Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

J’avais encore gagné ! Allez, donnez-moi les jetons et c’est reparti. Ça faisait des heures que je jouais aux dés et à la roulette sur les plateaux de jeu sublimes de Las Vegas. Ce n’était pas tous les jours qu’on avait l’occasion de passer sa soirée ici mais la tournée passait par là alors on en avait profité. Je disais « on » parce que le casino avait été réservé par les deux maisons de disques pour l’espace d’une soirée. Tout le monde y était convié des musiciens, en passant par les managers, quelques fonctionnaires de MTI et BSC et, aussi, la totalité des roadies. Ben ouais, il y avait du monde et dont des gens que je ne voyais pas ou peu d’habitude. Puis c’était manière de se détendre juste avant le premier concert de la tournée, demain.

Même si mon pari avec Delta me faisait carburer à l’eau et au coca – entre un ou deux petites coupes de champagne – ne pas boire ne gâchait pas vraiment ma soirée parce que j’avais le droit de dilapider mes thunes en jouant.

-Je vais encore te battre Lenny, n’essayes pas.

Je jouais à la roulette avec Lenny. Un jeu de pure hasard et pourtant j’arrivais quand même à gagner à chaque tout. Soit Lenny avait réellement la poisse, soit j’étais tellement le meilleur que même le hasard le savait. Comme prévu, je battus encore une fois le manager de The Lightening avant de me retourner vers ma secrétaire.

-Tu vois, je suis le meilleur.

Son regard à la fois amusé et plein d’exaspération était typique. Je jetai un rapide coup d’œil aux alentours avant de poser mon regard sur une jolie blonde. Je venais à peine de la remarquer et interrogeais ma secrétaire. Parce que, elle, elle savait vraiment tout.

-C’est qui cette fille ?

Je retrouvais son regard de pro, enfin. Elle était efficace comme secrétaire et l’un des rares femmes à ne pas avoir fini dans mon lit.

-Elle s’appelle Eileen J. Kramer. Elle est photographe chez MTI et elle est ici pour travailler sur des clichés du groupe The Lightening.

Eileen J. Kramer… Mais ouais ! Il me semblait bien que ce nom m’était familier, des bruits de couloir à BSC – bruits qui provenaient de chez MTI – disaient qu’elle était l’actuelle petite amie de Timmy Evans. Plein d’idées tout aussi fascinantes les unes que les autres me passaient par la tête. La jeune fille était à ma merci.

-Le copine d’Evans ! Il faut que je lui parle, absolument.

Je terminai mon verre de coca et le donnai à ma secrétaire qui soupirait d’exaspération. Puis, je m’en allai aborder cette fameuse Eileen.

-Eileen J. Kramer, c’est ça ? Vous êtes ravissante. Lenny m’a beaucoup parlé de vous, il dit que vous êtes une vraie pro.

Première chose, toujours dire d’où on connait quelqu’un ça facilite le dialogue et permet d’éviter la méfiance.

 

Contre toutes attentes, la jeune femme avait été engagée par MTI pour la tournée de The Lightening et Roadtramp à travers le pays. Elle avait été chargée des vidéos de la tournée ainsi que des photographies. Etre avec Roadtramp ne lui posait pas trop de problèmes, c'est plus The Lightening qui la stressait un peu. Des caractères aussi tordus qu'eux, il est difficile de les cerner et de bien s'entendre avec … Elle en avait longuement parlé avec son cher Timmy avant de prendre une décision. Ce dernier réellement heureux pour elle, l'encouragea et lui donna quelques conseils concernant les rockeurs et les managers présents. Qui dit Roadtramp & BSC dit Daniele Ricci … Ca n'allait pas être de la tarte de le supporter lui aussi … C'est donc quelque jours plus tard, qu'elle embarqua avec les autres roadies dans les bus qui leur étaient dédiés, on ne se mélange pas avec les rockstars ! Heureusement, elle y a retrouvé Abel qui est vraiment une personne adorable et le garde du corps Liam qui est gentil aussi. Etant un peu la seule femme pour le moment, ce n'était pas non plus évident tous les jours … La route c'est long aussi … L'escale du jour se faisait à Vegas. Une ville mythique qui a toujours intrigué notre petite anglaise. Elle était donc ravie d'y faire un tour avant que le concert du lendemain. Entre temps, dans l'hôtel, Eileen fut mise au courant de la soirée au Casino. Au Caesar's Palace ! Que rêver de mieux. C'était donc toute contente qu'elle se rendit une fois sa robe longue rouge mise. Elle fut étonnée par la grandeur du casino. Il y avait de tout ! N'étant pas vraiment une habituée des jeux, elle se contenta de flâner autour des tables. Tantôt du poker, après du black jack, de la roulette etc … Elle découvrait un monde ! Elle se dirigea au bar commander une coupe de Champagne, les maisons de disques payaient tout, elle pouvait bien s'offrir de petits extras de temps à autres. La petite anglaise se remit à flâner par-ci par-là, jusqu'à apercevoir au loin la table où les deux managers jouaient … Elle tenta de s'en aller discrètement vers la salle du poker. Elle vit alors le regard de Daniele se poser sur elle et sut alors qu'elle ne pourrait pas lui échapper … Il devait attendre ce moment depuis si longtemps. La copine de son rival servit sur un plateau en argent. Eileen s'éloigna mine de rien et fut comme prévu prise de court par le manager. Il l'aborda finalement. Elle esquissa un sourire de politesse. Peut-être que cela allait bien se passer au final … - C'est cela même M. Ricci et merci. … C'est ce qu'on dit de moi en effet. Je me vois mal faire du travail bâclé. Deux compliments en deux phrases. Aucun doute il sait aborder les personnes. Elle ne se laissait néanmoins pas avoir pour le moment par ces belles paroles, après tout il a du sang italien … - En tous les cas, très bon choix de Casino. Je présume que M. Knowles n'y est pas pour grand chose … Il faut dire ce qui est, The Lightening ont un manager mou et insupportable. Non pas qu'il soit méchant, stupide ou quoi que ce soit de négatif, mais il ne dit jamais non et mets trois ans pour dire sa réponse qui est souvent "Oui". C'est normal que ce ne soit pas le meilleur manager de MTI … - J'apprécie aussi le fait que tout soit payé par les maisons de disques. Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu les mots "A volonté" ! Eileen décidait de montrer son enthousiasme et sa gratitude envers les managers et maisons. Après tout, si elle restait dans sa chambre à se refermer sur elle-même, ce n'était pas une attitude de tournée. D'autant plus qu'au vu des groupes avec qui elle est, elle va bien avoir besoin de décompresser dans les jours qui suivent …

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

La phase d’abordage avait été une parfaite réussite. Ouais, aborder les gens, c’était dans mes compétences d’homme d’affaire et ça faisait longtemps que je maitrisais la chose. Plutôt, ça faisait bien longtemps que j’excellais dans la chose.

Elle n’était pas intimidée pour le moins du monde la petite Eileen. Sûr d’elle et de son professionnalisme, elle respirait la confiance. Je devais avouer aimer ça chez les gens. Ceux qui sont sûr d’eux, c’est ceux qui vont loin. D’après ses dires, elle était rigoureuse et se voyais mal bâcler son travail. De là, elle ne différait pas trop de mon cher rival, Timmy. Mon sourire ne me lâchait pas alors que mon regard fixait le sien sans regarder ailleurs. Pas de quoi la mettre mal à l’aise, non, juste de quoi lui montrer que j’étais totalement à son écoute.

