Je me garai juste derrière le car des roadies que j'avais suivi pendant tout le trajet depuis Los Angeles jusqu'à Vegas. On était arrivé devant l'hotel Dune où les deux groupes allaient loger ainsi que les roadies et quelques groupies sélectionnées par les maisons de disque et les groupes eux-mêmes.

Comme lors de la première tournée, j'avais suivi avec mon Impala parce qu'elle était un peu ma maison, même si j'avais un appartement. C'était tout ce que j'avais gardé de ma vie d'avant, quand mon père était encore en vie et même pour une journée, j'avais du mal à m'en séparer. Alors pas question de voyager en car pendant la tournée. En plus, il y avait tous mes affaires dedans. J'aurais clairement pu dormir dedans, si je voulais. Mais je n'étais pas aussi antisocial et je comptais bien profiter de l'ambiance de la tournée.

Je sortis de l'Impala alors que les premiers roadies et groupies descendaient du bus. Tout le monde était de bonne humeur, complètement surexcité. Il fallait dire qu'on faisait partie des rares personnes au monde qui allait partager l'expérience de cette tournée avec l'un des groupes les plus connu au monde ! J'eus une petite pensée pour mon ami Delfino qui n'avait pas oser me suivre, par obligation et aussi parce que malheureusement pour lui, sa première rencontre avec son idole Billy Lighter avait eu lieu dans des conditions à la con...

Mes affaires étant bien rangées dans ma voiture, j'avais largement le temps d'aller aider les autres à porter leurs trucs dans leur chambre avant de m'occuper de moi. J'allais partager une chambre avec deux autres raodies super sympa. J'aurais bien aimer aussi être dans la même chambre que Liam Taylor, mais lui avait une chambre attenante à la suite occupée par Billy, vu qu'il était son garde du corps.

Pas grave, on allait avoir l'occasion de se voir bien des fois pendant les mois qui allaient suivre.

Je m'approchai du car, saluai les roadies que j'avais pas vu avant de démarrer, puis tombai sur la belle Marilyn... Une femme très jolie, avec un visage atypique et mystérieuse... Mais j'avais un doute. J'étais pas totalement con et surtout, j'étais très ouvert. Je doutais que la belle ait toujours été une belle,  mais au final, ça n'avait pas vraiment d'importance qu'elle soit un homme ou une femme. Physiquement je veux dire. Parce qu'au fond d'elle, elle était clairement une femme.

Comme je l'avais vue apparaître en haut des escaliers du bus, je lui tendis la main galamment pour l'aider à descendre comme si elle était une grande dame. Je savais pour l'avoir déjà croiser quelques fois et avoir un peu discuter avec elle, que ça allait probablement lui faire piquer un phare, autre caractéristique qui me disait qu'elle avait un problème avec elle même sans être sûr de ce que c'était. Mais bon, j'étais comme ça... Et pas seulement avec les femmes que je voulais draguer. J'aurais fait ça avec ma meilleure amie, avec une vieille dame sympa... Et aussi avec Liam, mais seulement pour déconner, évidemment !

-Salut Marilyn ! Content de te voir.

Je restais le bras tendus vers elle, attendant qu'elle me prenne la main.

-Allez, c'est bon, soit pas timide.

Je lui souris. J'étais vraiment pas un danger pour elle, qui qu'elle soit au fond. Je voulais juste être sympa et la faire se sentir importante. Parce que son humilité le méritait.  

Bien que j'eut emprunté le bus de la tournée avec quelques privilégiées, je n'avais rien fait pour me faire remarquer, restant dans le fond pendant tout le voyage. Je n'y était pas pour frimer, glousser, me battre pour savoir "qui est à qui" par rapport aux membres du groupe, mais surtout parce que pour être honnête, je n'avais pas les moyens pour me payer trente six milles aller retours. En effet, je devais rentrer à L.A après ce concert, et je ne savais pas si je pourrait être là au prochain, bien que j'allais essayer du mieux possible. Je devais déjà prendre le bus pour rentrer à L.A par la suite et mes autres trajets allaient se faire sans le groupe et les roadies. Alors autant en profiter, c'était sûrement la seule fois ou j'allais me retrouver dans le bus avec tout le monde.

Je me levais quand ce dernier s'arrêtais à destination, laissant passer tout le monde devant moi pour éviter de me faire bousculer ou de devoir le faire. Je ne dormais pas à l'hôtel proposé, ça me gênait un peu tant il était luxueux , et puis ça me gênait énormément qu'on puisse savoir où était ma chambre, ne sait-on jamais. Les visites innatendues dans des endroits ou je me retrouvais nue forcément au moins une fois ne me plaisaient jamais. De plus, je partais peu après le concert pour L.A, je n'avais pas réussi à  avoir beaucoup de congés. Je comptais utiliser les autres pour les concerts à venir si possible plutôt que d'en gâcher pour un jour à faire le voyage dans le bus . Si je faisais ça, je ne pourrais pas aller à autant de concerts que ce que je souhaiterais.

Tout le monde étant descendu, je pointais le bout de mon nez en haut des portes du bus, plissant les yeux et fronçant le nez, le soleil qui se reflétait sur les vitres de l'hôtel me venant dans la figure. Je traînais ma valise derrière moi, une petite valise car je ne restais pas longtemps, mon sac en cuir sur l'épaule.

