Tout s’enchainait à une vitesse très rapide. Le lendemain de notre nuit de noces, Sky avait fait un test de grossesse qui s’était avéré positif. Ma vie, en un week-end venait de prendre un tournant quand je n’aurais jamais imaginé si rapide.

Pourtant, on en était là… J’étais marié à Sky et elle attendait un enfant depuis… C’était une bonne question mais au maximum 4 semaines d’après ses dires à elle. Mon envie de la garder auprès de moi m’avait embarqué sur cette voie qui venait de forcer le fossé qui séparait mes deux vies différentes : celle de Ward et Sky et celle de Ward le tueur. Deux vies que je devrais mener habilement de front parce que je ne pouvais me passer d’aucune des deux.

Et pour ça, je devais agir de façon méthodique. J’avais déjà mis quelques remparts autour de Sky pour éviter qu’elle ne soit en danger… Mais je devais augmenter les défenses parce que désormais, j’avais deux faiblesses… Sky et le bébé. Parce que si le bébé était touché, j’étais certain que je perdrais Sky aussi.

Et je ne voulais pas perdre Sky.

Alors, je devais les protéger… Des Los Diablos, notamment. Je ne savais pas combien de temps il allait leur falloir pour savoir que j’avais une petite-amie et savoir qu’elle était son identité (si ça tombe, ils étaient déjà au courant…). Mais ils allaient, dans tous les cas, finir par le savoir. Et les Los Diablos savaient où j’habitais parce que Samantha le savait.

On devait déménager. Même si j’adorais mon apparemment de Santa Monica, on devait déménager. C’est ce que j’avais dit à Sky. Qu’on devait déménager par précaution et pour protéger ce qu’on avait.

Pour ça, il fallait trouver un endroit où vivre. Je savais que Sky rêvait d’une maison avec jardin. Mais les maisons disponibles étaient soit trop chères, soit dans l’Eastside…

Il n’était pas question que je vive dans l’Eastside…

Et c’est en feuilletant les annonces que j’avais trouvé ce que je cherchais : l’appartement parfait. C’était celui d’A.J., un appartement que j’avais toujours aimé pour son ambiance glauque. Un appartement que je lui avais toujours envié. Il était à louer. Pas étonnant… Le propriétaire devait en avoir eu marre d’attendre qu’elle revienne. Parce qu’A.J. était portée disparue depuis plus d’un mois maintenant. J’imagine que le propriétaire avait dû trouver un moyen de casser le bail malgré que l’enquête et les recherches étaient, je l’imaginais, toujours en cours.

Je n’en avais pas parlé à Sky tout de suite… J’avais préféré aller visiter avant… Pourquoi ? Pour être sûr qu’il n’y avait aucune trace visible d’A.J. dans cet appartement. J’avais déjà récupérer, le lendemain de la mort d’A.J., tout ce qui la liait à moi. Maintenant, il fallait que je vérifie qu’il n’y avait plus rien qui puisse faire en sorte que Sky fasse le lien entre les photos qu’elle avait vu d’A.J. et moi et cet appartement.

Pendant la visite, le propriétaire m’avait dit qu’il était content de pouvoir louer à nouveau son bien. Que les flics l’avaient bien emmerdés et qu’il était certain que l’ancienne locataire s’était barré sans laisser d’adresse pour changer de vie parce qu’elle était complètement cinglée et que ça serait bien son genre (ce sont ses mots). Je l’avais laissé me guidé dans cet endroit que je connaissais par cœur. Il restait pas mal de photo ci et là… Mais l’endroit était parfait. Il était plus grand que le mien et il y avait de quoi faire une chambre en transformant la salle de jeu.

Sky adorera… Mais il fallait me débarrasser des photos et, pour ça, j’avais fait un deal avec le propriétaire. Je lui donnais 2000 dollars et il me virait toutes les photos, vêtements et autre qui appartenaient à l’ancienne locataire. Je lui disais que c’était le seul moyen pour que Sky puisse se projeter et, éventuellement, louer le bien. Le prix était tellement élevé qu’il n’objecta pas, ne posa pas de questions et accepta.

Je revins, donc, avec Sky quelques jours plus tard. Le type avait bien fait le ménage. Il ne restait plus que les meubles à l’allure gothique.

Sky fut séduite. On emménagea alors le lendemain faisant transférer les rares meubles qu’on avait besoin et nos quelques rares affaires.

Le soir venu et quand tout fut rangé, je m’approchai de Sky posant mes mains sur ses hanches.

-Je suis bien content d’en avoir terminé avec ce foutu rangement.

Je détestais ranger… Je détestais beaucoup de choses en fait. Déménager faisait partie des choses que je détestais aussi mais là, c’était un cas de nécessité.

-Qu’est-ce que je ne ferais pas pour nous, bébé…

C’est ce que je soufflai avant de l’embrasser un baiser que je finis par brisé, mon front contre le sien.

-Je vais prendre une douche… Tu commandes des pizzas ?

J’avais faim. Je voulais des pizzas.

Je lui souris avant de rejoindre la salle de bain. Une salle de bain que je ne connaissais que trop bien.

@ Billy Lighter

Ma vie me donne l’impression que je suis passagère d’une voiture de formule un tant tout va vite.  Je suis loin de me plaindre, au contraire, tout ce que j’ai toujours souhaité me tombe dessus comme une fine pluie d’été. Je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau, belle et épanouie qu’en ce moment et tout ça, je le dois à l’homme le plus formidable du monde, celui que je peux désormais appeler mon mari.

Pourtant, à Vegas, j’ai eu peur, vraiment très peur, pendant un court moment qui m’avait semblé être une éternité que mon petit bonheur tout nouveau tout beau m’éclate en plein visage quand je m’étais rendu compte que j’avais oublié de prendre ma pilule contraceptive le matin de notre départ, et pas que. La veille aussi, et l’avant-veille, mais pas le jour d’avant mais les deux précédant oui et quelques fois la semaine d’avant.  Je m’étais sentie coupable, parce que jamais je n’avais eu l’intention de placer Ward devant un fait accomplie. J’ai peut-être été clair quand je lui ai dit que je voulais des enfants mais pas au point de m’abaisser à user d’un stratagème de la sorte.  Je crois encore qu’un enfant se fait par amour et consentement des deux parents et non pas par caprice et égoïsme.  Le fait est que dans la vie, je ne suis pas très assidue sur des choses comme celle de prendre religieusement à heure fixe un médicament.

Ma vie sexuelle avec Mark ne rimait plus à rien et j’avais lâché prise sur nous deux au point où, comme il ne me touchait plus, je ne pensais plus à la contraception. Puis j’ai aménagée avec Ward et tout s’est si rapidement enclenché que je n’ai pas eu le temps de réalisé que je nous mettais à risque.

La réaction de Ward quand je lui ai demandé quel jour nous étions m’avait glacée le sang, j’avais retenue ma respiration, la peur au ventre jusqu’à ce qu’il finisse par me dire qu’il avait de toute façon l’intention de me faire un bébé.  À partir de la, tout est allé vraiment très vite.

D’abord notre nuit de noces pendant laquelle nous n’avons pas du tout dormis et pendant laquelle nous avons abusé du room service, j’a i l’impression de l’avoir vécue en accéléré. Le lendemain, ce fut pire quand je fis un test de grossesse qui s’avéra être positif. Puis à notre retour, j’ai remis sur le tapis le sujet de la maison, ce qui me semblait plus que logique maintenant que j’avais un petit pain au four! Si Ward accepte de déménager, il me propose de visiter un appartement plus grand d’abord, avec une pièce assez grande pour faire une chambre pour le bébé.  Au début, j’étais réticente. Ça me semblait être comme échanger un appartement pour un autre identique, mais quand j’ai vu l’endroit, j’ai dit oui tout de suite !

C’était hyper grand, des plafonds très haut, et une décoration pile dans mes goûts ! L’ancienne propriétaire était partie sans réclamer son reste et le propriétaire avait attendue mais vient un temps où il faut tourner la page.  Nous n’avions pas eu besoin de déménager beaucoup de chose, nos effets personnels, quelques meubles auxquels Ward tenait et puis le matelas de notre lit et ça, c’est moi qui avais insisté. Hors de question de dormir dans le lit d’un inconnu !

J’étais épuisée d’avoir passé la journée à tout ranger et j’étais contente que Ward me propose de commander des pizzas. Ma grossesse débutait plutôt fort avec des nausées qui prenaient à n’importe quel moment, de l’épuisement  mais surtout et pire encore, un appétit monstre qui me faisait engloutir tout ce qui me tombait sous la main. Donc, quand Ward me proposa de commander des pizzas pendant qu’il allait sous la douche, j’avais demandé non pas une, non pas deux, mais bien trois pizzas, le plus grand forma avec tout ce qu’ils avaient de garnitures dessus !  Et je dû me retenir de demander des frites avec ça.

Je me suis installée au salon pendant l’attente, imaginant comment ce sera notre vie avec le bébé, quand il sera là. Je ne suis pas stupide au point de prétendre que mon mari sautait de joie à l’idée d’être père. Il aurait préféré attendre quelques années encore, question de bien planter le décor avec son gang, je sais que ça le préoccupe beaucoup mais nous avons convenu sans vraiment en parler, en fait je crois que cette consigne s’est installée d’elle-même entre nous, de ne pas aborder le sujet des New Soldados entre nous. Moins j’en savais, mieux c’était.

N’empêche que j’étais certaine que tout irait bien.  Ward ne laisserait jamais personne nous faire du mal. Et j’avais décidé de mon côté que je ne parlerais à personne de ma relation avec Ward. Je m’étais fait la réflexion que moins les gens savaient pour nous deux, moins il y avait de chance qu’on s’approche de moi. Nous n’étions pas non plus du genre à nous exposer, sauf à Vegas où nous avions passé un moment, comme un couple normal.

C’était peut-être la seule option envisageable et ça me convenait. Je n’avais pas de copine à invité diné à la maison, pas de réel collègue de travail, je ne pensais pas  devenir assez intime avec Monsieur et Madame Moriarty pour développer une relation hors travail, ils ne viendraient pas se faire un Monopoly chez nous un vendredi soir pendant que nos gamins joueraient tous ensemble.

- Déjà ?

Je fus surprise  d’entendre qu’on frappait déjà à la porte. Ça ne faisait même pas 10 minutes que j’avais téléphoné à la pizzeria du coin. Je m’étais donc levé du divan dans lequel j’étais confortablement assise et j’avais attrapé l’argent qu’avait laissé Ward sur le coin de la table pour payer la commande.

- Sky !?

- Mark ?!

J’étais choquée, et, de toute évidence, mon ex petit copain aussi.

- Qu’est-ce que tu fais là ?

- C’est plutôt à moi de te poser cette question, non ? Je suis chez moi !

- Chez toi ? Et depuis quand ? Où est Angélica ?

J’inclinais ma tête légèrement sur le côté, mon regard planté dans celui de mon ex. N’avait-il pas bien dit Angélica ?  N’était-ce pas comme cela que se nommait l’ex de Ward ? C’était le nom que j’avais lu derrière l’une des photos de l’album que j’avais trouvé, dans notre ancien appartement.
Ward n’aurait pas fait ça… Il ne nous aurait pas installés chez son ex, quand même ?! Ça ne pouvait qu’être une coïncidence

- Grande, blonde avec un cul d’enfer, tu la connais comment ? Hey ! Oh ! Je te parle ! Putain Sky ! La lumière est allumée mais il n’y a personne à la maison, encore et toujours !

