Je rigolai quand Zoey dit avec conviction qu'on allait devoir s'y mettre à fond pour faire sortir son père. C'était vrai que le pauvre homme devait jongler avec tous les trucs que les parents sont sensés faire  à deux... Et le pire, c'était que j'étais sûr que si Aaron acceptait de sortir avec nous (ouais pas tout le temps, hein, mais de temps en temps), ça lui ferait du bien et lui apprendrait encore mieux à connaître sa fille. Et peut-être à attirer ses bonnes grâces sur moi.

Je caressai la joue de Zo quand elle fit une réflexion sur ses résultats scolaires.

-T'en fais pas. Tu vas l'avoir, ton diplôme.

J'admirais Zoey pour ça. Pour avoir le courage de continuer, ce que je n'aurais pas pu faire, je détestais beaucoup trop l'école pour y remettre ne serait-ce qu'un pied. Ma phobie allait jusqu'à éviter de regarder un maximum l'école secondaire de Fairfax quand je passais devant. Zo, elle, n'en avait rien à foutre de la peur et des sarcasmes à répétitions. Elle prenait tout ça de front. Et surtout, ça la rendait encore plus forte.

Puis la conversation tourna sur mes parents et en particulier ma mère avec le lot d'émotion qui allait avec. Rage, peur et tristesse mêlée... Zoey, sentant soit la tempête, soit une crise larmes due à la peur arriver, se retourna, m'offrrant son regard juste avant d'entourer mes épaules de ses bras en apparence si fragiles. J'enfouis mon visage dans son cou et presque instantanément, je me calmai... Et fermai les yeux. J'étais bien là. Pas envie de bouger. Alors que Zoey me proposait des solutions. Je répondais, dégageant juste assez me tête pour être compréhensible, mais restant blotti tranquillement contre mon amie.

-Ca sert à rien le doc se retrouverait sa gueule dehors...

J'avais plus envie d'en parler. Mais j'ajoutai quand même quelque chose.

-Ouais. Elle va s'en tirer. C'est une dure à cuire. Et une foutue tête de mule.

Et puis il semblait que Zoey le compris assez vite. Il était temps de penser à autre chose qu'elle avait dit. Mais je pensais à autre chose... Et puis c'était vrai qu'on était resté incatifs trop longtemps. Et puis nos bières était vides. Et puis comme le disait Zo, fallait qu'on se mette une meilleure ambiance. Je la laissait faire glisser ses doigts le longs de mes bras et mes poils se hérissèrent... Parce que ça chatouillait, hein...  Mes parents, je les avais déjà oublié, ainsi que le dieu à la con qu'ils vénéraient.

Mes mains se refermèrent sur celles de Zo qui tira... Je l'aidai un peu parce que si j'avais voulu, j'aurais eu tout aussi facile de la ramèner à moi. Une fois debout et faisant face à la jeune fille, dans un mouvement qui dura à peine deux secondes, je baissai la tête et plaçai une de mes main dans sa nuque pour l'attirer vers moi. Puis je l'embrassai sur les lèvres avant de la lâcher et d'aller rechercher deux bières comme si de rien n'était. J'avais fait quelque chose? Moi? Mais non.

Je tendis la bière toute fraîche et décapsulée à Zoey avant d'aphoner une bonne partie de ma bière. Puis j'attrapai un coussin et l'envoyai sur Zoey. Je voulais jouer maintenant.

Malgré mon esprit embrumé, le court baiser que j'avais donné à Zoey restait comme marqué au fer rouge dans un coin de mon cerveau. Et même la bataille de coussins qui fit rage par après pendant un bon quart d'heure ne me le fit pas oublier.

Je m'étais planqué patiemment de l'autre côté du divan quand Zoey s'y était réfugiée et l'avais surprise dès qu'elle avait repassé sa tête pour essayer de me voir.

-BOUH!!!!!!!!!!!!!!!!

On était les deux foutus gosses hyperactifs qu'on avait toujours été. Et au fond de moi, j'avais peur de perdre tout ça si Zoey et moi, on devenait plus qu'ami... Même si j'avais gardé, bien caché au fond de moi, les sentiments que j'avais pour elle bien planqués depuis quelques années déjà. Ce qui m'avait toujours empêcher d'aller plus loin, outre ma timidité, c'était cette peur de perdre cette complicité et cette liberté qu'on avait l'un avec l'autre.

Finalement, après s'être bien battus, avoir bu encore quelques bières, on s'était effondrés, elle sur le divan, moi sur un matelas fait de linge sale par terre. Sa main qui pendait du fauteuil était perdue dans la mienne et l'alcool avait eu fini de nous anesthésiés. Et on s'était endormis comme ça, comme deux enfants innocents et épuisés.

Spoiler: