Interview de Christopher Lane, réalisateur et scénariste, par Harriet Mason, 1975.

Harriet Mason : Bonjour Christopher !
Christoper Lane : Bonjour.
H.M : Comment ça va ?
C.L : Bien, merci. Comment allez-vous ?
H.M : Très bien, merci ! Merci aussi d'avoir accepté cette interview !
C.L : Mais de rien.
H.M : Votre dernier film, Dangerous You, a été acclamé par les critiques. Certains disent de vous que vous êtes le nouveau jeune prodige du cinéma indépendant.
C.L : Vous oubliez de dire que beaucoup l'ont détesté ! [rire] Cela me flatte beaucoup, mais je ne veux pas me reposer sur mes lauriers. J'ai encore beaucoup à améliorer.
H.M : Dangerous You est assez cru et présente beaucoup d'humour noir par rapport à vos précédents films. Pourquoi un tel changement ?
C.L : Hé bien, j'avais envie de changer, d'essayer de nouvelles choses. J'avais envie de m'exprimer sur des thèmes que je n'avais encore pas exploité.
H.M : Vous avez donc l'air d'être quelqu'un qui aime bien s'essayer à tous les genre ?
C.L : Je ne sais pas si tous, mais à plusieurs genres différents, oui. J'ai envie de dire beaucoup trop de choses différents pour ne rester que sur un seul genre.
H.M : On dit qu'on vous a attribué un surnom dans le milieu ?
C.L : [rire] Oui c'est vrai.
H.M : Quel est-il ?
C.L : Lane boy. Enfin, "that" Lane boy au début, puis maintenant j'entends des "the" un peu plus respectueux.
H.M : Pourquoi vous appelle-t-on donc ainsi ?
C.L : Je ne sais pas vraiment qui a commencé à l'utiliser, mais ça devait être après la sortie de mon premier long-métrage, In the Corner of my Heart, il y a trois ans, quand il a été présenté à la seconde édition du Filmex [ndlr : Los Angeles International Film Exposition]. La première fois que je l'ai entendu, c'était de la bouche de Richard Attenborough, lors d'une interview dans laquelle lui demande quel est le film de la programmation qui l'a le plus surpris, et il a répondu un truc du genre "In the corner... by that Lane boy". Faut dire qu'à l'époque personne me connaissait vraiment, je sortais de nulle part et j'avais 20 ans, donc je n'étais qu'un gosse pour les autres réalisateurs. Depuis, on me surnomme comme ça, souvent.
H.M : On sait peu de chose sur vous...
C.L : C'est exact.
H.M : Pourquoi donc ?
C.L : Je n'aime pas trop étaler ma vie si on ne demande pas de le faire.
H.M : Et si je vous demandez de le faire ?
C.L : [rires] Je ne pourrais pas.
H.M : Pourquoi ça ?
C.L : Parce que je vous ennuierai, et je m'ennuierai aussi.
H.M : Tant que ça ?
C.L : Croyez-moi.
H.M : Donc, vos films ne sont pas inspirés de votre passé, de votre vie ?
C.L : Si, forcément.
H.M : Racontez-nous alors quel enfant vous étiez.
C.L : [soupire] Un enfant du Nevada, vous savez... On peut changer de sujet ?
H.M : D'accord, d'accord... Hum... Vous êtes aussi un musicien.
C.L : C'est ça.
H.M : Vous êtes très proche de la scène rock et des groupes qui la compose.
C.L : Oui, en effet. J'aime aller à des concerts de petits groupes, pour les découvrir, et les suivre, supporter leur travail, leur faire un peu de pub en mettant leur chansons dans mes films ou d'une autre façon... J'aime bien rencontrer les membres aussi, discuter musique, etcétéra...
H.M : Est-ce que vous envisager une carrière dans la musique ?
C.L : Non, je ne crois pas. Je ne suis pas assez confiant et je suis trop timide pour vouloir l'attention d'au moins trois cent personnes, voire plus, concentrée sur moi et ce que fais. Je préfère me concentrer sur les films. Peut-être qu'un jour je mêlerai les deux. Mais pour l'instant je m'en tient aux courts et longs métrages.
H.M : Vous vous décrivez comme quelqu'un de plutôt timide ?
C.L : Par rapport aux musiciens et chanteurs qui se produisent sur scène chaque soir, oui.
H.M : Et, quand vous est venue l'envie de faire des films ?
C.L : La première fois que j'ai vu une caméra. Je devais avoir un peu plus de 12 ans. Mon oncle travaillait à la télévision - il présentait le journal télévisé - et un jour il m'a emmené sur le tournage, et j'ai vu toutes ces caméras. Je me suis imaginé être en studios à Hollywood, et qu'on filmait le journal pour le film qui était en train d'être réalisé. Et je pense que c'est à ce moment-là que j'ai voulu devenir réalisateur. Je me souviens, j'avais très envie de dire "action", "ça tourne", toutes ces expressions que j'avais entendue.
H.M : Vous nous avez parlé un peu de votre passé !
C.L : Oui, mais ce n'est pas la première fois que je le raconte, en réalité.
H.M : Racontez-nous alors quelque chose que vous n'avez pas encore raconter publiquement ?
C.L : Hum... Je ne sais pas! [rires]
H.M : Avez-vous une copine, par exemple ? On ne sait rien de votre vie privée.
C.L : Euh, non. [rires] Non, je n'en ai pas. Je ne crois pas en vouloir, bien que je sois un grand romantique. Justement, je pense que l'amour me rendrait fou, bien que j'en rêve. Mais effectivement, je n'aime pas trop étalé ma vie privée.
H.M : Eh bien, je vous souhaite tout de même de trouver l'amour !
C.L : [rires] Merci !






Christopher Lane a vingt-neuf ans désormais, dix ans de carrière, et sept films à son compteur. Et les médias n'avaient toujours pas découvert qu'il venait de Boulder City, dans le comté de Clark, près de Las Vegas; qu'il provenait d'une famille recomposée de classe moyenne. Une mère névrosé, un père communiste, un beau-père et un beau-frère abusifs, c'est parmi cette distribution que Chris a grandit. Il a toujours était un enfant calme et discret, rêveur. Il a souffert de l'abus psychologique de son beau-frère, de quatre ans son aîné, et celui de son beau-père sur sa mère. Ne supportant la vie qui se menait chez lui, il passait toutes ses journée dehors, à observer la monde autour de lui, et imprimer dans son esprit chaque image qu'il trouvait belles. Il se faisait des films dans la tête, s'inventait des histoires, parfois même les jouait avec ses amis.
Son oncle, le seul de la famille Lane a s'en être réellement sorti, l'aida à réaliser son rêve de devenir réalisateur en lui offrant l'opportunité de travailler dans le milieu de l'audiovisuel dès ses quinze ans. Il se distingue rapidement par son jeune âge et son enthousiasme, et à dix-neuf ans il se voit diriger son premier film, avec l'aide et le soutient de personnes plutôt importantes dans le milieu.

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