-Non… Nous n’avons aucune interview de prévue dans l’émission de Sydney Grey pour Victoria Hunter et ses musiciens.

Je pris un air surpris devant ce que venait de dire la réceptionniste de la station de radio. J’avais reçu un coup de fils de Ben Masters hier à 23h, chez Brent, pour me dire que Daryll avait casé une interview à la dernière minute pour Victoria et l’entièreté de ses musiciens avec nul autre que Sydney Grey… Je devais, normalement, tourner le film de Christopher aujourd’hui, donc, dans la foulée du coup de fils de Masters, j’avais appelé Christopher pour essayer de m’arranger pour que mes scènes soient tournées l’après-midi étant donné que Masters avait insisté sur le fait que je devais absolument être là pour l’interview. Je m’étais trouvé chanceux, hier soir, de voir Christopher si compréhensif.

Mais ce matin, je me trouvais simplement démuni face aux dires de la réceptionniste. Pas d’interview ? Ce n’est pas possible.

-Vous êtes sûre ? On m’a assuré que c’était aujourd’hui…

Mais non. Elle insista. Elle déclara que Victoria n’avait pas d’interview avec Sydney Grey. Ni aujourd’hui. Ni un autre jour d’ailleurs. Je me rendis donc à l’évidence que je m’étais fait bien avoir par Ben Masters.

La question est : pourquoi il a fait ça ? Qu’est-ce que je lui ais fait pour qu’il me fasse un coup pareil ?

Je soupirai et je dus certainement paraitre bien misérable parce que la réceptionniste me proposa d’aller voir un café au frais de L.A.Rocks dans une des salle d’attente de la station.

J’hochai de la tête et la remerciai complètement dépité. Je me rendis dans la salle d’attente et je pris un café avant de me laisser tomber dans un siège. J’aurais dû téléphoné à Victoria ou à Daryll pour avoir confirmation, hier au lieu de croire Masters sur parole. Mais je lui avais fait confiance… A tort.

Je commençai à boire mon café ruminant un peu le fait que, à cette heure-ci, j’aurais dû être sur le tournage du film… Maintenant, il fallait que j’attende l’après-midi pour me rendre aux studios de cinéma. J’avais du temps à tuer… Parce que je me voyais mal me pointer là-bas maintenant alors que Christopher a dû revoir l’entièreté de sa journée à 23h du soir hier…

Je m’étais levé de mon siège abandonnant mon café pour regarder par la fenêtre qui donnait sur Downtown… Je devrais rentrer chez Brent et aller ruminer ailleurs mais, pour l’instant, je n’avais pas vraiment la force de décoller tellement j’avais un peu honte de m’être fait avoir de la sorte. Ce que je ne savais pas c’est que je m’étais trompé de salle… Je n’étais pas dans la salle d’attente réservée aux invités mais bien dans la salle de repos des animateurs et autres techniciens de la station…

On avait reçu du nouveau matériel, aujourd’hui. Nouveaux micros, nouveaux casques. La chaîne n’avait pas lésiné sur les frais, mais après tout, il était grand temps ! Nous étions en 1986 et les technologies en matière de prises de son et de diffusion évoluaient plus vite que ce qu’on pouvait se payer.

Du coup, avec Charly, on s’était mis à travailler dès le matin pour installer tout ça. Ça me changeait un peu de mon métier de journaliste et Charly était un très bon professeur. Ça me permettait d’apprendre et, finalement, de mieux comprendre comment tout ça fonctionnait.

Je saisissais mieux les difficultés que rencontrait parfois mon ingénieur du son.

Au bout de quelques heures de travail, on décida de faire une pause. Je me redressai des câbles sur lesquels j’étais penché et m’étirai…

-Wouah… Je vais nous chercher du café, Charly… Je pense qu’on l’a bien mérité.

Si on continuait comme ça, on aurait bientôt plus les yeux en face des trous… Même si tout était pratiquement installé. Dès ce soir, à l’heure de Let There Be Rock, j’allais pouvoir tester tout ça et je devais avouer que j’avais hâte.

Je quittai donc Charly et allait vers la salle de repos qui nous était attribuée. Il y avait là un percolateur et de quoi nous faire du café. Il y avait aussi un petit frigo où on pouvait stocker ce qu’on amenait de chez nous pour garder tout ça au frais.

Mais quelle ne fut pas ma surprise de trouver quelqu’un là… Pas Sydney Grey, ni un autre journaliste ou technicien…

Non.

Je fronçai les sourcils et quand l’homme se détourna de la fenêtre pour me regarder, je tombai des nues.

-Hugh Crusher ?

C’était une sacrée coïncidence ! Carolyn m’avait fait regardé les trois Love In L.A. il n’y avait même pas une semaine de ça ! C’était pour ça que j’avais vite reconnu l’acteur.

Je secouai la tête.

-Pardon, excusez-moi… Bonjour… Vous êtes l’invité de Sydney Grey aujourd’hui ?

Je m’approchai et lui tendis la main.

-Jake Snyder… J’anime Let There Be Rock…

J’étais en train de ruminer en regardant par la fenêtre quand j’entendis quelqu’un entrer dans la pièce. Je me retournai pour voir un homme plutôt grand qui ne tarda pas à me reconnaitre. J’avais l’impression de connaitre la voix de l’homme sans arriver à mettre un nom dessus. J’avais pourtant, une pas si mauvaise mémoire auditive.

-Heu… Oui… C’est bien ça.

Inutile de le nier. Je devais me rendre à l’évidence que depuis que L.A.People avait, à nouveau, parlé de moi en insinuant que j’étais la nouvelle conquête de Jessica Hill, les gens avait pu voir à quoi je ressemblais désormais. Et, surtout, que j’étais toujours bel et bien en vie.

Il s’excusa et me souhaita le « bonjour », chose qu’il avait omis de faire en rentrant. Je ne lui en tenais pas rigueur. Il avait semblé surpris de me voir ici, donc, je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir oublié les règles de politesse. Je lui fis, d’ailleurs, signe que ce n’était pas grave.

Il me demanda si j’étais l’invité de Sydney Grey avant qu’il ne se présente comme étant Jake Snyder. J’esquissai un maigre sourire. J’aimais les émissions de Jake Snyder même s’il avait, parfois, des avis bien arrêtés sur certaines choses.

Je serrais sa main.

-Enchanté. J’adore votre émission. Vous avez une sacré personnalité.

Je fis alors une moue concernant sa question sur Sydney Grey. Je soupirai et haussai les épaules.

-Je croyais que j’étais invité sur l’émission de Sydney Grey mais, en fait, Ben Masters m’avait fait marché et je suis venu ici pour rien. Il m’avait dit que Victoria et ses musiciens avaient rendez-vous avec Sydney Grey ce matin… Je suis son guitariste. Mais c’était une blague, en fait. Il s’est foutu de moi, Ben…

Je jetai un œil vers la fenêtre avant de reposer mon regard vers Jake. Je mis mes mains dans mes poches.

-C’est la réceptionniste qui m’a proposé de venir boire un café ici… Ma matinée est foutue… Je devais normalement aller tourner un film ce matin mais j’ai changé de programme en croyant que j’avais cette interview…

Je secouai la tête.

