J'avais mes jumelles braquées sur la villa Ricci. J'étais sur ma petite colline depuis 7h du matin attendant, patiemment, le moment d'agir. Le moment où il n'y aura plus que Samantha et moi.

J'avais suffisamment préparé mon coup que pour savoir qu'il y avait des moments où Sam restait toute seule avec Anthony Ricci. Il me fallait juste un peu de patience et, surtout, que je ne me fasse pas dépasser par la fatigue qui était le résultat de ma nuit blanche que j'avais passé à enlever une gamine et enterrer un corps. Je pourrais dormir une fois que j'en aurais terminé avec ma conversation avec Samantha.

Les heures passaient et ma patience fut récompensée l'après-midi venue. Le majordome de Ricci s'en alla à bord d'une voiture de luxe suivit, quelques minutes plus tard, par Ricci lui-même à bord d’une voiture tout aussi luxueuse.

Samantha était maintenant seule et il ne fallut pas longtemps avant qu'elle ne s'installe sur la terrasse du jardin. Elle imaginait sûrement passer une après-midi tranquille. J'allais faire e  sorte qu'il en soit tout autrement.

Je descendis de ma colline pour descendre dans la rue qui menait à la villa Ricci. Ma voiture se trouvait un peu plus loin dans la rue au cas où j’aurais besoin de m’en aller très vite.

J'entrais ensuite dans la propriété passant le portail qui était resté ouvert. Le jardin étant de l’autre côté, Samantha ne pourra ni me voire, ni m'entendre. J'entrai ensuite dans la villa en prenant bien soin de faire le moins de bruit possible avec la porte d'entrée.

La villa était calme... Je n'entendais pas les bruits significatifs d'un enfant qui joue. Anthony n'était pas non plus sur la terrasse avec Samantha. Il devait donc dormir comme le font beaucoup de gosses de son âge à cette heure-ci.

C'est parfait.

Je grimpais doucement à l'étage où se trouvaient plusieurs portes. Je dus en ouvrir plusieurs avant de trouver celle qui menait à la chambre du petit Ricci.

J’avançai doucement alors que le gamin dormait à poings fermés dans son lit-cage. Il suçait son pouce enlaçant de son autre bras un ballon de soccer. Je sortis mon flingue de ma veste en cuir. Non pas pour descendre le gamin mais bien pour intimider Samantha quand elle passera la porte.

Je croisai alors les bras sur me bord du lit-cage regardant le petit dormir tellement paisiblement que s'en était presque contagieux.

Mais j'avais d’autres choses à faire que de dormir.

Je tapais très légèrement du canon de mon flingue sur la joue du petit. Il se réveilla avec un air contrarié sur le visage. Et quand il ouvrit les yeux et me vit, il lui fallut un petit temps avant que son petit visage ne se torde de peur et qu'il ne se mette à pleurer.

Je détestais ça.

Mais je le voulais. C'était le seul moyen d'alerter Samantha et qu'elle vienne ici sans se douter de rien.

Je ne dis pas un mot croissant à nouveau les bras sur le bord du lit toujours penché au-dessus du petit Ricci en pleurs.

@ Billy Lighter

Erik et Daniele venaient de quitter successivement la Villa me laissant enfin seule avec Tony qui lui, venait d’être mit au lit pour sa sieste de l’après-midi. Je pouvais enfin me prélasser au soleil tout en lisant un livre sans entendre le moindre son autre que celui des oiseaux qui avaient élus domicile dans les arbres de notre jardin.

Même pas de radio pour meuble  le fond, que le son de la nature ce qui me permettrais d’entendre Tony, depuis sa fenêtre s’il devait se réveiller avant le retour d’Erik qui n’en avait pas pour des heures non plus.  Pour Daniele, je sais quand il part, mais jamais quand il revient, surtout quand il dit qu’il ne part pas longtemps, en général, je ne dois pas l’attendre pour faire des plans.

