J’étais dans ma voiture qui se dirigeait doucement vers la station L.A.Rocks. Les embouteillages rendaient les déplacements difficiles. Cependant, j’avais suffisamment de patiente que pour éviter de klaxonner inutilement sur les autres automobilistes pressés qui, eux, ne se privaient point de se faire entendre.

Je me remémorais le dernier mois avec un sourire prononcé sur les lèvres. L’actualité n’avait point été centrée sur mes groupes mais sur Ricci et les révélations sur son tout jeune fils qu’il avait caché pendant quelques mois dans une prison dorée. C’est Amon qui avait fait ses révélations qui avaient fait sensation. Mon meilleur ami m’avait prévenu au mariage de Sonne et Axel qu’il réservait une surprise de taille à l’Italien. Je n’avais point été déçu par celle-ci. Ceci allait déstabiliser grandement mon rival de toujours.

Ce qui avait été bien moins réjouissant, c’était la sortie du single de la jeune Cortez et d’Apolline. Ceci avait fait les choux gras de Guitar&Pen et Reed en avait profité pour se montrer en accordant une interview au magazine. Il ne ratait point une occasion pour montrer que sa maison de disques avait le vent en poupe.

Aujourd’hui, c’était à mon tour de faire, un peu, parler des groupes appartenant à MTI. Il était temps d’établir un bilan de l’année et de donner l’eau à la bouche aux fans pour les mois à venir. Une tournée était prévue avec mes deux groupes et nous allions en parlé à l’émission de Snyder. J’appréciais cet homme qui avait un avis intelligent sur la musique et qui, en plus, avait l’avantage de ne point être orienté comme Axel Moriarty. C’est lui qui m’a aidé à faire connaitre The Burning Fire aux débuts du groupe. Je le considérais comme un allié.

J’étais arrivé, après de longs embouteillages, à la station de radio préférée des jeunes de L.A. J’avais été conduit jusqu’au studio de Snyder par une aimable employée. J’y étais entré et avait découvert Snyder bien à son poste.

-Bonjour, Snyder. Heureux de te revoir.

Je lui avais tendu la main pour une poignée de main chaleureuse.

@ Billy Lighter

Je crois que tous les employés, journalistes, techniciens et autres de L.A.ROCKS signeraient à deux mains pour des journées comme celle-ci. Tout du moins ceux qui devaient, de près ou de loin, avoir un contact avec moi.

J’avais une interview à faire aujourd’hui, le genre de journée où les autres essayaient au maximum de m’éviter jusqu’à ce qu’au moins, l’interview soit passée, en espérant que ça se passerait bien. Parce que quand ça se passait mal, je pouvais ruminer la chose pendant encore le reste de la journée, jusqu’au lendemain où, après une nuit d’insomnie à cogiter et à refaire le film de cette interview tendue en me demandant où ça avait merdé, je sois trop terrassé de fatigue pour être vraiment virulent, en devenant seulement ronchon…

Aujourd’hui faisait donc exception, j’étais même détendu et me réjouissais de l’interview à venir. En effet, j’allais recevoir le manager anglais Timmy Evans.

Le gros avantage d’Evans, c’était que je le connaissais depuis mes débuts ici, à L.A.ROCKS. Il était venu me trouver avec la première démo de The Burning Fire en me demandant de la passer à l’antenne. Et c’était en 1975, il y avait 7 ans de ça.

Entre temps, j’avais souvent revu Evans, soit ici même pour une interview ou l’autre, soit à des galas, remises de prix, ou encore la diffusion du clip You’re The Truth Not I de son groupe.

Le gros avantage d’Evans, c’était que j’aimais bien Evans.

Je n’avais pas pour réputation d’être orienté comme un Axel Moriarty, par exemple. Mais j’avais mes têtes. Parfois ma sympathie (ou non) se jouait en interview, comme avec Daniele Ricci, par exemple. Parfois, je tombais sur de véritables mystères comme récemment avec Maria Watson dont j’appréciais certaines facettes et ne supportais pas d’autres…

Avec Evans, ça s’était joué dans mon bureau, alors que je venais de massacrer un téléphone que j’avais balancé contre un mur… Je ne savais même plus aujourd’hui pourquoi j’avais détruit ce putain de téléphone.

Mais après tout, les téléphones faisaient aussi partie des choses que je n’aimais pas.

J’étais donc dans mon aquarium, tout était prêt, et j’étais aussi cool que je puisse être capable de l’être… Ce qui ne m’empêchait pas de fumer comme un dragon.

Je relevai les yeux de mes questions et enlevai mon casque, dans lequel Charly m’envoyait du The Burning Fire en attendant pour me mettre dans le bain, quand Timmy Evans, très ponctuel comme à son habitude, fit son entrée.

Je me levai pour serrer la main qu’il me tendait et lui souris.

-Salut, Evans ! Le plaisir est pour moi.

Je lui désignai sa place.

-Tu peux t’installer, mets-toi à l’aise.

Je jetai un regard à l’horloge.

-On commence dans 10 minutes. Merci d’être à l’heure.

Ça en faisait au moins un, en dehors de moi, qui prenait ses précautions en vue des embouteillages. Je me rappelais encore Alexie arriver tranquille, et en retard, le jour du gala des Shermans… Bien que quand je pensais à Alexie désormais, c’était moins à ça que je pensais qu’au baiser qu’elle m’avait offert quand je l’avais déposée chez Hank North pour sa convalescence…

Je ne l’avais plus revue depuis.

-En deux mots et c’est une question que je pose à titre personnel parce que j’aime aussi beaucoup le recevoir ici : comment va Howard ?

