Une bonne douche et un bon verre d’alcool avaient eu raison de ma gueule de bois. Et c’était pas plus mal parce qu’avoir envie de gerber, il n’y avait rien de plus désagréable. Et pour faire encore mieux passer ce qui c’était passé pendant la nuit j’avais répété les nouvelles chansons qu’on avait faites avec le groupe. Mais même le son de mon Aria ne pouvait avoir raison de l’horrible frustration que j’avais en moi rien qu’à penser qu’Amon était à Saint-Louis pendant que je m’étais lamentablement crashé non loin de chez lui à Downtown. D’ailleurs, je jouais moins bien… Je le sentais…

J’ai donc finalement abandonné la Déesse, lui promettant que je serais meilleure la prochaine fois. Je remontai dans la cuisine pour me servir un autre verre de gin en soupirant plusieurs fois. J’avais déclassé une de mes Ferrari pour les couilles et depuis ce moment, j’avais l’impression que L.A. était encore moins fun qu’avant. Normal, il semblerait que le fun soit parti à Saint-Louis avec la tournée The Lightening/Roadtramp. Tout le monde était là-bas : les journalistes (Amon compris, hélas), Ricci (qui du coup n’organisait pas de fête à sa villa), The Lightening (ce qui incluais Cash Izbel, le Shaman qui sait toujours trouver du fun où il n’y en a pas), les jolies filles (qui étaient partie suivre les deux groupes) et l’action en elle-même (la preuve avec l’accident de bus). Tout ça ne me donnait qu’une seule envie : filez là-bas à toute vitesse !

C’est ce que j’allais faire ce soir… Il y avait un vol pour Saint-Louis à 21h et je comptais bien le prendre et suivre la tournée d’un peu plus prêt et y retrouver le fun. Mais avant, il fallait que je passe le temps… Comment ? Aucune idée…

Je pris mon gin dans une énième soupire et rejoignis le salon où Luke Werner regardait la télévision. Il était venu me chercher ce matin au commissariat et je lui avais dit qu’il pouvait rester chez moi le temps que je me remettre de cette foutue gueule de bois (et aussi au cas où je devrais me déplacer à droit ou à gauche). Je m’allongeai dans le fauteuil qui était placé perpendiculairement à celui où était Luke.

-Je m’ennuie…

Normal, le fun était parti… Bordel, il doit quand même bien il y avoir un truc à faire dans cette foutue ville, non ? Oh, mais ouais !!

-Hey, Luke, il faut absolument que tu me conduises aux studios de BSC ! Des groupes sont sûrement en train d’enregistrer et j’aimerais bien aller voir ça.

Pourquoi ceux de BSC alors que j’ai signé chez MTI ? Ben justement pour ça. Chez MTI, il n’y avait que The Lightening d’intéressant (hormis mon propres groupe) et The Lightening était à Saint-Funland alors j’avais opté pour BSC qui recelaient de groupes funs. En plus, fallait avouer que le fait de me trouver en « territoire ennemi » ça avait quelque chose d’excitant ! Avec un peu de chance ça fera parler la presse. Je regardais mon garde du corps en souriant attendant sa réponse.

J'avais récupéré Howard et l'avait ramené chez lui. Il avait accepté que je reste un peu, le temps que sa gueule de bois passe. J'avais allumé la télé en restant chez lui, pour qu'il puisse se reposer, suite à l'alcool qu'il avait ingéré la veille, il avait eu mal au crâne. Ouais ben, ce n'était pas étonnant... Dans son salon, je m'étais installé confortablement pour regarder un vieux film con à la télé. C'était aussi pour laisser le temps à l'alcool qui coulait dans les veines de mon protégé, de s'estomper un peu. Inutile qu'il vomisse partout, je ne voulais pas nettoyer... Il s'était, d'ailleurs, précipité sous sa douche pour faire partir à la fois, son mal de crâne. Ah les méfaits de l'alcool... Heureusement, je ne buvais pas comme lui, pas au point d'avoir la gueule de bois le lendemain. Contrairement à lui, je tenais très bien l'alcool, même au bout de trois verres. Je zappais pour voir ce qu'il y avait d'intéressant, mais rien, décidément... Howard avait fini de prendre sa douche, s'était habillé et m'avait parlé. Il s'ennuyait, d'après ce qu'il venait de me dire.

Qu'est-ce que tu souhaiterais faire, dans ce cas ?

Je n'eus pas à réfléchir longtemps. Il voulait que je le conduise aux studios de BSC. Parce qu'il y avait des nouveaux groupes qui enregistraient et Howard voulait aller les voir. Je ne vois pas pourquoi, je refuserai de lui faire plaisir. J'éteignais la télé, il n'y avait que des conneries de toute façon. Je pris ma canette de bière vide sur la table basse et me levais.