Sur mon transat, protégé sous un immense parasol, je lisais donc mon livre tout en sirotant un verre d’eau citronné. Je ne me souviens pas de quand j’ai pu profiter d’un moment aussi paisible que celui que je vis en ce moment.  J’adore Tony et mon désir d’agrandit notre famille est toujours aussi grand, et c’est tant mieux d’autant plus que je sais depuis peu être enceinte, mais cette vie est quelque fois étourdissante. Tony est un petit garçon plein de vie qui ne donne pas sa place.  Il sait  se faire voir et disons que nous remarquons très bien la différence quand il dort. Je persiste à dire que si Daniele lui donnait un peu d’attention positive, Tony ne chercherait pas toujours de mauvaise manière que son père s’occupe de lui. Mais faire comprendre ceci à Daniele revient à  faire passer un melon  dans le goulot d’une bouteille. Inutile et contreproductif !

J’ai dû finir par m’assoupir moi aussi mais c’est le son de mon livre qui tomba sur le sol de la terrasse qui me fit sursauter et reprendre mes esprits. En ce début de grossesse, je l’avoue, je dormirais tout le temps et n’importe où.  Je terminais mon verre et, me levant pour aller me resservir, j’entendis  Tony pleurer.

- Déjà !?

Peut-être ai-je dormis plus longtemps que quelques minutes, comme je le cru ! Je poussais un soupire puis laissais mon livre sur le transat avant de lentement me diriger vers l’intérieur qui me sembla beaucoup plus frisquet en comparaison avec l’ambiance extérieur, même pour la saison. Puis je grimpais l’escalier et allais tout droit vers la chambre de Tony. La porte était entrouverte ce qui me fis froncer des sourcils puisque nous fermons toujours la porte, car autrement Tony ne fait que nous appeler, comme si le simple fait de voir la porte ouverte signifiait pour lui qu’il pouvait encore nous  raconter tout ce que son imaginaire lui permettait de babiller.

Je ne pu retenir un cri de stupeur en découvrant la présence d’un homme près du lit à barreau de Tony puis, je cru que mon sang venait de ne faire qu’un seul tour quand je le reconnu.

- Edward !

Étrangement, l’espace d’une toute petite seconde, je fus comme émue et heureuse de le savoir en vie, ça venait de me retirer le poids énorme que je trainais toujours sur ma conscience, bien qu’avec l’aide du Docteur Litrell, j’avais appris à vivre avec, et je m’étais rapproché comme pour le saluer, aussi stupidement que ça,  puis ce sentiment fut rapidement remplacer par quelque chose de bien plus effrayant qui me figea sur place. Edward n’était certainement pas ici, et dans la chambre de Tony, qui plus est, pour une visite de courtoisie.

- Je n’ai jamais souhaité ta mort !

C’est tout ce que je trouve à dire, comme si ça pouvait désamorcer toute potentielle bombe.

@ Billy Lighter

Le gamin pleurait. Je pouvais voir, sur son petit visage tordu, de la peur et de l'incompréhension. Il se demandait sûrement pourquoi ce n'était ni son père, ni Samantha qui était penché au-dessus de lui. Comme s'il savait d'avance qui j'étais et ce que je voulais.

Je le regardai toujours entendant à peine, à cause des pleurs, la porte de la chambre s'ouvrir plus grand. Samantha venait d'entrer s'exclamant d'un petit cri avant de lâcher mon nom entier. Je détestais quand elle faisait ça et elle le savait.

Je ne me tournai pas vers elle. Je regardais toujours Anthony qui, à la voix de Samantha, s'était arrêté de pleurer même si son menton tremblait toujours et qu'il s'était recroquevillé sur lui-même serrant son ballon contre son petit corps.

Samantha sembla comme s'avancer avant de s'arrêter net et de me dire qu'elle n'avait jamais souhaité ma mort. Ah oui? J'avais beaucoup de mal à  croire ça.

Je me retournai doucement vers elle restant tout contre le lit du petit, mon flingue toujours dans ma main droite.