Je ne te voyais pas tout de suite, aveuglée, et sursautais légèrement à ta salutation avant de t'offrir un petit sourire timide, baissant mon regard vers toi. Je te croisais souvent, mais j'étais toujours comme ça, surtout avec les hommes. Je n'arrivais pas à m'ouvrir vraiment aux autres facilement, j'avais toujours cette peur d'être déçue, qu'on découvre mon secret et qu'on me rejette. Si je ne m'attachais pas ou si je ne m'approchais pas trop des gens, ça m'évitais ce genre de scénarios catastrophes. Pourtant je t'aimais bien, tu était quelqu'un qui inspirais confiance. Mais ça aussi, je m'en méfiais, paranoïaque. Enfin, je me méfiais plutôt de moi même, sur ce coup là. Comme tu était sympa , poli et que justement tu inspirais confiance, je savais très bien que j'avais plus de risques de te confier mon secret. Et ça, c'était pas bon. J'avais pris l'habitude de me dire que je dégoûtais tout le monde pour ne pas être déçue des gens. Après tout, c'était déjà moins horrible que de se dire de quelqu'un qu'il allait m'accepter, alors que non, si jamais mon secret était découvert.


- Salut Abel.


Ma voix était très faible , car j'avais passé un moment sans parler depuis que j'étais montée dans le bus, mais pour te montrer que j'allais bien et que ce n'était pas à cause d'un mal-être ou parce que je n'étais pas heureuse de te voir, je t'offrais un sourire un peu plus grand. En voyant que tu me tendais la main, en effet, je piquais un fard. Quand quelqu'un faisait ce genre de gestes vers ma personne j'avais l'impression que tout le monde me regardais soudainement, ça me gênais. Mais bien sûr ce n'était que dans ma tête. A part toi, personne ne faisait attention à la frêle blonde qui venait de sortir en dernière du bus.

A ta remarque, je levais les yeux au ciel, reprenant contenance et osait attraper ta main, délicatement, sans trop serrer, de peur de rester coincée avec ma main dans la tienne. Je comptais bien la lâcher rapidement une fois en bas, car les contacts physiques prolongés me gênaient, me donnant l'impression que l'autre personne allait se rendre compte dans cette boule d'androgynité qui me sauvait la vie, il y avait des petits détails encore masculins. J'attrapais donc ta main, descendant la marche avant de ramener la valise à mes pieds, passant ma main libre dans mes cheveux qui étaient tombés devant ma figure à mon petit bond pour descendre du bus. Je lâchais ta main rapidement par la suite, te regardant avec un léger sourire amusé. J'étais tout de même heureuse d'être là, très heureuse même. J'avais hâte d'être au concert.


- Ce geste de galanterie, je veux bien, mais si tu commence à m'appeler Princesse je te fais manger mes chaussures. Et c'est des Doc. Martens, donc ça va être un peu dur à mâcher!


Je plissais légèrement les yeux avec malice, un petit sourire en coin aux lèvres, plaçant, dans ma bonne humeur, cette petite boutade. J'étais plutôt à l'aise, quoi que l'on puisse en penser. Enfin, plus que dans la vie courante, ça c'était sûr.

Le sourire de Marilyn s'agrandit en me voyant. Ce genre de réaction faisait toujours plaisir! Cependant, il fallut que j'insiste un peu pour qu'elle daignes accepter le geste de galanterie que je lui offrais. Je savais pour sa timidité, sa pudeur et tout ça, bien que je n'en comprenais pas tout à fait les raisons. Et j'aimais bien la bousculer doucement, la forcer à endurcir son caractère, mais en douceur. Elle méritait, gentille comme elle était, de pouvoir s'affirmer un peu. Il fallait qu'elle dépasse sa peur.

Finalement, je sentis sa main se poser dans la mienne et je l'aidai à descendre du bus. Je rigolai quand elle me prévint je j'allais bouffer ses chaussures si j'allais trop loin...

-Ben voilà ! Directement des menaces... C'est pas gentil, ça...

Au moins, elle souriait. Je l'avais déjà vue de moins bonne humeur, comme triste... Mais impossible de savoir comment la réconforter d'autant qu'à cette époque, on ne se connaissait pas encore aussi bien que maintenant. Oh, je ne dis pas qu'on était réellement amis, pas encore... Marilyn était bien trop timide et avait tendance à rester dans son coin. Et moi, comme je travaillais, j'avais pas le temps de faire la démarche d'aller vers elle.

Quoi que... Là, maintenant, j'avais un peu le temps.

-Allez... Je vais t'aider, même si t'as pas grand chose.

Je pris sa petite valise, lui laissant seulement son sac à main. Mon père m'avait appris qu'il n'y avait rien de plus précieux pour une femme, au niveau matériel, que son sac à main. Et aussi que plus petit était le sac, plus elles arrivaient à caser un tas de trucs dedans.

-T'as quelle chambre ?

Je ne savais pas que Marilyn ne restait pas au Dune. Mais j'avais de bonnes raisons de le penser parce qu'en général, ceux qui étaient dans le bus des roadies, que ce soient effectivement des roadies, comme moi, ou des groupies, avaient les places de concert et l'hôtel payé par les maisons de disques.

Alors qu'on discutait Marilyn et moi, certains roadies venaient m'aborder, pour me serrer la main, d'autres me sautaient carrément sur le dos, me prenant par surprise. Mais non, les gars... Quoi qu'ils me proposaient, je leur annonçais que j'allais d'abord aider la demoiselle à s'installer. Evidemment, ils me prenaient pour un incorrigible dragueur. Mais non, j'étais juste serviable et puis ça me perturbais de voir Marilyn toujours toute seule...

Je lui posai d'ailleurs la question.

-La plupart des groupies viennent aux concerts entre copines... Tes copines aiment pas The Lightening ?

