Samedi 17 mai, 9 :00 du matin…

Jamais je n’oublierai cette date… Elle resterait gravée au fer rouge comme étant, jusqu’à maintenant, la pire des dates que j’aie jamais vécue.

J’étais jeune. Je n’avais pas vécu grand-chose jusqu’à maintenant… Et surtout, je n’avais jamais été réellement confronté à la mort… Et encore moins à la mort de façon violente.

On était samedi… Normalement, on allait jamais aux studios de MTI le samedi… Pour dire vrai, ça faisait un moment qu’on y allait moins parce que Finan et Tiff étaient fort accaparés par le petit Yoric, mon filleul, qui était sourd… Et aussi par la carrière d’acteur naissante de Guillermo…

Avec ça, The Warriors avait vachement ralenti le rythme au point où les fans commençaient sérieusement à se demander s’il y aurait un autre album… Un second album. Moi, j’y croyais.

Et quand Don Hughes nous avait tout spécialement convoqués, je pensais qu’on allait se faire taper sur les doigts, à raison… Et limite, j’en étais bien content parce que je pensais que ça allait nous donner le coup de boost qu’il fallait… Pour être franc, le coup de pied au cul qu’il fallait à Tiff et Finan pour nous rejoindre, Sigurd et moi, en studio, et se mettre à bosser sérieusement.

Pas que je pensais que leurs enfants étaient moins importants que le groupe mais…

Fallait savoir ce qu’on voulait aussi.

Mais il n’y eu pas de coup sur les doigts… Pas de coup de pied au cul…

Non… Quand je vis la tête de déterré de Don Hughes, je sus instinctivement que quelque chose n’allait pas. Quand il nous fit asseoir, j’avais déjà les yeux écarquillés.

Et sa première phrase fut :

-Je suppose que vous avez tous regardé les infos hier ?

Je secouai la tête… Heu… Non… Non, hier je n’avais pas regardé les infos parce que j’étais trop occupé à me disputer avec Vanya… on arrêtait pas, ces derniers temps, de se disputer pour un oui ou pour un non… Pour des conneries… on se marchait dessus, en fait et j’avais bien l’impression que tout ça allait vers une fin… Mais bon… ça ne m’attristait pas vraiment. Fallait croire que je n’avais plus de sentiments pour elle, mais c’était un autre problème.

Parce que là, on avait vraiment un vrai problème, qui dépassait de loin toutes les disputes de jeunes couples.

Don Hughes annonça alors.

-Samantha Ricci a été tuée par balle hier soir… En sortant du studio 4…

Le studio 4, celui de The Lightening, qui avait une sortie directe vers le parking parce que c’était un peu le studio VIP de chez MTI.

J’ouvris la bouche et au début, aucun son ne sortit… Par là où on était entrés, on ne pouvait pas voir qu’en fait, ne ce moment même, les enquêteurs étaient à la sortie du studio 4… De même que, du coup, on avait pas pu voir les impacts de balles sur les murs extérieurs du studio…

On se regarda tous… mais personne ne sut quoi dire. Comment ça pouvait être possible et surtout, la question qui venait toujours dans ces cas-là…

-Pourquoi ?

J’avais réussi à sortir ça dans un souffle… Presque inaudible. Mais Don Hughes m’avait bien entendu parce qu’on aurait pu entendre une mouche voler.

-De vieux liens avec la mafia… Probablement… On en sait encore rien…

Je ne pouvais, soudain, plus respirer… Ma gorge était serrée… Samantha, je m’entendais bien avec elle, c’était elle qui nous avait appris à chanter en italien… C’était notre manager… Un peu une maman pour moi.

-Excusez-moi…

Il me fallait de l’air, absolument. Parce que dans ma tête, j’imaginais Samantha se faire buter comme ça, par balle. Et j’avais l’impression que ça pouvait arriver à n’importe qui malgré que Don avait dit qu’il y avait probablement une raison plus ou moins logique derrière cette violence injuste.

Je courus jusqu’à la première fenêtre que je trouvai, au bout d’un couloir… L’ouvris en grand, pris une énorme inspiration… Puis fondis en larmes. Pas tant parce que Samantha n’était plus là… Mais parce que cette débauche de violence me faisait peur.