Et d'une voix légèrement froide, je lui envoyai:

-Je m'appelle Ward.

Je ne voulais plus qu'elle me donne du Edward et encore moins du Fleming. J'en avais assez de jouer les gentil avec elle.

Je la fixais droit dans les yeux.

-Si... Tu voulais ma mort, Sam. Si tu ne l'avais pas voulu tu aurais donné l’identité des vrais coupable à Alice. Si tu ne l'avais pas voulu, tu ne m'aurais pas conduit dans un guet-apens.

Mais elle avait des remords. D'après A.J. en tout cas. Je devais vérifier si c'était bien le cas.

-J'ai épargné Ricci pendant des mois. J'ai fait en sorte qu’Angelo repousse son plan de descendre Anthony. J'ai fait tout ça pour toi. Et toi, tu as essayé de me tuer couvrant les vrais coupables au passage. Ça signifie que tu me détestais encore plus que ceux qui ont fait ce massacre.

Je parlai toujours d'une voix calme.

-Pourquoi?

Je voulais savoir pourquoi.

@ Billy Lighter

J’étais confuse. Je ne savais pas si je devais me réjouir de le voir en vie et donc, je défaire du fardeau de sa mort, ou craindre justement le fait de le voir là, dans la chambre de Tony, armé qui plus est. Bien évidement, la peur a rapidement prit le dessus, je me doutais bien qu’il n’était pas ici pour le plaisir de prendre de mes nouvelles et de parler de la pluie et du beau temps.

Je n’arrivais plus à mettre en place mes idées et tout ce que je trouvais à lui dire c’était que je n’avais jamais voulu sa mort, du moins, pas le soir où je l’ai abandonné et bien évidement, il n’en croyait pas un mot.

- Ward… je ne pouvais pas ! J’étais… coincée, Je ne savais pas ce que je devais faire !!!

J’avais élevé le ton sur la fin alors que Ward demeurait très calme.  Je passais mes mains dans mes cheveux, me sentant comme si on me forçait à replonger dans tout ça, alors que je commençais à peine à aller mieux.

- Il ne m’a pas donné le choix et… de les voir, mort, tous. Ils étaient tous mort tout autour de moi, je n’arrivais plus à bouger.  Ensuite, j’ai fait ce qu’il a dit, parce que je le craignais plus lui que toi. Je ne voulais pas ta mort, j’espérais stupidement que tu saurais t’en sortir. Et j’ai eu tord !

Je ne peux pas croire que je suis devant lui, à me justifier sur les évènements qui nous ont tous marqués, lui, autant que moi.  Je risquais d’avancer encore, parce que je voulais voir Tony, je voulais qu’il me voie aussi.

- Quand j’ai quitté la planque d’Alice, j’ai cru que tu étais mort, et je n’ai plus dormis ensuite. Je n’acceptais pas de t’avoir conduis là, de t’y avoir laissé. J’aurais voulu te dire Edward... pardon, Ward, c’est un piège, ils vont te tirer dessus. Je n’ai pas pu, je n’en ai pas eu la force mais ensuite le fardeau pesait sur moi.

J’essuyais mes larmes du revers de ma main. Replonger là dedans est loin d’être facile d’autant plus que j’ignore les intentions d’Edward en ce moment même et que je crains de le voir s’en prendre à Tony, accomplir ce qu’il aurait dû avoir fait il y a longtemps déjà et qu’il n’a pas fait parce que je lui promettais ce que jamais je lui ai offert.

- Ce que tu as fait à mené au massacre des Conti par une furie encore plus grande que ce qu’Angelo aurait pu accomplir de son vivant.

Je parle bien sûr de Maritza Cortez et de la vengeance de Jimmy Reed.

- Je n’arrivais plus à avancer, avec sur la conscience ta mort, aussi, l’ai-je répété tant de fois, que si je pouvais revenir en arrière et te sortir de là, je l’aurais fait. Mais ce soir là, sous le choc,  je n’ai pas pu.