J'avais levé les yeux au ciel quand tu avait plaisanté sur mes soit disantes menaces, gardant tout de même un petit sourire sur mes lèvres, n'ajoutant rien. Pour moi il n'y avait pas grand chose à ajouter vu que je savais bien que tu n'était pas sérieux et que tu ne l'avais pas mal pris. Quand tu proposait ton aide , j'haussais les sourcils en ayant un petit geste pour t'en empêcher, ne voulant pas t'embêter comme tu avait sûrement beaucoup à faire avant le concert.


- Oh n..!


Mais c'était trop tard, tu avait pris ma valise. Je levais de nouveau les yeux au ciel en soufflant , passant une main dans mes cheveux alors que mon autre main remettait correctement mon sac à main sur mon épaule. Je finissais tout de même par te sourire un peu, résignée, sachant très bien que c'était foutu, tu allait m'aider quoi que je dise. Autant en profiter.


- Ok, merci..


Je pinçais légèrement mes lèvres quand tu me demandais la chambre dans laquelle j'allais être installée. Mon hôtel était à quelques pas de celui là, discret, dans l'ombre d'un autre batiment et c'était un petit hôtel miteux, vu que je gardais mon argent pour les concerts en eux mêmes et surtout pour mon opération. Et putain, j'étais loin d'avoir assez, pour l'instant, alors heureusement que je mettais de côté!


-Hm, je reste pas dans cet hôtel. La nuit ça va être un peu bruyant et puis je trouve ça limite flippant de rester à côté des chambres des artistes. A leurs place je flipperais un peu, quand même. J'veux dire, y'en a qui sont un peu folles, dans leurs genre.


D'autres roadies approchaient pour te taper la discute ou te sauter dessus et je m'arrêtais de parler, les regardant avec méfiance malgré moi, et leurs adressant un petit sourire pincé quand ils croisaient mon regard, gênée. Ca se voyait directement qu'ils pensaient que tu était en train de me draguer et que moi, je n'étais qu'une simple groupie un peu folle et en manque d'amour qui était facile à avoir dans son lit. Mais bon, ça allait, je savais très bien que ce n'étais pas le cas, loin de là, et que je pouvais te faire quand même confiance, que ce n'était pas ton  but. Sinon c'est clair que tu aurait été un peu plus direct dans tes intentions depuis le temps qu'on se croisait.
C'est d'ailleurs pour ça que je te laissais malgré tout m'escorter jusqu'à ma chambre d'hôtel. Je savais très bien que tu n'allait pas t'y glisser comme un voleur par curiosité quand je sortais de la douche, ça ne te ressemblais pas. Par contre certains autres roadies avaient la tête à faire ça, et ils avaient dû me voir assez de fois pour me remarquer, c'est donc pour ça que je ne dormais pas dans cet hôtel, en plus du bordel constant et des filles flippantes.


A ta question, je baissais les yeux en grimaçant légèrement, secouant la tête .


- Nan.. J'ai pas vraiment de copines.


En même temps depuis l'incident avec mon ancienne meilleure amie, je n'en voulais plus, de copines. Et j'avais peur qu'elles me prennent en pitié si jamais elles ne me prenaient pas pour un "mec différent" ou si elles ne m'insultaient pas avec un air dégoûté en me disant que Dieu n'était pas d'accord. Ouais, ça il y en avait beaucoup. Et je ne me sentais pas à ma place au milieu de "vraies" filles. J'avais toujours l'impression d'être "moins" qu'elle. Même si ce n'était vrai que physiquement.

Quoi que Marilyn allait pouvoir dire, j'allais l'aider. Bien que je ne la connaissais pas tout à fait bien, je savais qu'elle préférait qu'on ne s'occupe pas d'elle, qu'on l'oublie, plutôt que de laisser les autres l'approcher. Je l'avais vue faire avec plusieurs roadies qui lui avaient fait des avances. Et pas spécialement des avances de gros lourds, hein. Non, juste des gars qui lui proposaient d'aller boire un café avec eux. En ayant une idée derrière la tête, d'accord, mais c'était juste des gars un peu amoureux, quoi, rien de bien dangereux.

Et chaque fois, je l'avais vue littéralement fuir devant ces avances. Et chaque fois, ça m'avait interpellé. Qu'est-ce que cette jeune femme foutait en tant que groupie si elle avait si peur de ce qui pouvait arriver ? Je pouvais admettre qu'elle soit vraiment très fan de musique et c'était tout à son honneur... Mais sincèrement, quelle femme n'avait pas envie d'attirer le regard des hommes sur elle ? D'autant que Marilyn était très soignée, souvent même classe sans être vulgaire. Bref, elle attirait l’œil. Et puis c'était comme si quelque chose bloquait.

Comme une voiture magnifique où il y aurait une seule pièce qui ferait foirer tout le moteur. Pour parler de ce que je connaissais...

Et donc, bien qu'elle faisait des gestes pour refuser mon aide, je ne lui laissai pas vraiment le choix. J'étais pas vraiment le genre brusque. Mais j'avais l'impression que la pousser un peu lui ferait pas de mal. Elle allait s'emmerder en tournée, sinon.

Elle finit par me remercier. Je lui souris.

-Allez, je vais pas te bouffer, ni te draguer si ça peut te rassurer. J'ai trop de boulot pour avoir une copine...

C'était pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai non plus. J'aurais pu, si j'avais daigné faire un effort. Mais j'étais pas encore assez grand pour préféré les femmes au voitures, apparemment. Bien qu'en fait, c'était plutôt l'attitude que ma mère avait eu envers mon père qui faisait que je n'avais pas envie de laisser entrer une femme dans ma vie.

