Bordel, ce tournage m’avait tué. J’étais assis sur ma chaise avec mon nom dessus, je buvais une bouteille d’eau parce que je mourrais de soif. On avait dû recommencer dix fois la même scène aujourd’hui. Une scène de combat assez physique. Pourquoi avait-je décidé de m’embarqué dans un série médiévale, moi ? J’avais été taré d’accepté. Mais, bon, c’était une série qui faisait bien adulte alors j’avais accepté uniquement pour cassé mon image de gamin. Et pour ça, rien de tel qu’un rôle de leader ! Et, malgré les critiques parfois mitigées sur mon jeu, je restais confiant que la plupart des gens aimaient se que je faisais. En tout cas, j’étais prêt à le croire.

Ma bouteille terminé, le réalisateur nous lâcha enfin. J’allais tirer mon costume. Il était temps, je crevais de chaud moi là-dedans. Je remis mon t-shirt noir et mon jeans bleu. Il commençait à faire vachement chaud à L.A. ces temps-ci et les tournages étaient d’autant plus durs.

Mon costume enlevé, mon maquillage enlevé, il était temps de partir. Mais, alors que j’allais sortir des studios, une jeunes maquilleuse m’arrêta net et me disant : « Fait gaffe, Robin ! Dehors il y a un tas de fan ! C’est la journée des autographes ! ». J’approuvais de la tête. J’aimais beaucoup mes fans. Etre proche d’eux me permettait d’avoir un avis sincère sur mes films. Un bien meilleurs avis que celui des médias.

Je sortis donc dehors et… En effet, il y avait un tas de fans et les flics avaient installés des barrières nadar afin de les contenir. Je m’approchai d’eu et signait quelques autographes. Ils me posaient des questions, je leur répondais avec un grand sourire. La journée n’était pas prête d’être finie.

En-dehors de la musique, Rose aimait bien le cinéma. Et comme elle habitait à L.A., aller à Hollywood rencontrer les acteurs qu'elle appréciait était une tâche extrêmement facile. Et elle savait également que aujourd'hui était la journée des autographes, et que comme elle ne travaillait pas (sa collègue avait pris la relève), elle avait tout à fait le temps de prendre un taxi pour se rendre dans ce lieu de rêve.

Et c'est ce qu'elle fit. Après avoir verrouillé la porte de son appartement, un petit carnet et une bouteille d'eau dans son sac à main, elle sortit dans la rue d'un pas altier. La ville bourdonnait d'activité, et certaines personnes s'interpellaient vivement, d'autres marchaient tranquillement, une bouteille à la main... Bref, Los Angeles vivait.

Rose sourit et héla un taxi. Elle indiqua sa destination au chauffeur qui démarra rapidement et sans commentaire. Durant tout le trajet, la jeune femme garda les yeux rivés sur le macadam, plongée dans ses pensées. Quel acteur irait-elle voir (à condition qu'elle l'apprécie, déjà) ? Et puis, elle ne savait même pas lesquels étaient à Hollywood à ce moment-là, en train de signer des autographes à leurs fans hystériques... Bon, elle verrait sur place.

Arrivée à destination, elle remercia puis paya le chauffeur et poursuivit son chemin sans se presser, seule. Mais au fur et à mesure qu'elle approchait du célèbre endroit, il y avait de plus en plus de gens qui bavardaient, ou criaient avec entrain. La première chose que la jeune femme aperçut alors devant elle, ce fut la masse compacte de la foule qui se bousculaient. Rose s'informa de qui ils voulaient la signature et, lorsqu'on lui apprit que c'était de Robin North, elle faillit se jeter dans le tas en hurlant comme une forcenée. Elle VOULAIT cet autographe, c'était vital. Elle ne se pardonnerait jamais d'avoir évité cette opportunité. Elle pourrait même lui dire quelques mots, peut-être...

Elle admirait beaucoup cet acteur. Ce n'était pas anodin, d'aller à Hollywood, pour elle, alors autant en profiter. Comme elle était mince et frêle, elle parvint à se faufiler entre plusieurs personnes. Elle recevait des coups de coude, voire même des insultes quand les gens s'aperçurent qu'elle doublait tout le monde. Mais, trop préoccupée par son but, Rose les ignora, même si ça l'aurait fait rougir dans une occasion plus banale. Mais elle voulait absolument un autographe de Robin North, et elle arriva, échevelée et décoiffée à la hauteur, enfin, de celui qu'elle cherchait.

En souriant, elle lui tendit son carnet, et tenta d'articuler quelque chose de compréhensible :

"B-Bonjour monsieur... monsieur North..."

Elle ne savait pas comment l'appeler, alors autant dire monsieur. Et puis, avec un peu de chance, il lui répondrait quelque chose. Même si c'était peu.

Au fur et à mesure, une file se formais devant moi. Les gens s'auto-organisaient, même si certains essayaient de passer les uns devant les autres. En tout cas, la foule était en follie. Certains scandaient même mon nom. Je devais avouer que j'avais plus que l'habitude de tout ça. J'étais né là dedans. J'étais un bébé que les gossips s'arrachaient déjà des photos de moi parce que ma mère et mon père étaient célèbres. C'est devenu encore pire quand les médias ont compris que j'allais suivre leurs traces. J'étais donc blasé mais toujours très content de voir autant de gens aimé ce que je faisais.

Quoi qu'il en soit, je signais, disait quelques mots et souriais aux fans présent. Il y avait, majoritairement des jeunes filles, mais aussi des enfants avec leur parents ou des hommes venus seuls. Certains suivaient ma carrière depuis que j'avais 6 ans. Nul besoin de dire que mon poignet était entrainer à ce genre de petite sortie.

Je vis alors une jeune fille se faufiler entre les gens pour arrivé à ma hauteur malgré les insultes que lui envoyaient des gens de mauvaise humeur. C'était une jeune blonde au cheveux tout décoiffés. Je lui souriais car j'appréciais son courage. Elle tentais de s'exprimer le plus clairement possible. Soit elle était essoufflée par son effort, soit elle était intimidé. Elle me tendais son carnet. Je lui souris et j'allais lui signer en lui disant quelques mots quand un homme de deux fois son poids la bouscula en lui disant de dégager parce que ce n'était pas son tour. La fille tomba par terre et je fronçai les sourcils devant la scène. Je détestais quand un type bousculais une jeune fille.

-Laisse-la tranquille! Elle n'avait rien fait de mal!

Je fis signe à un garde du corps non loin de moi de faire reculer le type et de faire passer le jeune fille de l'autre côté des barrières nadars.

-Viens!

Je l'aidai à se relever et à la faire passer de l'autre côté.

-Rien de casser?

Je ramassai son carnet qui était tomber lors de sa chute et le lui tendis. J'avais un sourire aux lèvres comme pour rassurer la jeune fille.

-La foule est hostile apparemment... Comment tu t'appelles?

Rose ne s'attendait pas du tout à ce qu'un homme vienne la bousculer. Elle tomba sur ses deux mains, sans savoir ce qui venait de lui arriver. Un peu perdue, elle se releva tant bien que mal et, étourdie, s'essuya les mains sur sa veste. Son amour-propre venait d'être éclaboussé et elle avait du mal à accepter le fait que tout le monde l'ait vue tomber. Elle ne supportait pas le fait qu'elle se ridiculise en public, mais elle n'y pouvait rien, elle avait tellement peur de l'opinion des gens... Rouge de honte, elle se demanda pourquoi Robin North la faisait passer derrière les barrières, elle.

Elle ne méritait pas ça. Elle n'avait rien fait ! C'était un honneur pour elle. Surtout que les gens derrière cette barrière avaient l'air vachement énervés. Un peu réticente, Rose s'approcha de North. Eberluée parce qu'elle se tenait à quelques centimètres d'un acteur connu, elle se dit qu'elle avait de la chance. C'était pas tous les jours qu'une idole nous aidait à nous relever mais surtout qu'elle nous défendait. Mais bon, elle n'allait pas s'en plaindre, après tout. Tout en tremblant, Rose prit du temps pour répondre à sa question. Elle était encore sous le choc et elle n'arrivait pas à réaliser qu'une opportunité se présentait juste devant elle et qu'elle n'avait qu'à tendre la main pour l'attraper.