Elle complimenta le choix du casino et devina que ce n’était pas le choix de Lenny. Etant la petite amie d’Evans c’était évident qu’elle ne devait pas porter le manager de The Lightening dans son cœur. Il y avait les rivalités entre managers de deux maisons de disques différentes mais il y avait aussi celles au sein de la même maison de disques. Je crois que je commençais à bien l’aimer cette jeune fille, mon sourire le trahissait d’ailleurs.

-Vous présumez bien. C’est mon idée. MTI et BSC cherchaient un bon casino et je leur ai conseillé celui-ci.

Je ne mentais pas, c’était bien réel. J’étais le meilleur manager mais j’étais aussi un fêtard hors-pair. J’excellais donc, aussi, dans le choix des meilleurs lieux pour s’amuser. Je pris une coupe de champagne ou vol quand un serveur arriva avec son plateau au moment où, justement, Eileen disait apprécier que ce soit une soirée « à volonté ».

-Ce n’est pas la dernière chose que vous apprécierez, croyez-moi. Il y aura bien d’autres surprises tout au long de la tournée. Vous verrez, quand tu seras fini vous voudrez y retourner.

Je lui offris mon plus beau clin d’œil avant de boire un rien de champagne. J’avais en tête pleins d’idées sans savoir vraiment par laquelle commencer. Je pourrais discuter longtemps avant cette fille et entendre, le lendemain, dans les médias que j’ai « flirter » avec la copine d’Evans mais c’était trop facile. Je voulais quelque chose de pire, de plus grand, de plus Ricci, en somme. Histoire de bien montrer à Evans que je serais son pire rival jusqu’au bout.

-Vous êtes toute seule, ce soir ? Une fille ravissante comme vous devrait être accompagnée pour avoir quelqu’un à qui parler, non ? Si vous n’avez personne, je peux peut-être vous proposer quelque chose.

Le sérieux sur ma dernière phrase empêchait tout rapprochement « douteux ». Enfin, vous voyez quoi, tout ce qui pourrait porter à croire que je voudrais autre chose qu’une conversation sérieuse. Même si... Bref.

 

La jeune femme était entrée dans ce merveilleux hôtel-casino luxueux qu'est le Caesar Palace. Cela devait bien être le plus connu internationalement, surtout en Europe avec l'histoire de César et de sa conquête. La soirée organisée par les maisons de disques allait être remplie de beau monde. La jeune femme avait cherché du regard ses deux collègues roadie préféré mais aucun n'étaient encore là. A la place, elle eut le droit à la visite de Daniele Ricci. Bien entendu elle a été mise en garde par Timmy. Il commença à parler et elle échangea brièvement sur sa façon de travailler. Elle savait ce qu'elle était : professionnelle au travail. Tant qu'ils étaient là autant continuer la discussion. Elle était persuadée que Daniele avait choisi ce lieu et non Lenny. Son hypothèse fut confirmée. Ce n'est pas qu'elle n'aime pas Lenny Knowles, mais il est tellement mou du genou ! Cela l'énerve à vrai dire, elle préfèrerait nettement passé la tournée en compagnie de Daniele que de Lenny, au moins lui ne dit pas oui bêtement à tout ce que vous pouvez lui dire … Il prit un coupe de Champagne au vol … Timmy avait raison sur ce qu'il avait dit à la jeune femme avant de partir, il ne peut pas dire non à l'alcool, encore moins à du Champagne … Il faut avouer qu'elle avait une coupe aussi mais bon, elle était nettement moins habituée que lui à savourer cet alcool pétillant venu de France. - J'ai hâte de voir tout cela alors. Je peux vous assurer que j'y retournerai en tournée, mais ce ne sera ni avec Roadtramp ni avec The Lightening mon cher ! Elle lui adressa un petit clin d'oeil en retour au sien. Elle espérait au fond d'elle que sa prochaine tournée serait avec un groupe dont son cher Timmy s'occuperait. Néanmoins, elle ne laissait pas paraître cet espoir qui pourrait être signe de faiblesse et garder un sourire assuré. Il souligna ensuite le fait qu'elle n'était pas accompagnée ce soir. Normal, Abel et Liam n'ont pas encore ramené leurs postérieurs casino, sont-ils devenus soudain allergique à cet endroit ? Bien que Ricci avait proposé sa compagnie, il n'y avait rien qui semblait étrange ou douteux aux oreilles et yeux de la jeune femme. - Normalement on devait se retrouver entre roadies mais cela fait pas loin d'une demi-heure que je les cherche du regard et aucun signe de vie … Je ne refuserai pas un peu de compagnie en attendant qu'ils arrivent. Eileen se montrait assez sympathique sans être docile. Elle ne savait pas trop à quoi à s'attendre mais elle avait tellement à apprendre sur lui. Et puis, si elle pouvait soutirer quelques informations sur Ricci qui aurait bu un peu de trop … Certes, elle n'est pas habituée au Champagne, mais en Angleterre, elle a su apprendre à bien lever son coude. C'est donc tout naturellement qu'elle leva son verre pour trinquer avec le plus grand rival de son compagnon. - Et bien trinquons à cette grande tournée qui commence ! La petite anglaise esquissa un sourire avant de cogner légèrement comme il se doit, sa coupe contre celle de Daniele. En espérant que cette soirée se passe malgré tout dans la bonne humeur …

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Les tournées avec Daniele Ricci, c’est toujours bien. Je comptais que cette phrase reste dans la mémoire d’Eileen après cette grande tournée. Je voulais qu’en rentrant elle dise à son petit copain qu’en réalité j’étais bien plus sympa qu’il ne m’avait décrit.

En attendant, elle y restait fidèle à son petit Timmy parce qu’elle insinua bien fort qu’elle allait y retourner en tournée mais pas avec Roadtramp, ni The Lightening. Elle rêvait sûrement de partir sur les routes avec Evans et The Burning Fire ou un de ses futurs groupes qui ne vaudra pas Roadtramp.

-Je vois. Je vous le souhaite en tous cas. MTI a beaucoup de bons groupes dans son placard.

Je ne voulais pas une seule fois parler d’Evans, je préférais rester sur mon approche. Le but c’était de passer la soirée avec la jeune femme. Elle avait un regard assuré mais le mien témoignait d’une même assurance. A force de fréquenter Timmy elle devait être aussi très forte en joute verbale même si elle était encore jeune.

Jeune et non accompagné comme je le lui faisais constater. Les roadies qu’elle devait rejoindre à cette fête n’étaient pas encore là. De quoi alimenter mon sourire quand elle conclut qu’elle n’était pas contre un peu de compagnie en attendant.

-Les roadies de The Lightening sont souvent collés à Lighter et qui dit Lighter dit retard.

Billy se promenait toujours avec Liam collé à ses baskets et comme Lighter n’était pas encore arrivé c’était sûrement le cas aussi de beaucoup de roadies.

Eileen leva son verre et moi aussi. On trinqua.

-Grande et glorieuse, je l’espère.

Nos verres s’entrechoquèrent et je bus presque toute la coupe sans avoir un petit pincement au cœur en pensant à Delta. Je me rassurais intérieurement en me disant qu’elle n’avait aucune idée que j’étais en train de boire.

Je devais maintenant passer aux choses sérieuses et quoi de meilleur que d’être dans un endroit un peu plus privé pour parler ?

