Hier avait eu lieu la soirée de gala en hommage aux victimes du mouvement de foule de St-Louis. Il y avait eu pas mal de dons... Evy et moi en avions d'ailleurs fait un de la part de L.A. People et j'avais ajouté ma propre contribution pendant que personne, pas même Evy, ne regardait. Ce n'était pas l'argent qui allait consoler les familles des victimes de l'Apocalypse à laquelle nous avions assisté, mais je ne voyais pas comment aider d'une autre manière. Ces trois personnes étaient mortes et rien n'allait les ramener... Mais je me disais que ça aiderait peut-être à mieux soigner ceux qui avaient été blessés.

J'avais fait quelques photos intéressantes discrètement avec mon appareil jetable planqué dans ma veste... Et malheureusement, la plus rentable, celle qui montrait Howard Stone en compagnie de la secrétaire de Daniele Ricci, je savais que je n'allais pas pouvoir l'utiliser. C'était Daniele que je devais descendre, et si je pouvais ne pas entraîner mon meilleur ami, Timmy, dans sa chute, ce serait mieux...

Par contre, l'information allait peut-être être utile pour le manager anglais. Grâce à Howard, si celui-ci se décidait enfin à être sérieux vis-à-vis de la jeune femme, ce qui n'avait rien de gagné, on aurait une taupe directement chez Daniele. Et le batteur n'allait pas être difficile à convaincre : il suffirait de lui donner ce qu'il avait besoin sur le moment. Il faudrait que je parle de tout ça à Timmy.

Mais avant ça, j'avais une mission très important à remplir pour ce même Timmy. Et qui concernait également ce même Howard... Pfff... Si j'avais su que la cohabitation entre les deux serait aussi compliquée, je me serais abstenu... Et en même temps, il ne fallait pas le dire à Howard, mais sans lui, The Bunring Fire ne serait pas ce qu'il était.

Je m'étais donc réveillé ce matin sans m presser, profitant du grasse matinée bien méritée. De toute façon, je ne pouvais pas compter voir Howard avant 10 ou 11 heures du matin... Avant ça, il risquait d'être en train de dormir et sûrement en compagnie de l'une ou l'autre jeune femme, si ce n'était carrément avec Maria Watson, ce qui ne m'étonnerait pas. Enfin soit, je pris bien mon temps puis après avoir pris une douche et enfilé un jeans, une chemise et mes Reebok blanche, j'étais allé déjeuné au restaurant de l'hôtel. Je n'étais pas allé chercher Evy puisqu'on essayait d'apparaître le moins possible ensemble en public.

Pas de trace d'Howard au restaurant. Bon, j'aurai bien espéré... Une fois que j'eus fini de manger et bu au moins trois grands cafés, je me décidai à aller chercher Howard par la peau du cul. Et tant pis si je tombait sur lui et une jeune femme nue dans son lit... Bien qu'il y avait plus de chance, dans ce cas-là, que je tombe sur une porte verrouillée mais bon... Il était 11 :30 désormais et je n'avais pas que ça à foutre que de torcher le cul des poulains de Timmy.

Je montai donc les escaliers qui menaient à l'étage où se situait la chambre de Howard. Me demandez pas comment je savais laquelle il occupait, secret de journaliste people. On était au States et les billets verts ouvrent toutes les portes.

Une fois arrivé devant la bonne porte, je tambourinai dessus.

-Stone ! Faut que tu rentres à L.A. avant que Timmy ne transforme tes couilles en infuseur pour son foutu thé...

Je tambourinai encore. J'avais promis à Timmy, je n'avais pas intérêt à échouer.

-Ouvre!

Quand j'ai fait le choix, sur un coup de tête, de rejoindre la tournée, je n'aurais jamais imaginé que ça se passerais comme ça. Je suis venu ici dans l'espoir d'y trouver le fun et j'y avais trouvé plus que le fun (si on exclus le mouvement de foule). Il y avait eu des casinos à Saint-Louis, tout comme il y en avait à Indianapolis. J'avais fait de belle partie de poker et arnarqué pas mal de paumés, mais j'avais découvert à Saint-Louis une bien meilleure attraction: Maria Watson. Depuis le jour où je m'étais gouré de chambre pour me retrouver dans la sienne, tout avait plus ou moins changer dans le sens où l'alcool et les jeux d'argent étaient passés au second plan pour me focalisé uniquement sur cette relation plus passionnelle, pour l'instant, que réellement sentimentale. Même Ricci, n'avait pas pu empêcher ça. Et plus Maria en redemandait, plus je répondais à ses demandes et inversément.

Et je dois dire que tout ça m'avait complètement fait oublié l'album, Timmy et cette foutue quête d'identité que j'essayais d'avoir à travers la presse people en faisant des connerie du genre de me crasher bêtement au milieu de Downtown. Ma jalousie envers Nathan J. s'était envolée dès que j'avais échanger les premiers baisers avec le secrétaire de l'Italien. Ma rencoeur envers mon foutu groupe n'existait plus pour le simple fait que je les avais oublié pour me centrer uniquement sur tout le fun que je trouvais ici. Je me sentais vraiment en vacances et je voulais que ça dur éternellement.

J'avais passé la nuit dans la chambre de Maria. Je l'y avais rejoint directement après le gala. On avait très peu dormi mais on s'était bien éclaté. Je vivais chaque moment à l'instant ne me préoccupant pas de ce que serait l'avenir de notre relation. J'étais pas ce genre de type. J'étais plutôt tout le contraire. Ça durera tant que ça durera. Tant que je m'éclatais, je ne voyais pas bien l'intérêt d'arrêter. Je plaquais souvent des filles par ennuis mais Maria me semblait différente. Elle était pleine de surprise.

Je me réveillai à ses côtés. Elle dormait paisiblement.Je ne l'avais pas réveillé me contentant d'un bref baiser sur sa joue. Je pris ma douche dans sa chambre et je remis ma chemise et mon pentalon de costard d'hier. J'allais aller chercher de nouveaux vêtements dans ma chambre avant d'aller manger. Avant de partir, je griffonai un mot que je laissai sur le bureau bien en vue.

