Aujourd’hui, je devais prendre soin de Grant comme à l’habitude mais à mon arrivé chez Jordan, je trouvais ce dernier mal en point, aux prises avec une vilaine grippe d’homme !  Je pouvais m’occuper de lui en même temps que je prenais soin de Grant, ça ne me posais pas de problème mais  Jordan avait surtout besoin de repos.

Je décidais donc d’amener Grant avec moi, nous avions la ville à notre disposition. Ça aurait été le cas si nous n’avions pas été dimanche ! Tout est fermé le dimanche ! Enfin tous les trucs cool et pas trop cher et avec la température plus qu’incertaine, il ne valait mieux pas trop tabler sur l’extérieur. C’était embêtant et je ne voyais plus trop quelles pouvaient être nos options. Nous avions déjà été embêtés  Abel Hudson une fois chez MTI, nous ne pouvions pas y retourner comme ça, parce que nous n’avions rien à faire, je veux dire, il est très sympathique mais il doit travailler aussi !

Il y avait un endroit où Grant voulait aller depuis un moment, il me le demandait de temps en temps et je répondais toujours par une bonne excuse que ça n’était pas possible. Aujourd’hui, aucune excuse ne serait valable pour Grant et je décidais donc d’amener Grant chez moi, malgré ce que j’avais apprit tout récemment et qui me remuait toujours les pensées.

En effet, lors de notre dernière visite chez MTI, j’avais appris que le papa de Grant se nommait Ward Fleming. J’avais encaissé cette information là comme une tonne de brique qui me tombait sur la tête et ça n’avait pas cessé de me peser ensuite. Je savais que je ne pouvais et ne devais pas révéler ça à Ward ! Mon mari n’était pas prêt à ça ! Il s’occupe bien de moi, se soucis de mes maux de débuts de grossesse mais je crois que tant que notre bébé ne sera pas physiquement là, il ne prendra pas conscience de ce qu’est la paternité.

Seulement Grant est grand et si sa maman a cru bon de se sauver jusque dans le Maine et de lui mettre dans la tête  que son père était un homme dangereux, c’est que Ward et elle ne se sont pas laissés en très bon terme et qui sait si Grant en serait la cause ? Toutes les spéculations sont de mises, et ça prend beaucoup trop de place dans ma tête.

Aujourd’hui, je sais que Ward sera absent pour la journée et peut-être pour la nuit. Il m’avait dit avoir eu des ennuis, mes rien dont je devais me soucier, mais assez pour le tenir occupé toute la journée et donc, me laisser le champ libre pour amener Grant chez nous le temps que je devais m’occuper de lui.

J’entre donc avec Grant chez moi et lui fait visiter l’appartement.  J’avais eu le coup de foudre pour le style gothique chic ça donnait un cachet unique à l’endroit seulement, dans la chambre réserver à bébé Ward, tout avait été repeint en blanc parce que je n’arrivais pas à visualiser ce que je voulais pour cette pièce autrement.

- Voilà, c’est ici chez moi ! Tu veux un bol de céréals ? J’ai déjà faim pour une petite collation !

Je l’invitais à me suivre à la cuisine et sortis deux bols de l’armoire puis la boîte de cereales du garde manger.  Je plaçais ensuite des napperons sur la table, ça faisait plus joli et j’aimais bien faire une belle table et quand ce fut tout beau, je m’installais sur une chaise, celle sur laquelle je m’asseyais toutes les fois que Ward et moi mangions à table, c'est-à-dire à peu près jamais, mais pour les quelques rares fois, c’était celle qui me plaçait dos au comptoir de la cuisine et de où, je pouvais voir le téléviseur au salon.

- Tu voudrais qu’on regarde un film, ensuite ? Il n’y a pas grand-chose à faire ici, sauf la lessive mais c’est loin d’être amusant alors, trouvons autre chose !

Grant n’allait pas répondre ‘’ Oh chouette, faisons ta lessive, Sky !’’ parce qu’il n’y avait rien de palpitant pour un gamin de son âge à faire ça et ici, ce n’était pas non plus le royaume du divertissement. Il fallait donc choisir avec les moyens que j’avais et des films, Ward et moi en avions !

@ Billy Lighter

Jordan était à la maison aujourd’hui… Mais ça empêcha pas Sky de quand même venir ce qui était bien. Moi, je n’aimais pas quand Jordan était en congé le week-end parce que ça voulait dire que Sky ne venait pas… Mais, Jordan était malade et, donc, il était bien content que Sky vienne pour s’occuper de moi.

Tant mieux.

Je préférais ça que de devoir rester à côté de Jordan toute la journée. Avec Sky, on pouvait aller partout. D’ailleurs, je voulais sortir de la maison. C’est ce que j’avais dit quand Sky est arrivée chez Jordan. Mais elle avait dit que c’était dimanche et que rien n’était ouvert.

Je n’aime pas les dimanches !

Je ronchonner… Avec de demander à aller chez Sky. Ce n’était pas la première fois que je demandais ça. J’avais envie de voir la maison de Sky. Elle était mon amie. Je voulais voir sa maison. Mais, jusqu’ici, elle avait pas voulu pour des raisons différentes. Je savais pas pourquoi elle trouvait chaque fois des excuses. Je voulais juste savoir à quoi ressemblait sa maison. Rien d’autre.

Alors, aujourd’hui, quand j’ai dit à Sky qu’on irait bien chez elle, elle ne trouva pas d’excuse. J’allais, enfin, voir où elle habitait ce qui m’avait fait très fort sourire.

On arriva chez elle après avoir fait tout le chemin en voiture. J’avais pas tout retenu le chemin… Et ça me contraria un tout petit peu. C’était pas facile de retenir tous les tournants. Moi, j’aimais bien retenir pour pouvoir aller chez Sky quand j’aurais pas envie de rentrer chez moi ou que j’aurais pas envie d’aller à l’école.

Je suivis Sky dans l’appartement. Je voulais visiter. Alors, on visita. J’aimais bien ici. Les murs étaient noirs et les décorations sombres. C’était plus beau que chez Jordan.

-J’aime bien l’appartement. J’aime bien le noir.

Oui même le lit de Sky était tout noir. Il n’y avait qu’une pièce toute blanche qui me fit mal aux yeux. C’était celle du bébé. Celui qui était dans le ventre de Sky… Celui que j’aimais déjà pas. D’ailleurs, quand elle me montra la chambre du bébé, j’ai presque tout de suite fermé la porte pour passer à la pièce suivante.

Après la visite, Sky proposa de manger des céréales. Oui. J’avais faim aussi.

-Oui. J’ai faim.

On alla dans la belle cuisine et je m’installai. Moi, j’étais content d’être seul ici avec Sky. Sam était pas là. C’était bien. Parce que je n’aimais pas Sam non plus même si je l’avais encore jamais vu.

Sky nous fit un bol de céréales chacun et je me mis tout de suite à manger. C’était mes préférés et ceux des Sky. Des Cap’N Crunch. Sky avait fait une belle table pour qu’on puisse manger.

Après avoir mangé quelques bouchées de céréales, Sky proposa, après de regarder un film. Oui. J’aimais regarder des films. C’était mieux que la lessive. Je fis une moue.

-Non. Pas la lessive. Moi, je veux bien regarder un film avec toi après avoir mangé les céréales. J’aime bien le salon. Je veux bien regarder un film dans ton salon.

Oui. Je voulais ça. Alors, quand mon bol de céréales fut fini, j’allai au salon pour regarder les films qu’il y avait. J’avais repéré l’armoire où étaient les films.

Il y avait plein de films d’horreur alors je fis un grand sourire.

-Plein de bons films. J’aime bien, moi.

Alors, j’eus du mal de faire mon choix. Mais quand je le fis, je sortis la cassette de l’armoire.

-Moi, je veux regarder Shining. J’ai jamais vu. Mais j’aime bien la boite.

Oui. Ça a l’air de faire très peur. Alors, je veux regarder ça.

-On regarde ça, Sky ?

Je voulais qu’elle dise « oui ». Mais alors que j’attendais ça réponse, j’entendis quelqu’un entrer dans l’appartement. Je levai un sourcil et je regardai vers la porte.

-C’est qui ?

Moi, je demandai ça à Sky en fronçant les sourcils. Moi, je voulais que personne vienne nous déranger mais quelqu’un allait entrer dans la pièce bientôt et ça me dérangeait déjà.

@ Billy Lighter

La visite de la gamine m’avait forcé à devoir changer de planque en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Je n’avais pas le choix. Il y avait de fortes chances que Cortez s’empresse de dire tout ce qu’elle savait à son cher père. Du coup, je devais aller vite et ça demandait, aussi, à ce que je sois sur place pour superviser les opérations. Ce qui faisait que je devais être loin de Sky pour toute la journée et probablement pour toute la nuit. Si je devais maudire la gamine, c’était uniquement pour ça.

Le reste, ça n’était que de la logistique.

On avait déjà passé la journée d’hier à déménager le plus gros. On avait juste emménagé dans une plaque trouvée au préalable. Elle était vide d’après mes sources. C’était donc l’entrepôt idéal pour y mettre notre planque.

Pendant que je supervisais, je ne pouvais m’empêcher de me remémorer la délicieuse conversation que j’avais eue avec Olivia Cortez. Je me délectais, encore maintenant, de ses expressions à mesure où elle se rendait compte à quel point elle n’avait été que mon jouet. Mais la gamine avait eu du répondant… Assez pour qu’elle me pousse à lui prouver qu’elle n’aurait pas dû me sous-estimer comme elle l’avait fait.

J’allais lui faire mal. Je ne savais pas encore comment mais j’allais le faire. Tout comme je n’allais, certainement, pas tarder à rappeler à Samantha que j’existais toujours.

Il fallait de temps en temps rappeler à ses ennemis qu’ils ne seront jamais en sécurité.

Mon cerveau était occupé à ça et à prendre mes marques dans mon nouveau bureau quand l’un de mes hommes m’avait appelé pour me dire qu’il y avait déjà des intrus dans notre nouvelle planque… Il ne m’avait pas fallu longtemps avant de me rendre compte que les intrus en question n’était rien d’autre qu’une petite bande de néo-nazi pas forcément content que des gens de toutes races viennent jouer sur leurs plates-bandes.

Classique…

J’avais été négocié avec eu à ma manière… En me battant contre le chef de cette petite bande qui avait accepté que le vainqueur du combat serait celui qui s’emparerait de l’entrepôt. Il n’y avait pas plus efficace pour s’assurer d’être tranquille.

Le chef en question devait avoir près de la cinquantaine… Il était baraqué mais plus petit que moi. Et, je devais avouer avoir souffert avant de venir à bout de lui… Il m’avait amoché mais j’avais fini par le mettre K.O..

Une fois que les petits aryens furent partis, j’avais demandé à Yang de superviser le reste. Il fallait que je rentrer pour soigner mes quelques blessures qui, même si elles n’étaient pas importantes, étaient douloureuse au point où je devais me tenir les côtes pour ne pas grimacer toutes les trois secondes. Ce sale nazi n’avait rien trouvé de mieux que de m’en fissurer une.

Je revins, donc, chez moi et grimpai à l’étage de l’appartement que je partageais avec Sky. J’ouvris la porte et, à peine était-elle ouverte, que j’entendis une voix d’enfant et celle de Sky.

Elle était déjà rentrée ?

-Sky ? Tu es là ?

Je me dirigeai vers les voix et, donc, vers la cuisine. Et j’y trouvais Sky avec un gamin d’environs 8 ans.

Je m’arrêtai. Je regardai un moment le gosse… Avant de regarder Sky.

-Bébé… Tu as ramené du travail à la maison ?

Parce que je me doutais que le gamin devait faire partie de ceux qu’elle gardait. Elle me parlait de temps en temps des gosses qu’elle gardait. Jamais très longtemps. Mais je me rappelais de leurs noms.

James… Anna… Alan… Nelly… Grant…

Les quatre premiers sont des bébés, je crois… Je penchai légèrement la tête sur le côté fixant le gamin, qui tenait en main l’une de mes cassettes video, d'un regard neutre.

-Tu es Grant, c’est ça ?

Grant, c’était le plus vieux de ceux que gardait Sky. Alors, je supposais que le gamin qui se tenait dans mon salon était Grant.

Je fixai, ensuite, Sky et dit d’une voix calme.

-Je suis revenu plus tôt… Rien de grave… J’ai juste besoin de ne pas trop bouger.

Je dis ça en pointant les égratignures que j’avais dans la figure.

Si j’étais content que Sky soit ici, j’étais un peu moins content qu’elle soit accompagnée par un petit intrus…

@ Billy Lighter

Rien de mieux qu’un bol de Cap’N Crunch pour nous aider à réfléchir à la suite des choses. Quand j’ai besoin d’un  moment d’arrêt, de faire le point, j’adore m’installer avec mes cereals préférées, ça m’aide à mieux réfléchir et donc, logiquement parce que Grant aussi ne refuse jamais ces cereals, ça nous aidera tous les deux à trouver une idée géniale pour la suite. Je n’ai rien ici pour amuser les enfants, je n’ai même pas commencé à décorer la chambre du bébé, sauf pour la peindre en blanc. Pas de jeu de société, quoi que j’ai peut-être un jeu de carte quelque part, je vois mal ce que nous pourrons faire pour occuper notre temps et il est hors de question de faire la lessive, là-dessus nous sommes bien d’accord !

C’est donc sur le téléviseur que je me rabats en songeant qu’un film, ça serait chouette. Je pourrais faire du pop corn au beurre, j’ai des boissons gazeuse au frais, ça nous ferais un petit moment ciné et occuperais deux bonnes heures et avec un peu de chance, nous aurions une illumination pendant le visionnement. Tous les espoirs sont permis.

