Au début de ma grossesse, je me posais tous pleins de questions sans savoir y répondre. C’était plus fort que moi, dès que je lisais quelque chose sur la maternité, je me retrouvais confronté à mes propres idéaux, je me sentais presque forcée de revoir ma façon de penser et d’agir parce que j’étais enceinte. Comme si de porter un enfant me faisait avoir une dette envers l’humanité alors qu’en fait, je ne devais rien à personne sauf à ce petit être qui allait bouleverser le sens même de ma propre vie et de ma relation avec Evan.

Déjà quand nous devions décorer la chambre, je refusais que ma fille se définisse par une palette de couleur. Pourquoi fallait-il que les petites filles baignent dans le rose et les petits garçons dans le bleu ? En faisant les boutique avec Jess, je m’étais rendu compte que le choix de tenues pour les filles étaient beaucoup plus vaste pour les filles que pour les garçons mais tout était rose ou recouvert de dentelles, de boucles et de paillettes.

La chance qu’avait Billie Blue était d’avoir des parents qui ne cadraient pas forcément dans un moule et qui ne voulaient pas non plus que leurs enfants se plient aux exigences de la société pour bien paraître. Evan avait tout de suite aimé le prénom que j’avais choisis et nous avions opté pour du bleu et du vert pour la chambre de notre fille, un gros pied de nez aux conventions pré établies auxquelles je ne voulaient pas m’identifier.

Maintenant que Billie Blue était née, je tenais encore plus à ce qu’elle mène ses propres batailles, qu’elle repousse les barrières et qu’elle vive une vie qui lui plairait, à son image et qu’elle soit certaine et que son père et moi la soutiendrions quoi qu’elle désire faire.

Ce qui avait changé depuis sa naissance, c’était moi.

Je voulais faire à tout prix que l’allaitement fonctionne, on m’avait dit que c’était ce qu’il y avait de mieux pour le bébé. En la nourrissant au sein, je lui passais des anticorps et je lui permettais de développer un plus fort système immunitaire. C’était tellement simple à suivre, selon le livre qu’on m’avait remis à la maternité. L’infirmière l’avait appelé la bible des nouvelles mamans en me disant que là-dedans, je trouverais fort probablement toutes les réponses à toutes les questions que je pourrais avoir.

Moi, je l’avais sérieusement et sincèrement crus !  

À deux heures du matin, dans ma chaise berçante, essayant d’allaiter ma fille qui ne semblait jamais être rassasiée, je ne trouvais pas de réponse à ce que je ne faisais pas de correct. Pourtant, j’avais de grosses montées de lait ! Mes seins n’entraient plus dans aucun de mes vêtements, même dans les t-shirt d’Evan, j’étais à l’étroit au niveau du buste. Je parvenais à tirer suffisamment de lait manuellement pour qu’elle puisse boire au biberon mais au sein, ça ne fonctionnait pas pourtant, il fallait bien qu’il y ait une façon de faire parce que je ne parvenais pas à pomper assez de lait pour me sentir soulager et ma fille avait faim !

- Mais… Qu’est-ce que…  La méthode du ballon de football mon cul ! Oh, pardon Billie, n’écoute pas ce que maman dit.

Le livre suggérait des positions pour placer le bébé afin qu’il puisse boire adéquatement et j’en avais essayé quelques-unes mais celle du ballon de football dépassait mon imagination. Je n’allais pas courir cinquante verges avec mon bébé coincé sous le bras pour un touchdown ! Il y avait forcément quelque chose que je ne faisais pas correctement, je n’entrais pas dans le moule de la maman qui assurait sur tout pour que sa fille ne manque de rien et ça m’irritait ! Même que pire que de m’irriter, ça me blessait. Sans m’en rendre compte, toute la pression que je ne voulait pas voir reposer sur les épaules de ma fille en grandissant, je me l’imposais pour que sois la meilleure mère pour l’aider à bien grandir.

@ Billy Lighter

J’avais eu un peu de mal à m’endormir quand on s’était mis au lit, Sydney et moi, après avoir fait l’amour tant que Billie Blue était plongée dans un profond sommeil dans sa petite chambre. Epuisée, Syd n’avait pas tardé à suivre. Mais moi, je cogitais.

