J’avais besoin d’une pause après avoir vu pendant près d’une heure ce foutu Zack McBride dans son studio vide. Enfin, il y avait que lui dedans vu que les autres membres de The Burning Fire ne s’étaient pas pointés. Il en avait marre, le pauvre, mais juridiquement, il n’y avait pas grand-chose à faire. Il n’avait qu’à changé de groupe, le Zack, s’il n’était pas content de celui-ci. Sauf que de quitter le nom « The Burning Fire » risquait de le reconduire tout droit dans l’anonymat.

Et Zack ne voulait pas ça.

En gros, il voulait tout tel l’enfant gâté qu’il était.

Bref… Je l’avais écouté. J’avais fait mine de prendre des notes. Et il m’avait enfin lâché. Ce qui faisait que j’avais pu, enfin, prendre une foutue pause ! Je m’étais rendu à la salle de repos où plusieurs roadies prenaient, eux aussi, une pause. Je vins m’incruster à la table de Kyle Glen et Teddy le Mytho qui semblait bien se marrer tous les deux. On avait commencé à causer de tout et de rien jusqu’à-ce que, je ne sais pas comment, on finit par causer du Canter’s Deli.

-Je ne vous conseille pas d’y aller… Si la bouffe est bonnes, ils engagent réellement n’importe quoi comme serveurs. Quand j’y suis aller, un des serveurs arrêtait pas de me regarder de haut en bas ! Vous imaginez ? Ça serait une serveuse bien foutue, j’en aurais eu rien n’à foutre mais un là… Ça devrait être interdit.

Teddy pouffa de rire mais Kyle semblait assez d’accord avec moi. Et c’est là que Margaret, la femme de ménage, entra dans la pièce armée de son seau et de sa lavette. Margaret n’avait pas le meilleur des visage mais qu’est-ce qu’elle avait un beau cul ! Personne ne pouvait nier ça.

Elle se mit à laver tous les endroit où les roadies ne mangeaient pas et je ne me dérangeait pas de la regarder chaque fois qu’elle s’abaissait un peu. Je devrais sans doute proposer à Donna, la réceptionniste, de prendre une petite pause. En attendant, j’écoutais Teddy le Mytho d’une oreille qui racontait encore une histoire invraisemblable qu’il avait probablement rêvé ou inventé. Il ne s’appelait pas comme ça pour rien, le pauvre, c’était maladif.

Margaret finit par s’approcher de nous et quand elle passa à côté de notre table, je frappai sur son cul lui arrachant un cri de surprise. Teddy arrêta de parler pour se marrer alors que Kyle, lui, éclata de rire. Je ne remarquai pas les roadies un peu plus loin qui avaient une réaction plus mitigée par rapport à mon geste.

Margaret me regarda un peu abasourdie.

-Ça va pas, Victor ?!

Oh ! Elle se rebelle on dirait.

-C’était tentant.

C’est ce que j’dis en pouffant de rire. Elle fut toute rouge. De honte je crois… Elle ne savait plus où se mettre. Hey ! T’en fais pas, chérie. Ce n’était qu’une petite tape, hein !

Elle finit par partir sans achever son boulot ici. De quoi faire à nouveau rire les autres roadies à ma table.

J’avais beaucoup de travail ces temps-ci… On était en train de monter la tournée de The Lightening et, perfectionniste comme il était, Billy voulait suivre chaque étape. Du coup, je devais le conduire et l’accompagner à droite et à gauche.

Aujourd’hui, il répétait avec les autres dans les studios. Ils n’avaient pas encore entièrement décidé de la playlist qu’ils allaient jouer, ni dans quel ordre. Cela demandait beaucoup de travail.

Récemment, Billy était allé à l’inauguration du yacht de Daniele Ricci. Mais comme il y était allé accompagné par Shiri, j’avais eu ma soirée. C’était assez étonnant, mais j’étais content de voir qu’il commençait à se défaire de l’emprise négative d’April pour avoir des amis un peu plus enthousiaste sur la vie en générale.

Billy était maniaco-dépressif… S’il était tout le temps avec des gens négatifs, ça le tirait vers le bas. Mais j’avais déjà remarqué que quand il était avec des gens enjoué, il l’était aussi.

C’était une éponge, Billy.