"A la prochaine, Maria. Tu sais où me trouver - Howard"

Signe que, pour moi, tout pouvait continuer. Je parti direction ma chambre, portant ma veste de costard. Mes cheveux étaient encore mouillé de ma douche et mes yeux bouffis par une nuit courte. J'arrivai à l'angle du couloir non loin de ma chambre et vis, à ma grande surprise, Amon tambouriner à ma porte. Je fronçai les sourcils en l'écoutant dire que je devais rentrer à L.A. sinon Evans allait me faire passer un sale quart d'heure. Je m'approchai discrètement et m'appuyais contre le mur du couloir, les bras croisés, à quelques mètres seulement du Danois.

-Nan... Je ne rentrerais pas à L.A., même si Timmy met ma tête à prix.

J'étais sérieux et ça se voyait dans mon regard avec lequel je défiais un peu Amon.

-Et tape pas comme ça sur la porte, elle ne t'as rien fait.

Un sourire sarcastique s'afficha sur mon visage. Pas question que je rentre à L.A. Je m'amusais comme un gosse ici.

J'allais bientôt démolir la porte à force de frapper dessus quand la voix familière d'Howard se fit entendre juste à côté de moi. Je me tournai vers le batteur. Pas besoin de me faire un dessin pour savoir d'où il venait. Avec ses cheveux mouillés, il sortait tout juste d'une douche, mais qu'il avait pris dans une autre chambre, une chambre dans laquelle il n'avait pas de vêtements de rechange puisqu'il avait remis son costard avec lequel je l'avais vu parader au gala hier.

Il avait répondu du tac au tac à ma menace concernant ce que Timmy comptait lui faire de toute façon, qu'il rentre ou pas, le batteur allait passer un très mauvais moment. Mais apparemment, c'était loin de suffire pour lui faire peur ! Après tout, le musicien avait toujours aimé vivre dangereusement et ce n'était pas Timmy l'Anglais et ses manières qui allaient l'effleurer un tant soit peu...

Et pourtant, s'il l'avait connu aussi bien que moi, il saurait qu'il était dangereux de mettre le manager à bout. Pourquoi, sérieusement, croyait-il qu'il ne faisait pas la Une de L.A. People ? Seulement parce que je voulais faire plaisir à mon ami ? Non... Parce que je savais qu'il avait autant d'armes que moi pour m'écraser... L'amitié entre le manager et moi n'était pas basé sur des affinités, mais sur la dissuasion nucléaire.

Heureusement pour moi, le batteur n'était pas très compliqué à comprendre. J'avais donc arrêté de martyriser la porte de sa chambre d'hôtel et l'avait regardé avec un air blasé que j'espérais convainquant.

-Tant pis pour toi, alors... Je voulais juste te prévenir...

Fallait que j'y aille au bluff et j'espérais que le joueur de poker qu'était Howard ne me percerait pas à jour. Je n'avais qu'un seul détail en ma faveur : je ne savais pas moi-même si le projet de Timmy de remplacer Howard si ce dernier ne rentrait pas était vrai ou non... Ce que j'allais dire n'étais donc pas tout à fait un mensonge.

Mais Timmy, tout comme moi, on savait que le seul moyen de toucher Howard était de viser son ego.

Je soupirai, comme si je trouvais bien dommage la décision d'Howard. Ce qui était vrai...

-Timmy est au courant de ton escapade. T'étais sensé enregistrer, mec!

Là, c'était moi qui m'indignait ! Putain, un tout nouvel album de The Burning Fire à mettre dans ma collection, ce ne serait pas de refus ! Et puis je voulais voir ce que la nouvelle mouture valait !

-Timmy pense à te remplacer par le batteur d'un groupe de L.A., BleedingHeart, si tu ne rentres pas...

Et j'étais sûr qu'il était capable de le faire. Si Stone jouait trop avec ses couilles, Timmy n'hésiterait pas ! Et cette certitude pouvait se ressentir dans ma voix.

Pauvre porte... Elle se prenait les poings d'Amon alors qu'elle n'avait rien demandé. Si j'étais de l'autre côté, j'aurais pas été content d'être réveillé par le tambourniage du Danois.. Les menaces avaient déjà volée. Timmy voulait que je rentre à L.A. et il avait envoyé son ami (et chien de garde) danois pour venir me dénicher ici profitant que le journaliste était sur la tournée pour venir me chercher. Je répondis directement aux menaces. Timmy pouvait me réserver le pire des sorts, je comptais rester ici jusqu'à la fin de la tournée. J'avais pas peur de l'Anglais, je savais que je lui étais indispensable. Sans moi, il était bon pour chercher pendant 1000 ans un batteur qui aurait un centième de mon talent.

Je m'appuyai contre le mur, les bras croisés, regardant Amon d'un regard désinvolte. Non était une réponse claire. Je m'amusais bien trop ici pour retourner à L.A. et me faire chier avec les désaccords qui régnaient au sein de mon groupe. En plus, il était bien beau le Timmy mais je l'avais pas vu se pointer une seule fois au studio depuis qu'on avait commencé l'album... Je ne sais pas ce qu'il foutait... Amon avait pris un regard blasé qui faisait presque qu'écho au mien. Il laissa presque tombé l'affaire en mode: je te préviens, viens pas pleurer après. Je pliassais un peu les yeux.

-Comme c'est sympathique...

L'ironie dans ma voix s'entendait. Que c'était sympa de la part d'Amon de me prévenir de la future colère d'Evans. C'est tellement prévoyant. Timmy attendra mon retour, pas question que je rentre pour lui. La tournée devait durer encore quelques dates et c'était tout ce temps-là que je comptais passer avec Maria.

Amon soupira me rappelant mon devoir.

-Je sais, mais personne ne semble vouloir faire quelque chose de constructif dans le groupe. Alors je me suis barré. Je vois pas l'intérêt de parlementer dans le vide avec un groupe où personne ne s'entend...

Un long soupire vint ponctuer ma phrase. Mon groupe n'était plus que l'ombre de ce qu'il était quoi qu'en crois les gens. Ce qui suivi me fit lever les sourcils. Quoi? Me remplacer, moi? Par le batteur de BleedingHeart? J'avais même jamais entendu ce groupe. La seule chose que je savais c'est que c'était des punks qui avaient été arrêtés il y a quelques mois pour un concert de protestation. Un article signé Amon si je me rappelais bien. Je rigolai sur un ton narquois.

-Timmy perd les pédales. C'est du bluff. Remplacer le batteur d'un groupe rock par un batteur spécialisé dans le punk. Ben bravo... Je croyais qu'il s'y connaissait en musique, moi, le Timmy.