En effet, pendant qu’on soupait, on avait écouté l’émission de Jake Snyder… C’était une interview d’Howard Stone. Howard qui, pour la deuxième fois, s’acharnait sur Jimmy Reed… Il avait insinué plein de trucs qui dépassaient l’entendement. Certes, Reed n’était pas vraiment le gars que j’inviterais à un barbecue chez moi. Mais de là à faire tabasser des gens ? A être un psychopathe ?

Finalement, j’avais enlevé mes appareils auditifs et m’étais endormi en me disant que j’en toucherais un peu deux mots à Daniele. Si quelqu’un devait savoir quelque chose sur Jimmy Reed, c’était lui.

Juste après la naissance de Billie Blue, j’avais essayé de garder mes appareils auditifs pour dormir, afin de l’entendre si elle pleurait et pour pouvoir peut-être lui donner un biberon de lait tiré de sa mère. Mais j’avais vite abandonné l’idée… Déjà parce que je perdais mes prothèses dans le lit en dormant et que j’avais peur de les abîmer. Et ensuite parce que Syd voulait absolument arriver à lui donner le sein.

Mais elle n’y arrivait pas très fort et je voyais bien que ça la minait. Elle lisait un tas de bouquins, elle tournait parfois en rond pendant une heure avec Billie Blue fâchée de ne rien obtenir comme lait même quand elle tirait sur le mamelon gonflé…

Du coup, ce n’était agréable pour aucune d’entre elles parce que à force d’avoir de la bave de bébé au bout des seins, ceux-ci étaient irrité et ça devait être hyper douloureux.

Soudain, en pleine nuit, je fus réveillé par l’absence de la chaleur du corps de Sydney dans le lit… Je clignai des yeux dans l’obscurité avant d’allumer la lampe de chevet et de remettre mes prothèses juste pour entendre Syd râler sur le football et le cul depuis la chambre de Billie Blue.

Je me levai, enfilai mon boxer qui trainait à terre et allai jusqu’à la chambre de notre fille… Je frappai même vaguement à la porte avant de les voir toutes les deux, dans la berçante, Billie Blue grognant de frustration et Sydney, les traits tirés, soucieuse.

-Hey… Mes amours… ça va aller.

Je vins embrasser Syd et passer une main légère sur la petite tête de ma fille. Puis, je passai derrière le berçante et me mis à masser les épaules et la base de la nuque de Syd.

-Ça ne marche pas ?

Je déposai un baiser dans son cou et lui murmurai doucement à l’oreille.

-Tu te mets trop la pression, je suis sûr que c’est ça qui te bloque… Laisse-toi aller. Tu es une bonne mère… Détends-toi.

Je haussai les épaules.

-Et au pire, il n’y a aucun mal à tirer ton lait puis à le lui donner au biberon… Mais je ne veux pas que tu t’inquiètes pour ça.

@ Billy Lighter

Il n’était pas question d’acharnement mais d’entêtement. Je ne comprenais pas pourquoi une chose si simple et à la base même de la maternité pouvait me donner autant de fil à retordre. Je désirais vraiment allaiter mon bébé pour la proximité de la chose, pour la douceur du moment et parce que je ne sentais pas que ma fille pouvait se sentir réconfortée en tétant une bouteille en verre plutôt que le sein de sa mère !

J’étais donc en situation d’échec et complètement démoralisée mais je persistais parce que je me disais qu’il ne suffisait que d’une fois pour que Billie et moi trouvions la bonne façon de fonctionner. Tellement de femmes allaitaient leurs bébés, pourquoi je ne pourrais pas le faire ?

La fatigue devenait de plus en plus présente tout comme la douleur aux mamelons qui à force, gerçaient et fendaient. Mais mes seins étaient gorgés de lait, ça devait bien sortir d’une façon ou d’une autre ! J’avais appliqué des feuilles de choux pour diminuer la douleur et la sensation de chaleur qui émanait de mes seins. Si ça fonctionnait, ça n’aidait pas à ce que ma fille boive suffisamment pour être rassasiée. Je massais aussi mes seins après avoir déposer des serviettes chaudes dessus. J’avais lu que ça aidait la lactation à se faire.