@ Billy Lighter

J’avais été très chaleureusement accueilli par l’animateur radio. Il était toujours bien aimable, cet homme. Nous devions avoir eu des éducations semblables. Je l’appréciais autant pour ceci que pour sa façon de voir la musique et de faire passer les messages qui lui tenait à cœur. Je le trouvais encore plus percutant que ne l’était Vintage Joe. C’était une question de goûts, cependant, mais les miens étaient tels que je préférais de loin Snyder qui me semblait avoir l’esprit plus ancré dans cet époque que Vintage Joe qui me semblait être resté coincé dans les années soixante.

J’avais pris place dans l’aquarium à l’endroit indiqué par Snyder. Nous nous tutoyions depuis des années. Ceci nous était venu tout seul sans que nous nous concertions.

-Merci.

L’émission allait commencer dans dix bonnes minutes. Je n’appréhendais aucunement le moment du début de l’émission car je savais que Snyder aurait des questions pertinentes et sans aucun piège. J’étais à l’heure et ceci avait été remarqué par Snyder.

-De rien. C’est tout à fait normal.

J’étais un maniaque de la ponctualité contrairement à certain membre de mon groupe phare comme Jerry The Kid ou Stone. C’est de ce dernier que Snyder m’avait parlé en premier, tout ceci en dehors de l’émission. Il voulait avoir des nouvelles du batteur qui avait subi une agression il y a quelques mois.

-Il va beaucoup mieux. D’après les dernières nouvelles que j’ai reçues, il aurait retiré son plâtre et aurait repris la batterie. Il sera prêt pour la prochaine tournée d’après ses propres dires.

Je ne l’avais point vu en chair et en os mais j’avais eu des nouvelles de par d’autres personnes. J’allais bientôt aller en studio pour aller voir mon groupe en entier afin de me faire une idée, en direct, de leur état de forme.

-Je dois t’avouer que j’en suis soulagé… Cette agression a été le pire moment de l’année pour moi et pour le groupe.

Surtout qu’au départ, nous n’étions pas certains qu’il puisse un jour se remettre à la batterie.

@ Billy Lighter

Je laissai Timmy s’installer à son aise dans le studio, le remerciant au passage pour sa ponctualité. J’étais du genre à souligner quand je n’appréciais pas quelque chose, mais l’inverse était vrai aussi. Timmy rétorqua que c’était tout à fait normal. Je ne pus m’empêcher de ricaner.

-C’est ce que je crois aussi, mais ce n’est pas l’avis de toute le monde, d’après ce que j’en sais.

Une fois le manager anglais installé, j’avais profité des quelques minutes qu’il nous restait hors émission pour demander des nouvelles d’Howard Stone que j’appréciais également beaucoup. Ça pouvait peut-être sembler bizarre que j’apprécie un comportement aussi nonchalant que celui du batteur de The Burning Fire et pourtant, c’était le cas. Il n’y avait aucune méchanceté, chez Stone, aucune mauvaise intention…

Et il y avait dans sa nonchalance quelque chose d’apaisant… Comme si en le regardant, je me rendais momentanément compte que ce n’était pas parce que je lâcherais un peu prise que j’arrêterais subitement de respirer pour tomber raide mort ou que le monde s’arrêterait de tourner… il ne tournait de toute façon pas rond alors…

Je fus donc ravi d’apprendre que Stone allait mieux. Mon sourire fut plus franc et j’allumai une cigarette alors que l’Anglais disait qu’il était soulagé. Le groupe, d’après lui, serait prêt pour la tournée à venir que l’agression avait reportée.

-Je suis ravi de l’apprendre. On va en profiter pour annoncer cette excellente nouvelle à l’antenne, si ça te dit.

Je brandis mon paquet de cigarettes vers lui, une expression d’interrogation sur mon visage.

-Tu fumes ? Je ne sais plus.

Je posai le paquet au milieu de la table.

-Enfin si l’envie t’en prends, tu peux te servir.

Je jetai un coup d’œil à l’horloge puis, clope au bec, je plaçai mon casque sur mes oreilles. Je savais que Timmy savait exactement comment les choses marchaient. Lui et moi avions commencé plus ou moins notre carrière au même moment.

The Burning Fire passait justement dans le casque et je fis un signe de tête à Charly pour signifier que j’étais près, puis fit de même avec Timmy qui semblait prêt lui aussi.

-Vous êtes sur L.A.ROCKS, il est 19 :00 ! Et c’est aujourd’hui en compagnie du manager anglais Timmy Evans que j’ai le plaisir de me trouver dans nos studios ce soir.

Je relevai mon regard vers Timmy.

-Bonsoir Timmy…

Je lui laissai le temps de répondre puis continuai :

-Je ne pense pas qu’il soit encore réellement nécessaire de te présenter à nos auditeurs… Ta carrière et ton parcours, notamment avec The Burning Fire, parlent pour toi. J’ai notamment eu le grand honneur, en 1975, d’être le premier à passer une de leur démo que tu étais venu personnellement m’apporter dans mon bureau.

Je ne m’encombrai pas de l’hypocrisie qu’employer le vouvoiement à l’antenne aurait impliqué. Je n’étais pas un hypocrite. Je connaissais Timmy et je ne le cachais pas.

-Quand tu regardes en arrière maintenant, qu’est-ce que tu dirais du chemin parcouru ?

@ Billy Lighter

Snyder avait fait la même observation que moi. Certaines personnes ne trouvaient pas important d’être à l’heure à leur rendez-vous. Ceci était, pour moi, un manque complet de professionnalisme et de respect. Cependant, ces deux caractéristiques n’étaient point données à tout le monde.

-Nous somme bien d’accord.