-Désolé… Je déballe ma vie là… Vous avez sûrement envie de prendre votre pause.

J’avais surpris Hugh Crusher autant que lui m’avait surpris. Je lui serrai la main, m’excusant de ne pas avoir commencé par lui dire « bonjour ». Il ne m’en tint par rigueur.

C’était la première fois que je rencontrais l’acteur. Il était plus petit que je ne l’imaginais. C’était parfois difficile de se rendre compte de la taille de quelqu’un à l’écran. Mais il avait toujours cette bouille sympathique qu’il avait dans Love In L.A. même s’il avait quelques rides en plus et quelques cheveux blancs par-ci par-là.

On se serra la main et il affirma apprécier mon émission.

Je lui souris.

-Merci… En générale, les gens m’aiment ou m détestent. Il n’y a pas de juste milieu.

Je haussai les épaules, avant de sortir mon paquet de cigarettes de la poche arrière de mon jeans. J’en plantai une dans ma bouche après lui avoir demandé s’il était l’invité de Sydney… Mais ce n’était pas le cas.

Je lui tendis mon paquet de clopes alors qu’il m’expliquait qu’il avait été victime d’une mauvaise blague de la part de Ben Masters.

-Quel enfoiré.

J’allumai ma cigarette et en soufflai la première bouffée de nicotine qui vola doucement jusqu’au plafond.

Sympathique, la réceptionniste de la station avait invité l’acteur à prendre un café. Sa matinée était foutue ; il avait déplacé ses heures de tournage pour ça…

Je nous servis des tasses de cafés avec ce qu’il y avait encore dans la cafetière et en tendis une à Hugh.

-Tout n’est peut-être pas perdu.

Je souris.

-On est en train de tester du nouveau matériel. Si ça vous dit, on peut la mettre bien profond à Masters en enregistrant une petite interview. Il sera pris à son propre jeu et vous n’aurez pas perdu votre temps.

Je détestais les gens qui faisaient ce genre de saloperies aux autres. Alors ça me ferait vraiment plaisir d’aider Hugh Crusher.

-Ça vous dit ? On peut y aller maintenant, Charly, mon ingénieur son, attend sa tasse de café.

Je n’étais, désormais, plus seul dans la salle de repos. Jake Snyder venait d’y entrer et ne tarda pas à me reconnaitre et à se présenter. Il n’y avait rien n’à faire… Si fin des années 60 et début des années 70, j’avais l’habitude qu’on me reconnaisse à tous les coins de rue, ce n’était plus le cas depuis un moment désormais. Mais le fait est qu’Amon Sørensen avait fait en sorte qu’on se rappelle de moi.

Je serrai la main du journaliste déclarant que j’aimais beaucoup son émission. Qu’on aime ou qu’on aime pas, elle ne laissait pas indifférent. Jake affirma, d’ailleurs, que les gens avaient l’art de l’aimer ou de le détester.

-C’est souvent signe qu’on fait bien les choses.

Le tout, à la radio, était de marquer les gens. C’était pareil en tant qu’acteur. Et on ne pouvait pas plaire à tout le monde.

Quand il parla de Sydney Grey, j’ouvris les vannes, incapable de garder pour moi la mauvaise blague de Masters. Je savais que le batteur n’était pas toujours très gentil mais je ne me doutais pas qu’il me ferait un coup pareil. Jake s’exclama traitant le batteur d’enfoiré. J’haussai des épaules. Si Masters était comme ça, c’est certainement parce qu’il était plein de ressentiment pour quelque chose.

Je pris délicatement un clope dans le paquet de Jake qu’il me tendit. Je sortis mon propre briquet.

-Merci.

J’allumai la cigarette en même temps que Jake. J’expliquai, ensuite, que si j’étais là c’était parce que la réceptionniste avait un peu eu pitié de ma situation. Pendant que j’expliquai ça, Jake nous servis un café à chacun. J’affirmai alors que ma matinée était foutue… J’avais perdu du temps en changeant mon horaire alors que tout ce que j’aurais voulu c’était aller au studio de cinéma. Mais Jake affirma que tout n’était pas perdu alors que je m’étais emparé de la tasse de café.

-Qu’est-ce que vous voulez dire ?

Je ne voyais pas vraiment comment faire pour récupéré les heures que j’avais perdu et que j’avais encore à perdre. Jake m’expliqua alors qu’il était en train de tester du nouveau matériel et que, en vue de se venger de Masters, il pourrait enregistrer une petite interview. Je pris un air surpris par la proposition. Je ne m’y attendais pas vraiment.

-Que… Quoi ? Maintenant ?

Oui. Maintenant. Il était prêt à faire ça pour moi. Mais… Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir dire ? Sur quoi il allait bien pouvoir me questionner ? Avec Victoria, j’aurais compris… C’est elle la star. Mais seul ? Je secouai la tête. Je devrais décliner pour la simple et bonne raison que je n’avais, finalement, pas grand-chose à dire. Mais j’étais incapable de décliner une si gentille offre.

-Heu… Ouais. Ouais, on peut faire ça. Je… Merci. Au moins, ma matinée ne sera pas perdue.

Et je suivis, donc, Jake à travers les couloirs pour rejoindre son lieu d’enregistrement. Sur le chemin, je m’étais demandé si je pouvais faire ça sans autorisation de Daryll… Ou même de Vicky. Et, très sincèrement, je n’en étais absolument pas certain.

Mais j’avais dit « oui ».

C’était trop tard.

Je m’installai quand on m’en donna l’autorisation saluant les techniciens de Jake. J’étais embarqué dans le truc mais je ne pus m’empêcher de poser des questions.

-Mais… Vous aurez des questions à me poser ? Et… Je ne suis même pas sûr que je peux faire ça sans l’autorisation du manager de Victoria…

Je regardais autour de nous.

-Ça fait longtemps que je n’ai plus mis les pieds dans un studio de radio… Ça me rapelle des souvenirs.

Et Dieu sait que j’avais fait pas mal de radio pour faire la promotion des films, il y a longtemps. Mais rarement seul… J’y allais souvent avec un autre acteur du film ou le réalisateur. Ici, j’étais seul et j’allais devoir parler musique…

Je souris quand Hugh affirma que si on m’aimait ou on me détestait, c’était que je faisais bien les choses.

-Merci pour le compliment.

Je lui demandai alors ce qu’il faisait ici et il me raconta toute l’histoire en long et en large. Il s’était fait avoir par Ben Masters et du coup, sa matinée était foutue. Je détestais les gens qui faisaient ce genre de chose ! De ce que je savais, Masters était un adulte et Hugh n’avait pas dû avoir la vie facile. On ne disparait pas du paysage sans une bonne raison et je doutais que les raisons de Hugh ait été positives…

Ça se voyait sur son visage. Il avait toujours un beau visage comme je l’avais vu récemment dans les trois Love In L.A., mais il était un peu plus marqué… Il avait quelques rides qui trahissaient qu’à un moment donné, dans sa vie, il avait été très fatigué.

Il accepta la clope que je lui offris et l’alluma ne même temps que moi.

Je voulais faire quelque chose pour le pauvre homme. Et pour ce qui était de ses venger d’enfoirés comme Ben Masters, je lui proposai une petite interview.