Ok, pas de problème. On y va tout de suite, ça me fera bouger un peu.

Dis-je en me dirigeant vers la poubelle de la cuisine, pour y jeter ma canette. Quelques fois, fallait dire non à celui qu'on protège, mais sincèrement, je ne pouvais rien refuser à Howard, car il n'était pas comme Cash. De toute façon, je verrai automatiquement s'il fait des conneries ou pas. On avait pris nos vestes qui traînaient dans le salon, quittait la villa d'Howard. Direction les studios de BSC. Je parlais à mon protégé, tout en regardant la route qui nous menait à la maison de disques.

Je me demande quelle musique ils font...

J'aurai l'occasion de le voir de toute manière. Howard était assis sur le siège à côté de moi. Il allait mieux, ça se voyait à sa figure. Il était de nouveau d'attaque.

On enregistrait nos nouvelles chansons depuis des heures déjà, je me demandais même depuis combien de temps nous étions à fond sur les chansons. Je commençais à en avoir un peu marre. Oh, ce n'est pas que je n'aimais pas faire ça, ce qui serait étrange venant d'un chanteur, mais réfléchir pendant des heures et surtout le fait d'écrire les chansons en tenant un crayon dans sa main longtemps, ça me faisait mal aux doigts, mais aussi au crâne, a force de réfléchir... Ah ben oui, mais quand on est inspiré aussi, forcément, les cerveaux fument... Notre groupe "Les Rapaces de l'Enfer" était connu depuis deux ans déjà, mais ils nous manquaient un manager pour pouvoir, faire les tournées. Et sincèrement, je ne savais pas lequel choisir. Enfin pour l'instant, concentrons-nous sur l'album. Je regardais mes amis musiciens, c'est-à-dire, mon batteur et mon guitariste. Ils étaient à fond dedans eux... Ils ne prenaient même pas de pause.

Hey les gars, soufflez un peu, laisser vos mains respirer quand même... Ce n'est pas bon d'avoir des fourmis dans les mains quand on joue d'un instrument... Enfin, je dis ça, c'est pour vous hein. Alors, au fait, vous la trouvez comment notre chanson ? Elle claque nan ?

Ouais, c'est pas mal du tout, je dirais même qu'elle déchire sa race !

Un peu qu'elle déchire ! C'est quand même moi qui l'ai écrite hein...

Mon guitariste, quant à lui, ne s'exprimait pas. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas, il ne pouvait pas tout simplement. Parce qu'il était muet de naissance. On communiquait par papier... Ce n'était pas toujours pratique, mais c'est la seule façon pour qu'on se comprenne. C'était un handicap certes, mais ça ne l'empêchait pas de jouer. Je ne sais pas ce qu'on allait faire pour le reste de la journée. A part glander dans les locaux de BSC afin d'enregistrer les chansons pour notre futur album, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire d'autre. Aller dehors pour souffler un peu ? Non, je n'en avais pas envie, puis en plus, il y avait un paquet de chansons à enregistrer.

Luke éteignit la télévision et accepta de me conduire aux studios de BSC. Je souris. Il fallait vraiment que je tue le temps jusqu’à 21h… Luke quitta la pièce quelques secondes le temps d’aller jeter sa canette de bière. J’avais mis une veste et on était parti pour les studios qui se trouvait à la San Fernando Valley pas loin des studios de cinéma. Je regardais le paysage en regrettant amèrement mon permis. J’adorais conduire et savoir que je risquais peut-être de ne plus jamais pouvoir le faire (dans le cadre de la loi tout du moins) me rendait malade.

Luke se demandait quelle musique ils faisaient. C’est clair que ça allait être la surprise totale étant donné que je ne savais pas quel groupe répétait aux studios aujourd’hui. Je ne connaissais pas tous les groupes qui avaient signé chez BSC, je ne connaissais que ceux qui faisaient parler d’eux ou ceux que j’ai rencontré à la villa Ricci ou dans d’autres fêtes du même genre. Il faut dire que ma vie se résume à créer des chansons, faire des concerts et essayer désespérément de m’amuser.

-Tout dépend de qui sera là. Je ne sais pas quel groupe répète… On verra bien.

J’aime les surprises. Comme Luke roulait dans les limitations de vitesse, il nous avait fallu un certain temps (de mon point de vue) avant d’arriver aux studios. Je sortis de la voiture, laissant le loisir à Luke de me suivre. Je me dirigeai vers l’entrée où se trouvait le vieil Enrique. C’était un latino qui s’occupait de garder l’entrée des studios pour s’assurer qu’aucun intrus n’entrait emmerder les groupes qui enregistraient. Il me sourit en me voyant : « Salut Stone, qu’est-ce que tu fais ici ? » Question habituelle. Mais je regrettais un peu qu’il ne me demande pas un truc du genre : « Hey Stone, j’ai lu dans la presse ce que t’a fait hier. T’es complètement cinglé. » Ça voulait dire qu’aucun magazine, aucun journal n’avait encore relayé le nouvelle. Carrément décevant.