Nous avions commencé à discuter avant que l’émission ne démarre. J’avais donné des nouvelles rassurantes sur Stone à Snyder qui appréciait le batteur. Stone nous avait fait une belle frayeur avec cette agression.

Nous étions tous les deux, Snyder ainsi que moi, ravis que le batteur soit, à nouveau, en forme. C’était une très bonne nouvelle à quelques semaines d’une nouvelle tournée.

-Oui profitons-en pour l’annoncer aux fans.

Snyder était un homme aimable et il n’était point avare en gentillesse comme cette cigarette qu’il me proposait. Je ne fumais qu’occasionnellement. Je n’étais point un homme accro à la nicotine.

-Cela m’arrive.

Il avait laissé le paquet au milieu afin que je puisse me servir quand bon me semblait.

-Merci.

C’est ainsi que j’avais pris le paquet pour me servir d’une cigarette. Jake fumait et je désirais l’accompagner pour être plus proche de lui lors de cette interview. J’avais sorti un briquet de ma poche afin d’allumer la cigarette. C’était toujours un outil utile pour ce genre de rencontre.

Jake avait enfilé son casque, c’était le signe qu’il fallait que je fasse de même. Nous pouvions entendre une chanson de mon groupe à travers le casque. Ceci donnait le ton pour l’interview que nous allions commencer.

Jake m’avait introduit aux auditeurs. J’arborais un sourire de circonstance.

-Bonsoir Jake.

Nous étions partis pour une petite rétrospective. Jake avait rappelé aux auditeurs que son émission avait été la première à diffuser les premiers titres de The Burning Fire. Ceci avait été l’un de mes premiers coups de poker dans ma carrière de manager. Je me rappelais de ce jour comme si c’était hier.

-Quand je regarde en arrière, je me dis que The Burning Fire a fait pas mal de chemin. Ils ont commencé dans les petits bars de Los Angeles et sont rapidement devenu des stars internationales. Tout ceci s’est passé très vite et ça a été un grand changement de vie pour eux comme pour moi. Mais ça n’a pas été sans embuche. Comme tout le monde le sait, le groupe a subi des remaniements suite au décès de Kayden et aux départs de certains membres. Cependant, ceci ne m’a point découragé à essayer de permettre aux membres restants de pouvoir faire leur musique. C’est pour cela qu’on a tout mis en œuvre pour engager des membres talentueux comme Nathan et Apolline et permettre à The Burning Fire de sortir un nouvel album.

J’avais marqué une très brève pause pour apprécier ma cigarette avant de reprendre sur la question de Jake.

-Quand je regarde, donc, le chemin parcouru, je suis plutôt satisfait et heureux de tout le travail accompli par ce groupe talentueux.

Je m’étais un peu étalé sur la question mais nous étions ici pour parler sans tabou.

@ Billy Lighter

Il semblait que, pour le moment, les plus grands problèmes de The Burning Fire étaient derrière eux. Nous allions pouvoir annoncer la bonne nouvelle à leurs fans, et ce en direct à la radio. J’avais aussi, avant de prendre l’antenne, proposé une cigarette au manager. Je ne savais plus s’il fumait ou non et pour cause : il était fumeur occasionnel…

Mais il se servit, tandis que je plaçais mon casque sur ma tête, marquant le presque début de l’interview.

La musique laissa place à ma voix et je présentai le sujet et l’invité du jour, lançant une question ouverte dans la foulée. Je n’avais d’ailleurs pas hésité à souligner que j’avais été le premier, dans All New Magneto, à passer le groupe sur les ondes.

Timmy était, globalement, satisfait du parcours de The Burning Fire. Une déclaration qui me semblait bien modeste quand on savait par tout ce dont le groupe était passé au fil des années, perdant notamment tragiquement son frontman Kayden James.

-Remaniements importants autant qu’inattendus, en effet. C’était tout de même extrêmement risqué d’engager des personnalités telles qu’Apolline Mclagan qui est la première femme à faire partie du groupe et un Nathan J. Williams qui est l’antithèse d’un Kayden James…

Je marquai une pause juste le temps de tirer sur ma cigarette avant de reprendre ce qui me semblait être plus une véritable conversation entre nous qu’une interview.

-C’était un coup risqué qui aurait pu décevoir les fans de la première heure. Mais si on sait que tous n’ont pas été satisfaits, c’est bien loin d’être la catastrophe et pour tous ceux qui se sont détournés de The Burning Fire, un nouveau public s’y est attaché.

Je soufflai ma fumée :

-Ceci est mon analyse et n’engage que moi, mais au moment où, toi, tu as du faire ces choix, comment les as-tu ressentis ? Comme un coup de poker, ça passe ou ça casse, ou tu avais un bon feeling dès le début ?

@ Billy Lighter

J’étais à l’aise dans cet aquarium. Jake ainsi que ses assistants étaient de vrais professionnels. Je savais qu’ici je ne devrais point prévenir l’un ou l’autre coup fourré de mon interviewer. Je n’étais point en compagnie de Moriarty. Jake étais plus semblable à un allié qu’à un ennemi.

Nous étions entrés directement dans le sujet grâce à une question ouverte de Jake. J’avais retracé oralement le chemin parcouru par The Burning Fire depuis le début de la carrière du groupe. Ceci n’avait point toujours été facile surtout ces dernières années avec le coma et le décès de Kayden. Une perte énorme et tragique pour mon groupe. Nous nous en sommes bien sorti avec la nouvelle version de The Burning Fire qui fonctionne très bien grâce au talent de chacun des membres.