Mon sourire s'élargit.

-Et les fans ne vont pas être content. Je suis presque tout ce qu'il reste de l'ancien The Burning Fire.

Excès de confiance? Peut-être. M'en fout, Timmy n'osera jamais me replacer.

-Puis, j'ai plein de raisons de rester ici. Plus que je n'en ai de partir.

Et si Timmy me virait, plein de groupe allaient se bousculer au portillon pour m'avoir.

J'avais abattu toutes mes cartes d'un coup. Pas très intelligent, on s'entend, mais j'avais pas grand chose non plus pour convaincre Howard. D'autant que je ne savais pas, il me l'apprenait à l'instant, que ça allait si mal entre les membres de The Burning Fire. Et je sentais que là-dedans, Timmy avait sa part de tort... Il était « manager », non ? Ça voulait bien dire ce que ça voulait dire... Et le problème, c'était que ces derniers temps, Timmy avait été tellement obsédé par Ricci qu'il en avait oublié de faire son job. Du coup, son groupe phare, qui était passé par quelques coups durs, avait du mal à s'en remettre. Pourtant, il avait tout ce qu'il fallait pour que ça passe ! Le problème, c'est qu'avoir des individualités bourrées de talent ne suffisait pas à faire un groupe de rock...

Il fallait quelque chose pour les lier et c'était sensé être Timmy... Je n'étais plus très sûr, du coup, que le type à recadrer était vraiment Howard. Peut-être bien que c'était Evans, en fait, qui aurait eu besoin d'un bon coup de pieds au cul s'il ne voulait pas se retrouver au 36e dessous en même temps que son rival.

Le peu d'arguments que j'avais, Howard les avait balayé d'un revers de la main nonchalant. Qu'est-ce que je pouvais bien répondre à ça ? Ses dires se tenaient : il n'y avait pas de cohésion dans son groupe qui n'était donc pas propice à la création ; Timmy perdait les pédales, ce dont j'étais moi-même témoin ; et la batteur de BleedingHeart, qui qu'il soit, était bel et bien un punk et donc incompatible avec la musique de The Burning Fire.

Échec et mat, Amon... Et c'était d'autant plus amer que la défaite avait été rapide et infligée par Howard Stone...

Je soupirai, à moitié résigné.

-Howard...

Ouais... A court d'arguments, Amon ? Ouais, clairement...

-Si on parlait à l'intérieur, tu veux ? Je suis pas là pour jouer les foutus moralisateurs...

C'était juste que j'aimais bien Howard et que j'aimais bien Timmy et que là, j'étais mal placé. Encore une fois, je réalisais qu'il ne fallait pas s'attacher aux gens, ça amène que des problèmes. Et qu'est-ce que j'avais fait ? Je m'étais attaché à Evy... Bien joué...

J'actionnai nerveusement la clinche en sachant pourtant pertinemment que si Howard ne déverrouillait pas cette foutue porte, on ne saurais jamais entrer dedans. Mais je savais une chose : je n'étais pas le seul journaliste sur la tournée et je savais notamment qu'Axel Moriarty rôdait dans le coin. Du coup, je préférais que les petits problèmes d'entente de The Burning Fire restent entre nous.

Et en attendant que le batteur se décide, je plissai les yeux.

-Ah ouais ? Et quelles raisons ? Les casinos ? Le fun?

Je ne pus m'empêcher de sourire. J'étais le pire des journalistes people de L.A., non ?

-Ou Maria Watson ?

Ses arguments étaient maigres et vides de sens. Timmy n’avait aucun moyen de chantage pour me ramener à Los Angeles et Amon devait certainement s’en rendre compte. Me mettre sous le nez que le batteur de BleedingHeart était bon et prêt à me remplacer était une idée artistiquement ridicule. De un, parce qu’il était batteur de punk rock et de deux, parce que j’avais du talent et que les fans de The Burning Fire n’accepterai pas un remplacement de plus. P’tètre que je faisais de l’excès de confiance mais là j’étais quand même réaliste.

Amon soupira mon nom. Ouais Howard ? Quoi Howard ? J’avais raison, point barre. Le Danois n’avait plus d’arguments, voilà ce qu’il y a. Je laissai apparaitre un petit sourire de satisfaction. J’avais vaincu cette grande gueule qu’était Amon. Et en deux temps trois mouvements, en plus. Ok, Timmy allait peut-être m’engueuler quand on rentrerait mais il allait le faire que je rentre maintenant ou que je rentre plus tard alors à quoi bon rentrer tout de suite ? Ça n’avait aucun sens.

Amon souhaitait rentrer dans ma chambre pour discuter. Je haussai les épaules. Si ça lui faisait tant plaisir. De toute façon, j’avais été clair, je ne comptais pas rentrer. The Burning Fire me foutait en panne créative avec toutes leurs conneries. Amon actionna la clinche. Ouais, c’est fermé, mec… Je fouillai dans mes poches pour en sortir la clé de ma chambre. En même temps, j’avais dit à Amon à quel point j’avais bien plus de raisons de rester ici plutôt que de rentrer.

Je m’approchai de la porte, mettant la clé dans la serrure alors qu’Amon cherchait à trouver lesdites raisons. La dernière qu’il me cita arriva au moment où j’ouvris la porte.

-Tss…

C’était bien un journaliste people… Il savait déjà tout… J’entrai dans la chambre.

-Décidément, j’ai l’impression que c’est un secret de polichinelle…

Ricci était au courant et maintenant, j’apprenais qu’Amon aussi. Je voyais plus vraiment l’intérêt de me cacher, du coup… Si je le faisais encore c’était pour Maria.

Je me dirigeais vers l’armoire où se trouvait mes vêtements.

-T’es vraiment à la hauteur de ta réputation, Amon… Les raisons ? Tout ça en même temps, je suppose.

Je sortis un t-shirt noir et un jeans de mon armoire et les lançai sur le lit avant de me retourner vers Amon les bras croisés.

-Mais Maria… C’est devenu la raison principale. Comment tu l’as su ?

S’il me lâchait « ta discrétion légendaire » je crois que j’allais soupirer un grand coup…

Howard avait fini par ouvrir cette foutue porte et on allait pouvoir discuter tranquillement, sans risquer qu'Axel Moriarty ne débarque pour venir foutre son nez dans des affaires qui ne le regardaient pas. Parce que s'il y avait une plaie en tant que journaliste en dehors de moi, c'était bien Axel !