Je demandai à Marilyn où était sa chambre et elle m'annonça qu'elle ne restait pas au Dune. Elle me sortit une théorie comme quoi c'était flippant de dormir tout près des artistes. Encore un truc qui me fit froncer les sourcils. Mais je gardais mes questions pour moi pour l'instant... Pour lui demander si elle avait pas des copines pour voyager avec elle. Elle m'affirma que non. Encore quelque chose de très étrange.

Je laissai la conversation en suspend deux secondes.

-On va y aller avec l'Impala, à ton hôtel. Ce sera plus cool.

Je me dirigeai vers la voiture et ouvrit la portière arrière pour y déposer la petite valise de Marilyn. J'aimais montrer ma voiture à tout le monde et surtout la conduire. Même si c'était pour 500 mètres.

J'ouvris la portière côté passager avant à la jeune femme et me mis à ma place une fois qu'elle fut installée. Je mis le moteur en route et démarrai avant de reprendre la conversation là où je l'avais laissée.

-Bah... Des potes, alors. T'as vraiment pas de potes ? Des frères, des sœurs, de la famille. N'importe qui qui pourrait t'accompagner ?

Bon, ok, moi aussi je voyageait seul, au départ. Mais le staff de The Lightening était maintenant la famille avec laquelle je voyageais.

Bref, avec mes questions, j'incitais un peu la jeune femme à me raconter son histoire. On faisait connaissance et j'étais prêt à répondre aux questions qu'elle me poserait aussi.

-Tu vas peut-être penser que je pose pas mal de questions... Mais tu m'intrigues. Tu voyages avec les groupies, mais tu les détestes. J'ai vu comme tu les regardes. Tu es très élégante mais ne laisses personne t'approcher... J'aimerais comprendre ce que tu fais là, hormis aimer la musique de The Lightening.

Je lui parlais sur le ton d'un confident. Je ne voulais pas vraiment qu'elle saute de la voiture en route parce que je lui aurais fait peur...

-Je veux dire... Tu dois te sentir pas mal seule, non ?

Je m'habillais toujours correctement, mais ce n'était jamais pour attirer l'attention, c'était plutôt pour me permettre de me sentir vraiment femme dans ces rares moments où j'étais heureuse en tournée. J'avais toujours peur de ne pas faire assez femme, qu'on ne me perçoive pas comme telle. En fait, c'était pour moi que je m'habillais comme ça, et pas du tout pour les autres.

Je levais les yeux au ciel avec un petit sourire amusé alors que tu précisait que tu n'allait ni me bouffer ni me draguer, arquant ensuite un sourcil tout en gardant mon sourire, te regardant.


-Je sais bien. De toutes façons je sais aussi que quoi que je dise si tu a décidé de m'aider tu ne va pas me lâcher. Donc je ne dit plus rien, fait comme ça te chante.


Ce que tu pouvait être têtu! Mais bon, je ne trouvais pas ça vraiment énervant, c'était plutôt amusant, comme tu pouvait te montrer borné. Et ça l'était parce que justement, tu n'était jamais insistant pour faire des choses qui ne me plaisaient pas, que je ne pouvais pas faire. Là,  je me serais énervée. Mais j'avais appris petit à petit à te connaître un peu et je savais maintenant que ce n'était pas ton genre.

Je fronçais les sourcils quand tu parlait d'Impala. Ce n'était pas si loin que ça, pourtant, l'hôtel! Mais en voyant ta voiture, je ne bronchais pas, affichant un petit sourire assez gamin. C'était plutôt cool d'y aller dans cette voiture! Du coup, je n'essayais pas de te contredire, admirant l'Impala tout en avançant vers celle ci. Je contournais le véhicule et te remerçiais quand tu ouvrais la portière ,me retenant de lever les yeux au ciel à ce geste de gentleman , m'asseyant à l'intérieur en regardant tout autour de moi.


- Elle est vachement cool ta voiture!


M'attachant, je remettais mes cheveux en place avant de te regarder à nouveau quand tu reprenais la conversation. Je secouais la tête à chacunes de tes demandes. Non, pas de potes, pas de famille, rien. J'haussais ensuite les épaules en regardant ailleurs.


- Non. Et puis de toute façons si j'en aurait je ne les amèneraient pas. C'est pas le même monde ici, que quand j'suis à L.A.


Je n'en disais pas plus. Mais c'était vrai, si j'avais eu des amis à Los Angeles, ils m'auraient connus en tant que Josh, et moi, je n'étais pas Josh, j'étais Marilyn. Et je ne voulais pas venir aux concerts habillée comme un homme pour ne pas les froisser, me faisant appellée par un prénom qui n'était pas le mien. Quand je venais voir The Lightening, j'étais moi même, bon sang!

Te regardant de nouveau, je penchais légèrement la tête sur le côté, ne souriant plus. Oui, tu posait beaucoup de questions, et c'était toujours dur pour moi de répondre aux questions qu'on me posait quand "j'intriguais" les gens. Je ne voulais pas mentir, il fallait toujours que je raconte la vérité en ne parlant pas de mon "petit secret". Je fronçais les sourcils,ne comprenant pas du tout ta dernière question.


- Mais qu'est-ce que je viendrais faire d'autre, ici ? On va pas à des concerts pour... pour trouver l'amour ou je ne sais quoi! Si je me fait belle, c'est pour moi, après si d'autres se sentent concernés par mon rouge à lèvres, c'est pas ma faute. Les groupies je les supporte parce que j'aime bien aussi parler de temps en temps aux membres du groupe. Je suis ici parce qu'ici je suis bien, bon sang!