Jake avait souligné ceci. Les changements avaient été radicaux mais nécessaires. Nous ne pouvions repartir qu’avec quelques nouveaux membres, privé que nous étions de Kayden James qui était à la fois guitariste et chanteur. Nous avions perdu un pilier que nous avons dû remplacer. Jake avait une observation très juste des évènements. Certains fans n’ont point aimé la nouvelle version mais ceux-ci étaient loin d’être majoritaire. La plupart des fans de la première heure étaient satisfait des nouveaux membres et de leur musique. Comme l’observait bien Jake, nous avons, aussi, eu de nouveaux fans. Cela crée un bel équilibre et donne à The Burning Fire une seconde vie.

Jake cherchait des précisions sur les choix audacieux que j’avais pris concernant les nouveaux membres.

-Ça a été différent pour chacun des nouveaux membres. Il faut savoir que, par exemple, Jerry The Kid a été engagé suite à une audition. Je n’ai pas été le seul à choisir. C’était aux membres originels restants de choisir. Ils avaient déjà entendus beaucoup de potentiels chanteurs mais Nathan a été bien plus brillant que les autres et le feeling artistique est passé directement avec les autres membres. Je m’en suis remis à eux pour ce choix. Cela porte ses fruits actuellement.

Il ne s’agissait que d’un feeling artistique car, peu de temps après l’engagement de Nathan, c’est Nathan Williams originel qui a décidé de quitter The Burning Fire pour des différents avec Jerry The Kid. Ceci, je n’avais point besoin d’en parler car la question concernait la musique.

-Apolline c’est, par contre, moi qui l’ai proposé au groupe. Je connaissais son talent depuis longtemps. Je l’avais déjà vue se produire sur des scènes au Royaume-Uni. Ce choix me semblait être judicieux car le style d’Apolline correspondait à la philosophie actuelle de The Burning Fire. Les autres membres ont été conquis et c’est ainsi qu’elle a rejoint le groupe. Nous ne pouvons, donc, point parler de coup de poker. Tous ces choix sont venus d’un bon feeling que ce soit de ma part ou de ceux des membres du groupe.

Apolline et Nathan étaient des bons choix artistiques. Les fans pouvaient en témoigner ainsi que les chiffres de ventes d’album qui ne mentent jamais.

@ Billy Lighter

Impossible de parler du parcours de The Burning Fire depuis 1975 sans parler des malheurs qui se sont abattus sur le groupe et des remaniements que ça a engendré. Et fatalement, Apolline Mclagan et Jerry The Kid n’avaient ni été recrutés en même temps, ni de la même façon, comme l’expliqua généreusement Timmy à l’antenne.

Il avait l’air aussi à l’aise que moi dans cette interview, mais j’espérais quand même qu’il ne laisserait pas trop de place à certaines failles afin que je n’aie pas à m’aventurer sur des détails qu’il souhaiterait omettre. Parce que moi, que j’apprécie ou pas Evans, mon intégrité journalistique me pousserait à lui poser les questions sur ce qu’il laisserait éventuellement entendre.

Williams était donc passé par la voie classique quand Mclagan avait eu la chance de connaître le manager anglais bien avant cela puisqu’ils étaient tous deux originaires du Royaume-Uni. J’enchaînai en embrayant sur les déclarations de Timmy comme quoi la jeune femme correspondait mieux à la nouvelle philosophie de The Burning Fire.

Je laissais la fumée s’échapper de mon nez et de mes lèvres tout en parlant dans le micro, mon regard levé vers Evans.

-Il est clair que, à talent égal, tout du moins est-ce mon opinion, nous n’avons plus à faire au même The Burning Fire qui a connu une ascension fulgurante au milieu des 70’s… Corrige-moi si je me trompe, mais d’un The Burning Fire qui était qualifié des très professionnel, sérieux, faisant un rock « calme », on est passé à un groupe plus fêtard, tant sur le fond que sur la forme…

Je marquai une pause, laissant aux auditeurs et à mon invité le temps d’assimiler.

-Là où, au début, Howard Stone était un OVNI dans le groupe, et avec les divergences artistiques que ça impliquait, il semble maintenant entouré de membres plus à son image. Est-ce qu’on peut dire, en faisant peut-être un raccourci un peu facile, que l’on est passé du The Burning Fire de Kayden James au The Burning Fire de Howard Stone ? Ou dirais-tu plutôt que le groupe actuel à une « hiérarchie » moins marquée, sans vraiment de frontman ?

@ Billy Lighter

La fumée commençait à prendre le pouvoir dans l’aquarium où nous étions. Ceci était une habitude ici puisque je n’avais jamais vu Jake Snyder ne point fumer lorsqu’il interviewait ses invités. Je l’avais accompagné aujourd’hui.

Nous avions parlé du parcours de The Burning Fire depuis leurs débuts en 1975. Cette date est aussi marquante pour le groupe que pour moi-même. Cela a été le vrai début de ma carrière en tant que manager.

Ensuite, il m’a été simple de répondre à la question de Jake sur l’engagement des artistes tels que Nathan et Apolline. Nous n’avions rien à cacher chez The Burning Fire pas même que je sois hautement impliqué dans le choix de Mclagan comme guitariste. Je savais que je pouvais ainsi ouvrir la voie à des questions bien embêtantes mais cela ne me faisait aucunement peur de les affronter si elles arrivaient. Ceci me fera un entrainement pour les prochaines fois où je me retrouverais devant des gens comme Jimmy Reed ou Axel Moriarty.

C’est dans une des ouvertures que j’avais faites que Jake s’était immiscé pour parler des différences de mentalités entre le nouveau et l’ancien The Burning Fire. Je ne niais point ces différences frappantes. Je m’étais résigné à prendre le groupe comme il était au lieu de le faire devenir comme l’ancien. Nous avions des membres plus jeunes qu’auparavant avec Apolline et Nathan. Le plus vieux étant, physiquement, Stone bien que nous ne pouvions point le considérer comme le plus mature.