Le batteur sembla un rien exaspérer que je lui sorte Maria Watson comme raison de son séjour allongé sur la tournée. Et je devais dire que ça me surprenait un peu de la part d'Howard... Ce n'était pas comme s'il cherchait, d'habitude, à cacher ses relations. Mon regard se fit donc perplexe alors que nous pénétrions dans la chambre et que le batteur allait direct se chercher de nouveaux vêtements. Ben ouais, le style avant tout...

Moi, je me dirigeai vers le minibar, une option que le musicien devait avoir exiger dans la configuration de sa chambre d'hôtel et pour lequel il avait probablement payé le prix. Je nous sortis deux verres que je remplis de Whisky qui se trouvait dans une carafe fermée par un bouchon de verre. Que de luxe... On se croirait dans le bureau de mon père.

Tout en faisant tourner le whisky dans mon verre, je m'approchai de Howard pour lui tendre le sien. Je le connaissais et j'étais prêt à user de toutes les stratégies possible pour arriver à mes fins. Plus tellement pour Timmy, mais plutôt pour le challenge.

Je haussai les épaules quand Howard me demanda comment j'avais su pour lui et Maria.

-Sur une tournée comme celle-ci, le journaliste que je suis n'a d'autre effort à faire que d'ouvrir les yeux. Tout le monde est confiné aux mêmes endroits, dans les mêmes coulisses, les mêmes fêtes, les mêmes bars. Il n'y a qu'à tendre la main et se servir.

La relation entre Howard et Watson n'était d'ailleurs qu'une des multiples informations dont je disposais. Les autres étant de degrés d'importance différents. Mais je pouvais déjà dire que le cauchemar était bien loin d'être terminé pour Billy Lighter... Sa petite amie top-modèle Savannah, qui était apparue au gala d'hier soir, ayant déclaré à une amie à elle, alors que je sirotais un verre pas loin, qu'elle ne voulait pas que sa carrière soit entachée par ce mouvement de foule...

Et le pire, c'était que j'étais sûr qu'elle avait fait exprès de dire ça quand j'étais dans le coin. Allait-elle avoir une vraie conversation avec le chanteur de The Lightening, ou apprendrait-il l'abandon de sa petite amie par un article de L.A. People signé Amon Sørensen... Je n'en savais rien. Et j'avais l'impression qu'il fallait que j'en parle à Evy...

Peut-être serait-ce mieux qu'il l'apprenne par sa demi-sœur avant que ne vende le tout au magazine people le plus lu de L.A.

-La vraie question, c'est plutôt : pourquoi Howard Stone se fait-il si discret ?

Je souris, narquois.

-Elle vit à L.A., tu le sais, ça ?

Histoire d'en remettre une couche comme quoi, même s'il rentrait maintenant, ils ne seraient pas séparés longtemps.

Je bus une gorgée de whisky avant de me laisser tomber, assis, sur le lit confortable, à côté des vêtements qu'avaient choisi le batteur.

-Qu'est-ce qui ne va pas avec The Burning Fire ? C'est le boxeur qui demande, pas le journaliste...

De toute façon, je ne pouvais pas écrire d'article sur The Burning Fire, sinon, ce serait MES couilles qui finiraient en infuseur à thé.

Amon sortit du bon whisky du minibar. Chaque fois que je prenais une chambre d’hôtel, je prenais cette option. Ça m’évitait de devoir me bouger. Je pris le verre après avoir lancé mes nouvelles fringues sur le lit. Le journaliste savait déjà pour Maria et moi, à croire que tout le monde sur la tournée le savait. Et Amon m’éclaira un peu sur comment il l’avait su. Le nombre de personne rassemblée au même endroit dans un espace confiné était ce qui le conduit à savoir. Ouais, ça devait être une aubaine pour les journalistes de suivre une tournée pareille. Pas moyen d’avoir des petits secrets, ici… Je haussai les épaules en buvant la moitié du whisky.

-Ouais, je suppose que cette raison se défend…

Donc je devais me résoudre à me dire que ma relation avec Maria Watson n’allait pas tarder à finir dans L.A.People. D’habitude, un truc comme ça m’enchanterait mais, ici, je ne sais pas pourquoi, ça m’ennuyait.

Amon se posait une question et comme tout réponse, je lui souris. Se faire discret c’était pas mon genre surtout après avoir délibérément crasher ma Ferrari pour faire la Une de L.A.People.

-Pour le challenge…

C’était mieux de dire ça que de dire : pour elle. Ça le faisait plus et ça me permettait de, quitte à ne plus pouvoir me mentir à moi-même, au moins continuer à mentir aux autres.

J’achevai mon whisky quand Amon m’envoya son sourire narquois le plus réussi pour me dire que Maria vivait à L.A. Je levai un sourcil, déposant mon verre vide sur la table. Tu cherches une carotte à me mettre sous le nez pour que je rentre à L.A., Amon ?

-Je sais… Mais elle est encore ici, en attendant. Je vis au jour le jour, moi.

Et il valait mieux vu comment je vivais. Je ne saurais pas me passer de Maria le temps que la tournée se finisse. Je voulais profiter à fond de ce que je vivais là, maintenant, tout de suite. J’étais pas du genre à reporter mes besoins à plus tard.

Amon s’assis sur le lit et je me postai devant mes vêtements. J’enlevai d’abord ma chemise qui sentais encore l’alcool et la cigarette et l’envoyai sur la chaise pour ensuite enfiler mon t-shirt. Je répétai l’opération avec mon pantalon tout en écoutant la question d’Amon. Un fois entièrement habillé, je soupirai regardant le Danois.

-Le groupe en divisé en deux et je suis au milieu du bordel. Jerry The Kid et les deux nouveaux veulent bien enregistrer. Ils ont d’ailleurs de bonnes idées même si Nathan n’était pas toujours simple à vivre. Même pour moi…

A mes mots un petit sourire jaune vint s’afficher sur mon visage. Je marquai une pause pour reprendre mon verre et le remplir à nouveau marchant devant Amon qui était assis.

-Notre bassiste et notre claviériste ne peuvent pas piffer Jerry… Ses retards, ses blagues, tout en lui les emmerde. A dernière session d’enregistrement avant mon crash, ils se sont même barré avant le début tellement Williams était en retard.