-Vous savez. Ce genre de fête c’est bien au début, mais on s’ennuie vite. J’ai mieux pour vous, que diriez-vous de me rejoindre dans ma chambre pour une séance photo. Ça fait longtemps que je n’en ai plus fait et ce n’est pas tous les jours qu’on a une photographe de talent sous le coude. J’ai loué une chambre dans ce casino, je préfère ici que dans les hôtels aux alentours. Qu’en dite vous ? Vous allez chercher votre appareil et vous me rejoignez chambre 107 ?

Je la toisais du regard comme jamais. Je le voulais cette séance.

-Il y aura du bon vin italien et des olives. Bien meilleur que ce champagne.

Je lui fis un clin d’œil pour l’encourager un peu. Je risquais gros en faisant ça. Numéro 1, je risquais qu’elle refuse et numéro 2, je risquais de me dévoiler un peu trop en buvant un peu trop. Mais tous ses risques en valaient la chandelle.

 

La jeune avait insinué qu'elle retournerait en tournée, mais en aucun cas avec ces groupes ci. Ce sera plus agréable avec Timmy et il y aura aussi moins de pression sur ce qu'elle doit dire ou faire. Là, ils sont assez loin l'un de l'autre, pour le moment Eileen arrive à gérer mais il est clair qu'elle n'a le droit à aucun faux pas. Il en va de l'avenir de MTI et surtout de son couple. Du moment qu'elle traine avec les roadies cela reste acceptable. Et encore, être la seule femme hormis les groupies, ce n'est pas tous les jours de la tarte … Enfin soit, pour le moment elle allait gentiment profiter de cette soirée au Caesar Palace. Elle arrivait encore à gérer la situation, mais avec Daniele Ricci en face, elle se doutait bien que cela allait vite se compliquer. Il ne fallait pas qu'elle craque face au manager italien. Pour le moment, il était le seul à bien vouloir lui tenir compagnie, on se demande bien pourquoi. Enfin la raison pour laquelle elle restait avec lui était la même. Tout était lié à son cher Timmy Evans. Il souligna le retard de Billy Lighter, il est reconnu pour ça, à la séance photo organisée par lui-même, il n'avait pas été si en retard que cela… - Il est réputé pour, mais il m'a montré qu'il pouvait être ponctuel. Quand on veut on peut … Je pense que c'est pour garder sa stature de rockstar incontrôlable tout simple, ils ont un égo comme tous malgré tout. C'est après quoi qu'ils trinquèrent ensemble à cette tournée. tandis qu'Eileen but une gorgée, cela reste du Champagne, et vu le pris on en boit pas tous les jours, le manager la but quasiment en un seul coup. Là, il y a tout de même un petit problème, mais la jeune femme gardait cela dans un coin de sa tête. Maintenant qu'ils avaient trinqué et bu un peu, elle commençait à avoir un peu peur de ce qui allait suivre. Elle gardait malgré tout son petit sourire. Une des exigences de sa tante, toujours paraître bien en société même lorsque ce n'est pas le cas. Comme quoi les bourgeois ont quelques bonnes astuces … Comme elle s'y attendait, la situation s'empira quelques peu. Le manager italien lui proposa une séance photo dans sa chambre. Elle était assez surprise, si elle avait pu recracher sa gorgée comme dans les films, elle l'aurait fait. Seulement, cela n'est pas très distingué et gâcher du Champagne ainsi ce n'est pas le top. Elle l'écouta jusqu'au bout. Vin italien et olives, elle n'en est pas fan, à la limite dans un martini blanc et encore. Quant au vin, le français est bien meilleur selon elle. Le clin d'oeil qu'il ajouta à la fin l'a fit rire nerveusement. D'un côté, elle avait envie d'en apprendre plus sur lui et sur ses projets, mais de l'autre aller dans sa chambre … Imaginez la presse de Vegas le lendemain, non c'est hors de question ! - Hmm comment dire … Une séance photo dans une chambre … Je ne suis pas trop inspirée vous voyez. Enfin, je ne le suis pas quand je ne connais pas assez bien la personne, donc peut-être une prochaine fois. Elle but une autre gorgée de sa boisson. Elle en avoir besoin pour pouvoir affronter le manager. Cela n'allait pas être de tout repos. Elle reprit donc la suite. - En plus, je ne suis pas vraiment du style vin italien et olives. Je préfère largement le Champagne, je suis très vin français en plus. Vous m'en voyez désolée … Elle fit une petite mou désolée, en espérant que cela ne fasse pas surgir elle ne sait quelle bête de ce petit corps italien. Après, faire une séance photo dans le casino ne la dérangerait pas. A la vu de tous, il y a moins de danger. Et puis, elle pourrait incruster Lenny sur une ou deux et ça passerait inaperçu. Ce serait nettement moins dangereux. - Néanmoins, on peut toujours faire une séance photo à une table pas trop fréquentée ici. Le bling-bling ça vous connait bien, je me trompe ? Un décors pareil, si spectaculaire. Elle avait hésité à placer l'alcool, mais chaque chose en son temps. Après tout, ce n'est qu'hypothèse. Elle espérait tout de même bien qu'elle puisse l'avoir. Elle imaginait déjà quelques photos.

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Eileen avait été témoin de la ponctualité de Lighter. C’était comme si elle avait été témoin d’un sorte d’apparition extraterrestre ou quelque chose dans ce genre. Pour elle, Billy se faisait attendre pour entretenir sa petite réputation de rockstar. La jeune fille disait que c’était une histoire d’égo. Ah les égos, que voulez-vous, c’est comme ça. Je haussais les épaules.

-Peut-être bien. En tout cas, vous avez eu de la chance de le voir à l’heure. Peu peuvent se vanter de ça.

J’étais pas le psychologue de Lighter et encore moins son manager donc je n’avais aucune idée de s’il se faisait attendre exprès ou de si s’était pathologique. M’en fichait un peu de Lighter, pour dire vrai et je préférais de loin trinquer avec la petite-amie de mon pire rival. Je bus ce très bon champagne d’un seule gorgée parce que, de toute façon, il n’y avait quasi rien dans cette coupe.

Sans patienter plus longtemps, je fis ma proposition à Eileen. Je voulais une séance photo, ce soir. Avec elle derrière l’appareil. Histoire de mieux la connaitre et, surtout, de faire enrager son bien-aimé. Tout ça, même si ça voulait dire, me mettre en danger moi-même. Alors j’avais proposé la totale : une séance, du vin italien, des olives et ma chambre. Un peu osé, fallait l’avouer. J’étais trop sûr de moi et j’en oubliais que cette femme était la petite-amie de mon rival et que donc elle se méfiait certainement de moi comme la peste.

La preuve, elle déclina La chambre ça l’inspirait pas et en plus elle préférait le vin français. Le vin français ? Ses anglais étaient vraiment des gens bizarres et ils aimaient entretenir leur petite réputation de « nous, on fait toujours le contraire de tout le monde. » J’étais Italien pur souche et je devais avouer ne pas porter le vin français dans mon cœur. Encore une fois par pur rivalité.

-Vous les anglais, vous avez toujours des goûts bien bizarres.

Je souris, devant la moue désolée d’Eileen. Elle était prudente, il fallait le lui accorder ça. Je n’avais plus qu’à modifier mon plan. Ou bien abandonner complètement et remettre ça à plus tard. J’avais toute la tournée pour pouvoir ennuyer à distance mon rival par l’intermédiaire de sa petite copine.

Par chance, je n’eus même pas à réfléchir et c’est Eileen elle-même qui me proposa une séance dans ce casino, à une table libre.

-C’est vrai que le décor me va très bien. Enfin, il va très bien avec ma réputation.

Non, pas que, il allait vraiment très bien avec ma personnalité entière.