Tout ce que je lui dis ne pourrait être plus sincère. Malgré toute la haine que j’ai pu éprouver pour lui, et les plans lancés en l’air avec Daniele pour nous sortir de la menace persistante de feu mon beau-père,  je m’étais avancé sur mes talents de meurtrière. Visiblement, je n’en ai aucun.

- Je ne sais pas quoi te dire d’autre, sauf que je suis désolée, Ward !

@ Billy Lighter

Elle ne pouvait pas ? Elle était coincée ? Pourtant ce n’était pas si difficile de dire à Alice : c’est les Los Diablos qui ont fait ça. La phrase était courte et ne demandais pas un trop haut degré d’intelligence pour être dite tout haut. Et je savais que Samantha était intelligente sinon je ne serais jamais tombé amoureux d’elle.

Mais un certain « il » ne lui avait pas laissé le choix. « Il » au singulier. Ce même « il » qui avait décimé la Casa Nuova. Un homme… Un seul… Pour en tuer 15 autres. Un « il » qui avait terrifié Samantha.

Un « il » qu’elle craignait plus que moi.

Cette phrase retourna quelque chose en moi. Et je ressentis quelque chose que je n’aimais pas sans arriver à définir ce que c’était. Je n’avais pas aimé entendre ça du tout. Surtout ce que « il » était certainement Alonso… Qui d’autre pour ce genre de mission ? Pourtant, Alonso ne faisait pas peur. Je faisais bien plus peur que lui. Je pouvais faire des choses bien pires que lui.

J’avais le regard braqué sur Samantha la laissant déballer tout ce qu’elle avait à dire. Elle parla de mon agression… De ses remords… Ces mêmes remords dont m’avait parlé A.J.. Des remords parce qu’elle n’avait pas eu la force de me prévenir…

Elle pleurait en parlant. Les larmes coulaient sur ces joues. Je détestais quand elle pleurait. Je détestais quand quiconque pleurait.

Et au milieu de son discours, quand elle disait que ce que j’avais fait avait mené au massacre des Conti parce une furie plus grand qu’Angelo, je penchai légèrement la tête sur le côté. Ce que j’avais fait ? Je n’ai fait qu’exécuter les ordres. Le responsable du massacre, c’est Angelo. Il avait certainement mérité sa mort pour avoir agi avec si peu de tactique… Un peu comme l’avait fait sa fille, Alice, qui croupissait aussi, maintenant, six pieds sous terre avec son mari et ses deux enfants.

Mais encore une fois… Il y avait ce « il ». Même si, ici, elle aurait pu parler des Los Diablos en entier…

Et, à nouveau, ce furent de ses remords dont elle me parla. Des remords qui semblaient sincères même s’ils devaient sans aucun doute sortirent bien plus facilement mélanger à la peur que ressentais, en cet instant, Samantha.

-Tu es désolée ?

Seulement, c’était un peu tard pour l’être. Je parlais toujours d’une voix calme… Même si la phrase qu’avait dit Samantha tout à l’heure me faisait tendre certain muscle comme ceux de ma main qui était refermée sur la crosse de mon flingue.

-Si je m’en suis sorti, Samantha, c’est parce que j’ai eu la chance qu’Alice n’a pas vérifié que j’étais bien mort. Elle était trop sûre d’elle… Comme son père. Ils ont tous les deux fait des erreurs et ça leur a été fatal à tous les deux et à leur famille entière.

J’avais avoué être le meurtrier d’Alice sans l’avouer vraiment. Une façon supplémentaire d’intimider la femme que j’avais aimé.

-Tu ne pourras jamais revenir en arrière… Personne ne peut revenir en arrière. Quant au massacre des Conti, c’est Angelo qui l’a cherché. Moi, je ne fais qu’exécuter les ordres.

Je parlais toujours d’une voix très calme. Trop calme…

-Et tu as fait une erreur… Une grave erreur… C’est de croire que l’homme qui a massacré les Conti était pire que moi. Qui qu’il soit… Il ne pourra pas être pire que moi.