On était samedi. Un samedi noir pour MTI... On a appris dans la nuit le décès d'une manageuse de MTI Samantha Ricci, par balle, et d'Eleanor Harris qui a chuté d'une falaise...

C'était inattendu. Tout autant que la mort de mes parents, d'ailleurs. Julia m'avait autorisée à venir au studio pour voir si tout allait bien. Mais, j'avais plutôt envie de me vider la tête.

J'avais pris ma guitare que Julia m'avait offerte. J'ai gratté une bonne partie de la matinée. J'étais dans le studio 6. Je n'avais qu'une envie, jouer du Bleedinghearth.



Entre la mort de mes parents et la mort de toutes ces personnes qui travaillaient ici. Je sors du studio et en allant prendre une pause-clope, je croise un jeune homme à une des fenêtres. Le jeune garçon était en larmes. Je me rapproche et me mets à sa hauteur.

Salut... Tu as eu la même nouvelle que tout le monde, je suppose... Je peux rester avec toi pour discuter un peu, si ça ne t'ennuie pas !

Je lui pose amicalement ma main sur son épaule tout en essayant de sourire, pas parce que j'étais content, mais pour essayer d'apaiser le garçon.

J’étais à la fenêtre, en train d’essayer de respirer profondément entre deux sanglots et j’avais l’impression que c’était la chose la plus difficile que j’aie jamais essayé de faire. J’en oubliais que les autres, Finan, Tiff, Sigurd, devaient être dans un sale état psychologique eux aussi. J’aurais dû rester dans la salle de réunion pour les soutenir, pour qu’on se soutienne tous.

Mais ça avait été trop pour moi qui n’avait encore jamais vécu une mort de près, encore moins violente.

Je pleurais toujours quand un gars vint se poster près de moi,  à la fenêtre…

Je réussi à articuler un :

-Salut…

Avant d’essuyer mes larmes et d’essayer de reprendre contenance…  Parce que ça ne se faisait pas de pleurer devant les gens, parce que je ne voulais pas avoir l’air faible ou, tout simplement, être pris pour le gamin que j’étais.

Mais non seulement, c’était trop tard, mais en plus, c’était ridicule.

Parce que j’étais un gamin.

En plus, j’avais beau frotter mes yeux, il y avait toujours des larmes qui revenaient. Mais la présence de ce gars avait fait que j’avais au moins arrêté de sangloter.

-Ouais… Notre… Notre manager, c’était Samantha Ricci…

Je pris une grande inspiration.

-J’en reviens pas de… De comment ça s’est passé… Monsieur Hughes vient juste de nous le dire et…

Je serrai les dents et les poings.

-Toute cette putain de violence ! T’imagines ? On peut se faire buter n’importe où, n’importe comment… Mourir comme ça !

Pour illustrer mes propos, je claquai des doigts.

Je regardai le gars, les yeux rouges…

T’aurais pas une cigarette… heu… Comment tu t’appelles ?

J'étais sorti du studio pour aller fumer quand je vois un gars, de mon âge je dirais qui est à la fenêtre. Je m'approche de lui et le salue. Je sens qu'il a du mal à sortir un son de sa bouche, mais il arrive à me sortir un salut.

Je lui demande s'il était attristé par ce qui a été annoncé. Il me dit oui et que Samantha Ricci était ça manageuse.

Toutes mes condoléances. C'était peut-être plus qu'une manageuse à tes yeux ?

Parce que c'est la relation avec Brent que j'ai. À mes yeux, c'est plus que mon manager, c'est un père de substitution.

Le grand patron venait de leur annoncer la nouvelle. Il me demande si je me rends compte de toute cette violence, se faire tuer n'importe où ou n'importe comment.

Le passé finit toujours par te rattraper, surtout si tu fais des choses pas spécialement nettes ! C'est pour ça que j'évite au maximum les soucis.

Puis, il me demande une cigarette et comment je m'appelle. Je lui souris, lui tends une cigarette et m'en prend une, j'allume les deux clopes et tire dessus.

Je m'appelle Johnatan Silverwood, mais tu me connais plus sous le nom de Nameless je pense.

Je le regarde en souriant, je savais qu'en lui disant ça, j'étais tranquille, il n'avait aucun intérêt à balancer aux yeux de tous ma véritable identité.