Elle tenta de sourire. Je dis bien "tenta" parce que c'était plus une grimace qu'autre chose, mais elle faisait des efforts. Mais passons. Elle détourna son regard de la foule enragée et répondit :

"Je... Je m'appelle Rose... Rose Laddy..."

Elle faillit dire "Et vous ?" mais se rappela qu'elle était à Hollywood en présence d'un acteur célèbre, Robin North par excellence. N'en revenant toujours pas, Rose rougit un peu et se demanda ce qu'il lui voulait. A part que quelqu'un l'avait poussée, il ne lui était rien arrivé, mais surtout, elle n'avait rien fait... Rien fait de mal. Un millier de questions tourbillonnaient dans sa tête. Mais le pire, c'est qu'elle n'arrivait même pas à se dire que ce n'était pas un rêve.

J’avais fait passer la jeune fille de l’autre côté des barrières. Elle ne craignait plus de se faire bousculer par quiconque maintenant. Cela faisait peut-être un peu favoritisme et je ne pouvais pas vraiment blâmes les autres fans d’être en colère. Mais j’étais comme ça, je n’aimais pas qu’on s’attaque à moins fort que soi. Cela me causera peut-être des problèmes à l’avenir mais je n’en avais rien à faire pour l’instant.

Je me contentais de sourire à la jeune fille qui semblait ne pas encore bien réaliser ce qui était entrain de lui arriver. Elle était comme très intimidée, voir même honteuse d’être là en face de moi à ne pas trop savoir quoi dire. Sur le coup, je me demandais si je n’avais pas gâché sa journée en faisant ça. Il fallait que je rattrape mon coup…

Elle se présenta en hésitant quelques peu et en grimaçant quand elle essaya de sourire. Elle s’appelait Rose, comme la fleur. Jolie prénom pour une jeune fille blonde comme elle.

-Rose, c’est un très joli prénom. Suis-moi.

Je voulais l’éloigner de cette foule en délire pour qu’elle puisse retrouver un peu de sérénité. Je passai à côté de mon agent et lui dit que la séance autographe était terminé et que j’en avais assez vu pour aujourd’hui. Il approuva de la tête et s’en alla déclarer à la foule que c’était terminé. Je les entendais siffler de colère. Tant pis…

Je souriais à Rose alors que nous étions maintenant plus loin de la foule.

-La chasse aux autographes n’as pas l’air te tout repos apparemment. Tu en as eu de l’audace d’essayer de te faufiler dans la foule. J’admire.

J’étais sincère et je voulais surtout la mettre une maximum à l’aise. Parce que je pouvais voir ses joues rosies par l’intimidation. Elle qui, il y a quelques minutes, me semblaient si courageuse à essayer de m’atteindre. Maintenant qu’elle était arrivée à son but elle me semblait si fragile.

-T’en fais pas, je ne mords pas. Je suis un type de 24 ans comme un autre.

Je rigolai. Je rigolai parce que c’était totalement vrai. J’aimais m’amuser, jouer à des jeux vidéo, aller au cinéma et écouter de la musique. Tout comme toute personne normalement constituée.

Au loin, la foule s’éparpillait. Certain regagnant leur voiture, d’autre discutant de tout et de rien, d’autre encore était toujours entrain de crier pour que je revienne.

A ce moment précis, Rose était seule. Elle était seule avec North. La foule et les cris n'étaient qu'un bruit de fond. Elle était bien, là. A écouter tout le monde autour. Tout semblait au ralenti, comme dans un film. Elle était contente d'être là, d'autant plus que l'acteur venait de mettre fin à la séance d'autographe. Elle pourrait lui parler ; et lui poser toutes les questions qui lui trottaient dans la tête. Elle était chanceuse, quand même. Son père serait fier d'elle. Rose avait toujours su tirer parti d'une situation, même qui ne tournait pas à son avantage, bien qu'inconsciemment. Et maintenant qu'elle avait saisi cette opportunité, elle n'allait pas la laisser filer.

Elle n'avait cependant pas saisi pourquoi North lui disait de la suivre. Si il voulait discuter, il allait être servi. Sous ses allures de jeune femme timide et sensible, Rose était un vrai moulin à paroles. De plus, elle pouvait sauter du coq à l'âne sans difficulté. Ca lui arrivait très souvent. C'était pour cette raison que, bien souvent, nombre de personnes tentaient de se débarrasser de sa compagnie. La jeune femme en était bien consciente, mais c'était plus fort qu'elle. Le seul moment où elle laissait les autres tranquilles, c'était quand on lui parlait de son père. Il faut éviter les sujets qui fâchent, avec elle. Mais elle n'est pas bien méchante.

"Où... Où est-ce que nous allons ?" demanda-t-elle en accélérant le pas pour être à la hauteur du jeune homme.

Rose rougit un peu. C'était une des premières fois qu'on ne lui parlait pas comme à une demeurée. Vu sa maladresse habituelle, il n'était pas rare que les gens soient vites énervés de son attitude délicate et peu directe. Parce que oui, comme elle savait qu'elle était gaffeuse la plupart du temps, elle préférait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler - car elle était aussi du genre à déballer tout ce qu'elle pensait sans réfléchir -, et bien souvent, ses interlocuteurs montaient sur leur grands chevaux, énervés par le fait qu'elle prenne son temps. Pour Rose, ces gens-là étaient stupides. Elle n'allait quand même pas leur balancer en plein dans la face "Oh vous avez grossi dites donc !" alors elle pesait ses mots. "Tiens, tu as changé par rapport à la dernière fois", c'était mieux. Vraiment mieux. De toute façon, quoi qu'on dise, tout le monde se met en colère.

C'est ça, le problème. Sur Terre, tout le monde se hait, puis soudain, c'est la fête, et hop on s'aime par-ci on s'aime par-là, ah mais quand on revient dans la période sombre, c'est ah coup bas par-ci, hop coup bas par-là... Idem pour la guerre. Quelle utilité de s'entretuer ? Pour conquérir de nouveaux territoires, rien de mieux que la diplomatie ! Mais non. Rien de mieux que distiller l'argent du peuple pour payer des tanks et des bazookas. Pathétique. Pourquoi ne pas simplement parlementer ? Ah mais comme on dit, "la soif de pouvoir est la dernière chose qui s'éteindra dans le cœur des hommes", ou un truc comme ça.

Bref, Rose souriait de plus en plus naturellement, heureuse. Heureuse de réaliser un de ses rêves. Bien qu'elle soit une petite vendeuse de pop-corn au cinéma de la ville, elle était là, dans l'univers hollywoodien, en compagnie d'un des plus grands acteurs de tout les temps (à ses yeux), qui l'avait même défendue... C'était la pure réalité, même si ça semblait un rêve. La jeune femme se pinça plusieurs fois.

"Comme un autre ? C'est-à-dire ?" questionna Rose, qui n'avait pas bien compris.

Les autres... Les autres, c'était tout le monde. Mais tout le monde n'était pas pareil. Tout le monde n'avait pas les mêmes mœurs. C'était pourtant si simple, mais à la fois si compliqué... La jeune femme se triturait les méninges. Pas trop un esprit réfléchi. Et puis bah ça engagerait la conversation.

J'avais mis fin à la séance. A vrai dire, j'en avais marre de signer des autographe surtout après ce que je venais de voir. Les gens ne savent vraiment pas se contrôler, c'est dingue. J'emmenais la jeune femme plus loin et elle se demandais où on allais. C'était une question légitime...

-Juste plus loin de cette foule...