J’avais dit tout le problème à Amon en soupirant (ou en buvant) après chaque phrase.

-Dit moi ce qu’il fout, le Timmy ? A part aller voir dans les autres groupes des gens pour me remplacer ? Il n’est même pas venu écouter nos dernières chansons.

C’est vrai quoi… J’achevai mon deuxième verre. 

Étape numéro un, mettre le batteur à l'aise. Et rien de tel que le whisky pour ça. Il aurait plus manqué que je sois une blonde à forte poitrine et ça aurait été dans la poche, mais je ne remplissais qu'un seul de ces deux critères. Ce n'était donc pas encore gagné. Mais au moins, je n'allais pas rester sur un Howard braqué et bouché s'il avait un peu d'alcool dans le sang.

Il m'avait demandé comment je savais pour lui et Watson et je le lui avais expliqué sans détour. Ce qui me donnait un crédit pour une autre question que je posai directement après, à savoir pourquoi il semblait vouloir que ça reste discret, ce qui était contraire à toutes ces habitudes...

Ce à quoi il me répondit par une réponse beaucoup trop courte pour un Howard Stone qui, en générale, adorait s'écouter parler. Je m'étais déjà laissé allé à penser qu'il était peut-être un frère caché de Ricci, ce qui n'aurait rien eu de surréaliste étant donné que la réputation du père du manager italien était au moins à la hauteur de celle de son rejeton au niveau conquêtes...

Et ça, c'était un concept à ne pas mettre dans l’esprit de Timmy Evans, par contre. Il aurait été capable de lui faire passer un test de paternité pour savoir s'il le gardait ou non au sein de The Burning Fire. Je me frottai le visage rien qu'à cette pensée... Mais dans quelle merde j'étais, moi ?

J'avais alors tenté ma chance en lui disant que Maria Watson vivait à Los Angeles, tout comme lui, et que donc, il ne perdrait pas grand chose à rentrer en ville avant la fin de la tournée puisqu'elle finirait également par y revenir. Mais la mayonnaise ne pris pas et Howard balaya cet argument-là aussi d'un revers de la main...

-Bon, ok...

C'était pas faute d'essayer... Mais si le batteur avait fuit L.A., je sentais que, pour une fois, ce n'était peut-être pas pour une raison aussi futile que d'habitude. Il suffisait de l'écouter. Il ne réagissait en aucun point comme d'habitude.

J'en vins à The Burning Fire. Autant crever l’abcès direct et parler de ce qui faisait mal. Alors là, il se mis à débiter un peu plus de phrases, ce qui me rassurait un peu, même si le fond ne me disait rien qui vaille pour son groupe. Il ponctuait ses phrase de gorgée de whisky et avait réussi en même temps à s'habiller de la tête aux pieds et à se servir un deuxième verre. Je ne savais pas comment il faisait sans perdre à un seul moment le fil de ce qu'il disait, me contentant de l'écouter attentivement tout en buvant aussi tranquillement que ce qu'il me racontait me le permettait...

Parce qu'il en vint très vite à la conclusion d'une dure réalité : The Burning Fire n'était pas le problème en soi... Timmy était le problème. Et ça, c'était merdique.

Je soupirai encore... A croire que j'avais vraiment envie de me dégonfler. Je posai mes coudes sur mes genoux, tenant mon verre presque vide entre mes mains et regardant le batteur.

-Écoute, je suis au courant pour Timmy... Je lui parlerai... Mais ça ne devrait plus durer longtemps, de toute façon. Il devrait se recentrer bientôt sur vous. Il tient à The Burning Fire. Vous êtes son premier groupe, n'oublie pas ça. Et, comme tu dis, tu es le seul qui reste.

Je vidai mon verre avant de continuer.

-C'est pour cette raison que tu dois tenir le groupe en un seul morceau jusqu'à ce que Timmy soit « de retour » pour vous, si je puis dire... C'est pour ça que tu dois rentrer à L.A.

C'est ça, Amon, essaye de responsabiliser Howard Stone... Bonne merde...

-Sinon, comment ça va ? T'étais où pendant l'émeute ?

Je n'avais pas revu le batteur depuis. Et je voulais savoir si ça l'avait affecté d'une quelconque manière. Une façon aussi de détourner la conversation de L.A. pour mieux y revenir par après.

Je ne voulais pas partir d’ici, non seulement pour rester le plus longtemps possible avec Maria, mais aussi parce qu’un retour à L.A. signifiait que j’allais devoir me remettre au travail avec The Burning Fire et que le groupe, même si les médias ne savaient rien, était bien à la dérive. Pas au niveau du talent, mais au niveau de l’ambiance qui était… Nulle part. Et ce n’était pas ma faute pour une fois !

Je racontai tout à Amon tout en buvant mon whisky. Et rien que faire ce foutu topo me montrait à quel point la situation était désespérante. J’espérais un peu que mon absence a donné une leçon à tout le monde et qu’ils se seront tous réconciliés à mon retour. On pouvait toujours rêver… Mais c’était pas tant contre Nathan ou même les autres que j’en avais, c’était plus envers Timmy. Je l’avais pas vu une seule fois débarquer aux studios pour entendre ce qu’on avait à proposer pour le prochain album. J’aimais bien qu’on s’intéresse un tant soit peu à mon travail… Qu’on me dise qu’il est bien fait et tout ce bordel. Là, je manquais un peu de ça. Et puis, merde quoi, il fout quoi le Timmy ? Il prend des vacances ? C’est la question qui je posais à Amon qui… N’y répondit pas. Il disait juste qu’il parlera au manager avant de me rassurer. Je fis la moue remplissant pour la troisième fois mon verre que j’afonai d’un coup avant de m’en resservir un quatrième.

-Ouais… C’est ça… Parle-lui…

Je trouverais bien la réponse à ma foutue question un jour de toute façon. P’tètre que Timmy était bien occupé avec un autre groupe… J’en soupirais avant de soupirer encore plus quand Amon me donna la lourde responsabilité de tenir le groupe en un seul morceau jusqu’au retour de Timmy.

-Trop tard, j’ai perdu les pièces. Puis, je peux obliger personne à supporter Nathan. J’ai le cul entre deux chaises, merde. Il y a que moi qui en ai encore quelque chose à foutre !