Mark me bouscula et entra en appelant  Angelica et moi, je restais là, contre le cadre de la porte d’entrée, me répétant encore et toujours Angelica, grande, blonde avec un cul d’enfer .

@ Billy Lighter

J’avais souris à Sky quand elle avait accepté pour la pizza. De toute façon, je lui aurais proposé n’importe quoi à manger, elle aurait accepté… Et elle l’aurait mangé en n’en redemandant encore. Elle allait coûté cher en nourriture mais, vu sa condition, j’imagine que c’était normal. Tout comme le fait qu’elle s’endormirait parfois à n’importe quel heure de la journée parce qu’elle était crevée alors qu’elle ne faisait pas plus de choses que d’habitude. Comme si le fait qu’elle sache qu’elle était enceinte avait enclenché un tas de trucs désagréables.

C’était… Déstabilisant.

Mais je devais faire avec. Et je ferais avec si ça voulait dire que Sky était heureuse.

Je pris le chemin de la salle de bain laissant la porte de celle-ci entre ouverte. Je pris rapidement une douche avant de sortir pour m’essuyer avant de me planter devant le miroir passant mes doigts sur la cicatrice que j’avais sur la pommette droite. Je me l’étais fait juste avant de partir à Vegas et ça commençais à partir petit à petit. Sky n’avait jamais posé de questions là-dessus. En fait, elle ne posait jamais de questions sur mon gang. Elle s’était mise en tête que moins elle en savait mieux elle se porterait.

Elle avait sûrement raison. Et c’était mieux ainsi. Grâce à ça, elle me permettait de bien mettre une frontière entre tout ça et ce qu’on avait nous. Entre mes deux vies.

Alors que j’allais sortir le dentifrice et ma brosse à dent, j’entendis qu’on toquait à la porte… Le livreur ? Déjà ? Pas possible… Je fronçai les sourcils tendant l’oreille essayant de distinguer ce qu’il se disait devant la porte d’entrée.

J’ouvris un peu plus la porte quand les bribes de conversations me mirent deux choses bien claires en tête :

1. Sky connaissait celui qui était à la porte et réciproquement.
2. Angelica ?

Et les deux combinés me firent me rhabiller bien vite. Je sortis discrètement de la salle de bain et, je pris, au passage, un flingue qui tenait dans un tiroir. Flingue que je mis à l’arrière de mon pantalon remettant mon t-shirt par-dessus.

J’entendis le type parlé d’une grande blonde avec un cul d’enfer. Mais ce que me fit un rien fulminer c’est qu’il insultait Sky.

Je m’approchai de Sky et du type qui était entré dans l’appartement sans que personne ne lui en ait donné l’autorisation.

Je dis d’une voix profonde alors que je toisai, de mon air neutre, le type.

-T’es qui toi ? Qu’est-ce que tu fous dans notre appartement ?

Je ne m’emballais pas. Ma voix était calme. Mais en disait long sur ce que je pensais de ce type.

-Je cherche Angelica. Elle habite ici.

Il connaissait Sky… Il connaissait A.J..

C’était Mark.

-Angelica n’est pas là… Elle n’habite plus ici.

Et je savais que Sky allait faire les liens. Parce que je savais qu’elle avait vu l’album photo où le nom entier d’A.J. revenait sans cesse.

Et je savais qu’elle allait douter… Encore et toujours. Et je ne voulais pas qu’elle doute.

-Désolé, bébé… Je ne t’ai pas dit que cet appartement était celui de mon ex avant qu’elle ne s’en aille. Quand j’ai vu qu’il était à loué, je savais qu’on n’allait pas se tromper sur la marchandise parce que je savais très bien comment était l’endroit et que le propriétaire n’était pas un arnaqueur. J’aurais dû te le dire… J’avais peur que tu ne veuille pas emménager juste parce que ça appartenait à mon ex… Mais elle n’est plus rien pour moi… Par contre, son appartement est classe.

Je fixai ensuite Mark. Mark qui venait d’entrer chez moi sans ma permission et qui s’était permis de foutre mon petit stratagème en l’air.

Je détestais ça… En d’autres circonstances, je l’aurais descendu d’office.

Il le méritait.

Mais Sky était là…

Alors, je fixai un moment Mark avant de reposer mon regard sur ma Sky avant de pencher légèrement la tête sur le côté.

-Est-ce que c’est Mark, bébé ?

Mark… Celui qui l’avait frappé, humilié… Celui qui c’était fait autant Sky qu’A.J..

@ Billy Lighter

J’étais surprise et choquée de voir Mark se tenir devant moi et demander à voir celle que je croyais être l’ex de mon mari. Ça me semblait complètement surréaliste comme situation, jamais Ward ne nous aurait installés chez Angelica ! Ce serait comme s’il n’arrivait pas a totalement se séparer d’elle et que moi, je suis le prix de consolation.

Mark entra en me bousculant et je restais contre le cadre de porte où je me retrouvais, à le regarder s’avancer dans l’appartement tout en appelant la grande blonde au cul d’enfer .  Son insulte avait suffit à me faire m’écraser, comme avant. C’était son truc à lui, me démolir avec une insulte et il m’en avait tellement dit pendant notre relation qu’à force, l’habitude de ne plus réagir s’était installée.  Puis j’avais peur aussi parce qu’aux insultes, suivaient toujours les coups.  

Mon ex petit copain avait encore ce pouvoir de me couler sur place, de toute évidence et je m’en voulais pour ça mais c’était plus fort que moi.

Ward apparu  et Mark se retrouva à mi-chemin entre mon mari et moi.  Si j’avais peur que Mark me frappe, j’avais maintenant peur que les choses dégénèrent et être témoin de quelque chose que je ne voulais pas voir. Il y avait beaucoup de non dit entre Ward et moi, ça ne voulait pas dire que je ne les devinais pas.  Mon ex petit copain se retourna dès que Ward lui demanda sur un ton calme mais pas moins ferme, ce qu’il faisait chez nous.

La tête qu’il fit quand il se fit probablement le scénario que je l’avais moi aussi remplacé rapidement.  Il répéta qu’il cherchait Angelica.

C’est dingue, quand on dit que le monde est petit, ça ne pourrait être plus le cas qu’en ce moment.  Mon ex petit copain me trompait avec l’ex de Ward et aujourd’hui, nous sommes tous les deux ensembles. Nous l’aurions planifié que ça n’aurait jamais été aussi parfait.

Puis Ward me confirma ce que je redoutais. Nous avions bel et bien aménagé chez Angelica parce que l’appartement était bien, parce qu’il connaissait l’endroit, parce que le propriétaire n’était pas un trou du cul, parce qu’il n’arrivait pas à complètement se couper d’elle. Ça, il ne l’avoua pas mais j’en avais la conviction. Une grande blonde avec un cul d’enfer vaut mieux qu’un petit bouchon au cheveux terne qui laisse la lumière allumée même s’il n’y a personne pour répondre.

- Ok, bébé.

C’est tout ce qui je trouvais à répondre.

- Ah ouais ! C’est lui que tu appels bébé, maintenant !

Mon menton tremblait, je détestais quand je n’avais plus de mots et que les larmes prenaient le dessus sur mes émotions, même si j’étais en colère et non triste ! C’était toujours la même chose ! J’étais faible, idiote et sans défense.

- Ouais, c’est lui. C’est Mark, mon ex petit copain. Et heu…

Je ne savais pas si je devais faire les présentations d’usages, ça me semblait étrange mais en même temps, au point où nous en étions…

- Mark, je te présente Ward, mon mari. Et il semble que vous n’avez pas que moi en commun, je me trompe ?

- Ton mari ?! Attend, tu t’es mariée avec un type que tu ne connais même pas ? Tu as oublié rapidement ton : ‘’ Je vais t’aimer toute ma vie, bébé!’’

Je m’avançais en haussant des épaules et je refermais la porte de l’entrée de notre appartement, pas obligé non plus d’offrir une scène aux voisins qui pourraient passer devant,  puis je me dirigeais vers le divan sur lequel je me laisser tomber avant de croiser les bras contre ma poitrine, légèrement penchée vers l’avant. Combien de chance avions nous de vivre une situation semblable et hautement désagréable ?

- Il a dû foutre le camp pendant que tu t’envoyais en l’air avec Angelica, j’imagine.

Je les regardais l’un puis l’autre, bouche bée, avec l’étrange impression que malgré tout ça, c’étais moi la fautive dans l’histoire.

@ Billy Lighter

L’entrée de ce type n’était pas prévue au programme. Pourtant, il était bel et bien là et semblait autant connaitre Sky que mon ex, A.J.. J’en conclu, dans ma tête, qu’il devait s’agir de Mark. Le Mark que je veux tuer depuis la première fois où j’avais entendu parler de lui.

Et maintenant que je voyais sa tête de looser, l’envie de le tuer ne se faisait que plus forte. Surtout qu’il avait insulté Sky. Je l’avais entendu. Et je savais aussi que ce n’était pas la première fois. Que, pendant leur relation, il l’avait insultée et battue.

Ce qui faisait que tout ça devenait très personnel. Et avec moi, ce n’était jamais bon quand ça devenait personnel surtout pour celui qui était responsable de mon énervement.

Et ce type m’énervait même si je le cachais bien derrière mon air neutre. J’avais appris à contrôler tout ça… Jusqu’à un certain point seulement.

Mais je devais résister. Pour ne pas que ce que je construisais avec Sky ne vole en éclat. Pour ne pas que la frontière entre ce que j’étais avec Sky et ce que j’étais au fond de moi ne disparaisse complètement.

Et avant de m’occuper du cas Mark, j’avais dû expliquer à Sky pourquoi on habitait dans l’appartement de mon ex. La réponse était simple : parce que je le connaissais et qu’il était classe. Le pire, c’est que je ne mentais même pas. J’avais toujours convoité l’appartement d’A.J., même de son vivant.

Et à ça, Sky me répondit qu’avec un « ok, bébé »… Je savais que ça signifiait qu’elle n’était pas totalement sûr que ce que j’avançais. Je savais qu’elle était toujours certaine de valoir moins que mon ex… Pourtant, c’était Sky que j’avais marié à Vegas, pas A.J.. C’était Sky que j’avais mise enceinte, pas A.J.. Des preuves qu’elle était mieux, à mes yeux, il y en avait des tonnes.

Mais je prendrais le temps, plus tard, de les lui mettre devant le nez.

En attendant, j’avais un autre problème et c’était ce type.

Un type qui se rendit compte que j’étais en couple avec son ex. Que c’était moi, maintenant, qu’elle appelait bébé. Et le ton et les mots utilisés par celui que je pensais bien être Mark suffirent à ce que le menton de Sky se mette à trembler alors qu’elle essayait de se retenir de pleurer.

Et tout ça, c’était la faute de ce type qui, Sky me le confirma, était bien le fameux Mark.

Ok.

Je dévisageai Mark en penchant légèrement la tête sur le côté arrivant, jusqu’ici, à me contrôler alors que Sky faisait les présentations. Un Mark qui était étonné que Sky soit déjà marié. Etonné qu’elle l’ait déjà remplacé.

Et Sky, qui s’installa dans le divan envoyant une très belle réplique à la face de son ex.

Je fixai Sky.

-Et tu as bien fait de l’oublier. Tout comme j’ai bien fait d’oublier Angelica. Ce qu’on vit, bébé, Mark et Angelica ne le vivront jamais. Parce qu’ils ne le méritent pas.