Je souris à son air surpris.

-Ouais, maintenant.

Il finit par accepter assez vite, réalisant que c’était quand même une petite opportunité.

Il me suivit donc jusqu’à notre petit studio dans lequel je déposai les trois cafés que je portais sur la table.

-Charly, Jimmy, je vous présente Hugh Crusher. Il va nous aider à tester le matériel.

Jimmy regardait dans le vide, forcément, puisqu’il était aveugle.

-Hugh Crusher ? L’acteur ?

Je m’approchai du technicien aveugle et lui glissai son gobelet de café délicatement dans les mains, ma cigarette se consumant lentement entre mes lèvres.

-Ouais, l’acteur…

Charly le salua en bégayant, mais en souriant. Je tendis un casque audio à Hugh qui me demanda de quoi on allait parler.

-Dans le doute, on ne va pas parler de Victoria. Mais on peut parler de cinéma. Je crois que tout le monde aimera réentendre la voix de Five… Et puis… Il parait que vous êtes sur un projet assez intéressant pour l’instant ? Avec Christopher North ?

Je m’installai à ma place alors que les techniciens s’affairaient pour que tout soit en place. Hugh, lui, disait qu’il n’avait pas mis les pieds dans un studio de radio depuis longtemps. Je souris.

-C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Puis on ne sera pas en direct. On va enregistrer et seulement si vous êtes satisfait, on le passera à l’antenne. Ça vous convient ?

Je m’étais un peu épanché sur les raisons qui m’avaient amené ici, dans cette salle de repos de la station L.A.Rocks. Je ne connaissais pas Jake mais je n’avais pu m’empêcher de lui expliquer que Ben Masters s’était foutu de moi et que, désormais, ma matinée était foutue.

Jake semblait ne pas fort apprécié le comportement de Masters et il n’était pas le seul. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me propose de venir faire une interview malgré tout afin de rendre à Masters la monnaie de sa pièce. Je ne cachai pas ma surprise demandant s’il voulait faire ça maintenant ce qu’il confirma.

J’étais pris de court mais je finis par accepter sans réellement réfléchir aux conséquences suivant Jake hors de la salle de repos. Une fois arrivé dans le studio, Jake me présenta à deux techniciens nommé Charly et Jimmy. Je souris leur lançant un :

-Bonjour.

Amical. Jimmy ne me regardait pas vraiment mais je pus déduire qu’en fait, il ne devait rien y voir du tout… Je devais avouer que je me demandais bien comment il faisait pour faire son travail mais je trouvais ça trop indiscret de demander. S’il était là c’est qu’il devait être doué, après tout.

Il se demanda si j’étais Hugh, l’acteur… Jake confirma et je souris.

-Oui… C’est bien ça.

Charly me salua aussi bégayant un peu. Je pris le casque que me tendit Jake me demandant bien de quoi on allait parler. Je n’avais pas demandé l’autorisation ni à Daryll, ni à Victoria, du coup, j’étais un peu stressé à l’idée que je ne pouvais pas réellement être ici à faire des interviews à tout va. Du coup, je ne savais pas très bien ce que Snyder allait me poser comme questions…

Il affirma qu’on allait pas parler de Vicky mais bien de cinéma… Mon domaine, donc. Et, je ne sais pas pourquoi mais ça me soulagea un peu. Je ne me sentais pas réellement légitime à parler de musique. Par contre, je voulais bien parler cinéma.

-Oui. J’ai un rôle dans le prochain film de Christopher North. Je ne peux probablement pas trop en parler mais je sais quelles sont les limites que je peux dépasser ou non quand il s’agit de ce genre d’informations.

Parce que je connaissais Christopher et le business du cinéma bien mieux que je ne savais ce que je pouvais dire sur Victoria. Je savais que je pourrais un peu parler de l’intrigue sans aller trop loin. Christopher était plutôt relax à ce sujet. Pas comme Shran à qui je pensais quand Jake évoqua mon personnage de Five. Le tournage de Spaceship était éprouvant mais c’était probablement mon meilleur souvenir dans le cinéma. D'ailleurs, ça me fit sourire qu'il parle de la voix de Five parce que Shran avait fait en sorte que ma voix, sur la production finale, ait une sonorité métallique ce qui donnait un drôle d'effet.

-Mais… L.A.Rocks est une station qui parle de musique, non ? Ça ne posera pas problème ?

J’affirmai que ça faisait longtemps que je n’avais plus mis les pieds dans une station de radio mais, d’après Jake, c’était comme le vélo sans compter qu’on ne sera pas en direct ce qui m’enlevait, quelque part, un poids.

-D’accord. Ça me convient.

Les technicien avaient terminé de tout préparer. Je me raclai la gorge soufflant un peu pour me préparer avant de sourire.

-Je suis prêt.

J’étais prêt…

Hugh salua mes deux techniciens et je fus ravi qu’il ne relève pas leurs différences. Il agissait simplement comme si tout était normal. C’était ça, le monde dont je rêvais. Un monde où quiconque pourrait être lui-même, avec des spécificités acceptées d’emblée…

Jimmy demanda confirmation sur l’identité de notre invité surprise et Hugh confirma. Jimmy sourit et se remis au travail. Ils savaient tous les deux quoi faire et je les sentis plus enthousiastes encore à l’idée de pouvoir tester directement le matériel sans attendre ce soir. Comme ça, si quelque chose foirait, au moins, on ne serait pas pris de court.

Hugh s’installa avec le casque que je lui tendis et son café. Je lui expliquai qu’on allait pas parler de Victoria puisqu’il ne savait pas ce qu’il pouvait dévoiler ou pas.

Alors pourquoi pas parler cinéma ? Cela semblait lui convenir et il confirma qu’il serait à l’affiche du prochain film de Christopher North. Et sincèrement, si je devais faire une interview sur ce film, je préférais le faire avec Hugh Crusher, qui semblait relativement calme bien qu’un peu timide, qu’avec Hank North… Pas que je n’aimais pas l’acteur, mais je le savais anxieux et comme je l’étais aussi, on allait se monter le bourrichon l’un l’autre.

-Très bien ! Parlons cinéma alors ! Ça me changera un peu. En plus, j’ai vu Love In L.A., les trois films, pas plus tard que la semaine dernière, donc je devrais pouvoir gérer.

Je lui souris.

-Les gens seront content de vous réentendre…

Parce que je savais que Hugh Crusher n’avait rien fait de significatif ces dernières années. Pour ne pas dire qu’il n’avait rien fait. Le film de North serait le moyen de bien relancer sa carrière !

L’acteur se demandait si le fait de parler cinéma sur une station rock ne poserait pas de problème.

-L.A.ROCKS parle de culture. Et le cinéma fait partie de la culture.

Je souris en coin.

-Et j’aimerais bien voir qu’on vienne me gronder pour ça.

Là-dessus, je mis mon casque. Jimmy et Charly nous firent des signes pour ajuster nos micros. Hugh, lui, était prêt.

Alors je me lançai.

-Bonsoir chers auditeur de L.A.ROCKS ! Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas de musique que je vais vous parler aujourd’hui ! Mais bien de cinéma !

Nous n’étions pas le soir, bien sûr, mais l’émission étant enregistrée, elle serait passée en différé à l’heure de Let There Be Rock !.