-Ça marche. Je nous trouve cette table et je vous y attendrais avec une bouteille de champagne pendant que vous allez chercher votre matériel.

Le deal me plaisait. On pourra voir d’elle ou de moi qui allais mieux tenir l’alcool. Même si je croyais déjà savoir la réponse au vue de l’âge d’Eileen et de mon expérience en beuverie.

Je lui souris la laissant partir. En cherchant la table, je croisais le regard de ma secrétaire qui semblait chercher à savoir, par un regard, ce que je trafiquais. Je me contentais d’un sourire et d’un clin d’œil qui l’exaspéra un peu.

Je chopais une bouteille remplie de champagne au passage et fini par m’appuyer sur une table vide et grandiose que nous proposait ce casino. Ici, ça fera l’affaire. De toute façon, les photos allaient être réussie peu importe le décor, parce que le modèle est excellent. Ici, tout le monde allait pouvoir voir la copine d’Evans photographie Daniele Ricci.

 

Le cas de Lighter et sa ponctualité était abordé. Il semblerait que la jeune femme est été l'une des seules. Elle avait mis ça sur le dos de l'égo, car ces gars là en ont bien un égo. Daniele Ricci lui, n'avait pas vraiment d'avis sur le sujet. N'en avait-il rien à faire, ne pensait-il pas ou bien il n'en avait pas assez pour s'exprimer là-dessus ? Eileen serait bien tentée de pencher pour la troisième proposition. Cet homme est plus superficiel et il n'a pas l'air de prendre énormément de risques … Sauf peut-être avec sa petite junkie de rockeuse. Peu après il lui fit une proposition assez douteuse. Une séance photo dans sa chambre d'hôtel. Voyant déjà les titres des unes des journaux, elle n'avait pas envie de s'embarrasser avec ce genre de bêtises. Elle s'était donc vue obligée de refuser, et puis elle n'était pas inspirée du tout. En plus, ce qu'il lui avait proposé ne lui convenait pas, du vin italien et des olives, ce n'est pas sa tasse de thé. Apparemment, cela avait touché l'italien. Il avait d'ailleurs fait le reproche à la jeune femme. Cela ne l'affecta pas tant que ça. - D'un côté nous n'avons pas de vins alors on se contente de boire le meilleur sans être aveuglé par notre patriotisme … Vous devriez goûter un petit Bourgogne, je vous les conseille fortement. Voilà qui lui fermerait peut-être un peu le clapet. Ces italiens en font tous des tonnes, Italie par-ci et Italie par-là … Toujours dans le plus. Enfin, elle avait quand même envie de le tester un peu ce Daniele. La jeune anglaise était un peu joueuse maintenant. Elle lui avait donc proposé une séance photo mais dans le casino, à une table vide. Il allait boire comme un trou vu ses antécédents connus de tous. Ca pourrait toujours être utile à l'avenir. Bien qu'il était presque sûr qu'il accepte ce côté bling-bling du casino, il n'en reste pas moins qu'il est manager et italien ! Mais son envie de briller a pris le dessus et il a fini par accepter l'offre de la jeune femme, qui afficha alors un sourire satisfait. Elle leva une dernière fois sa coupe. - C'est parfait alors. Je vous retrouve dans quelques instants alors. Elle commença à faire demi-tour et but la dernière gorgée de sa coupe avant de la reposer sur un plateau d'un serveur. Elle devait faire le chemin inverse et retourner dans sa chambre pour chercher son matériel. Elle regardait tout de même de temps en temps dans son dos, on ne sait jamais. Une fois dans sa chambre et l'appareil pris, ainsi que les pellicules et objectifs l'accompagnant, elle souffla un instant avant de sortir. Cette épreuve n'allait pas être facile mais elle l'avait cherché. Eileen le faisait pour Timmy quelques parts. Si elle peut l'aider, alors elle le fera. En espérant que ce soit elle qui sorte vainqueur de cette bataille. En tous les cas, la guerre ne sera pas terminée. Elle rentra de nouveau dans le grand et fameux casino. Elle ne chercha pas aussitôt Daniele. Elle alla abordé Lenny afin de lui proposer deux ou trois photos avec Daniele. Etant donné qu'il est né pour dire oui ce gros mou, il ne refusa pas et promis de venir après sa partie qui, malheureusement, venait tout juste de commencer. Elle allait être plus longtemps avec l'italien … Elle avançait à présent en direction de la table de l'italien après avoir demandé à quelques serveurs. Elle se retrouva face à lui et esquissa un sourire. Eileen avait déjà remarqué la bouteille de Champagne et les coupes aussi, au nombre de deux. Il va falloir jouer avec le feu, quitte à se brûler … - Et bien on dirait que vous êtes prêts. C'est quand vous voulez. La jeune femme commençait à préparer son appareil photo, attendant tout de même le feu vert du manager avant de démarrer. Bien que la jeune femme ressentait un peu de stress, elle ne laissait rien paraitre d'autre que son petit sourire sympathique. Elle n'avait pas le droit à l'erreur face à cet homme.

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Eileen était prudente et ne me facilitait pas la tâche. Aussi coriace que son petit copain, la gamine. Puis elle avait des goûts dignes de l’Anglaise qu’elle était. Les Anglais étaient des fadas de thé et j’avais l’impression qu’il ne buvait que ça. Et je ne vous parle même pas de ce qu’ils mangent… Pire que des Américains. Elle me conseilla un Bourgogne disant que les Anglais, eux, n’avaient pas de vin et donc n’étaient pas aveuglé par leur patriotisme. Je souris, un peu cyniquement.

-Pas faux… Je goûterais.

J’en avais certainement déjà bu plusieurs fois dans ma vie sans même m’en être rendu compte. J’avais bu tellement de trucs que je ne savais plus ce que j’avais réellement bu… On en vint, finalement, à fixer notre séance photo ici même dans la grande salle du casino. Ok, ça m’allait, le but c’était d’en apprendre sur Eileen et d’avoir la chance d’avoir quelques clichés signé Kramer. Histoire de faire miroiter ça devant Timmy.

On était satisfait, tous les deux, et on se sépara pour qu’elle puisse aller chercher le matériel pour faire toutes ces photos. Je trouvais un table après avoir pris champagne et coupes. Je m’étais appuyé sur la table essayant de ne pas ouvrir la bouteille avant l’arrivée d’Eileen. Je devais ralentir sérieusement la cadence… Je devais garder le contrôle. Je faillis deux fois prendre la bouteille et c’est l’arrivée d’Eileen qui me sauva de la tentation.

Elle souriait et je lui souris. Elle était prête, j’étais prêt.

-C’est parti alors !

J’ouvris le champagne et nous servis une coupe chacun. Je bus un petit coup avant de laisser la coupe sur le côté. Pas question que ça figure sur une cliché car si Delta tombait dessus, j’étais mort. Je posais contre la table pendant qu’Eileen mettait tout en place. Je prenais la meilleure pose.

-Je suis un modèle facile. Certainement plus que Lighter. Au fait, ça fait longtemps que vous êtes au States ? Parce que vous me semblez bien jeune…

Simple question.