Le gars, d’à peu près mon âge, qui s’était arrêté près de moi me donna ses condoléances quand il comprit pourquoi j’étais en train de chialer comme un bébé dans le couloir en prenant de grands goulées d’air par la fenêtre.

-Merci.

Quelque part, j’étais content qu’il se soit arrêter… ça voulait dire que c’était quelqu’un de probablement compatissant. Parce que parfois, en ville, les gens voyaient des gens en détresse et passaient simplement leur chemin en regardant délibérément ailleurs.

Mais pas ce gars-là… Qui devait être un artiste de MTI… ou peut-être un roadie, c’était possible aussi. Il me demanda si Samantha était plus qu’un manager à mes yeux. Je frottai mes yeux encore mouillés.

-Bah… Ce serait peut-être un peu trop m’avancer de dire qu’elle était plus que ça… Non, c’était juste notre manager. Mais on avait une bonne relation de travail. Elle nous a appris à chanter en italien…

Plusieurs chansons de The Warriors étaient en italien, du coup.

Je lui dis que je venais juste d’apprendre la nouvelle et que ce n’était pas tant la mort de Samnatha qui m’attristait… Bon, si, si elle était morte d’une maladie, par exemple, j’aurais été triste aussi. Mais là, exécution par balle, ça me faisait vraiment peur.

Mais le gars déclara que le passé finissait toujours par nous rattraper surtout quand on trainait dans des trucs pas nets.

Je soupirai.

-Ouais, je sais… Mais le truc, c’était que je n’étais pas du tout au courant qu’elle avait à faire avec la mafia et tout… je ne sais pas si tu l’as connue, mais… Non, j’aurais jamais pensé qu’elle puisse avoir un passé criminel.

Je lui demandai alors comment il s’appelait. Il prit le temps de nous allumer deux clopes avant de répondre.

-Merci… Ah ok ! C’est toi Nameless… Bravo pour ta signature ici.

J’essuyai ma main sur mon t-shirt et la tendis à Johnatan.

-Moi, c’est Ivar… De The Warriors. J’ai trouvé votre premier album excellent.

A ce moment-là, il y eu un gros « boum ! » et je sursautai très fort… Mais en fait, c’était seulement une grue, de l’autre côté de la rue, qui avait laissé tomber des matériaux dans la benne d’un camion parce qu’il y avait des travaux.

-Putain, je vais devenir parano maintenant…

Je tirai fort sur ma cigarette.

J'ai pris le temps de m'arrêter vers le garçon qui était à la fenêtre. Il pleurait de la mort de sa manageuse Samantha Ricci. Je lui demande s'il avait une relation plus proche qu'une simple relation de manager. Il avait une bonne relation avec elle, elle leur a même fait apprendre l'italien.

Je vois, je vois. C'est cool de sa part de vous avoir offert ça, ce serait un bon hommage de faire un morceau en italien !

Je balance l'idée comme ça. Mais je pense que c'est une bonne idée.

Puis je disais que malheureusement, c'est ce qui arrivait quand tu trempais dans des affaires pas claires. J'avais entendu les bruits de couloirs ce matin et il semblerait qu'elle ce soit fait assassiner. Il me dit qu'il ne pensait pas du tout qu'elle avait eu à faire à la mafia. Il me demande si je la connaissais.

Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de la rencontrer. Mais j'en ai entendu beaucoup de bien.

Puis, il me demande une cigarette et qui je suis.

Il me tend la main et me félicite pour ma signature. Je lui serre la main en lui souriant.

Merci beaucoup !

Puis, il ce présente et me dit qu'il est Ivar et joue pour The Warriors. Et il a adoré notre premier album.

C'est bien ce qui me semblait, j'ai aimé aussi ce que vous avez fait !

Puis la grue d'en face fait un gros bruit en posant des matériaux dans un camion. Je sursaute tout comme mon voisin qui tire à fond sur sa cigarette.

J'ai eu peur aussi.

Puis je lui pose ma main sur l'épaule.