Bref, j’avais besoin d’une petite pause pendant que The Lightening essayait de se dépatouiller avec sa playlist.

C’était pas que j’avais grand-chose à faire… Billy ne risquait pas de se faire attaquer entre les murs du studio, mais je ne faisais pas office que de garde du corps. J’étais aussi un soutien moral en continu… Et ça, ça bouffait pas mal d’énergie.

Un café ! Il me fallait un café !

J’étais donc allé dans la salle de repos qui était pas mal remplie. Et au centre, assis autour d’une table se trouvait un trio aussi inattendu que de bas niveau question conversation. Kyle, Teddy et Victor.

Victor Hunter… Qu’est-ce qu’il faisait encore là et pas avec Zack McBride ?

Je pris la cafetière et m’en rempli une tasse pleine sans vraiment faire attention à ce qu’ils disaient… Ils parlaient du Canter’s Deli, apparemment. C’était un endroit où j’aimais aller mais je ne voyais pas de quel serveur ils parlaient.

Merde, j’avais dit que j’écoutais pas ! Trop tard.

Je me retournai vers eux, appuyé à la cuisinière et la tasse à portée de mes lèvres. Victor disait, en gros, que les homosexuels devraient être interdits de prestation dans les endroits publics. Je fis la moue. Moi, je pensais surtout que Victor se faisait des idées… Il croyait que TOUT LE MONDE le matait. Il se croyait tellement beau et irrésistible…

Je ne dis rien et Margaret, la femme de ménage, entra. Je lui souris et elle vint me faire la bise.

-Salut, Maggie. Tu vas bien ?

Elle répondit à mon sourire.

-Oui, tout va bien. Si tu arrives à faire en sorte que Cash Izbel ne renverse pas du Jack Daniel’s partout, parce que ça colle, ça irait encore mieux.

Je rigolai.

-Message reçu… Je ferai attention…

Margaret se mit au travail et quand elle passa près de Victor, j’entendis clairement la tape qu’il lui donna sur les fesses. Elle s’indigna avant de partir, honteuse. Mais ça, c’était trop pour moi.

-C’est pas le respect qui t’étouffe, Hunter ! Tu vas aller t’excuser auprès de Margaret. Elle est pas là pour se faire traiter comme ça !

Je n’avais pas élevé la voix, mais on sentait clairement que j’étais choqué par le geste de l’avocat.

Ça avait bien claqué, je devais l’avouer. Au point où la surprise de Margaret fut très grande. Elle était aussi rouge que choquée par mon geste ce qui fit assez rire Teddy et Kyle. Je ne m’étais pas attendu à ce que Margaret réplique mais je ne m’étais pas démonté pour autant déclarant que de voir ainsi son cul se trémousser près de moi m’avait grandement tenté.

De quoi faire encore plus rire les deux roadies. Il n’en fallait pas beaucoup pour qu’ils se marrent. Leur vie doit être d’un ennui mortel. Il faut dire que l’un comme l’autre était assez limité.

Margaret finit par s’enfuir sans même avoir terminé son travail ici. Ça me fit rire à mon tour. Mais je ne m’attendis pas à ce que quelqu’un d’autre réagisse et me demande d’aller directement m’excuser à Margaret.

Je me tournai vers l’homme qui venait de parler et je reconnus directement la babysitter de Billy Lighter, Liam Taylor. Liam, s’il était baraqué, n’était pas fort grand pour un garde du corps mais je savais qu’il faisait plus office de conseiller psychologique que d’armoire à glace pour la chanteur instable de The Lightening. Maintenant, il semblerait qu’il soit aussi le défendeur de la gente féminine et, à l’instar de Snyder au Canters’ Deli, il avait décidé de se mêler des affaires qui ne le regarde pas.

Je levai un sourcil.

-Et pourquoi j’irais m’excuser ? Au fond, elle a aimer ça… Ça met du piment de sa journée qu’elle passe à nettoyer les merdes laissées par les enfants dont tu as la garde, Taylor.

Mon ton était piquant. Mais je détestais les gens qui s’occupaient des affaires des autres. Liam était le genre de type à se faire défenseur des femmes alors que de toujours reprendre pour elle et les défendre est, pour moi, une manière de montrer que les hommes leur sont supérieurs et que, sans eux, elles ne peuvent pas se défendre. Si Margaret n’avait pas aimé ça, elle m’en aurait retourné une non ? Les femmes savent foutre des baffes… Demandez à Kate Julian si elles ne savent pas.

