de colère et d’autorité :

-Dégage d’ici. Tu es sur une propriété privée et tu n’as pas été invité. Si tu approches encore Enora ou que tu ne dégage pas, je te jure que j’appelles les flics. Il y a des caméras partout ici. Je te jure qu’il y auront accès si tu ne te casses pas tout de suite ! Ils verront ce que tu viens de faire.

Je tremblais de colère tout en soutenant le regard de Dean.

Il hésita…

Et il finit par tourner les talons non sans lancer.

-On n'en restera pas là.

Avant de s’en aller.

Je pris le temps de m rendre compte de l’enchainement des choses et quand je fus certain que Dean n’allait pas revenir, je me tournai vers Enora qui était toujours au sol, l’air un rien choqué. Je me mis à sa hauteur.

-Ça va ?

Je passai ma main sur sa joue. Tout doucement. Elle saignait de la lèvre. Je tremblais toujours et j’avais, maintenant, un sale mal de crâne. Mais ça n’avait pas d’importance. Ce qui comptait, là, c’était Enora.

Enora ferma alors les yeux. Les larmes coulaient le long de ses joues.

-Non…


Ma colère fit alors place à la révolte. Dean venait de me montrer que tout ce que je pensais de lui était encore bien pire. Être un enfoiré jaloux était une chose mais de là à frapper Enora… Il y avait un limite. Une limite qu’il venait de franchir.

-C’est la première fois ?

Je ne pouvais pas m’empêcher de poser la question alors que, dans ma tête, j’étais en train d’assassiner plusieurs fois ce type. Elle hocha de la tête.

-Oui… Mais… Je savais que s’il me voyait ici, il allait péter un câble. C’est pour ça qu’il voulait qu’on parte à New York. Pour ne plus qu’on puisse se voir. Il a toujours été jaloux mais depuis qu’on s’est réconcilié toi et moi, c’est devenu pire… Je pensais que le suivre à New York aiderait à le rendre plus serein.

Je secouai la tête. Je ne m’attendais pas à ce que ce déménagement à New York n’ait pour cause que la jalousie maladie de Dean. Enora était prête à changer toute sa vie pour que ce type arrête d’être un enfoiré ? C’était invraisemblable.

-Et tu crois que ça va vraiment le changer ? Tu crois que ça le rendra moins jaloux ? Enora, il vient de te frapper sans aucune foutue raison ! Ce type a un problème ! Et le problème ce n’est ni toi, ni moi, ni nous.

C’était lui. Uniquement lui.

-Je sais…

C’est ce qu’elle souffla alors qu’elle essuya ses larmes.

-Comment il est rentré ? C’est quoi cette porte secrète ?

Enora s’assis à terre plus confortablement, je fis de même. Elle se mordit la lèvre.

-Dean ne voulait pas que je vienne te voir alors j’ai fait un passage entre ma villa et la tienne dans le fond de mon jardin… Dans la haie qui sépare nos deux propriété… J’ai une caméra à l’avant de ma villa et Dean pouvait voir quand je partais chez toi par la grande porte…

Je fis une petite moue. Je n’avais même pas remarqué ça. Il faut dire qu’à part sur ma terrasse, je me promenait rarement dans le reste de ma propriété.

Je secouai la tête.

-Mais… Pourquoi il est jaloux à ce point de moi ? Tu vois plein d’autres types aux fêtes et compagnie. Pourquoi moi ?

Enora se déroba à mon regard laissant à nouveau planer le silence. Elle soupira ensuite pour le brisé avant de plonger son regard dans le sien.

-Parce que certaines choses semblent plus visibles pour les autres que pour toi et moi…

C’est là que je compris que ce que je n’osais pas m’avouer à moi-même était, en réalité, réciproque. J’aurais pu me dévoiler… Aller jusqu’au bout de cette conversation. Enora, en lâchant ça, avait, après tout, fait le plus gros.

Mais non.

-C’est parce qu’ils ne comprennent pas que tout est plus compliqué que ça en a l’air.

Enora baissa les yeux et hocha de la tête comme si, elle aussi, ne voulait pas plus s’exposer que ça. Il faut dire que le moment n’était pas vraiment bien choisi. Elle était à fleur de peau… J’étais révolté… Ses sentiments étaient confus.

-Reste ici… Ne retourne pas chez toi. Je ne suis pas ta foutue conscience, Enora mais, un type comme lui ne te mérite pas. Et si tu rentres et qu’il arrive quelque chose, je vais pas me le pardonner. Alors, reste, s’il te plait.

C’est tout ce que je lui demandais. Qu’elle reste ici. Qu’elle ne retourne pas là-bas à la merci d’un type susceptible de lui faire du mal.

-D’accord… Mais si je fais ça, demain, ça sera pire.

Mes lèvres se pincèrent. Demain ça sera pire… Sans doute.

-Ouais… Mais tu n’iras pas toute seule. J’irais avec toi. Et tu foutra ses affaires dehors.

Enora me regardera longuement. Elle posa alors sa tête sur mon épaule avant de souffler.

-D’accord… Demain, on fera ça…

Je passai ma main dans son dos. Demain, Dean ne sera plus qu’un mauvais souvenir.


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