The Burning Fire était devenu un peu plus comme Stone comme l’avait souligné Jake qui nous offrait ici une analyse correcte de la situation.

-Pour être honnête, je pense qu’il s’agit un peu des deux. Les nombres des nouveaux membres dans le groupe est supérieur par rapport aux anciens. Il est évident que le plus connu des membres restants est Howard Stone. Son statut d’enfant terrible du groupe a participé à cette notoriété et faisait des lui la coqueluche d’une partie des fans du groupe. Les nouveaux membres sont un peu à son image étant donné qu’il a grandement participé à leur recrutement.

La voie d’Howard Stone pesait beaucoup dans la balance par rapport aux anciens autres membres restants. Il a su donner son avis et c’est ainsi que nous nous retrouvons avec des gens plus à son image. Ceci pour mon plus grand désespoir, parfois.

-Cependant, on ne peut pas totalement dire que c’est le The Burning Fire d’Howard Stone. C’est plutôt une nouvelle version de The Burning Fire plus à l’image de Stone que de Kayden. Ceci ne fait pas de Stone le leader du groupe, ni même le frontman. Ainsi, nous pouvons dire que le groupe n’a pas forcément de hiérarchie comme on retrouve, par exemple, chez The Lightening.

Je tenais Apolline comme leader, cependant, ceci n’engageait que moi. Je ne voulais pas officiellement la nommée ainsi. Point aujourd’hui, en tout cas. Je pouvais gérer certaines de mes ouvertures mais je ne voulais point m’engager sur des pentes trop sinueuses qui me mèneraient à parler du single d’Apolline et la jeune Cortez récemment sorti.

@ Billy Lighter

J’avais l’impression de parler beaucoup, par rapport à d’autres interviews. Mais il fallait dire que depuis 1975, je recevais régulièrement The Burning Fire et/ou Timmy Evans, sans compter qu’il m’arrivait de rencontrer, hors interview, le manager anglais, lors d’événements divers qui impliquaient une présence de la presse.

J’étais donc en terrain connu, pour ainsi dire… Et Timmy, qui avait désormais pignon sur rue, n’avait plus grand-chose à prouver et ne ruait donc pas dans les brancards en suppliant qu’on l’aime comme avait pu le faire Maria Watson, pas plus qu’il ne prônait à tout prix le changement…

Non. S’il y avait eu des changements au sein de The Burning Fire, c’était par pure nécessité. Sinon, Evans ne semblait pas être du genre à changer une équipe qui gagne.

Je me demandais si, depuis notre interview, Watson avait rencontré Cash Izbel et, si oui, comment ça s’était passé entre eux alors qu’ils étaient diamétralement opposés.

Timmy, lui, acheva de m’expliquer, au moment où j’écrasais ma clope dans le cendrier qu’il n’y avait ni leader, ni véritable hiérarchie dans son groupe, risquant la comparaison avec The Lightening… Bien que Billy Lighter et Cash Izbel, en particulier le guitariste, n’avaient jamais caché qu’ils se considéraient comme le noyau du groupe.

-Tout le monde connait le son de The Burning Fire, désormais. Mais pour rappel, The Burning Fire du temps de Kayden James, c’était ça.



J’enlevai mon casque et en profitai pour rallumer une cigarette avant de refaire glisser le paquet à plus ou moins égale distance entre nous.

Comme à mon habitude, je demandai à mon interlocuteur si tout allait bien et comme il n’y avait pas de raison que ça aille mal, on put continuer après la chanson et après le passage de Charly qui m’apporta un café et un thé pour notre invité.

Je remis mon casque.

-C’était Hell In Your Eyes sur le premier album de The Burning Fire, A Brave New World.

Je regardai Timmy.

-Il est probablement inutile de s’attarder sur le passé de The Burning Fire car les fans connaissent leur histoire sur le bout des doigts. Leur présent est, pour le moment, plus abstrait. 1982 n’a certainement pas été la meilleure année pour toi et ton groupe, mais tu m’a laissé entendre, hors interview, que les choses s’arrangeaient, notamment au sujet de la blessure au genou d’Howard Stone.

@ Billy Lighter

J’en étais à expliquer la hiérarchie de The Burning Fire qui, en vérité n’était pas une hiérarchie. Les membres étaient sur un pied d’égalité bien que la notoriété du batteur fasse affirmer aux fans que Stone en est le leader. La réalité était au-delà de ceci étant donné que Howard Stone n’avait point l’étoffe d’un leader dans les faits.

Ceci étant éclaircit, Jake avait lancé la musique. Il s’agissait d’un des premiers tubes du groupe. Cette chanson était, personnellement, l’une de mes favorites. Une composition de Stone et Williams l’Originel. Stone, avec ses aires nonchalant et sa façon de parler qui sortait tout droit des quartiers populaires, ne semblait point être un homme qui savait écrire les paroles d’une bonnes chanson. Ce tube était la preuve que cette affirmation était fausse.

J’avais enlevé mon casque pour entendre les éventuelles paroles de Jake qui partageait encore ses cigarettes. Une seule me suffisait et je l’avais terminée la chanson entamée.

Jake avait toujours l’habitude de demander si tout allait bien. Il n’avait point à s’en faire pour cela. Tout se passait à merveille. Encore mieux quand le technicien habituel de Jake m’avait apporté un thé. C’était une autre preuve que j’étais en terrain connu et ami.

La chanson terminée, nous avions remis chacun notre casque. Jake avait enchainé. Nous avions parlé du passé, il était temps de parler du présent. Stone avait été blessé et Jake me donnait la possibilité de rassurer les fans.