Rien ne fonctionnait à l’exception du tire-lait manuel qu’Evan était allé me chercher pour m’aider à soulager un peu ma poitrine pleine de lait. J’avais bien fait quelques réserves, de toute façon ça finissait toujours par un biberon parce que sinon, Billie Blue pleurerait à fendre l’âme, affamée qu’elle serait.

Il y avait aussi cette pression sociale qui me poussait à persister, comme si le fait de ne pas allaiter m’enlevait des gallons de bonne maman attentionnée. Je ne voulais que le mieux pour ma fille et le mieux était écrit noir sur blanc dans ce putain de livre, la bible des nouvelles mamans, l’allaitement était ce qu’il y avait de mieux pour nourrir son bébé.

Evan entra dans la chambre de notre fille alors que je relevais la tête pour reprendre mon souffle, exténuée d’échouer. Il disait que ça irait et je voulais bien le croire, quelque chose allait se produire et tout finirait par fonctionner. Il suffisait d’essayer et surtout de ne pas abandonner.

J’avais l’amoureux le plus attentionné du monde qui ne perdait pas patience et cherchait les bons mots pour m’encourager. Je savais qu’il avait raison, que la pression que je m’imposais n’aidait en rien.

- Je sais mais…

Et il disait vrai aussi sur le fait de tirer mon lait. Billie Blue en bénéficierait tout de même des bienfaits et je serais mo ins stressée, plus reposée. Ça représentait tout de même à mes yeux un échec ou tout du moins, un abandon.

- Je devrais faire ça, oui. Tu veux bien la prendre pendant que je lui remplis une bouteille ?

Je devais me résigner, au moins pour l’instant parce que sinon, elle allait se mettre à pleurer tellement elle aurait faim et la dernière chose que je voulais, c’était bien de l’affamer parce que je voulais absolument réussir. Alors, quand j’eu terminé avec le tire lait et que Billie, confortablement installée dans les bras de son père pu s’en délecter de ses premières tétées, je sentie l’émotions s’emparer de moi. J’étais trop fatiguée pour réfléchir correctement.

- Pourquoi j’y arrive pas ? Ça fonctionnait tout seul à l’hôpital. Et maintenant que nous sommes à la maison, j n’y arrive plus. Je ne comprends pas ce que je fais de pas bien.

@ Billy Lighter

Je massais doucement les épaules et la nuque de Syd. Je la sentais tendue sous mes doigts. J’essayais de lui expliquer de se détendre. De ne pas se mettre la pression… Je savais qu’elle voulait vivre ce que bien des mamans vivaient… Qu’elle avait peur que si elle n’allaitait pas, elle ne développerait pas un lien profond avec sa fille.

Je ne pensais pas que ce serait le cas. Alors j’essayais de la rassurer, de lui dire qu’il n’y avait rien de mal à nourrir Billie Blue au biberon, d’autant que ce serait quand même son lait, avec tous les nutriments dedans, qu’elle lui donnerait à boire.  

Bon… Après, je voulais bien comprendre que tirer son lait avec l’autre machine de l’enfer que j’avais été lui chercher à la pharmacie, c’était pas très agréable. Enfin, ça avait pas l’air… Mais avoir les mamelons tous gercés et craquelés à force de faire tirer le bébé dans le vide devait aussi faire mal à crever…

Sans y penser, je passai une main sur mon propre torse, comme si je pouvais ressentir la douleur de Syd.

Finalement, elle se résigna alors que Billie Blue commençait vraiment à en avoir marre de ne rien obtenir comme lait. Du coup, Syd se leva de la berçante et Bille Blue passa de ses bras aux miens.

-Ouais, je vais la tenir, prends ton temps…

Je glissai doucement le bout de mon index dans la bouche du bébé qui se mit à sucer de toutes ses forces. Elle avait vraiment faim.

-Hey Billie Blue… C’est papa… Maman va te donner du bon lait… C’est qui le plus beau bébé du monde ? C’est toi ? Oh ouais c’est toi…$

Syd tira son lait dans la chambre alors que je m’installais un peu sur la berçante, nous balançant Billie Blue et moi. Je souris à ma chère et tendre.