 

Après avoir parlé Italie, France et gastronomie. Le manager italien assura qu'il gouterai le vin français. Bien que la jeune femme ne soit pas réellement convaincue, elle n'avait pas trop le choix que de le croire et lui adresse un mince sourire. Elle partit ensuite chercher son appareil, pour revenir au Casino. Il était hors de question qu'elle fasse la séance dans la chambre de Daniele donc le casino irait parfaitement. Après avoir adressé deux mots à Lenny, elle retrouva Daniele Ricci qui était prêt apparemment. Une fois qu'il le lui affirma, la jeune femme commença à préparer son matériel. Elle faisait ça avec minutie, faisant attention qu'une poussière n'entre pas dans le boitier. Elle entendit le bouchon de la bouteille de Champagne "péter" et la boisson couler par la suite. Elle se devait d'être solide, autant mentalement que physiquement, pour cette séance photo improvisée au Caesar's Palace. Alors qu'elle avait presque terminée de faire les réglages de la lumière, la balance des blancs et tout ce qui va avec, le manager italien entama une nouvelle discussion centrée sur la jeune femme, après s'être vanté de son talent de pose. - Je n'en doute pas un instant, vous aimez tellement vous montrer … Elle termina définitivement ses réglages et regarda Daniele avant de lui répondre. - Environ une année … Ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'il est interdit d'avoir de l'ambition, ni l'envie de voyager. C'était une simple réponse à sa simple question. Elle avait usé d'un ton cordial. Inutile de faire monter la tension au sein de la séance. - Et vous. Vous êtes arrivé par envie ou c'est dû à l'immigration avec la montée du fascisme ? Elle s'était tellement peu intéressée au personnage qu'elle ne savait pas d'où il venait réellement, hormis d'Italie cela va de soi. C'est alors que le manager s'exprima à "l'italienne", avec des gestes démesurés. Elle prit un cliché. Il faut commencer simple, le mettre en confiance, lui faire croire qu'elle est juste là pour se faire plaisir à photographier une personne. - Vous êtes déjà allé à Little Italy à New-York ? Il parait qu'il y a la même mafia qu'en Sicile … Il restait encore assez calme et ne buvait pas. Les verres et bouteilles étaient trop loin encore pour qu'elle puisse les insérer dans le cadre sans se faire repérer. Eileen espérait qu'il allait bientôt se mettre à trinquer pour une raison quelconque, comme l'Italie.

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Eileen préparait son matériel alors que je mettais en avant le fait que j’étais un modèle facile. C’était le cas, j’adorais les photos. J’étais pas comme toutes ses stars qui fuyaient les paparazzis et les caméras. Au contraire, je m’y exposais. Eileen le confirma d’une manière dont je n’arrivais pas à savoir si c’était neutre ou bien sarcastique. Elle avait raison, j’aimais m’exposer…

Elle répondit ensuite à ma question et je ne pouvais qu’être d’accord avec elle. J’étais venu à Los Angeles alors que j’avais à peu près son âge et aussi par ambition. Je devais avouer aimer beaucoup la personnalité de la jeune femme. Elle était sûre d’elle et ambitieuse malgré son jeune âge. C’était de très bonne qualité. Dommage qu’elle était la petite amie de mon rival. A cause de ça, je suis obligé de ne pas l’aimer. Ou du moins, de m’en méfier.

-Certes… J’en suis la preuve et vous en êtres la preuve.

J’évitais de prendre mon verre. J’avais pas envie qu’elle prenne un cliché de moi en flagrant délit. Je n’avais pas envie que Delta voit ça. Les autres je m’en foutais mais pas de ma promesse envers Delta. Mais la tentation était dur à contenir.

Eileen continua la conversation en posant des questions sur moi. Et voilà que l’Anglaise évoqua le fameux mot fascisme. Une période noire de mon pays. Je souriais prenant la pose pour les photos. Les raisons de ma venue ici étaient bien loin d’être des raisons politiques. Je ne faisais pas partie des Italiens qui avaient fui le fascisme. Mon père n’avait jamais rien fuit. Puis, c’était un peu sous le régime fasciste qu’il avait fait fortune. Moi, je n’avais pour ainsi dire pas connu cette époque, je n’étais qu’un enfant quand le fascisme a perdu le pouvoir après la guerre.

-Par envie et par ambition. Tout comme vous. J’avais envie de changer d’air et les Etats-Unis étaient l’endroit idéal pour montrer tout mon talent en matière de business. Puis, ici, il y a tout pour s’amuser, pas en Europe.

Je souris à la jeune femme tout en continuant de prendre la pose. Elle continua ses questions et, bizarrement, ça ne me déplaisait pas. Au contraire, j’adorais qu’on parle de moi et qu’on me pose des questions. Je me sentais intéressant quand les gens faisaient ça. Je n’avais juste qu’à éviter les pièges que risquait de me tendre la petite amie de Timmy Evans. Elle évoqua Little Italy et la mafia. Waw, fascisme puis mafia, elle savait où taper la gamine !  Bon, ok, mon père avait quelques liens avec la mafia. Mais n’était-ce pas le cas de tous les hommes d’affaire de tous les pays connus ?

-Je n’ai jamais mis les pieds à Little Italy justement parce qu’il y a un nombre incalculable de Siciliens. Je suis Romain, je n’ai rien en commun avec les Siciliens. Puis, je préfère largement les quartiers très riches de New York, dis-je un large sourire aux lèvres.

Confiant, je pris – sans m’en rendre réellement compte ça va de soi, c’était plus un réflexe qu’autre chose – le verre de champagne que je m’étais servi. Je vis ensuite un flash m’éblouir. Voilà, c’était fait, je venais de me faire avoir… Et c’était ma faute. Je souris jaune et regardais Eileen dans les yeux.

-Et vous ? Ça va avec Timmy Evans ? Il ne vous manipule pas trop ? Je dis ça parce que c’est son genre…

Bon, ok, là j’avais un peu pêté les plombs en disant ça… Fini la subtilité.

 

Alors que la jeune femme était en train de peaufiner ce shooting photo improvisé au casino, le manager tenter d'en savoir plus à son propos. Pour le moment il s'agissait de simples questions auxquelles la jeune femme répondait avec simplicité également. Il ne fallait pas envenimer la chose si elle voulait pouvoir prendre le dessus sur le manager italien. L'aspect ambitieux de la jeune femme ne déplut pas à l'italien qui souligna ce point commun entre eux deux. C'est alors qu'elle posa des questions sur lui. Premièrement, il aimé être au centre, et deuxièmement, elle avait besoin aussi de cerner le personnage pour les photos. Si elle le connait mieux, elle pourra faire ressortir le véritable Daniele avec un peu de chance. Elle l'écouta parler attentivement. Il était venu lui aussi par ambition et pour changer d'air. On peut lui reprocher beaucoup, mais il est vrai que c'est un véritable businessman. La jeune femme le prit pendant qu'il parlait en photo, il faisait réellement italien ainsi. Elle en profita par la suite pour poser une question concernant Little Italy, la mafia etc… On ne sait jamais, il a peut-être été bercé dedans tout petit. Elle apprit alors qu'entre les siciliens et les romains ce n'était pas l'amour fou. Rien de très intéressant en soi. Enfin cela était assez ennuyant jusqu'au moment où, par réflexe, il prit une coupe de Champagne. Eileen prit donc un cliché, sachant qu'il allait certainement lui renvoyer la balle dans les minutes qui allait suivre. Elle esquissa un sourire sympathique comme pour détendre. Il a donc riposté en posant des questions sur Timmy et elle, logique … Elle gardait le sourire et soutenait le regard du manager. - Oh vous savez tout se passe à merveille entre nous deux. Quant à la manipulation je suis au courant de ce côté, mais le jour où il commencera à en user sur moi, je vous ferai signe ! Elle adressa un petit clin d'oeil. Elle était certaine qu'elle n'aurait jamais à faire face à ce côté là de son manager anglais. Il fallait à présent continuer la conversation. - La prochaine fois, avant de boire, trinquez avec-moi. Elle lui adressa un petit sourire et continua la discussion. - Et ce goût pour le business, il vous est venu comment ? De famille ou par envie ? La petite anglaise tentait toujours de voir qui était Daniele. Elle cherchait un peu des scoops. Elle avait déjà une photo en train de boire, il allait falloir attendre un petit peu avant qu'il ne redevienne vulnérable.