-D’ailleurs… Est-ce que The Lightening va bien ? Une tournée est prévue, je crois… Vous allez y aller en avion pour éviter que Lighter ne crache le bus ? Est-ce que vous allez la faire jusqu’au bout cette fois ?

La dernière tournée de The Lightening datait de quelques années déjà et elle n’avait même pas été à son terme.

J’étais aussi choqué que Margaret de ce qui venait de se passer. Je connaissais Victor Hunter plus de réputation qu’autre chose, mais apparemment, il était encore pire que ce qu’on m’en avait dit. Ça ne me viendrait jamais à l’idée d’avoir un geste comme il venait de le faire !

Lui me connaissait aussi un peu… Tout du moins, il savait à quoi je servais, quelle était ma fonction. Il ne se démonta pas le moins du monde quand je lui intimai d’aller s’excuser auprès de la femme de ménage.

Pire ! Il leva un sourcil comme si ce qu’il avait fait était tout à fait normal et qu’il se demandait pourquoi je réagissais.

C’était désolant ! Comment ce type pouvait-il être le frère de Victoria Hunter qui, elle, était une crème ?

-Non ! Elle n’a pas aimé ça. C’est un geste déplacé, Hunter.

Je soupirai, tentant de garder mon calme.

-Ta mère ne t’a donc rien appris ? Margaret est une personne au même titre que toi et moi.

Victor Hunter s’attaqua alors à moi, en changeant de conversation et en me posant des questions pleines de sarcasmes.

Je secouai la tête et passai une main sur mon visage.

-Tu n’as de respect pour rien ni personne, hein… ?

Je fis la moue… Au moins, pendant qu’il m’en faisait voir, il n’emmerdait personne d’autre.

-Oui, on prépare la tournée… Et ce sera une tournée géniale.

Est-ce qu’on irait jusqu’au bout ? Rien n’était moins sûr avec The Lightening… Surtout que j’avais appris que l’état de Savannah Prescott avait empiré et comme elle était, pour Cash, ce qui s’apparentait le plus à une petite amie, il se pouvait qu’en cas de gros problème, on doive annuler des dates. Ce que je n’espérais pas.

-Mais tu dévies la conversation, Victor. Les gens ici ne sont ni à ton service, ni tes souffre-douleur.

Je haussai les épaules.

-D’ailleurs, on se demanderait bien ce que tu fous-là… Tu n’es ni un artiste, ni un roadie et Zack McBride est seul dans son studio.

Zack était le client de Victor et la seule raison valable de sa présence.

Liam Taylor était entré en scène pour venir défendre Margaret. Il clamait qu’elle n’avait pas aimé la petite tape que je lui avais faite sur le cul. Je trouvais qu’il exagérait un peu, le Taylor. Il n’a rien d’autre à foutre que de défendre la gente féminine ? A moins que, en faisant ça, il ne cherche à draguer, d’une façon ou d’une autre, Margaret. Bien qu’elle est partie, la Margaret… Mais peut-être que Taylor s’attend à ce que tout le monde rapporte ses exploits à la femme de ménage.

Je roulai des yeux.

-Qu’est-ce que tu en sais ? Tu es dans sa tête ?

Il clama que Margaret était une personne comme lui et moi. C’est vrai ?! Je n’avais absolument pas remarqué ! Je pris un air faussement étonné me moquant un peu de la remarque du garde du corps-babysitter.

-Je ne le savais pas. Tu m’apprends quelque chose.

On entendait bien dans mon ton de voix que je me fichais de lui. Je détestais les gens qui n’étaient pas foutus de se mêler de leurs affaires et seulement leurs affaires. Et Liam Taylor semblait faire partie de cette race-là.

Je finis par changer de sujet parlant de The Lightening avec un ton rempli de sarcasme. Il m’avait piqué ? A moi de lui rendre la pareille. Il n’avait qu’à passer son chemin au lieu de s’interposer. Et, visiblement, mon comportement semblait le dépasser. Il disait que je ne respectais rien ni personne.

-Si. Ma mère. Celle que tu penses qui m’a mal élevé et que, donc, tu juges sans la connaitre.