-Elle a ta bouche…

Billie Blue ressemblait encore à un bébé et juste à un bébé pour l’instant, mais de jour en jour, j’avais l’impression que ses traits se dessinaient plus finement. Elle allait devenir un parfait mélange de nous deux, je pensais.

Mais Syd me tira de mes pensées en revenant vers nous en vissant la tétine sur le biberon. Je me levai et lui rendit Billie Blue qui eut enfin droit à sa pitance et s’en délecta en tétant très fort.

Syd, elle, me regarda d’un air inquiet et je m’accroupis près de la berçante pour lui caresser les jambes, mais c’était ses yeux bleus que je regardais dans la pénombre de la chambre d’enfant.

Elle se demandait pourquoi ça ne marchait pas alors qu’à l’hôpital, ça allait.

-Je ne sais pas… Comme je te dis, ce que je pense moi, c’est que tu te mets trop la pression parce que tu veux trop bien faire.

Je haussai les épaules.

-Un peu comme ces femmes qui n’arrivent pas à tomber enceinte tellement elles veulent y arriver et que quand elles ont trouvé un plan B pour avoir un enfant, pouf ! elles tombent enceinte. Tu vois ce que je veux dire ?

Je la gratifiai d’un sourire.

-Tu devrais continuer à essayer, mais sans t’entêter… Essayer, quand tu veux allaiter, de te vider de toutes tes pensées… Je ne sais pas moi… Tu as déjà essayé en écoutant de la musique ? Ça pourrait te détendre…

J’embrassai son genou.

-D’un autre côté, il y a un avantage au biberon : c’est que moi aussi je peux lui donner.

@ Billy Lighter

Je n’étais pas obsédée par mon échec de l’allaitement au point d’en faire une dépression et de déprimée toute seule dans mon coin mais ça me perturbais tout de même de ne pas comprendre pourquoi cela allait si bien à l’hôpital et que maintenant que nous étions à la maison, que les funérailles du père d’Evan étaient passées, que nous n’avions que ça à faire passer du bon temps en famille mes seins ne collaboraient plus. À moins que ce ne soit Billie Blue qui n’arrivait pas à bien se connecter ? J’avais beau faire et refaire comme on me l’avait enseigné à la maternité, le lait ne sortait pas suffisamment pour contenter mon bébé et même en me fiant à ce qui était mentionné dans la Sainte Bible des nouvelles mamans, c’était toujours insuffisant.

Je devais me résigner à pomper mon lait avec le tire-lait qu’était allé me chercher Evan, cette détestable machine qui au moindre petit coup de pompe me succionnait l’équivalent d’une grosse gorgée de lait. Je cois que c’était là que ma déception faisait le plus mal, le fait que ce soit si facile pour une machine et qu’avec ma fille, cela ne fonctionnait pas. Car au fond, l’important était que Billie Blue puisse se nourrir de mon lait et c’est ce qu’elle avait.

Résignée pour cette nuit, je passais la petite à son père le temps d’aller remplir un biberon. Il fallait la nourrir bien en priorité.  Evan ne se lassait pas d’admirer notre parfaite petite création et s’extasiait chaque fois. Cette nuit, il trouvait qu’elle avait ma bouche.

- Moi je trouve qu’elle a tes yeux.

Il ne me fallut pas longtemps pour remplir le fichu biberon alors quand ce fut fait, je repris ma place dans la berçante et ma fille dans mes bras et elle téta goulûment son repas nocturne. J’aurais tant aimé comprendre pourquoi, qu’est-ce que je ne faisais pas comme il le fallait ?

Pour Evan, je me mettais trop de pression et il avait forcément raison. Je devrais simplement me mettre à tirer mon lait et remplir des biberons car il y avait aussi de bons côtés à le faire. Evan pourrait donner son boire quelques fois la nuit et moi je pourrais dormir pour mieux faire mes journées, plutôt que d’être tous les deux réveillés. C’était contreproductif que d’être tous les deux épuisés.

- Oui, je comprends très bien ce que tu me dis. Et je sais que tu as sans aucun doute raison. On dirait que c’est surtout que j’ai peur sans savoir de quoi j’ai réellement peur.