Je ne comptais pas la conduire à 10 kilomètres non plus. Juste assez loin pour ne plus entendre la foule et leurs insultes. J'avais accéléré le pas avant de m'arreté non loin de l'entrée des studios. Rose rougissait toujours et j'essayai de la rassurer en disant que j'étais un gars comme un autre. En tout cas, j'aimerai qu'elle me considère comme telle, c'est bien mieux pour les conversations. Pas de rapport de force, ni de barrière. Je me demandais qui se cachait derrière cette jeune fille intrépide mais intimidée.

Elle commençait à sourire plus naturellement et ça lui allait bien mieux. Et me demanda plus de précisions sur mes affirmations. Je réfléchis quelques seconde me grattant l'arrière de la tête.

-Hmm. Comme les autres dans le sens où je suis un gars qui bosse pour gagner des thunes et qui aime s'amuser aux jeux vidéos, faire la fête et j'en passe. C'est pas parce que je passe à la télé que je veux mieux qu'un autre.

Ma mère avait essayé de m'enseigner ça. Ne pas me prendre de haut parce que mon nom apparaissait dans les magazines et à la fin des génériques. J'avais essayé de suivre son enseignement. Je savais pas si je le faisais toujours bien, mais j'essayais en tout cas.

-Mais, dis-moi, tu es une vraie fan? Tu en as l'air en tout cas... Parce que parfois les gens viennent juste pour dire "j'ai vu Robin North", alors qu'ils ont jamais vu mes films...

Il y avait les vrais fans et les mauvais fans de mon avis.

Rose écoutait North tranquillement, sans rien dire, attendant qu'il ait fini. Elle le trouvait vraiment admirable. Elle était subjuguée par sa modestie, parce que quand même, quand on est connu et qu'on gagne plein de fric, on ne joue pas que aux jeux vidéos... La jeune femme sourit, un peu touchée.

"Vous avez raison de dire ça..." le complimenta-t-elle. "Nombre de stars se payent des choses inimaginables simplement parce qu'ils ont du blé... Alors que c'est totalement inutile."

C'était mieux d'avoir une vie simple, sans engagement, sans pression. Même en vendant des pop-corn, on était heureux. On rendait des gens joyeux. On leur prenait certes leur argent, mais c'était pour le patron... Le salaire n'était même pas à la hauteur du quart de ce que gagnait une star en deux semaines. Mais étant donné qu'on n'avait pas doté Rose de beaucoup de talent, elle faisait comme elle pouvait. Elle était sereine avec son chat dans son petit appartement sans artifices, elle était gaie comme un pinson au travail, elle riait en offrant des paquets de pop-corn aux gamins qui allaient au cinéma... Oui, elle avait vraiment une vie enviable.

Pas besoin d'argent pour vivre raisonnablement. Elle ne voulait plus être seule, mais sa solitude était comblée par les joies du quotidien : manger au restaurant avec son frère, aller en concert... Et puis il y avait son chat. Une énorme boule de poile remplie de tendresse, qui tournait parfois en bourrique à cause du chihuahua de la voisine, mais qui s'entendait très bien avec sa maîtresse. L'animal était juste un peu agressif, mais c'était un compagnon idéal. Elle sursauta légèrement en entendant North lui parler. Hum... Que dire ? Elle ne pouvait pas vraiment se juger elle-même...

"Une vraie fan ? Oui, probablement... J'aime beaucoup tous vos films, vous savez..."

Sur cette phrase, elle avait sourit. Ses joues s'étaient de nouveau colorées de rose. Un rose qui lui allait bien, mais qui n'avait pas sa place sur son visage... Elle était passionnée non seulement par la musique, mais aussi par le cinéma, et il n'était pas rare d'aller regarder un film dans son lieu de travail, pendant que sa collègue la remplaçait. Et puis chez elle, elle avait la télé, quand même, avec tous les films culte qu'elle se donnait un devoir d'acheter quand elle parvenait à rassembler assez d'argent...

"Dites-moi, monsieur North... Vous aimez la musique ?"

La musique dans le sens général du terme. Et puis, quoi de mieux que ce genre de question pour entamer la conversation ?

Je voyais dans les yeux de Rose qu’elle était impressionnée, mais heureuse d’être là. Si je pouvais faire le bonheur des gens en faisant la conversation avec eux, c’était avec plaisir que je le faisais. Surtout que j’avais toujours en tête une phrase de ma mère qui disait qu’on en apprend toujours plus en parlant avec toute sorte de gens différents.

Et Rose avait une vision commune des stars. Pour elle, les stars étaient du genre à claquer leur fric dans des trucs inutiles. En soi, c’était pas faux. Moi-même, peu après la mort de Karen, j’avais commencé à acheter n’importe quoi. Acheter était ma manière de comblé le vide laissé par le suicide de ma petite-amie.

-C’est vrai… Mais faut dire que beaucoup achète des trucs uniquement parce qu’ils ne savent plus quoi faire de leur fric. D’autres parce qu’ils veulent tout… Les stars vivent dans un monde bien à eux…

J’en faisais partie donc je savais très bien de quoi je parlais. J’étais né dans ce monde de star, et j’aurais pu devenir une diva exigeante. Mais j’avais eu la chance d’avoir des parents qui ne cessait d’essayer de me garder les pieds un minimum sur terre. Ce qui faisait que je n’étais pas si grave que ça… Mais je n’étais pas totalement parfait non plus.

J’avais continué à lui parlé et elle avait sursauté. L’aurais-je sortie de ses pensées ou de ses rêves ? En tout cas ce petit sursaut me fit sourire. Je ne me moquais pas d’elle, au contraire je trouvais ça attachant.

Elle disait avoir vu tous mes films et donc se disait pouvoir être considérée comme un vraie fan.

-Tous mes films ? Waw ! En effet, t’es une vraie fan !

J’étais agréablement surpris. Parce que c’était rare les gens qui les avaient vu tous et qui m’appréciaient. Les critiques tout ça, c’était mon quotidien. J’avais appris à passer au-dessus avec le temps. Et Rose avait encore rougit. Je commençais à me faire à la teinte rosée de ses joues.

La jeune fille se décida à me poser une question. Et une très bonne en plus ce qui accentua mon sourire.

-Bien sûr que j’aime la musique. Déjà parce que, dans les films, c’est une des choses les plus importantes. Mais aussi, parce que je suis un véritable fan de rock et de The Burning Fire !

C’était Karen qui m’avait fait découvrir beaucoup de bons groupes dont celui-là. Et depuis j’étais un mordu de rock !

-Et toi ? La musique c’est ton truc aussi ?

J’avais vraiment envie que cette conversation aille dans les deux sens.

Un mordu de rock ? Ah, une bonne chose au moins. Ça leur faisait un point commun... Même s'ils n'aimaient pas les mêmes groupes de musique, c'était déjà ça. Rose pouvait parler pendant très longtemps de ses sujets préférés, tant que ça n'était pas ennuyeux et tant que la personne en face d'elle n'était pas superficielle. Pas trop, du moins.

"J'aime beaucoup The Lightening..." dit la jeune femme en souriant. "J'adore le rock aussi, je vais souvent à des concerts..."

Et elle allait aussi encourager les artistes qu'elle aimait en tournée, indirectement. Elle aimait sa vie, simple et amusante à la fois, sans pour autant ne pas être assez sérieuse... Son père, avant sa mort, lui répétait souvent qu'elle pouvait avoir de grandes ambitions sans pour autant vouloir dépasser tout le monde. Sa mère aussi l'avait éduquée avec ce genre de valeurs, et Rose tentait d'appliquer tout ce qu'elle avait appris d'eux du mieux possible. Son frère, un rockeur, était parti vivre ailleurs en Californie, et elle n'avait plus de ses nouvelles depuis longtemps, mais elle savait juste qu'il allait bientôt se fiancer... A moins que ça ne se soit déjà fait. Elle était perdue. Avec le temps qui passait, et ses obligations personnelles, en plus de sa vie privée, prenaient tout son temps, et elle ne pensait que très peu souvent à envoyer une lettre à son frangin... Elle l'aimait pourtant bien, mais en ce moment, elle avait d'autres chats à fouetter. Comme prendre en compte le fait qu'elle était toujours seule à 27 ans. Mais pour ça, elle avait ses raisons, et elle se mettait souvent à pleurer lorsqu'elle parlait de sa vie sentimentale. À la fois parce qu'elle était désespérée, mais aussi parce qu'elle n'aimait pas penser à ce qui était arrivé à ses précédents petit amis...

