Ça fou la trouille quand on est malade et que même la médecine ne sait pas exactement comment soigner ce que tu as.

Elizabeth Spencer avait pris tout de suite très au sérieux mes symptômes et m’avait fait passer des tests, des prises de sang et culture bactérienne en plus de me poser pleins de questions sur mes habitudes de vie. C’était étourdissant et un peu effrayant même pour une fille comme moi qui ne s’en fait jamais avec grand-chose.

- Est-ce que je vais mourir ?

C’est la première question que j’avais posé, quand Elizabeth m’avait reçue pour une seconde consultation et qu’elle m’avait regardé avec compassion et douceur. Elle avait placé ses mains en prières et elle avait baisser ensuite le regard sur ses mains. J’avais compris avant même qu’elle n’ouvre la bouche que mon état était bien plus grave que tout ce que j’avais pu imaginer.

Puis j’avais ris, malgré mes yeux embrumés et mon menton flageolant.

- J’ai toujours dit que je ne me rendrais pas à trente ans ! Et puis… Hey ! On meurt tous un jour hein ! C’est bien la seule justice sur cette putain de planète !

Les riches.

Les pauvres.

Les pieux.

Les fils de pute.

Tout le monde finissait pas y passer un jour où l’autre, l’âge n’était d’un coup du sort. Malgré tout, Lizzie voulu se faire rassurante en disant que j’avais encore quelques belles années devant moi, que je pourrais passer la trentaine et qu’avec un traitement qu’elle qualifia d’expérimentale, je pourrais vivre avec un certaine qualité de vie.

C’était beau de voir qu’elle entretenait de l’espoir pour moi mais c’était son rôle, quand même, non ? J’avais beaucoup d’informations à encaisser pour commencer à penser au cocktail de médicaments que j’allais devoir avaler jusqu’à la fin de mes jours. Et toutes les restrictions que j’allais devoir observer. Et de toujours vivre sur les freins.

Fini l’amour libre !  

Fini le vent dans les voiles !

- C’est quand même long comme nom, ton machin virus. Immunodéficience acquise. C’est même pire encore que ce qu’a Howard !

Fallait bien en rire un petit peu.

J’avais quitté le bureau du médecin en lui faisant promettre, quand bien même elle m’avait assuré des dizaines de fois qu’elle était tenue au secret professionnel, de ne rien dire à personne sur mon état. Ça ne regardait que moi, pas vrai ? Et je ne voulais pas qu’on me regarde et qu’on ne voit que l’ombre de la mort derrière moi. S’il ne me restait qu’une poignée d’année à vivre, je voulais les vivres à fond, avoir du plaisir avec mes amis, faire de la musique en parcourant le monde. Je voulais sentir l’herbe sous mes pieds et voir le soleil se lever et se coucher et compter les étoiles en dansant au rythme des tam-tams sur le sable chaud de Malibu.

J'avais emprunté à gauche et à droite, un peu d'argent, assez pour pouvoir m'étouridir assez longtemps puis m’étais acheter plusieurs bouteilles de tequila et j’étais allée trainer dans l’Eastside, acheter de la coke à une petite blondinette. Et mon errance avait durée une longue semaine.

Une semaine à rempiler l’alcool et la drogue, à vivre dans le dénie un instant et à pleurer toutes les larmes de mon corps l’instant suivant. Une semaine à entrer en des colères incontrôlables puis à méditer sur le sens de ma vie en me disant qu’à mon âge, malgré ce que je croyais, je n’avais pas vécu tant que ça.

Je n’avais pas d’enfant.

Est-ce que je devais faire un testament ?

Je devrais me marier à Las Vegas et divorcer ensuite et cocher ça de ma liste !

Mais avant tout, quand j’aurais cuvé, je devrais faire mon walk of shame et aller trouver Cash et lui dire qu’il se pourrait qu’à cause de moi, il soit plus près de la fin de son livre qu’il ne le croit.

@ Billy Lighter