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Je n’avais pas pu contenir mon réflexe d’alcoolique invétéré et j’avais pris le verre de champagne alors qu’Eileen n’en avait pas encore bu une goutte. Du coup, elle en avait profité pour m’envoyer son flash dans la figure. Chaque fois que j’étais pris dans un moment de faiblesse face à la jeune fille, j’avais l’impression de perdre des points face à Timmy.  

Même si je l’avais pris en main, je n’en avais bu qu’une demi-goutte. Juste de quoi me rassasier un peu. Puis j’avais attaqué de front Eileen, plus par frustration qu’autre chose. Son petit copain chéri avait l’art de caché son côté manipulateur derrière son petit air de snob anglais. Je n’aimais pas du tout ce type… Mais apparemment, sa copine était au courant de ses défauts, au Timmy. Il n’avait pas encore usé de ses talents sur elle.

-Ou vous ne vous en êtes pas encore rendue compte…, dis-je en souriant.

Elle fit une réflexion sur la boisson. Entre le fascisme, la mafia et l’alcool, les intentions de la copine de Timmy n’étaient pas vraiment cachées. Elle ne me portait pas dans son cœur, ce qui était logique dans un certain sens. J’affichai un sourire jaune, avouant ma défaite sur le coup. Ok, elle m’avait eu avec de l’alcool mais c’était un moindre mal. Je trouverais une excuse à dire à Delta.

La jeune fille enchaina les questions ne laissant pas de temps mort dans notre conversation. C’était une bonne meneuse de conversation, la petite. Encore une question sur mon passé – pas si obscure qu’en parle les médias, en réalité.

-De la famille. Mon père est un magnat de l’import-export européen. Il détient la plus grande filiale. J’ai donc ça dans le sang. Enfin dire famille c’est un bien grand mot. Dans ma famille, il n’y a que mon père et moi. Je suis fils unique. Mon père était fils unique. Alors ça fait pas beaucoup de monde…, dis-je en baissant légèrement les yeux.

Elle ne m’aimait pas la petite alors autant lui donner un visage plus humain de qui j’étais. Pas pur stratégie. J’attrapai le verre d’Eileen et le lui tendit.

-Faites une petite pause. Histoire qu’on trinque au moins, je souris.

Et histoire qu’elle se saoule un peu elle aussi parce que je ne voulais pas être le seul à boire, ce soir. J’allais culpabiliser sinon.

 

Le manager italien venait d'être pris en flagrant délit. Son penchant pour l'alcool venait de prendre le dessus et la jeune photographe n'en perdit pas une miette. Bien entendu, il fallait se douter qu'il y aurait une contre attaque, celle-ci porta sur sa relation avec Timmy et le côté manipulateur de ce dernier. Bien qu'elle l'est défendu sur le sujet, Daniele semblait avoir réponse à tout. Cela lui fit lever les yeux au ciel, encore et toujours cette histoire de manipulation. - Et qui me dit que ce n'est pas vous qui êtes en train de me manipuler tout de suite ? Elle commençait à en avoir marre de ces questions, de ces remarques venus de tous sur la manipulation du manager anglais. Tout le monde est plus ou moins manipulateur et certains en ont besoin pour s'en sortir cela parait logique … La jeune femme avait essayé de retourner la situation à son avantage. Posant tout un tas de questions au manager italien. Parler elle aimait, et quand ça laissait peu de temps à l'autre pour réfléchir c'est encore mieux. Il parla donc de sa famille brièvement, fils unique sur fils unique. Elle n'allait pas non plus se mettre à pleurer, l'empire Ricci continuerait encore d'exister pour un petit moment. - Être trop nombreux ce n'est pas forcément mieux, penser à l'héritage par exemple … Même si celui-ci risque de s'éteindre avec vous … Il parait que vous n'êtes pas du genre à être paternel … Lire la presse people en attendant chez les coiffeur ça peut aider de temps en temps. Il relança sur l'alcool et proposa à la jeune femme de boire un peu. Elle se devait de dire oui, elle voulait qu'il boive un peu plus pour en savoir plus sur lui, qui n'est pas un des hommes les plus blancs de Los Angeles. Elle esquissa donc un sourire avant de lever le verre qu'elle venait de prendre, en direction de Daniele Ricci. - Et bien santé ! Et ébriété comme on dit chez moi ! Enfin comme on dit dans les petits pubs anglais, pas chez sa tante bien entendu. Elle but une gorgée et fit en sorte de donner l'illusion qu'elle buvait autant que lui. Premièrement, le Champagne ça se savoure, c'est pas comme une bière, quoique … Deuxièmement, des photographies nettes du manager c'est plus exploitables …

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Elle était forte, mais elle était jeune. Elle ne savait pas à qui elle s’attaquait mais elle risquait un jour de l’apprendre à ses dépens. Eileen ne croyait pas une seule seconde que son copain puisse un jour usé de ses talents de manipulateurs sur elle. Quel optimisme… Je n’en étais pas si sûr, Timmy n’était pas aussi bon qu’il en avait l’air. Il était un manager, il manipulait, il cherchait à étriller ses rivaux et il fera toujours tout pour. Même envoyer sa petite amie au charbon s’il le faut. J’en étais persuadé. Je croyais fermement à cette théorie.

Eileen n’en resta pas là. Elle voulait le dernier mot et pour ça elle me soupçonna de, moi, la manipuler. Je haussais les épaules en souriant.

-Tout le monde manipule tout le monde dans ce monde. C’est la règle, dis-je tout sourire.

Mon père, il disait ça tout le temps. C’était une des phrases que j’avais retenu de lui parce qu’elle était criante de vérité. Dans le monde – surtout celui du business – ce n’était qu’une histoire de manipulation. Il y avait juste des meilleurs joueurs que d’autres. Moi et Timmy on faisait partie des meilleurs. Même si j’étais quand même bien meilleur que lui.

Eileen, tout en continuant la séance photo, me bombardait de questions diverses. Frôlant les sujets sensibles, on en arriva à ma famille. Qui, en réalité, n’était composé que de mon père et moi. Pour l’Anglaise, c’était un avantage surtout en ce qui concerne l’héritage. Oh ouais, ce truc-là. Ouais quand Antonio rendra l’âme tout me reviendra sans que je me batte. Je serais juste un peu plus riche… Peut-être que je m’achèterai une villa plus grande… Alors que je pensais à ça, Eileen en vint au bout de son idée. Tout s’éteindra avec moi… Pas faux. Puis au passage je pouvais conclure qu’Eileen lisait la presse assez assidument pour savoir que j’aimais pas les gosses. A moins que l’info ne vienne de son cher et tendre.

-Non, les mômes ce n’est pas mon truc, dis-je en haussant les épaules.

Ils étaient encombrants et il fallait toujours les surveiller. Trop peu pour moi.

-Ouais, donc j’ai bien peur que la lignée Ricci s’éteigne avec moi… Au moins elle finira sur le meilleur des crus, dis-je avec une étincelle de fierté dans le regard.

J’allais pas tarder à craquer complètement et à afoner sa coupe alors j’incitais la jeune femme à trinquer.  Ce qu’elle fit lâchant une expression bien de chez elle.