-Oui, tout s’arrange pour Howard Stone. Son genou est entièrement rétabli et il a repris la batterie pour préparer la tournée à venir. Il est en forme et a un moral d’acier. Il revient de très loin mais son agression semble déjà bien derrière lui. Il sera au top pour la tournée qui approche à très grands pas.

Je ne laissais aucun doute sur le moral et la santé de Stone. Même si je n’avais pas de nouvelles précises sur son moral, je pouvais faire comme si je les avais afin de rassurer les fans et d’éviter que les médias ne spéculent. Car, j’avais Amon Sørensen avec moi, mais point les autres.

@ Billy Lighter

Tout se passais bien, on avait désormais du café et du thé en plus des cigarettes, même si Timmy semblait avoir son compte de nicotine pour le moment. Ça n’était pas mon cas et j’avais donc repris une cigarette. Je ne craignais jamais, dans les studios, de tomber à court puisque j’avais une armoire qui ne contenait pratiquement que de quoi continuer à écourter méthodiquement ma vie. Je ne me tracassais pas trop, de toute façon, je me savais déjà condamné par le stress. Ça allait me tuer bien plus sûrement et plus rapidement que tout le goudron dont je pouvais tapisser mes poumons.

Mon cœur en prenait plein la tronche même quand je ne faisais aucun effort physique.

Une fois la chanson terminée, j’avais reporté mon attention sur Timmy. Nous avions parlé du passé, il était temps de parler du présent et je terminerais l’interview en spéculant avec le manager sur le futur. J’aimais quand les choses étaient structurées et avec l’Anglais, c’était d’autant plus facile qu’il était aussi ordonné que moi.

Timmy donna donc de bonnes nouvelles du batteur. Guéri, il avait repris la batterie et serait fin prêt pour la tournée qui approchait. Une nouvelle qui me donna le sourire même si j’étais déjà au courant puisqu’on en avait parlé hors antenne.

-Voilà une nouvelle qui va réjouir les fans de la première heure de The Burning Fire ! Il s’agira aussi d’une tournée de mise à l’épreuve pour le jeune Jerry The Kid puisque, si je ne m’abuse, ce sera sa toute première tournée… Pour Apolline Mclagan aussi bien qu’elle ait déjà une bonne expérience de la scène.

Je marquai une pause, plus pour tirer sur ma cigarette qu’autre chose avant de poser ma question. Mais les auditeurs qui suivaient assidument l’émission devaient probablement être habitués à ce rythme caractéristique que j’avais et qui consistait en une mise en contexte suivie d’une question. De même qu’ils devaient avoir l’habitude de m’entendre parfois souffler la fumée de mes poumons dans le micro. Un peu comme une marque de fabrique.

-Comment appréhendes-tu cette première tournée pour les nouveaux membres de The Burning Fire ?

Je le laissai répondre avant d’enchaîner avec une autre question… Je ne pouvais pas vraiment passé à côté du single de Mclagan.

-On sait aussi que Roadtramp va partir en tournée pratiquement en même temps que The Burning Fire… Avec en première partie, Olivia Cortez… Est-ce que les fans peuvent s’attendre, si les dates collent, à un duo sur scène entre Mclagan et Cortez étant donné qu’elles ont un single en commun ?

@ Billy Lighter

J’appréciais le thé que l’assistant de Jake m’avait apporté. Mes goûts n’étaient plus un secret pour lui. Nous nous connaissions depuis assez longtemps pour prévoir les envies de chacun. Lui appréciait les cigarettes et le café et moi, le thé.

Jake m’avait permis, au travers de cette interview, de rassurer les fans sur la santé de Stone. Il allait beaucoup mieux et ceci était autant rassurant qu’ennuyeux. Stone était un homme qui s’ennuyait vite et il comblait cet ennui en faisant des frasques. Dans le plâtre, il avait été incapable d’en faire. Cependant, nous allions, aujourd’hui, nous centrer sur le positif de cette nouvelle.

Ceci allait plaire aux fans et Jake en avait profité pour dire que la tournée sera le baptême du feu pour Jerry The Kid qui entamera la toute première tournée de sa très jeune carrière. Ceci n’était point le cas des autres membres qui étaient des habitués de la scène.

-Oui, ça sera la première tournée de Jerry The Kid et ses premières grandes scènes mais il est serein à ce niveau. C’est un jeune homme qui est fait pour la scène.

Il n’était point un homme timide. C’était plutôt un très grand extraverti et je n’avais aucun doute sur ses capacités à s’approprier la scène et à donner le meilleur de lui-même.

Jake s’était attelé à parler de la tournée. Nous passions, donc, au future. J’avais un bon pressentiment pour la prochaine tournée.

-Je l’appréhende bien. The Burning Fire est, peut-être, composé de tous nouveaux membres mais ce n’est pas la première tournée que je prépare. Je suis serein et je suis certain que le public va être conquis par le groupe.

J’avais minutieusement préparé cette tournée en ne négligeant aucun détail. Il n’y avait aucune raison pour que ça se passe mal surtout que la tournée était entièrement produite par MTI. Nous n’aurions pas à devoir rendre des comptes à BSC comme lors de la tournée de The Lightening et de Roadtramp de l’année dernière. Bien que, comme l’avait souligné Jake, nous aurons, peut-être, à croiser Roadtramp lors de notre tournée car Daniele Ricci avait eu la bonne idée de démarrer sa tournée en même temps que la mienne. Ceci avait permis à Jake de parler du single mais la façon dont il avait posé la question me permettait de ramener les choses à mon avantage.