Tu sais, je suis passé par la phase que tu es entrain de vivre. Je vais te parler un peu de mon histoire. J'ai perdu mes parents à trois mois d'intervalle. Mon père s'est fait percuter par une voiture de police en sortant du travail. Je travaillai au même endroit que lui, mais ce jour-là, j'étais en repos et j'entendis le téléphone sonner. Ma mère me demande d'aller voir parce qu'elle était malade. Et quand j'arrive, j'ai vu le sac mortuaire et mon père sans vie sur le trottoir. Et trois mois après, ma mère est morte d'un cancer des poumons. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé tout seul et au fond du trou... Et tu sais ce qui m'a sauvé ? C'est la musique. Honnêtement, je n'aurai pas eu la musique, je ne serai surement pas devant toi là tout de suite.

Je tirai moi aussi un gros coup sur ma cigarette en repensant au parcours que j'ai eu jusqu'ici depuis la mort de mes parents.

Le gars se demandait quel type de relation on avait avec notre manager. Je lui expliquai que c’était surtout une relation de travail mais qu’on avait eu des bons moments comme quand elle nous avait appris à chanter en italien. C’étaient de bons souvenirs. Mais c’était moins la perte de Samantha que la façon dont ça s’était passé qui me faisait chialer.

Le gars me dit alors que faire un morceau en italien serait un bel hommage… je frottai mes yeux et le regardai avec un pauvre sourire.

-C’est prévu… Pour notre prochain album… Mais ce n’était pas censé être un hommage, à la base.

Maintenant, ça le serait automatiquement. Parce qu’on ne pourrait plus jamais chanter en italien sans penser à elle.

Je me demandai si l’homme connaissait Samantha, mais il s’avéra que non, même s’il en avait entendu beaucoup de bien. Je hochai la tête.

-Ouais, elle était super. Bon, elle avait ses défauts aussi et apparemment, c’était loin d’être une sainte…

Vu qu’elle avait des liens avec la mafia.

-Mais bon… avec nous, elle a toujours été géniale.

Je savais cependant qu’elle ne faisait pas l’unanimité. Cash Izbel, par exemple, ne pouvait pas la voir en peinture et ne lui adressait même pas la parole, préférant communiquer avec le deuxième manager de The Lightening, Lenny Knowles.

On se serra la main et je pus situer qui était Johnatan… Il s’agissait en fait de Nameless que je n’avais jamais vu qu’avec son masques sur les photos et autres.

J’essayai de me détendre un peu et de sourire.

-C’est bizarre, je t’imaginais plus grand.

Ça devait être à cause de la robe de bure… Mais là, je me rendais compte que je faisais plus de 10cm de plus que Nameless. Il était vraiment petit !

Je me présentai à mon tour et lui aussi fini par me remettre et me dire qu’il aimait ce qu’on faisait.

-Merci… J’ai hâte qu’on s’y remette et j’espère que la mort de Samantha ne va pas trop nous ralentir… Encore…

Parce que là, ça commençait à faire beaucoup. Et moi, je voulais faire de la musique.

Il y eu un « boum » qui nous fit tous les deux sursauter. Pendant une milliseconde, j’avais cru à un coup de feu… Juste parce que Samantha avait été tuée par arme à feu. Johnatan avoua qu’il avait eu peur aussi.

-Comment ne pas avoir peur… Après ce qu’il s’est passé ?

Il posa alors sa main sur mon épaule, attirant mon regard sur lui et il se mit à me raconter une histoire. L’histoire de ses parents qui étaient tous les deux morts tragiquement, le laissant seul. Et que c’était la musique qui l’avait sauvé.

Je le regardai dans les yeux, choqué par cette histoire qui était bien triste.

-Mais… C’est horrible… Perdre un manager est une chose ! Mais perdre ses deux parents, comme ça ! Si jeune ! C’est… c’est bien pire !

Je soupirai et frottai mon visage à deux mains.

-Quand j’entends ça, j’ai bien honte de pleurer pour Samantha. Mais tu as raison pour ce qui est de la musique… C’est ce qui nous aidera à avancer. Mais il va falloir qu’on se trouve un nouveau manager… C’est Brent Hughes, ton manager à toi, je crois savoir… Il est bien ?

Je suggérai au gars de faire une musique en italien, il avait prévu d'en faire une pour le prochain album, mais du coup, ce sera un hommage en plus d'une chanson de base dans l'album.

C'est la meilleure façon de lui rendre hommage. En tous cas, c'est ce que j'aurais fait !