C’est clair qu’A.J. ne le vivra pas. Ça, c’était clair. Quant à Mark… J’étais certain aussi qu’il ne le vivra pas… J’allais le faire disparaitre. Pas aujourd’hui. Pas devant Sky… Mais bientôt.

Il ne méritait que ça.

Je croisai les bras fixant, maintenant, Mark. Ma voix était toujours calme... Tout le contraire de ce que j'étais à l'intérieur.

-Elle t’a oublié parce que tu n’es qu’un petit looser qui n’a rien fait d’autre que la traiter comme une moins que rien alors qu’elle vaut bien plus que toi.

Mon regard ne quittait plus Mark.

-Il t’a fait mal, n’est-ce pas, bébé ? Il t’a rendu vulnérable, c’est bien ça?

Je m’approchai de quelques pas de ce type penchant, maintenant, légèrement la tête sur le côté.

-Avoue-le, Mark. Avoue que tu n’es qu’un gros enfoiré.

Ne me force pas à te faire avouer…

@ Billy Lighter

Mark, mon ex petit copain, se trouve chez moi ce soir car il pensait trouver du réconfort dans les bras d’Angelica, l’ex de Ward. Pour un chassé croisé amoureux, on pouvait difficilement faire mieux.  Ainsi, alors que j’étais encore avec lui, il me trompait avec Angelica, alors qu’elle était encore avec Ward et aujourd’hui, lui et moi sommes mariés et Mark… ne sait plus du tout où est Angelica.

Je trouve tout de même ca un petit peu drôle.

J’en rirais fort probablement si je n’étais pas autant troublé par le fait de le voir chez moi, mon nouvel appartement qui était celui de nul autre qu’Angelica. Ça commence à en faire beaucoup, en très peu de temps, des révélations.

Mark s’offusque, rien de moins, d’apprendre que je l’ai remplacé par un autre homme mais qu’avait-il a espéré, quand je suis partie ? Que j’allais rester à me languir de lui et espérer qu’il revienne me chercher ?  J’ai tournée la page sur notre histoire le jour où mon regard à croisé celui qui est aujourd’hui mon mari.

- Nous méritons mieux, en effet !

Il allait payer cher, de fanfaronner de la sorte, il n’avait aucune idée de qui il avait en face de lui, mon ex petit copain. C’était le dernier de mes soucis.  Et il s’insurgea alors que Ward lui disait qu’il m’avait traité comme une merde et qui ça faisait de lui un looser !

- C’est ce qu’elle t’a dit ! , puis il se tourna vers moi en s’approchant de quelques pas, assez pour que je me recule sur l’assise du divan, comme si je redoutais qu’il puise venir me  frapper. Tu lui as raconté quoi ?  Tu mens comme tu respire, Sky !  Tu lui as dit quoi, hein !?

- Je lui ai dit la vérité !

Ward fixait Mark.

Mark me fixait moi.

Son regard était assassin et le miens, bordé de larmes.

Je me détestais de ne pas avoir la force de me lever et de le repousser. De lui cracher au visage toutes les choses qu’il m’avait fait mais qu’il avait toujours réussit à m’en rendre coupable. Chaque fois qu’il me frappait, c’était par ma faute, parce que je l’avais poussé à bout. Quand il me trompait, c’était parce que je ne lui en donnais pas assez, parce que je n’étais pas assez chaude, assez belle.

Ward lui ordonna de lui répondre. Je voulais qu’il le dise, moi aussi. Parce que je savais que je n’étais pas responsable de tous nos problèmes. J’avais mes tords mais ils ne me revenaient pas tous.  Je parvenue à me lever et à rejoindre Ward contre qui je me blottis ce qui força Mark à se retourner pour nous regarder tous les deux.

- Je n’ai rien à avouer ! Sky n’a pas toute sa tête, tu t’en rendras compte. Elle vie dans son monde où tout est beau, tout est parfait !

Je plaçais mes mains sur mes oreilles et je faisais non de la tête. Je ne voulais pas entendre ça, je ne voulais plus qu’il en parle. Je ne suis pas folle, j’avais peur ! J’avais peur qu’il me laisse et j’ai agis parce que j’étais terrifiée !  

- Non ! Non !  Non !

Je ne pouvais plus retenir mes larmes. Mark jouait dans des plaies pas encore cicatrisées mais si à l’époque j’avais peur qu’il me laisse, ce soir, j’avais peur que Ward se range à l’avis de mon ex. Je tirais sur le bras de Ward, je voulais qu’il me regarde, j’avais besoin qu’il me rassure, qu’importe que le moment soit bien choisit ou non.

- Il… Il… me menaçait toujours de partir, j’avais peur ! Il savait comment me faire mal et moi chaque fois je le croyais. Mais c’est pas vrai, ok, bébé ?  Je… Je ne suis pas folle !

- Ok, ouais, tu n’es pas folle, tu es pathétique, Sky !

@ Billy Lighter

Mark disait qu’ils méritaient mieux. Que lui et A.J. méritaient mieux que moi et Sky… Je penchai légèrement la tête sur le côté me retenant de dire que s’il continuait comme ça, il allait la rejoindre A.J., mais six pieds sous terre.

Il fallait que je me retienne. Il le fallait à tout prix.

J’essayais de me contenir alors que j’étais de plus en plus tendu. Je pouvais garder mon calme habituellement que j’étais face à des petites frappes du genre de Carlos qui aimaient se faire remarquer en envoyant des piques à tout va.

Mais là… Là, c’était différent. Quelque chose, en Mark, me mettait hors de moi. Ça venait certainement du fait qu’A.J. m’avait trompé avec ce looser et que Sky avait souffert à cause de ce même looser.

Mais ce n’est pas parce que je me retenais de lui foutre une balle dans la tête que je ne pouvais pas le descendre à coup de mots rappelant à Mark ce qu’il avait fait à Sky.

Mais il niait… Pire, il disait que Sky était une menteuse. Un Sky qui se défendait comme elle pouvait, s’écrasant, de plus en plus, devant son ex.

-Non. Sky ne ment pas.

C’est ce que je dis d’une voix calme mais pas moins tellement profonde que moi-même je commençais à sentir que je n’allais pas pouvoir me retenir longtemps.

Pourtant, il le fallait. Et ça même si voir les larmes de Sky remplir ses yeux me mettait totalement hors de moi. Je l’entourai d’un bras protecteur quand elle se blotti contre moi alors que mon regard était toujours braqué sur Mark.

Il osait lui faire mal… Devant moi.

Et moi, je voulais qu’il avoue. Je voulais qu’il dise qu’il avait fait du mal à Sky.

Il fallait qu’il le dise.

Mais il refusa. Il niait encore. Il blâmait encore Sky.

Et moi, je le regardais d’un regard de plus en plus sombre alors que me retenir de le tuer me faisait physiquement mal.

Sky pleurait maintenant gardant sa version des faits. Elle disait qu’elle n’était pas folle… C’était limite si elle n’en doutait pas.

Tout ça à cause de Mark qui déclara que Sky était pathétique.

C’était trop… Je n’en pouvais plus. Et alors que Sky requérait toujours mon attention en tirant sur mon bras, je finis par croiser son regard et je pris sa figure entre mes mains pour sécher ses larmes de mes pouces.

-Non, tu n’es pas folle, bébé.

Je lâchai sa figure pour me détacher doucement d’elle avant de regarder à nouveau vers Mark.

-C’est lui le problème. C’est lui qui t’as fait mal.

C’est lui qui va payer.

Et, avant que Mark ne puisse faire quoi que ce soit, je le plaquai brutalement contre le mur avant de lui foutre en coup de poing en pleine figure.

Sa pommette explosa…

Mais je ne m’arrêtai pas là. D’un geste encore plus violent, je lui mis un coup de talon sur le genou.

Il craqua. Ça fit un bruit sinistre qui fit écho dans toute la pièce. S’en suivit des hurlements.

Ceux de Mark.

Et quand ses hurlements se calmèrent, je le fixai tournant autour de lui.

-Alors… C’est qui qui est pathétique, maintenant ?

Je m’arrêtai et penchai légèrement la tête sur le côté fixant Mike qui se tortillait au sol. Ma voix restait extrêmement calme. Même si... Je ne me contrôlais absolument plus. C'est ce qu'on voyait dans mon regard. Cette lueur calme et meurtière.

-Avoue, maintenant. Avoue tout haut ce que tu as fait à Sky. Avoue que c’est toi l’enfoiré. Avoue que tu ne la méritais pas.

Je voulais l’entendre. Je fixai Sky.

-Il faut qu’il avoue, bébé. Il faut qu’il te montre que c’est lui le mauvais. Que c’est lui l’enfoiré. Toi, bébé, tu vaux bien plus que lui.

Et je remis mon regard sur Mark alors que, dans le mouvement, mon t-shirt s’était un peu remis par-dessous mon flingue à l’arrière de mon jeans ce qui le laissait en partie apparent à Sky.

@ Billy Lighter

Je n’aurais pas dû répondre à la porte, non pas sans vérifier par le judas qui avait frappé ! J’ai été imprudente, exactement à l’encontre des leçons de Ward. Je me suis fait prendre comme une débutante… quoi que… j’en suis une visiblement.  Ma tête tourne alors que Mark enfonce le clou,  comme il le faisait si bien avant que je ne finisse pas trouver la force de le quitter pour de bon.

Même si Ward est là et que je sais que je n’ai rien à craindre en sa présence, les paroles de Mark m’atteignent et me ramène à cet état  de petite chose fragile que j’ai été, que je serai toujours d’ailleurs. Il aimait appuyer là où sa faisait mal, c’était son truc, quand  il voulait me faire comprendre que je ne valais rien sans lui.

Le jour où j’ai eu la force de rassembler  le peu que je possède et de le quitter définitivement, je ne pensais pas, à tord de toute évidence, que je le reverrais un jour, en tous les cas, pas chez moi ! Ironiquement, le monde est vraiment beaucoup plus petit que l’on croit et le fait que mon ex petit copain est ici ce soir car il pensait retrouver l’ex petite copine de celui qui est aujourd’hui mon mari le prouve.

Je n’en pouvais plus, je me sentais comme prise dans un tourbillon et ma plus grande crainte était de perdre Ward, le père de mon bébé.  Qu’il me voit de la même façon que Mark. Je tirais sur le bras de Ward, maintenant que j’étais parvenue jusqu’à ses côtés puis je plaçais mes mains sur mes oreilles alors que Mark continuait de me rabaisser en citant mes points faibles dont il était le seul et unique responsable.

Pendant notre relation, il avait rapidement cerné mes craintes et avait fait en sorte de les placer tout autour de moi et de me placer en situation de totale dépendance. Je m’en étais rendue compte avant qu’il ne soit trop tard, pendant que j’attendais, assise dans le corridor de notre immeuble, mon dos appuyé contre la porte, pendant qu’il  me trompait.

Ward me fit le regarder et essuya mes larmes. Il était si doux, si tendre avec moi. Il pouvait, d’un seule regard, atténuer toutes mes craintes et c’est ce qu’il fit, en essuyant mes larmes. Non, je n’étais pas folle, il avait raison.

Ward avait toujours raison !

Avant même que je puisse réagit, avant même que Mark ait eu le temps de répliquer, parce qu’il avait certainement quelque chose à ajouter, lui qui a toujours été plus fort de la gueule que de la tête, il se retrouva plaqué contre le mur de notre salon puis Ward le frappa au visage, le sang gicla de sa pommette, il geignait puis un son horrible me glaça le sang alors même que Mark hurlait plus fort avant de se taire et de gémir de douleur.