Je croisais les bras, un peu renfrognée car j'avais cru une seconde que tu me demandais en sous entendus si j'étais là pour faire comme les autres groupies, et que je ne l'assumais pas. Baissant les yeux, je soupirais, haussant les épaules à ton autre question avant de te regarder de nouveau.


- Ici ? Non j'me sent pas seule.


Pourquoi tout le monde me posait toujours des questions sur moi comme ça ? Après tout je n'étais pas plus jolie que les autres, j'avais même quelque chose de moins qu'elle! Tout ça parce que je ne couchais avec personne, c'était fou. Ca commençait un peu à m'irriter. Et puis le voyage m'avait fatigué, à entendre piailler les filles dans tous les coins pendant plusieurs heures.

Marilyn aimait ma voiture. Et j'en étais vraiment fier ! D'autant qu'à la base, c'était celle de mon père et la seule chose que j'avais gardée de lui. Je la bichonnais comme si c'était la seule et unique chose qui m'appartenait vraiment. Elle était bourrée de souvenirs, cette bagnole. Je souris à Marilyn, frôlant la carrosserie de la main. Elle était sale à cause du sable du désert qu'on avait traversé.

-C'est mon bébé. Elle appartenait à mon père, cette voiture...

Une fois dans la voiture, j'entamai la conversation. Je voulais juste apprendre à connaître la jeune femme et rien que ça, je sentais que ça la mettait sous tension. Trop de questions Abel, c'est trop de questions...

Mais il y a des gens qu'il faut parfois pousser un peu. Juste pour les aider... Le problème, c'était souvent de déterminer qui voulait être aidé et qui ne le voulait pas. Marilyn aimait peut-être tout simplement la solitude... Tout en se mettant dans un contexte où elle était amenée à rencontrer plein de gens de tous milieux...

Il y avait quand même un truc qui collait pas, dans cette histoire, non ?

Elle disait n'avoir pas d'ami, pas de famille à prendre avec elle à ces concerts. C'était dingue. J'étais arrivé tout seul à Los Angeles... Et en quelques mois, des amis, je m'en étais fait. Je fronçai les sourcils et la regardai, perplexe, alors qu'on quittait l'hôtel Dune pour se diriger vers l'hôtel où Marilyn était sensée séjourner.

« C'est pas le même monde ici que quand je suis à L.A. »... Ok, ça, je pouvais comprendre.

-C'est clair qu'une tournée avec The Lightening, c'est un monde à part. C'est même de la folie pure par moment. Un véritable défouloir. Non seulement les concerts, mais aussi tout ce qu'il y a autour.

C'était ça que faisait les groupies, se défouler. Et pas seulement elles. Les musiciens s'en donnaient à cœur joie eux aussi, sur scène comme en dehors. Et pour nous, roadies, non seulement c'était l'occasion de se retrouver et d bosser ensemble, mais c'était aussi l'occasion de faire la fête et de contribuer à un truc grandiose. Plus tard, quand on verrait des photos de ces concerts dans les magazines ou même des images à la télé, on allait pouvoir dire : « J'y étais, j'ai construit ça. » Et toutes les anecdotes qui allaient avec, évidemment.

Mais quand j'en vins à demander ce qu'elle venait faire en tournée, accompagnant un groupe de groupies qu'elle pouvait pas supporter et donc, par extension, qui la mettait mal à l'aise et ne l'amusait pas, elle se braqua complètement.

Je ne compris pourquoi elle s'était fâchée que quand elle m'expliqua qu'on allait pas à des concerts pour trouver l'amour ou autre chose. Qu'elle se faisait belle pour elle-même et que ça lui permettait parler de temps en temps au membre du groupe...

Si je lisait entre les lignes, elle s'emballait parce qu'elle croyait que je lui demandait pourquoi elle ne profitait pas de la tourner pour baiser à gauche et à droite. Alors soit elle avait rencontré que des mecs qui ne pensaient qu'à ça, soit, c'était elle que ce genre de comportement perturbait. Voire effrayait. Et c'était ça qu'elle n'aimait pas chez les groupies.

Je m'arrêtai parce qu'on était arrivé. Et tirai sur le frein à main avant de la regarder dans les yeux.

Elle disait qu'elle ne se sentait pas seule. Pas ici. Je coupai le contact, mais restai bien confortablement assis dans la voiture.

-Évidemment qu'on vient en tournée pour un tas d'autres choses! Les concerts sont à la fois une base et juste un prétexte ! Et ça n'enlève rien au fait qu'on aime The Lightening ou un autre groupe. Au contraire, ça permet de voir tout ce qu'il y a autour !

Elle était fâchée, pas moi. Elle avait donné son point de vue, j'allais lui donner le mien.

-Est-ce que j'ai parlé de sexe ? Non. C'est toi qui as insinué ça. Il n'y a pas que ça dans ce qu'on peut faire en tournée, qu'on soit un homme ou une femme !

Je la regardai plus intensément.

-On es là pour vivre une autre vie pendant quelques mois. Tu crois que je suis tout le temps roadie pour The Lightening ? Non. Dans la vraie vie, je suis juste un garagiste. J'adore ça, ok, mais c'est quand même autre chose d'être ici.

Je quittai son regard et caressai le volant de l'Impala.

-Et c'est ce que tu veux faire aussi, j'en suis sûr. Pour ça, il faut t'accepter telle que tu es. C'est pour ça que tu ne prends personne avec toi.

Je lui souris.