Je lui souris, puis il me demande si je connaissais Samantha. Je lui disais que non, mais que j'en avais entendu beaucoup de bien. Il me dit qu'elle était très gentille, mais avait aussi ces défauts.

Comme tout le monde, personne n'est parfait !

Puis, il me sert la main et me demande qui je suis, quand je lui dis que je m'appelle Johnatan et que je suis Nameless. Il me dit qu'il m'imaginait plus grand.

C'est surement la bure et la mise en scène qui fait ça. Après, mon batteur est, lui aussi, est très grands.

Puis quand il me disait qu'il était Ivar de The Warriors. Quand je lui dis que j'ai aimé ce qu'il faisait, il me remerciait et me disait qu'il espère que la mort de Samantha ne va pas les retarder encore.

C'est quitte ou double, soit ça va démotiver tes coéquipiers, soit ça va leur donner un boost pour se remettre au travail.

Quand la grue d'en face fait tomber du matériel dans le camion, ça lui fait peur et à moi aussi, il me demande comment ne pas avoir peur avec ce qui s'est passé. C'est là que je lui pose ma main sur l'épaule pour lui parler de mes parents et de l'histoire de leurs morts. Il se sent bête de pleurer pour la perte de sa manageuse.

Ne dis pas ça. Tu évacues juste ce qui est en toi. Et c'est mieux de l'évacuer que d'y garder pour toi, ça te bouffe plus qu'autres choses. Mais oui, c'est terrible de se retrouver seul d'un coup, et mon père m'avait toujours dit que son rêve était de venir ici à L.A pour vivre de la musique, et je l'ai fait pour lui, mais aussi pour moi.

Puis il me dit qu'il va avoir besoin de trouver un nouveau manager et me demande si Brent est un bon manager.

Si tu bosses, oui, c'est un excellent manager, il va te prendre sous son aile et ne va pas se servir de toi uniquement pour faire de l'argent, ça va bien plus loin que ça. Et... J'ai une relation un peu différente avec Brent, disons que c'est un peu comme un père de substitution.

Et oui, la chanson en italien qu’on comptait faire ne serait plus quelque chose de fun qu’on partagerait avec notre manager, mais un hommage… Quelque chose de triste qui nous ramènerait, chaque fois qu’on la chanterait, à ce triste jour… Je soupirai. Le gars, lui, disait que c’était ce qu’il aurait fait. Je me contentai d’hausser les épaules avec tristesse.

Je lui demandai s’il connaissait Samantha mais ce n’était pas le cas. Alors je la lui décrivis un peu en disant qu’elle avait quelques défauts. Mais comme il disait, personne n’était parfait. Je frottai mes yeux avec un peu de rage.

-Ouais, mais bon… Il y a avoir des défauts et être liés à des criminels… J’avais lu un truc là-dessus il y a longtemps… Comme quoi Samantha avait des liens avec la Casa Nuova. Elle n’était pas manager à l’époque, mais je n’y avais pas cru. Je me suis dit, sur le coup : c’est parce qu’elle est italienne que tout le monde pense ça.

Je soupirai.

-Faut croire que les clichés viennent bien de quelque part…

L’homme avec qui je parlais était donc Nameless, que j’avais imaginé beaucoup plus grand. Il me confirma que son costume était trompeur, mais que son batteur était, lui, très grand.

-Oh…. Je vous ait peut-être confondus alors.

Parce que là, Johnatan, lui, était vraiment petit.

Avec tout ça, j’espérais que la mort de Samantha n’allait pas encore ralentir The Warriors. Johnatan, lui, pensait que c’était quitte ou double.

Je le regardai avec des yeux un peu effrayés.

-C’est bien ce qui me fait peur. Finan, notre chanteur, et Tiffany, notre multi-instrumentiste, on eut un enfant et ça les a ralentis… Je peux comprendre parce qu’en plus, le petit est sourd mais…

Je me tendis un peu.

-Si donner la vie les ralentis, comment vont-il réagir à la mort ?

Alors Johnatan me raconta ce que la mort avait changé dans sa vie à lui… C’était très triste mais plutôt que de le briser, il avait voulu réaliser le rêve de son père. Mon visage s’illumina un peu malgré le stress et la tristesse.