Rose poussa un long soupir pour oublier ces souvenirs, et demanda dans réfléchir cette fois-ci :

"Monsieur North... Vous êtes en couple ?"

Ça y est, elle posait encore des questions indiscrètes. Elle ne pouvait pas se taire, parfois ? En plus d'être trop curieuse, elle était vachement impolie. Ça ne se faisait tout simplement pas. Elle ne le connaissait même pas ! Quelle cruche... Et puis, il n'avait peut-être pas envie de parler de sa vie privée avec elle, et croirait peut-être qu'elle était une journaliste en quête d'infos croustillantes... Rose leva les yeux au ciel, comme pour elle-même, mais ne s'excusa pas de sa question pour autant. Elle voulait (bien qu'inconsciemment) savoir la réponse.

La conversation tourna sur la musique. On avait cette passion en commun apparemment. Moi j’étais fan de The Burning Fire et, elle, elle aimait The Lightening. Les deux grands groupes du moment. Ceux qu’on ne peut pas raté à L.A. C’était cool parce que cette conversation l’avait mise à l’aise.

-The Lightening j’adore aussi. J’ai la chance de pouvoir aller les voir souvent. C’est rare quand je rate un concert de The Burning Fire quand ils jouent à L.A.

Ouais, j’étais fan de ce groupe à ce point-là. Je suivais toutes les actualités sur ce groupe (en évitant, évidemment, les actus venant de L.A. People). J’achetai chaque fois les places VIP et j’espérai pouvoir me faire une soirée un jour avec Kayden, Nate et les autres. C’était un truc à organisé en tout cas.

Je regardai la jeune fille qui semblait perdue dans ses pensées. Je me demandais bien ce qui pouvait lui passer par la tête. Il faut dire que, jusque-là, elle devait se sentir comme dans un rêve. Et j’essayai au mieux que cette conversation soit une conversation comme une autre.

Puis, elle sortit de ses songes et poussa un long soupire… Et elle me posa une question qui me surprit. D’ailleurs, je la cachais pas vraiment ma surprise.

-Heu…

Mais avant de répondre je remarquais qu’elle continuait de m’appeler monsieur North. Preuve de sa politesse.

-Tu peux m’appeler Robin.

Je lui fis un clin d’œil pour appuyer mes mots. Je préférais qu’on m’appelle pas mon prénom, j’aimais pas vraiment les distances. Puis je souris, laissant passer ma surprise. Après tout, c’était légitime comme question. C’était une fille que j’avais en face de moi et je savais que les filles aimaient savoir ce genre de chose.

-Non. Je suis un éternel célibataire…

Les coups d’un soir j’en avais de temps en temps. Mais ça n’allait jamais plus loin car j’avais l’impression que rien ni personne ne pourrait remplacer Karen et comblé le vide qu’elle a laissé.

-Et toi ? Tu l’es ?

J’avais dit ça de manière plus enjouée. Comme si j’essayais de savoir ce qu’il se passait dans sa tête. J’espérais quand même que cela ne la mette pas mal à l’aise. J’étais un as pour ça…

Rose sentit son cœur battre plus fort lorsque North lui fit un clin d’œil après lui avoir proposé de l'appeler Robin. Si il y tenait vraiment. Elle sourit un peu involontairement, de ce sourire qu'on qualifie de niais. Elle n'y pouvait rien, après tout. Et puis... il fallait avouer que le jeune homme était pas mal. Autant se le dire franchement. Au fond, elle n'avait rien à perdre. Si ça se trouvait, elle allait rester vieille fille jusqu'à la fin de ses jours, et elle ne voulait ça pour rien au monde.

"Oui... Moi aussi..."

Elle ne pensait pas qu'il lui retournerait la question. Un peu prise de court, elle avait répondu vite-fait. Mais elle aurait peut-être dû ne pas dire la vérité... Raconter qu'elle était couple, que c'était absolument merveilleux... Juste pour voir la réaction de North. Sauf que Rose n'aimait pas mentir, mais quand elle le faisait, c'était pour le bien de son interlocuteur. Alors comme elle ne voulait susciter aucune réaction – positive ou négative, d'ailleurs –, elle préféra se taire et fixer ses chaussures. Une idée lui traversa soudain la tête, un peu folle, mais tout à fait réaliste. En mode rouge pivoine, elle déclara :

"Mons.. euh, je veux dire Robin... merci, en tout cas, pour... pour cette journée, pour m'avoir défendue du... du monsieur qui m'a bousculée tout à l'heure..."

Elle releva timidement la tête, ses joues se colorant de rouge vif au fur et à mesure qu'elle parlait. Un léger sourire étira ses lèvres. Elle ne s'était pas maquillée, ce matin, ce qu'elle regrettait maintenant, même si, naturelle, elle était quand même jolie. Elle n'avait pas prévu que cette journée virerait au pur rêve, et elle s'imaginait maintenant en princesse sauvée par son preux chevalier. Vraiment pathétique, au fond... Ses rêves d'adolescente ne la quittaient jamais. En fait, elle était un peu encore une enfant. Toujours à rêver au prince charmant, à imaginer de folles expéditions sur son destrier blanc... Et puis cette rencontre était peut-être un signe du destin. Rien n'arrive jamais pour rien. Et, rien qu'à cette pensée, elle reprenait espoir. Tout n'était peut-être pas perdu pour elle et sa vie sentimentale très chaotique. Il suffisait de bien s'y prendre et de trouver la perle rare... Au pire, de tenter la vie de couple, et si ça ne lui convenait pas, de prendre ses distances et de regarder la situation avec du recul.

"Robin... Est-ce que vous avez toujours été célibataire ou est-ce que c'est quelque chose qui a fait que... que vous n'aviez plus envie d'être en couple... ?"

Elle avait une petite idée derrière la tête, et elle ne posait pas cette question pour rien. Si elle arrivait à émouvoir, ou à rendre évasif North, elle pourrait entreprendre... quelque chose. Elle n'en savait rien encore.

Le célibat était quelque chose qu’on avait en commun Rose et moi. Parfois certaines choses m’échappaient. Cette fille était jolie et, à première vue, très sympathique. Et pourtant, elle était toujours un cœur à prendre. Peut-être sa vie sentimentale avait été aussi chaotique que la mienne. Ou alors il y avait autre chose. En tout cas, j’accueillis sa réponse avec un sourire.

Elle baissa la tête, visiblement intimidée. C’était vrai que le fait que j’aie retourné la question devait un peu la prendre de court. Elle ne devait pas avoir souvent ce genre de conversation avec quelqu’un qu’elle admirait. Elle me remercia d’ailleurs de ce que j’avais fait pour elle aujourd’hui.

-De rien. Ce mec n’aurait pas dû te traité ainsi.

Je détestais qu’on fasse du mal à une fille quel qu’elle soit et quoi qu’elle ait fait. Surtout quand ça venait d’un type plus vieux et plus baraqué. C’était lâche de sa part.

Rose releva la tête et ses joues étaient de nouveau rouges. Décidément, cette couleur allait restée avec le temps. En tout cas, ce n’était pas plus mal cela lui allait bien. A quoi pouvait-elle bien pensé ? A quoi ça pensait une fille ? Tant de questions pour un type qui avait vécu quelques années avec la même petite-amie. J’aurais dû avoir les réponses depuis longtemps.

J’étais perdu dans mes questions intérieures quand une de Rose me perturba. Je la regardai droit dans les yeux. Elle était fan, mais je ne savais pas vraiment depuis quand et donc elle ne savait peut-être pas pour Karen… Même si la presse en avait beaucoup parlé pendant un moment.