-Mais alors, vis la à fond, cette vie. Ne repousse pas les autres comme tu viens d'essayer de le faire avec moi. J'étais en train de te draguer ? Non. Mais t'as quand même remis une distance. Ne lève pas les yeux au ciel chaque fois que quelqu'un te parle.

Je rigolai.

-Moi ça va, parce que je force le truc, comme aujourd'hui... Mais d'autres se disent qu'ils te font chier rien qu'en te laissant passer devant ou quand ils t'offrent un verre par simple courtoisie.

J'étais pas le genre à cacher ce que je pensais. Ou a garder des choses pour moi. Si je pensais que ça pouvais aider, je pouvais même devenir borderline au niveau diplomatie.

-Et si, on est là pour tomber amoureux... Izbel en parlerait mieux que moi. Mais on est là pour tomber amoureux de la route.

La voiture s'arrêtais et je continuais d'être un peu à cran avant de me rendre compte de mon comportement en te regardant et en t'écoutant répondre, soutenant ton regard. Je soupirais, passant une main dans mes cheveux et me pinçant l'arrête du nez en regardant par la fenêtre du côté passager, tentant de me calmer. Baissant ma main pour la reposer sur mes genoux, je te regardais de nouveau avec un petit sourire désolé, te disant d'une voix déjà largement plus douce et plus basse.


-Excuse moi, je me suis énervée. Je suis fatiguée, un peu comme tout le monde je crois, et on me pose toujours ce genre de questions. On me pose toujours des questions. Même pas des questions dîtes normales genre, tu aimes quoi, c'est quoi ton film préféré ? Non, on me pose des questions personnelles et moi ça me stresse.


Je baissais les yeux sur mes genoux en parlant , fronçant légèrement les sourcils avant de relever mon regard vers toi, fronçant légèrement le nez.


- J'aime pas trop parler de moi. Je fais vraiment pas facilement confiance aux gens, c'est pour ça que je ne "m'amuse" pas autant que les autres ici. J'ai toujours peur qu'on m'embobine , j'ai aussi peur de moi même. Pose pas de questions là dessus, ça m'angoisse de devoir y répondre. Pour faire court disons juste que j'me suis enfuie de chez mes parents pour aller à L.A parce qu'ils ne m'acceptaient pas telle que j'étais et que j'avais une meilleure amie avant qui m'a fait beaucoup de mal. C'est tout.


Je marquais un moment de silence, regardant de nouveau par la fenêtre pour éviter ton regard, ne voulant vraiment pas que tu me pose de questions et grimaçant légèrement en me rendant compte que tu allait sûrement pensé d'après ce que j'avais dit que j'étais lesbienne. Alors que clairement ce n'était pas du tout ça.

Te regardant à nouveau, je secouais la tête, poursuivant pour te répondre.


- Je sais très bien que de base, les gens me trouvent bizarre et me posent des questions parce que justement, je suis une groupie et que je ne couche pas avec les membres du groupe et que je n'aime pas qu'on me fasse des avances. Je suis très mal dans ma peau, je n'aime pas ça parce que je ne peux pas ... Rendre la pareille , on va dire. Je trouve ça déplacé de faire croire à quelqu'un qu'il a une chance alors que non, pas du tout, alors je coupe court direct.


Je replaçais une mèche de cheveux qui me venait devant le visage , soupirant avant de continuer, te regardant toujours, les lèvres légèrement pincées.


- Je n'ai pas voulu paraître distante tout à l'heure. C'est juste que c'est devenu une habitude. J'ai une sorte de mécanisme d'auto défense débile, et il le faut! ... Tu ne va pas comprendre, et c'est ma faute justement, mais je préfère que personne ne comprenne, c'est mieux. Au moins je peux parler avec des gens. S'ils commencent à me comprendre, plus personne ne me parlera.


Fronçant les sourcils, je regardais un peu ailleurs. C'est clair, là , tu n'allait plus rien comprendre à ce que je disais, mais moi,je comprenais très bien. Si les gens apprennaient que j'étais trans, alors certes ils ne m'embêteraient plus avec des questions mais pour moi, je serais fuie comme la peste. Il fallait juste que je tienne jusqu'à mon opération pour ensuite faire comme si j'avais toujours été une femme et que maintenant j'avais "pris confiance en moi". Ca passerais mieux, c'était sûr.

Je te regardais de nouveau quand tu parlait de "tomber amoureux de la route", fronçant légèrement les sourcils avant d'éclater de rire, ayant pendant un instant l'image de Cash en sorte de manitou indien dans la tête qui disait d'une voix de profète "tomber amoureux de la route.." .


- Mais il vit pas dans la même dimension que nous!?


La fatigue me faisait vite craquer les nerfs et je continuais de rire, me pliant en deux sur le siège, hilare. Reprenant mon souffle et un peu mon calme, je me redressais, te regardant de nouveau, secouant la tête.


- Excuses moi.. Non, j'ai compris où tu voulait en venir mais maintenant je vous imagine parler de goudron, littéralement, avec un air d'extase et de désir profond c'est juste pas possible... Oh mon dieu j'suis fatiguée, moi.


J'avais réussi à avoir beaucoup de sautes d'humeur depuis que j'étais descendue du bus, au final. Passant de l'irritation , à la tristesse légère pour finir par un fou rire. Mais c'était ça aussi que j'aimais bien, quand je te parlais, j'arrivais à avoir plusieurs émotions, à ne pas rester bloquée toujours sur la même. Et puis je rigolais bien. Même si là, je rigolais à ma propre connerie, surtout.