Parce que, s’il va par-là, il n’avait pas respecté ma mère. Donc, ses jugements, il peut se les garder.

Il confirma que The Lightening préparait la tournée et que ça allait être une tournée génial. Je rigolai un peu devant tant d’assurance alors que tout le monde sait que The Lightening est aussi instable que des sables mouvant.

-Et bien je me demande si elle sera géniale jusqu’au bout ou si c’est L.A.People qui va s’amuser le plus… En tout cas, je suivrais ça de près.

A travers L.A.People, bien sûr. C’est le meilleure endroit pour avoir des nouvelles sur The Lightening. D’ailleurs, dernièrement, c’est Billy Lighter qui avait fini dedans parce que sa petite amie danseuse avait décidé de le quitter. Il faut dire que ça doit être un enfer de vivre avec un type pareil.

Liam disait que je déviais de la conversation. Ah oui ? Laquelle ? Celle qui concernait Margaret ? Elle n’est même plus là alors qu’importe ? Ça semblait importer à Liam qui disait que les gens n’étaient pas à mon service et ne devait pas me servir de souffre-douleur. Je roulai des yeux devant tant d’acharnement avant que le garde du corps ne remette en cause ma présence ici.

-Et tu crois que j’étais où avant de prendre une pause ? Dans le studio de Zack McBride à l’écouter encore et encore. J’ai bien le droit de me détendre un peu après ça, tu ne crois pas ? Et quand bien même je n’aurais aucun rendez-vous avec Zack, j’ai tout les droits d’aller et venir où je veux dans les studios appartenant à mon beau-père.

C’était un fait ! J’en avais le droit ! Et je savais que Don ne dirait rien de peur de se disputer avec Carrie même si je savais que le vieux Hughes désapprouvait que je traine autant dans ses studios que dans sa tour. J’étais, d’ailleurs, souvent bien mieux accueilli chez BSC qu’ici.

-Mais pourquoi tu défends à ce point Margaret ? Tu es amoureux ? Parait que tu es toujours célibataire. C’est à cause de Lighter ou bien à cause du fait que tu es trop coincé ?

Victor Hunter était vraiment détestable. Il prenait les gens de haut et agissait comme si tout lui était du. J’aurais clairement passé mon chemin si je n’avais pas estimé que quelqu’un devait lui faire remarquer que son comportement envers Margaret était tout à fait déplacé.

Il roula des yeux, me demandant si j’étais dans la tête de Margaret pour savoir qu’elle n’avait pas aimé ça.

-Tu as vu sa tête ? Tu l’as humiliée devant tout le monde ! Pas besoin d’être télépathe.

J’affirmai l’évidence : que nous étions tous des êtres humains et qu’en tant que tels, on se devait le respect les uns les autres. Mais le concept semblait échapper à Victor qui répondit avec sarcasme, se foutant clairement de ma gueule et encore plus de mon avis.

-Rah Victor… Tu sais que tu gagnerais à être un peu plus aimable ?

Les gens chercheraient peut-être moins à le virer des studios. Parce que quand il y était, c’était un vrai petit parasite, une sangsue.

Il disait respecter sa mère mais je sentis que c’était uniquement pour faire une tournure de phrase digne de l’avocat qu’il était. Comme quoi c’était moi qui avait manqué de respect à sa génitrice.

Je passai une main sur mon visage, dépassé.

-Ça, c’est la meilleure…

Je n’étais même pas sûr qu’il respecte vraiment sa mère. Il parait qu’il traitait sa famille de bourgeois bohème avec un certain mépris parce que lui n’était pas né artiste, comme le reste de ses membres.

Il dévia la conversation sur The Lightening et je répondis plus ou moins à ses questions… Mais Victor ne fit encore qu’insister et se répéter : il pensait que cette tournée s’achèverait prématurément.

-Mais je t’en prie, suis…

Moi, je croyais en The Lightening.

Je ramenai la conversation là où on en était en lui demandant ce qu’il venait foutre ici. Il était effectivement venu voir McBride et prétendait avoir besoin d’une pause avant de dire que, de toute façon, comme c’était son beau-père le big boss, il avait tous les droits d’être là.

Je soupirai…

-Si tu le dis, Victor. Mais tu devrais laisser ceux qui travaillent tranquille.