-Ben…

Encore ce sujet, j’avais l’impression de me répéter à chaque fois que je rencontrais quelqu’un. Quoi qu’il en soit je répondis et ma voix était un peu moins sûre, un peu plus troublée.

-J’ai eu une petite amie… Je sais pas si tu te rappelles de l’actrice Karen Felberbaum… Ben c’était elle… Depuis ce qui c’est passé je n’en ai pas eu d’autres. Enfin pas des fixes je veux dire…

Pendant que j’avais dit cela, j’avais instinctivement commencé à regarder le sol. Chaque question qu’on me posait me renvoyait toujours à elle. Chaque mot, chaque anecdote… Tout… Et c’est maintenant que je m’en rendais compte.

Mais pourquoi avait-elle posé une question aussi stupide et qui, de surcroît, ne la concernait même pas ? Sûrement parce qu'elle-même n'avait plus songé à trouver quelqu'un après ses déboires amoureuses... Elle se souvenait encore de la tignasse brune et des yeux bleus de Matthew, un jeune homme qu'elle avait rencontré à la fac. Il avait les mêmes passions qu'elle et ils s'entendaient parfaitement. Mais il avait été tué, malheureusement, dans un accident de voiture, le lendemain de ses fiançailles... Rose ne s'en était pas remis avant un bon bout de temps.

Son deuxième ex-petit ami, plus original celui-là, se nommait Dave. La jeune femme aimait beaucoup ses extravagances. Elle l'avait rencontré lors de son voyage au Nouveau-Brunswick, d'où il était originaire. C'était un homme plein d'humour et rarement sérieux, qui ne cessait de plaisanter sur tout et sur rien. Il était également un passionné de culture africaine. Et c'est ainsi qu'il mourut dans un attentat en Afrique. Là, Rose oublia sa vie sentimentale pour se concentrer sur sa carrière professionnelle, qui n'était pas brillante non plus.

Elle aurait pu devenir avocate, comme le souhaitait sa mère. Mais elle avait opté pour une voie plus humble, celle de vendeuse de pop-corn. Ce que sa famille n'avait pas apprécié du tout. Heureusement, son père n'était plus là pour lui dicter sa conduite. Il était déjà parti, lui aussi, dans un sommeil sans fin. À ce souvenir, la jeune femme eut les larmes aux yeux. Prête à lâcher les vannes et inonder le sol, elle maîtrisa ses émotions tant bien que mal, détournant la tête pour que Robin ne puisse voir ses larmes. Ah ! Robin, elle l'avait presque oublié, celui-là. Enfin bon.

Il lui parlait de Karen Felberbaum. Si elle en avait déjà entendu parler ? Sûr. Elle voyait vaguement son visage flotter dans sa mémoire. Et soudain, tout s'éclaira. Elle se souvint du jour où un article était paru, d'un certain Amon Quelque-Chose, concernant cette actrice. Une interview, d'après ses souvenirs. C'était plutôt vague, car elle n'y avait pas prêté grande attention. Les médias avaient fait leurs choux gras après le suicide de Felberbaum... Un suicide ? Tiens donc. Mais cette époque était tellement révolue pour Rose qu'elle emmagasina sans rien dire ce que lui disait North. Tout en y faisant attention. C'est ainsi qu'elle apprit que cette femme avait été sa petite amie. Rose resta bloquée sur cette phrase. Littéralement.

Sans prendre le temps de réfléchir, elle tourna de nouveau sa tête vers Robin, qui semblait troublé. Et il avait de quoi, après tout. C'était difficile de perdre un être aimé, surtout quand on avait vécu beaucoup de choses avec cette personne. Rose, peut-être à cause de son instinct, ou tout simplement par humanité, tendit le bras, presque inconsciemment, et saisit les doigts de Robin entre les siens. Tout de suite, elle se rendit compte de son geste, et retira brusquement sa main et la cacha derrière son dos, mais, étrangement, sans rougir une nouvelle fois.

"Hum... Je... Je sais que ça fait de perdre un être cher... Moi-même, je..."

Sa gorge se noua, l'obligeant à s'arrêter. Les larmes revinrent en torrent envahir ses yeux, mais elle contrôla le flot de larme avant qu'il ne puissent couler sur ses joues, à sa grande satisfaction. En inspirant grandement, elle tenta d'apaiser sa conscience, malgré son immense sentiment de culpabilité. Elle pensait que tout était de sa faute. Pour Matthew, pour Dave. Elle n'aurait jamais dû céder à leurs avances, même si elle en aurait été morte de chagrin. Tout ça, c'était fini.

J’avais résumé mon état civil en quelques mots. Oui j’étais célibataire et, oui j’avais du mal à me remettre de la mort de Karen. Mais c’était les causes de sa mort qui me dégoutaient le plus. Un article avait suffi à lui ôter la vie ce qui n’est pas peu dire. Comme quoi notre vie tenait parfois à très peu de chose et Karen en avait été la pauvre victime. Pourquoi elle ?

Et, à mesure que je parlais, je pus voir Rose détourner le regard. A quoi pensait-elle ? A des choses personnelles ? Mon histoire la touchait-elle ? Je n’avais aucune réponse à toute ces questions mais je m’en voulais un peu qu’une simple question m’ai encore mené à parler de ce sujet. Et cela me faisait encore plus mal quand je voyais mon interlocuteur émut. Hors, je ne savais pas vraiment si c’était de l’émotion qui traversait le corps de Rose, mais, en tout cas, ce simple détournement de tête en disait long.

Mais bientôt elle me regarda à nouveau. Je pouvais voir ses yeux bleus en pleine introspection me fixer. Elle prit mes doigts pour les retirer aussitôt. Elle l’avait cachée derrière son dos comme si elle s’infligeait une punition à elle-même, comme si elle voulait mais croyait ne pas pouvoir. Cela me troubla d’autant plus car je ne voulais pas qu’elle se sente gêné, ni qu’elle se retienne.

Elle avait déjà perdu des êtres chers et là, je vis bien qu’elle se retenait de pleurer. Soit c’était récent, soit c’était particulièrement difficile pour elle. En tout cas, mon but aujourd’hui n’était pas de faire pleurer une fille. Je détestais voir une fille pleurer.

-Désolé d’avoir parlé de ça… J’aurais pas dû…

J’aurais dû faire le dur et éviter le sujet, mais j’en étais incapable. Je vis une larme coulé de l’œil de Rose. Une seule larme qu’elle n’avait pu retenir. Je tendis la main pour la recueillir avant de passer mon doigt sur sa joue.

-Chacun à des épreuves difficiles, je suppose. Mais il faut être fort.

Cette phrase était pour elle et pour moi. Mais c’était notre sourire à tous les deux que je voulais revoir.

-Tu veux visiter les studios ?

Cela nous permettrait de marcher et de parler de choses plus simples et moins douloureuses.

La conversation n'était pas inintéressante, bien au contraire, mais ça commençait à mal tourner. C'était elle qui avait commencé avec ses questions stupides, et après c'était Robin qui s'excusait. Alors que tout était de sa faute. Elle se sentait encore plus coupable. Surtout qu'elle avait eu la géniale idée de se mettre presque à pleurer, malgré le fait que l'attention que lui portait le jeune homme n'était pas négligeable. Et maintenant, elle avait une grosse boule dans la gorge.

Qu'est-ce qu'on pouvait penser d'elle... ? Qu'elle était une pauvre fille perdue dans ses propres sentiments, qui vivait avec un chat qui ressemblait plus à une boule de poil miteuse, qui n'avait plus aucun espoir de commencer une vie normale, mais surtout, qui vendait de misérables pop-corn dans le cinéma de L.A. pour un salaire de $9 de l'heure. Finalement, sa vie n'était pas si simple et facile que ça. Même très compliquée, quand on prenait en compte le fait qu'elle avait tout juste de quoi se payer à manger. Bon, elle jetait un peu d'argent par les fenêtres en allant à des concerts, mais, d'après elle, ce n'était pas du temps de perdu.