Evan me suggéra de continuer d’essayer mais en ayant la tête libre de parasites et pourquoi pas essayer avec de la musique. Il m’embrassa le genou et je lui caressais les cheveux en riant doucement.

- Tu pourrais chanter pour moi quand j’allaite et si ça fonctionne, on proposera à Daniele que tu endisque un spécial pour les femmes qui allaitent.

J’étais certaine que ça se vendrait vraiment très bien mais j’imaginais la tête que ferait le manager de mon amoureux s’il lui proposait ce genre de projet. J’essayais de ne pas rire pour ne pas déranger Billie Blue qui avait une belle descente de la bouteille.

- J’y songeais aussi à ça. Au fait qu’en tirant m on lait, tu pouvais le donner. Je pense que je vais commencer à me faire des biberons d’avance et on verra comment ça se passe dans les prochains jours. Mes seins auront un peu guérit aussi… Ça ne peut qu’aider !

@ Billy Lighter

Syd était très très stressé à propos de son allaitement. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle tirait la tronche ou qu’elle était déprimée… Non, elle gardait toujours un beau sourire sur les lèvres et la maternité lui donnait de belles couleurs. Ce n’était que quand venait le temps de nourrir Billie Blue que l’angoisse reprenait le dessus.

Quand elle abandonna pour tirer son lait à la machine, elle me passa la petite qui me regarda avec de grands yeux, la bouche ouverte… Ses traits se dessinaient doucement et je trouvais qu’elle avait la bouche pulpeuse de Sydney. Elle, trouvait qu’elle avait mes yeux et ça me fit sourire.

-Tu seras aussi belle que Jess, Billie Blue.

Pendant qu’elle tirait son lait, je lui expliquai ma théorie comme quoi elle se mettait trop de pression et que c’était probablement ça qui bloquait le lait. Elle disait avoir peur sans savoir de quoi.

-Devenir parent, c’est effrayant… J’avais beau être complètement déchiré à la naissance de Jess, ça m’avait quand même foutu un bon coup d’angoisse… Puis avec le temps, ça est passé…

Bon… j’avais été un père absent dès le début alors, je savais pas si mon avis comptait vraiment. Quand je n’étais pas en tournée, j’étais bourré et Jess était encore très jeune quand je m’étais reclus dans l’Eastside et à ce moment-là, c’était Barbara qui avait la garde totale.

Je fis la moue à cette pensée…

-Ouais, bon… Peut-être que ma première expérience n’est pas un exemple, tout bien réfléchi.

Je lui embrassai le genou et ronronnai un peu comme Billie Blue qui buvait, quand Syd passa sa main dans mes cheveux. Je lui suggérai d’écouter de la musique quand elle essayait d’allaiter, pour qu’elle se détende…

Et je rigolai quand elle affirma que je n’avais qu’à faire un disque pour les femmes qui allaitent.

-Daniele va faire une crise cardiaque si je fais ça… Déjà que mon dernier album a un peu moins marché que les autres… Mais je tenais vraiment à le faire alors je suis content quand même.

My Tribute To Love était sorti il y avait quelques mois et si Guitar&Pen m’avait fait une belle critique, les gens, eux, s’étaient un peu demandé où était le Sniper qu’ils connaissaient là-dedans.

Syd affirma alors qu’elle allait faire des biberons à l’avance pour que je puisse aussi profiter de moments privilégiés avec ma fille.

Je me redressai et m’étirai, vêtu seulement de mon boxer noir parce que je commençais à avoir des fourmis dans les jambes à force d’être accroupi… Billie Blue, elle, finissait son biberon de lait et quand Syd lui retira la tétine de la bouche, notre bébé sourit de contentement.

Je tendis les bras pour la prendre et la plaçai contre mon épaule.

-Allez, on fait un gros rot… Sans vomir dans le dos de papa, s’il te plait…

Je volai un baiser à Syd…

-On la couche et…

Je la regardai d’un air entendu…

-On retourne au lit ?