J’entendais encore le « clac ! » indécent sur les fesses de la pauvre femme de ménage. Et Victor de ne pas comprendre pourquoi je la défendais. Je rougis.

-Je n’en suis pas amoureux, mais j’estime que tout le monde a le droit au respect et de venir travailler sans avoir peur d’être humilié ou traité comme tu l’as traitée.

Je haussai les épaules.

-Qu’est-ce que ça peut te faire, que je sois toujours célibataire ? C’est clair que Lighter me prend du temps, mais c’est surtout que je n’ai pas encore trouvé la bonne partenaire…

Je regardai Victor dans les yeux…

-Ça ne sert à rien de se mettre en couple pour aller voir ailleurs tout le temps, mais d’après ta réputation, on a pas la même vision de ce qu’est un couple.

Liam disait que j’avais humilité Margaret. Ni plus, ni moins. C’était de bien grands mots… Les gens comme Liam avait toujours l’art de dramatiser. A moins que ça ne soit l’influence de Lighter qui le fasse tant se révolter sur chaque chose qu’il voyait.

Il me fit une sorte de speech sur le respect en taclant, au passage, ma pauvre mère qui ne lui avait rien fait. Je répondis par des sarcasmes et, bien entendu, ça ne plut pas au garde du corps. Ça semblait le désespéré et il rétorqua que je gagnerais à être plus aimable. Je roulai à nouveau des yeux.

-Dans mon monde, on ne gagne pas grand-chose à être aimable.

J’étais revenu sur ma mère vu que Liam me parlait de respect mais n’était pas foutu d’en avoir pour ma mère vu qu’il la soupçonnais de ne pas m’avoir bien élevé. Il n’eut aucune défense contre ça hormis une expression de dépit et une phrase qui en disait long sur sa capacité à pouvoir répliquer.

J’avais détourné la conversation sur The Lightening qui, j’en étais sûr, ne finira par sa tournée. N’était-ce pas, finalement, ce qui faisait toute la renommée du groupe ? Sans les frasques de The Lightening, je n’étais pas sûr que le groupe soit si connu et si suivi. Enfin… C’était surtout les frasques de Lighter, le petit protégé de Liam Taylor. Un Liam qui était sûr, lui, que ça allait le faire vu qu’il m’invita à, effectivement, suivre The Lightening de près lors de leur prochaine tournée.

Puis… Bah Liam me reprocha tout simplement d’être ici en déclarant que je n’avais rien n’à y faire si je n’étais pas avec Zack. Je venais de voir McBride et j’en étais à ma pause. Et quand bien même ça n’aurait pas été le cas et bien j’avais quand même tous les droits d’être ici en tant que beau-fils de Don Hughes. Encore une fois, Liam n’eut aucun argument et déclara simplement que je devais laisser ceux qui travaillent tranquille.

-Je mets juste du piment dans leur journée. Il n’y a rien de mal à ça.

Par contre, lui, il commençait sérieusement à me taper sur les nerfs… Alors, je repartis à l’attaque en essayant de comprendre pourquoi Taylor avait tant chercher à défendre la pauvre Margaret en détresse. J’insinuai qu’il devait en être amoureux et il devint rouge comme un tomate. De quoi me faire esquisser un petit sourire en coin alors qu’il disait ne pas être amoureux. Je ricanai.

-Pas amoureux, hein ? Tu devrais voir tes joues. Tu es tout rouge, Taylor.

Ça dit rire Teddy alors que Liam disait que Lighter lui donnait, en effet, peu de temps mais il nia que c’était pour ça qu’il n’avait pas de petite amie mais parce qu’il n’avait pas encore trouvé chaussure à son pied. Moi je pense plutôt qu’aucune fille ne voulait vivre avec un type qui doit tout le temps aller torcher le cul d’un chanteur névrosé. Il me balança ensuite ses belles valeurs à la figure en disant que ça ne servait à rien de se mettre en couple si c’est pour aller voir ailleurs. Oh ! Mais c’est une attaque personnelle, ça !

-Tu n’es pas en couple. Donc j’estime que tu ne sais pas de quoi tu parles. Si un jour tu trouves la « bonne » et bien on verra si les choses sont si simples. Même si, sincèrement Taylor, je crois que c’est certainement elle qui va aller voir ailleurs. Je doute que tu sois souvent à la maison… Et s’il y a bien une chose qui pousse une femme à aller voir ailleurs c’est bien le fait d’être délaissée par son mari. Il faudra que tu choisisses entre elle et Lighter donc… Fait attention si un jour tu trouves l’élue de ton cœur.