-Je viens écouter un peu de musique. Je me suis dit que c’était le bon endroit pour le faire. Quel groupe répète aujourd’hui.

« Les Rapaces de l’Enfer. Vas-y, entre. » Les Rapaces de l’Enfer. Cool ! Je connaissais un peu le groupe de Max Callaway. Je connaissais un peu les membres et j’avais déjà écouté leur musique. C’était un groupe important pour BSC. J’avais bien fait de me déplacer, on allait sûrement pouvoir s’amuser.

-Merci, Enrique.

J’entrai dans le studio les mains dans les poches, je traversai le couloir qui menait au studio principal où devait répéter le groupe. Sans me faire prier, j’ouvris la porte, découvrant les Rapaces de l’Enfer en train de faire une pause entre deux chansons.

-Salut les gars ! Comment ça va ?

Belle entrée, non ? Je souriais et commençai déjà à relooker la batterie du batteur du groupe de Max.

Je n'eus pas le temps de réfléchir à ce qu'on allait bien pouvoir faire par la suite, que la porte du studio s'ouvrit. Je me retournais et vis Howard Stone, le batteur de The Burning Fire. Comment ça faisait trop plaisir de le voir ici ! C'était bon de souffler entre deux enregistrements de chanson. Je connaissais un peu le batteur, comme lui connaissait mon groupe. Il était également célèbre et dans la même maison de disques en plus. On se croisait souvent dans les locaux de BSC, enfin surtout quand j'étais là pour enregistrer, sinon la plupart du temps, j'étais dans mon appartement avec mes potes musiciens. C'était vraiment trop cool de le voir ici. Howard avait dû se faire emmener par quelqu'un pour venir ici, car j'avais entendu parler de ce qu'il avait fait pour ne plus avoir son permis... Je me levais de mon siège pour saluer Stone.

Salut mec. Ça fait trop plaisir que tu viennes nous voir, sérieux ! Moi, ça va. On bosse énormément, comme des taré, mais j'adore ! Et toi, mec, comment tu vas ?

Avais-je demandé à Howard. Mes amis s'étaient enfin arrêtés pour souffler cinq minutes. Il était temps... Je me demandais même s'ils allaient arrêter à un moment, tellement ils étaient à fond dedans. C'était cool d'enregistrer, mais fallait prendre soin de soi aussi. Cela me faisait énormément plaisir de voir mon pote, Howard ici. Mon groupe était connu depuis deux ans, celui de Stone un peu plus longtemps, je pense, mais pas grave. Le seul souci, c'est qu'il nous manquait un manager pour pouvoir partir en tournée et comme je ne voulais pas avoir Daniele Ricci, je ne savais pas à qui m'adresser. Mon guitariste et mon batteur restaient confortablement assis sur leur siège. Tout en saluant Howard.

Je pète la forme, moi. Tout comme Max en fait.

Avait prononcé mon batteur. Howard allait surement me demander pourquoi le guitariste de mon groupe ne parlait pas. Un peu de repos avant de retourner enregistrer, ça ne faisait pas de mal après tout.

Quel accueil ! Les gars des Rapaces de l’Enfer étaient contents de me voir. Ils bossaient comme des dingues, Max disait. Bordel, j’aurais aimé que The Burning Fire travaille autant que pouvait le faire le groupe de Max. Sauf que c’était pas l’entente totale pour l’instant et que ça compliquait les choses. Moi qui croyait qu’avoir des nouveaux membres allaient me permettre de prendre le contrôle total du groupe, je me suis foutu le doigt dans l’œil.

-Je vais plutôt bien.

Ouais hormis l’accident d’hier et la frustration que je ressentais depuis, j’allais plutôt bien. Le groupe de Max s’était arrêté de jouer. Je ne savais pas depuis combien de temps ils répétaient mais ça devait faire un moment vu la chaleur qu’il faisait dans la pièce.

Le batteur du groupe confirma la forme globale du groupe. Tout semblait aller dans le meilleur des mondes pour les Rapaces de l’Enfer. Je relookai sa batterie pendant quelques secondes. Elle était différente d’Aria. Chaque batterie avait ses particularités et celle-ci devait avoir les siennes. Je crevais d’envie de l’essayer juste pour voir le son qu’elle donnait quand je tapais dessus.

Je relevai le regard vers Max.

-Vous préparez un album ?