@ Billy Lighter

Quand je regardais ma fille, j’y voyais un parfait mélange de son père et moi, comme quoi nous avions bien fait les choses. Puis, comme le prédisait son père, Billie serait aussi belle que sa grande sœur Jess. Cette dernière était devenue une magnifique jeune femme qui faisait retourner les têtes sur son passages. Quand je regardais des photos d’elle toute petite et bébé, je voyais beaucoup de similitude avec Billie. Evan faisait de bien belles filles !

Evan pensait que la pression que je m’imposait vis-à-vis de l’allaitement n’aidait pas au succès de l’expérience. Je savais qu’il avait raison mais quand venait le temps de nourrir ma fille, je voulais et j’espérais tellement pouvoir parvenir à l’allaiter comme c’était le cas à l’hôpital et même aux premiers jours de vie à la maison. Tout se passait merveilleusement bien puis quelque chose à changer.

Ce quelque chose venait de moi. C’était moi qui tenait à performer, à réussir à tout donner ce qu’il y avait de meilleur à ma petite merveille alors qu’à bien y penser, la nourrir avec mon propre lait mais au biberon était tout aussi bien. Il y avait même beaucoup davantage là-dedans, notamment le lien affectif qu’elle développerait encore plus avec son père qui pourrait prendre le relais de temps en temps.

Pendant que je tirais mon lait avec la machine infernal, Evan réfléchissait à comment c’était à la naissance de Jess mais il fini par conclure que sa première expérience de père n’était pas un exemple. Il l’avait eu dure, cette période de sa vie et conservait peut-être des regrets mais l’important, ce que moi j’y voyais, c’était que sa relation actuelle avec sa fille n’en était pas affectée et que si la vie ne pouvait pas effacer les erreurs du passé, elle lui donnait une seconde chance de se reprendre.

- Tu es un papa formidable, tu sais. N’en doute jamais, mon amour !

On échangea nos place la que j’avais de quoi nourrir Billie Blue qui ne se fit pas supplier pour boire son dû. Elle le tenait même entre ses petites mains, comme un réflexe puisque bien sûr, elle n’était pas encore assez forte pour le boire d’elle-même.

Je relativisais sur la situation, faisait du millage sur l’idée de mon amoureux qui proposait que j’allaite en écoutant de la musique. C’était une super idée mais elle serait mieux s’il chantait pour moi, si j’écoutais sa musique à lui et alors, je suggérais qu’il endisque pour les femmes qui allaitent.

- Ce n’est que mon impression mais on dirait que les gens, dernièrement, en ont marre de se faire parler d’amour. Ce qui cartonne c’est le rock, le gros, le lourd. Et pour Daniele, je voudrais être un petit oiseau et voler à sa fenêtre si tu lui annonçais un tel projet !

Il viderait à même le goulot, toute une bouteille de whisky !!

Billie termina son biberon et retourna dans les bras de son père après que j’eu pris la décision de lâcher prise sur l’allaitement, le temps que mes seins guérissent et qu’ensuite, je pourrais essayer de nouveau quand je me sentirai prête. En attendant, Evan allait pouvoir prendre de temps en temps le rôle de nourrisse !

- Vu la vitesse à laquelle elle a but, elle pourrait bien, oui, te vomir tout ça dans le dos !

Mais non, elle fit son rot comme une grande fille et bailla à s’en décrocher la mâchoire, pauvre petite bien repue ! Si l’allaitement ne fonctionnait pas à merveille, mettre notre fille au lit allait comme sur des roulettes. Elle s’endormait facilement d’elle-même et nos nuits n’étaient pas trop difficile jusqu’à présent. Evan l’a placé donc dans son lit à barreaux avec sa petite couverture et n’eu besoin que de tourner un peu la musique de son mobile afin qu’il tourne au-dessus de sa tête et déjà, ses petites yeux commençaient à cligner jusqu’à ce qu’elle ne les fermes jusqu’au matin.

J’enlaçais Evan qui me proposait de retourner au lit et, d’un ton joueur lui demandais :

- Tu es si fatigué ou toi aussi, tu as besoin d’attention pour t’endormir ?

En rigolant tout bas, pour ne pas réveiller Billie Blue, je pris la main d’Evan et l’entrainais dans notre chambre.

@ Billy Lighter