-Ah mais oui ! Je me rappelle de cette histoire ! Tu es passé à la radio y a pas longtemps, pas vrai ? Chez Jake Snyder !

Alors je lui demandai comment était Brent Hughes, puisque nous, nous n’avions plus de manager. Et Johnatan en semblait très content. Il fallait bosser mais pour Nameless, il était comme un père de substitution.

-Ah ouais, quand même ! Mais j’ai appris qu’il a perdu Livia il n’y a pas longtemps.

Je soupirai…

-Tu crois qu’il aurait une petit place pour nous, du coup ? Faudrait que j’en parle aux autres, mais bon…

Il me demande si je connaissais Samantha. Malheureusement, non, mais il me la décrit et me dit qu'elle avait quelques défauts. Je lui réponds qu'elle était comme tout le monde et avait des défauts.

Ne fait pas de raccourcies comme ça. Si ça se trouve, elle était dans une mauvaise phase à un moment donné de sa vie et elle s'est retrouvée obligée de leur demander de l'aide. On n'en sait rien et on ne le saura jamais.

Je hausse les épaules. C'est malheureusement vrai.

Puis, on parle de moi, je me présente en tant que Johnatan mais aussi en tant que Nameless, il me trouve petit par rapport aux photos.

Je lui dis que c'est soit la bure, soit qu'il m'a confondu avec mon batteur, il semblerait que ce soit possible. Puis il me dit qu'il espère que The Warriors ne va pas être encore plus à l'arrêt avec l'annonce de la mort de Samantha. Je lui disais que c'était quitte ou double, soit ça va les motiver, soit ça va être encore pire.

Mon père a arrêté sa carrière quand je suis née. Peut-être que tes collègues devraient faire pareils s'ils n'arrivent pas à gérer votre groupe et l'enfant ? Enfin, je ne leur souhaites pas parce que si le groupe peut rester au maximum stable, c'est la meilleure chose qu'il puisse vous arriver.

Puis je lui parle de la terrible histoire de mes parents. Il semble alors avoir une illumination et me parle de l'interview que j'ai eue avec Jack Snyder.

C'est ça ! D'ailleurs, j'ai adoré faire cette interview, je l'ai beaucoup apprecier.

Je souris, c'est vrai que j'ai vécu une super expérience. Ivar me demande ensuite si Brent est un bon manager ou non. Je lui dis que s'il travaille, c'est un super manager, et qu'à mes yeux, c'est comme un deuxième père.

Il me parle du fait que Livia était partie. Et il me demande si je pensais que Brent avait une place pour eux.

Bien sûr ! Maintenant que Livia n'est plus là, il aura surement plus de temps à nous consacrer. Mais parle-en aux autres, oui, c'est mieux, mais sache que je lui en toucherai deux mots quand je le verrai. Je crois qu'il s'entendait bien avec Samantha, en plus, alors je pense qu'il serait honoré d'être choisi pour lui succéder.

De la tristesse, j’étais un peu passé à la révolte d’apprendre que Samantha avait des liens avec la mafia. Je trouvais ça horrible de savoir que notre groupe avait été géré par quelqu’un qui avait une part de criminel en elle… Mais l’homme me dit de ne pas faire de raccourcis hâtifs.

Mais ça me révoltait vraiment et ce que j’avais lu, il y avait bien longtemps de ça, bien avant que Samantha ne devienne notre manager, me revint en mémoire.

-Tu parles ! D’après ce que je sais, si tout ça est vrai, elle était carrément mariée à l’un d’eux…

C’était ce que j’avais lu… Et je savais aussi quel genre de femme était Samantha. Elle avait du caractère, pas le genre à se laisser manipuler. Alors si elle avait marié un mafieux, je pensais bien que c’était soit par choix stratégique, soit par véritable amour.

Dans les deux cas, j’étais dégoûté.

J’avais un autre sujet d’inquiétude, maintenant : est-ce que tout ça allait encore nous ralentir ? Nous freiner ? Parce que si c’était le cas, j’allais finir par péter les plombs… Ou alors, c’était juste l’état dans lequel j’étais à l’instant T, soit sous le choc, qui faisait que j’en avais l’impression.

Johnatan dit alors que son père avait arrêté sa carrière à sa naissance et que peut-être, pour Finan et Tiff, ce serait la même chose. J’ouvris de grands yeux horrifiés et le regardai.