J’assistais impuissante à tout ça.

Ward était capable de bien pire, il n’avait pas eu besoin de me faire un dessin pour que je devine tous les détails obscurs de ses occupations comme chef de gang et de comment il y était parvenue.  

- Bébé… fait pas ça !

Mais il ne lâchait pas, il exigeait de Mark des aveux alors que Mark n’était pas prêt de les lui servir. Au contraire, ce dernier, après avoir légèrement reprit ses esprit, invectivait Ward en disant qu’il était aussi fou que moi, qu’il le ferait jeter en taule, que finalement, il était aussi fou que moi.

- Taies toi ! Taies toi, Mark !  TAIES TOI !

Je ne voyais plus clair, la douleur, la peur, la colère, out ça ensemble, c’était trop gros à gérer alors…

…alors je me saisi du flingue coincé dans le pantalon de Ward et qui était à ma porté et je le tenu à deux mains, comme ce fameux soir où j’avais été tenue en otage, un couteau sur la gorge, sauf que ce soir, c’était différent.  

Ward voudrait que je me montre à la hauteur, pas vrai ? Il ne voudrait pas d’une femme faible, qui se laisse démolir par un insignifiant ex petit copain.

- Tu vas faire quoi, Sky ? Tu… Tu vas quand même pas me tirer dessus ?!

Je retirais le cran de sureté et…

Le coup m’a semblé partir tout seul ! Sous l’impact, mes bras ont levés, mes mains en ont tremblées. Je pensais que cela ferait beaucoup plus de bruits que ça ! Ça n’a presque rien fait, j’en suis presque déçue.

- ARGHHHHH  PUTAIN ! MES COUILLES !!! TU M’AS TIRÉ DANS LES COUILLES  SALE GARCE !

Jamais je n’ai vu autant de sang, il faut dire que je n’ai jamais tiré sur quelqu’un avant.

- Bébé… je crois que j’ai fais une connerie…

Une très grosse connerie, même !

@ Billy Lighter

J’avais séché les larmes de Sky… Au moment où j’ai fait ça, mon cerveau avait déjà switcher pour me faire atteindre un point de presque non-retour. Parce que je n’arrivais plus à tenir. Je n’arrivais plus à résister à l’envie de le démolir lui qui ne cessait, devant moi, de faire mal à MA Sky.

Alors, je craquai… Je frappai Mark d’un poing en pleine figure avant de détruire son genou d’un coup de talon qui le mit à terre. Il hurla. M’insulta. La blessure que je venais de lui infliger ne l’empêchait pas d’être un gros enfoiré stupide, apparemment.

J’entendis Sky me dire, dans mon dos, de ne pas faire quoi. Mais c’était trop tard. Je n’arrivais plus à me retenir. Sky en avait déjà vu beaucoup. Mais mon cerveau n’en était pas encore à réfléchir aux conséquences que pourraient avoir mes actes. Les conséquences sur ma relation avec Sky. Parce que, pour mon esprit, je faisais ça pour elle. Je faisais ça pour la protéger et pour qu’elle puisse aller de l’avant.

Et tant que Mark n’avouera pas. Sky ne pourra pas tourner la page. Elle continuera, au fond, à se dévaloriser.

C’était sa faute à lui. Je le savais. Alors, je voulais qu’il avoue.

Mais il refusa disant qu’il allait me foutre en taule. Mon regard était toujours froid. Ce n’était pas un petit looser comme Mark qui allait réussir à me foutre en taule. C’est ce que j’allais dire avant que Sky ne demande, de plus en plus fort, qu’il se taise. J’allais me retourner vers elle…

Mais je n’en eus pas le temps…

Elle faucha mon flingue à l’arrière de mon jeans. Et j’eus un flash… Celui de moi, petit, dans la voiture de mon père. Moi qui prends son flingue qu’il avait laissé sur le siège à côté de lui. Moi qui tire sans que rien ne sorte… J’eus un frisson… Comme si je m’attendais à ce que Sky fasse pareil que moi. Mais sur moi…

Mais quand je me retournai, en un réflexe, vers elle. Ce fut pour la voir viser Mark.

Le frisson disparut. Je me détendis complètement. Et je ne fis rien. Je regardai tantôt Mark… Tantôt Sky.

Elle allait le faire ?

Je n’en savais rien. Mark non plus n’en savait rien. Mais j’entendais, dans sa voix à lui, de l’angoisse.

Il l’en croyait capable…

Je penchai légèrement la tête sur le côté quand Sky enleva le cran de sureté. Je ne ressentais ce frisson. Je ne ressentais aucune peur. Comme si j’étais certain que, si elle tirait, ça serait bien sur celui qui lui avait fait du mal.

Et je n’avais jamais fait de mal à Sky.

Et elle tira… Je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire. Un sourire que Sky ne pouvait pas voir parce qu’elle regardait Mark. Un sourire provoquer par toutes les sensations que ce coup de feu me faisait. De la fierté… Et plein d’autres choses sur lesquelles je ne pouvais mettre aucun mot.

Le coup de feu ne fit presque pas de bruit… Normal, mon flingue était un silencieux.

Contrairement à Mark qui gueula comme un cochon qu’on égorge parce que Sky venait de lui tirer dans les couilles.

Et Sky, elle, disait qu’elle avait fait une connerie. Je m’approchai doucement d’elle. Et c’est tout aussi doucement que je lui repris le flingue des mains pour la regarder avec un air fier.

-Non, bébé. Tu as fait ce que tu devais faire. Il le méritait pour ce qu’il t’a fait.

Je l’embrassai avant de lui souffler :

-Je suis fier de toi, bébé.

Mais je savais que si elle l’achevait, elle serait prise de remords. Elle n’était pas prête pour ça. La preuve, elle avait déjà des remords pour ce qu’elle avait fait à cet enfoiré…

Moi, par contre, les remords, je ne connaissais pas. Je me mis à croupi devant Mark qui pissait littéralement le sang.

-Arrête de crier, sinon je te fais taire moi-même, ok ?

Je parlais toujours de mon ton calme.

-Tu ne veux pas t’excuser ? Bien… De toute façon, qu’est-ce que Sky ferait des excuses d’un enfoiré comme toi, hein ? C’est toi le moins que rien… Je devrais te laisser vivre rien que pour que tu regrettes toute ta vie d’avoir fait ce que tu as fait à Sky. Parce que vu ce qu’elle t’a fait, tu l’aurais regretté toute ta vie…

Je me redressai.

-Mais je ne peux pas te laisser en vie…

Je pointai l’arme sur Mark.

-Je vais juste te laisser une dernière chance d’expier tes fautes. Avoue et excuses-toi… Et peut-être que tu n’iras pas en enfer.

Même si, j’en doute.

Je tirai le cran de sureté que j’avais remis quelques secondes avant.

S’il avouait, j’allais lui tirer une balle dans sa tête… S’il refusait d’avouer, j’allais aussi lui tirer une balle dans sa tête. A lui de voir s’il voulait partir avec des mensonges sur la conscience ou non.

@ Billy Lighter

Mark était maintenant au sol, le visage en sang et son genou prenant un angle inhabituel et ses gémissements  allaient me faire éclater le cerveau.  Il souffrait, c’était peu en comparaison de tout ce qu’il m’avait fait subir. Je voulais que ça cesse, qu’il se taise.  Ward se tenait tout près de mon ex petit copain, menaçant, et je lui demandais d’une voix cassée de pas ‘’ faire ça !’’

Peut-être que je laissais parfois la lumière allumée et que je m’absentais, mais je n’avais pas besoin qu’on me fasse un dessin sur le sort que réservait Ward à Mark. Si on le laissait partir, il irait directement trouver les flics et je ne veux même pas imaginer les emmerdes pour mon mari, même si je disais que nous avions sentit la menace, que les gestes posés avaient été pour nous protéger.

Ce n’était donc pas une option.

Ward ne laisserait pas la vie sauve à Mark, je jouerais la mienne sur ce fait, sans hésiter.

Alors, quand je vis le flingue de Ward dans son dos, dévoila par son t-shirt qui s’était soulevé quand il s’était penché au dessus de Mark, je m’en saisi et je le pointais sur Mark qui ne perdit rien de son arrogance, bien qu’il semblait un rien moins sûr de lui.

Le coup sembla partir tout seul à peine avais-je retiré le cran de sureté. Oh, je ne suis pas stupide, j’ai appuyé sur la détente en le visant, ce n’était pas accidentel, je savais très bien ce que je faisais. On aurait pu croire que j’avais fait exprès de lui viser l’entre jambe mais non, hélas, je visais la tête quoi qu’en ce qui concerne mon ex petit copain, on pourrait prétendre que je venais de lui loger une balle entre les deux yeux.

J’en étais choquée ! J’avais tiré sur un homme avec l’intention de le tuer. Je l’avais fait, en croyant que si je le tuais, Ward ne pourrait pas s’en faire accuser et que j’avais plus de chance que lui de m’en sortir.

Ward se retourna, j’anticipais sa déception alors je lui dis simplement que j’avais fait une grosse connerie, en l’admettant, il serait peut-être moins en colère. C’était en fait tout l’inverse. Il m’embrassa avant de me dire qu’il était fier de moi. Il m’avait déjà reprit le flingue des mains pourtant, je sentais encore comme une lourdeur dans mes mains, comme si en tirant sur Mark, le flingue s’était ‘’ imprimé’’ dans mes mains.

Le regard qu’eu Ward pour moi était réconfortant, plus encore que n’importe quelle caresse. J’en avais presque oublié mn ex qui hurlait de douleur, sur le plancher de notre salon. Ward lui, ne l’avait pas oublié et s’était retourné vers lui en lui ordonnant de cesser de crier puis, il lui expliqua comment les choses allaient se dérouler ensuite.

- Vous êtes cinglés, tous les deux !

Je me rapprochais de Ward, me plaquais à lui pour regarder Mark perdre son arrogance à chacune des paroles que prononçait Ward.

Tic ! Tac ! Tic ! Tac ! L’heure tourne pour Mark dont la vie ne tient plus qu’à ces quelques dernières paroles. À savoir s’il allait mourir comme le lâche qu’il a toujours été ou s’il allait faire un homme de lui, pour une fois.

- Sky… ! Sky… !

Il allait enfin lâcher le morceau. Ça n’allait pas effacer de ma mémoire tout ce qu’il m’avait fait endurer mais ça mettrait un baume, peut-être, ça aiderait mon mental à se reconstruire sachant que je n’étais pas la seule responsable de tous mes maux.

- Va pourrir en enfer, p’tite chienne !, qu’il ponctua d’un doigt d’honneur d’une main tremblante qu’il peinait lever.

- Bye, bye, Mark !

Je me reculais, jusqu’à ce que je ne puisse plus aller plus loin et je  fermais les yeux.

@ Billy Lighter

Sky avait osé tirer. Elle venait de me montrer qu’elle était capable, quand il s’agissait de quelqu’un qui lui a fait du mal, de faire mal en retour. Et ça n’avait pas été un accident parce qu’elle avait bien pris le temps d’enlever le cran de sûreté.

Donc ce qu’elle avait fait à Mark, elle l’avait voulu. Est-ce qu’elle avait visé là où elle le voulait ? Ça, c’était une autre question.

Mais j’étais fier d’elle. C’est ce que je lui dis tout en reprenant doucement mon flingue qu’elle tenait dans ses mains toutes tremblantes. Ces ses tremblements qui me faisaient dire qu’elle n’avait peut-être pas visé là où elle le voulait.