Si c’était le cas, on était embarqué dans le même bateau. Si un groupe voulait rester au top, il avait plutôt intérêt à faire un album. C’est un peu ce que les dirigeants de MTI nous ont dit la dernière fois qu’on les a vus.

Je regardais chaque membre en souriant. Le seul à ne prononcer aucun son était le guitariste. Le groupe était surexcité sauf lui qui restait très calme. C’était peut-être la force tranquille du groupe.

-Vous avez pas à boire, par hasard ?

Me fallait ma dose…

J'étais vraiment content de voir Howard. On avait du répéter pendant des heures, car il commençait vraiment à faire chaud et je commençait à être en nage. Avec les instruments et tout, pas étonnant qu'il fasse une chaleur étouffante. C'est pour ça que j'avais dis de faire une pause avant de reprendre l'enregistrement. Howard était, visiblement étonné que me guitariste reste calme et qu'il ne prononce aucun mots. Bah, tant pis. Puis, Howard me demanda si on préparait un album. Ouais, effectivement, mais vu le rythme qu'on prenait pour le faire, il faudra attendre quelques mois, voire années, pour qu'il sorte. Je regarde mon pote et lui répond en souriant.

Ouais, on a encore quelques chansons à enregistrer, avant de le sortir. Mais il va falloir attendre, cependant.

Avais-je dis calmement. Evidemment qu'on avait des boissons fraiches. Elles étaient rangées dans le frigo, derrière la batterie.

Bien sur, regarde dans le frigo là-bas. Il doit certainement rester quelques bières ou même un coca.

Disais-je en m'asseyant à nouveau sur le fauteuil, tout en invitant Howard à faire de même.

Vas-y, mec, assied-toi.

Je souris. Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire d'autre?

Le groupe de Max préparait un album, tout comme The Burning Fire. Sauf que son groupe à lui il avait l’air productif, ce qui n’était pas vraiment le cas du mien… Bordel, je regrettais presque le « bon vieux temps », moi…

-Cool. Vivement que ça sorte que j’écoute ça.

J’étais toujours partant pour écouter de nouveaux titres. Ecouter les autres était ma manière à moi pour évoluer. Mon jeu de batterie évoluait avec le temps et je savais que chaque jour j’étais meilleur. Et l’écoute faisait partie de ce qui me rendait meilleur.

Je crevais de soif et demandai à Max et ses potes s’ils n’avaient pas quelque chose à boire dans ce studio étouffant. Il me désigna le frigo placé juste derrière la batterie.

-Ok, merci.

Je me dirigeai vers le frigo non sans relooker encore l’instrument du batteur des Rapaces de l’Enfer. Je crevais vraiment d’envie de l’essayer mais connaissant mes propres réticences pour ce qui était de partager ma batterie, j’hésitais à demander pour pouvoir essayer la sienne. Une fois devant le frigo, je pris une bière que j’ouvris tout de suite. Max, qui s’était installé dans un fauteuil, m’invita à m’assoir près de lui. Je m’exécutai me mettant à l’aise et bus presque la moitié de ma bière d’un coup.

-Putain, il fait chaud ici.

Je passai une main dans mes cheveux avant de regarder le chanteur.

-Alors, mec, les tournées ça te manque pas ?

Je ne savais pas depuis quand le groupe de Max n’avait plus tourné. Je posais la question parce que, moi, elle me manquait cruellement.  

Ouais je sais qu'il faisait chaud, on n'allait pas pouvoir reprendre avant que la pièce ne se refroidisse un peu, histoire de ne pas tomber dans les pommes... Je supportais mal la chaleur, mes potes non. Comment faisaient-ils? Je n'en savais rien et je m'en moquais un peu.

Merci mec. Si tu veux, je t'inviterai à l'écouter avant tout le monde, quand il sortira.

Je ne pouvais rien refuser à mon pote ici présent. Eh ben, il avait soif pour avaler sa bière d'un coup, enfin presque. Quant à moi, je me relevais pour aller chercher de quoi boire aussi, je revint quelques secondes plus tard avec un coca dans la main. Putain que ça faisait du bien...

M'en parle pas.... J'aimerai trop repartir en tournée, mais sans manager, ça risque d'être compliqué.. Je sais pas encore lequel prendre, je veux pas me tromper.. Mais et toi? Ta dernière tournée remonte à quand?

Ah les tournées.. Les fans, les groupies... Bon sang, ça me manquait énormément tout ça..

Max me proposais d’écouter leur album avant qu’il ne sorte faisant de moi un foutu privilégier. J’aimais bien être un foutu privilégier, c’était fun.

-Cool, mec.