Je restai toujours contre le lit d’Anthony qui tremblait toujours dans son lit nous regardant l’un et l’autre en alternance.

-Dis-moi, Sam… Qui est cet homme dont tu as si peur ? Qui a tué les Conti ? Dis-le-moi…

Mon ton n’invitait pas au refus. Elle savait ce qu’elle risquait si jamais elle essayait de me cacher des choses.

@ Billy Lighter

Je fis signe que oui de la tête. Un geste lent, presque imperceptible mais je le fis quand même quand Ward répéta mes mots. Oui j’étais désolée ! Tout ce que j’ai pensé, que je me suis cru capable de faire pour sauver Daniele, toutes mes certitudes n’étaient rien en comparaison avec les remords que j’ai eu, après avoir laissé Ward entre les mains d’Alice.  Je n’ai pas ça en moi, cette violence sans conscience qu’on les Jimmy Reed, Angelo Conti et Edward Fleming de ce monde.

Je l’ai laissé à son triste sort et rien de ce que je pourrai dire ou faire ne changera l’issue de cette nuit fatidique. La seule consolation que je puisse y trouver, c’est que, malgré la précarité de la situation dans laquelle je me trouve actuellement, je ne porte plus le fardeau de sa mort sur ma conscience.

- Peut-être oui, ai-je commis cette erreur.  Mais j’ai vu ma famille tomber sous les balles de ce tireur fou, les uns après les autres.  Oh, oui, je sais. Je sais. J’étais  en désaccord avec les agissements d’Angelo et je lui jouais dans le dos en entretenant ma relation avec Daniele. Je l’ai manipulé comme je t’ai manipulé toi. Mais Rita, et les autres…

Je les revois encore mourir, leurs yeux grands ouverts avant de tomber au sol et de voir la marre de sang s’agrandir autour de leur tête comme des auréoles funestes. Je n’en fais plus autant de cauchemars mais les images, et la peur que j’aie ressentis en les voyant mourir resteront a jamais gravées dans ma mémoire.

- J’Étais sous le choc, incapable de réfléchir.  J’ai agis sous l’emprise du traumatisme, Ward tout est flou et confus dans ma tête. Je n’ai émergée que des jours après et réalisé tout ce qui était arrivé. Leur assassina, le tient et les menaces d’Alice…  Je n’ai pas consciemment voulu ta mort, Ward !

Il faut le vivre pour savoir l’effet oppressant de la peur et tout ce qui s’y opère en soi. Tout devient comme… calculer, les choses les plus futiles et innées qui soit, même ma propre respiration, je devais y penser pour ne pas m’étouffer moi-même.

Puis Ward me demanda de lui révéler le nom de cet homme qui a décimé les Conti, celui qui m’a fait peur au point où j’ai cessé de vivre normalement. Le nom de celui qui a tout fait basculer.

Sauf que… je ne peux pas le prononcer. Et qu’il connait très bien la réponse à sa propre question.  Alors je m’agenouillais simplement sur le plancher de la chambre de Tony, lui qui  s’était recroquevillé au font de son petit lit en tenant toujours son ballon, me regardant au travers des barreaux de son lit, muet et terrifié.

Tu sais très bien de qui il s’agit.  Tu as tiré sur sa femme.

Je ramenais mes cheveux  vers l’arrière puis relevais mon regard vers Ward. Je sais pourquoi il est ici et je suis prête à l’affronter. J’aurai tout  fait pour protéger Daniele mais l’inévitable est arrivé.

- Fais ce pourquoi tu es ici, je suis prête. Je te demande… par pitié, de ne pas tuer Tony.  

Je plaçais mes mains sur mon ventre, encore plat, dans lequel se cache ce que j’ai de plus cher et pour qui j’aurais tout donné. Mon bébé, ma fille, celle de Daniele, qui ne verra jamais le jour, puisque Ward va me tirer dessus et accomplir sa vengeance.