Je ricanai.

-Enfin… Si tu trouves un jours la bonne… Bien que tu devrais sans doute essayer Margaret. Vous torcherez le cul de Lighter à deux comme ça. Parce que c’est bien ça ton métier, n’est-ce pas ? Ça doit être fatiguant. Pas étonnant que tu sois de si mauvaise compagnie.

Tout ça volait tellement haut !

J’aurais voulu que Victor soit quelqu’un de plus aimable… Et je n’étais pas le seul. Je n’étais pas le seul à soupirer de dépit en le voyant débarquer… Enfin, jusque-là, je le trouvais juste envahissant… Maintenant, je le trouvais carrément vulgaire, après ce qu’il avait fait à Margaret.

Il déclara que « dans son monde », on ne gagnait rien à être aimable.

-Et bien c’est bien dommage. Surtout que jusqu’à preuve du contraire, on vit dans le même monde.

Tout le monde vivait dans le même monde, sur la même planète, non ?

J’essayais vainement de lui expliquer que ce qu’il avait fait était mal, mais il répliquait par des attaques. Et je savais que j’étais très mauvais dans ce genre de petit jeu. C’était un truc mondain que de jouer à se lancer des piques et je n’y étais pas entraîné. Avec The Lightening, nous étions constamment francs les uns avec les autres.

Je lui demandai alors ce qu’il faisait là, lui faisant bien comprendre qu’on se passerait de sa compagnie s’il allait voir son client… Il me dit qu’il avait tous les droits, en gros. Alors je n’avais plus comme argument que de lui demander de laisser les gens du studio faire leur boulot.

Il prétendait venir mettre du piment dans nos journées.

-En mettant la honte aux gens ? Super comme passe-temps, Victor…

J’étais ironique, bien évidemment.

Puis Victor insinua que, pour la défendre comme ça, je devais être amoureux de Margaret. Ce n’était pas du tout le cas, mais timide comme j’étais, je ne savais pas m’empêcher de rougir. Et Victor le remarqua. Je passai une main sur mon visage comme si ça allait faire passer mon rougissement mais je savais que c’était un geste vain.

-Je sais que je suis rouge… C’est… ça m’arrive souvent…

Il devait y avoir un nom pour la phobie de rougir qui était un sale cercle vicieux parce que parfois, je rougissais parce que j’avais peur de rougir.

Je lui lançai alors que ça ne servait à rien d’être en couple si c’était pour aller voir ailleurs. Evidemment, je visais Victor personnellement mais je me mordis presque la langue après ma déclaration, la regrettant d’emblée. Je ne devais pas jouer le même jeu que Victor, ça ne me ressemblait pas.

Pourtant, je devais avoir touché une corde un peu sensible parce qu’il se lança dans une tirade plus ou moins longue pour se justifier.

-Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça.

Mais c’était trop tard. Et en revanche bien légitime, il affirma que je n’avais qu’à torcher le cul de Billy avec Margaret. En gros, la femme dont je tomberais amoureux aurait tout intérêt à faire un peu de place à Billy. Etait-ce vrai ? Victor avait-il raison ?

-Je ne comprends peut-être pas comment fonctionne un couple… Mais toi, tu as une vision bien négative de mon travail avec The Lightening. Si tu n’étais pas tel que tu es et si je ne savais pas d’emblée que tu ne plairais vraiment pas à Billy, je te présenterais à eux.

Je haussai les épaules.

-Mais je suis sûr que ce serait mettre Billy à mal parce qu’il t’enverrait son poing dans la figure après cinq minutes.

Je ricanai quand Liam déclara qu’on vivait dans le même monde. Non. Absolument pas. Nous n’étions absolument pas du même monde et on évoluait pas dans le même non plus. Liam et moi n’étions pas de la même classe sociale.

-Je ne pense pas non.

Il vivait à la botte de Lighter et ses autres proches devraient être d’autres roadies qui, certes gravitent autour de la jet-set mais n’en font pas partie. Et dans la jet-set, si tu es trop gentil, tu te fais manger tout cru. Liam n’y survivrait pas dix minutes.