Grant se lève donc pour aller fouiller dans l’armoire ou Ward et moi rangeons les films, c’est drôle, il a trouvé tout de suite comme s’il habitait ici et forcément, ça m’amène à penser au lien qui uni mon mari et le jeune homme dont je m’occupe et ça me donne froid dans le dos. Chacun ignorent l’existence de l’autre, enfin, Ward ignore qu’il a un fils alors que Grant sait que son père se nomme Ward Fleming mais il serait incapable de le pointer dans une foule de cinq personne, c’est déjà ça ! Est-ce que, si par malheur ils devaient se retrouver l’un en face de l’autre, ils  y auraient cette espèce de sentiment qui s’animerait ? Comme une connexion, quelque chose qui ne se voit pas mais qui se ressent. Ils se sentiraient liés sans savoir pourquoi, je les vois déjà se toiser du regard l’un l’autre en penchant la tête légèrement sur le côté.  

Depuis que Grant à dit chez MTI que son père se nommait Ward Fleming, je vois tout ce que je ne voyais pas avant. Cette façon qu’il a de pencher la tête sur le côté ! J’aurais dû le voir avant… Je le fais moi-même quand je veux énerver mon mari, enfin, le taquiner… Les traits du visage, surtout quand il prend une moue sérieuse, songeuse, c’est Ward tout craché ! Puis surtout, cette façon qu’à Grant de ne jamais montrer ce qu’il ressent, comme si rien ne l’atteignait. Ce n’est pas encore au niveau de Ward mais pour son âge, c’est clairement un truc qui passe par les gênes ! Il peut y avoir d’autre Ward Fleming dans le monde, mais il ne peut y avoir qu’un seul qui soit le père inconnu de Grant Custer et je l’ai épousé.

Je rinçais nos bols et les laissais dans l’évier, j’allais les nettoyer plus tard puis je rejoignis Grant qui me montrait un fils qu’il avait pioché dans l’armoire, parmi tant d’autre.  Je n’étais pas certaine du choix mais n’eu pas le temps de lui proposer autre chose qu’il me demanda qui s’était et que par derrière moi, la voix de mon mari demanda si j’avais ramené du travail à la maison.

C’était la dernière chose que je voulais et je me retrouvais en même pas 10minutes, plongée dedans jusqu’au cou. Ward qui ne devait pas rentrer de la journée se tenait là, et Grant, tenant The Shining entre ses mains et les deux se toisaient du regard. Ce même regard, cette même expression.

Il me fallu quelques secondes pour retrouver ma mobilité et me précipité vers Ward qui, pour le bien de la cause, se nommait Sam Leserres.

- Bébé, tu es blessé ?  Attends… Viens t’assoir.  Nous allions regarder un film, Grant et moi.

J’aidais Ward à se rendre au fauteuil du salon même si je le savais capable de marcher par lui-même, la preuve étant qu’il avait gravi les nombreuses marches des étages inférieures pour arriver jusqu’ici.  C’était tout de même plus fort que moi, j’étais inquiète de le voir se tenir les côtes. Il dira ce qu’il voudra, il n’est pas invincible et ça me fait crever de trouille.

- Tu te souviens de Grant, je t’en ai souvent parlé. Il habite avec l’inspecteur de police, Jordan Keller.

Une information complètement inutile dans un contexte de conversation normale mais nous n’étions justement pas dans un contexte normal en ce moment et si je voulais que Ward  comprenne, c’était nécessaire de passer un peu pour une folle. Et puis je craignais qu’il soit en colère contre moi d’avoir ramener le gamin d’un flic chez nous…

- Grant, je te présente mon mari, Sam Leserres.

Ça, c’était un détail que je n’avais jamais mentionné à mon mari, que je lui avais trouvé une nouvelle identité. Je ne savais plus où me mettre, vers qui aller. Reporter mon attention sur Grant qui tenait toujours le film entre ses mains ou vers Ward qui avait eu un petit pépin au ‘’boulot’’. Si je pouvais me liquéfier et entre sous le parquet de bois du  salon, je le ferais sur le champ !

@ Billy Lighter

Je regardais l’homme. Il me regardait aussi. Je penchai la tête sur le côté. Il le fit aussi. Ça me fit bizarre. Moi je regardais plus que lui. Il avait des blessures sur la figure. Il était tombé par terre la tête la première ? Peut-être. Je sais pas.

C’était Sam ?

Oui… Sûrement. Parce qu’il appelait Sky « bébé ». Comme dans les films. Les gens amoureux s’appellent parfois comme ça dans les films.

Moi, j’imaginais pas Sam comme ça. Moi, je l’imaginais petit et gros. Moi, j’aurais préféré qu’il soit petit et gros. Comme ça, j’aurais pu dire à Sky que Jordan est bien mieux. Mais ce type… Il était grand. Et puis, il avait l’air plus fort que Jordan.

C’est pas juste…

Je fronçai les sourcils quand il demanda si Sky avait ramené du travail à la maison. Du travail ? Où ça ? Moi ? Je suis pas du travail. Je suis Grant.

Et il demanda si j’étais Grant. Il me connait. C’est la première fois que quelqu’un me connait avant que je dise que je suis Grant. Sky a parlé de moi à Sam ? C’est bien. Ça veut dire que je compte beaucoup pour Sky.

-Oui. Je suis Grant.

Et Sky se précipita soudain vers Sam. Elle le fit s’assoir. Elle était inquiète parce qu’il était blessé. Elle disait qu’on allait regarder un film, elle et moi. Moi, j’avais toujours la cassette en main et je regardais Sky n’en avoir que pour Sam.

-Oui. Un film. Elle et moi.

JUSTE elle et moi. Mais maintenant, Sam était là… Sam qui avait mal même s’il disait que c’était pas grave. Sam que je regardais toujours en fronçant les sourcils.

Sky demanda alors à Sam, s’il se souvenait de moi. Il saurait pas. Il m’a jamais vu. Mais elle avait parlé de moi. Donc, j’imagine que c’est ça qu’elle veut dire. Elle disait que j’habite avec Jordan qui est un policier.

-Oui. Jordan. Il est comme le Commissaire Gordon.

Et moi, je suis Batman.

Sky me présenta alors Sam. Oui. Moi, j’ai bien compris que c’était Sam.

-Oui. Je sais. Moi, j’ai compris que c’était Sam. C’est moche comme nom, Sam Leserres.

Voilà. C’est moche. Et je l’aime pas.

Je regardai toujours Sam.

-Je t'aime pas. Je préférerais que Sky sorte avec Jordan. Comme ça, elle pourrait vivre avec moi. Moi, je suis pas content que tu sois marié avec elle et que vous allez avoir un bébé.

Voilà. Moi, j’ai dit ce que je pense de Sam à Sam.

Je me tournai vers Sky.

-On regarde toujours le film ? Si oui, je veux être à côté de toi. Je veux être au milieu sur le fauteuil.

Oui. Je veux être entre elle et Sam.

@ Billy Lighter

Il y avait un gamin dans mon salon. Un gamin qui ne cessait de me fixer autant que je le fixais. Un gamin qui avait un petit quelque chose dans le regard qui me faisait un rien tiquer. Comme si j’avais l’impression qu’il me défiait avec son air pourtant neutre.

Un gamin que je supposais être Grant. Un des gamins que Sky gardait. Elle bossait, aujourd’hui, donc j’imaginais que c’était lui le travail du jour.

Il confirma. Il était bien Grant. Je ne savais presque rien de ce gosse à part qu’il s’appelait Grant et que Sky l’appréciait. Sky ne me parlait jamais très longtemps de son travail de peur de m’ennuyer. Tout comme je ne lui parlais pas du mien pour ne pas lui faire peur.

Et c’est vers Sky que mon attention se tourna alors que je lui disais que j’étais rentré plus tôt. En cause : un petit accident de travail. Rien de grave. Mais Sky insistait tout de même pour que je m’asseye. Je le fis souriant un petit peu à Sky.

-T’en fais pas, bébé. Ce n’est que des égratignures.

Sauf aux côtes. Mais on ne pouvait pas faire grand-chose pour ça hormis attendre que ça se ressoude.

Sky déclara qu’elle et Grant étaient prêts à regarder un film. Le gamin confirma sans émotion aucune. Il ne faisait même pas de phrases complètes.

-En même temps, à part regarder un film, il n’y a rien n’à faire ici.

Surtout pour occuper un gamin. Même s’il avait largement l’âge d’apprendre à manier le lance-pierre. C’était la seule et unique activité que je faisais avec le seul gamin avec qui j’avais un rien vécu. Et il était devenu doué, le gamin en question. Au lance-pierre, tout du moins.

Sky me présenta Grant laissant passer une information pas mal importante. Le gamin vivait avec un flic… Et pas n’importe lequel.

Jordan Keller.

Je connaissais Jordan Keller. Il me connaissait aussi. J’avais déjà fini dans une cellule du commissariat à cause de lui. Il ne valait mieux, donc, pas que le gamin sache que je m’appelle Ward Fleming… Vous imaginez : « Salut Jordan, je suis revenu de ma journée avec Sky ! J’ai rencontré son mari, il s’appelle Ward. Ward Fleming. ».

C’était moyen… Mais je savais que Sky n’était pas stupide… Elle n’aura certainement pas dit à Grant que je m’appelais Ward.

Le gamin confirma appelant Jordan par son prénom ce qui supposait que Jordan n’était pas son père… Autre preuve de ça était le fait que Sky n’avait pas dit « son père est l’inspecteur Jordan Keller » mais « il habite chez l’inspecteur Jordan Keller ». Il y avait une grosse nuance qui me disait que ce gamin n’était pas le fils de Keller. De toute façon, il suffisait de le regarder pour voir qu’il n’était pas à Keller. Il n’avait aucun trait en commun avec le flic.

-Il est fan de Batman, comme je vois… Ce fameux Jordan est son oncle ou bien il en a simplement la garde ?

Et Sky me présenta au gamin en m’appelant… Sam Leserres ? Je regardai Sky. Sam Leserres ? Si c’était très intelligent de me donner un nom totalement différent d’Edward Fleming, elle aurait tout de même pu choisir quelque chose qui sonnait bien mieux. Je ne pus m’empêcher d’afficher une légère moue faisant comprendre à Sky que ce nom était totalement nul.

Et le gamin répliqua que c’était moche. Je le fixai à nouveau penchant la tête légèrement sur le côté. Il avait raison. C’est moche. J’haussai des épaules.

-On ne choisit pas son nom… Je n’ai pas choisi de m’appeler Sam Leserres.

Ni Edward Fleming, d’ailleurs. Mais dans le cas de Sam Leserres c’était d’autant plus vrai.

Et le gamin enchaina disant qu’il ne m’aimait pas parce qu’il aurait voulu que Sky sorte avec Jordan pour qu’elle vive avec lui et le flic. Serait-ce de la jalousie ? Oui. Mais Sky était à moi.

A moi seul.

Je tournai mon regard vers Sky.

-Il ne manque pas de franchise, le gamin.

Je regardai, ensuite, Grant avec l’exact même regard avec lequel il me fixait.

-On ne peut pas avoir tout ce qu’on veut dans la vie. Sky est ma femme. C’est comme ça. Je l’aime et ça ne changera pas.

Il ne m’aimait pas ? Ce n’est pas grave. Après aujourd’hui, je ne reverrai certainement jamais ce gamin.

Grant voulait tout de même regarder Shining, apparemment. S’il ne m’aimait pas, je devais avouer que ses goûts en matière de films étaient plutôt bons.

Même s’il voulait absolument s’accaparer MA Sky.

-Non. Sky va au milieu. Pas toi.

Je dis ça d’un voir calme mais ferme. C’est à Sky seule que je réservais mon sourire.

-Je veux bien qu’on regarde ce film. Même si ce gamin semble vouloir t’avoir pour lui tout seul. Tu fais tous ces caprices qu’il veut absolument que tu vives avec lui ? Il doit t'en faire voir de toutes les couleurs, je me trompe?

S'il parlait à tout le monde comme il venait de me parler, il devait sûrement se faire un tas d'ennemis. Et je sais de quoi je parle...

@ Billy Lighter

La dernière chose que je voulais, c’était bien de voir Grant et Ward dans la même pièce. Pour rien au monde, il ne fallait que mon mari découvre qui était le petit par rapport à lui et la réciproque était tout aussi vraie concernant Grant. J’avais en quelque sorte provoqué la rencontre alors que j’avais amené Grant chez moi mais, théoriquement, Ward ne devait pas rentrer de la journée et probablement même, de la nuit.  J’avais pêché d’assurance, c’est ce que me dirait sœur Ana.

Les deux Fleming se toisaient, les deux, la tête légèrement inclinée vers le côté Il y allait en avoir un des deux qui allaient faire 1+1 à un moment donné, ça ne pouvait pas faire autrement ! Ou pas, si le plus jeune  avait beaucoup de ressemblance avec sa mère, il ne retrouverait pas de ses traits chez son père et comme se dernier ne se connaissait pas d’enfants non déclarés… quoi que c’est justement ce que c’est qu’un enfant non déclaré… On ignore en avoir un !

Mon mari était rentré beaucoup plus tôt que prévu car il avait eu des ennuis au boulot et ça eu pour effet de m’inquiété illico. Je me suis précipité vers lui pour  voir exactement ce qu’il en était puis l’aidais a se rendre jusqu’au divan pour qu’il puisse s’y assoir et relaxer bien que la présence de ce qu’il n’hésitera pas à qualifier d’intrus, lorsque nous ne seront que lui et moi, ne lui permettra pas de se relaxer comme il se doit.

Je ne sais pas où me placer, que dire, que faire, j’aimerais disparaître, avec Grant, loin d’ici, pour que jamais cette rencontre ait eu lieu mais puisque nous y sommes, je me vois obligé de faire les présentations et, je tente de le faire aussi correctement que subtilement en précisant que Grant demeure avec  Jordan Keller, un inspecteur de police et puis en présentant à Grant mon mari sous sa nouvelle identité, comme ça, tout était clair pour tout le monde, surtout pour Ward qui n’aurait pas à se soucier que j’ai pu laisser passer son identité. J’espérais que de ça, il en serait content, du moins, c’était avant que Grant ne se sente obligé de dire que Sam Leserres c’était moche comme nom.  Il avait raison, je n’avais pas trouvé le nom de l’année mais  j’avais balancé ça sous pression, quand nous étions chez MTI.