"Je... Non, c'est ma faute. Excuse-moi."

Elle se rendit compte qu'elle le tutoyait, maintenant. Elle ne savait même plus si elle devait de nouveau dire « vous » ou s'il s'en fichait un peu... Elle n'osa même pas poser la question.

Rose voulait bien être forte, à condition qu'il y ait quelque chose qui la rende plus courageuse. Sinon, ça n'avait aucun intérêt de courir sans but, de son avis. Mais même si les malheurs se succédaient, ça ne servait à rien de se dire qu'il y avait aussi un côté positif à sa vie. Puisque, théoriquement, il n'y en avait pas.

Par expérience, la jeune femme avait appris que vivre, ce n'était pas être confortablement logé, mais surtout s'ouvrir aux autres et être gentille. Ce qu'elle n'avait pas toujours fait. Cependant, elle n'ignorait qu'elle avait certainement un mauvais karma. Elle en était sûre. Et puis rien que le fait de voir que les hommes avec qui elle avait partagé une partie de sa vie n'étaient plus de ce monde rendait les choses très glauques.

"Visiter les studios ?" s'étonna-t-elle. "Bien sûr que je veux, la question ne se pose même pas !"

Emballée par la soudaine proposition de Robin, elle avait tout de suite acceptée... Était-ce par pure curiosité ou bien pour passer plus de temps ensemble... ? De toute manière, c'était inscrit sur sa liste des choses à faire au moins une fois dans sa vie. Visiter les studios... le rêve, quoi.

Je m'étais excusé. Excusé d'avoir fini par parlé de sujets aussi difficiles. J'aurais du juste répondre: je suis célibataire parce que j'ai pas encore trouvé la bonne. Et non pas commencé à dire que ma copine s'était suicidé. Mais c'était plus fort que moi. Il fallait que j'en parle pour pouvoir relâché la pression. Parlé était mon mayen de na pas déprimé.

Rose c'était aussi excusé et je lui souris pour la rassurer. Aucun de nous ne devions s'excusé en fait. Quelque part, parlé de certains malheurs pouvaient, à long terme, être bénéfique. Etre fort, malgré les obstacles, c'était toujours ce que mon père disait. Il m'avait dit que célèbre ou non, la vie n'était rose pour personne. Qu'il y aurais toujours des jours où je pleurerai mais le principal c'est que j'arrive à surpasser mon chagrin pour aller de l'avant. Et c'est ce que je devais faire... Mais je n'y arrivais pas et c'était comme ci, aujourd'hui, j'avais rencontré quelqu'un dans le même cas. Les larmes de Rose me prouvaient qu'elle aussi avait du mal à passer au dessus de certaines choses.

Et pour commencer, ce changé les idées était un bonne solution. Et quoi de mieux pour un fan que de visiter les studios d'Hollywood. C'était, en tout cas, l'idée que je proposa à Rose. Et, enthousiaste, elle accepta.

-D'accord! Suis-moi, je suis sûr que tu vas aimé!

On se dirigea vers l'entrée où se trouvaient des gardes. Je nous fis entré tout les deux en leur certifiant qu'elle était avec moi. Une fois à l'intérieur je commençai la visite.

-Je vais d'abord te montrer le plateau où on tourne en ce moment.

On se dirigea vers le lieu en question. Comme je tournais une série médiévale, il y avait beaucoup de décors divers et des armes plus fausses que nature.

-Je suis entrain de tourner une série médiévale. Avec plein de combats et tout et tout. Le genre de tournage bien crevant.

Je lui souriais attendants ses impressions.

Tout d'un coup, tout sembla s'éclairer : la journée et le visage de Rose. Comme une lanterne qu'on allume au bout du chemin, en pleine nuit, sur une route cabossée où l'on risque de tomber à chaque pas. Ses yeux s'illuminant d'enthousiasme, la jeune femme suivit Robin vers l'entrée, où se tenaient deux hommes taillés comme une armoire à glace. Cependant, ils la laissèrent pénétrer à l'intérieur à la suite de North, un peu méfiants quand même. Rose les rassura d'un sourire. Elle n'avait quand même pas une bombe cachée dans sa poche. Mais on était jamais assez prudent.

Elle ouvrit des yeux ronds lorsqu'elle aperçut le plateau où il tournait en ce moment. Éberluée, Rose s'arrêta, la bouche grande ouverte. Elle n'avait jamais eu la chance de visiter les studios, mais c'était quelque chose. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi impressionnant. C'était comme dans un rêve. Elle marchait entre les différents décors, découvrant sans cesse de nouveaux accessoires...

"C'est... C'est génial !" murmura-t-elle.

Il fallait avoir vachement de mérite pour tourner un film à Hollywood. Mérite qu'elle n'aurait jamais... Et puis, en effet, ça devait être vraiment épuisant de tourner des scènes de combat. Mais heureusement aussi, il y avait des cascadeurs, dans les situations dangereuses. On ne pensait jamais aux cascadeurs, alors qu'ils faisaient partie intégrante d'un film. On se centrait surtout sur les acteurs, on leur faisait leur caprices – pas à tout, évidemment – mais surtout, on oubliait ce que pouvaient penser les cascadeurs... Mais comme elle n'était jamais allée sur un plateau de tournage, elle n'en savait pas grand-chose en fin de compte. Elle s'étonna même de sa déduction.

"Mais vous n'êtes jamais découragé lorsqu'un tournage se passe mal ? Par exemple quand il a un acteur manquant, ou un incident ?" demanda innocemment Rose.

Elle avait du mal à comprendre que nul n'était irremplaçable, parce que pour elle, la personnalité d'un personnage allait souvent de paire avec le choix d'un acteur... Mais, encore une fois, comme elle n'y connaissait rien, elle ne fit pas part de ses remarques.

Elle avait toujours rêvé de pouvoir poser autant de questions qu'elle le voulait sur un sujet qui la passionnait. Là, elle n'était pas sûre qu'elle pourrait s'informer de tout ce qu'elle voulait savoir, mais autant tenter sa chance et en apprendre le plus possible sur le milieu du cinéma. Elle se dit que si elle avait été actrice, elle-même, elle aurait bien été piètre.

Pourquoi j'avais fais acteur? Parce que mon destin avait été tracé des la naissances, parce que j'étais né là-dedans. Mais c'est quand je vis le visage de Rose s'illuminé quand je lui proposai de visiter les studios que je me disais que je ne m'étais pas trompé de métier. Je lui vendais du rêve à cette jeune fille et c'était une expérience géniale.

On entra dans les studios. Le plateau c'était toujours le plus impressionnant surtout quand on tournais des chose sun peu "hors du commum". Quelque chose d'irréel. Et c'était un peu ce que j'étais entrain de tournée en ce moment. Les film médiévaux avaient toujours du succès mais ils en avaient encore plus quand il y avait une touche de fantastique dedans. J'avais tout de suite été séduit par le scénario en tout cas et j'étais sûr que le résultat allait être très bon.

"C'est génial". Et je pouvais voir que Rose était émerveillée. Je souris devant sa visage radieux. Je lui expliquai qu'on avait beaucoup de scènes de combat à tourner et que c'était épuisant. Et pourtant, certains diront que ce n'est pas ça le plus difficile à tourner. Parfois, un scène peut-être fixe, mais l'émotion qu'elle dégage peu crever certains acteur. Plus encore qu'une scène de guerre. Tout dépends de la tension en fait.

Et Rose commença à poser ses questions. Cela me faisait vraiment plaisir d'y répondre parce qu'elle était vraiment interressée par le sujet.

-Cela arrive dans presque chaque film. Parfois des acteurs manquent à l'appelle pour maladie ou pour une blessure quelconque. Dans ce cas là on attends. Il n'y a que ça à faire... Parfois, des cascadeur se plantent ou même des acteurs. Mais on est une équipe, on s'entraide, on se soutiens. Donc non, moi je ne me suis jamais sentis décourager. Les films finissent toujours par sortir même s'ils ont du retard. Je pense que c'est plutôt la production qui angoisse lorsque ce genre d'incident arrive.