Mais je ne dis rien là-dessus me tournant à nouveau vers un Mark qui ne cessait d’hurler parce qu’il avait mal. Il fallait qu’il pense à ça avant de faire le fanfaron et de détruire encore plus la confiance de MA Sky. Il aurait dû réfléchir et il ne l’avait pas fait.

Maintenant, il payait. Et sa sentence serait la mort. Je ne pouvais pas le laisser en vie pour tout un tas de raisons pratiques… Mais, je crois que même sans ses raisons je l’aurais quand même tué. Pourquoi ? Parce qu’il avait fait du mal à Sky et que, pour ça, il allait crever…

Et aussi parce que le tuer me fera beaucoup de bien. Et parfois, il ne suffisait que de ça, au fond, pour que j’appuie sur la détente.

Mais je laissai quand même à Mark l’opportunité de s’excuser et d’avouer ses fautes. En échange de quoi ? Je ne sais pas bien… En fait, ça n’avait pas vraiment d’intérêt pour Mark. C’est l’intérêt pour Sky que je voyais là-dedans. Une façon de renforcer sa confiance. Une façon de la faire aller mieux.

Mais Mark fut un enfoiré jusqu’au bout. Il nous traita de cinglé. Une insulte que je commençais à ne même plus entendre tellement je l’avais entendue.

Et il insulta deux fois Sky refusant, de cette façon, d’avouer et de lui faire des excuses. Mon regard fut plus dur alors qu’il adressa un doigt d’honneur à Sky avant que cette dernière ne se recule comprenant bien ce qui allait arriver à Mark.

-C’est toi qui va aller y pourrir.

C’était ma dernière phrase avant que je ne tirai dans sa tête. Cinq fois. Parce que j’avais besoin que sa figure ne ressemble plus à rien.

Je venais d’en faire de la bouillie.

Je me retournai. Sky fermait les yeux. Je m’approchai doucement déposant mon flingue sur un meuble au passage avant de serrer Sky dans mes bras.

-C’est fini. Il ne t’insultera plus jamais. Il méritait ce que tu lui as fait. Il méritait de mourir, bébé.

Je voulais l’en convaincre, insidieusement.

-Les gens qui te font du mal méritent tous de mourir.

Et moi, je me rendais petit à petit compte, en redescendant sur Terre, que je venais de me dévoiler totalement devant Sky. Que je venais d’abattre toutes les frontières parce que je n’avais pas pu me retenir.

Je me décalai un peu pour prendre le visage de Sky entre mes mains. Je ne voulais pas qu’elle regarde le corps de Mark. Je voulais qu’elle ne regarde que moi.

-Tu comprends qu’il le fallait, bébé ? Tu comprends que j’ai dû le faire pour toi ?

Tu comprends que je n’ai pas pu me retenir… Ça, je ne l’ai pas dit… Pourtant, ça avait été la vérité.

@ Billy Lighter

Quelque chose s’était brisé en moi, ou peut-être  s’était-il mit en place, je ne saurais le dire mais quoi qu’il en soit, dès le moment où j’ai prit le flingue de Ward et que j’ai visé sur mon ex petit-ami, je savais que je ne serais plus jamais la même. Je m’étais délecté de la peur sur son visage quand il m’a vu le pointer avec le flingue. C’était moi qui avait l’avantage sur lui, et non l’inverse et j’ai adoré ressentir ça.

Pour toutes les fois où il m’a fait mal, pour toutes les fois où il m’a humilié et rabaisser au point où je me savais n’avoir aucune valeur, je tenais ma vengeance. Si je le tuais, je pourrais dire qu’il est entré par effraction, qu’il m’a menacé et que j’ai eu peur pour ma vie. Combien de fois avait-il menacé de me tuer ? Combien de fois j’ai cru qu’il allait finir par le faire quand il me ruait de coups ?

De tous les hommes que j’ai eus dans ma vie, Mark est de loin le pire, celui qui m’aura fait le plus de mal.  Celui qui aurait laissé le plus de marques tant sur mon corps que dans ma tête.

Alors, je tirais. C’est ce qui me semblais le plus logique à faire en ce moment précis puisque je savais que si Mark sortait d’ici vivant, Ward risquait les emmerdes pas possible. Les flics n’auraient pas besoin de plus que la version de mon ex petit copain pour trouver toutes les crasses inimaginables.
Ça n’allait pas arriver !

Seulement, si je n’ai pas manqué de courage en appuyant sur la détente, j’ai manqué ma cible et c’est dans les couilles plutôt que dans la tête que j’ai visé.  J’en étirais mes lèvres à la fois parce que ça m’a amusé de voir que, malgré tout, je venais de le punir par où il pêchait le plus.  Je tremblais trop pour me reprendre. Je venais tout de même de tirer pour la première fois de ma vie (et la dernière, sans aucune doute!) sur quelqu’un.

Ward me félicita pour ce que je venais de faire, en plus de me réconforter puis il me reprit le flingue des mains et intima mon ex de me faire ses excuses. Ce devait être ses dernières paroles sur cette terre. Mais les mots ne vinrent pas, en tous les cas, pas ceux que j’aurais aimé entendre. Au lieu de ça, il nous souhaita l’enfer… Alors, on s’y retrouvera !

Je me reculais, je ne voulais pas voir ce qui allait suivre alors que, quelques minutes  avant, j’étais prête à mettre moi-même fin aux jours de Mark.  Je fermais les yeux et… je laissais défiler dans ma tête, les images du week end merveilleux durant lequel Ward et moi nous étions mariés.  Je m’accrochais à ces instants de bonheur pour oublier, pour ne pas imaginer.

J’entendis à peine les coups de feu, puis, ce fut le silence absolu. Mark ne geignait plus, seuls les battements de mon cœur résonnaient à mes oreilles, jusqu’à ce que je ressente l’étreinte de mon mari autour de ma taille puis que j’entende le son de sa voix me réconforter.
C’était fini.

Plus jamais Mark ne me ferait mal.

- Il le méritait… répétais-je d’une toute petite voix.

Je restais blottie contre lui, acquiesçant à chacune de ses paroles.
- Tu as fais ce qu’il fallait.

Il a fait ce qu’il fallait pour que notre bébé et moi soyons en sécurité, aujourd’hui et demain, pour que tous les démons qui me hantent ne reviennent plus jamais me hanter, sous n’importe quelles formes.

- Est-ce que…  Tu es certain qu’il est mort ? Tu sais dans les films, le méchant se relève toujours une dernière fois pour foutre la trouille !

Mes yeux étaient toujours clos, de toute façon, je ne voulais pas regarder. Je ne voulais pas que cette image prenne le relais de Mark et me hante jour et nuit pendant des semaines, voir des années.
Ward avait fait ce qu’il fallait, c’est tout ce qui devait compter.

Je sursautais en lâchant un cri de frayeur quand quelqu’un frappa à la porte.

- La pizza…

Ça n’allait pas le faire… pas avec un corps en plein milieu de notre salon. Je regardais Ward, je me repris, il ne fallait pas que je panique.

Le livreur frappa à nouveau en s’annonçant au travers de la porte.

- J’arrive, un instant je suis toute nue !

Il fallait gagner du temps de n’importe quelle façon.  Sans réfléchir, je me déshabillais puis je poussais sur le divan du salon pour qu’il fasse office de barrière entre le cadavre de Mark, que je refusais toujours de regarder directement, et la porte d’entrée et, quand ce fut fait, j’attrapais la couverture qui trainait sur le divan, celle avec laquelle je m’étais enroulée dedans ce matin  alors que je mangeais mon bol de céréales tout en regardant les dessin animée puis  je me dirigeais vers la porte que j’allais tenir qu’à moitié entre ouverte.  

Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’étais certaine que le livreur de pizza allait l’entendre.  Mais avant d’ouvrir la porte, je regardais derrière moi, pour être certaine que tout était ok.  Pour avoir l’approbation de Ward.

- Sinon… tu penses pouvoir l’arranger comme Mark ?

C’était de l’humour ! Noir, certes mais la nervosité ne me laissait pas le loisir de contrôler mes paroles.

@ Billy Lighter

Mark venait de rendre l’âme après que je lui aie planté cinq balles en pleine tête. Je venais de franchir la barrière… Je venais de montrer à Sky de quoi je pouvais être capable. Pourtant, elle n’avait pas encore fui. Elle avait même tiré, elle-même, une balle sur celui qui lui avait fait du mal.

Mark méritait son sort. C’est ce que je disais à Sky alors que je la serrai, maintenant, contre moi. Elle répéta mes mots d’une toute petite voix.

Oui. Il le méritait. Et, maintenant, il ne fera plus aucune mal. D’ailleurs, à partir de maintenant, celui qui essayera de lui faire du mal subira le même sort.

Sky se blottit un peu plus contre moi disant que j’avais fait ce qu’il fallait. Oui, si je ne l’avais pas fait, l’image de Mark aurait continué à la hanter. Elle n’aurait jamais pu tourner la page et passer à autre chose.

Et je voulais qu’elle passe à autre chose.

Elle me demanda si j’étais certain qu’il était mort prenant l’exemple de ce qu’il se passait dans les films d’horreur. Je jetai un œil vers Mark dont la tête ne ressemblait plus à grand-chose. Sky, elle, était toujours blottie contre moi, les yeux fermés.

-Ne t’en fais pas, bébé. Il est bien mort. Il ne se relèvera plus jamais.

Non, Sky… Les morts ne se relèvent jamais. Crois-moi. J’en avais tué assez pour le savoir.

J’allais aller me débarrasser du corps. Mais c’était sans compter sur la porte sur laquelle quelqu’un toqua faisant sursauter et crier Sky. Moi, je n’avais même pas trésaillé même si je me demandais bien qui pouvait toquer à la porte. Les voisins qui avaient entendu du bruit ? Non… Le livreur de pizza. C’est Sky qui me le rappela.

Je jetai un œil vers le corps de Mark. J’allais prendre les choses en main mais Sky me devança lançant en serveur qu’elle était nue. J’esquissai un sourire.

-Pas mal trouvé.

Et elle se déshabilla pour augmenter sa crédibilité. Je la regardai avec un petit sourire avant qu’elle ne pousse le divan pour cacher le corps de Mark qu’elle n’avait pas regardé une seule fois. Elle s’enroula alors dans une couverture et me lança une phrase qui m’arracha un sourire.

-Je pourrais… Mais si on pouvait éviter c’est encore mieux, tu ne crois pas, bébé ?

Ce n’était pas tant tuer le livreur qui m’emmerdait. C’était faire tout ce qu’il faudra faire après pour se débarrasser des corps. C’était la partie ingrate de ma condition et si je pouvais n’avoir qu’un corps à me débarrasser, c’était mieux que deux. Même si, sincèrement, je n’aurais pas tant de remords à tuer un livreur de pizza même s’il ne m’avait strictement rien fait.

Et je n’avais pas caché ça à Sky avec mon « je pourrais ». En fait, avec ce que je venais de faire à Mark et la façon dont Sky avait réagi, je me disais qu’elle acceptait ce que je faisais. Qu’elle le comprenait, même. Alors, je ne faisais plus vraiment attention à ce que je disais sans même me dire que ça pouvait être une erreur.

Pour moi, si elle n’avait pas aimé ce qu’elle avait vu, elle serait déjà partie… Et comme ce n’était pas le cas, je me disais qu’elle était prête, aussi, à accepter cette part de moi… Voir même qu’elle avait un peu ça en elle aussi.