Bref, Liam avait la critique facile et critiquait même le fait que je sois ici. Je n’avais pas le droit de prendre une pause ? Je bossais ici aussi vu que j’y avais un client. Et pas les plus facile, en plus ! Sans compter que j’étais le beau-fils de Don Hughes et que, en tant que tel, j’avais tout les droits de me pavaner dans ses studios. Et si Liam pensait que j’emmerdais les autres roadies moi je déclarai que je mettais du piment dans leur journée mais le garde du corps du rouquin trouvait que mettre la honte au gens n’était pas un très bon passe-temps. Je roulai des yeux.

-Je ne mets pas la honte aux gens. Regard comme Teddy se marre. Il se marrerait pas autant si je n’étais pas là.

Cette remarque fit rire Teddy de plus belle alors que j’enchainai en soulignant encore que Liam devait bel et bien être amoureux de Margaret vu comme il était rouge. Mais d’après lui, il n’était pas rouge pour ça mais parce que ça lui arrivait souvent de virer au rouge tomate. Je ricanai.

-Pas pratique.

Bref, Liam tenta de me tacler à son tour en mettant en avant mes infidélités répétées qui n’étaient, décidément, qu’un secret que pour Carrie. A croire qu’elle faisait vraiment exprès de ne pas le savoir. Mais l’attaque de Liam me donna encore plus envie de l’écraser avec mon petit doigt. Et, bizarrement, il s’excusa.

-En effet… Tu n’aurais pas dû. Surtout si ton but était de me faire un sermon sur le respect.

Il venait de se décrédibiliser du coup. Et m’avait donné envie d’en rajouter ce que je fis en disant qu’il devrait se mettre en couple avec Margaret et torcher le cul de Lighter avec elle. Il critiquait la vision que j’avais de son job et déclara que je ne plairais sans doute pas à Lighter, sinon, il m’aurait présenté le groupe.

-Je n’ai pas besoin de plaire à Lighter… Tout comme je n’ai pas nécessairement envie de le connaitre. Et, pour être honnête, je connais déjà Cash Izbel et il n’a absolument rien contre moi.

Il disait qu’il était sûr que Lighter me foutrais un jetons après cinq minutes s’il avait le malheur de me présenter à lui. Oh ! Une porte ouverte ! Tu n’auras pas dû, Liam…

-Je pensais qu’il préférait frapper les femmes. C’est ce qu’elles disent, en tout cas. Ça ne te dérange pas de travailler pour quelqu’un de violent avec les femmes ? Parce que tu me fais la morale mais, en même temps, tu travailles pour Lighter… Vive les contradictions.

Vas-y… Essaye de t’en sortir avec ça, Taylor.

Victor insistait sur le fait qu’on ne vivait pas dans le même monde. Evidemment, je voyais très bien ce qu’il voulait dire par là : que nous étions pas de la même classe sociale. Mais je détestais le concept même des classes. Par contre, je voyais bien que ces séparations plaisaient à Victor parce qu’elles lui permettaient de se sentir supérieur.

Je lui dis que c’était vraiment pas cool de mettre la honte aux gens pour s’amuser. Et il répliqua que son ami Teddy ne se marrerait pas autant s’il n’était pas là. Et ce dernier rit de plus belle. Je le fusillai du regard.

-Ne l’encourage pas, Teddy. Je te croyais meilleur que ça.

Puis il me fit rougir bien malgré moi en évoquant le couple que j’aurais pu former avec Margaret. Je n’avais pas de sentiments pour la femme de ménage hormis de l’amitié. Mais c’était plus fort que moi et je ne le cachai pas à Victor qui trouvait ça pas pratique.

Je ricanai…

-Je ne te le fait pas dire.

C’était vraiment gênant comme truc.

Sur la défensive, je lui avais envoyé une pique sur son couple. Et je le regrettai instantanément, lui présentant mes excuses. Cela me faisait perdre cette joute verbale, mais je préférais perdre que d’user des mêmes armes que Victor.

-Avoue que ce n’est pas facile de te respecter quand tu cherches à écraser tout le monde, Victor. Il n’y a que ceux qui se sentent inférieurs qui ont besoin de ça.