-Putain ! Ne parle pas de malheur ! Ils peuvent très bien prendre Yoric aux studios ! Ils ont aussi pensé à prendre un nounou bientôt.

Je serrai les poings sur l’appui de fenêtre et regardai dehors, vers l’horizon, vers l’avenir.

-The Warriors doit continuer.

On parla ensuite un peu de Nameless… Enfin, de lui quoi. J’avais entendu son interview et j’avais vraiment bien aimé son premier album. J’aurais aimé trainer là et apprendre à mieux le connaître, mais je n’avais pas vraiment la tête à me faire de nouveaux amis, là tout de suite.

-On a pas encore fait d’interviews du genre, nous… T’as eu ta dédicace aussi que j’ai lu… On a pas fait ça non plus…

Quand j’y réfléchissais, Samantha ne nous avait pas organisé grand-chose. Mais bon, elle avait The Lightening sur le côté qui, eux, on put faire une prestation au Hollywood Bowl. Du coup, comme si je voulais déjà mettre Samantha derrière moi parce que sa mort m’était trop dure à supporter, je choisis d’aller vers l’avant…

Et de déjà me mettre à la recherche d’un nouveau manager pour The Warriors. Or, tout le monde savait que Brent Hughes venait de perdre Livia. Alors peut-être qu’il aurait une place pour un petit groupe comme The Warriors… Et que lui, il s’occuperait vraiment de nous et nous organiserait des événements comme il l’avait fait pour Nameless.

Je posai la question à ce dernier et, enthousiaste,  il me dit d’en parler à mon groupe et que lui serait ravi de parler de nous à Brent. Je retrouvai un maigre sourire.

-Merci beaucoup, c’est vraiment sympa à toi… En plus, il n’y aura pas beaucoup de paperasse à faire, je pense vu que Brent est chez MTI aussi…

Je jetai mon mégot de cigarette par la fenêtre.

-Merci pour la clope… Et pour tes encouragements aussi… Je vais aller retrouver les autres… Je ne dois pas être le seul à être secoué… On doit rester soudés. On discutera plus longuement une prochaine fois.

Je lui tendis la main pour qu’il la serre, en guise de salut, puis retournai vers le bureau que je venais de quitter.

Le jeune homme me parlait du passé de Samantha. Je lui disais de ne pas faire de conclusions trop hâtives car clairement, c'est ce qu'il faisait. Il me disait qu'elle était mariée à un mafieux.

Je ne savais pas. C'est sûr qu'avec cette info, ça change tous.

Puis il me fait part d'un autre problème, il a peur que son groupe allait encore être ralenti. Il me dit que depuis que son chanteur et sont multi-instrumentistes avaient eu leurs enfants, le groupe tourne au ralenti. Je lui disais que mon père avait arrêter sa carrière à ma naissance. Et que peut-être que ça allait lui arriver aussi, il s'excite d'un coup en me disant qu'il fallait que The Warriors continue.

Je te le souhaite, ce serait bien que vous continuer.

Puis, on parle de Nameless et de Brent, il est très au courant de ce que Brent avait fait pour Nameless.

Elle avait The Lightening à gérer aussi et malheureusement pour vous, ça vous à surement fait de l'ombre. Moi, j'étais le seul avec Brent au départ et vu que Nellingan a mis du temps à démarrer et que Livia n'a absolument rien fait, j'avais un boulevard pour me montrer. Ce qu'on à fait avec Brent.

Il me demande si je pensais que Brent aurait de la place pour eux. J'en étais sûr, mais il fallait déjà qu'il en parle à ces collègues. Mais je me suis proposé d'en parler directement à Brent.

Je pense que ça ira vite si ça se fait. Et Brent sera honorer de prendre sous son aile le groupe de Samantha, j'en suis sur !

Il jette son mégot par la fenêtre, je fais pareil et lui serre la main quand il me la tend.

De rien, et sache que je suis régulièrement au studio 6, si tu veux venir passe ! Et surtout, reste avec les autres, il va falloir rester souder. Et on aura en effet l'occasion de se revoir ! Prends soin de tout le monde !

Il retourne dans le bureau et moi, je retourne à l'appartement auprès de Julia, Brent n'était pas dispo aujourd'hui.