Je crois que la jeune femme se rendit vite compte qu'elle était à cran et qu'elle finissait par être limite agressive avec les gens qui l'entouraient, qui l'approchaient, qui essayaient d'en savoir plus sur elle. J'avais évidemment fait exprès de faire ça, justement pour qu'elle en prenne conscience. Parce qu'en tournée, on pouvait très vite se faire des amis, mais j'avais vu des gens qui se faisait des ennemis tout aussi vite. Du coup, ils se retrouvaient isolés et finissaient par quitter la tournée en route.

Marilyn ne méritait pas ça. Parce que je sentais bien qu'elle ne le faisait pas exprès mais que son comportement découlait d'une peur que j'avais du mal à identifier. Je ne lui en voulais pas du tout, mais je ne voyais pas d'autre moyen de lui ouvrir les yeux que de la bousculer un peu en lui disant les choses telles qu'elles étaient, noir sur blanc.

Les autres moyens, je les avais essayés avant et ça n'avait mené à rien.

-C'est pas les gens qui ont envie de te démasquer, quoi que tu caches. C'est toi qui les pousse à te poser ces questions. Faut les comprendre un peu...

Je lui souris pour la rassurer un peu, pour lui montrer que, moi, j’essayais de la comprendre, mais que je comprenais aussi ceux dont son comportement pouvait attiser la curiosité...

-Une femme inaccessible est une femme attirante en soi, tu sais. Eux ne comprennent pas que tu as peut-être peur de quelque chose. Ils cherchent juste à avoir ton attention.

Marilyn ne tenait jamais mon regard longtemps. J'avais mis le doigt sur quelque chose. Je soupçonnait bien depuis quelques temps qu'il y avait une histoire derrière le caractère timide et renfermé, farouche, de la jeune femme. Je ne savais vraiment pas quoi et je n'avais pas la prétention de spéculer là-dessus. Si elle voulait me le dire, elle me le dirait.

J’écoutais Marilyn parler de sa voix trop grave pour son corps, m'expliquer qu'en effet, elle avait dû quitter la maison familiale parce que ses parents ne l'acceptaient pas telle qu'elle était. J'arrivais tout doucement à ce qu'elle approche du point qu'elle ne voulait absolument pas aborder. Ce n'était plus le moment pour de la bousculade maintenant. Fallait jouer la carte de la patience. Ce n'était pas de la manipulation. Quoi que, si, un peu. Mais pas dans un but négatif.

Tout ce que je voulais, c'était qu'elle s'amuse. Et aussi que j'arrive peut-être à ce qu'elle puisse adopter une attitude moins rigide qui lui permettrait d'éviter ces questions qu'elle détestait tant.

Et Marilyn parlait beaucoup, énormément maintenant. Pour ce qu'elle était la plupart du temps discrète, maintenant, elle ne s'arrêtait plus. Par respect, je la laissais parler, l'écoutant attentivement. Quand elle arriva à la fin de son discours, disant clairement que je ne pourrais pas comprendre, que personne ne pourrait la comprendre, je laissai tomber, ma tête sur l'appuie-tête de mon siège et fermai les yeux. Mais c'était un gentil sourire qui flottait sur mon visage.

-Et qu'est-ce qui te fait croire que moi ou même d'autre, que PERSONNE, ne pourrait te comprendre ? Et nom de dieu, est-ce que je t'ai parlé de coucher ou de baise? Non, y a que toi que ça perturbe, ça.

Je rouvris les yeux et la regardai, ma tête toujours légèrement en arrière.

-Je dis pas qu'on vit dans un monde tolérant. Mais faut que tu saches que tout le monde n'est pas intolérant non plus.

Je finis par redresser ma tête et par plonger mon regard dans le sien avec une expression comique, me désignant moi-même du pousse.

-J'ai l'air si psycho-rigide que ça ? Si je l'étais, je tournerais pas avec The Lightening, je manifesterais contre ce groupe...

Et à l'évocation de la tournée, de ce qu'on pouvait y gagner et finalement de Cash Izbel, je rigolai avec Marilyn quand la jeune femme affirma que le guitariste ne vivait pas dans la même dimension que nous.

-Non... Définitivement non... Mais il a une façon de voir qui n'est pas fausse. Faut juste savoir décrypter. Et je crois que même Lighter y arrive pas.

Elle était prise d'un fou rire. Je la laisser faire. Elle était à cran, à bout de nerf et je ne comprenais toujours pas comment elle pouvait s'infliger ça. Si j'avais aussi peur de quelque chose qu'elle, je crois que je resterais cloîtré chez moi.

Elle finit par se calmer et s'excuser encore, affirmant qu'elle était fatiguée. Je hochai la tête, compréhensif, avant de baisser mes yeux sur mes mains.

-Ouais, je vois ça. Si ce que tu caches est si lourd que ça... Enfin, que tu penses que c'est si lourd que ça... C'est normal que tu sois fatiguée. Ça doit pomper une énergie dingue !

Je relevai les yeux et voyant qu'elle avait détourner la tête vers la fenêtre, posai doucement ma main sur sa nuque pour la forcer un peu à me regarder.

-Hé... Hé... Marilyn... Regarde-moi... Ne garde pas ça pour toi toute seule. Faut que tu fragmente sinon tu vas craquer. Je ne dirai rien à personne, je garderai le secret. Mais ça me fait de la peine de te voir dans cet état...

Je t'avais écouté avant d'hausser les épaules avec une petite moue. Peut être que tu avait raison, c'était sûrement mon comportement qui les poussaient à agir comme ça. Mais je ne pouvais pas me comporter autrement. C'était impossible pour moi tant que je n'avais pas eu mon opération . Je le voyais ainsi.
Ils allaient sûrement s'arrêter au bout d'un moment, aussi. Mais bon le problème était qu'après je ne trouverais plus personne. Je soupirais légèrement en gardant ma petite moue, regardant ailleurs avant de rediriger mon regard vers toi.