La chaleur ambiante m’affectait tellement que je devais absolument boire (ou était-ce une excuse ? Ouais, c’était une excuse). Une fois que je fus assis à côté de Max, ma bière en main, il s’était lui aussi levé pour aller se chercher un coca. J’avais jamais été à une fête en même temps que les Rapaces de l’Enfer et je me demandais comment ils s’y amusait. Savoir si, eux aussi, était constamment en quête de fun ou si c’était propre à moi.

En parlant de fun, les tournées me manquaient et je me demandais si c’était le cas aussi pour Max et son groupe. C’était le plus fun dans une vie de rockstars. En tournée il y avait toujours de l’action et le fun était partout. Max aussi avait envie d’y retourner mais son groupe semblait ne plus avoir de manager. Je levais un sourcil. Les Rapaces de l’Enfer avait dû se séparer de leur ancien manager et, apparemment, ils en cherchaient un nouveau.

-Je savais pas que vous vous étiez séparé de l’ancien… Il était pas assez bon ou quoi ?

Je savais même plus son nom à leur ancien manager parce que c’était pas Daniele Ricci et que je ne connaissais vraiment que Daniele Ricci comme manager chez BSC. En tout cas, sans manager, ça allait être compliqué pour eux de repartir en tournée mais Max semblait prendre son temps pour trouver le bon. Je lui conseil de prendre un qui ne va pas le museler comme Timmy le fait depuis des années avoir moi. Il n’y a rien de plus désagréable.

Max continua sur le sujet mais de mon point de vue cette fois. Je bus toute ma bière et passai une main dans mes cheveux en soupirant.

-Notre dernière tournée remonte à 1980… Mais après on a eu quelques problèmes avec le coma de Kayden, notre ancien chanteur, et le départ de notre guitariste. Du coup ça a fortement ralenti la sortie du prochain album… Et donc la tournée qui va avec… The Burning Fire reprend forme tout doucement. J’espère qu’on va vite sortir un album et qu’on pourra partir cette année…

Ouais… J’espérais. Mais ça restait du domaine de l’espoir. Je regardais de temps en temps Max, de temps en temps les autres membres de son groupe.

-Putain, t’as de la chance d’avoir un groupe qui en veut !

Pas que le mien n’en voulait pas… Disons que ça partait dans tous les sens pour diverses raisons.   

Je savais bien que ça ferait plaisir à mon pote d'être le premier à écouter notre futur album dès qu'il sortira. Ce n'est pas que je n'avais pas confiance avec les autres, mais je voulais d'abord le faire écouter à mes amis, qu'aux managers. En parlant de ça justement, on était bien emmerder d'ailleurs... Je regardais Howard qui me demandait pourquoi on avait plus de managers. Ouais, j'avais pris la décision de me séparer de l'ancien, car il était devenu franchement insupportable et il ne pensait qu'à lui.

Il était insupportable ! Il disait toujours qu'on était qu'un groupe de drogué, sous prétexte qu'on a des tatouages partout sur le corps ou que je ne sais quoi encore. Alors que c'est totalement faux. Il nous reprochait sans cesse de mieux s'habiller et tout le bordel. On n'a pas supporté longtemps son foutu caractère à ce mec, il se croyait tout permis peut-être ?! J'ai demandé à BSC de le viré, ce qu'ils ont, bien évidemment fait. Je te jure, il serait resté ici, je l'aurai massacré. Et voilà pourquoi, on reste sans manager maintenant... Dis-moi, est-ce que t'en connais des bons ? Que ça soit à BSC ou a MTI, de toute façon...

Il nous fallait impérativement un manager si on voulait partir en tournée. Les fans, les villes, tout ça me manquait cruellement...

Oh merde... J'suis désolé mon pote. Je ne savais pas que t'avait un ami dans le coma... J'espère qu'il va s'en sortir... T'es au point mort, comme moi quoi.

Je bus une grande gorgée de mon coca en laissant échapper un petit rot.

Désolé, j'ai avalé trop vite.

Disais-je en éclatant de rire. Mes potes étaient également morts de rire. Ça nous arrivait parfois de nous lâcher, mais qu'est-ce que ça faisait du bien putain...

Oh oui, on ne laissera pas tomber, jusqu'à ce qu'on trouve un manager et un bon.

Où était-il ce manager qu'on voulait tant ? Raaah, rien que d'y penser, ça me foutait en rogne.

Les Rapaces de l’Enfer s’étaient débarrassés de leur manager et se retrouvais maintenant sans. L’ancien était, selon Max, insupportable et jugeait le style de ses poulains. Bordel, ça ne devait pas être un manager très intelligent… BSC est même allé jusqu’à le virer, d’ailleurs, à la demande du chanteur des Rapaces de l’Enfer. Mon groupe avait toujours eu le même manager, je ne m’étais donc jamais retrouvé dans la même situation que Max. Je faisais souvent des reproches à Timmy pour sa manière de promouvoir notre image (fausse de mon point de vue) mais fallait rendre à César ce qui est à César : Timmy était quand même un très bon manager sur les autres plans. Je ne voyais pas bien l’intérêt de changer surtout que chez MTI il y a, pour l’instant, pas mieux que Timmy.