- Hey ! Je suis Madame Leserres aujourd’hui, ne dit pas que c’est moche, Grant. dis-je sur le ton de la rigolade, tout pour détendre l’atmosphère mais mon mari répliqua qu’il n’avait pas choisit son prénom.

En effet, nous ne nous étions jamais penchés sur la question des doubles identités, si nécessaire. Je ne savais même pas s’il en avait déjà une, de fausses cartes tout pour passer incognito si besoin était. Je le regardais sans rien dire mais dans mes yeux, il pouvait y lire que je n’avais pas su trouvé mieux sur le moment. Alors il devrait se contenter de ça. Il était maintenant Sam Leserres.

Ward, impassible, installé sur le divan, revient sur ce qu’à dit, indirectement Grant, que Jordan était comme le commissaire Gordon et questionne sur le lien qui unis Grant et l’inspecteur de police.  J’aurais préféré ne pas en venir là parce que ça oblige à dire que la maman de Grant est décédée et Grant n’hésitera probablement pas à nous ressortir la chanson ‘’ Je viens du Maine, le Maine c’est tellement mieux qu’ici!’’ et là, ben ça me fait un peu peur que Ward se mette à réfléchir. Il sait peut-être que son ex ou que sa fréquentation ou que son coup d’un soir s’est enfuit dans le Maine ? Ou est-ce moi qui pense trop loin ? Si ça se trouve, et sans vouloir manquer de respect à la maman de Grant, elle n’était peut-être qu’une fille de la rue, qui s’est tapé Ward comme client en soir, qui en a eu peur pour une raison ou une autre et qui s’est enfuit dans le Maine ensuite sans  jamais le lui dire et pour lui, elle n’était qu’une fille sans importance et par conséquent, il ne se souvient même pas d’avoir croisé son chemin un jour.

Je dois me détendre et  cessé d’anticipé, autrement, c’est clair que je vais  me fouler la langue en disant quelque chose que je ne devais pas dire.

- Jordan à la garde de Grant. répondis-je tout simplement.

Mais loin de se détendre, l’atmosphère s’ennuagea un rien de plus parce que Grant dévoilait ses couleurs. Il n’aimait pas Sam-Ward, il voulait que je sois amoureuse de Jordan et que je ne sois pas enceinte de mon mari. Je laissais échapper un rire nerveux parce que Ward affirma que le petit ne manquait pas de franchise.

- Ouais… un peu trop même…

Oh bon sang, j’en avais la tête qui tournait. En un battement de paupières, j’étais devenue le petit hollandais qui bouchait les fuites du barrage avec ses doigts.  Un peu d’aide ne serait pas de refus, les mecs !

- Je t’ai déjà dit, Grant que j’aime Sam et que c’est lui, l’homme de ma vie. L’amour ne se commande pas, tu le comprendras un jour.

Il allait lui aussi vivre ses propres expériences amoureuses et il verra qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à aimer.

- Il fait chaud ici, ou c’est que moi ?

Grant voulait bien qu’on lance le film, ce qui me fit pousser un soupir de soulagement, un tout petit soupir de rien du tout qui fut suivis d’un autre qui resta lui, coincé dans ma gorge. Grant et Ward argumentaient à savoir où je me placerais sur le fauteuil !  Bon sang ! J’étais coincé entre le père et le fils.

- Je ne fais pas ses caprices, pas plus que je ne fais les tiens, bébé !

J’étais sur le point d’exploser. Ils jouaient verbalement au pingpong et j’en avais marre d’être la balle entre les deux. Ils ne savaient pas que c’était dangereux que de jouer avec les émotions d’une femme enceinte ?

- ÇA SUFFIT ! Tous les deux… s’il-vous-plait ?

Je pouvais compter sur les doigts d’une seule main les fois où dans la vie j’avais levé le ton pour me faire entendre. Je n’étais pas le genre de fille qui explosait facilement, seulement là, ils allaient me rendre folle.  Je regardais Grant et prit sa main dans la mienne.

- Je suis ton amie, Grant, rien ne va changer ça, puis je regardais Sam-Ward, et toi, je suis ta femme, il me semble que tu ne devrais pas te sentir menacer par personne, non ?

Puis je les regardais l'un l'autre à tour de rôle avant d'ajouter :

- Je ne suis pas un objet de convoitise, ça suffit, le territorialisme!!

Je secouais la tête et je me levais en lâchant la main de Grant et je fit entrer le VSH dans le magnétoscope.

- Je vais m’assoir sur le sol, je serai plus prêt pour faire pause pour parler parce que lorsque j’écoute un film, Grant,  la règle d’or c’est qu’on ne parle pas, sauf si on arrête la bande ! Et toi, Sam, tu voudrais bien aller faire du pop corn ?

Ils allaient apprendre que  c’était moi qui allais mener cette danse !

@ Billy Lighter

Moi, je n’aimais déjà pas le mari de Sky. C’est pour ça que je le regardais comme je le regardais. Parce que je voulais passer une journée chez Sky avec Sky et qu’il était entré comme ça sans prévenir… Moi, j’aurais voulu qu’il rentre jamais.

Mais il était là avec plein de blessures dans sa figure. Moi, j’espérais qu’il avait très mal… C’était sa punition pour avoir fait un bébé à Sky. Moi, j’aurais préféré que Sky ait jamais de bébé.

Sky nous présenta. Moi, j’étais Grant et lui Sam. C’était pas beau comme nom Sam Leserres. Alors, moi, je dis à Sam que son nom était très moche. Et, comme je l’aimais pas, je trouvais le nom encore plus moche. Voilà. Mais Sky disait que, maintenant, elle s’appelait Madame Leserres. Elle disait ça en rigolant mais je penchai légèrement la tête sur le côté en la regardant.

-Pour moi, tu es Sky Carter. Parce que Leserres, c’est pas beau du tout.

Voilà. Pour moi, elle sera toujours Sky Carter. C’est plus beau. Et c’est mieux.

Et Sam, lui, avait dit qu’on choisissait pas son prénom. Je fronçai les sourcils.

-Mais tu peux changer de nom. Moi, je sais qu’on peut faire ça. Parce que je suis pas bête.

Oui. Les gens peuvent changer de nom. Je sais ça. Même si le mari de Sky aura toujours un nom moche peu importe lequel il choisira.

Puis, Sky avait dit que j’habitais chez Jordan. Oui. J’habite là… Et Sam connaissait Batman, apparemment. Je fis la moue… Il est pas si con. Moi, j’aurais préféré qu’il soit con comme ça Sky en aurait eu vite marre de lui. Mais il était pas con… Et il compris même que Jordan était pas mon père… Sky disait que Jordan avait ma garde.

-Oui. Ma garde. Parce que Maman est morte… Alors, je vis chez Jordan. C’est un ami de Maman. Avant je vivais dans le Maine. Maintenant ici. Mais le Maine, c’était mieux. Ici, les voitures font du bruit. Et j’aime pas ça du tout.

Voilà. J’ai tout dit. Presque tout dit. J’ai dit assez à Sam Leserres. Ah non, il faut aussi que je dise que je l’aimais pas. Alors, c’est ce que je dis. Que je l’aimais pas.

Il disait que j’étais franc… Oui. Je suis franc. Je l’aime pas… Sky me trouvait trop franc. Mais moi, c’est Sam que je regardais vu qu’il me regardait. Il disait qu’on pouvait pas tout avoir dans la vie et que Sky était à lui parce qu’il l’aimait. Je fronçai fort les sourcils. Et j’allais répondre mais Sky disait qu’elle aussi aimait Sam et qu’un jour j’allais comprendre. Je fis la moue.

-Mais l’amour, parfois, ça fini. Peut-être qu’un jour tu aimeras plus Sam. Moi, je crois que ça arrivera.

Moi, je voulais que ça arrive.

Sky trouvait qu’il faisait chaud. Moi, je regardai Sky.

-Oui. Il faut toujours chaud à L.A.

C’est pour ça que je préférais le Maine. Il faisait moins chaud qu’ici dans le Maine.

Moi, je voulais mettre le film maintenant. Et je voulais aller au milieu pour être près de Sky et que Sam soit pas à côté d’elle. Mais Sam voulait pas. Il voulait que Sky aille au milieu. Je fronçai fort les sourcils en regardant Sam.

-Non ! Je vais au milieu. C’est comme ça. C’est moi qui décide.

Puis, Sam demanda à Sky si elle faisait tous mes caprices. Des caprices ? Moi, je fais pas de caprices ! Moi, il m’énerve Sam ! Moi, je l’aime vraiment pas du tout !

Et Sky disait qu’elle faisait pas mes caprices. Ni ceux de Sam.

-Moi, je fais jamais de caprices ! Et je veux aller au milieu !

Et après que j’avais dit ça, Sky avait crié un peu. Moi, je fronçais plus les sourcils. J’étais surpris par Sky. Moi, je suis pas vite surpris mais Sky, là, elle m’a surpris. Je regardais vers Sam avec ce regard… Qu’est-ce qui arrive à Sky ?

Et je regardais à nouveau Sky quand elle prit ma main en disant qu’elle était mon amie et que ça changera pas. Et qu’elle était la femme de Sam.

J’hochai de la tête.

-Oui. Mon amie…

Elle disait qu’elle était pas un objet… Oui. Sky, c’est pas un objet… C’est une babysitter… MA babysitter.

Je laissai Sky prendre la cassette et la mettre dans le magnétoscope. Je pourrais aller au milieu, alors ? Non… Parce qu’il y aura pas de milieu parce que Sky voulait se mettre à terre pour faire pause pour parler… Oui… Sky faisait ça pendant les films. Moi, ça m’ennuyais… Mais j’aimais bien Sky alors je lui avais jamais dit.

-Ok…

Et elle demanda à Sam de faire du popcorn.

-Oui. Vas faire du popcorn, Sam…

Il se leva pour aller faire du popcorn même s’il m’avait envoyé un méchant regard. Quand il eut le dos tourné, je lui tirai la langue.

Moi, j’aime pas Sam.

Comme Sky s’était assise par terre, alors, moi, je m’installai à terre aussi juste à côté d’elle. Voilà. C’est bien comme ça.

Et je fis « play » pour mettre le film avant que Sam ne revienne. Moi, je m’en fichais de lui. C’est avec Sky que je voulais regarder le film. Pas avec Sam.

Je mis ma main sur l’épaule de Sky.

-Si tu as peur, tu le dis. Moi, je cacherais tes yeux.

Et je lui fis un sourire alors que le film commença. Moi, j’avais des yeux grands ouverts alors que Sam revint avec le popcorn. Il s’installa dans le fauteuil et… Garda le bol de popcorn pour lui. Il commença à manger… Tout seul.

Je levai les yeux vers lui alors que le film montrait un bel hôtel où une famille allait s’installer pour le garder…

-Donnes les popcorn, Sam. Sky et moi, on veut des popcorns. Tu peux pas les manger tous seuls. Sky veut des popcorns aussi…

Mais il m’ignorait. Il regardait la télé sans même m’écouter.

Je me levai d’un bond, très contrarié.

-Sam ! Popcorn !

Il me regarda… Et lança un popcorn sur ma figure…

Il a fait ça !

Il peut pas !

Moi, j’étais très fâché !

-Tu peux pas lancer du popcorn sur moi ! Moi, j’aime pas ça !

Et je dis ça en bondissant debout sur le fauteuil avant de lancer mon poing vers Sam.

@ Billy Lighter

Le gamin n’aimait pas le nom « Sam Leserres ». Je devais avouer qu’on est deux dans ce cas-là. J’espérais que Sky aura plus de goût pour trouver un prénom pour notre futur gamin qu’elle n’en a eu pour me trouver un nom d’emprunt.

Mais elle jouait le jeu parfaitement et jusqu’au bout défendant le nom « Leserres » qu’elle portait maintenant qu’elle était marié avec moi (ou plutôt avec Sam Leserres). S’il y avait quelque chose que je n’avais pas besoin d’enseigner à Sky c’était bien garder un secret et elle faisait tout son possible pour qu’on ne sache pas que la babysitter de tous ces gosses était mariée au chef des New Soldados.

Mais pour Grant, Sky sera toujours Sky Carter. Je le regardai, toujours impassible, face au caractère bien trempé du gamin de 8 ans.

Il fait comme il veut… Je m’en fiche de toute manière… D’ailleurs, je déclarai même que je n’avais pas choisi de m’appeler Sam Leserres ce qui était extrêmement vrai. Mais le gamin voulu avoir le dernier mot en disant qu’on pouvait changer de nom si on voulait. Je le fixai d’un air détaché.

-Si c’était aussi facile ça se saurait…

Il fallait des raisons pour changer de prénom et le « c’est moche » d’en était pas une pour l’Etat, n’en déplaise à Monsieur Grant Je-Ne-Sait-Pas-Comment.

Grant vivait, donc, avec un flic qui n’était pas son père mais son tuteur, visiblement. C’est ce que j’appris de Sky avant de Grant se fasse plus loquace en disant que sa mère était morte, que Jordan était un ami de sa mère, qu’avant il vivait dans le Maine, que le Maine était mieux que L.A., que les voitures faisaient du bruits et qu’il n’aimait pas ça.

Je ne lui ais pourtant pas demandé la totalité de son CV…

Je le regardais en haussant les épaules.

-Ça arrive… C’est comme ça.

Il ne semblait pas plus touché que ça par la mort de sa mère. Ou il le cachait bien… Il semblait bien plus contrarié par le bruit des voitures que par le mort de sa mère.

Et Grant avoua ne pas m’aimer ce qui ne me fit ni chaud, ni froid. Il ne m’aimait pas parce qu’il voulait Sky pour son tuteur et, donc, par extension, pour lui… Et je remis les pendules à l’heure. Sky aussi.

L’amour ne se commandait pas. Elle avait raison. Mais le gamin persistait en disant que l’amour ça se finit… Et qu’il était sûr que ça arrivera entre moi et Sky. Je levai un sourcil.

-Ouais… C’est ça… Dans une autre vie, peut-être.

Et Sky déclara avoir chaud, ce à quoi le gamin répondit qu’il faisait toujours chaud à L.A..