-Si les dates collent et que les deux jeunes femmes sont intéressées par l’idée, j’inviterais moi-même Olivia Cortez à rejoindre Apolline sur scène lors d’un concert de The Burning Fire. Je n’exclus, donc, pas cette possibilité.

J’excluais, par contre, l’inverse sans le préciser à l’antenne tant que Jake ne m’emmenait pas sur ce terrain. Je ne voulais pas qu’Apolline fasse irruption dans un concert de première partie organisé par BSC. Ça n’était pas dans l’ordre des choses. BSC disposait peut-être des droits entiers sur le single mais il ne disposait point des droits sur la personne d’Apolline qui avait un contrat solide avec MTI.

@ Billy Lighter

Evans semblait confiant au sujet de la tournée. Il avait confiance dans les nouveaux membres de The Burning Fire bien plus qu’il n’avait jamais eu confiance à Howard Stone depuis le début de la carrière du groupe. Mais quand il disait que le jeune Nathan J. Williams était fait pour la scène, je n’en doutais pas. Il avait une présence, c’était certain. Il avait même une certaine forme de charisme difficilement descriptible.

Et puis… Sa folie attirait les regards, les regards attiraient les questions, les fans spéculaient… Moi, je ne savais pas si Nathan était fou ou si c’était un génie du marketing.

Et en dehors de Nathan, il y avait Apolline et ce fameux single qui défrayaient la chronique chez ceux qui, au-delà d’écouter et d’apprécier des disques, se penchaient d’un peu plus près sur tout ce qu’il y avait autour et sur l’industrie du disque en particulier… Parce qu’en effet, sur le dernier single de Livia Cortez, Apolline Mclagan figurait non seulement en invitée, mais c’était aussi le seul et unique logo de BSC que l’on pouvait voir à l’arrière de la pochette.

Bien des radios et notamment des animateurs de L.A.ROCKS avaient tenté d’analyser la chose en long et en large. Et alors que j’étais le seul à pouvoir réellement poser la question « comment ça se fait ? » à l’un des principaux intéressés, je ne le fis pas.

Ou, tout du moins, je tournai la chose autrement… Je ménageais Evans parce que je le respectais. Mais j’avais quand même posé la question sur le single. S’il me tendait une perche ou qu’il répondait mal en laissant des zones d’ombre, il savait aussi bien que moi que j’allais lui poser les questions afin d’éclaircir son discours.

Il répondit et il répondit bien. Pas besoin d’appuyer sur le clou, les gens n’avaient qu’à faire preuve d’un minimum d’intelligence et de lire entre les lignes du discours du manager qui laissait bien entendre, par ses mots et son ton, que si Cortez pourrait rejoindre Mclagan sur scène pour un duo, l’inverse serait hors de question.

Nous avions donc abordé la santé du groupe, comment leur manager voyait cette tournée à venir, les possibilités qui allaient s’y offrir comme cet éventuel duo en live.

Restait donc à parler d’autres projets, d’après tournée…

-Et pour après la tournée ? Je vais peut-être un peu vite en besogne, mais est-ce que toi et le groupe avez un projet d’album ou est-ce que vous allez, à l’instar de The Lightening, vous lancer dans un nouveau projet de clip ? Dans ce dernier cas et avec les derniers remous dans la presse concernant Hank North qui a figuré dans chaque clip de The Burning Fire jusqu’ici, sera-t-il encore question d’engager l’acteur pour un tel projet ? On rappelle évidemment que Hank North est le meilleur ami d’Howard Stone…

Le journalisme était parfois une belle salope, dans le sens où, parce que tout le monde en parlait, j’étais presque obligé d’en parler aussi… Pourtant, le people n’était pas ce qui m’intéressait le plus. Sauf que dans ce cas-ci, la question s’imposait un peu d’elle-même puisque North avait toujours été le « visage » des clips vidéo de The Burning Fire.

@ Billy Lighter

J’avais confiance au bon déroulement de la tournée. Je savais la plupart des membres suffisamment expérimentés que pour faire cela très bien. Quant à moi, il ne s’agissait point de ma première tournée. La seule inconnue me semblait être Nathan mais j’avais confiance en ses capacités à s’approprier la scène et à séduire le public. Il était homme à être spécial et imprévisible dans la vie de tous les jours mais il était constant dans ses capacités à créer et faisait toujours de très bons concerts.

Nous étions passés à Apolline et Jake n’avait point pu passer à côté du single que ma protégée avait fait avec Olivia Cortez, l’artiste de BSC. Ceci était un point noir mais Jake avait réussi à tourner la question pour que je ramène les choses à mon avantage. J’aurais le plaisir de laisser Olivia participer, pour une chance, au concert de The Burning Fire mais il sera interdit à Apolline de rejoindre Olivia sur scène pour le concert de la jeune femme. Ceci n’était point dans l’ordre des choses et je ne voulais point que Jimmy Reed obtienne une gloire de plus. Apolline lui en avait suffisamment donné comme cela.

Ma réponse avait été claire. Je n’avais laissé aucun point d’ombre qui aurait dû contraindre Jake à aller voir plus loin. Le single n’était point mon sujet favori.

Ceci fait, j’étais serein pour les questions suivantes. Le plus dur me semblait passé avec cette question de Jake. Nous arrivâmes au futur plus lointain quand le journaliste voulut savoir ce que nous aurons à proposer après la longue tournée qui nous attendait. Le groupe n’était point encore à penser à cela. Il était possible qu’ils fassent un clip mais nous n’en avions pas encore parlé. Cependant, je comprenais la nature de la question de Jake quand il avait évoqué Hank North, l’ami de Stone. Il avait participé à tous les clips du groupe et était, maintenant, dans la tourmente pour une histoire de violence conjugale.