-Putain, vous avez pas eu de chance… Il avait l’air assez insupportable, en effet…

Max était donc en recherche et me demandait, à moi, si je ne connaissais pas un bon manager. Et, apparemment, il était même prêt à changer de maison de disques pour pouvoir trouver le bon. C’était risqué mais qui ne risque rien n’a rien…

-Chez BSC il y a Daniele Ricci… C’est le meilleur, tout le monde le dit... Il a déjà un groupe mais qui ne tente rien n’a rien… Chez MTI, je ne vois personne d’intéressant…

Sauf Timmy mais je ne voyais aucun intérêt stratégique à proposer mon propre manager à un autre groupe. Je préférais garder Evans pour The Burning Fire uniquement. C’était mieux comme ça… Surtout en cette période trouble.

Mon groupe, d’ailleurs, parlons-en. Je racontai à Max les raisons qui faisait que notre dernière tournée datait d’il y a presque deux ans. Le coma de Kayden, le départ de Nathan l’original… Tant de trucs qui avaient provoqué le retard du troisième album de The Burning Fire. Et je devais avouer que tout ça m’ennuyait… Je crasherais ma deuxième Ferrari pour une foutue tournée… Max réagit directement en disant qu’il ne savait pas que j’avais un « ami » dans le coma. Je levai un sourcil. Les médias en avaient beaucoup parlé à l’époque mais il semblait que Max l’ait oublié… Faut dire que ça faisait quelques mois que plus personne ne parlait du coma de Kayden et, je crois même que certaines personnes croient qu’il est déjà mort.

-Les médias en ont beaucoup parlé il y a quelques mois. Mais c’est vrai que ça fait un moment qu’ils ne donnent plus de nouvelle. J’en reçois de temps en temps de la part de notre bassiste. Mais, faut pas se faire d’illusion… Je crois pas qu’il s’en sortira…

Je haussais les épaules. Kayden est un brave type et je l’avais toujours respecté mais je l’avais toujours considéré plus comme un collègue de travail que comme un ami. On n’avait en commun que la musique pour les restes on avait toujours été très différents. Je n’avais d’ailleurs jamais été le voir à l’hôpital.

Max laissa échapper un rot et je souris. Le rire de Max s’était communiqué à tous son groupe. On percevait bien la bonne entente qu’il y avait de ce groupe. Bordel, je rêvais que ça soit comme ça dans le mien… Mais pour ça, il aurait fallu que tout le monde soit comme moi… Ou que tout le monde m’écoute…

-Vous allez finir par trouver. C’est pas les managers qui manquent. Suffit de creuser un peu. Puis, c’est pas comme si vous n’aviez pas fait vos preuves…

Je souris levant ma bière vide pour appuyer mes mots.

-Tant que vous avez les fans et les groupies c’est le plus important. Surtout les groupies.

Un petit sourire en coin s’afficha sur mon visage. Les groupies il y avait que ça de vrai ! 

Daniele Ricci, tu dis ? Ça me tente bien d'aller voir ce mec, j'en ai entendu parler et en bien. Faudrait que je voie ça avec mes potes avant de me décider, mais merci en tout cas, mec.

Non, on n'avait pas eu de chance avec ce connard de manager, et j'avais bien fait de l'avoir viré. Qui sait ce qui aurait pu se passer si je ne l'avais pas fait ? Même mes potes étaient d'accord ma décision. Et voilà que maintenant, on était seuls... Mais ça n'allait certainement pas durer et puis comme dis Howard, c'est clair qu'on allait trouver quelqu'un qui veuille bien nous emmener en tournée. La dernière remonte à quand déjà ? Oh, je ne sais même plus, ça craint... Ah merde.. J'étais chez MTI, mais n'ayant plus de managers, je pouvais peut-être aller chez BSC, là ou Howard était ? Raaah, je détestais ce genre de situation où il fallait trancher... Merde, c'était vraiment compliqué pour choisir...

Putain... En tout cas, tu sais que tu peux compter sur notre soutien, Howard. Ça ne doit pas être évident d'avoir un ami dans le coma qui, en plus, ne se réveillera peut-être plus jamais...

Je n'aimerai pas être à sa place en tout cas. C'était comme une malédiction qui ne voulait pas s'en aller... Enfin, c'est ce que je ressentais.