J'avais ensuite expliqué un peu mon problème, mal à l'aise, n'osant pas en dire plus ce qui me frustrait. J'en avait marre de ne pas pouvoir le dire. Mais je n'avais pas le choix, si je le faisait tout le monde le saurait par la suite si tu réagissait mal. Si tu perdait tout respect pour moi , si tu était dégoûté, tu n'allait pas te retenir, n'importe qui ferait ça. C'était donc pour ça que je taisais toujours mon secret.

Je levais les yeux au ciel, fronçant les sourcils et me retournais vers toi.


- Mais personne ne m'a jamais comprise! Il faut avoir le même problème que moi pour comprendre, j'imagine. Et puis merde, tout le monde n'a que ça à la bouche, aussi!


Je continuais de râler, croisant les bras et regardant ailleurs. Non, je ne dirais rien, point. Je commençais à me sentir frustrée et oppressée. J'avais vraiment envie de pouvoir me confier, mais je ne pouvais pas! Ca ne servait à rien de me tenter encore plus, merde.


Laissant passer mon fou rire par la suite, je m'étais calmée et je regardais par la fenêtre, me demandant si tu allait laisser tomber. En sentant ta main sur ma nuque, j'arquais un sourcil et te regardais, soupirant. Je soutenais ton regard un long moment, plissant les yeux, pesant le pour et le contre. C'est vrai que de ne pouvoir en parler à personne, ça me pesait. Et puis si tu le savait tu pouvait éviter les rumeurs de merde à mon sujet, ou que quelqu'un le découvre si je ne voulais vraiment pas que ce soit le cas. Mais de l'autre côté il y avait le fait que si tu réagissait mal... Je soupirais à nouveau avant d'afficher un sourire amer.


- Sauf que si tu réagit mal je vais être obligée de te tuer. Parce que sinon tu le répéterais par dégoût. Et si je le fais t'a pas le droit de faire semblant de compatir si t'es dégoûté. Comme ça au moins je peux directement commencé à te tabasser pour que tu garde le silence.


J'essayais de faire un peu d'humour, mais j'étais vraiment tendue. Le moindre truc pouvait me faire renoncer à le dire , alors que j'étais à deux doigts de le faire. J'avais quelques tics nerveux, du coup, tapotant mon bras du bout de mes doigts, mordillant ma lèvre et clignant rapidement des sourcils.

Marilyn avait encore levé les yeux au ciel. Bon dieu, ça devait être un putain de tic qu'elle avait, c'était pas possible autrement. Et c'était ça que j'essayais de lui faire comprendre. Elle ne parlait pas beaucoup, restait discrète la plupart du temps. Mais elle levait les yeux au ciel dès que quelqu'un lui adressait la parole, comme si le faire était la pire connerie qui soit. Ça me donnait vraiment l'impression d'être un con et de poser des bêtes questions. Ça donnait à la jeune femme un air hautain et pourtant je savais qu'elle n'était pas hautaine. Mais ça pouvait en rebuter plus d'un.

D'ailleurs, même si je le savais pour la connaître un tout petit peu plus que la plupart des roadies juste parce que j'avais l'habitude de parler facilement au gens, ça me donnait même l'impression à moi d'être un con.

Je comprenais bien qu'elle flippais à mort ! Mais c'était alors complètement paradoxal de venir s'exposer ici où tous les excès était permis. Elle affirmait que personne ne l'avait jamais comprise.

-Ok... Ok... Je ne te retiens pas, la portière est déverrouillée, tu peux t'en aller, on est arrivés à ton hôtel.

Je haussai les épaules.

-Mais tu restes là alors, je suppose que tu n'as pas fini de parler...

Elle dit alors que si je réagissais mal, elle allait devoir me tuer. Que j'allais aller le répéter partout. Elle frôlait un peu la parano et je pouvais le comprendre. Je ne savais pas ce qu'elle avait vécu jusqu'ici, mais ça avait pas l'air d'avoir été la joie tous les jours. Cependant, vu ce qu'elle disait, elle commençait quand même à hésiter à le dire.

Elle posait des conditions, certes, mais je sentais bien que ça la démangeait. Elle serait déjà partie sinon.

-Jusqu'à preuve du contraire, je ne t'oblige à rien et le choix t'appartient encore.

J'avais lâché sa nuque, laissant ma main caresser le tableau de bord de la voiture. J'adorais le contact avec cette machine et comme cette conversation me rendait particulièrement nerveux, ça me permettait de garder mon calme. Ça m'apprendra à vouloir aider les gens. Parfois, vaut mieux les laisser dans leur merde, ça évite un stress inutile.

-Je veux juste que tu saches que si et seulement si tu as quelque chose à dire, je suis prêt à t'écouter. Et que tu me croies ou non, je suis pas le genre à aller raconter n'importe quoi à n'importe qui.

Je lui souris.

-Mais si t'as pas envie, tu peux partir et je ne te poserai plus jamais ces questions. Sauf peut-être ton film préféré ou ce que t'aime manger... Comme ça, ça restera dans l'ordre du normal, sans plus.

Sincèrement, je ne saisissais vraiment rien aux réactions de cette fille. C'était une fille quoi... Compliquée, secrète et qui n'assumait pas ce que ces deux particularité engendraient comme conséquences...

Et je soutenais l'idée que ce n'était pas de moi que cette jeune femme avait besoin, mais d'un gars comme Cash.