Il faisait froid – c’est souvent ce qui arrive quand on se traine jusqu’en Finlande. C’était pour la bonne cause qu’un Italien comme moi était ici – ou pour l’argent et la gloire, c’est vous qui voyez… Dans tous les cas, mon groupe, les Planes, donnaient un concert exceptionnel, ce soir, sur la plaine d’un festival se tenant à Helsinki. Ce n’était qu’une date sur une tournée européenne qui allait encore être longue – mais ce n’est pas grave, je m’éclatais vraiment !

Sur le bord de la scène – mon endroit habituel –, j’appréciais les notes de mon groupe que j’avais fait renaitre de ses cendres. Au cœur de la critique en 1972 – leur manager étant, à l’époque, Dustin Lakers -, j’avais pris les Planes sous mon aile pour les remettre sur les rails. Comme j’étais Daniele Ricci, la magie avait opéré et ça faisait maintenant 7 ans que le groupe était reparti pour la gloire – je n’étais plus simplement The Best, j’étais carrément un faiseur de miracle !

J’avais savouré ce concert – et une bouteille de bon whisky - de mon point de mire. Nigel, le leader du groupe, en était ressorti plus que satisfait de leur prestation. Tant mieux ! Place à la fête maintenant !

J’étais rentré dans les coulisses pour profiter de la fête – et des filles.  Je n’avais pas besoin d’user de beaucoup de charme pour emballer quelques filles – groupies des Planes, certainement – que je trouvais en chemin. Elles se collaient à moi comme si j’étais un véritable aimant. Charme naturel italien – que voulez-vous…

Des coulisses – ou je profitais de la vie – je pouvais entendre le concert suivant. C’était les rockstars du groupe Ajattara qui se produisaient sur scène. C’était un groupe local – mais qui avait réussi à se faire une bonne notoriété partout dans le monde. Une prouesse pour un groupe Finlandais.

Je pouvais analyser leur musique tout en profitant des filles et de l’alcool – j’étais suffisamment doué pour ça, j’étais Daniele Ricci. Ils étaient bons – et leur musique valait le détour. L’Europe recelait de perles musicales – et pas que, j’étais moi-même une perle venue d’Europe.

Le concert, je l’avais – donc – vécu de ma loge personnelle entourée de beautés blondes et de bouteilles d’alcool fort. Quand les applaudissements finaux s’était arrêtés, j’avais décidé de sortir prendre un peu l’air.

-Je dois y aller les filles ! Beaucoup d’autre personne ont aussi envie d’un petit bout de Ricci, dis-je en souriant et en remettant ma chemise blanche – que je n’avais pas pris le temps de reboutonner.

J’étais sorti de la loge – armé d’une bouteille de whisky bien remplie – et avait croisé Nigel qui m’avait regardé avec un sourire.

-Tu t’es bien amusé, Ricci ?, dit-il à moitié éméché.

-Assez oui ! Mais la fête ne fait que commencer, répliquais-je avant de boire un coup de whisky. Tu ne saurais pas où sont les membres d’Ajattara ?

-Je les ais vu passer par là, dit-il en me montrant – plus ou moins - une direction.

-Parfait, dis-je en passant à côté de Nigel – et en lui faisant une petite tape amicale au passage.

J’avais envie de voir ce que valait les membres d’Ajattara en tant qu’hommes – et surtout, me montrer…

C’est avec ma prestance habituelle que je m’étais avancé vers les membres d’Ajattara – qui était bien dans la direction indiquée par ce bourré de Nigel. Enfin, un membre – je ne savais pas où étaient les autres. Je crois qu’il s’agissait du bassiste.

-Salut !, dis-je en écartant les bras. Pas mal du tout le concert ! C’est quoi comme style ? Du métal ? Du métal symphonique ?, demandais-je pour avoir le terme exact.

Les termes musicaux étaient parfois vagues – et un groupe en avait souvent plusieurs.

@ Billy Lighter

Celui que je supposais être le bassiste d’Ajattara semblait heureux de me voir – normal, tout le monde est heureux de voir Daniele Ricci. Il avait bien la tête d’un Finlandais mais avec un style qui respirait le métal – que je supposais être le style de musique de son groupe. En effet - même sous l’influence de l’alcool et entouré de filles - j’avais plus constaté que le groupe du bassiste que j’avais en face de moi pratiquait un style de musique avant-gardiste. Quelque chose que j’aimais beaucoup – parce que ça semblait ravir le public européen et nul doute que ça ravirait un public plus anglophone.