-J’irais allumer la clim’.

Après ça, j’acceptai de voir le film que le gamin tenait vraiment à voir. De toute façon, on semblait coincer avec lui alors autant se mettre devant un film pour ne plus l’entendre.

Mais le gamin voulait être à côté de Sky… Sans que je sois moi-même à côté d’elle. Je refusai disant que c’était Sky qui aura la place du milieu mais le gamin haussa le ton pour me contredire.

Il m’énervait.

Au point que je ne m’adressai plus à lui mais à Sky en demandant si elle faisait toujours tous ces caprices…

Elle déclara que « non »… Et qu’elle ne faisait pas les miens non plus. J’esquissai un petit sourire moqueur.

-Ah ouais ? Tu es sûre de ça, bébé ?

C’était juste pour la provoquer un peu. Gentiment.

Mais j’en revins bien vite au gosse qui disait ne pas faire de caprice avant de dire qu’il voulait aller au milieu. Je le regardai, toujours impassible.

-Non. Sky ira au milieu. Tu ne décides rien, ici.

C’est chez moi ! Et je ne vais pas me faire dicté ma conduite pas un gamin de 7 ans.

Et si Grant haussait le ton alors que je gardais le même ton. C’est la voix de Sky qui s’éleva au-dessus des nôtres alors qu’elle nous disait d’arrêter.

Je fus surpris… Une surprise qui se marqua légèrement sur mon visage alors que mon regard se posa d’abord sur Sky… Avant que je ne regarde Grant qui avait exactement la même expression que moi… Au point même que ça me fit très légèrement tiquer. Il me copiait, ou quoi ?

La question passa très vite alors que Sky mit les choses au clair. Elle était l’amie de Grant et le sera toujours… Et elle était ma femme ce qui faisait que je ne devais me sentir menacer par personne.

Si Grant confirma… Moi, je soupirai hochant très légèrement la tête avant que Sky ne dise qu’elle n’était pas un objet de convoitise…

J’avais toujours eu du mal à partager. En fait, partager ne faisait pas partie de mon vocabulaire.

Mais je ne dis rien… Me contentant de penser que, si Sky n’était pas un objet… Elle était MA femme.

N’en déplaise à Monsieur Grant Je-Ne-Sait-Pas-Qui.

Ça calma Grant qui ne dit plus rien à part des mots d’une syllabe. Et moi… Aucun mot.

Sky, elle, reprit la parole pour dicter ses règles. Elle ira par terre pour se lever plus facilement pour aller faire pause. Je laissai passer une moue. Cette manie qu’elle avait en commun avec mon ex m’ennuyait souvent… Et elle le savait… Mais ça lui plaisait de m’ennuyer de la sorte. Comme une sorte de douce torture.

Alors, je la laissais faire… Et, en chœur avec Grant, je lâchai un :

-Ok…

Pour ses règles et pour le popcorn.

Je me levai grimaçant un rien alors que le gamin m’ordonna d’aller faire le popcorn. Je lui lançai un regard noir.

Sale gosse. Si je pouvais, je crois que je lui tordrais son petit cou…

Mais je ne pouvais pas…

Je me dirigeai vers la cuisine gardant un œil sur Sky et Grant. Je me mis à faire le popcorn prenant, au passage, un anti-douleur. Le gamin ne m’attendit même pas pour lancer le film.

Une chose était certaine. Ce gamin savait se rendre détestable.

Alors que j’étais toujours à la cuisine à attendre le popcorn, j’entendis le gamin se faire tout gentil et tout mignon en disant que si Sky avait peur, il lui cachera les yeux.

-Comme c’est mignon…

Je lâchai ça sur un ton ironique…

Je regardai le film de la cuisine avant de rejoindre Sky et Grant avec le popcorn. Je m’affalai, ensuite, dans le fauteuil, à moitié allongé. Pas question que je m’asseye à terre…

D’ailleurs, pas question que je partage les popcorns. Le gamin ne les méritais pas… Quant à Sky… Peut-être que si elle voit que je garde les popcorns pour moi, elle me rejoindra sur le fauteuil.

Et il ne fallut pas longtemps, alors que j’avais déjà mangé six popcorns, avant que Grant n’en réclame.

Mais je l’ignorai. Royalement. Il me le demandait comme si j’étais son serviteur. Jordan faisait peut-être ces quatre volontés mais je n’étais pas Jordan. Ni Sky.

Et il se leva réclamant encore.

Il me bouche la vue de l’écran…

Alors mon regard le fixa toujours de mon air impassible…

Je pris un popcorn… Et le lançai sur la figure de Grant.

-Tiens. Du popcorn.

Je m’attendais à ce qu’il pique une crise comme un gamin trop gâté… Je l’imaginais déjà pleurer, se rouler à terre et demander justice à Sky.

Mais au lieu de ça, il grimpa sur le fauteuil et m’envoya son poing vers ma figure.

Je lâchai une main du bol de popcorn pour rattraper, de justesse, se petit poing.

Il savait porter des coups… C’était pas mal pour un gamin de son âge.

-Je ne suis pas ton serviteur…

C’est ce que je dis d’une voix calme avant de serrer le poing de Grant.

Il gémit…

Tomba à genou sur le fauteuil en essayant d’enlever sa main de mon emprise.

-Pas mal le coup de poing…

Je dis ça toujours sur le même ton avant que mon visage se durcis et que je dise d’une voix plus ferme :

-Mais ne fait plus jamais ça, ok ?

Et il prit le temps avant d’hocher la tête.

Quand il le fit, je lâchai son poing avant de regarder Sky et de lui tendre le bol mon visage se radoucissant d’un coup.

-Tu veux du popcorn, bébé ?

Maintenant que le gamin était calme, on allait peut-être pouvoir apprécier le film, non ?

@ Billy Lighter

L’échange houleux entre mon mari et mon ami me donnait chaud. Je n’aimais pas cette situation délicate dans laquelle je m’étais  involontairement plongée.  J’avais eu une idée stupide en amenant Grant chez moi, ne sachant pas quoi faire de notre temps libre et croyant que mon mari ne rentrerait pas avant très tard ce soir.

Je m’étais donc mise les pieds dans les plats  et je devais maintenant faire en sorte qu’aucun des deux ne fassent de liens et ne découvrent ce que j’aurais préféré ne pas savoir. Il faudrait quand même un sacré sens de la perspicacité pour que l’un des deux ne lève le voile mais si j’avais bien compris une chose c’est que dans la vie, aucun secret n’est éternellement secret.

Ils s’envoyaient des piques à tour de rôle, visible comme le nez en plein visage dans le cas de Grant, plus  subtile du côté de Sam-Ward. J’allais terminer cette journée avec un horrible mal de tête, je le voyais venir d’ici.

J’avais bien compris qu’ils ne s’aimaient pas, je ne pensais cependant pas que j’allais servir d’enjeux entre eux. Ils me tiraient chacun de leur côté comme une couverture et vînt le moment où j’explosais en criant que c’en était assez ! La coupe était pleine et ma jauge de patience, ultra vide !

Pour Grant, je serai toujours son amie, bien plus qu’une simple babysitter et pour Ward, sa femme qui n’aimerait jamais personne autant qu’elle ne l’aime lui. Pas de cette manière en tous les cas et ça devait suffire à l’un comme à l’autre !

Je compris que le message était bien passé avec leurs regards ahuris. Jamais je n’avais élevé le ton en présence de l’un comme de l’autre, même à moi ça faisait tout drôle. Ward se leva pour aller faire le pop corn et j’hésitais une seconde à me lever pour le prendre dans mes bras, je ne voulais pas qu’il soit en colère contre moi mais il ne pouvait pas agir comme un gamin de sept ans uniquement pour avoir le dernier mot, ça ne se faisait pas !

Je soufflais légèrement pour me ressaisir et Grant lança le film, sans attendre le retour de mon mari mais comme nous l’avions déjà visionné ensemble, je me disais que ce n’était pas bien grave s’il manquait les premières minutes surtout qu’au tout début, il ne se passe pas grand-chose.  J’avais le cœur qui battait fort, je restais tendue, malgré que je croyais la situation apaisée, je devais me douter que ça ne durerait pas longtemps.

J’aurais dû le deviner au moment où Grant m’a dit qu’il me cacherait les yeux et que, depuis la cuisine, Ward ironisa en disant que c’était mignon.

J’aurais dû intervenir quand Grant demanda du pop corn à Sam et que ce dernier l’ignora.

J’aurais dû me retourner et prendre le bol plutôt que de regarder Grant se lever et Sam-Ward lui balancer un pop corn au visage.

Au lieu de ça, je restais comme figé, encore retournée d’avoir dû lever le ton et je restais impuissante quand Grant se jeta sur Ward pour le frapper et que se dernier, avec ses réflexes aiguisés, l’attrapa juste avant qu’il ne le frappe.

- GRANT ! SAM ! NON !!!!

Je me cachais le visage entre mes mains prête à fondre en larmes, j’en avais marre de ces enfantillages.  J’étais certaine qu’au moment où je retirerais mes mains de mon visage, j’allais les trouver tous les deux entrains de s’étriper mais au lieu de ça, Ward me tendait le bol de pop corn.  Alors je pris le bol et me levais et je les regardais tous les deux.

- Vous êtes pire qu’un gamin de 3 ans, vous le savez, ça ?

Puis je retournais le bol et laissais tout le pop corn tomber sur eux.

- Je m’en vais ! Débrouillez vous avec le ménage ! Vous viendrez me voir quand vous aurez trouvé une façon de vous entendre tous les deux, pas avant !

Je n’allais pas m’en aller bien loin, je ne voulais pas non plus être accusé d’enlèvement si je ne reconduisais pas Grant chez lui à l’heure convenu avec Jordan. J’allais simplement m’assoir dans l’escalier de notre building et attendre de voir comment ils allaient négocier une entente partielle entre eux.

@ Billy Lighter

J’aimais pas quand Sam ouvrait la bouche. Parce que c’était chaque fois pour m’envoyer une pique. J’aimais pas ça. J’aimais pas qu’il se moque de moi.

Il disait que tout n’était pas aussi facile que je ne le pense.

Il disait que la mort d’un Maman arrivait et que c’était comme ça.

Il disait qu’il aimera Sky toute sa vie même si je disais que l’amour pouvait avoir une fin.

Il disait que je ne pouvais pas aller au milieu sur le fauteuil.

Il disait qu’ici je ne décidais de rien.

Moi, je ne l’aimais vraiment pas pour tout ça. Alors, quand on s’installa pour le film, je lui ordonnais juste d’aller chercher les popcorns avant de m’asseoir près de Sky. Je voulais oublier Sam et ne penser qu’à Sky. Je voulais regarder le film en imaginant que Sam n’existait plus.

Mais même quand il était à la cuisine, je l’entendais toujours… Parce que quand j’ai dit à Sky que je la protégerais si elle avait peur, il s’était encore moqué de moi. Je fronçai les sourcils.

J’ai envie qu’il disparaisse !

Mais il n’allait pas disparaitre comme ça… Alors, quand il revint sans nous donner du popcorn, je lui ordonnai de nous donner du popcorn.

Mais il m’ignora… Et je détestais ça !

Alors, je m’énervai, grimpai sur le fauteuil et envoyai mon poing sur lui. Très fort ! Très vite !

Mais il le rattrapa… Je fus surpris… Moi, je pensais pas qu’il arriverait à rattraper le poing…

Il disait qu’il était pas mon serviteur. Je fis une moue avant de sentir son poing se refermer plus fort sur le mien.

Sky cria… Moi, je gémis alors que Sam disait que mon coup de poing était pas mal.

Oui ! Je suis fort ! Mais il me fait mal.

-Aïe…

Je soufflai ça alors que j’avais encore plus mal. Mais j’essayai de pas crier ou lui montrer que j’avais trop mal. Sauf que mes yeux coulaient tout seul… Alors quand il me demanda de plus jamais faire ça, j’hésitai un peu avant d’hocher la tête. Sky, elle avait caché son visage…

Et Sam finit par me lâcher… Je pris mon poing dans ma main. Il était tout rouge. Je le frottai un peu… Moi, j’aimais pas avoir mal.

Sky retira ses mains de sa figure au moment au Sam lui proposa du popcorn. Moi, j’étais contrarié. Très contrarié. Mon cœur battait vite et je frottais mes larmes avant ma manche et me laissai tomber assis dans le fauteuil et en croisant les bras.

Sky dit alors qu’on était pire que des enfants de 3 ans. Je fronçais les sourcils.

-J’ai 9 ans !

Oui. 9 ans. Pas trois. Pourquoi Sky disait ça ? C’est pas moi qui aie commencé. C’est Sam.

Mais, alors que je disais ça et que Sky avait pris le bol de popcorn, elle le retourna sur Sam et moi. J’étais plein de popcorn, maintenant. Je pris un air surpris. Pourquoi Sky avait fait ça ? Pourquoi elle avait mis du popcorn sur moi ?

Parce qu’elle était fâchée… Sky avait jamais été fâchée sur moi. Mais elle était fâchée… Elle voulait que Sam et moi, on fasse le ménage et qu’on s’entende avant d’aller la revoir…

La revoir ?

Oui… Parce que Sky s’en alla d’un coup.

Je me remis debout sur le fauteuil et, toujours surpris, je lançai :

-Sky…

Elle est partie… Tout ça, c’est la faute de Sam. Et je me tournai d’un coup vers lui prenant un air très fâché.

-C’est ta faute ! Sky avait jamais été fâchée sur moi ! Sans toi, elle serait jamais partie !

Moi, je haussai le ton parce que j’aimais vraiment pas Sam !

Je bondis du divan.

-Moi, je vais aller la chercher !

Mais Sam me retint, d’un coup, par l’épaule. Assez fort pour que j’arrête de marcher et que je me retourne vers lui avec un air contrarié.

-Quoi ?! Moi, je veux pas rester avec toi !

Mais il disait qu’on avait pas le choix… Que si on allait voir Sky maintenant, elle voudra pas nous voir. Il semblait très contrarié aussi.

