Sujet: Re: Romeo & Juliet: The Opening [Libre][TERMINE] Mer 21 Fév - 19:50
Romeo & Juliet : The Opening ft.Free
Il ne lui aura fallu que la durée d’une pièce de théâtre pour faire tomber 16 années durant lesquelles je m’étais efforcée de refouler mes sentiments pour lui. Une toute petite pièce, pour 16 années.
Pour la première fois depuis tout ce temps, nous regardons dans la même direction. Devant nous, sous nos yeux, notre plus belle réussite. Notre fille Olivia qui, sans le savoir, nous replonges bien au-delà de sa création. Quand Jimmy et moi, amoureux, trouvions toujours le bon prétexte pour nous retrouver au lit, à s’aimer entre deux répliques de Romeo y Julieta.
Les minutes me semblent interminables alors qu’ils en sont à la scène du balcon puis, en un battement de cils, j’ai l’impression qu’on m’a volé de nombreuses minutes alors que maintenant, ma fille se donne la mort, rejoignant son unique amour.
Je suis incapable de tourner la tête, que ce soit à gauche ou à droite. D’un côté comme de l’autre, je verrai le reflet de la culpabilité dans le regard, que ce soit dans celui de Jimmy ou dans celui d’Enrique. Quoi que dans celui de se dernier, il y aura très certainement de la colère et de l’amertume. Je ne me crois pas assez forte pour affronter un tel regard.
La pièce se termine et sous ma main, Jimmy glisse un bout de papier me murmurant qu’il y serait cette nuit.
Dans ma gorge, une boule se forme au même moment où je sens mon sang quitté d’un seul coup le haut de mon corps. Je me sens étourdie, voir faible et je me refuse de le regarder.
Jimmy se lève, comme la totalité de la foule, Enrique y comprit, alors que je demeure scotché à mon siège. Quand Jimmy passe devant moi pour quitter la salle, mon mari fait un pas vers l’avant et je crains, l’espace d’une seconde qu’il ne s’en prenne au père de ma fille.
Mais il n’en fit rien. Et Jimmy quitta l’amphithéâtre de la même façon qu’il était apparu. Sans que personne ne le voit venir… ou plutôt partir.
Quand je me lève, Enrique me supporte et ce simple geste suffit à me briser le cœur. Malgré sa colère, malgré le chagrin qu’il a pu ressentir alors que je flirtais délibérément avec mon passé, il demeure là pour me soutenir.
- Maritza, ne dis rien, je t’en supplie… épargne moi ça. Je vais féliciter Oliva et je rentre à Tijuana, me dit-il en espagnol.
Une partie de moi a envie de le retenir, de le serrer dans mes bras et de le supplier de ne pas faire ça. Mais c’est l’autre partie de moi qui prend le dessus. Celle qui me fait le regarder dans les yeux et lui sourire faiblement alors que je comprends que d’une certaine façon, Enrique vient de me donner son consentement. Ou de demander le divorce…
Je ne sais pas combien de temps nous nous sommes regardé sans rien dire. C’est Jack qui nous ramena à la réalité alors qu’il passa devant nous. J’aurais souhaité qu’il intervienne, qu’il dise ou fasse un truc qui aurait changé la donne mais cette tâche ingrate m’incombe à moi, et non à lui pourtant, je ne fis rien et Enrique emprunta le même chemin que le fit Jimmy.
Le rideau est tombé, la salle pratiquement vide et moi, je suis là, tenant à la main la carte que m’a secrètement remise. C’est un rendez-vous auquel je compte bien me rendre.