@ Billy Lighter

Oui… Elle avait commis une erreur. Il n’y avait pas de « peut-être » qui tiennent. Son erreur fut de croire qu’il y avait pire que moi dans ce foutu L.A.. Il n’y avait pas pire que moi. Je n’aimais pas croire qu’il y avait pire que moi.

Et Samantha ne se priva pas, cette fois, d’avouer platement m’avoir manipulé. Au fond, je le savais… Mais j’avais voulu croire que ce n’était pas ça malgré les indices qu’elle répandait malgré elle. C’était en partie ce sentiment qui m’avait fait la suivre jusqu’à ce guet-apens. Un sentiment qui, aujourd’hui, était bel et bien mort.

Je le savais. Je le sentais.

-Rita et les autres étaient innocent… C’est ça que tu veux dire ? Sans doute… Mais c’est comme ça. Angelo était un mafieux… Sa famille le savait. Ils savaient donc tous que jamais ils ne seraient à l’abri.

Parce que c’était comme ça que ça fonctionnait. La famille des mafieux étaient souvent les premières victimes des guerres entre mafia ou entre gangs. La meilleure tactique restait de n’avoir aucune attache.

Mais ça, même Jimmy Reed ne semblait pas arriver à ne pas en avoir.

Et elle se justifia encore sur le fait de m’avoir conduit à une mort presque certaine. Elle disait avoir agi en mode automatique suite au traumatisme du massacre. Avant tout ça, je croyais connaitre Samantha. Je croyais que c’était une femme forte capable de manipuler les autres et de tenir tête à tous.

Mais non… Samantha n’est, en fait, qu’un petit agneau fragile même pas capable d’assumer le fait qu’elle voulait ma mort. Parce qu’elle le voulait quoi qu’elle dise et ça malgré ses regrets évidents.

-Si… Tu l’as voulu. Je suis sûr qu’un jour tu t’es dit : « j’ai envie que tu meurs, Ward ».

Ne serait-ce que le jour où j’étais entré chez elle et que j’avais cherché à obtenir ce que je voulais, sans succès. Je suis sûr que ce jour-là, elle a voulu ma mort même si ce n’était qu’en pensée.

Mais ce que je voulais surtout savoir, aujourd’hui, maintenant que j’avais la réponse à mon autre question, c’était qui avait massacré les Conti. Un homme seul avait fait ça et je voulais savoir qui.

Samantha s’agenouilla au sol alors que je penchai légèrement la tête sur le côté. Et elle finit par me donné son nom… En fait, non… Pas vraiment. Elle ne le nomma pas mais je pouvais facilement deviner parce que Samantha semblait en avoir tellement peur qu’elle n’osait même pas prononcer son nom…

-Reed. Jimmy Reed a massacré les Conti.

Seul… Sans même Alonso. Reed avait massacré une famille entière, innocent compris.

Je le savais…

Pas que c’était lui qui l’avait fait. Mais je savais que lui et moi, on n’était pas si différent, malgré ce qu’il pouvait croire. A la différence près que moi j’assumais totalement ce que j’étais ce qui faisait que j’étais bien pire que Reed.

Samantha en aura la preuve très bientôt.

Mon regard était toujours posé sur Samantha qui me regarda à nouveau déclarant qu’elle était prête même si elle voulait que j’épargne Tony. Elle s’attendait à ce que je la tue ici même. Elle préférait ça que de voir mourir le fils de Ricci. Mais si j’avais réellement voulu faire ça, j’aurais tué le petit d’abord comme je l’avais fait avec Alice. Tuer Samantha et uniquement Samantha ici aurait été un châtiment bien trop doux.

Non… J’avais une autre idée.

Je m’accroupis devant elle alors qu’elle avait ses mains placées sur son ventre. Il était encore plat… Mais d’après A.J., Samantha serait enceinte de Ricci. Ce geste venait peut-être de confirmer ça.