Il m’aimait pas…

Je l’aimais pas…

Mais on aimait Sky tous les deux…

C’est ce qu’il disait… Et il disait que pour la faire revenir, il fallait faire semblant qu’on s’aime bien.

Faire semblant… Je plissai des yeux. Oui. Je sais faire semblant. Je sais très bien faire ça. J’hochai de la tête…

-Oui. Je veux bien… Pour Sky… Pour qu’elle revienne. Mais juste pour ça. Pas pour toi.

Oui. Juste pour Sky.

@ Billy Lighter

J’avais rattrapé le poing de Grant. Il savait frapper mais il avait encore beaucoup à apprendre. Notamment une règle simple : il ne faut jamais pousser à bout Ward Fleming. Et je le lui fis comprendre en serrant son poing alors qu’il essayait de cacher, sans succès, sa douleur.

Le spectacle ne plaisait pas à Sky qui cria avant de se cacher les yeux. J’aurais dû arrêter… Mais je n’y arrivais pas. Pas tant que Grant n’aurait pas avoué sa défaite.

Et il l’avoua d’un hochement de tête ce qui me fit lâcher son poing directement. Et maintenant qu’il était calmé et qu’il boudait dans son coin, je tendis le bol de popcorn à Sky comme s’il ne s’était rien passé.

Elle le prit… Et déclara qu’on ne voulait pas mieux que des enfants de 3 ans. Je levai un sourcil en la regardant. Je n’avais rien fait… C’était ce gamin qui cherchait à s’imposer sur mon territoire. Un gamin qui s’indigna clamant qu’il avait 9 ans.

-Je ne suis pas un enfant de 3 ans.

C’est ce que je dis d’une voix calme et détachée alors que tout ça me plaisait moyennement.

Mais je ne m’attendis pas à ce que Sky nous renverse le popcorn que je venais de faire sur moi et Grant. Je le regardai sans bouger penchant légèrement la tête sur le côté alors que j’essayais de comprendre la manœuvre de Sky.

Avant de la comprendre quand elle expliqua, en gros, qu’elle en avait marre et qu’elle allait partir le temps qu’on trouve un accord Grant et moi.

Et elle mit ses dires à exécution en quittant l’appartement.

-Sky…

Je dis ça en soupirant en même temps que Grant qui avait bondi, encore une fois, hors du divan. Un Grant qui ne tarda pas à se retourner vers moi pour me remettre tout sur le dos… A se demander comment Sky pouvait faire pour apprécier un gamin pareil.

-C’est toi l’intrus… Pas moi.

Je dis ça d’une voix calme alors que le gosse, lui, s’énervait vraiment.

Et il voulait aller chercher Sky… J’étais plus que certain qu’elle allait craquer si jamais le gamin se montrait assez subtil que pour montrer ses atouts d’enfants mignons que chaque enfant avait même les plus vils d’entre eux. Je le savais parce que j’avais utilisé à plusieurs reprises cette tactique étant enfant quand j’avais pris conscience qu’un sourire mignon suffisant à faire fondre le cœur de la plupart des gens.

Et je ne voulais pas que Grant gagne. Pas tout seul. Alors je l’empêchais de partir en posant ma main, fermement, sur son épaule.

-Arrête. Ça ne fonctionnera pas.

Je le fis se retourner. Il était contrarié. Il disait qu’il ne voulait pas rester avec moi.

-Et moi, je n’ai pas non plus envie de rester avec toi. Mais le fait est qu’on est coincé ensemble…

C’était un fait. Si je demandais à Sky d’aller raccompagner Grant directement chez lui, elle allait m’en vouloir. Tout comme j’avais encore plus envie de jeter le gamin par la fenêtre mais le fait est que Sky m’en voudrait encore plus si je faisais ça.

Et je ne voulais pas que Sky m’en veuille. Surtout pas à cause d’un marmot aussi désagréable soit-il.

-Si tu vas voir Sky maintenant, elle ne reviendra pas… Pas tant qu’on ne « s’entendra pas »… Je ne vais jamais t’aimer… Tu ne m’aimeras jamais. Et même si tu m’aimes bien un jour, ce que je doute, moi, je suis certain de ne jamais t’aimer.

Je n’aimais qu’une personne et cette personne était Sky. Je n’avais pas d’amis. Juste une femme et c’est tout. C’était bien suffisant pour moi.

-Mais on peut faire semblant. Si on fait semblant, on récupérera Sky. Tu sais faire semblant, Grant ?

Il hocha de la tête. Bien.

-Parfait.

Et il était d’accord avec mon plan qu’il fera uniquement pour faire revenir Sky.

-Marché conclu.

Je lui tendis ma main. Il la regarda. Me regarda… Pencha légèrement la tête sur le côté… Un geste qu’il avait déjà fait tout à l’heure mais qui, là, me donna un drôle d’impression… Une impression qui me fit, moi aussi, pencher la tête sur le côté.

Il m’imitait ?

Non… Il l’avait fait avant moi…

Je tiquai…

Mais ne dit rien…

Et il finit par serrer ma main.

-Avant d’aller la voir, on va jeter tout ce popcorn… Sinon, elle ne reviendra pas.

Il hésita… Avant de se mettre à ramasser le popcorn. Je l’aidai pour aller plus vite et quand l’endroit fut clean, je fixai Grant.

-On peut aller la voir, maintenant. Il faudra montrer qu’on veut bien ne plus s’engueuler, ok ?

Il hocha de la tête. On allait voir si Grant savait jouer les parfaits petits menteurs. Si c’était le cas, il ira loin surtout avec son caractère de merde. Sinon, tant pis pour lui.

On sortit de l’appartement. Je ne savais pas où était partie Sky… Mais je savais qu’elle ne partirait jamais loin sans son « travail du jour ». Elle aurait trop peur de perdre son emploi chez Keller.

Mais, une fois dans le couloir, je vis Sky assise sur les marches de l’escalier.

Je m’installai à sa droite… Grant fit de même en s’installant à sa gauche.

-Bébé… On est désolé… On a rangé le popcorn.

Grant dit exactement la même chose que moi… Presque la même chose. Il avait dit : « Oui. Désolé. Le popcorn n’est plus à terre. ». Comme s’il était incapable de foutre des verbes dans toutes ses phrases.

Je souris à Sky la faisant, doucement, me regarder à mettant deux doigts sous son menton.

-On ne se disputera plus. Tu reviens voir le film ? Grant et moi, on ira sur le fauteuil. On te laissera le sol pour que tu puisses faire pause.

Grant hocha de la tête me paraphrasant presque en disant un truc du genre : « Oui. Reviens. Sam ira dans le fauteuil. Moi aussi ».

Je voulais bien faire se compromis-là pour qu’une fois que Grant sera parti, Sky me donne le récompense que je méritais pour avoir réussi à prendre sur moi pour supporter ce sale gosse.

-Tu viens, bébé ?

Il fallait qu’elle revienne parce que je n’avais aucune envie de rester sur ces foutues marches d’escaliers…

@ Billy Lighter

Mon cœur n’avait fait qu’un tour quand Grant s’était projeté sur Ward pour lui mettre ton poing en pleine figure et, il avait dû s’arrêter ensuite, quand Ward, lui, avait attrapé le poing de Grant et je me doutais qu’il ne lui caressait pas la paume !  Comment étaient-ils venus à se comporter de la sorte ? Et bien par pure désir de protéger leur ascendant sur moi, comme si je devais appartenir à l’un ou à l’autre !

J’étais choquée et blessée ! N’avaient-ils pas assez de jugeote pour comprendre que je les aimais tous les deux, l’un comme un ami très précieux et l’autre comme l’homme de ma vie et que ces deux sentiments n’interfèreraient pas l’un contre l’autre ? Et bien non ! Ils avaient fallu qu’ils se comportent comme deux hommes des cavernes se disputant mon attention et c’était d’un ridicule !  À sa défense, Grant n’a que 9 ans ce qui peut expliquer son impulsivité mal contenue alors que mon mari lui aurait dû laisser aller et attendre que ma garde passe et que Grant retourne chez lui pour me faire ses commentaires, mordre sur sa chique, comme on dit ! Bah non ! Il avait cherché à provoquer le plus jeune et ce dernier était tombé pile dedans !

J’avais donc assisté à ce triste spectacle, impuissante et, lorsque je pu reprendre mes esprits, je m’étais levé, pris le bol de pop corn que me proposait Ward et le leur vidais sur la tête en leur ordonnant de faire le ménage s’ils voulaient me revoir !  Puis j’étais partie, les laissant là tous les deux et c’était bien fait ! Ils allaient devoir trouver un terrain d’entente parce que je ne reviendrais pas tant qu’ils n’aurais pas réglé leur différent ou jusqu’à concurrence de 16h… car ouais, Jordan s’attendait à ce que je lui ramène Grant  après la journée… Mais bon, je pourrais simplement conduire en silence et déposer le petit, dire à Jordan que je ne prendrais plus Grant en dehors de leur demeure à l’avenir et que le week end suivant, malheureusement, je n’étais pas disponible, laisser passer un peu de temps pour que le petit comprenne que j’avais été grandement déçue par son comportement. Qu’en a Ward, il aurait droit lui aussi à mon mutisme ! Je pourrais très bien le faire dormir sur le divan, le mettre au régime sec et tiens, je ferais exprès de ne laisser que des fonds de boîte de céréals et il devrait chaque fois aller en racheter s’il voulait déguster son bol !

Quoi qu’il en soit, j’étais déterminée à leur faire comprendre que leur comportement avait dépassé les limites et que je ne saurais tolérer ce genre de choses à l’avenir. Fort probablement que jamais je n’aurais à les remettre dans la même pièce, et dieu sait que je l’espérais très ardemment, mais qui sait ce que l’avenir nous réservait ? Alors par mon départ, même si j’étais assise dans le couloir du building, je leur faisais comprendre à l’un comme à l’autre que je n’étais pas un objet qu’on pouvait manipuler à sa guise et surtout, que je n’étais pas exclusive à l’un comme à l’autre sauf un peu quand même pour Ward puisque j’étais sa femme et qu’il était le seul homme dans mon cœur… Nous allions avoir un enfant ensemble, allait-il frapper notre fils si ce dernier voulait capter toute mon attention ?

Je tambourinais de mes doigts sur mon genoux, mes jambes croisées et j’écoutais le moindre bruit pouvant émaner de la porte de notre appartement. Je n’entendais rien et ça me chicotais. Étaient-ils entrain de ramasser le pop corn sans rien dire ou bien nettoyaient-ils tout en aplatissant les choses ?

Il se passa un moment, combien de temps ? Je ne sais pas mais Grant et Ward ou plutôt Grant et Sam me rejoignirent dans l’escalier du building l’un sur ma gauche, l’autre sur ma droite.  Je les écoutais, Grant répétant presque mot à mot ce que me disait mon mari. J’hochais de la tête puis soupirais.

- Ça n’a vraiment pas été agréable de me faire sentir comme si je n’étais qu’un vulgaire objet.

Je les regardais l’un puis l’autre alors que Sam-Ward enchaîna en  disant qu’ils allaient s’installer sur le fauteuil pour que je puisse être assise par terre pour pouvoir faire pause et à ça, j’esquissais un petit sourire fière. Je savais à quel point mon mari détestait que j’interrompre le film pour passer mes commentaires.

- Pour de vrai ?

Ils me gagnaient, petit à petit puis je me levais pour retourner à l’intérieur de notre appartement mais avant, je fis un câlin à Grant puis j’embrassais Ward.

- C’était vraiment pas cool mais maintenant,  ça va, on va passer un bon moment tous les trois.

Ils avaient bien nettoyés, je devais leur donner ça ! Je me réinstallais donc au sol, devant le divan là où ils allaient prendre place, au fond, je me trouvais à être au milieu, juste, à l’étage inférieur…  Je m’allongeais vers l’avant pour appuyer sur play et à peine avais-je regagner ma place que je m’allongeais de nouveau pour mettre sur pause et me levais…

- Je dois aller faire pipi !  Sam, tu ferais du pop corn…encore ?

Et je m’éclipsais en rigolant !

@ Billy Lighter

Sky était partie. Et c’était la faute de Sam. Moi, j’étais fâché sur lui. Je disais que tout ça était sa faute mais il me traita d’intrus… Comme Jimmy Reed ! Jimmy Reed aussi m’avait traité d’intrus. Je fronçai fort les sourcils.

-Je suis pas un intrus ! Sky m’a invité !

Et j’allais aller chercher Sky mais Sam m’en empêcha. Il disait qu’aller la voir maintenant ne fonctionnerait pas. Je fronçai les sourcils. Je voulais pas rester ici avec lui. Lui n’avait pas, non plus, envie de rester avec moi. Mais il disait qu’il fallait faire semblant de s’entendre avant d’aller voir Sky. Il disait qu’il m’aimerait de toute façon jamais alors qu’il fallait bien faire semblant pour faire plaisir à Sky et qu’elle arrête d’être fâchée sur nous.

-Oui. Moi non plus je t’aimerais jamais.

Alors, on devra faire semblant. Moi, je savais faire ça. C’est ce que je dis à Sam. Quand je voulais quelque chose, moi, je faisais parfois semblant pour l’avoir. Je comprenais bien ça. C’était facile à faire.

Sam me tendit alors la main pour qu’on fasse un deal. Je fronçai les sourcils en regardant sa main avant que mon visage ne se radoucisse et que je regardai Sam en penchant légèrement la tête sur le côté.

Moi, j’hésitais… J’aimais pas Sam et peut-être qu’il se servait de moi…

Mais je voulais revoir Sky…

Alors, je serrai sa main… Même s’il avait fait une drôle de tête juste avant que je fasse ça. Mais je dis rien et il proposa qu’on ramasse les popcorns. Je grommelai… Et puis, je me mis à ramasser les popcorns avec Sam. Pour Sky. Pas pour lui.

Et quand ce fut fini, on alla voir Sky. J’hochai de la tête aux recommandations de Sam et quand on entra dans le couloir en dehors de l’appartement, on vit Sky dans l’escalier.

Je me mis à côté d’elle. Et Sam prit la parole. On était désolé d’après lui.