Avant que Sky n’ouvre la porte, je lui lançai mon portefeuille que j’avais dans la poche arrière de mon pantalon avant de me décaler pour ne pas être dans le champ de vision du livreur pour qu’il croie que Sky était bien nue et seule.

Après qu’elle ait payé et prit les pizzas et fermé la porte, je m’approchais d’elle avant de lever un sourcil.

-Trois pizzas ? Tu comptes en manger deux ?

Je souris. Sky ne faisait que manger depuis quelques jours. Elle mangeait presque plus que moi. Je m’approchai d’elle.

-Vas les mettre à la cuisine, bébé. Je m’occupe du corps de Mark… J’en aurais pour un petit moment. Tu pourras manger avant moi. Je réchaufferais la mienne en rentrant.

Je l’embrassai, la laissant aller à la cuisine avant que je me tourne vers le corps de Mark. Je soupirai avant de sortir des gants d’un tiroir pour déplacer Mark jusqu’à la salle de bain. Je le mis dans la baignoire avant d’aller chercher tout ce qu’il me fallait pour le découper assez que pour le foutre dans un grand sac. C’est ce que je fis mettant chaque partie de Mark dans des sachets avant de tout foutre dans un sac.

Après ça, je nettoyai la baignoire avant de sortir avec le sac.

-Je reviens, Sky… Je n’en ai pas pour longtemps.

C’est ce que je dis avant de descendre, de foutre le sac dans ma bagnole et de m’en aller vers la planque des New Soldados. Là, je laissai le sac à un de mes hommes lui donnant l’ordre d’aller se débarrasser du corps, ce qu’il fit sans se poser de questions. Une fois ça fait, je retournai chez nous et enlevai mes gants une fois la porte passer pour les remettre dans le tiroir. J’enlevai aussi mon t-shirt avant de rejoindre Sky.

-Bébé, tu as déjà mangé ?

J’avais très faim maintenant… Et je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était hormis qu’on devait être en pleine nuit.

@ Billy Lighter

L’arrivée soudaine du livreur de pizza a passé prêt de me faire mourir d’une crise cardiaque. Nous avions un cadavre en plein milieu de notre salon, à la vue, depuis l’entrée de l’appartement et nous ne pouvions pas simplement le recouvrir, ou prétendre que notre ami ivre venait de s’endormir sur le plancher.  J’ai crié non pas hurlé, à l’intention du livreur que j’étais toute nue, pour gagner du temps, que j’étais toute nue.

Je ne savais plus ce que je faisais, mais je savais que je voulais mes pizzas !

Alors j’ai simplement poussé le divan dans l’autre sens, pour faire une barrière entre l’entrée de notre appartement et le cadavre de mon ex puis je me suis dévêtue pour m’enrouler dans ma couverture, question de rendre plus crédible. Je n’avais pas besoin de me donner tout ce mal, de rester dans mes vêtements, le livreur aurait cru que je me suis vêtue, tout simplement.

Mais je n’arrivais plus à réfléchir, j’ai agis, tout simplement.

Et j’ai attrapé le porte feuille que venait de me lancer Ward, et j’ai entrouvert la porte, juste assez pour faire la transaction puis prendre mes pizzas et refermer la porte. Je crois que j’ai donné vingt dollars pour le service, je lui ai dit en fait de garder la monnaie, sans me questionner sur combien était-ce respectable de lui laisser. Mais vu son sourire, c’était vraiment assez pour qu’il retienne l’adresse et demande à revenir livrer ici. Il allait être déçu, les prochaines fois !

- Ouais…  J’ai vraiment très faim, bébé !

Le bébé devait lui aussi, manger ! Clairement que je mangeais pour deux, voir pour trois parce que je mangeais déjà beaucoup  avant d’être enceinte.

Voilà, il y avait Mark au salon et je ne voulais pas… je ne pouvais pas manger avec  l’odeur de la mort chez moi. Ma tête commençait à tourner et mes mains tremblaient toujours autant. Ward me donna ses instructions. Je devais mettre les pizzas dans la cuisine et manger avant lui.

- Ok… Ok… Je… Je ferai ça.

Il m’embrassa et ensuite, il traîna le corps jusque dans notre salle de bain et je commençais à pleurer, silencieusement, je n’avais pas la force d’y mettre du son, en plus. Ça semblait si simple pour mon mari… Aussi simple que de se lever le matin et se mettre prêt pour aller au travail.
Je ne savais plus ou me mettre et tout ce sang sur le plancher du salon…

Je trouvais un sceau et le remplis d’eau et de nettoyant et je m’agenouillais sur le plancher du salon pendant que Ward faisait je ne sais pas quoi à Mark, dans notre salle de bain, ça dépassait les limites de mon imagination. Je frottais le sol avec mon éponge. Je dû changer l’eau à quelques reprises mais je lavais totu de même le plancher du salon, ainsi que les traînées de sang qui allaient jusqu’à la porte close de la salle de bain.

Le sol brillait mais je continuais de le frotter puis… j’étouffais un cri de stupeur. Et si des gouttelettes avaient volées et s’étaient imprégnées sur les murs… ou plus loin sur le plancher… Il fallait tout nettoyer… absolument tout et c’est ce que je fis. Je frottais la moindre parcelle de plancher, de mur. Je lavais les meubles aussi, et si j’avais été assez grande, fort probablement que j’aurais lavé le plafond aussi.

Ça puait le javellisant, mes mains tremblaient toujours autant et, en plus, faisaient mal à cause du désinfectant dans lesquelles elles trempaient depuis tout ce temps.

Combien de temps Ward avait-il été enfermé dans la salle de bain ?  Très, très longtemps certainement. J’étais assise sur le divan, je ne bougeais pas. Je fixais le sol, là où était mort Mark avec la certitude qu’on pouvait voir sur le bois venir, la forme de son corps dans l’exacte possession dans laquelle il était mort.  Je regardais Ward sortir de la salle de bain avec… mon ex petit copain dans un sac !

Il devait partir, mais il allait revenir.

J’acquiesçais d’un mouvement de la tête et, quand il fut partit, j’allais dans la salle de bain. Elle brillait, comme si rien n’avait eu lieu ici. Pourtant, je me doutais qu’elle avait été le théâtre d’une horrible scène.

Je dû m’accrocher au cadre de la porte parce que je sentis le sol trembler sous mes pieds. Un tremblement de terre ?  C’était fréquent ici, à los Angeles. Mais rien autour de moi bougeait, juste, le sol sous mes pieds, assez pour que je me laisse lentement tomber et ramper jusque dans notre chambre et, ensuite, je grimpais difficilement sur notre lit et je roulais dans les couvertures.  Ma tête allait éclater, je la tenais entre mes deux mains et je fermais mes yeux, en me disant que dans quelques secondes, tout irait mieux.

Non.

Ce fut pire quand j’ouvris les yeux. La pièce tournait à vive allure autour de moi alors je hurlais, complètement paniquée que j’étais. Je voulu me lever, je devais fuir mais mon corps refusait de coopérer, j’étais clouée sur le matelas.

Dans le noir.

Prisonnière de ma tête.

@ Billy Lighter

Quand j’étais ressorti de la salle de bain avec le corps de Mark en morceau dans le grand sac que je portais, le salon en entier sentait la javel. Sky avait nettoyé tous le sang qu’il y avait au sol. Elle avait nettoyé à fond tellement que la javel me donnait mal à la tête. Elle aurait dû y aller moins fort sur le produit… On dirait même qu’elle avait nettoyé les murs alors que c’était sur le sol qu’il y avait du sang.

Mais je ne posai pas de question… J’avais encore du boulot. Celle de larguer le corps de Mark à un de mes hommes pour qu’il s’en débarrasse parce que je n’avais ni envie de faire un long trajet, ni envie de creuser. Et j’avais largement assez d’hommes que pour que quelqu’un fasse le boulot pour moi. Je laissai, donc, Sky seule pour conduire le corps de Mark jusqu’à South L.A. où je le laissai au bon soin de Fernando. Un des plus tarés de mon gang. Je savais que ce n’était pas la première fois qu’il se débarrassait d’un corps alors il était la personne toute désignée.

Je fis, ensuite, chemin arrière pour rentrer chez moi comme si je venais d’aller faire une course. C’était à peu près ça, en fait… Tuer Mark m’avait fait du bien et c’est machinalement que je m’étais débarrassé de son corps. Ce n’était pas la première fois, ni la dernière que je répétais ces mêmes gestes. Il n’y avait qu’un truc auquel je n’arriverais jamais à m’habituer dans le processus : l’odeur de cadavre. Mais le reste… C’était facile.

J’entrai dans l’appartement demandant à Sky, avant même de la voir, si elle avait déjà mangé. On sentait toujours l’odeur de javel… Mais pas celle de pizza… Et Sky n’était pas au salon… Ni à la cuisine où les trois cartons de pizza étaient encore sur la table… Sky n’y avait pas touché. Je levai un sourcil.

-Sky ?

Je jetai un œil à la salle de bain et jetai mon t-shirt à la lessive constatant que Sky n’était pas ici non plus. Puis, j’entendis crier… Ça venait de la chambre. C’était Sky. Je me dirigeai vers la chambre. Elle était dans le lit recroquevillée sur elle-même la tête entre ses mains.

Je penchai légèrement la tête sur le côté… Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Elle avait l’air bien avant que je ne parte…

-Bébé ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Je grimpai sur le lit pour venir l’enlacer. Je ne savais pas ce qu’il lui arrivait… Elle regrettait ce qu’on avait fait à Mark ? Comment on pouvait regretter d’avoir mis un enfoiré six pieds sous terre ?

Je me serrai à elle, mon torse nu contre son dos.

-Bébé… Tout va bien. C’est fini, tu sais ? Tu es en sécurité, maintenant. Ce qu’on a fait, aujourd’hui, ça n’arrivera plus. Mais il fallait le faire pour que tu puisses avancer. Pour qu’on puisse avancer tous les trois. Toi. Moi. Le bébé.

J’insistai sur le « trois ». Parce que l’attachement que Sky avoir pour moi passait aussi par le bébé. Je lui montrai, par-là, qu’elle et moi, on était lié quoi qu’il arrive.

-Tu comprends, ça, bébé ? Tuer un type comme Mark… Ce n’est pas un meurtre. C’était ce qu’il fallait faire, Sky.

Et ça, je le croyais fermement.

@ Billy Lighter

Après le tremblement de terre, c’est un immense trou noir qui s’est logé dans ma tête et qui a prit tout l’espace et qui me fit ensuite l’effet d’aspirer toutes mes énergies, mes souvenirs, mon bonheur.

Ça faisait horriblement mal et partout tout à la fois. Je ne voyais plus clair et je me suis mise à hurler, comme si cela pouvait aider à m’en libérer, seulement, je n’entendis pas le son de ma propre voix !

J’étais prisonnière dans un coin de ma tête, écrasé par la douleur et je ne savais pas comment sortir de là. Ni même comment j’y avais été aspirée. Tout ce que je savais c’est que j’y étais seule et terrifiée.

Seule, et terrifiée.

Après ce qui me sembla être une éternité, j’entendis venir à moi, la voix feutrée de mon mari, il me demandait ce qui se passait. Je suis tombé dans un trou noir, comme Alice dans le terrier du lapin.  Je tentais de lui répondre mais ma voix ne sortait pas de ma gorge. Aucun son, sauf des gémissements sinistres et, à tâtons, je voulais le toucher, le retrouver mais mes doigts restaient crispés sur le drap, mon corps refusait de coopérer, plus rien ne fonctionnait chez moi.