Et tout ça parce que je détestais changer mes foutues habitudes. C’était peut-être uniquement ça qui me tenait encore à The Burning Fire. Mais j’étais prêt à parier que si je me foutais sur le marché des batteurs de talent sans emploi, je ne resterais pas deux jours sans boulot…

C’est Amon qui mis fin à ce foutu sujet dont je détestais parler. Il parla d’un sujet un peu plus léger (façon de parler, hein…), c’est-à-dire l’émeute.

-Au milieu de la foule… Avec Eileen. Je l’avais accompagné au concert. Heureusement, on a assez vite pu rejoindre les coulisses. On a eu que quelques bleus, rien de plus. C’était pas un concert, un champ de bataille, ce truc.

J’achevai mon quatrième verre.

-J’ai aidé la petite amie de Timmy… Il peut bien me remercier d’avoir été ici au moment de l’émeute. Imagine si elle y serait allée toute seule… Du coup, Timmy doit sauver mon foutu groupe. Quoi qu’il fasse. Allez, Amon, dit moi ce qu’il fout. Il découvre d’autres talents, c’est ça ? BleedingHeart, t’as dit ? Ou alors c’est autre chose…

Je voulais savoir, bordel. 

Howard en était à son quatrième verre de whisky alors que je venais seulement de finir mon premier. Et j'allais m'arrêter là, je crois. Je n'aurais pas pu suivre le rythme du batteur, de toute façon. Je n'avais jamais été un grand buveur, même si je ne crachais pas sur un verre de temps en temps comme aujourd'hui..

Pour la première fois, je voyais Howard réellement nerveux. Et dans un sens, c'était rassurant. Ça voulait dire qu'il ne prenait pas à la légère les dysfonctionnements de son groupe. Ce qui, par extension, signifiait qu'il y tenait et qu'il n'allait pas l'abandonner aussi facilement qu'il voulait le laisser entendre...

Je lui promis donc de parler à Timmy comme j'avais promis au manager lui-même de parler au batteur. Évidemment, à ce moment-là, je croyais que la fugue d'Howard n'était qu'un caprice de star de plus, je n'avais aucune idée qu'il y avait quelque chose d'aussi important derrière, que sa fuite de L.A. avait réellement une raison. Maintenant, la situation était encore plus compliquée et la relation du musicien avec la secrétaire de Ricci rendait les choses encore plus compliquées.

Pire encore, c'était des alliances qui n'arrangeaient pas nos affaires, Howard étant désormais en lien direct avec Timmy et indirect avec Daniele... Il allait falloir marcher sur des œufs. L'idée m'effleura même que Daniele avait pu repérer Howard sur la tournée et envoyer Watson comme espionne à sa solde. Mais non, c'est de la paranoïa, ça, Amon !

Cependant, Howard n'avait pas l'air convaincu que je puisse changer quelque chose. Je souris. Il me sous estimait, là...

-Je ferai de mon mieux...

J'avais alors essayé de responsabiliser Howard par rapport à son groupe. Il était le plus ancien... Le problème, c'était que le batteur n'avait pas eu de responsabilité à prendre de sa vie toute entière. Du coup, il était vite perdu et pensait ne pas pouvoir y arriver.

J'avais essayé de changer de conversation... Mais ce que j'appris là aussi n'était pas hyper rassurant. Howard était avec Eileen, pendant l'émeute. Je me redressai un peu, surpris et surpris d'être inquiet, surtout.

-Et elle va bien ? Psychologiquement, je veux dire ?

La jeune femme avait fait tout ce qu'il fallait pour nous. Elle avait passé le test. Et même si je m'en méfiais encore, si elle était mal, je savais que Timmy serait mal aussi, ce qui nous ramènerait à The Burning Fire dont les problèmes ne seraient pas près d'être réglés, du coup.

Je m'étais levé pour aller me resservir un whisky, finalement. J'en avais besoin autant que le batteur, je crois.

-Je lui ferai passer le message, je dirai que t'as aidé Eileen.

Une fois mon verre à nouveau plein, je m'appuyai contre le meuble, face à Howard. Je pouvais très bien faire ça. Ca sauverait sûrement la mise au batteur vu combien le manager était accro à cette fille.

-Je rentrerais bien avec toi, si je pouvais et on irait voir Timmy ensemble. Mais je suis obligé de rester sur la tournée, surtout après ce qui s'est passé...

Je soupirai et bus ensuite un bon coup quand Howard me demanda clairement ce que foutait Timmy. Dans le sens où il se demandait ce qui pouvait tant l'accaparer pour qu'il s'occupe si peu de son groupe phare.

Je regardai le liquide ambré dans mon verre quand je me décidai à répondre au batteur.

-Ouais, il y a BleedingHeart, mais rien de dangereux pour vous...Comme tu l'as dit, ce n'est pas le même style de musique du tout et ils sont encore loin de la célébrité...

Je cherchais mes mots...

-Ce qui l'occupe... C'est... Du marketing, si on veut... C'est compliqué, mais tu pigeras assez vite. Ça ne pourra que jouer en votre faveur...

C’était pas moi le problème, c’était Timmy. Et je l’avais bien fait comprendre à Amon… Du coup, le journaliste avait eu la bonne idée d’en parler à l’Anglais. Ouais, fait ça. Laisse-moi tranquille et va lui parler. Sauf qu’Amon n’en démordait pas, pour lui je devais faire en sorte que The Burning Fire reste en un seul morceau. Je n’avais jamais été leader de ce groupe parce qu’il avait toujours été tenu par Kayden et Nathan l’original. Et, quand j’ai enfin eu l’opportunité de devenir le leader en question, Jerry The Kid est arrivé et m’a volé la vedette… Donc, je vois pas pourquoi je ferais ce sale boulot qu’est celui de médiateur. Parce ce que c’est ça qui nous fallait… Un foutu médiateur.

En plus, je rajoutais quelque chose d’important : Timmy m’en devait une ! En effet, j’avais soutenu sa petite amie pendant toute l’émeute. Quelque part, si je n’avais pas été ici, qui sait ce qui serait arrivé à Eileen. Moi-même je n’osais pas l’imaginer. Je tenais à cette fille malgré mes airs nonchalant. S’était une des plus proches amies que j’avais. Mais bon… Je restais Howard et à la question d’un Amon qui m’avait l’air un peu inquiet, je haussai les épaules.