-J’accueille en effet dans nos studios le célèbre Hugh Crusher que nombre d’entre vous auront certainement vu dans le classique Love In L.A.. Bonsoir, Hugh, c’est un honneur de vous recevoir.

Je le laissai répondre avant d’enchaîner.

-Les rumeurs courent sur un projet important que vous avez en cours. Est-ce que vous pourriez, en exclusivité, nous confirmer que vous serez à l’affiche du prochain film de Christopher North ? Et pouvez-vous nous en parler un peu ?

Je m’étais embarqué dans cette interview sans réellement réfléchir aux conséquences. Du coup, je fus un peu rassuré que Jake comprenne le fait que parler de musique et de Victoria risquait de me mettre à mal vis-à-vis de Vicky et de Daryll. Alors, il proposa simplement de parler de cinéma… A vrai dire, j’avais cent fois plus de chose à dire sur le cinéma que sur la musique. Et, surtout, je savais, ici, ce que je pouvais dire et ne pas dire parce que je savais comment Christopher fonctionnait. J’avais fait plusieurs films avec lui.

Jake affirma avoir, justement, vu les trois Love In L.A. la semaine dernière. Je souris un peu. Je les avais vu il n’y a pas si longtemps aussi chez Hill alors qu’elle essayait de me convaincre de reprendre l’acting par des messages détournés. Love In L.A. n’était pas mon premier film mais c’était clairement celui qui m’avait fait connaitre au grand public. Je souris.

-Les trois ? Je n’aurais pas imaginé que Jake Snyder puisse aimer Love In L.A..

C’était un drame romantique. Mais beaucoup disaient que ça révolutionnaire un peu le genre… C’était peut-être cette originalité qui avait plu à Jake qui me semblait plutôt brute de décoffrage quand on l’entendait à la radio.

D’après lui, les gens allaient être content de me réentendre. J’hochai de la tête. Au pire, si ce n’était pas le cas, ils pourront éteindre la radio.

Seulement, je demandai à Jake si ça n’allait pas le mettre dans l’embarras de parler cinéma alors que L.A.Rocks était plutôt axé sur la musique. Mais il rétorqua que c’était une radio culturelle. J’hochai de la tête, convaincu alors qu’il me fit rigoler timidement quand, en gros, il déclara que si on venait l’embêter avec ça, il saura répliquer.

-D’accord. Si vous êtes sûr alors, ça me va.

J’avais mis mon casque alors que mon café trônait devant moi. J’affirmai, ensuite, que j’étais prêt. Je ne pouvais, désormais, plus revenir en arrière, de toute façon.

Et Jake démarra présentant son émission et le sujet du jour. Le fait que ça soit enregistré et non en direct était plutôt rassurant et j’arrivais plus ou moins à me détendre.

Il me présenta ensuite.

-Bonsoir à tous ! Merci pour l’invitation.

Je n’avais pas formellement été invité mais le résultat était le même. J’étais bien là.

Et les questions ne tardèrent pas à venir. Jake avait, quelque part, la primeur concernant le film de Christopher. Je la lui avais donné sans rien demandé à personne mais je savais que Christopher ne m’en tiendra pas rigueur. Enfin… Pas si je lui explique toute l’histoire…

-Je confirme que je ferais bien partie du prochain film de Christopher North. L’histoire se centre sur le combat d’un jeune garçon immigré latino dont la famille est menacée d’expulsion. Il est aidé par l’un de ses professeurs dans son combat. Le jeune garçon est incarné par Guillermo Quinn. Si vous avez vu l’émission de Vanya Kournikova vous avez pu le voir faire des chroniques. C’est son premier film et je peux vous dire qu’il assure ! Le professeur, lui, est incarné par Hank North qui est l’un des meilleurs acteur de ma génération.

Je ne voulais pas trop parler du scénario. Il ne fallait pas trop en dire pour que les gens aient envie de venir voir, par eux-mêmes, le film.

-J’ai décidé de participer au casting parce que le sujet me tenait très à cœur. Je suis moi-même un immigré et je sais ce que c’est de vivre avec la peur de se faire expulser.

Et même si mon nom de scène, Hugh Crusher, que j’ai adopté il y a des années comme nom officiel, n’indiquait en rien mes origines latinos, mon visage, lui, ne laissait aucun doute là-dessus.

Je rigolai quand Hugh Crusher s’étonna que j’aie pu voir les trois Love In L.A.… Ça m’avait étonné moi-même.

Je me frottai l’arrière de la tête.

-A vrai dire, ma compagne a dû insister un peu pour que je regarde le premier. Mais j’ai été très rapidement convaincu et je ne me suis pas fait prier pour regarder les deux autres.

Hugh était donc d’accord pour la petite interview visant à réduire à néant le dérangement volontairement provoqué par Ben Masters. J’avais donné un des tout nouveaux casques à Hugh, puis j’avais attendu les signaux de mes techniciens.

Et nous voilà partis !

J’avais l’habitude des interviews et j’étais certain que Hugh retrouverait assez vite ses marques. Il avait dû en donner, des interviews, quand il était au sommet de son art, il y avait 10 ans d’ici. Je pris le parti de ne pas aborder le sujet de sa disparition de la jet-set. Je ne me rappelais que trop l’article d’Amon Sørensen qui avait dévoilé la misère de Sniper quand il était au 36ième dessous et je n’avais pas aimé ça.

Je trouvais ça malsain. Si Hugh avait envie d’en parler, il aborderait naturellement le sujet, sans que je ne lui demande.

Je saluai donc Hugh qui me rendit mon salut et me remercia d’emblée pour l’invitation. Je lui souris, un sourire de connivence, complice.

Et, en exclusivité, j’eus la confirmation qu’il ferait partie du prochain film de North. Il en dit même un peu plus, esquissant le pitch du film. Il parla aussi de ses partenaires de jeu, Guillermo Quinn et Hank North.

Le sujet abordé par le film m’intéressait particulièrement. Une histoire de migration, de rejet, probablement aussi de racisme.

Mon peuple avait connu tout ça… Et encore aujourd’hui, nous étions habités par la peur de nous faire jeter de nos maisons, renvoyés de nos jobs, rien qu’à cause de nos croyances.

-Le sujet abordé est très intéressant et parlera à beaucoup de monde, je pense. L’Amérique, au fond, n’est-elle pas peuplée uniquement d’immigrés en dehors de ceux que l’on nomme, à tort, les « Indiens d’Amérique » ?

Cela tenait aussi à cœur à Hugh qui était un immigré aussi, lui-même.

-De quoi prouver à nouveau à tous que vous êtes un merveilleux acteur. Et un travailleur. C’est du moins la réputation que vous avez. Est-ce que travailler avec Christopher North est différent que de travailler avec Stephen Shran avec qui vous avez très longtemps collaboré pour Spaceship ?

Si j’avais vu Love In L.A. récemment, j’avais toujours adoré Spaceship qui parlait avant tout de tolérance et de philosophie.

Je rigolai quand Jake avoua que c’est sa compagne qui avait insisté pour voir le premier Love In L.A.. Le contraire m’aurait étonné. Je ne connaissais pas Jake mais il n’avait pas l’air d’être le genre à vouloir regarder, spontanément un film romantique. Mais je fus assez content d’entendre qu’il avait aimé au point de regarder les deux autres.