Je lui répondais sans tabou et avec mes propres expériences. Evidemment un acteur n'était pas l'autre et chacun ressentait les choses différemment.

-On va voir ma loge? Sauf si tu as d'autres questions.

Je lui fis un clin d'oeil. J'étais prêt à répondre à toutes ses questions et à aller où elle le voulait.

Décidément, c'était Noël avant l'heure. Rose avait l'impression d'être une gamine à qui on avait offert une montagne de cadeaux. Des cadeaux qui, même s'ils seraient juste des souvenirs, qu'elle n'oublierait jamais. Et, de toute manière, si elle devait les oublier un jour, elle serait devenue vieille... Trop vieille, justement, pour se remémorer ce genre de choses.

Tout en écoutant l'explication de Robin, elle jetait des coups d’œil autour d'elle, après avoir remarqué que le jeune homme paraissait content de la rendre heureuse. Il paraissait sûr de lui. Apparemment, vivre un tournage paraissait agréable. C'étaient des heures passées ensemble, à recommencer des scènes de nombreuses fois, à se mettre parfois à rire sans raison, ou à s'épuiser, mais tout ça, ça n'était jamais seul...

Rose n'arrivait jamais à organiser correctement ses pensées. Elle voulait toujours dire tout ce qu'elle pensait, mais ça allait tellement vite qu'il lui arrivait, parfois, de ne plus pouvoir suivre ce qu'elle racontait. Et, dans ce cas précis, mille questions tournoyaient sans cesse dans son esprit. Cependant, à chaque fois qu'elle voulait en poser une, elle se disait que c'était trop ridicule, qu'elle aurait dû savoir ça. Après un moment d'indécision, elle accepta de se rendre à la loge de Robin, et avec un grand sourire, s'il vous plaît.

En vérité, et comme la plupart des gens « normaux » à Los Angeles, Rose n'avait jamais visité quelque loge que ce soit. Elle n'avait jamais entretenu de lien particulier avec quelconque star, et, de ce fait, ne connaissait rien à leur train-train quotidien. Leur vie devait être un peu comme tout le monde, mais avec les paparazzis et la célébrité en plus. Ça devait être horrible, en fait.

Horrible de se retrouver devant une horde de fans hystériques, de devoir semer les journalistes lorsqu'ils devenaient un peu trop curieux... Rose ne regrettait rien de sa maigre vie, en fait. Et même, à y réfléchir encore plus, elle préférait passer son temps libre sur son canapé que sur une scène. En plus, il fallait faire face au stress... Non, le métier d'acteur ou de chanteur n'aurait pas été très concluant avec elle.

La jeune femme suivit Robin, toute contente, de nouveau, vers sa loge. Elle était tellement émerveillée qu'elle ne retint même pas le chemin qu'ils avaient emprunté. Elle n'avait jamais été aussi emballée de sa vie... La porte de la loge de North portait son nom. Rose n'osa pas pousser elle-même la porte, mais lorsque ce fut le jeune homme qui le fit, elle était tellement impatiente qu'elle glissa sa tête dans l'ouverture. Ç’aurait pu être cocasse... si elle ne s'était pas affalée de tout son long dans une plainte après avoir glissé pour une raison inconnue... C'étaient peut-être ses chaussures. Ou le sol. De toute façon, ce n'était pas le moment de se poser la question.

La visite faisait très plaisir à Rose. Elle ne le disait pas concrètement mais ça se voyais. Par contre ce qui m'étais totalement inconnu, c'était les idées, les questions, les sentiments qui se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Pensait-elle à comment on tournait concrètement un film? Au travail que devait fournir les acteurs? Au scénario de cette fameuse série que j'étais entrain de tourner et dont je devais garder secret chaque ligne de texte avant qu'il ne sorte à la télévision? Ou alors elle pensait juste à l'instant présent et à ce qu'il lui restait à voir dans cet endroit magique. Magique pour elle, parce que moi, ici, ça n'avait rien de magique. Ca ne l'avait jamais été. Depuis tout petit je voyais ce genre d'endroit, c'était comme ma seconde maison. Et personne ne rêve de sa propre maison, n'est-ce pas?

Le plateau visité et après ma réponse à la question de Rose je lui proposa d'aller voir ma loge. Elle n'avait rien de bien excceptionnel ma loge mais les fans aimaient bien voir dans quel endroit les acteurs pouvaient se reposer, quel décoration il pouvait bien avoir sur les murs et quel désordre il pouvait bien régner dans la pièce. Je pense que c'est une manière pour les fans de voir que les acteurs ne sont pas si différent qu'eux au fond. Tous humains, tous les mêmes besoins au fond.

Rose n'émis aucune objection et donc je passai devant pour lui montrer le chemin. C'était pas très loin du plateau à quelques couloirs près. Des couloirs remplis d'affiches de cette fameuse série. J'en étais pas le héros. C'est le genre de série où il n'y a pas de héros. Après un petite marche de même pas une minute, on arriva devant la porte de ma loge. Mon nom était marqué dessus en grand. Comme si j'étais con assez pour me tromper... J'ouvris la porte et Rose passa sa tête dans l'ouverture avant de... Se planter. C'est allé tellement vite que je n'ai rien pu faire. Elle s'étala de tout son long sur le sol. Elle avait glissé sans doute. Je fis ni une ni deux et je l'aidai à se relever le plus délicatement possible.

-Rose, ça va? Comment t'as réussi ton coup?

Je ne rigolai pas vraiment parce que ce genre de chute pouvait faire très mal. Une fois la jeune femme debout, je continuai de la tenir le temps qu'elle reprenne son équilibre.

-Hé ben, on peut dire que c'était une sacré cascade. La prod' devrait t'engager.

Fallait que je la remette à l'aise... Je savais que les filles n'aimaient pas trop tomber au sol sans raison et, de surcroit, devant leurs idoles.

Rose ne s'était pas vraiment fait mal, mais elle était sacrément ébranlée. Elle ne s'y attendait pas, et tout s'était passé si vite... C'est aussi quand elle sentit Robin l'aider à se relever qu'elle eut une réaction plutôt surprenante. Elle sourit légèrement à sa remarque, bien qu'elle n'écoutât pas vraiment. Elle fixait plutôt les yeux de Robin avec une insistance désarmante. Se contentant de ravaler sa salive, elle n'écouta même pas sa seconde phrase.

Et alors, sans vraiment y penser – mais surtout parce que c'était irrésistible – elle se mit sur la point des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Robin. Surprise elle-même par son geste, elle rougit violemment. Elle venait de faire la plus grosse connerie de toute sa vie. Elle, Rose, vendeuse de pop-corn, venait d'embrasser un acteur célèbre, juste devant sa loge.

Ça n'était pas son genre. Mais alors, pas du tout. Elle avait l'impression d'être l'héroïne d'un mauvais film, et elle se trouvait dans une situation des plus embarrassantes. Elle se disait que ça n'était pas grave, qu'ils l'oublieraient tous les deux ; mais au fond d'elle, elle ne voulait pas oublier. Elle ne voulait pas que sa vie soit comme avant. Alors elle avait tenté le tout pour le tout.

C'était à Robin de décider la suite de son histoire. Si il la repoussait... Rose se sentirait mal, très mal. Mais elle avait toujours une lueur d'espoir dans ses yeux, elle n'avait rien à perde, et elle avait tenté le tout pour le tout...

"Excuse-moi..." articula-t-elle quand même.

Elle se défit de l'étreinte de Robin et lui jeta un regard chargé d'excuses – mais aussi peut-être de reproches... Elle voulut faire demi-tour et garder le silence, mais c'était plus fort qu'elle, elle restait bien ancrée sur ses pieds, à contempler quelque chose qu'elle ne voyait pas. Elle tenta de s'expliquer, mais ce ne fut qu'un borborygme qui sortit de sa gorge. Dans un accès de misanthropie, elle souhaita mourir sur-le-champ, là, aux pieds de North. Mais elle ne pouvait pas.