L’homme – qui était tout souriant – n’avait pas tari de compliments sur le concert de mon groupe. Un bon point pour lui. Daniele Ricci appréciait les compliments qui allaient à son groupe. Il m’avait – aussi – confirmé que le style de musique d’Ajattara était du métal symphonique.

-J’aime beaucoup, dis-je avec un grand sourire – en bon manager que j’étais.

Je ne comptais pas mettre le grappin sur Ajattara. Ils étaient autant Européens que déjà pris… Ils avaient déjà une carrière – à l’instar des Planes.

-Le métal symphonique n’est pas très rependu de là ou je viens, dis-je en souriant – traduisez « de là où je viens » par « Los Angeles » et non « Rome ». Mais je suis sûr, qu’un jour ou l’autre, ça fera fureur aux Etats-Unis.

Je parlais en Anglais au bassiste. Langue qu’il semblait maitriser parfaitement – un autre bon point pour lui.

-Votre groupe est connu. Mais quel est votre nom à vous, encore ?, dis-je – un peu trop éméché que pour me rappeler des noms des membres d’Ajatarra. Moi c’est Daniele Ricci, dis-je en tendant la main vers le bassiste pour serrer la sienne. Je suis manager des Planes. Et le meilleur manager de L.A.

Comment me présenter autrement que comme ça ?

@ Billy Lighter

Mon groupe avait reçu les compliments du bassiste – je sais que je me répète, mais j’adore les compliments ! Mieux encore – les Planes étaient carrément une inspiration pour lui.

-Je ferais passer le message au bassiste, dis-je avec un grand sourire.

Quel bon manager, je faisais ! Même éméché j’arrivais à distribuer des compliments – et, surtout, savoir les recevoir comme il se devait.

Ajatarra faisait – donc – du métal symphonique. Style peu rependu au States, le bassiste avait dit qu’il faudra régler ça sous peu. Son groupe avait déjà une petite réputation aux Etats-Unis – certains môme s’arrachaient les disques d’Ajatarra. J’aurais été à la place de leur manager, j’aurais – directement – assurer ma domination sur le continent Américain en y faisait – plus souvent – des tournées. Tous les managers ne pouvaient pas être comme Daniele Ricci – j’étais trop unique pour ça.

-Je compte sur vous pour régler ça, dis-je en buvant mon whisky à grosse gorgée. Ainsi quand je prendrais un groupe qui fera du métal symphonique, le public sera déjà habitué, rajoutais-je avec un grand sourire.

Vous vous demandez comment j’ai gagné mon statut de manager génial et impitoyable ? Ben, c’est avec ce genre de phrase-là.

Je m’étais présenté – et lui aussi. Je ne savais pas si ma célébrité me précédait – j’osais croire que oui.

-Alors, Alvar… Vous faites une tournée, pour le moment, avec votre groupe ? Ou ce n’est qu’un concert ponctuel ?, demandais-je en sortant mon paquet de cigarette pour en prendre une – et la caler entre mes dents. Cigarette ?, demandais-je en lui tendant mon paquet.

En savoir plus sur son groupe – c’est ça que je voulais.

@ Billy Lighter

Moi un mec bien ? J’appréciais le compliment ! Je n’étais qu’au début de ma conversation avait Alvar – et j’avais déjà une mine d’informations. Aurait-il des problèmes avec son manager ? Je sentais – car je savais lire sous les insinuations – que oui.

Je connaissais par cœur les chiffres des ventes de Planes – mais je savais, aussi, quels groupes vendaient bien en règle générale. Or, Ajatarra faisait fureur chez les jeunes Américains. Les jeunes sont très ouverts aux nouveautés – et le métal symphonique était nouveau pour eux. Putain, c’est dingue comme – même complètement bourré – j’arrivais à réfléchir à ça !

Soit, j’avais demandé à Alvar si leur concert de ce soir s’inscrivait dans une tournée ou s’il était ponctuel. Il ne s’agissait – à ma grande surprise – qu’un concert ponctuel. Il en voulait à son manager – mon soupçons étaient confirmé.

-Je vois, dis-je en allumant ma cigarette – et le sienne vu qu’il avait accepté mon offrande. Votre manager a peur de quoi ? De dépenser de l’argent en l’utilisant pour une tournée. Si c’est le cas, il a tort. C’est les tournées qui amènent l’argent. Pas l’argent qui amène les tournées, dis-je en soufflant la fumée.

Je l’avais prouvé au début de ma carrière avec The Army – pour le plus grand malheur de Daryll Rogers.

-Vous n’avez jamais pensé à vous trouver un autre manager ?, dis-je légèrement curieux. Quelqu’un qui pourrait vous amener encore plus haut ?, rajoutais-je en alternant entre cigarette et whisky.

@ Billy Lighter