-J’sais pas… Elle était secouée après que je l’ai ramené à sa chambre, après l’émeute… Mais je l’ai plus vu depuis… J’ai été me saouler dans un bar la nuit même puis j’ai fini dans la chambre de Maria…

Je soupirai un peu. Je me demandais quand même comment allait Eileen… Je regardais Amon se resservir perdant mon regard dans mon verre. Ouais, Eileen… Elle allait p’tètre m’en vouloir que je n’aie pas pris de nouvelle d’elle… Je relevai le regard quand Amon disait qu’il allait parler à Timmy pour Eileen. J’approuvai de la tête. Ouais, fait ça, il m’engueulera peut-être moins du coup. De toute façon, s’il voulait m’engueuler, c’était pas légitime…

Après, Amon insinua que j’allais belle et bien rentrer. Comme si c’était déjà acquis. Je le regardai en levant un sourcil.

-T’en fais pas… On ira le voir ensemble quand on rentrera à la fin de la tournée.

Voilà qui était plus logique. Par contre, j’en avais pas encore fini avec le sujet « Timmy ». Je voulais savoir pourquoi est-ce qu’il ne nous avais pas encore remis sur le bon chemin ? Qu’est-ce qui l’en empêchait ? Je me resservis un cinquième verre en attendant la réponse d’Amon qui ne tarda pas à venir. Il y avait bien BleedingHeart, qui, comme je l’avais prévu, n’était pas une menace pour The Burning Fire. C’est là qu’Amon me lâcha une histoire de marketing qui me fis lever un sourcil. Ouais, là, j’étais vraiment perplexe.

-Tu mens bien mieux en écrivant, Sørensen… J’vois pas en quoi des p’tites histoires de business pourrait le détourner autant de son groupe phare. Ce serait pas logique, en plus.

J’étais peut-être désinvolte et nonchalant mais j’étais loin d’être con.

-Pourquoi tu me caches des trucs, Amon ? Ce n’est pas comme ça que ça marche d’habitude.

J’avais dit ça en afonant mon cinquième verre.

-De toute façon. Je finirais bien par savoir…

Je gardais mon verre vide en main.

-Et je ne retournerai pas à L.A. Quoi qu’il arrive. Je vais profiter de Maria un maximum avant de retourner bosser avec mon groupe à la dérive…

Et peut-être continuer avec elle, qui sait... M'en fiche qu'elle soit la secrétaire de Ricci. C'est la fille que j'aimais bien pas sa fonction. Je regardais Amon droit dans les yeux. 

Je me demandais jusqu'à quel point ça n'aurait pas été plus intelligent d'embarquer tout le monde, maintenant, dans notre voiture louée. De prendre Howard, Eileen et Evy et de foutre le camp d'ici avant que la bombe The Lightening explose... Et d'aller tous voir Timmy...

Voir Howard aussi nerveux et presque désemparé faisait ressortir mes instincts protecteurs, ceux dont Freiya avait pu profiter toute notre enfance... Ces instincts que j'avais troqué contre l'intelligence malsaine que mon père avait toujours voulu que j'aie... Sans jamais devenir vraiment très fort à ce jeu-là...

Le batteur n'avait plus vu Eileen depuis la fin de l'émeute et apparemment, sa relation avec la secrétaire de Ricci datait du même soir. Mouais... Chacun encaissaient les faits comme ils le pouvaient. Personnellement, j'avais aidé des blessés à évacuer la salle en espérant tomber sur Evy car je ne savais pas où elle était. J'avais finalement retrouvé la jeune rouquine quand tout avait été terminé. Et elle était saine et sauve.

J'avais insisté encore un peu, parlant comme si le retour d'Howard à L.A. était acquis. Mais, s'il était nonchalant, irresponsable et tout ce qu'on voulait, il était loin d'être con. C'était même plutôt le contraire. S'il avait pris les choses un peu plus à cœur, s'il avait eu, en générale, plus d'efficacité, il aurait fait de grandes choses... Plus grandes que devenir Rockstar... ou il aurait été dangereux.

Je ne pus m'empêcher de sourire quand il recadra gentiment les choses. Je bus un coup de whisky avant d'affirmer, les yeux toujours dans mon verre.

-Moi, j'ai envie de rentrer...

Mais je ne savais pas moi-même si je parlais de L.A. ou du Danemark. Dans ma tête, c'était comme un mélange des deux. Je haussai les épaules...

-Ouais... La fin de la tournée va eut-être pas tarder, en même temps... Tu crois vraiment que The Lightening va avoir envie de retenter l'expérience tout de suite ? Et à Indianapolis, en plus ? Non, je ne crois pas... Et à leur place, j'aurais pas envie non plus.

Je portai le verre à mes lèvres... Le liquide me brûlait la gorge, mais ce n'était pas grave... C'était plus agréable que la conversation que j'avais à l'instant... Je regardai ensuite Howard.

-La seule raison pour laquelle on est encore là, c'est que Knowles ne veut pas perdre la face devant Ricci. Mais avec 3 morts, cette tournée est déjà un échec.

D'où la question qui me vint à l'esprit : est-ce que face à Ricci et à situation égale, Timmy aurait arrêté la tournée là ? Ou aurait-il fait l'imbécile comme Knowles, aveuglé par leur rivalité ? Je n'étais pas sûr de vouloir avoir la réponse à cette question...

En attendant, Timmy merdait quand même, de toute façon. Et il était légitime que le batteur demande pourquoi... Mais je mentais très mal, surtout à des amis... Timmy aussi savait exactement quand je mentais... Je passai ma main dans mes cheveux... Bah, j'aurai essayé... Cependant, il n'insista pas, me rappelant pour la énième fois qu'il allait profiter de son temps avec Watson...

Et c'était bien pour ça que j'étais obligé de lui mentir...

-Howard... T'as pensé une seconde que Maria pouvait rester avec toi par pur intérêt ? Pas le sien, mais celui de son patron ?

On essayait bien de détruire Ricci par l'intermédiaire de Sniper, alors pourquoi Ricci n'essayerait pas de faire la même chose via Howard ?