Elle devait, comme l'avait dit Robin, être forte. Même s'il prenait mal son geste. Même si ça n'avait aucun sens... Mais, tout compte fait, s'il n'était pas venu vers elle, elle, était venue vers lui.

Elle me regardait intensément avec ses yeux bleus. Je n'avais aucune idée de ce qui lui passait par la tête mais son sourire me disait qu'elle n'avait pas mal vécu sa chute et c'était déjà un très bonne chose. Cela aurait été dommage qu'elle rougisse à nouveau pour une simple chute. J'espère quand même qu'elle ne s'était pas fait trop mal.

Alors que je m'attendais à un "non, non, ça va" de sa part, j'obtins autre chose. Quelque chose dont je ne m'attendais pas du tout dans une telle situation. Elle déposa ses lèvres sur les miennes. Je ne bougea pas, la laissant aller jusqu'au bout de son intention appréciant, tout de même le moment.

Le baisé brisé, elle rougit à nouveau. Pas à cause de la chute comme je l'avais crains précédemment, mais à cause de son propre geste à mon égard. Moi, dans un premier temps, c'était un regard surpris avec lequel je la regardais sans dire le moindre mot. Une chose était sûr, Rose avait du courage. Beaucoup de courage. Peu de fan en était venu jusqu'à m'embrasser sans me le demander.

La jeune femme s'excusa. Elle était toute honteuse tout d'un coup. Comme si elle regrettait son geste. Pourquoi avait-elle fait ça? Pour tenter sa chance ou bien sur un coup de tête. J'étais incapable de le savoir et, l'etonnement passé, je lui souris passant mes doigts sur sa joue.

-T'es une fille pleine de surprise, comme je vois. T'as pas à t'excuser. C'était plutôt bien réussi.

Je lui fis un clin d'oeil pour faire passer la honte qui semblait la ronger. Parce qu'elle avait, en ce moment, la tête d'un fille qui n'a pas du tout envie d'être là. Or, son geste n'avait rien de grave, c'était même plutôt agréable. J'étais un mec comme un autre après tout, j'appréciai les bonnes choses.

-On entre?

Je la laissa entrer dans ma loge où on pouvais voir surtout des photos de ma famille. Ma mère, mon père. Ici, aucune photo de Karen. J'avais eu le courage de faire dégager les photos de ma défunte copine de mon lieu de travail. C'était déjà un grand pas. Il y avait un bureau, un garde robe avec mes costumes et un lit pour me reposer quand les journées s'éternisaient. Je fermai la porte derrière nous regardant la jeune fille.

-C'est ici que je me repose, que je relis mes textes, que j'apprends mes textes quand je les ais pas étudier et que je joue à la console quand je m'ennuie.

Un gars comme les autres, comme je le disais.

Rose garda le silence. Elle décelait de la surprise, beaucoup de surprise, dans le regard de Robin. C'était vrai que c'était un peu inattendu. Surtout qu'elle n'était pas le genre de fille à tenter ce genre d'expérience.

Mais c'était tellement agréable et elle n'avait pas fait ça depuis si longtemps... Elle préféra ne pas réagir quand le jeune homme caressa sa joue. À quoi bon ? Elle avait fait un choix, et elle était sûre que c'était le bon. Elle n'avait pas de mauvaises intentions, elle était juste un peu en manque.

Et au moins, elle était fixée : Robin n'était pas réticent. Il fallait qu'elle change de vie. Qu'elle cesse de se considérer comme une vieille fille sans espoir, sinon elle allait vraiment finir par le devenir. À 27 ans, on était pas si vieille que ça... Et plus d'un homme l'avaient déjà trouvée jolie.

Même pour un soir, pour une nuit, elle pourrait enfin ouvrir la porte de son appartement. Elle se souvenait que, durant ses années folles, elle aimait bien rentrer avec un homme à la maison. Mais ça, c'était avant de rencontrer Matthew, puis Dave... et avant de rencontrer Robin. Rose chassa ces souvenirs de sa mémoire et se contenta de hocher la tête.

Elle entra dans la loge, avec plus de réserve, mais ne put s'empêcher de jeter de furtifs coups d’œil un peu partout. Le mobilier était constitué d'une garde-robe, d'un bureau, et d'un lit. Il y avait quelques photos de famille çà et là, rien de plus. La jeune femme s'approcha d'une photo où elle devinait Robin enfant, entouré de ce qui semblaient être ses parents. Elle eut un imperceptible sourire. Il n'avait vraiment pas changé.

"C'est joli." lâcha-t-elle laconiquement au bout d'un moment.

Elle venait de tout gâcher, et maintenant, c'était sa faute si elle était à court de mots. Elle aurait pu s'égayer et avoir l'air plus enthousiaste, mais c'était plus fort qu'elle. Une lieur pittoresque s'alluma dans ses yeux. Elle avait l'impression d'être nulle. Elle se mordit la lèvre pour empêcher des sanglots soudains de couler.

Elle ne voulait plus pleurer. Elle ne voulait pas ressembler à la petite fille coincée, qui délirait totalement en présence d'un acteur, et qui ne faisait jamais ce qu'il fallait. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais la referma aussitôt. À quoi bon s'éterniser...

Et, comme si elle attendait quelque chose, elle se sentit s'asseoir sur le lit, mal à l'aise.

Malgré mes marques d'affection et mes paroles rassurantes, j'avais l'impression que Rose restait sur son geste précédent. Et que ça la torturait de l'intérieur. Les filles se posaient souvent mille questions. Cela ne m'étonnait pas qu'elles soient si compliquées dans ce cas-là. Karen elle-même s'en posait beaucoup. Peut-être même trop, mais pas autant que Rose.

J'espérai qu'une petite visite de ma loge règlerait son combat intérieur. Après tout, on était là pour passer du bon temps. On entra dans ma loge sobrement décorée. Il y avait des photos de moi enfants, de simples photos où on me voyait avec mes parents. C'est cette photo-là que Rose regardait et cela lui arracha un sourire. Enfin, elle sourait, je ne l'avait plus vu sourire depuis ce fameux baisé. Cela faisait plaisir à voir même si ça restait timide. Elle trouvait ça joli.

-Merci. C'est les meilleures photos qu'il y a de moi quand j'étais jeune.

C'était surtout celle qui me rappelait mes meilleures souvenirs. Je n'avais pas à me plaindre de mes parents. Il avaient toujours tout fait pour moi et même trop. J'étais fils unique et je ne m'en étais jamais plaint. J'avais tout ce que je voulais et ils m'ont toujours soutenus dans tous ce que je faisais ou voulais faire. Le seul bémol était leur travail. Ils travaillaient beaucoup et n'avait parfois pas de temps à me consacrer. Mais je ne leur en voulait pas vraiment pour ça.

Je regardais nostalgiquement certaines photos avant de me rendre compte que cela faisait un moment que Rose ne parlait plus. Je me rentournai vers elle quand elle s'assit sur le lit. Ses yeux était comme mouillé et elle se mordait la lèvre inférieur. Je la regarda d'un air perplexe. Mais que lui arrivait-il? Je n'en avais vraiment aucune idée comme si je n'avais plus mon décodeur de sentiment de filles sur moi. C'était bien ma veine.

Je vins m'asseoir à ses côtés passant mon bras autour de ses épaules d'une manière protectrice. De quoi la rassurer je l'espérais, mais aussi de quoi la mettre en confiance pour qu'elle m'explique pourquoi elle semblait si triste et mal à l'aise.

-Qu'est-ce qui ne va pas, Rose? C'est ce baisé qui te ronge à ce point-là?

Car si c'était bien ça, il n'y avait pas de quoi s'en faire. Et si c'était autre chose j'allais faire de mon mieux pour l'aider.