Après quoi, je me préparai psychologiquement à l’interview. Encore une fois, les choses s’étaient enchainée très vite et je m’étais retrouvé dans une situation assez inédite. Dans un studio à tester du matériel tout en donnant une interview sur le thème du cinéma. J’avais accepté sans vraiment réfléchir… Je faisais souvent ça et, parfois, ça m’apportait pas mal d’ennui.

J’espérais que, cette fois, j’avais fait le bon choix. Quoi qu’il en soit, il était trop tard pour revenir en arrière alors que Jake commença son émission. Je l’écoutais avant de répondre à ses questions sur le prochain film de Christopher North. J’avais, légèrement, esquissé le scénario avant de parler d’Hank et de Guillermo. Je me disais que faire des secrets sur la présence d’Hank ne servait à rien. Tout le monde savait qu’il était l’acteur fétiche de son frère. Quant à Guillermo, il n’était pas encore très connu.

Je m’étais un peu attardé sur le sujet principal du film clamant que je m’y reconnaissais, étant, moi-même immigré. C’est là que Jake lança une affirmation très juste. Les Etats-Unis étaient un pays composés d’immigrés. Alors quel était la point de rejeter les autres ? De l’hypocrisie ? Je ne voyais que ça.

-Exactement. Je pense, en effet, que le sujet abordé par Christopher va parler à bien des gens et, je l’espère, pourra aussi en informer d’autres… J’ai toujours pensé que le cinéma est une bonne plateforme pour faire passer certains messages, éveiller des gens sur certaines réalités ou se faire questionner certains sur certaines choses.

C’était mon avis. Le cinéma est un divertissement mais ça peut, aussi, permettre d’amener les gens à réfléchir.

Doucement, je reprenais mes marques. J’avais fait des tonnes d’interview il y a longtemps et ça semblait réellement être comme le vélo.

Je reçus un compliment de Jake qui me fit sourire un peu timidement. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai souvent plus facile d’encaisser une critique que d’accueillir un compliment.

Il en vint alors à une question qui me fit m’exclamer un peu.

-C’est très différent !

Christopher et Stephen étaient, en soi, fondamentalement différent dans leur façon de voir les choses et de travailler.

-Christopher laisse beaucoup de latitude à ses acteurs. Il est à l’écoute. C’est un leader silencieux. Il est là mais n’a pas besoin de vraiment parler pour faire passer ses messages. Il est aussi très patient…

Je me mordis la lèvre. Dis comme ça, ça faisait penser que Shran n’avait pas toutes ces qualités alors que ce n’est pas vraiment ça…

-Stephen, lui, on sent sa présence sur un plateau de cinéma. Il dirige beaucoup ses acteurs. Il faut dire qu’il voit la scène avant même qu’elle ne soit jouée. C’est à toi, en tant qu’acteur, de coller à sa vision. C’est pas forcément un exercice facile. Il est exigent. Mais si tu arrives à faire mieux que sa propre vision, ça sera le premier à le dire.

Je rigolai un peu.

-Et si tu arrives une fois à lui faire dire que tu as fais mieux que ce qu’il avait pensé, c’est limite s’il ne t’embauche pas à vie.

Je marquai un pause avant de reprendre.

-Personnellement, j’ai adoré travailler avec les deux. Ce sont tous les deux des amis. Et même si leurs styles sont différents, ils ont quand même une chose en commun : ce sont des génie de la réalisation. Sans compter que Shran est aussi un très bon acteur.

J’espérais avoir été assez juste avec les deux parce que je les estimais beaucoup.

On avait commencé à enregistrer l’interview de Hugh Crusher. Le son était extrêmement bon dans mon tout nouveau casque et j’espérais que l’acteur appréciait.

C’était rare quand je faisais ce genre de chose, faire une interview comme ça, à la volée. J’étais plutôt du genre à préparer un minimum pour m’éviter un stress qui n’était pas nécessaire. Mais bizarrement, là, avec Hugh, je ne stressais pas.

Peut-être parce que je connaissais mon sujet. J’avais vu trois de ses films récemment, les plus connus… Et surtout, j’étais un grand fan de Spaceship… Pourtant, je n’étais pas très porté sur la science-fiction.

Le truc, c’était que Spaceship, c’était beaucoup plus profond que de la simple science-fiction. Il y avait un message.

Bref, je savais les questions que j’avais envie de poser à l’acteur. Alors, les choses se faisaient naturellement.

Mais avant de passer à Spaceship, je m’attardai un peu sur son projet à venir : le film de Christopher North. Il serait apparemment porteur d’un message, d’une morale peut-être… Hugh était bien d’accord avec ça et c’était apparemment ce qui l’intéressait dans ce projet.

-J’ajouterais que c’est un peu exceptionnel de voir un film où deux des trois acteurs principaux seront issus d’une minorité. Je trouve ça génial. J’ai hâte de voir ce film.

J’imaginais bien que je ne pouvais pas poser vingt questions sur un film pas encore entièrement tourné et pas encore sorti. Les acteurs étaient souvent contraints de garder certains secrets, ce qui était logique parce qu’il n’y aurait plus aucun intérêt à aller voir un film d’ont on saurait tout à l’avance !

Alors je passai à Spaceship qui passait sur les petits écrans depuis les années 70 et que beaucoup de gens avaient vu et pas seulement ceux qu’on appelait les « nerds », j’en étais la preuve moi-même.

Comme introduction, je lui proposai de comparer les deux réalisateurs, Christopher North avec qui il travaillait actuellement et Stephen Shran avec qui sa collaboration se traduisait en années ! Il parla donc des deux, ne tarissant pas d’éloges pour les deux hommes, bien qu’ils soient très différents. Christopher était plus relax que Shran, en imposant par sa seule présence. Tandis que le réalisateur de Spaceship avait une vision claire de ce qu’il voulait…

Mais une fois convaincu, vous entriez dans ses petits papiers.

Au final, Hugh les considérait tous les deux comme des génies dans ce qu’ils faisaient.

Je souris.

-Etonnant ! J’ai toujours pensé que les acteurs devaient vraiment beaucoup s’amuser sur le tournage de Spaceship. Si Shran est si… comment dire ?... exigent, pour reprendre vos mots, ça ne se ressent pas à l’écran.

Je regardai Hugh avec un air plus sérieux. Parce que la question qui allait suivre me tenait à cœur.

-Spaceship est une série particulière, je trouve. Non seulement parce que Shran a créé tout un univers… mais aussi parce que pratiquement chaque épisode est porteur d’un message… Pour en revenir à ce qu’on disait tantôt sur le film de North.

Je marquai une pose avant de formuler ma question.

-Quel est l’épisode… ou le message… qui vous a le plus tenu à cœur. Celui dans lequel vous vous êtes le plus reconnu ?

J’avais parlé du film que j’étais en train de tourner. Celui de Christopher North qui parlait d’expulsion et d’immigration. Un sujet qui me tenait à cœur. Je pris le parti de donner un peu d’information sans en donner trop. Avec le temps, j’étais devenu maitre en la matière et je savais que North était assez indulgent à ce niveau alors j’y étais allé sans vraiment de peur.