 Amon croyait que j’allais gentiment rentrer et que je pourrais aller voir Timmy une fois à L.A. Non, Amon, je n’allais pas rentrer et je recadrai les choses pour qu’on soit bien sur la même longueur d’onde. Amon lâcha qu’il avait envie de rentrer, lui. Je levai un sourcil. J’avais l’impression que cette tournée ne motivait plus personne et j’aurais peut-être été dans le même état d’esprit que le Danois si je ne m’étais pas trompé de chambre de lendemain de l’émeute. Si j’avais été seul, toutes les données auraient changées et je serais peut-être déjà rentré à l’heure qu’il est. Mais ça n’avait pas été le cas. Amon était persuadé que de toute façon, la tournée allait peut-être s’achever plus tôt que prévu avec les évènements. Il voyait mal The Lightening continuer. Je soupirai.

-Ouais, p’tètre bien… Ça serait compréhensible… Mais je ne veux pas que ça s’arrête.

J’étais un peu égoïste et s’était souvent par rapport à moi que j’agissais. Moi, je ne voulais pas que la tournée finisse et ça n’avait rien n’avoir avec les concerts. Mais ma présence et celle de Maria, ici, était justifiée par les concerts, alors…

Amon rajouta que, si on était encore ici, c’est à cause de Knowles et de son obsession d’être à la hauteur face à Ricci. L’ambition, tout ça… Mais du point de vue du Danois, cette tournée, elle avait déjà tournée au vinaigre sans mauvais jeu de mots. Ce n’était pas faux. Je haussais les épaules.

-Ouais… L’ambition ça empêche de réfléchir. Sont tous pareils ces managers…

Ces managers, je vous jure… Ils pensent jamais à ce qu’il faut au moment où il le faut. La preuve avec Timmy, sujet que je ramenai sur la table sans transition et dont la seule raison de son désintérêt pour nous m’était justifiée par un gros mensonges de la part de son Danois de meilleur ami. Sur quoi, j’avais dit que de toute façon j’allais bien trouver ce qui accaparait tant mon manager bien aimé…

Et je réaffirmai à nouveau ma position : je n’allais pas quitter la tournée. Raison : Maria. Point. Et comme Amon avait toujours quelque chose à dire, il me parla du potentiel danger de ma relation avec la secrétaire de Ricci. Qu’elle pourrait faire ça par pur intérêt pour son patron. Je levai les yeux au ciel.

-Nan… Il n’y a rien de prémédité dans tout ça. Elle n’aurait pas pu prévoir que j’allais me tromper de chambre et finir dans le sienne. Ce qui s’est passé ce jour-là, c’est parce que je l’ai bien voulu.

Après tout, je lui avais promis de me porter comme responsable de ce qui s’était passé dans sa chambre. C’est ce que je faisais aujourd’hui, face à Amon.

-Et puis quand bien même ce serait le cas… J’m’en fout… Voilà. J’en profite. C’est le genre de relation que j’adore. Pas de contrainte, pas d’engagement, juste du plaisir.

Amon devrait songer à freiner sur la paranoïa… Si Maria jouait bien double jeu, ben elle le jouait trop bien pour que je le vois… C’est qu’elle était forte et elle méritait donc que je ferme les yeux.

Je déposai mon verre vide sur la table mettant, ensuite, mes mains dans mes poches.

Plus bouché que Howard Stone ? Je n'avais pas encore trouvé... Sauf peut-être Timmy depuis le début de cette histoire avec Daniele Ricci. Il n'avait même pas fait attention au test que j'avais fait passé à son Eileen chérie. Il n'avait même pas tilté que c'était un test, que ça pouvait l'impliquer dans un truc qui ne lui plairait pas. Non, il l'avait simplement envoyée au front, juste parce que je lui avais dit que ce serait plus efficace encore contre Ricci. Et pourtant, Dieu sait qu'il aimait cette fille...

Je terminai mon verre alors que Howard posait le sien sur le meuble... Il semblait qu'il ait atteint sa limite, si toutefois il en avait une. Et pourtant, la dose d'alcool qu'il venait d'ingurgiter ne semblait pas l'empêcher de rester cohérent. A sa place, mon équilibre en aurait déjà pris un coup...

Il ne voulait pas que la tournée s'arrête, il ne voulait pas rentrer... Il ne voulait pas croire non plus que Watson n'était qu'une espionne à la solde de Ricci. Et j'espérais que si un jour, je tombais amoureux, réellement amoureux, je ne serais pas aussi aveugle que lui et Timmy.

J'avais l'impression d'être le cul entre deux chaises, coincées entre deux causes perdues qui s'affrontaient... Alors qu'il étaient sensé être alliés, pour utiliser des termes militaires.

Je soupirai... J'aurais mieux fait de tenir tête à mon père et de m'engager dans l'armée... Je n'avais plus qu'à compter sur le fait que la tournée se termine prématurément.

Je posai mon verre vide à côté de celui de Howard.

-D'accord, ok, j'ai compris que je parlais dans le vide.

Que ce soit d'un côté ou de l'autre.

-Mais réfléchi et fait gaffe quand même. C'est The Burning Fire qui est en jeu...

Un peu d'hypocrisie, pour terminer :

-La fuite n'est pas une solution. Un jour ou l'autre, tu te retrouveras quand même devant Timmy et tu devras quand même avoir une discussion avec Nathan, quelle qu'en soit l'issue.

Dixit le gars en exil... Bon, la décision ne venait pas que de moi. C'était surtout Lars qui avait préféré m'éloigner de l'épée de Damoclès qui pendait au dessus de ma tête au Danemark...

Je me décollai du meuble sur lequel j'étais appuyé, les bras croisé et fit face à Howard. Je lui avais dit ce que j'avais à dire et je ne pouvais pas le renvoyer à L.A. à coup de pieds au cul. Le batteur était un contrariant de nature et plus j'insisterais, plus il en ferait à sa guise.

-Je peux comprendre que tu veuilles faire confiance à la secrétaire de Ricci... Même si j’aurais préféré que ce soit un coup d'un soir comme toutes les autres. Mais garde les yeux ouverts, tu veux ?

Je posai amicalement la main sur l'épaule du batteur, le regardant dans les yeux.

-Faut que j'y aille, je vais me renseigner sur la suite...

En espérant que la suite consisterait à rentrer à L.A. au plus vite, avant que tout ne commence à merder réellement ici, si ce n'était pas déjà trop tard.

Je laissai ensuite Howard à ses réflexions, si toutefois, notre conversation avait été aussi efficace que ça...

Quand je fus dans le couloir, je soupirai encore, enfonçant les mains dans les poches de mon jeans, avec l'intime conviction que l'amour, c'était de la merde...