J’aidais comme je pouvais Max à trouver un manager digne de ce nom pour prendre les rênes des Rapaces de l’Enfer. Qui sait, peut-être que la prochaine tournée rassemblera nos deux groupes. Apparemment, c’était la mode d’allier deux maisons de disques rivales pour faire une tournée. D’après les rumeurs (et les dires de Ricci lui-même), c’était le manager italien qui avait eu l’idée de rassembler The Lightening et Roadtramp pour cette foutue tournée. C’était un peu dingue comme idée mais je trouvais ça fun.

Pour parler encore de Ricci, c’est lui que j’avais proposé à Max. Après tout, il était réputé pour être le meilleur manager de Los Angeles et il était chez BSC comme les Rapaces de l’Enfer donc c’était une bonne idée. Ça plaisait plutôt bien à Max comme idée.

-T’auras cas l’appeler, ou bien aller le voir en tournée. C’est pas le genre à être inaccessible.

D’ailleurs, je le connaissais plutôt bien pour être allé des centaines de fois faire la fête dans sa villa. Et même si c’était parfois profondément ennuyeux, c’était quand même l’endroit le plus festif de L.A.

J’avais ensuite causé un peu de mon propre groupe et du coma de Kayden James, notre ancien chanteur. Pas sûr qu’il allait se réveiller… Max me donna son soutien. Je haussais les épaules.

-Boh…Ça va, je m’en remettrai, je crois… Mais merci.

Pour être même tout à fait sincère, je m’en étais déjà remis. Kayden était de l’histoire ancienne et The Burning Fire devait avancer avec les nouveaux membres (aussi chiants qu’ils soient). Ma prise de contrôle du groupe allait juste prendre plus de temps surtout que j’étais pas totalement sûr que notre bassiste et notre claviériste restent parmi nous étant donné la haine qu’ils vouaient à Nathan J. Williams.

Sur ce, je me levai pour aller prendre une autre bière avant de me rassoir sur le divan à côté de Max. Les autres membres de son groupe parlaient entre eux sauf le guitariste qui restait muet et semblait écouter.

-Sinon, en dehors du business musical, ça va ? Tu as déjà acheté ta première villa et ta première voiture de luxe ?

Deux années déjà que les Rapaces de l’Enfer était connus et même s’ils n’avaient pas encore une renommée mondiale comme mon groupe ou The Lightening, ils avaient déjà une petite renommée et je supposais que leur compte en banque suivait surtout après une première tournée…

Enfin je crois… Je ne sais plus très bien quand j’ai commencé à devenir riche… Mais c’était venu assez vite.  

En dehors de la musique, ça allait oui, je menais ma vie comme je le voulais, sans barrière et surtout sans une horde de fans qui me suit partout. Comme on n'avait pas de garde du corps pour l'instant, c'était plutôt agréable de pouvoir sortir libre, mais fallait aussi penser à en avoir un quand même. Je ne pourrai pas toujours me balader tranquillement sans qu'on ne me reconnaisse à chaque fois. Pas comme Billy Lighter en tout cas...

Ouais et comment ! Elle est immense ma villa, vient prendre un verre à l'occasion, je vais te donner l'adresse sur un bout de papier. Je te ferai visiter mon palace. Quant à ma première voiture de luxe, je ne l'ai pas encore acheté mais ça ne saurait tarder, cependant.

Avec tout le pognon que j'avais, je pouvais bien me faire plaisir de temps en temps, puis en plus, ce n'est pas moi qui payais les factures, mais la maison de disques, ha ha. Dans ma villa, j'avais également acheté un jacuzzi et une salle de cinéma privée. Oh, mais quel crétin, pourquoi je ne m'en étais pas rappelé que Daniele Ricci était à BSC? Pfft non mais vraiment...

Je l'appellerais après l'enregistrement. J'espère qu'il sera disponible, je ne voudrai tout de même pas, le déranger en pleine tournée.

C'était logique dans un sens. Je regardais Howard qui se leva pour aller prendre quelque chose à boire. Il revint quelques minutes plus tard se rasseoir à côté de moi. C'était vraiment cool que je m'entende aussi bien avec Stone.

Max vivait déjà la belle vie. Il avait une villa tout comme moi et souhaitait me la faire visiter. Pourquoi pas, ça me permettra de voir si elle est mieux ou moins bien que le mienne. Par contre, Max ne s’était pas encore acheté sa première voiture de luxe. Moi, j’avais deux Ferrari… Enfin, plus qu’une maintenant vu que j’ai crashé l’autre pas plus tard qu’hier.

-Ok, je viendrais voir ça. Pour la voiture, hésite pas à me demander laquelle est la meilleure. Je sais quelles marques valent le coup.