-Oui. Désolé. Le popcorn n’est plus à terre.

Il l’appelait tout le temps bébé. Comme les gens faisaient dans les films.

Sky disait que ça avait pas été agréable parce qu’elle avait eu l’impression qu’on la prenait pour un objet. Moi je mis sa main sur sa cuisse.

-Non. Tu es mon amie. Pas un objet.

Oui MON amie.

Sam disait qu’on se disputera plus. Oui. C’est le deal. Plus de dispute. Je l’aime pas mais je le dis pas tout haut. Lui aussi. Et on ira sur le fauteuil tous les deux. Oui. Sinon, Sky allait encore partir. Je souris.

-Oui. Reviens. Sam ira dans le fauteuil. Moi aussi.

Sky semblait contente. Elle demandait si c’était vrai. Je souris. J’hochai de la tête. Elle se leva. Je me levai aussi. Elle me fit un câlin. Elle disait qu’on allait passer un bon moment tous les trois.

Oui. Je vais oublier que Sam existe et ça ira.

On retourna dans l’appartement et je me mis dans le divan à l’opposé de Sam. Sky mit « play » et s’installa à terre… Mais elle fit « pause » tout de suite pour aller faire pipi… Et elle demanda à Sam de faire du popcorn.

-Oui. Popcorn. S’il te plait.

Voilà. J’ai dit « s’il te plait ». Moi, je respecte le deal.

Sky partit à la toilette et Sam se leva. Moi, je restai devant la télévision et j’attendais… Jusqu’à-ce que Sam ne me pose une question… Une question sur Jordan et Maman… Il se demandait comment ma Maman du Maine avait rencontré Jordan de L.A. et était devenu son ami… Je me retournai un peu sur le divan pour regarder Sam qui était à la cuisine.

-Parce que Maman venait de L.A. Elle a rencontré Jordan à L.A.. Ma Maman c’est Daisy Custer de L.A.. Après, elle est allé dans le Maine avec moi.

Voilà. Moi, je voulais rien dire de plus parce que j’avais envie de regarder le film et pas de parler. Surtout que Sky revint et que je lui fis un beau sourire.

Sam nous rejoignis après avec les popcorns alors que le film était à nouveau lancé. Sam ne gardait plus le popcorn pour lui. Je pouvais ne prendre. J’en pris avant de me plonger dans le film… Enfin, quand Sky faisait pas pause pour parler du film. Quand elle faisait ça, je la regardai et hochai toujours la tête en faisant des phrases courtes pour dire la même chose qu’elle. Oui. Comme ça elle parlait moins longtemps…

Le film faisait pas si peur… Et, après un moment, moi, mes yeux commençaient à se fermer tout seul. M’énerver, ça me fatiguait. Moi, j’entendais presque plus rien… Et je voyais presque plus rien non plus. Je remarquai même pas que j’avais glissé sur le fauteuil pour finir couché, la tête sur Sam.

@ Billy Lighter

On avait rejoint Sky dans l’escalier et on avait pris place à ses côtés. Et j’entamai la conversation expliquant qu’on était revenu à de meilleurs sentiments, Grant et moi. C’était totalement faux. On avait juste un deal. Mais la poudre aux yeux pouvait marcher si tout le monde y mettait du sien.

Et Grant jouait le jeu, jusqu’ici.

Sky déclara que ça n’avait pas été agréable de s’être sentie comme un objet. Je la regardais dans les yeux avant un regard tendre.

-Je suis désolé pour ça, bébé.

Sky n’était pas un objet à mes yeux. C’était la seule personne que j’aimais. Et voir ce gamin essayer de s’attirer entièrement l’attention de MA Sky m’avait poussé à la provoquer. Ce n’était pas stratégique… Mais je détestais qu’on marche sur mes plates-bandes.

Mes excuses allèrent jusqu’à proposer à Sky d’avoir la place à terre pendant que Grant et moi, on prendrait le fauteuil. Grant n’objecta pas. Il continuait de respecter le deal.

Et tout ça illumina le visage de Sky.

-Oui. Pour de vrai.

Et elle se leva. C’était bon signe. Mais je crois que le meilleur signe fut quand elle m’embrassa. C’était gagné. Ma tactique avait parfaitement fonctionnée.

On retourna dans l’appartement et de notre salon où Sky sembla ravie qu’on ait nettoyé. Je savais comment faire pour gagner des points. C’était si facile.

Je m’étais laissé retomber dans le fauteuil. Rester debout devenait un calvaire à cause des coups que j’avais pris… Mais Sky rendit mon soulagement passager alors qu’elle fit déjà « pause ». Quoi ? Après trois secondes, il y avait déjà quelque chose à dire ? Ouais… Sa chose à dire c’est : « va refaire du popcorn, Sam ». Je me retins de soupirer mais fis quand même la moue alors que Grant me demanda aussi du popcorn avec un « s’il te plait », cette fois. Il y avait du progrès…

-Ok, bébé…

Quand elle s’éclipsa, je soupirai me levant à nouveau en grimaçant. J’avais jeté un œil à Grant avant d’aller vers la cuisine. Un Grant qui m’avait fait tiqué tout à l’heure. Un Grant qui vivait chez Jordan Keller parce que sa mère, qui est morte, était amie avec le flics… Un mère qui habitait dans le Maine… Comment est-ce que la mère de Grant avait pu être amie avec Jordan s’ils vivaient dans le Maine. Ça pouvait être pour plein de raison… Mais quelque chose en moi d’inexplicable avait envie de savoir… Alors, alors que je commençai à refaire du popcorn, je posai simplement cette question à Grant :

-Tu viens du Maine… C’est ce que tu as dit. Et ta mère est amie avec un type de L.A…. C’est bien ça ? Ils se sont rencontrés comment ?

Il se retourna. Et m’expliqua, sans rechigner et de sa voix monocorde, que sa mère venait, en fait, de L.A.. C’est, donc, à L.A. qu’elle avait rencontré Keller. Mais quand il me donna le nom de sa mère, je m’arrêtai directement mes gestes.

Daisy Custer… L’ex Los Diablos… Mon ex tout court. Donc, Grant, était son gamin… Je savais que Daisy avait eu un fils. Ça s’était su au sein des Los Diablos, à l’époque. Un fils qu’elle avait eu avec Raoul. Un Los Diablos qui est mort un peu après s’être mis avec Daisy.

Grant était donc le fils de deux Los Diablos. Daisy et Raoul.

Je plissai les yeux et le regardai. Ça expliquait son teint légèrement halé. Et ses quelques traits latinos. Et si je voyais bien, maintenant, sur sa figure, des traits de Daisy, j’avais du mal à discerner ceux de Raoul. A croire que ce looser s’était fait bouffer ses gênes.

Donc, c’était dans le Maine que Daisy avait fui. Elle avait disparu du jour au lendemain ce qui avait moyennement plus à Alonso. Je me rappelle de Daisy comme étant une fille naïve. Notre relation n’a, d’ailleurs, pas duré longtemps… Elle qui était sortie avec moi parce qu’elle était certaine que me réputation n’était que des conneries inventée par Carlos et consort, elle s’était vite rendue compte que tout était vrai quand j’ai tabassé, devant elle, un South Panthers de 14 ans qui avait tenté de lui voler sa marchandise. J’avais fait ça pour elle. Pour la protéger… Elle m’avait traité de monstre et m’avait évité comme la peste après ça.

J’avais détesté ça ! Me faire jeter de la sorte. Sierra avait fait la même chose pour d’autres raisons.

Et maintenant, elles étaient mortes, toutes les deux.

Son gamin n’avait pas vraiment le même caractère que sa mère. Daisy était gentille. Trop gentille, même. Lui, n’était qu’un petit con trop sûr de lui.

Il devait tenir ça de Raoul.

Bref, je ne dis rien à part :

-Je vois.

Avant que Sky ne revienne pour reprendre place face à la télé. De mon côté, je terminai de faire le popcorn avant de rejoindre tout le monde et, d’enfin, pouvoir m’asseoir un peu plus longtemps que cinq minutes.

J’avais partagé le popcorn en regardant le film alors que Sky nous faisait le « plaisir » de faire pause à peu près toutes les dix minutes pour faire ses petits commentaires. Presque les mêmes, en plus, que la première fois où on avait vu le film ensemble. Du coup, je répondais à ses commentaires par des :

-Je sais, bébé…

Ou encore :

-Tu l’as déjà dit la première fois qu’on l’a vu, bébé…

D’une façon de plus en plus lasse à chaque fois parce que je luttais contre le sommeil. J’avais bossé d’une façon intense depuis que la gamine s’était amené dans ma planque… Du coup, maintenant que j’étais assis, je commençais à sombrer.

Grant aussi… Mais je ne le remarquai que quand le gamin fut complètement endormi et qu’il tomba la tête sur ma cuisse. Je levai un sourcil et fit une moue en le regardant. J’aurais voulu le pousser pour le foutre à terre. C’était ma première intention… Mais si je faisais ça, j’allais m’attirer autant les foudres de Sky et celles de Grant…

Et puis, tant qu’il dormait, il ne faisait chier personne le sale petit gamin de Daisy.

Puis… Mes yeux se fermaient aussi tout seul si bien que, quand Sky se leva pour, à nouveau, faire un commentaire. J’avais les yeux à moitié ouvert et je balançais des trucs dans un demi-sommeil qui n’avait strictement rien n’à voir avec le film et ce que venait de dire Sky, du genre :

-T’as ramené le fils de mon ex chez nous…

J’avais marmonné ça assez distinctement que pour que Sky ait pu parfaitement comprendre ce que je venais de dire.

-C’est un mini Los Diablos…

Je rêvais à moitié… Coincé entre le sommeil et l’éveil.  

@ Billy Lighter

Sans le vouloir, j’avais créé une bien mauvaise situation.  J’aurais dû le prévoir, chaque fois qu’on croit que tout ira bien, rien ne va jamais en ce sens. En invitant Grant chez moi, j’aurais dû prévoir que, justement parce que rien ne va jamais vraiment bien, Ward allait rentrer plus tôt que prévu. Je ne pouvais pas lui en vouloir, c’était autant chez lui que chez moi. La seule responsable c’était moi, c’était à cela que je réfléchissais, dans l’escalier de mon immeuble alors que j’avais planté là Ward et Grant pour qu’ils puissent trouver un terrain d’entente. Cependant, si j’avais provoqué la situation, eux, ils avaient agis en véritable crétin en ne se contrôlant pas ! Ils n’étaient pas mieux l’un que l’autre, se cherchant mutuellement.

- Les mecs sont lourds, c’est de naissance, de toute évidence. Pourvus que tu ne sois pas un p’tit con de naissance toi ! dis-je en caressant mon ventre encore plat.

J’avais hâte de caresser ses rondeurs et de ressentir les mouvements de mon bébé, de savoir qu’il était bel et bien là et pas que pour les nausées et les fringales nocturnes que ma grossesse m’offrait.  Mais avant de m’occuper de ce bébé, j’avais mes deux autres spécimens à gérer et ils ne tardèrent pas trop à me rejoindre et me dire qu’ils étaient désolés, qu’ils avaient nettoyés le pop corn et surtout, qu’ils allaient bien se comporter !

Ça me suffisait pour être heureuse alors je me levais, fit un câlin à Grant puis embrassais Ward et tous les trois retournions à l’intérieur de l’appartement. C’était bien plus agréable que de bouder dans le corridor, surtout que j’avais l’habitude de ça, quand j’étais avec Mark et que je détestais la sensation de rejet que cela me procurait bien que, cette fois, je m’y étais mise moi-même, dans le couloir !

À peine avais-je fais play, installée au sol et Grant et Sam-Ward sur le fauteuil derrière moi que je dû arrêter la bande pour aller faire pipi et je demandais à mon cher et tendre de refaire un bol de pop corn.  Je pris bien tout mon temps à la salle de bain pour le plaisir de les laisser juste encore un petit peu tout seul tous les deux. Ça m’amusait et je ne sortis de là que lorsque l’odeur du pop corn me chatouilla les narines.

Je les rejoignis donc ensuite au salon, piochant allégrement dans le bol de pop corn, faisant pause pour tout et rien parce que quelque chose me passait par la tête et que je devais le dire, autrement, plus tard, ça n’aurait pas eu le même effet et je roulais des yeux devant le manque d’enthousiasme de Grant qui dodelinait de la tête et de Ward qui ne semblait pas plus éveillé.  

Alors j’abandonnais la mission play/stop et visionnait le reste du film jusqu’à la fin, jusqu’à me retourner et de voir que Grant s’était endormi, la tête sur les cuisses de Ward et même que se dernier avait renversé la tête vers l’arrière et me regardait à moitié pas, perdu dans les vapes qu’il était.  Je me penchais pour l’embrasser sur le front mais me figeais quand il marmonna que j’avais ramené chez nous le fils de son ex, un mini Los Diablos

Je restais là, penchée au dessus de mon mari et de Grant, complètement figé dans mon mouvement, ne sachant comment réagir, ne trouvant rien à dire. Je fini par me redresser, mes yeux passant de Grant à Ward et je fini par chuchoter une question qui me brûlait les lèvres.

- Tu ne lui feras pas de mal, hein bébé ? Ce n’est qu’un enfant…

J’acceptais absolument toutes ses activités, sans discuter, sans même argumenter sur leur moralité, je le faisais parce que j’étais follement amoureuse de lui et que mon amour pouvait surmonter absolument tout, enfin presque tout. Toucher à un enfant, ça c’est non !

- Tu me le promets, bébé ?

J’allais devoir réveiller Grant bientôt, l’heure avançait et j’allais devoir aller le reconduire chez lui, mais avant, je devais m’assurer des intentions de Ward. S’il savait qu’en plus d’être le fils de son ex, Grant était aussi le sien, je craignais qu’il réagisse tout autrement. Peut-être qu’au fond, je le voulais que pour moi, moi aussi. Que pour moi et notre bébé et personne d’autre.