J’avançai ma bouche de son oreille.

-Je ne vais pas te tuer… Ça serait beaucoup trop facile.

C’est ce que je lui murmurais avant de continuer à parler.

-Non… Je veux que tu vives avec l’idée qu’un jour, je viendrais me venger et ma vengeance ne sera pas de te tuer mais de tuer un de tes êtres chers. Ricci… Le petit Anthony… Ou bien même les futurs enfants que tu auras avec Ricci. Je ferais en sorte que tu ne me vois pas venir quand le moment arrivera.

Je me redressai. J’avais fait passer le message. Ma vengeance c’était que Samantha vive constamment dans la peur. Elle comprendra, ainsi, qu’il aurait mieux valu avoir peur de moi que de Reed.

-Et je serais toi, je ne dirais rien à la police. Parce que si jamais les flics me chopent, je leur balancerais tout. Je balancerais Reed et ses petites magouilles. Je balancerais que c’est lui qui a massacré les Conti. Mais je balancerais aussi Ricci et tous ses petits trafics avec la Famille de Los Angeles. Si je tombe, Sam, ils tomberont tous les deux avec moi.

Et mêmes les meilleurs avocats ne pourront pas sauver Ricci et Reed des faits qu’ils avaient tous les deux commis.

@ Billy Lighter

Je crevais de trouille devant Ward, sachant très bien que peu importe ce que je pourrais lui dire ne suffirait jamais à calmer sa fureur.  Oui, Rita et les autres femmes étaient innocentes, des victimes collatérales du tristement célèbre massacre des Conti.  Il a raison en affirmant qu’elles savaient dans quoi trempaient leurs époux et que, par conséquent, jamais elles n’auraient été tranquille.  C’est pour cette raison d’ailleurs que Mario avait chercher à nous éloigner de sa famille et moi, suite à son décès, perdue et trop fiable que j’étais, je m’étais laisser entraîner par Angelo, croyant alors qu’il était le seul à pouvoir comprendre ce que je vivais.

J’ai manqué de jugement.

Et je réfute ses allégations sur le fait que j’ai pu souhaiter sa mort.  En tous les cas, pas au moment où je l’ai conduis dans un guet-apens.  Ce n’était pas ce que je voulais, ou alors, pas consciemment.

- N’as-tu jamais souhaité la mienne ?  Oui j’ai souhaité. Ta mort, plus d’une fois, comme on souhaite malheur à quelqu’un mais ça ne veut pas dire que je le voulais vraiment.

Je ne sais plus, ce que je voulais, ce que je ne voulais pas. Il est là devant moi à menacer de sa grandeur Tony pour qui je suis prête là, maintenant, ce soir, à donner ma vie, sans hésitation.

Alors je m’agenouillais prête à affronter la mort, puisqu’il semble que ce soit la raison de la présence de Ward ici ce soir. Sinon, pourquoi aurait-il prit la peine de courir un tel risque, de révéler être toujours en vie et se remettre sa tête à prix ? Parce que si Jimmy Reed apprend qu’il est toujours en vie, je ne donne pas cher de sa peau !

Je me contentais d’un faible oui de la tête alors qu’il affirma que c’était bel et bien Reed qui avait décimé le clan Conti. Qui d’autres que lui l’aurait fait ? Un de ses bras droits ? Non. La rage de Reed à ce moment là n’aurait pu être contenu et assouvi par le pistolet d’un de ses sbires.

Alors qu’on en finisse ! Je sais que je n’ai pas d’issue mais espère quand même qu’il épargne Tony.

Ward s’agenouilla à son tour ce qui me fit me tendre, craignant… je ne sais pas ce que j’ai crains mais de le sentir aussi près de moi, ses lèvres effleurant mon oreille, c’était comme s’il m’avait bâillonnée et que je me pouvais plus respirer.

Il avait quelque chose en tête de bien pire que la mort. Je ne serais jamais délivrée de la peur, vivant dans la crainte de le voir ressurgir à tout instant et m’arracher ce que j’ai de plus précieux au monde : ma famille.