-Salute, dis-je avec un accent romain marqué.

Elle but. Moi aussi, sauf que ma coupe se vida en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Allez, boit petite ! Je remplis à nouveau ma coupe.

-Mais dites-moi… Comment vous avez rencontré Evans ? Dans les locaux romantiques de MTI ?

Je laissais échapper un petit rire. Il y avait rien de moins romantique que chez MTI. Murs blancs, gens qui tirent la gueule, c’était pas la fête là-bas. J’avais demandé ça, histoire de savoir ce qui avait pu attirer Eileen dans la gueule du loup.

 

Ils avaient évoqué la manipulation et la jeune femme commençait à en avoir marre alors elle avait décidé de mettre fin en quelques sortes à la conversation. Comme Daniele avait apparemment réponse à tout, ce qui était assez énervant, il mit à fin à ce sujet. Néanmoins, sa phrase n'étant pas fausse, loin de là, elle fit signe qu'elle était d'accord avec lui sur cette phrase seulement. Elle avait ensuite enchaîné sur la famille, enfin elle avait plutôt rebondie dessus. Elle abordait alors l'héritage et le problème de la transmission de l'héritage de Daniele. Eileen commençait petit à petit à cerner Daniele, enfin c'est vite dit. La jeune femme commençait plutôt à voir ce qui composait la vie du manager italien. Il s'avéra que ce qu'elle avait pu lire un jour dans la presse était véridique. A sa dernière remarque la jeune femme haussa les épaules. - Pour le moment, on ne sait pas de quoi demain sera fait … Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Peut-être qu'il gardera ce statut de riche citoyen, ou peut-être qu'il tombera suite à un évènement. Soit, après cela, ils se mirent à trinquer. Chacun ressorti alors un petit quelque chose made in chez lui. Eileen sorti une expression, tout comme Daniele, qui ajouta son accent italien, enfin romain apparemment. Bien que la petite anglaise décidait de savourer sa boisson alcoolisée, Daniele la siffla comme du petit lait. Du coup, il devait remplir de nouveau sa coupe, alors que celle de la jeune femme avait de quoi contenir une gorgée supplémentaire. Avec tout ce luxe, il ne sait même plus savourer les bonnes choses. C'est alors qu'il continua la conversation avec la petite photographe. Quoi de mieux que d'aborder la rencontre entre la jeune femme et le manager anglais. Elle allait devoir raconter ça à Daniele. Elle savait bien avec ce genre d'homme qu'il ne fallait pas mentir, après tout dire pas forcément, mais ne pas mentir. Sa remarque sur les locaux de MTI lui arracha un petit sourire. - Exactement, les locaux tellement romantiques, un café prit dans un coin d'un couloir, des sourires, des regards … Elle sourit un peu et termina sa coupe de Champagne avant de reprendre. - Non c'était au coin d'une rue par hasard. Je venais d'arriver depuis quelques jours. Il y avait une bagarre et j'étais effarée que personne ne bouge le petit doigts. C'est à la suite de quoi qu'il remarqua que je ne venais pas d'ici et que personne n'interviendrai. On a parlé, j'ai dit que je voulais être photographe, il m'a propose un essai à MTI avant de m'engager. C'est pas une scène digne d'un film hollywoodien, je vous l'accorde mais c'était sympathique. Elle regardait le manager italien naturellement. Elle avait raconté les grandes lignes mais sans plus. Elle se sentait l'envie d'attaquer un peu et de taquiner plutôt Daniele. Autant rester sur un sujet plus ou moins similaire. - Et vous alors ? On dit que vous êtes un célibataire endurci qui préfère les aventures. Il y a bien une femme que vous avez aimé un jour non ? … Votre secrétaire peut-être ? Eileen gardait le sourire. Ce n'était pas méchant. C'était aussi moins agressif que ses précédentes remarques. Elle avait bien le droit de savoir si ce Daniele était un minimum humain …

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Demain sera fait de ma richesse et de mon triomphe, comme aujourd’hui, ma petite Eileen. Voilà de quoi sera fait demain. Pas de petits Ricci miniatures ou de quelconques désillusions, ça c’est un fait. Mon sourire était suffisamment éloquent pour faire passer cette idée à Eileen.

On trinqua, parce qu’il était vital que je ne boive pas tout seul uniquement pour ne pas totalement m’en vouloir par rapport à Delta. Genre : je le devais, parce que c’est une fête et qu’à une fête on boit. Une excuse bidon, mais une excuse quand même. D’ailleurs, il ne fallut pas longtemps avant que je ne siffle la totalité de la coupe et que je m’en resserve une. Donc, histoire de ne pas montrer trop de faiblesse, je lui demandais clairement comment elle avait rencontré son cher et tendre Timmy Evans – dit le manipulateur de service.

Rien de romantique… Une bête rencontre dans la rue devant une bagarre. Courant à L.A., bien plus qu’en Europe. Puis, Timmy lui a proposé un essai pour être photographe, puis, j’imagine, de fil en aiguilles ils ont commencés à se connaitre pour finir ensemble.

-En même temps, c’est rare quand c’est aussi planant qu’un film, les rencontres en réalité, dis-je en haussant les épaules.

Il y avait rien de transcendant dans son histoire, ni d’informations intéressantes. Ses réponses devaient certainement manquer de détails et j’avais du mal à savoir ou taper pour obtenir des infos salaces ou autres. Je devenais peut-être vieux, en fait. Non, je suis immortel, en réalité donc c’était juste un jour sans.

Mais maintenant, après ma petite question inutile qui ne m’avait rien rapporté, j’avais le droit au retour de flamme. Je m’aime moi-même, Eileen, c’est bien connu. Mais bon, j’avais quand même été pris de court et, bizarrement, toutes mes relations – je corrige… toute les relations dont je me rappelais – me revenaient en tête. Je laissais transparaitre un sourire. Ouais, il était là pour me permettre de me concentrer sur ce que j’allais lui dire. Histoire de la faire patienter un peu, je repris la bouteille de champagne et lui resservis un verre. Bois, petite, bois.

-Ma secrétaire?, dis-je en levant un sourcil en en souriant. Ça ferait trop cliché, vous ne trouvez pas ?

Bon, c’est vrai que sans elle, j’étais un peu perdu mais notre relation restait strictement professionnelle. Après 9 ans, j’avais même pas eu une aventure avec elle. Sinon, ce n’était plus très pro, fallait le dire…

-Non… Mais j’ai aimé toutes les filles avec qui j’ai eu une aventure. Ne serait-ce que les avoir aimé pour une nuit. Moi, je passe du bon temps et elles, elles peuvent me rajouter à leur tableau de chasse. C’est du win-win.

Je faisais sûrement comme Eileen, j’omettais des détails. J’ai bien aimé certaines filles plus que d’autres. J’en ai même aimé certaines plus qu’il ne l’aurait fallu. Je m’en mordis la lèvre sans m’en rendre compte en repensant à une en particulier. Difficile de l’oublier, celle-là, elle n’habitait pas très loin de ma villa…

-Mais vous n’allez pas me dire que vous, Timmy est votre premier petit ami. Je ne le croirais pas. Vous avez dû en aimer d’autres, non?

Ça se voyait que je perdais pieds avec mes questions à la con ? J’avais l’impression de lui filer plus d’infos qu’elle ne m’en donnait… Et voilà que ma coupe était à nouveau vide. Mais où il part tout ce champagne ?