Jake ajouta que c’était exceptionnel de voir un film où deux des trois acteurs principaux sont issus de minorité. Je souris hochant de la tête. C’est clair que ce n’est pas courant… Et je devais avoué que j’avais eu pas mal de chance, dans ma carrière, à ce niveau-là. Pourtant, Dieu sait que je ne partais pas gagnant étant donné que j’étais latino, plutôt délicat et assez petit. Et si bien des gens m’avaient engagé c’est parce que j’ai pu leur montrer mon talent mais aussi parce que certain film requérait un visage « mignon ». Ce que j’avais étant plus jeune.

Jake ne me posa pas plus de question sur le film de North. De toute façon, je n’aurais pas vraiment pu lui en dire plus. Il préféra que je dresse une comparaison entre deux réalisateur avec qui j’avais eu l’occasion de travailler plusieurs fois soit Christopher North et Stephen Shran. J’appréciais les deux mais le fait est qu’ils étaient très différent. Je pense même qu’ils étaient un peu rivaux… Mais moi, j’avais aimé jouer pour les deux même si c’était deux vision et deux façons de faire différante.

Ainsi, je fus assez franc avec Jake tout en essayant de ne pas froisser ni Christopher, ni Stephen. C’était un peu un jeu d’équilibriste mais j’avais l’habitude de réussir à ne jamais froisser personne…

Je finis par dire une évidence : Shran et North étaient des génies de la réalisation. C’était un fait.

Jake s’exclama se disant qu’il avait toujours cru qu’on devait s’amuser sur les tournages de Spaceship. Je rigolai un peu avant de rectifier les choses.

-C’est sur ce tournage que je me suis le plus amusé et senti vivre, à vrai dire. Stephen est exigent mais ça ne veut pas dire qu’on ne s’amuse pas. Notre équipe de tournage était très soudée. Puis, si Shran est exigent et parfois excentrique, il n’en est pas moins le genre de type à savoir s’amuser. C’était de longue journée, Shran se prenait parfois la tête tout seul ou avec la production mais on s’amusait beaucoup.

C’était de notoriété publique que Stephen n’était pas facile à vivre et qu’il avait l’art de s’engueuler avec les producteurs de ses films. Et je pense même que ça lui fera plaisir que je le rappelle à tout Los Angeles…

Jake se mit alors à parler un peu plus de Spaceship. Il parla de l’Univers créé par Stephen et des messages que portait chaque épisode. Certains épisodes étaient des coup de poing de la figure de certains conservateurs… Shran adorait ça… Et il adirait encore plus si ça faisait polémique…

Mais je ne m’attendis pas à ce que Jake, par le biais de la série, me pose une question qui, finalement, était très personnelle. Je me mordis la lèvre et je soufflai.

-Il y en a tellement…

Répondre à la question était de découvrir un peu et Dieu sait que je n’aimais pas ça… Mais j’avais pris parti de répondre aux questions. J’avais dit « oui » à Jake. Alors, après un silence, je finis par répondre.

-Probablement dans les premiers épisodes… Celui où Five, mon personnage, décide de réfléchir, enfin, par lui-même et de rejoindre définitivement l’équipage. Dans ces épisodes, on parle beaucoup de tolérance. Five ne pense pas comme les autres… Il est physiquement très différent de l’équipage qui le recueille. Mais il finit par être accepté et par comprendre qu’il peut être un individu qui peut faire ses propres choix… A vrai dire, c’est sans doute le personnage qui est le plus proche de ce que je suis…

Je marquais une pause n’osant pas vraiment me dévoiler plus que je ne l’avais fait.

-Spaceship est une série très progressiste… Alors c’est clair que je me retrouve dans beaucoup de messages. Et je suis certain que bien des gens s’y reconnaisse aussi.

Après avoir gentiment comparé les deux réalisateurs avec lesquels il avait le plus souvent travaillé, Hugh s’empressa de me préciser que ce n’était pas parce que Shran avait un caractère bien trempé que ça les avait empêché de s’amuser sur le tournage de Spaceship. Apparemment, c’était l’expérience la plus gratifiante et la plus intense qu’avait vécu l’acteur.

Je l’écoutai en parler, un sourire de plus en plus prononcé sur les lèvres. Dans ce que disait Hugh, j’avais l’impression de me reconnaître un peu en Shran. Exigent avec lui-même et ceux qui l’entouraient, impulsif et… voulant absolument apporter un message de tolérance.

Sur ce dernier point, cela dit, le réalisateur était moins maladroit que moi qui ruais dans les brancards.

-Donc, quand les fans parlent des acteurs, réalisateur, scénaristes et eux-mêmes comme étant une grande famille, c’est tout à fait ça… Pour certains, c’est même une véritable obsession, non ?

Les fans de Spaceship étaient non seulement nombreux, mais ils vivaient limite dans ce monde tout le temps, revêtant même dans la vie de tous les jours les uniformes portés par l’équipage dans la série.

Et évidemment, il y avait les conventions où ils pouvaient être pleinement eux-mêmes et vivre leur passion.

Je n’en étais pas à ce point-là. J’aimais Spaceship et je trouvais chaque épisode extrêmement bien foutu… Mais je n’en étais pas encore à me déguiser en alien pour la cause.

J’en vins à poser une question que je trouvais importante pour tout qui avait participé de près ou de loin au tournage de Spaceship… Quel message, pour Hugh, avait été le plus important à ses yeux ?

Il hésita un moment avant de se lancer. Il parla alors de l’épisode dans lequel son personnage, Five, apprenait tout doucement à penser par lui-même, à devenir un individu à part entière. Je me rappelais très nettement de cet épisode, pour ne pas dire qu’il m’avait marqué. J’en avais même eu les larmes aux yeux quand Five avait réalisé ce qu’était un « ami » ou quand on lui avait fait comprendre qu’il avait le choix entre rester avec l’équipage ou rejoindre sa race.

-J’ai adoré cet épisode. Il était plein de sens.

Mais je sentais que Hugh ne disait pas tout. Qu’il aurait aimé, mais qu’il n’osait pas. Je n’insistai pas, cependant, car j’usais du même système de défense. Le jour où il choisirait de se dévoiler, il le ferait… Comme moi, un jour peut-être, je pourrais parler de ma religion sans me sentir menacé.

Mais les camps étaient n’étaient pas encore assez loin derrière.

Hugh disait se reconnaître dans beaucoup de messages véhiculés par Spaceship.

-C’est pour ça que beaucoup de gens s’y reconnaissent. Et si on passait un peu de musique ? Puisqu’on est dans les étoiles, voici Stars de The Burning Fire.



J’écoutai la chanson tout en me rallumant une cigarette, souriant ensuite à Hugh et l’interrogeant du regard. Jusque-là, ça avait l’air d’aller.

Quand l’enregistrement repris, je relançai.

-Vous êtes sur L.A.ROCKS avec Jake Snyder et j’accueille aujourd’hui Hugh Crusher, Daniel Jackson dans Love In L.A. et Five dans la série de science-fiction Spaceship. Nous en étions justement à parler de Spaceship… Cette série a vu défiler nombre d’acteurs et de personnages. Est-ce qu’il y a un acteur ou un personnage, en dehors du vôtre, qui vous a particulièrement marqué ?