Une chaleur réconfortant vînt par derrière moi, puis encore, la voix de Ward, un peu plus près, me semblait-il.  Je savais que c’était lui, je reconnaissais sa voix, mais je ne discernais aucun des mots, c’était du charabia, Ward se moque de moi alors que je suis en pleine détresse, perdue et coincée quelque part dans les dédales obscures de mon cerveau.

Je dois sortir de là !

Je lutte, je tente de bouger mes doigts, mes orteils, il faut bien commencer quelque part.

‘’Trois’’

Ward avait dit trois.

Je devais me ressaisir, respirer un bon coup, trouver la force de me relever, avancer, trouver cette putain de lumière. Il y a toujours une lumière au bout du tunnel, ils disent tous ça et quand on meurt aussi, il faut aller vers la lumière. Si je suis morte… il vaut peut-être mieux que je me dirige vers là, plutôt que de rester prisonnière, entre deux mondes.

Mes doigts bougèrent, mes orteils aussi.

Et Ward parlait toujours, sa voix était plus clair, plus précise mais je ne comprenais toujours pas, c’était incohérent, ça ne ressemblait à rien.  Mon pied bougea et ma main trouva celle de Ward et je  m’y accrochais, comme à une bouée de sauvetage.  Je devais m’approcher de la lumière, ça ne pouvait être que ça ! Ça ne pouvait être qu’elle qui m’attirait, elle me donnait confiance.

Lentement, la force revenait et je reprenais le contrôle de mon corps, petit à petit. Je pouvais serrer la main de Ward et trouver son pied avec le miens.
 Je gémissais, comme si je crevais de froid.

En fait, j’avais réellement très froid.

Le trou noir se dissipait dans ma tête et mon cerveau hurlait moins de douleur.  Je pouvais respirer. J’haletais, comme si j’avais été trop longtemps sans pouvoir remplir mes poumons. Puis je toussais, parce que mes grandes inspirations brûlaient ma gorge et quand enfin j’émergeais totalement de ma tête, je me retournais et m’accrochais à Ward comme si ma vie en dépendait, comme si j’avais pu entre en lui, sous sa peau.

Je crevais de froid et il avait le corps vraiment très chaud.

- Je me suis perdue, bébé. Je ne savais plus où j’étais !

Ma voix n'était qu'un murmure, j'étais morte de trouille, complètement épuisée. Je crois même que je ne savais plus quel jour nous étions. Et je tremblais, de la tête aux pieds.

@ Billy Lighter

Sky était prostrée dans son lit. Elle ne savait plus bouger. Elle ne savait plus parlé. Comme si tout ce qu’on avait fait à Mark lui éclatait à la figure tout d’un coup. Comme si elle se rendait compte que c’était mal.

Mais ce n’était pas mal. Pas de mon point de vue. On avait retiré la vie d’un individu misérable qui avait fait mal à la seule fille que j’aimais dans l’Univers. Et pour ce simple fait, il méritait la mort. Qui le regrettera ? Pas celles à qui il avait fait du mal, pas à celles à qui il aurait pu faire du mal.

Non, décidément, la mort de Mark était plus utile qu’autre chose.

Pourtant, elle semblait toucher Sky. Ou bien était-ce ce qu’elle avait fait qui la touchait… L’acte en tant que tel. Je ne savais pas. Tout ce que je savais c’était que je n’avais pas envie que le fait qu’elle ait vu ce dont j’étais capable l’éloigne de moi définitivement. Ou bien la change. Parce que je ne voulais pas qu’elle change. Je voulais qu’elle reste MA Sky.

Alors, je grimpai dans le lit pour coller mon torse nu à son dos pour l’enrouler de mes bras. J’expliquai mon geste. Notre geste. Son utilité. Pour nous trois. Oui, nous trois. Parce que je savais que ce mot allait peser pour beaucoup.

Et je sentis, doucement, Sky bouger alors que son corps était frigorifié. Pourtant, il ne faisait pas si froid. J’avais même chaud.

Elle serra ma main et gémit. Je lui laissai le temps alors qu’elle se mit à haleter avant de tousser. Je la serrai à un peu plus avant qu’elle n’arrive à se retourner pour s’accrocher à moi. Elle s’accrochait fort. Très fort. Et elle tremblait aussi…

Mais elle arriva à parler. Elle disait qu’elle s’était perdue. Qu’elle ne savait plus où elle était.

Je passai une main dans ses cheveux alors que sa tête était contre mon torse.

-Tu n’es plus perdue, bébé. Tu es avec moi. Il suffit de me suivre. Je te guiderais.

Comme je l’avais fait aujourd’hui… En quelques sortes.

Je me décalai un peu pour mettre mes doigts sur son menton et lui faire relever la tête pour qu’elle croise mon regard.

-Ce que tu as fait aujourd’hui, tu n’auras plus à le refaire, bébé. D’ailleurs, tu n’auras plus jamais à voir ça.

Tuer était l’un de mes hobbys… Je ne pouvais pas vraiment me le cacher. D’ailleurs, je n’en avais pas honte. Mais Sky n’était pas obligé de voir, ni de savoir qui, quand, comment et pourquoi je tuais.

Je la fait remonter un peu afin que sa figure soit à la hauteur de la mienne. Je posai mon front contre le sien, doucement. Je caressai doucement son flanc cherchant à calmer ses tremblements.

-Et pour ce qui est arrivé aujourd’hui… Personne ne le saura, bébé. Personne ne regrettera Mark. Alors, tu n’as rien à craindre. Ni pour toi. Ni pour moi. Tu me fais confiance, bébé ?

Je continuai mes caresse mon front contre le sien ce qui faisait qu’à cette distance, nos souffle se mélangeaient presque.

@ Billy Lighter

Ça me paru une éternité.

Lutter contre ce trou noir qui m’aspirait toute entière, là que j’étais coincée dans ma tête, incapable de bouger, de penser, de respirer. Tout mon corps était crispé, j’étais là, sans être là, quand Ward me rejoignit, je ne sais comment, je ne sais où.

Je pleurais pourtant, et je criais de toutes mes forces mais rien ne se passait. Tout était aspiré par ce trou noir, je me sentais même doucement lâcher prise et glisser vers lui. Ce ne fut qu’au dernier instant, là où je pensais que ça y était, que je venais de sombrer complètement dans l’obscurité de mon cerveau que je parvenu à m’agripper à mon dernier espoir.

La main de Ward, sur la mienne.

Je luttais à nouveau, il le fallait !  En commençant par mes doigts et mes orteils puis mes mains et mes pieds, mes bras et enfin mes jambes.

Oui, ça dura une éternité !

Mais je fini par être capable de me retourner et prendre une première inspiration qui sembla m’écorcher la gorge et je lui confiais, quand je pu parler, que je me croyais perdue, que je ne savais plus où j’étais, ça pouvait sembler irréaliste mais je disais la vérité!

La voix de Ward me rassurait, cependant, je ne comprenais rien de ce qu’il me racontait.

’’ Ce que tu as fait aujourd’hui, tu n’auras plus à le refaire, bébé. D’ailleurs, tu n’auras plus jamais à voir ça.’’

Alors je fis simplement oui de la tête, en craignant presque de découvrir ce que j’avais fait aujourd’hui.

Bon sang ! La tête allait m’éclater et il me parlait à demi-mot. Ce devait être mieux ainsi.  Il fallait que ce soit mieux ainsi, autrement, il me le dirait clairement. Où alors, il ne comprenait pas que je ne comprenais rien.

- Personne ne regrettera Mark, répétais-je.

Mon ex.

Il parlait de mon ex que je n’avais pas revu depuis un moment. Quelque chose me disait que je ne devais pas lui demander pourquoi il me parlait de Mark. Ma tête venait de fissurer, la douleur était si vive que  je la placerais volontiers sur le billot pour qu’on me la coupe.

- Je te fais confiance, bébé.

Les yeux fermés !

Jamais je ne douterai de ses dires, de ses actes. Ward voulait mon bien et faisait tout pour me rendre heureuse.  Il était encore là, à me réconforter alors que je… si je pouvais savoir exactement ce qui m’arrivais, ce serait tellement plus simple !

- Je crois que je me suis assoupie et que j’ai fait un cauchemar…

@ Billy Lighter

Sky était dans un état second et il lui fallait beaucoup de temps avant de réussi à se retourner vers moi. Je me doutais que le meurtre de ce soir y était pour quelque chose. Je n’étais pas stupide. Et ma seule tactique était de montrer à Sky que ce qu’on avait fait été une chose à faire. Que Mark ne manquera à personne et, surtout, qu’elle n’aura plus jamais à faire ça de sa vie.

Parce que mon but n’était pas qu’elle soit comme moi. Non, je voulais qu’elle reste comme elle était mais qu’elle m’accepte moi comme elle le faisait jusqu’ici.

Elle confirma que personne ne regretta Mark. Ou elle répétait simplement ma phrase, je ne savais pas très bien. Elle semblait toujours complètement à côté de la plaque. Comme si son cerveau avait disjoncté et qu’il prenait du temps à se remettre en route. Ce genre de chose ne m’était jamais arrivé. Même mes pires souvenirs étaient toujours gravés dans ma tête. Il n’y en avait qu’un seul qui était flou. Un sur des milliers.

Je disais à Sky de me faire confiance. Que si elle me faisait confiance, tout irait bien.

Elle disait me faire confiance mais gardait toujours les yeux fermés. Mais elle ne posa aucune question sur ce qu’il venait de se passer. Aucune. Comme si elle ne voulait pas y revenir de peur de craquer à nouveau.

Et elle déclara s’être assoupie et avoir fait un cauchemar. Je me tus quelques secondes. Je ne savais pas si, effectivement, elle avait fait un cauchemar ou bien si elle considérait ce qu’elle avait vu comme un cauchemar refusant, du coup, de voir ça comme la réalité.

Je ne savais pas… Et je savais que ne pas savoir pouvait me conduire à faire un bon nombre d’erreurs.

Et je ne pouvais plus faire d’erreur.

Je continuai de la caresser.

-Tout va bien, maintenant. Le cauchemar est terminé, bébé.

Je l’embrassai doucement et longtemps avant de briser le baiser une fois à bout de souffle.

-Je t’aime. Et si tu veux me raconter ton cauchemar pour aller mieux, tu peux.

Parce que je voulais savoir de quoi elle avait rêvé.

-Il sera mieux hors de ta tête que dedans. Dis-moi tout, bébé.

Je la caressai toujours mon regard essayant de trouver le sien.

@ Billy Lighter

Je me sentais mieux là que Ward me tenais contre lui et que le trou noir s’était dissipé, seulement, rien ne garantissait qu’il ne reviendrait pas, quand je m’y attendrais le moins, et m’aspirerait.  

Mon corps tout entier faisait mal, comme si j’avais  roulé sous un rouleau compresseur. Bon, je n’ai jamais tenté l’expérience mais je suis certaine que ça fait mal à ce point, voir pire encore parce que, tout compte fait, on ne doit pas survivre à ça… Bref c’est une façon de parler, pour imager que mon corps me fait vraiment très mal alors que, je n’ai rien fait pour que ce soit le cas.

Je m’accroche à la présence de mon mari, à la douceur de sa voix, le doux réconfort que d’avoir mon corps contre le sien me procure.  

Tout ça n’était qu’un cauchemar.  

Rien de plus.

- Oui, c’est terminé.  Tu es là, et tout va bien, maintenant.