 

Elle avait parlé de sa rencontre avec Timmy comme le lui avait demandé Daniele Ricci. Eileen avait dit le principal, mais en y regardant de plus près, elle n'y voyait rien de très croustillant non plus. Une rencontre plutôt simple dans une rue de Los Angeles. Elle l'avait d'ailleurs précisé que c'était assez simple, pas comme dans les films. Daniele disait que cela se passait rarement comme dans ceux-ci. La jeune femme acquiesça de la tête. Etant un brin curieuse, elle demanda en retour à Daniele comment c'était de son côté. A-t-il déjà aimé une femme ? Bien que ce ne soit pas son genre, elle était persuadé qu'il avait forcément était amoureux un minimum une fois. Elle se fit resservir un verre par le manager mais n'y toucha pas pour le moment. La jeune femme avait évoqué la secrétaire mais c'était plus du second degré. Ca n'avait pas l'air d'être le style de Ricci. - On ne sait jamais, mais je ne vous voyez pas vraiment avec une secrétaire. Même si l'actuelle a pas mal d'atouts … Elle n'attendit pas longtemps avant d'en apprendre plus. Eileen n'était pas convaincue à cent pour cent de cette histoire. Elle restait un brin sceptique … Après c'est plausible qu'il n'ait jamais été amoureux. C'est quand elle le vit être pensif en se mordant la langue qu'elle se dit qu'il fallait attaquer gentiment. Elle le regarda dans les yeux avec le sourire. - Vu comme ça … Enfin vous n'avez jamais été amoureux, vraiment ? Même pas une en particulier. Vous avez un âge ou vous avez surement connu plusieurs femmes déjà, une à au moins dû vous marquer plus que d'autres ? J'en suis persuadée ! Elle continua de sourire au manager italien. Ce genre de sujet la passionnait vraiment. Elle pourrait surement avoir une jolie photo de Daniele sur le sujet. Eileen ne voulait pas que faire des photos compromettantes ou dévalorisantes. Il faut savoir faire de belles photos avec tous les sujets. A présent c'était à son tour de parler. Cette question était trop simple pour que ça vienne d'un Ricci sûr de lui. Mais bon parler de ses anciens compagnons anglais n'allait pas la mettre en danger non plus. Autant rester sympathique. - Forcément, des amours de jeunesse, un ou deux d'été. Après amoureuse, je l'ai été avec celui avant Timmy mais il s'est un peu foutu de moi donc ce n'est pas passé du tout ! … Enfin amoureuse comme je le suis en ce moment, c'est la première fois, je peux vous l'assurer. Un vrai gentleman. Cela la faisait peut-être passée pour une fleur bleue, mais elle disait la vérité rien que la vérité, elle ne craignait à dire qu'elle était amoureuse. Trêves de rêveries, ils reçurent de la visite. La jeune femme avait proposé au manager de MTI de venir leur rendre visite et ce gros balourd venait de se décider à ramener son derrière … Juste au moment où la jeune femme sentait qu'elle pouvait aller plus loin avec Daniele. Elle en saura surement plus un autre jour, ou peut-être après le départ du gros. Il s'était amené, les saluant et souhaitait faire parti de la séance photo. - Euhm … Ca … Ca ne vous dérange pas si … je me joins à vous pour quelques photos ? Eileen regardait alors successivement Lenny et Daniele. - Je n'ai rien contre et vous Daniele ? Cette séance était l'idée de Daniele, donc à lui de décider si l'on pouvait inclure Lenny Knowles dans quelques photographies ou non. La jeune femme but une gorgée de sa coupe de Champagne en attendant et remarquait que celle de Daniele était déjà vide …

Vegas, Baby! ft. Eileen J. Kramer

Secrétaire, mannequin, actrice, chanteuse ou encore photographe. Le métier ne faisait pas la femme. Pour moi c’était leurs atouts qui comptaient et leur personnalité. Mais d’abord, leurs atouts… Là, Eileen avait encore visé juste. Elle était doué la petite amie d’Evans et plus notre conversation avançait plus je commençais à comprendre pourquoi ils étaient ensemble.

-Oui, elle en a… Mais le plus grand atout dont elle dispose c’est quand même qu’elle arrive à me supporter, dis-je avec un petit sourire en coin.

Pour ce qui était de mes autres conquêtes c’était une toute autre histoire. Pour moi, je les avais toutes aimé ne serait-ce que pour dix minutes. On ne pouvait pas avoir un aventure avec une femme qu’on n’aime pas – et ce même si cette aventure ne dure qu’une nuit. Mais de tout ce lot, il y avait peu de noms dont je me rappelais. Et de ceux que je me rappelais, il n’y en avait qu’un qui ressortait. Et si je m’en rappelais c’est parce que je l’avais aimé, mais aussi parce qu’elle avait égratigné mon ego. Evidemment, à force d’y pensé j’avais laissé une ouverture à Eileen parce que tout ça c’était vu sur mon visage. Fallait que j’assure pour la réponse que j’allais donner à la photographe.

-A 23 ans déjà, j’avais connu plusieurs femmes, comme vous dites, dis-je pour reprendre contenance. Et, si j’ai été amoureux de l’un ou l’autre– ce qui est plausible – je ne m’en rappelle même plus leur noms.

Bon c’était un gros mensonge mais ça, je ne l’avais pas laissé transparaitre. Je n’allais pas perdre pied à cause d’une blessure narcissique qu’une femme m’avait faite dans le passé. C’était pas digne de moi.

Elle aimait les gossips la petit Eileen. Je la sentais monter en puissance tellement que, dans certaines de ses expressions ou de ses phrases, j’avais l’impression qu’elle était possédée par Timmy. Ce type était vraiment un cauchemar, il me suivait même jusqu’en tournée.

Encore une fois, j’essayais de retourner la situation mais mes questions étaient trop simples, elles manquaient de cynisme et de sarcasme et elle ne mettait en rien en danger la petite anglaise. C’était normal que je n’arrive à rien, je ne la connaissais pas assez pour pouvoir savoir sur quel front attaquer. C’était râlant… Ouais, elle avait été amoureuses d’autres gars avant Timmy, c’était pas un scoop, j’imagine. Un peu fleur bleue, la petite anglaise envoya encore des fleurs à son manager de petit ami – qui, cela dit en passant est, en plus d’être un gentleman, un coincé notoire.

-Passionnant… Evans, est tellement parfait…, dis-je avec une petite touche d’ironie avant qu’on ne se fasse interrompre par Lenny.

Bah il tombait bien celui-là. Quitte à ne pas pouvoir faire flancher la petite Eileen, j’allais pouvoir passer mes nerfs sur lui. Je ferais bien un jour tomber le sourire de la photographe un autre jour. J’avais toute la tournée pour ça. Ça ne sera que partie remise.

Lenny – avec sa « classe légendaire » - demanda timidement s’il pouvait se joindre à nous. Eileen était d’accord.

-Pourquoi pas… Ça donnera plus de contraste !

Traduisez ça par : vu qu’il sera sur la photo on ne pourra que plus voir ma classe naturelle. N’ayant rien compris à mon sarcasme, Lenny sourire et pris la pause à côté de moi.

-Vas-y, Eileen envoie le flash !, dis-je en mettant mes lunettes de soleil qui trainait dans la poche de ma chemise. J’avais plus la classe avec ça !

Fini les vouvoiements, petite ! Fini les politesses ! Je t’aime bien, mais Evans, c’est mon ennemi. Donc, j’ai bien peur pour toi que ce ne sera pas la dernière de nos joutes verbales. Tu as gagnés la bataille… Jamais tu ne gagneras la guerre !