J’avais tenté de précisé les choses quant à l’ambiance qui régnait sur le tournage de Spaceship. Si Shran n’était pas toujours facile à vivre, il y avait une très bonne complicité dans l’équipe de tournage de la série. Ainsi, Jake put se rendre compte que ce que les fans disaient était vrai. J’hochai de la tête.

-Oui, c’est une grande famille. Certains fans sont très investi. Je me rappelle avoir été très surpris par tout l’engouement que cette série à provoqué à l’époque. Je ne m’attendais pas à ça mais c’est très gratifiant de voir à quel point les gens adorent.

Je me rappelle des conventions à l’époque… Depuis, je n’en avais plus fait. Les fans de Spaceship sont des gens que j’apprécie beaucoup. Je crois que si je n’avais dû dealer qu’avec eux pendant ma carrière, les choses se seraient sans doute passé autrement. Mais je n’avais pas été que Five… Et c’est bien ça le soucis.

Jake posa, ensuite, une question qui paraissait anodine mais qui, finalement, conduisait à me dévoiler un peu. Malgré tout, j’y répondis mettent en avant le moment où je me suis senti très proche de mon personnage. Parfois, je me dis que je devrais prendre exemple sur Five… Mais ce n’était pas aussi évident qu’il n’y paraissait pour la simple et bonne raison que je ne vivais pas dans le même monde que lui. Le sien est plus tolérant que le mien… Et ce monde légèrement utopique n’existait, finalement, que dans la tête de Shran…

J’avais, donc, parlé de l’épisode qui m’avait le plus parlé et Jake confirma qu’il avait adoré cet épisode. Je souris hochant de la tête. Il y en avait un tas d’autre tout aussi bien mais celui-là était spécial pour moi.

J’avais parlé des messages porté par la série avant que Jake n’envoie la musique. Je soufflai un peu pour évacuer la pression avant de sourire pour montrer à Jake que, jusqu’ici, je gérais.

J’écoutai, ensuite, la chanson choisie par Jake. C’était du The Burning Fire, une groupe que j’appréciais. Il faut dire que j’avais l’art, en musique, d’être très bon public.

Quand la chanson fut terminée, Jake repris l’interview et je me reconcentrai après cette brève pause. Il me demanda alors si un personnage m’avait particulièrement marqué dans la série Spaceship. Je réfléchis quelques instant.

-La série a vu défilé pas mal de personnage tout aussi intéressant les uns que les autres. Ils apportent chaque fois un plus à l’épisode. Quelques-uns m’ont marqué comme le personnage de Datalore.

Incarné par Brent Hughes avait qui je vivais… C’était peut-être pour ça que j’y avais pensé aussi vite. Parce que je dormais, littéralement, chez Brent.

-C’est Brent Hughes, qui le joue. Il n’est pas acteur à la base mais il a parfaitement géré ce personnage atypique qui ne dispose d’aucune émotion malgré qu’il aspire à en avoir. J’ai toujours trouvé ce personnage touchant et les épisodes avec Datalore font partie de mes préférés.

Je souris repensant à ces épisodes que j’avais revu il y a peu.

-Puis, il y a le personnage de Shran, T’Kor, qui apparait dans certains épisodes pour venir en aide à l’équipage. Il ressemble beaucoup à Stephen, d’ailleurs.

Je rigolai un peu. Je savais que Shran avait repris la série il y a quelques années et qu’elle marchait encore mieux qu’elle n’avait marché à l’époque. Ça faisait depuis peu que je m’étais mis à la regarder… Parce que, jusqu’ici, j’avais voulu l’éviter sachant très bien que de les voir continuer sans moi me ferait plus de mal que de bien.

Hugh confirma que Spaceship, fans y compris, formait une grande famille. Que les gens qui aimaient en faisaient littéralement leur passion. Il avait été surpris, Hugh, de l’engouement provoqué par cette série.

Je l’invitai ensuite à décrire l’épisode et le message qui l’avaient le plus marqué. Je sentis qu’il ne disait les choses qu’à moitié mais ne creusai pas. Je ne lui avais pas proposé cette interview à la volée pour lui faire passer un interrogatoire. Non. Juste pour passer un bon moment et faire en sorte que le coup de Ben Masters se retourne contre lui.

Satisfait par la réponse de l’acteur, je passai un peu de musique. Nos regards se croisèrent alors qu’il soufflait. Cela avait l’air de le stresser un peu, ce que je pouvais comprendre, mais son sourire me rassura quand même.

Je pris une bonne bouffée de nicotine avant de m’y remettre, à la fin de la chanson.

Je voulais savoir quels personnages l’avaient marqué.

Il parla de Datalore, joué par Brent Hughes. Je connaissais, forcément, le personnage de l’androïde dépourvu d’émotions et qui cherche pourtant, dans chaque épisode dans lequel il apparait, à devenir plus humain. Mais jamais je n’arrivais à retenir le nom de son interprète. Pourtant, j’aimais ce personnage mais…

-Je n’arrive jamais à retenir que c’est Brent Hughes qui le joue. Comme si le personnage était tellement ancré dans la série qu’on en oublie que, derrière, il y a un acteur.

Je haussai les épaules.

-Je suppose que ça veut dire que c’est réussi…

Stephen Shran lui-même avait son propre rôle à jouer. Il jouait T’Kor, un alien bleu avec des antennes qui n’était pas toujours commode mais qui agissait toujours pour le bien de l’équipage. Un bourru au cœur d’or, en fait. Hugh disait que ce personnage ressemblait très fort à son interprète.

Je ris gentiment.

-J’aime beaucoup aussi le personnage de T-Kor… Et en parlant de cela, vos maquillages sont à chaque fois impressionnant ! Combien d’heures cela vous prenait pour vous préparer avant un tournage ? J’imagine que ça a dû coûter cher !

Je laissai Hugh répondre avant d’enchaîner avec une autre question qui me brûlait les lèvres.

-La série suit aujourd’hui son cours sous le titre Spaceship : The New Generation après une pause de quelques années. Shran est toujours aux commandes mais…

Je regardai Hugh dans les yeux avec un sourire plein d’espoir aux lèvres.

-Peut-on espérer y revoir un jour le gentil Five ? Ou même Datalore ?

Jake semblait vraiment beaucoup aimer Spaceship et cette conversation n’était pas sans me ramener une quinzaine d’année en arrière. Le temps avait tellement passé que je ne me rappelais que des bons souvenirs de ce tournage.

Après avoir parlé de l’attitude de Shran et de l’épisode qui m’avait le plus fait pensé à celui que j’étais, Jake voulait savoir quel personnage m’avait le plus marqué. J’avais réfléchis un moment parce qu’il y avait eu beaucoup de personnages intéressants dans la série. Mais, sans doute parce que je vivais actuellement chez lui, je finis par citer le personnage de Brent. Il m’avait marqué parce que Brent avait littéralement donné vie à un personnage qui, en soit, était très différent de lui. Jake confirma qu’il ne retenais jamais que l’acteur derrière Datalore était Brent. Je souris.