@ Billy Lighter

Ce que je venais d’apprendre sur Grant semblait faire son chemin, quelque peu, dans mon demi-sommeil. Je ne savais pas par quel hasard Grant avait fini par atterrir chez le flic, Jordan Keller, et que ça soit précisément chez ce gamin que Sky a fini par faire quelques heures de babysitting. C’était une suite de coïncidence qui amenait à une seule chose : j’avais un mini Los Diablos chez moi. Le fils de mon ex. Le fils de Raoul qui, même s’il est mort depuis longtemps, n’était rien d’autre qu’un looser du même acabit que Carlos. Ce qui expliquait, très certainement, pourquoi Grant était si détestable. Et ça même si, physiquement, je ne lui trouvais aucun trait en commun avec Raoul.

Mais je m’endormais… Alors, mes réflexions finirent par sortirent de ma bouche alors que Sky était penchée sur moi. Je crois même qu’elle avait posé un baiser sur mon front.

Et j’arrêtai d’un coup de sombrer quand j’entendis Sky me demander si j’allais lui faire du mal. Que ce n’était qu’un enfant. Je clignai deux fois des yeux ramenant ma tête droite pour voir que Sky s’était comme figée devant moi.

Elle avait entendu mes réflexions. Mais sa question me fit l’effet qu’elle savait parfaitement que Grant était le fils de mon ex. Parce qu’elle ne semblait pas surprise. Non… Ce que je voyais dans son regard n’était pas de la surprise… Mais une inquiétude.  Celle que je pourrais me débarrasser de Grant.

Est-ce qu’elle m’en croyait capable ? Oui. Sinon, elle n’aurait pas posé la question. Est-ce que j’en étais capable ? Oui. Et je devrais le faire, d’ailleurs. Je devrais me débarrasser de Grant avant qu’il ne grandisse. Parce que, dans mon esprit, Grant ne pouvait devenir que deux choses : un flic ou un Los Diablos. Parce que j’étais persuadé que deux choses nous déterminais : la génétique et comment on a été élevé. Et Grant était un bébé Los Diablos élevé par un flic. La probabilité qu’il devienne l’un ou l’autre était, pour moi, très grande.

Et dans les deux cas, il deviendra mon ennemi. Un ennemi qui était, actuellement, dans ma maison.

Donc, oui, je devrais l’éliminer.

Mais Sky ne voulait pas. Elle voulait que je lui promette de ne pas faire du mal au gamin. J’hochai de la tête reprenant totalement mes esprits.

-Jamais je ne ferais ça, bébé. Je ne toucherais pas à un cheveu de Grant.

Je le regardai droit dans les yeux.

-Je te le promets.

Je mis doucement ma main entre ma cuisse et la tête de Grant pour me dégager sans le réveiller. Il semblait dormir profondément. Tant mieux.

Je reposai sa tête sur le fauteuil avant de me lever et de mettre mes mains sur les bras de Sky.

-Mais il ne peut pas rester ici. Tu vas le ramener chez Jordan. Je ne veux plus jamais le voir ici. D’accord, bébé ?

J’avais dit ça d’une voix calme attendant sa réponse avant de poser un baiser sur ses lèvres.

Je me tournai, ensuite, vers le gamin et le prit délicatement dans mes bras, toujours dans le but de ne pas le réveiller. Sa tête reposait, maintenant, sur mon épaule. Je grimaçai un peu.

Il était lourd… Et j’avais mal… Je dis, plus bas.

-Je vais le mettre dans ta voiture. Tu vas le ramener maintenant. Ok, bébé ?

Mais avant, j’avais une question. Et, après m’être assuré que Grant dormait bel et bien, je fixai Sky.

-Tu le savais, bébé ? Que c’était le fils de mon ex ? Que c’était le fils d’un Los Diablos ? Tu le savais comment ?

Je voulais le savoir. Parce que son manque de surprise et de questions par rapport à cette information me faisait penser qu’elle en savait plus qu’elle ne le disait.  

@ Billy Lighter

La scène aurait été parfaite si ça n’avait été que mon mari ne devait pas savoir que le petit, endormi la tête sur sa cuisse était son fils. C’était un peu comme si j’assistais à une scène tirée de notre futur, quand notre bébé sera né, qu’il aura grandit et qu’il s’endormira dans les bras de son père.  Seulement Grant, théoriquement, n’était pas le fils de Sam Leserres.  Ward ignorait qu’il était son père,  et je figeais quand il avoua à moitié endormi que je lui avais ramené le fils de son ex, un mini Los Diablos.

Je ne savais pas quoi dire à cela alors, je me relevais, inquiète et lui demandais de ne pas faire de mal au petit. Ce n’est qu’un enfant prit malgré lui dans des histoires de grands. Il n’a pas demandé à venir ici, ça, on l’a tous bien compris alors il serait injuste, illogique même que de se servir de lui pour faire passer un message.

Ward, sur son ton on ne peut plus neutre, promis de ne pas toucher un seul cheveu de Grant puis il se leva délicatement et me prit par les bras. Je fixais on torse avant de relever là tête pour le regarder dans les yeux. J’avais peur de croiser son regard, qu’il devine  que je lui mentais honteusement. Mais s’il savait que c’était autant pour le bien du petit que pour le sien ?

- Oui, je vais le ramener. De toute façon, Jordan m’avait dit, pas plus tard que 16h.

Si ce n’était que ça, ça allait encore. Ward se tourna ensuite et prit le petit qui ne broncha même pas. Je n’aurais pas pu le porter et j’aurais dû le réveiller mais valait peut-être mieux que ça se passe comme ça. J’attrapais mon sac et le veston de Grant, prête à devancer Ward pour lui ouvrir les portes mais il ne bougea pas. Il tenait Grant contre lui et me questionna sur ce que je savais du petit.

Je restais immobile quelques secondes, me sentant prise au piège puis je fermais les yeux et soupirais  avant de regarder Ward et je lui répondre franchement.

- Non, bébé. Non, j’ignorais que Daisy était ton ex et que Grant était le fils d’un Los Diablos.  Parce contre, je savais autre chose et ça, je préfère attendre que Grant soit en sécurité chez Jordan avant de t’en parler.

Valait peut-être mieux oui, que le petit soit loin de Grant pour lui révéler ce que je savais.
J’ouvris donc la porte et le laissais passer devant puis une fois en bas des escaliers, je lui ouvris la porte du building puis la portière de ma voiture et je me penchais moi-même par-dessus Grant pour lui mettre sa ceinture.

- As-tu mis quelque chose dans le pop corn pour l’assommer de la sorte ?

J’avais déjà dû mettre Grant au lit une fois et il s’était endormi sur le divan. J’avais été incapable de le réveiller tant il dormait profondément mais là, ça dépassais tout, il a un sommeil de compétition ce gamin !

J’embrassais Ward avant de partir et de faire la route jusque chez Jordan. J’aurais espéré que ce dernier me garde un peu pour bavarder mais il me paya et ajouta que le week end prochain, il allait certainement avoir besoin de moi alors j’acquiesçais et embrassais Grant qui, heureusement s’était réveillé pour sortir de la voiture.  Il n’avait rien vu aller et la confusion sur son visage m’avais amusée seulement, maintenant, je devais rentrer et discuter avec Ward.

- Je suis rentrée, bébé !

Il m’attendait, bien évidement ! J’avais piqué sa curiosité, l’inverse aurait été surprenant.  Alors je pris place dans le fauteuil en face du sien et je déballais mon sac.

- Je sais que tu as eu une relation avec la mère de Grant et qu’elle s’est probablement mal terminée parce que Grant clame à qui veut bien l’entendre que sa mère s’est réfugiée dans le Maine parce que son père est méchant et que son père, c’est Ward Fleming.

@ Billy Lighter

Je promis à Sky de ne pas toucher à Grant même si je savais, au fond, que la meilleure chose à faire était de supprimer l’enfant avec qu’il ne devienne un Los Diablos ou un flic.

Mais je ne pouvais pas le faire. Uniquement pour Sky. Uniquement pour ne pas la perde. Et non pas parce que tuer un enfant était immoral. Non. Juste pour Sky.

Je pris Grant dans mes bras dans l’unique but de le ramener à la voiture sans qu’il proteste. S’il restait endormi on n’aurait pas droit à ses petits commentaires. Mais je voulais que Sky le ramène. Je ne voulais pas qu’un potentiel futur ennemi reste une seconde de plus chez moi.

Sky confirma qu’elle allait le ramener disant que, de toute façon, le flic avait demandé de le ramener à 16h.

-Bien.

Sky prit son sac et les affaires de Grant. Elle s’apprêtait, déjà, à partir. Mais avant qu’on ne passe la porte, je posai une question. Une seule question qui sembla mettre mal à l’aise Sky. Je voulais savoir si elle savait. Je voulais savoir jusqu’où elle savait. Parce qu’elle savait des choses. Son manque d’étonnement, tout à l’heure, en était la preuve.

Mais elle déclara qu’elle ignorait que Daisy était mon ex. Tout comme elle ignorait que Grant était le fils d’un Los Diablos. Mais elle savait quelque chose. Quelque chose qu’elle ne voudra me dire que quand Grant sera en sécurité.

En d’autre terme, elle était certaine que l’information qu’elle détenait pourrait me faire changer d’avis sur le sort que je réservais à Grant. Et Sky ne voulait pas que je change d’avis. Alors, elle voulait jouer la sécurité en éloignant Grant de moi.

Ça n’aurait pas été Sky j’aurais demandé, tant que j’avais le gosse sur les bras, ce qu’elle savait sur le champ.

Mais je ne voulais pas la perdre.

Alors je dis simplement :

-Ok, bébé.

Non sans bien lui montrer, par mon regard, que dès qu’elle rentrera, elle devra me dire tout ce qu’elle savait.

Je portai le petit jusqu’à la voiture et je l’installai dedans avant que Sky ne prenne le relais demandant si j’avais mis quelque chose dans le popcorn pour que le gamin dorme comme ça. J’hochai négativement de la tête.

-Bébé… Si j’avais mis quelque chose dans le popcorn, on dormirait tous.

Parce qu’on en avait tous mangé. Mais, encore une fois, ça prouvait que Sky savait que j’étais capable de tout.

Elle m’embrassa avant de s’en aller et je remontai dans mon appartement, me foutant dans le fauteuil pour l’attendre.

L’attente fut longue… Et, dans ma tête, je ne pus m’empêcher de réfléchir à ce que Sky savait et que je ne savais pas sans mettre la main dessus.

Du coup, quand elle revint, je levai directement le regard sur elle.

-Je t’attendais, bébé.

Elle le savait. Elle savait que je l’aurais attendu. Et elle s’installa directement face à moi.

Et elle se lança disant qu’elle savait pour ma relation avec Daisy. Elle savait que ça s’était mal terminé. Et que si Daisy s’était réfugié dans le Maine, c’était uniquement pour me fuir.

Ah oui ? Pourquoi ?

Parce que Grant est mon fils. Voilà pourquoi.

Je fixai Sky qui s’était tue… Ça dura deux secondes avant que je ne me mette à rire… Un rire qui ressemblait à un ricanement nerveux.

Non.

Je ne voulais pas être le père de Grant. Bien que, maintenant, je savais pourquoi certaines choses, tout à l’heure, m’avaient autant fait tiquer.

Alors Daisy s’était enfoui dans le Maine parce qu’elle avait peur de moi… Parce que je suis « méchant ». Et le gamin savait parfaitement que Ward Fleming était son père.

-Ce n’est pas possible…

Je disais ça toujours avec ce sourire nerveux et jaune. Si, ça l’était. Mais ce qui n’était pas possible, de mon point de vue, c’était que Daisy avait réussi à me berner pendant 3 ans.

-Pendant trois ans, elle a fait croire à qui voulait bien l’entendre que son fils était le fils de Raoul. Un Los Diablos qui est mort pendant qu’elle était enceinte de Grant. C’était lui son petit-ami après qu’elle m’ait plaqué parce qu’elle me trouvait, d’après elle, insensible et violent.

Je l’étais. Daisy le savait avant même de sortir avec moi. Mais elle était certaine que tout ce qu’on disait sur moi était faux.

Elle avait déchanté en sortant avec moi.

-Elle a réussi à berner tout le monde. Et puis, elle s’est volatilisée sans laisser d’adresse.

Et elle était morte. Chose dont je m’en fichais complètement. Mais le gamin était là… Et il savait.

-Ce gosse sait que j’existe… Il sait mon nom, bébé. Il vit chez un flic.

Je fixai Sky. Elle a bien fait de le mettre en sécurité. C’est ce que je voulais dire… Mais je ne le dis pas… Je préférais plutôt poser une toute autre question en reprenant un air neutre et en penchant la tête sur le côté.

-Tu le sais depuis quand bébé ? Tu ne comptais pas me le dire ?

Je n’haussais pas le ton. Je demandais, tout simplement.
 

@ Billy Lighter

Ward m’attendait, installé dans le même fauteuil sur lequel il était pendant le visionnement du film, comme s’il n’avait pas bougé alors que pourtant, il avait déplacé Grant jusque dans ma voiture. J’aurais espéré qu’il décide d’aller faire un tour, qu’il se souvienne d’un truc sur le feu et qu’il n’ait pas été là à mon retour mais je savais aussi que ça n’aurait été que de déplacer la conversation que je redoutais à plus tard.

- Je sais, bébé.

Je m’installais face à lui et lui expliquais sans attendre ce que je savais au sujet de Grant Custer, son fils. Parce que oui, fatalement, je ne pouvais pas lui cacher cette information là éternellement longtemps. Ward est intelligent et moi, je ne sais pas lui mentir, en fait, je mens très mal, sauf quand est venu le temps de lui inventer une nouvelle identité. Mais pour dire vrai, si j’étais meilleure menteuse, j’aurais peut-être bien su lui trouver un nom moins horrible que Sam Leserres.

Ce que je lui révélais sembla lui faire l’effet d’un coup de poing direct dans le ventre et rare était les fois où je le voyais perdre de sa contenance, même s’il se reprit rapidement pour laisser s’échapper un ce n’est pas possible…

- Pourtant si ! Sa mère seule pourrait le confirmer mais comme elle est morte…  

Même sans la parole de Daisy, la paternité de Ward ne faisait aucun doute, nul besoin que j’énumère toutes les ressemblances entre mon époux et le gamin ! Ils sont tellement nombreux que tout ceux qui connaît mon mari un tant soit peu verront tôt ou tard la ressemblance, ce n’est qu’une question de temps.