Je pleurais, je tremblais et peinais à me relever quand Ward lui-même l’avait fait et éloigné un peu. Je sortis Tony de son lit pour le serrer tout contre moi, le petit pleurait hystériquement en s’accrochant à mes vêtements, mort de peur qu’il était.

- Je ne dirai rien à la police, ni même à Daniele ! Je ne dirai pas que je t’ai vu, Ward, je te le promets !

Tout ce que je voulais, c’était qu’il quitte ma demeure et qu’il nous laisse tranquille.  Ward ne me tueras pas, non plus qu’il ne tuera Tony ou Daniele ou même notre fille.  Le simple fait de m’avoir semé le doute, d’alimenter une peur viscérale lui suffira. Il fera fort probablement de brève apparition pour s’assurer que je le crains toujours autant. C’est l’espoir  auquel je dois me raccrocher.

- Vas t-en avant qu’il ne revienne… avant qu’on te trouve ici.

@ Billy Lighter

Samantha dû bien se résigner à avouer qu’elle avait déjà souhaité ma mort. Mais encore une fois, elle essayait d’alléger sa conscience en disant qu’elle l’avait souhaité comme on souhaitait un malheur à quelqu’un, soit sans vraiment le vouloir. Elle mentait. J’étais sûr qu’elle l’avait souhaité bien plus ardemment que ça.

Et ça n’était pas la première à l’avoir souhaiter… D’autres veulent ma mort peut-être même plus qu’elle… Reed, par exemple, l’avait voulu… Mais pas encore assez, apparemment, que pour venir me tuer tout seul. Non, il avait préféré utilisé Samantha et Alice pour arriver à ses fins. Résultat, j’étais toujours vivant et j’avais sa fille.

-Si… J’ai souhaité ta mort… Après ce que tu m’as fait, je ne pouvais pas faire autrement. Mais avant ça, je t’aimais vraiment.

Ce qui avait rendu sa trahison pire encore. Mais maintenant, j’avais enterré mes sentiments pour Samantha.

Et elle s’attendait à ce que je l’enterre tout court, apparemment. A genoux, elle semblait prête à ce que je lui mette une balle dans la tête pour en finir, sa seule exigence étant que j’épargne le fils de Ricci. La tué ne m’aurait provoqué qu’une satisfaction éphémère et encore… Alors que ce que je lui réservais était bien pire que ça et bien plus satisfaisant pour moi.

Et c’est à son oreille que je lui soufflai le châtiment que je lui réservais. C’était une peur que je voulais lui donner. Une peur constante. Celle que je puisse, un jour, venir lui prendre, un par un, ses êtres chers. Et vu comment ses sanglots s’amplifièrent, je compris que j’avais visé juste.

Je me relevai, ensuite, intimant Samantha de ne même pas essayer de prévenir les flics au risque de voir Ricci et Reed tomber avec moi. C’était mon assurance et une très bonne façon de ne pas finir en taule. Parce que je préférais largement risquer la morgue plutôt que la prison.

Samantha, toute tremblante, pris dans ses bras Anthony qui se mit à pleurer d’une façon qui pourrait faire croire qu’on était en train de l’égorger alors que Sam me promit de ne rien dire à la police mais pas non plus à son petit-ami. Je relevai mon regard vers elle et toujours d’une voix calme, je répondis :

-Tu as intérêt… Si tu ne tiens pas ta promesse, je le saurais.

Elle voulait que je m’en aille maintenant avant le retour de Ricci. Les pleurs du gamin était, de toute façon, devenu bien trop invivable pour que je reste. J’hochai donc de la tête avant de tourner les talons et de descendre les escaliers pour sortir de la villa Ricci avec la satisfaction que, désormais, Samantha n’allait plus pouvoir vivre sans avoir peur qu’un jour je vienne pour achever ma vengeance.

@ Billy Lighter