-Oui, ça veut dire que c’est très réussi. Brent n’a aucune formation d’acteur et, pourtant, il a réussi à créé et à faire vivre un personnage pas évident à jouer. Ça m’étonne que personne ne lui ait donné d’autres rôles après ça.

Peut-être que c’était la volonté de Brent. Après tout, il n’était pas acteur et je savais que les horaires ne lui convenait absolument pas.

J’avais aussi déclara que j’aimais beaucoup le personnage de Shran qui faisait, parfois, irruption dans certains épisodes. C’était toujours le cas dans les nouvelles saisons. Jake affirma aimer aussi beaucoup ce personnage. De quoi lui donner de la matière pour enchainer sur les maquillages. Je souris.

-Ça prenait un certain temps en effet. Parfois plusieurs heures dépendant du maquillage. Personnellement, c’était surtout mon déguisement qui prenait du temps à mettre. Et ce n’était pas facile à porter toute une journée, je dois l’avouer.

Je rigolai un peu avant de reprendre.

-Le maquillage était une grosse partie du budget. Shran tenait à ce qu’on soit totalement immergé dans son monde.

Jake déclara que la série Spaceship suivait toujours son cours. Shran avait repris la production en 80, soit 10 ans après la fin de la série. Une série qui était passé à la trappe, il y a 10 ans pour des différents entre Shran et Lee… J’avais vécu ça comme un deuil et ça avait été très difficile pour moi de voir la série revenir à l’écran alors que j’étais au fond du trou. Si Shran a réussi à la faire revenir c’est sans doute parce que ça coïncidait avec son mariage avec Lee… Ne me demandez pas comment ça est arrivé… Je n’en ai strictement aucune idée.

Jake se demanda alors s’il était possible d’y revoir Five. Je venais à peine de reprendre l’acting et je n’avais plus vu Shran depuis des années. Alors penser que je puisse reprendre mon rôle de Five un jour, rien n’était moins sûr…

Est-ce que j’en avais envie ? Sincèrement, oui… Le tournage de Boundaries me donnait chaque jour de plus en plus confiance en moi et me montrait à quel point tout ça m’avait manqué.

-Pour Datalore, je ne saurais le dire. Il faudrait poser la question à Brent Hughes.

Et je ne lui avais pas parlé de ça avant de quitter son appartement tout à l’heure.

-Quant à Five… Je vais être honnête… Je n’ai plus vu Shran depuis des années. Je tourne, actuellement, un film avec North. Je ne sais absolument pas ce que l’avenir me réserve. Mais… Qui sait ? Je ne ferme la porte à rien.

A presque rien.

Les personnages qui avaient marqué le plus Hugh étaient Datalore et T’Kor. J’avouai ne jamais me rappeler que c’était Brent Hughes qui jouait, tout simplement parce que c’était vraiment bien fait qu’on aurait réellement cru à un androïde. Et Hugh était bien de cet avis, s’étonnant même que Hughes n’ait pas eu de rôle par après.

-En effet, c’est étonnant.

Peut-être que l’homme se destinait à autre chose. Ou qu’il n’était fait que pour un rôle. Ça arrivait, des acteurs qui passaient leur vie dans le même rôle au sein d’une série fleuve, par exemple. Brent Hughes serait probablement toujours lié à Datalore, même si je n’avais aucune idée de ce à quoi il ressemblait aujourd’hui.

Si ça se trouvait, je le croisais tous les jours dans la rue sans le reconnaître.

Je posai alors une question sur le maquillage et le temps que ça prenait. C’était une des choses qui étaient extrêmement bien gérée dans Spaceship…

Hugh affirma que ça prenait du temps, mais que pour lui, c’était surtout son attirail de cyborg qui prenait du temps à enfiler.

-Le déguisement de Five est très impressionnant. Et il faut apprendre à jouer en ne voyant que d’un œil. Cela doit être déstabilisant.

Le but de Shran, c’était que tout le monde y croit.

-Et c’est réussi ! Certains acteurs sont méconnaissables !

J’avais une dernière question : Spaceship avait repris depuis 1980, mais sans Five et sans Datalore. Alors je me demandais ce que tout fan digne de ce nom se demandait : est-ce qu’on reverrait ces deux personnages délicieusement attachants ?

Hugh ne le savait pas lui-même… Mais il ne fermait la porte à rien, ce qui me fit sourire sincèrement.

-Si Stephen Shran nous écoute… Je crois que je peux dire, au nom des fans, que si on pouvait revoir ces deux personnages, ce serait un véritable cadeau.

Là-dessus, je pensais bien avoir fait le tour de la question. Alors je regardai Hugh avec un sourire de gratitude.

-Merci, Hugh, pour cette interview. Ce fut un réel plaisir.

Puis, parlant à mes auditeurs.

-C’est là-dessus que nous nous quittons, avec, dans les oreilles The Same Old Fears de Sniper !



Je regardai à nouveau Hugh, en enlevant mon casque.

-Ça s’est bien passé et c’était très intéressant ! Vous m’autorisez à passer l’enregistrement demain à 19 :00 ?

J’avais eu beaucoup de compliments pour Brent. Il faut dire que son personnage de Datalore n’était pas apparu dans beaucoup d’épisodes mais ça avait marqué Spaceship. Tout ça alors que Brent n’avait aucune formation d’acteur, ni aucune expérience avant de s’immerger dans ce rôle.

Jake semblait être un vrai fans de la série car ses questions tournaient surtout autour de ça. Personnellement, ça me plaisait de parler de ça aussi parce que c’était l’un de mes meilleurs souvenirs de ma carrière d’acteur. J’avais expliqué qu’il fallait beaucoup de temps pour faire chaque maquillage, certains personnages étant des aliens mais que, personnellement, ce qui prenait le plus de temps c’était mon déguisement. Jake confirma que le déguisement de Five était impressionnant.

-Je me suis assez vite habitué à ne voir que d’un œil. Même si, au tout début, j’avais peur que ça ne joue sur ma capacité à pouvoir faire passer des émotions. Mais, finalement, ça m’a plutôt permis d’apprendre beaucoup de choses au niveau du non-verbal.

Parce qu’un acteur apprenait tout le temps. A chaque scène. C’est, tout du moins, comme ça que je voyais les choses.

J’avais ajouté que le but de Shran était que tout le monde puisse s’immerger dans son monde au premier visionnage. Jake confirma que c’était réussi. Je suis certain que Stephen sera ravi d’entendre ça. Il a son petit ego.

Jake s’était risqué à demander si Five ou Datalore allaient pouvoir revenir dans la série. Si je ne pouvais pas parler pour Brent, ni même pour Stephen, je pouvais mettre en avant que je ne fermais la porte à rien. Plus depuis que j’avais été embauché sur le tournage de Boundaries. Donc, qui sait ? Jake lui déclara que ça serait un cadeau pour les fans. Je souris assez flatté par ce compliment.

Il me remercia ensuite mettant fin à l’interview avec une chanson de Sniper. J’enlevai mon casque quand Jake le fit. C’est là qu’il me demanda l’autorisation de diffusé l’interview. Je m’étais senti à l’aise alors, sans vraiment d’hésitation, je répondis.

-Oui, vous pouvez. C’était vraiment un plaisir. Merci.

Et au moins, ainsi, je n’étais, finalement, pas venu pour rien.