Est-ce que l’avocat cherchait à prouver quelque chose ? Je n’en savais rien mais en tout cas, il ne devait pas se faire beaucoup d’amis hormis les gens avec un neurone comme Teddy…

On parla un peu de The Lightening et je haussai un sourcil quand Victor affirma connaître Cash. Je terminai ma tasse de café et entrepris de la nettoyer dans l’évier tout en continuant.

-Cash a une tolérance plus grande que Billy. Et parfois, il peut être méchant, lui aussi. Ceci explique peut-être cela.

Il lança ensuite une grosse pique sur Billy qui me fit reposer un peu violemment ma tasse dans l’évier.

-Tu ne connais rien de Billy Lighter et encore moins des femmes qu’il a fréquentée. Je ne cautionne pas toujours ce qu’il fait, mais je peux le comprendre parce que j’ai tous les détails.

Je regardai ma montre.

-Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je ne vais pas continuer cette conversation stérile. J’ai du travail, moi.

Et je quittai la salle de repos quelque peu sur les nerfs. Ce Victor Hunter était indécrottable.

Liam Taylor pensait vraiment que Teddy était meilleur que ça ? Sans rire… Ce type est un gros mytho et il est complètement stupide. Il n’y a aucune dimension ou Teddy pourrait être un homme meilleur. Il semblerait que Liam l’ai franchement mal jugé.

Liam qui ne pouvait s’empêcher de rougir quand j’évoquais le fait qu’il semblait franchement amoureux de Margaret. Un garde du corps avec une femme de ménage. Quel beau couple. Mais visiblement, Liam rougissait simplement parce qu’il avait peur de rougir ce qui n’était pas pratique. Un truc que je soulignais, pour bien faire.

Mais il savait aussi envoyer des piques, le garde du corps de Lighter. La preuve avec sa remarque sur mon couple. Lui qui venait de me faire la morale sur le respect, voilà qu’il m’attaquait ouvertement sans savoir comment, en fait, fonctionne réellement un couple étant donné qu’il ne semblait avoir aucune expérience en la matière. A part s’il considère que lui et Lighter forme une sorte de couple. Ce n’était pas à exclure, en fait.

Liam répliqua simplement qu’il n’était pas facile de me respecter. Oh ! Voyez-vous ça ! Et en plus il y va d’une autre pique pour bien faire.

-Me sentir inférieur ? A qui, donc ? Non, Liam. C’est juste que je m’amusais et que tu es venus m’ennuyer alors que ça ne te regardais pas, voilà pourquoi je joue au connard.

Un rôle qu’il était facile pour moi de jouer. Sûrement parce que, quelque part, j’en suis un peu un. Mais j’avais appris que c’était un moyen de survivre dans la jet-set où j’avais fait mon trou.

J’avais déclaré connaitre Cash et Liam souligna le fait que Cash avait une tolérance plus grande que Billy. En gros, que Cash était parfois méchant aussi. Je roulai des yeux.

-Donc… Tu insinues que si Cash ne me déteste pas c’est parce que, parfois, Cash est un connard. Bah, bravo…

Et, en bon avocat que j’étais, je trouvai une contradiction dans les actions de Liam Taylor. Il semblait défendre les femmes et avoir horreur de l’irrespect. Pourtant, il était garde du corps d’un homme qui avait mainte fois été soupçonné d’avoir frapper ses petites amies. Une accusation très grave. Bien plus grave qu’une foutue main au cul.

Et c’est là qu’il s’emballa un peu déclara que je ne connaissais rien de Billy et des femmes qu’il avait fréquenté. Il déclara ne pas tout cautionné mais sous-entendais que le chanteur avait des circonstances atténuante. Donc… On peut frapper les femmes si on a de bonnes raisons ? C’est ce que j’entendais dans le discours du Liam et ça me fit ricaner.

-Tu lui cherches des excuses pour mieux vivre ses travers ? Sache que, si effectivement, je ne peux pas réellement juger parce que je ne connais pas Billy Lighter, tu n’as pas non plus le droit de me juger car tu ne me connais pas.

En gros, si je suis un connard, c’est peut-être parce que j’ai des raisons, non, Taylor ?

Finalement, il mit fin à notre petite joute verbale en prenant congé. Certainement parce qu’il se rendait bien compte que j’avais une réplique à tout.

-C’est ça… Travaille bien surtout. On veut la voir cette tournée.

Je considérais, donc, avoir fait échec et mat.