J’avais essayé des tonnes de voiture de sport. J’en ai même joué quelques-unes au poker, tout comme j’en ai parfois gagné. Le problème, c’est que je m’en lasse vite et que j’ai toujours envie d’acheter le dernier modèle. Ce qu’il fait qu’il est très rare que je reste un an avec la même caisse.

On était revenu sur Ricci que j’avais proposé comme manager à Max. Le seul moyen d’avoir le manager italien comme manager c’était de lui demander directement. Il avait déjà Roadtramp comme groupe, mais qui ne tente rien n’a rien. Puis, il y a aussi les Tiny Suicide, mais elles n’ont encore signé aucun contrat aux dernières nouvelles. Max l’appellera, c’est ce qu’il me disait alors que j’avais pris une bière dans le frigo et que j’avais commencé à la boire.

-Au pire, tu tomberas sur sa secrétaire qui fera passer le message.

J’avais dit ça en haussant les épaules et en souriant. Maria Watson, c’était le nom de la secrétaire bien connue de Daniele Ricci. Une femme super jolie entre nous. J’ai jamais vraiment eu l’occasion de discuter avec elle… Ce qui était bien dommage, entre nous… Je devrais peut-être tenter le coup un jour…

Je bus ma bière d’une traite et en vint à quelque chose qui me taraudait un peu l’esprit.

-Au fait… Ton guitariste… Il est pas très causant… Il a pas ouvert la bouche depuis que je suis arrivé.

Il était peut-être timide… Ou quelque chose comme ça. Ou alors il n’avait rien à dire tout simplement.  

Le chanteur de The Burning Fire me disait que mon guitariste n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'il était arrivé. Il pensait certainement qu'il était timide, mais non, je regardait mon ami droit dans les yeux en lui répondant très honnêtement, non sans être gêné par ce que j'allais dire.

C'est parce qu'il est muet de naissance. On communique toujours par écrit, ce qui n'est pas simple tous les jours, mais à force, on finit par s'y habitué.

Il ne pouvait pas savoir qu'il était handicapé. En même temps, qui aurait pu le savoir à part moi? Mon pote était peut-être né muet, mais il n'étais pas sourd. Il avait entendu toute notre conversation, mais ne s'était pas mis en colère pour autant. Mon guitariste avait l'habitude qu'on pose cette question. Pour en revenir aux voitures de luxe, Howard m'avait dit que je pouvais lui demander conseil pour savoir laquelle était la meilleure, je n'hésiterai pas un seul instant dans ce cas.

D'ac, ça marche mon pote !

Dis-je en baillant. C'est que je commençait un peu à fatiguer, avec l'enregistrement et la chaleur... Ce n'était pas encore fini et même si on ne termine pas aujourd'hui, on recommencera demain, ce n'est pas un problème.

J'ai pas pensé à sa secrétaire. En fait, je ne savais même pas qu'il en avait une, pour tout te dire. Je ferai ça demain alors.

J'espère juste qu'elle est aimable, parce que sinon, ça ne le fera pas!

Le mystère qui planait autour de son guitariste était levé. En fait, le gars était complètement muet. Ben bordel, ça ne devait pas être cool. Comment il faisait pour draguer des filles sans leur parler ? Ça devait pas être évident…. Communiquer non plus, d’après Max même s’ils avaient trouvé un système pour le faire. Je levais les sourcils.

-Putain, ça doit pas être simple… Vous devez être vachement patient.

Mais c’était quand même un sacré guitariste pour ce que j’en avais entendu. Et c’est sûrement tout ce qui comptait pour sa bande de potes. J’aurais bien voulu que ce foutu Nathan soit muet aussi, tiens, pour la cause… Ça aurait été bien plus pratique. Et les autres de mon groupe aussi, tiens, tant qu’on y est…

On avait parlé de pas mal de trucs avec Max et il demandera mes conseils pour sa future voiture. Je lui souris. Avec moi, il ne pourrait pas se tromper ! J’allais lui dénicher la meilleure.

Ma deuxième bière était déjà bue. Je ne sentais plus du tous les effets de la gueule de bois du coup. J’étais à nouveau frais et dispo. Et Max termina par le fait qu’il allait téléphoner demain à Ricci. Il n’était pas au courant que l’Italien avait une secrétaire.

-Ah ouais ? Ben, je peux te dire qu’elle est très jolie.

Je savais ça et aussi qu’elle était très respectée par les autres managers de BSC. Etonnant que Max n’en ait jamais parlé. Faut dire qu’il a l’air concentré plus sur la musique et sur son groupe plutôt que sur tout le business qu’il y a autour.

Je me levai et m’étirai.

-Bon, je vais vous laisser bosser. J’ai un avion à prendre. Je monte sur la tournée ce soir.

Je souris à Max.