Ward m’embrassa. Un long baiser amoureux, tendre mais passionné. J’aurais voulu que ce baiser ne connaisse jamais de fin. Puis je posais mon front contre le sien alors qu’il me demandait si je voulais bien lui raconter mon cauchemar.

Il me fallu quelques secondes, minutes, peut-être, pour recentrer mes pensées. Je ne savais pas vraiment comment le lui raconter car je ne savais pas très bien me l’expliquer.  J’avais peur qu’il me croit complètement folle.

Je l’étais peut-être.

- J’en sais rien… Je me suis retrouvé… comme prisonnière de ma tête et il y avait ce truc immense, tout noir et infini il voulait m’aspirer. Je me sentais faible mais je luttais puis, je me suis rendue compte que… non rien… tu vas dire que je suis folle, ça sert à rien, bébé.

Valait mieux que je me taise.

Mais Ward disait que mon rêve serait mieux hors de ma tête que dedans…

Il n’avait pas tord.

- Je me suis rendue compte que j’étais prisonnière de ma propre tête, que le trou noir n’était pas que dedans mais dehors aussi et je ne savais plus comment sortir de là. Puis j’ai entendu ta voix et j’ai trouvé la lumière qui m’a guidée et… j’ai émergée, tout bêtement, tout simplement.

Je m’attendais à ce qu’il s’esclaffe mais il n’en fit rien. Et s’il se moquait de moi, il ne laissait rien transparaitre de toute manière mon mari était l’homme le moins expressifs que je connaisse, quoi que je n’en connaisse pas tant que ça.

- Tu sais, ce n’est pas la première fois que je fais ce genre de rêve et chaque fois,  je ne me souviens absolument pas de ce que j’ai fait juste avant.

Comme si j’avais prit une cuite d’enfer et que l’alcool avait effacé un bout de ma mémoire sauf que non, je ne buvais pas, que rarement, et jamais beaucoup car je supportais très mal les effets de l’alcool puis, en ce moment je suis enceinte, alors je sais que je n’ai pas bu.

- Tu crois que je suis folle ? C’est peut-être un trouble neurologique ou je ne sais pas… Sœur Ana disait que le démon effaçait ses traces… elle était plus folle que moi, c’est clair !

Je pris quelques respirations puis plaçais ma main sur mon ventre quand ce dernier gronda. Je n’avais aucune idée de quelle heure il était mais visiblement, j’avais très faim !

- J’ai faim ! On se commande un truc qu’on mange devant un film, ça te dis ?

@ Billy Lighter

Oui, tout allait bien. C’est l’idée à laquelle je voulais qu’elle s’accroche même si j’avais du mal à comprendre ce qui arrivait à Sky. Elle qui avait l’air tellement en confiance juste avant que je ne parte cacher ce qu’il restait de Mark, je l’avais retrouvé, en revenant, toute recroquevillée sur elle-même.

Mais elle émergeait. Lentement mais sûrement. Et je l’embrassai comme pour lui donner un coup de booste. Un baiser auquel elle s’accrocha presque de la même façon qu’elle s’accrochait à moi. Comme si, sans moi, elle allait sombrer dans la folie ou quelque chose dans ce genre. Elle était comme au bord de la rupture…

Alors, j’essayai de la pousser à parler dans le seul but de comprendre et de pouvoir agir en conséquence pour éviter de la perdre. Parce que je ne voulais pas la perdre pour un coup de sang. Parce que ce que j’avais fait à Mark, c’était un coup de sang. Quand je tuais dans les appartements où j’habitais, c’était toujours signe que je dérapai. Parce que, d’habitue, j’étais plus minutieux et plus méthodique. Sans ça, ça ferait longtemps que j’aurais rejoint Thomas Fleming en prison.

Et, après quelques minutes qui me parurent des heures, Sky se mit à parler. Elle parlait de sa tête dont elle était restée prisonnière. D’un trou noir. Et elle s’arrêta disant que j’allais la prendre pour une folle. Je caressai sa joue.

-Non, bébé. Jamais je ne penserais ça de toi.

Pour moi, personne n’était dingue. Personne. La folie, ça n’existe pas. C’est juste une question de point de vue.

Et pour un bon nombre de gens… C’est moi le cinglé. Mais ce n’est qu’un point de vue. Un point de vue que je ne partageais pas pour la simple et bonne raison que je sais parfaitement ce que je fais et pourquoi je le fais. Etre dingue, ce n’est pas ça.

Sky continua de m’expliquer ce qu’elle avait ressenti. Elle parla du trou noir et de la lumière qu’elle avait retrouvée grâce à moi. Mes doigts parcouraient, toujours, doucement sa joue. Je ne dis rien essayant de comprendre ce qui lui était arrivé…

Avant de comprendre quand elle déclara que chaque fois que ça lui arrivait et que, comme à chaque fois, elle ne se rappelait pas ce qu’elle avait fait avant. Et je compris, à cet instant, que son cerveau avait simplement effacé ce qu’on avait fait. Pas tout du début, bien sûr… Mais ce qu’on avait fait ce soir. Le cerveau était doué pour effacé les traumatismes. Je savais tout ça. Et c’est ce qui était arrivé à Sky. Son cerveau avait effacé ce qu’on avait fait à Mark parce que c’était trop dur à encaisser…

Je ne savais pas quoi dire… Ni quoi faire, en réalité. Montrer ce que je pouvais faire à Sky avait été comme libérateur… Surtout de voir qu’elle ne me jugeait pas pour ça. Mais là… Tout ce que je lui avais révélé malgré moi s’était envolé parce qu’elle venait de tout oublier… Probablement parce que son cerveau n’a pas encaissé la vérité.

Si je lui expliquais ce qu’il s’était passé, je ne pouvais pas être sûr de la façon dont elle réagira… Alors, j’optai pour la solution de facilité. Faire comme s’il ne s’était rien passé.

-Sœur Ana a, en effet, quelques petits problèmes. Mais pas toi, Sky… Peut-être que c’est la fatigue qui provoque ce genre de trou noir et ces petites pertes de mémoires. Le déménagement t’a tellement fatigué que tu t’es endormie dans le fauteuil. Je t’ai amené ici. Je suis sûr que ce n’est rien. Et tu pourras toujours compter sur moi pour t’en tirer de ce trou noir, bébé.

Voilà, c’est ce chemin là que j’avais choisi. La solution de facilité.

C’est le ventre de Sky qui nous fit changer de conversation vu que, maintenant, elle avait faim. J’esquissai un sourire.

-J’ai déjà commandé les pizzas pendant que tu dormais. Elles sont à la cuisine. Il faudra juste les réchauffer. Mais ouais, un film. Ça me va.

Je ne savais pas l’heure qu’il était… On devait être en pleine nuit. De toute façon, j’avais l’habitude des nuits blanches.

Je suivis Sky à la cuisine. On réchauffa les trois pizzas avant de se mettre devant un film.

-Tu voulais trois pizzas… Je ne sais pas comment on va manger tout ça, mais il parait que tu en es capable. C’est ce que tu as dit…

Je ne savais pas où elle foutait toute cette bouffe dans un si petit corps alors qu’avec une pizza, j’avais assez alors que je faisais au moins vingt centimètres de plus qu’elle…

Je souris jetant un œil vers Sky.

-Après le film, faudra qu’on fête notre déménagement, bébé.

Et elle comme moi, on savait parfaitement comment fêter les choses.

@ Billy Lighter

Ce que je raconte n’a aucune logique, je le sais, mais je dis pourtant la vérité.  Je me sentais réellement prisonnière de ma tête et il y avait cet immense trou noir qui tentait de m’aspirer, en commençant par me retirer toute mes énergies, tout ce qu’il y avait de bon et d’apaisant en moi.  Et puis ce n’est pas facile non plus de verbaliser ce que j’ai vécu sans craindre que mon mari ne me croie complètement folle et ne décide de m’interner, pour mon bien, c’est toujours pour le bien mais ça fait toujours plus de mal que de bien.

Je souris doucement, rassurée que malgré tout ce que je viens de lui dire, Ward ne me croie pas folle. Il est si merveilleux comme homme. Tours là pour prendre soin de moi, me rassurer, me réconforter.  Pour le coup, je me sens un peu stupide d’avoir crains sa réaction.  Je continuai donc à lui raconter ce qui me semblait être un cauchemar éveillé, pire que ça même, si je pouvais trouver un mot assez fort pour pouvoir décrire la peur que j’ai ressentis en étant complètement coincée, incapable de bouger, de parler, et même, de penser.

Tout ça est dernière moi maintenant, en espérant ne jamais revivre une telle chose.

Je suis si bien, blottis contre le corps chaud de mon mari, c’est comme s’il me ramenait à la vie, qu’il avait le pouvoir de me réchauffer, de faire renaître l’apaisement, le bonheur en moi. Avec lui, je pouvais vivre et vaincre n’importe quoi.

Il me fit rire, malgré ma tête qui faisait encore très mal et l’effet d’étourdissement, avec son opinion sur Sœur Ana. Il n’avait pas tord en disant que tout ce que nous vivions ces derniers temps avaient fort probablement provoqué une grosse charge de fatigue et que, forcément, je venais qu’à en perdre un peu des bouts. Ça ne faisait pas de moi une folle, juste que j’étais épuisée et, qui plus est, je suis entrain de bâtir un humain ! Ce n’est pas rien ! Ça demain beaucoup d’énergie !

D’ailleurs, mon ventre gronda, signe que j’étais affamé, que nous étions affamés, en fait. Le bébé et moi mourrions de faim ! Si je ne m’étais pas endormie dans le fauteuil du salon et que Ward ne m’avait pas installé dans notre lit, j’aurais probablement mangé mais faut croire que le besoin de dormir avait été plus fort que celui de me nourrir.

- Oh ! Oui ! Je me souviens ! Nous avions parlé de pizzas… c’est pas moi qui les aies commandées ?

Au fond, ça n’avait aucune importance, tant qu’il y avait de quoi se mettre sous la dent ! J’embrassais Ward avant de me glisser hors du lit et de me diriger à la cuisine et m’installais à la table, les pieds sur ma chaises et mes genoux  que je serrais contre ma poitrine et je le regardais réchauffer nos pizzas. Nous cuisinions quasiment jamais, parce que nous mangions presque toujours que des céréales ou alors, nous commandions des pizzas, parfois des mets chinois ou des burgers et des frites.  Je n’avais aucune idée de comment il fallait faire pour allumer à cuisinière.  

- Nous pourrons manger ce qui restera, demain mais n’oubli pas que je mange pour deux ! Le bébé aussi veut de la pizza !

’enfournais une immense bouchée de pizza après avoir dis ça. C’était si bon, le goût de la sauce aux tomates et du fromage fondu, mes papilles gustatives dansaient  la Cucaracha ! Je fis un véritable carnage de ma première pizza et entamais plutôt bien la seconde avant de déclarer forfait et d’avoir envie d’aller m’allonger sur le divan, ma tête sur les cuisses de Ward, pendant que nous visionnerions un classique de l’horreur.  Je crois que j’étais à ce point pleine que je serais incapable de me lever à tout bout de champ pour mettre sur pause pour commenter. J’allais simplement visionner le film et peut-être m’endormir là ou alors…

- Ou alors on remet le film à demain et on va directement au lit pour souligner la fin de notre déménagement, tu en penses quoi ?

Ce n’était pas plus mal de passer directement à l’action, même si je me sentais hyper lourde et nauséeuse. Ward saura comment me faire me sentir mieux.

@ Billy Lighter