-Le groupe n’a pas encore évoqué ses projets futurs. S’ils désirent faire un clip et s’ils ont l’inspiration pour celui-ci, nous pourrons nous lancer dans le projet. Cependant, ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Il nous restait le sujet épineux d’Hank North. J’avais vu son dernier film et il était excellent. L’acteur Hank North était un grand professionnel et ne m’avait jamais déçu en ce qui concernait les clips.

-Quant à savoir si nous allons reprendre Hank North dans le cas où nous faisons un clip, cela est fort probable. Si nous avons besoin d’un rôle masculin, nous envisagerons North car c’est dans la continuité de nos clips précédents. Il ne nous a jamais déçus.

N’oublions pas, aussi, qu’il était bien moins cher que d’autres acteurs tout aussi connu justement car il s’agissait de l’ami de Stone et qu’il faisait ça, aussi, par amitié.

-N’oublions pas que North demeure un excellent acteur et un grand professionnel. Pour le reste, justice a déjà été rendue et Hank North a déjà été puni. Moi, c’est avec Hank North l’acteur que je traite.

Je n’étais point dans les affaires privées d’Hank North et de Kate Julian. Je ne traitais qu’avec le professionnel qu’était Hank. Ajoutons à ceci que son dernier film n’avait point été boycotté malgré le scandale qu’avait provoqué Julian, donc, je ne voyais point l’inconvénient de l’engager à nouveau.

@ Billy Lighter

Après avoir relaté le parcours de The Burning Fire jusqu’ici, de même que les bonnes nouvelles actuelles et enfin les éventuels projets futurs, je n’avais eu d’autre choix que de m’attarder brièvement sur une facette plus « people » en lien avec The Burning Fire, sans les impacter directement.

J’aurais préféré m’en tenir à parler musique dans un contexte professionnel, mais il n’y avait rien à faire : quand on est une star, les choses que l’ont fait en privé ont souvent tendance à être dévoilées au grand jour et à déteindre sur l’activité professionnelles desdites stars.

C’était le cas d’Hank North pour l’instant. Or, l’acteur était le meilleur ami d’Howard Stone, ce qui était de notoriété publique. Mais il était aussi et surtout le visage que les fans de The Burning Fire associaient inévitablement aux clips du groupe.

La question était donc de savoir si ce fait jusque-là indéniable allait rester une vérité. Et très sincèrement, j’espérais bien que oui. Parce que je faisais partie de ceux qui pensaient que sans Hank North, un clip de The Burning Fire ne serait pas un clip de The Burning Fire.

Exit tout ce qu’il avait pu faire en privé… La justice avait rendu son verdict, concernant ces faits-là.

Et Timmy donna une réponse qui se rapprochait de ma propre façon de voir les choses. Il ne savait pas encore s’il y aurait un clip prochainement, ou après la tournée. Mais il affirma par contre qu’il était fort probable qu’ils engagent à nouveau North s’il devait y avoir un clip.

Il mit l’accent sur le professionnalisme de l’acteur, ce qui me rappelait que je n’avais pas encore été voir Factory War… Et pour cause : comme à mon habitude, j’attendais que les grandes foules soient passées le voir pour être pratiquement seul dans la salle au moment où j’irais.

Je souris à Timmy :

-Les fans des clips de The Burning Fire peuvent donc se rassurer. Il faut dire que beaucoup s’accrochent à certaines choses qu’il reste dans le groupe actuel et qui leur fait dire que The Burning Fire est toujours The Burning Fire et non un nouveau groupe qui aurait juste repris le noms et quelques membres au hasard.

J’écrasai ma cigarette et lançai une dernière question à l’attention du manager anglais :

-Tu as une dernière chose à dire ? Un mot de la fin ou un message à l’attention des fans ?

@ Billy Lighter

Je ne savais point si les accusations faites contre Hank North étaient vraies ou non. Il s’agissait d’une affaire qui relevait du privé et qui n’était point de mon ressort. Ce qui était du mien, c’était de savoir si Hank North était le bon acteur pour le futur clip de mon groupe. Il ne nous avait point déçus les dernières fois et était le visage des clips de The Burning Fire. Je me vois très mal remettre sa place en cause pour ce fait.

Ce qui m’intéressait n’était point la vie privé de l’acteur mais son talent. Sur cela, j’avais été clair avec Jake et les auditeurs.

Nous semblions d’accord le journaliste et moi. Changer d’acteur pour une question d’éthique risquait que nous fassions entorse à la continuité des clips et cela ne serait point commercial. Jake parlait des choses qui rappelait l’ancienne version de The Burning Fire et auxquels certains fans s’accrochaient afin de sentir que l’âme qui avait fait prendre vie au groupe était toujours bien présente. Hank North était ce lien avec le passé à l’instar de Stone.

-Oui, il y a de cela. North amène une continuité que nous avons un peu perdue à cause des remaniements dans les groupes. Mais c’est aussi par souci artistique qu’Hank North me parait tout désigné pour participer au prochain clip. Cela donne un lien entre les clips comme une histoire qui se suivrait.

J’avais dégusté mon thé jusqu’à la dernière goutte entre mes réponses à Jake. Ce moment avec Jake avait été relaxant et cela m’avait permis de m’exprimer sur la carrière du groupe et sur notre avenir. Nous arrivâmes au mot de la fin.

-Je les invites à venir voir The Burning Fire en tournée. Il y aura de bonnes surprises en live qui raviront tous les fans que ce soient ceux de la première heure que les tous nouveaux fans. Je leur souhaite, à l’avance, de très bons concerts.

Ceci serait mon mot de la fin. Nous restait à prouver notre valeur en tournée mais j’avais grandement confiance en mes protégés pour cela.

@ Billy Lighter