- Si elle te craignait autant que le dit Grant, c’est normal qu’elle ait décidé de faire porter la paternité à quelqu’un d’autre, tu ne crois pas, bébé ?

Ça, ça ne me rentrait pas dans la tête ! Ward n’est pas l’homme que tous croient. En tous les cas, pas avec moi ! Il est attentif, attentionné, il prend soin de moi, il me protège ! Rien à voir avec le monstre que décrit Grant chaque fois qu’il en parle !

Ward se révoltait de savoir que son ex, Daisy, avait su berner tout le monde en prétendant porter l’enfant d’un certain Raoul avant de se volatiliser. Mais de quoi se plaignait-il, en fait, puisque justement, tous ceux qui connaissent Daisy croient qu’elle était enceinte de Raoul, et non de Ward. C’est  le fait que Grant sache, lui, la vraie identité de son père.

Puis Ward me fixait en disant que le petit savait son nom, qu’il vivait chez un flic, qu’il savait qu’il existait.

- Oh stop, bébé ! Il sait que tu t’appel Sam Leserres ! Il ne sait pas que tu es Ward Fleming !

Je sais que c’est tout de même risqué mais  mon plan, à la base, était que jamais Ward et Grant ne se rencontrent.  Si mon mari n’était pas rentrer à l’improviste, cette rencontre n’aurait jamais eu lieu.

- Depuis pas longtemps, une semaine. Bébé… si tu n’étais pas rentré plus tôt, je ne te l’aurais jamais dit… Parce que pour toi, et pour lui, c’était mieux ainsi.

Mentir à Ward n’était pas bien, je ne voulais pas entrer dans ce genre de cercle vicieux avec lui, ça tuait les couples mais  dans ce cas-ci, ça aurait été nécessaire. Je n’avais pas honte de le lui dire, il savait, il me connaissait, jamais je ne lui mentirais délibérément alors il fallait que ce soit pour une putain de bonne raison.

- Grant ne reviendra pas ici et pour lui, tu t’appel Sam Leserres. Nos devons nous concentrer là-dessus, bébé !

Puis ça me frappa.

Comme une gifle en plein visage.

Si Ward était venu ici à l’improviste et que Grant avait vu son visage, il pouvait y avoir une possibilité, aussi minime soit-elle que pour une raison ou une autre, Grant voir un jour le visage de Ward Fleming,  en allant au poste avec Jordan par exemple.

- Tout ce que je te demande, c’est de ne faire aucun mal à Grant peu importe comment.

Que ce soit de lui-même ou en demandant à l’un de ses gros bras de faire le sale boulot pour lui.

- Bébé, j’ai peur !

J'ai peur, parce que je porte l'enfant de Ward et que ça le rend vulnérable, lui aussi, tout comme Grant mais peut-être pas pour les mêmes raisons.

@ Billy Lighter

Maintenant que Sky était de retour, je voulais savoir ce qu’elle savait. Elle le savait. Elle savait ce que j’attendais. Elle savait qu’elle ne pourrait pas y couper.

Alors, elle me révéla ce qu’elle savait mais je n’avais tellement pas anticipé une telle révélation que j’en avais ri de nervosité et un peu de haine aussi. Pas envers Sky. Envers Daisy. Daisy qui avait menti à tout le monde sauf, visiblement, à son fils vu que l’information devait bien venir de quelqu’un de vivant.

C’est ça que je pensais impossible. Pas que Grant soit mon fils. Mais que Daisy ait réussi à me berner. Je détestais ça. Et je détestais savoir qu’elle était morte avec cette petite victoire.

Sky disait que c’était possible. Bien que personne n’était vraiment là pour le confirmé vu que Daisy était morte. Oui. Mais elle n’aurait eu aucun intérêt à faire croire que Grant était mon fils. Alors, c’était une évidence que c’était vrai.

Surtout qu’en plus, j’ai vu le gamin. Et il ne ressemble pas à Raoul malgré ses petits airs latinos qu’il tenait de sa mère.

Quant à Sky, elle trouvait normal que Daisy ait caché la vérité sur la paternité de Grant alors qu’elle jouait encore à la petite Los Diablos dans les rues de l’Eastside. Parce que Daisy savait que si jamais j’aurais appris que Grant était à moi, le gamin allait être en danger de mort.

Et il l’aurait été.

La petite naïve avait été maligne.

-Oui. C’était normal si elle pensait réellement que j’étais l’homme qu’elle semble avoir décrit à son fils. Mais elle m’a berné. Pendant 3 ans, elle m’a berné. Je déteste ça.

On entendait dans ma voix que c’était une chose qui me déplaisait au plus haut point. Je n’aimais pas qu’on joue au plus malin avec moi. Surtout aussi longtemps et sans que je m’en aperçoive. Mais il semblerait que Daisy ait eu, en fin de compte, la monnaie de sa pièce étant donné que, maintenant, elle était en train de pourrir au cimetière.

Mais son fils, lui, vivait toujours… Et il vivait chez un flic… Chose que je disais tout haut. Mais Sky m’arrêta disant que Grant pense que je suis Sam Leserres et pas Ward Fleming. Je fixai Sky droit dans les yeux.

-Pour l’instant, oui.

Parce qu’il ne semblait pas savoir à quoi ressemblait Ward Fleming. Mais Jordan Keller, lui, savait exactement à quoi je ressemblais. Un jour le gamin finira, d’une façon ou d’une autre, à faire A+B.

Et il y avait un autre mystère à éclaircir dans l’histoire… C’était-à-dire depuis quand Sky savait cette information. Quand elle déclara que ça faisait une semaine, je me retins de rire à nouveau jaune. Surtout que Sky disait que si elle n’avait pas été mise sur le fait accompli, jamais elle ne me l’aurait dit.

Parce que c’était mieux pour lui et pour moi qu’elle disait.

Je penchai la tête légèrement sur le côté.

-Surtout pour lui, n’est-ce pas, bébé ? C’est ce que tu penses, n’est-ce pas ?

Au fond, je savais qu’elle avait très peu pour lui. Parce que je savais que Sky, au fond, n’était pas naïve comme Daisy. Elle savait… Et l’idée même qu’elle sache me provoquait des sentiments tout à fait contradictoires sur lesquelles je n’arrivais à mettre strictement aucun nom.

Sky déclara qu’elle ne ramènera jamais Grant ici. Que, pour lui, je serais à jamais Sam Leserres. Comme si elle essayait de nous en convaincre.

-Il vaut mieux, bébé.

Et elle ajouta qu’elle ne voulait pas que je lui fasse du mal… D’aucune manière qu’il soit.

Avant d’ajouter qu’elle avait peur…

Mon visage se radoucis et je vins, doucement, prendre place à côté de Sky. J’enroulai mon bras autour de ses épaules. Elle avait peur de quoi ? Que Grant découvre la vérité ? Que je tue Grant ? Ou bien elle avait simplement peur de moi ?

La dernière solution ne me plaisait pas. Pas du tout !

Et je repris un ton plus doux.

-Bébé… Tu n’as pas à avoir peur… Je ne lui ferais aucun mal. Je te le promets, bébé. Mais il faut éviter qu’il sache la vérité. Il ne faut pas, bébé. Grant va grandir. Et s’il sait que Sam Leserres n’est autre que Ward Fleming, ça peut être dangereux… Pour nous trois.

Je dis ça en posant une main sur son ventre.

-Parce que c’est tout ce qui compte pour, moi. Nous trois.

Un jour j’éliminerais Grant Fleming. Pas aujourd’hui. Pas tant qu’il est encore un gamin. Mais un jour, ça arrivera.

-C’est pourquoi il faudra être prudent, Sky. Jordan ne doit jamais faire les liens. Jamais. Parce que Jordan, lui, sait exactement à quoi je ressemble. Il m’a déjà mis en cellule. Il sait qui je suis.

Je fixai Sky.

-Tu sauras faire attention, bébé ? Tu me le promets ?

Parce que si jamais Grant ou Jordan faisait les liens, je devrais jouer mes cartes autrement. Et cet « autrement » ne plaira pas à Sky.

@ Billy Lighter

J’avais commise une grosse erreur de jugement en amenant Grant chez moi et, maintenant qu’il était en sécurité chez lui, je devais révéler à Ward ce que je savais. Lui mentir ne servirait à rien puisque tôt ou tard, il finirait par apprendre la vérité, Ward sait lire en moi comme dans un livre ouvert.

Daisy avait su le berner, faire croire à qui voulait l’entendre que le petit était celui d’un autre, puis à disparaitre dans le brouillard pour, plusieurs années plus tard, mourir en laissant derrière lui, une trace de son passé. La question se pose, à savoir si elle voulait vraiment cacher l’identité de son fils à Ward puisqu’elle a révélé à Grant l’identité de son père, autrement, son secret mourrait avec elle dans la tombe. Au lieu de ça, elle a prit soin de laisser une porte ouvert au destin, surtout en confiant le petit à Jordan Keller, officier de police certes mais je trouvais la manœuvre étrange de la part de Daisy. Si elle avait réellement souhaité protéger son fils de son père, elle n’aurait jamais révéler quoi que ce soit à son sujet, non ?

Elle seule sait pourquoi elle a fait ça mais aujourd’hui, inutile d’espérer avoir quelque réponse que ce soit.

- Tu es loin d’être cet homme. Tu n’étais pas le sien, pas le bon, c’es tout.

Ward fait ce qu’il fait pour survivre, pour avancer avec ce qu’il connait de la vie. Jamais avec moi il n’a été violent ou m’a fait le craindre, que du contraire.

Pour l’instant, nous pouvions souffler, Grant me croyait mariée à Sam Leserres et non à Ward Fleming.  Seulement, rien n’était acquis. Le petit pouvait, par Jordan, découvrir la véritable identité de mon mari et là on dit Bonjour les emmerdes !

- C’est mieux pour lui en effet.  

Grant n’avait pas besoin de retrouver son père tout comme Ward n’avait pas besoin de se soucier de son fils. Là-dessus, c’était surtout un besoin égoïste que je caressais. Je n’étais pas prête à partager mon mari avec quelqu’un d’autre que moi et notre bébé.  Je me sentais mal parce que j’avais compromis notre tranquillité et que je voyais bien que ça ne plaisait pas à Ward.

J’avais peur maintenant. Je ne voulais pas imaginer vivre sans Ward, encore moins pensé qu’il puisse lui arriver quelque chose de par ma faute.  Il me rejoignit sur le divan et posa sa main sur mon ventre. Je regardais sa main puis je le regardais dans les yeux alors qu’il me disait que je n’avais aucune raison d’avoir peur mais qu’il ne fallait pas non plus, pour quelque raison que ce soit, que Grant découvre sa véritable identité.

- Oui, c’est tout ce qui compte, pour nous trois.

Je fixai a nouveau la main de Ward sur mon ventre avant de poser ma main sur la sienne et de faire oui de la tête.

- Je te le promets, bébé.

Je ferai toujours tout pour nous protéger.  J’aimais Ward plus que tout au monde, plus que ma propre vie.  Je ramenais mes jambes sur le divan pour me pelotonner contre Ward sur le divan, ma tête contre son torse. J’avais un millier de questions en tête mais je n’arrivais à en formuler aucune, enfin, sauf une.

- Il reste du pop corn ?

@ Billy Lighter

Je savais que ma frustration était perceptible. Je le voyais dans le regard inquiet de Sky. Mais si j’étais frustré ce n’était pas tant parce que j’avais un gamin dans la nature (un gamin détestable, qui plus était) mais parce que Daisy avait réussi à me cacher ça sous mon nez pendant 3 ans en faisant passé Grant pour le fils d’un autre. Elle l’avait certainement fait pour le protéger de l’homme que j’étais. Un homme que Sky, elle, ne pensait pas que j’étais. Preuve que, si Sky venait bel et bien de l’Eastside, elle n’avait pas eu vent des rumeurs sur Ward Fleming. Certainement parce que le foyer où elle vivait avant la protégeait des pires quartiers de l’Eastside.

-Non. Je n’étais pas le sien. Je suis le tien.

Mais il ne fallait pas que Grant fasse les liens. Il ne fallait jamais qu’il sache. Sky était d’accord avec ça mais pas pour les mêmes raisons que moi. Je savais qu’elle était d’accord pour protéger le petit. Parce qu’elle avait de l’affection pour lui. Moi, je me fichais de lui. Et si, un jour, il fallait l’éliminer pour me protéger moi ou protéger Sky, je le ferais sans le moindre remord.

Et Sky confirma, qu’en effet, tout ça était mieux pour Grant. J’hochai de la tête.

-Oui. C’est mieux.

Et quand elle me fit part de sa peur, je la rejoignis sur son fauteuil pour la rassurer. Parce qu’elle avait peur et que je n’arrivais pas à déterminer pourquoi. Je déclarai que tant que Grant ne saurait rien, on ne risquera rien. Tant que Jordan ne saura rien, on ne risquera rien non plus. Je mis ma main sur son ventre. Je savais que ce genre de geste envers le bébé qu’elle portait la rassurait à chaque fois.

Et c’était exactement mon but.

Elle confirma que c’était tout ce qu’il comptait et je lui souris un peu avant qu’elle ne me promette de faire en sorte que le gamin autour que son tuteur ne sache jamais la vérité sur qui était Sam Leserres. J’hochai de la tête en lui souriant alors qu’elle se serra contre moi. Je l’enlaçai avant qu’elle ne réclame du popcorn. J’esquissai un sourire.

-Oui, bébé. Il en reste.

Je la fis se redresser un peu et l’embrassai longuement avant de poser mon front contre le sien.

-Je vais aller le chercher.

Je l’embrassai à nouveau.

-Je t’aime.

Et je me levai pour aller chercher le popcorn non sans me remémorer chaque détails de cette journée.

@ Billy Lighter